La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d'amendement.
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Madame la Présidente, je tiens simplement à rafraîchir rapidement la mémoire des gens qui ne se souviennent pas du projet de loi. Celui-ci vise à modifier l'article 215 du Code criminel afin que les personnes chargées de fournir les choses nécessaires à l'existence d'adultes vulnérables aient clairement l'obligation de le faire. C'est très clair.
Je remercie la Chambre. Je crois que tous les partis ont appuyé le projet de loi parce qu'ils ont vu ce qui s'est passé pendant la pandémie de COVID: de nombreux groupes et établissements chargés de s'occuper d'adultes vulnérables n'ont pas suivi les protocoles et n'ont pas fait tout ce qu'ils devaient faire pour assurer la sécurité des adultes vulnérables. Le projet de loi est très clair et je remercie les gens qui l'ont vu et qui se sont exprimés à son sujet à l'étape de l'étude en comité. D'excellents amendements ont été présentés et acceptés à l'unanimité par le comité et font désormais partie du projet de loi.
Je tiens à rappeler à tous les députés que, lorsqu'il est question des personnes qui s'occupent de fournir les choses nécessaires à l'existence des adultes vulnérables, les membres de la famille et les proches parents qui s'occupent d'une personne ne sont pas inclus dans ce groupe. Ils sont exclus de l'équation. Il est question des personnes qui s'occupent d'au moins trois adultes vulnérables et qui n'ont pas de lien de sang ou de lien familial.
Nous avons vu ce qui s'est passé. J'ai donc présenté ce projet de loi parce que, comme nous le savons, le gouvernement fédéral n'a aucune responsabilité à l'égard des établissements de soins de longue durée, étant donné qu'ils relèvent des provinces. Cependant, nous avons la capacité d'examiner, comme nous l'avons fait, la violence faite aux enfants et le fait que quiconque ne prend pas soin des adultes vulnérables et ne leur apporte pas les choses nécessaires à l'existence devrait être tenu responsable de ses actes.
Il y a environ quatre ou cinq jours, un rapport publié dans ma province, la Colombie‑Britannique, a révélé que les organismes à but lucratif n’utilisaient pas tout l’argent qu’ils recevaient pour prendre soin des adultes vulnérables. Ils ne fournissaient pas les heures de service requises. Cependant, les sociétés sans but lucratif, elles, fournissaient plus que les heures de service pour lesquelles elles étaient payées. Par conséquent, je crois qu'il est très important que nous reconnaissions que cela montre qu'il faut des règlements pour être en mesure de faire respecter cette capacité de prendre soin des adultes vulnérables. Je rappelle à la Chambre que le terme « adultes vulnérables » ne désigne pas seulement les aînés. Il désigne tout adulte vulnérable en raison de son âge, d'un handicap, d'une maladie mentale ou de toute autre incapacité à prendre soin de lui-même. C'est la définition d'un adulte vulnérable. Il ne s'agit pas seulement des aînés.
Je tiens à remercier tous les députés. Je pourrais parler encore et encore, mais les députés m'ont entendue à ce sujet. Je sais que la plupart d'entre eux appuient ce projet de loi et je tiens à les en remercier. J'espère que nous pourrons le faire adopter afin de protéger les adultes vulnérables de notre société, surtout maintenant que nous savons que les cas de COVID sont de nouveau en hausse. Les virus respiratoires syncytiaux sont de nouveau en hausse. La grippe est de nouveau en hausse cet automne. Je veux simplement que les députés sachent que nous ne voulons pas que ce qui s'est passé pendant la pandémie de COVID se reproduise.
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Madame la Présidente, c'est un honneur, comme toujours, de prendre la parole et de contribuer au débat sur les initiatives parlementaires. Ce soir, nous débattons du projet de loi , présenté par la députée de , qui propose de modifier le Code criminel pour ériger en infraction le fait, pour les établissements de soins de longue durée, leurs propriétaires et leurs dirigeants, d'omettre de fournir les choses nécessaires à l'existence des résidents de leurs établissements.
Le projet de loi prévoit également une procédure permettant aux tribunaux de rendre des ordonnances interdisant aux propriétaires et aux dirigeants de ces établissements d'être en situation d'autorité à l'égard d'adultes vulnérables ou d'en avoir la responsabilité, et de considérer comme une circonstance aggravante, aux fins de la détermination de la peine, le fait qu'une organisation n'a pas rempli son obligation légale à l'égard d'un adulte vulnérable.
L'intérêt de la députée pour les adultes vulnérables est certainement tout à son honneur, et je partage cette préoccupation pour de nombreuses raisons. Nombre de mes concitoyens m'ont fait part d'histoires personnelles de fraude, de mauvais traitements et de négligence à l'égard de personnes âgées ou de membres vulnérables de leur famille. Je partage cette préoccupation parce que, comme la plupart des Canadiens, j'ai moi-même eu des adultes vulnérables dans ma famille.
Mon propre grand-père a été floué par une aidante pendant les derniers mois de sa vie. J'en ai déjà parlé dans cette enceinte lors des débats sur d'autres projets de loi visant à mieux protéger les adultes vulnérables, mais je vais en parler de nouveau. Mon grand-père a passé les derniers mois de sa vie à se faire du souci à propos de ses finances et du risque d'être un fardeau pour sa compagne à cause de l'aidante qui l'a escroqué. Ce crime n'a pas été commis dans un établissement de soins. Il a été commis par la personne qui lui fournissait des soins, lui préparait des repas légers et faisait de l'entretien ménager chez lui. Il avait besoin de tous ces soins pour pouvoir vivre confortablement avec sa compagne, mais il a été victime de fraude.
Au poste du détachement local de la GRC, il y avait une affiche demandant aux gens d'être vigilants et de signaler tout cas de fraude envers des aînés, mais malgré les preuves incontestables et accablantes, il a fallu attendre des mois avant que des accusations soient portées. Le service de police disait sans cesse qu'il était trop occupé pour arrêter la suspecte. Mon grand-père est donc décédé avant qu'on puisse arrêter et accuser l'aidante qui a escroqué un couple de personnes âgées dans leur propre quartier.
Si je raconte cette histoire une fois de plus à la Chambre, c'est pour qu'il soit clair que je sais d'expérience comment des adultes vulnérables peuvent être victimes d'abus, de fraude et de négligence. Je sais aussi d'expérience avec quelle lenteur le système de justice réagit à de tels cas d'abus et de fraude. J'ose donc à peine imaginer avec quelle lenteur il réagit aux cas de négligence. Il ne fait aucun doute qu'il faut en faire beaucoup plus pour protéger les adultes vulnérables. Je n'ai pas besoin d'entendre les nombreux récits semblables des gens que je représente à Calgary pour me convaincre — l'expérience vécue par ma famille suffit.
Je suis également très préoccupé par la hausse du nombre d'incidents de violence à l'endroit des aînés. On sait que sous le gouvernement actuel, la criminalité a considérablement augmenté, toutes catégories confondues. Toutefois, selon Statistique Canada, le taux de violence à l'endroit des aînés a augmenté plus rapidement que pour tout autre groupe d'âge.
Moi aussi j'ai été consterné par l'effondrement des soins dans certaines résidences pour aînés pendant les premières semaines de la pandémie, ainsi que par le fait qu'il a fallu avoir recours à l'armée pour rétablir les soins les plus élémentaires et veiller à subvenir aux besoins essentiels d'aînés cruellement vulnérables.
Toutefois, ce projet de loi ne vise pas à déterminer qui se soucie le plus des personnes âgées. Il ne vise pas non plus à déterminer comment combler les lacunes dans le système de soins aux personnes âgées. Il n'a pas pour but de déterminer comment financer ou fournir les soins aux personnes âgées. Il n'a pas pour but de régir les normes de soins dans les établissements de longue durée. Ce projet de loi propose plutôt une modification du Code criminel. Il modifierait le Code criminel afin de créer une nouvelle infraction et de conférer aux tribunaux le pouvoir de rendre de nouvelles ordonnances. Les parlementaires ont approuvé cette mesure législative à l'étape de la deuxième lecture, et elle a été renvoyée au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Au cours des audiences, 15 organisations, entreprises et associations provinciales de soins de longue durée ont présenté des mémoires pour s'opposer au projet de loi.
Six organisations nationales se sont également opposées au projet de loi, soit l'Association médicale canadienne, la Canadian Association for Long Term Care, l'Association canadienne de protection médicale, l'Association canadienne des travailleurs sociaux, le Collège canadien des leaders en santé et CanAge. Ces organisations redoutent les répercussions non intentionnelles du projet de loi. Certains témoins ont dit que s'il était adopté, il aurait des effets dévastateurs sur le recrutement et le maintien en poste en soumettant les travailleurs de première ligne à des risques indus et à des contraintes excessives. Ils ont déclaré au comité que ce projet de loi risque d'exacerber une situation déjà précaire, dans le contexte des graves pénuries de main-d'œuvre qui sévissent dans l'industrie.
Ils ont aussi souligné que le projet de loi et le débat qui l'entoure donnent l'impression d'une opposition générale aux établissements de soins de longue durée privés, au bénéfice des établissements publics. Les personnes qui affirment sans preuve, essentiellement par conviction d'ordre philosophique, que les risques de négligence sont plus élevés dans les établissements de soins de longue durée privés que dans les établissements publics devraient se faire élire au provincial, car la réglementation de ces établissements relève des provinces; ainsi, ils pourraient intervenir dans la réglementation des établissements de soins de santé et la réglementation générale de l'activité commerciale. Ils pourraient également se demander si la création d'une infraction et de nouvelles dispositions en matière d'ordonnances constituent les meilleurs moyens de protéger les adultes vulnérables. Ils pourraient éventuellement proposer un projet de loi exhaustif pour contrer la maltraitance des aînés, ce que le précédent ministre de la Justice avait été chargé de faire dans sa lettre de mandat, mais qu'il n'a pas réussi à accomplir avant de perdre son portefeuille. Au cours de la campagne électorale de 2021, le gouvernement avait promis une loi sur les soins de longue durée sécuritaires, mais il n'a jamais présenté de projet de loi.
En vérité, le Code criminel est un instrument très peu nuancé et, au vu des témoignages recueillis par le comité de la justice, il convient de se demander si le projet de loi aidera les adultes vulnérables ou si, en raison de ses conséquences non intentionnelles, il n'aggravera pas plutôt qu'il améliorera le régime de prise en charge des adultes vulnérables, lui-même soumis à de fortes pressions. À quoi sert-il d'inscrire de nouvelles infractions dans le Code criminel si les infractions existantes ne sont pas appliquées? Le Code criminel contient déjà des dispositions interdisant la fraude, les abus et l'omission de fournir les choses nécessaires à l'existence. Il faut appliquer la loi avec plus rigueur, y compris au chapitre des poursuites judiciaires. À quoi sert une nouvelle infraction si les infractions existantes ne sont pas sanctionnées?
On a déjà vu la même chose avec des projets de loi d'initiative parlementaire, c'est-à-dire lorsqu'un député propose une modification au Code criminel afin d'attirer l'attention sur un problème et de forcer la tenue d'un vote à la Chambre des communes, mais sans vraiment y apporter une solution globale. Il est vrai que cela fait partie des limites des projets de loi d'initiative parlementaire. Dans ce cas-ci, la députée de ne peut pas proposer de changements qui engagent des fonds publics ni proposer des règlements provinciaux à la Chambre des communes. Le Code criminel fait partie des choses qu'un député peut changer, mais, comme je l'ai dit, c'est un instrument de politique très peu nuancé. C'est une loi déjà longue et complexe.
Je n’aime pas avoir à critiquer un projet de loi pour ce qu’il ne propose pas, mais, si l’on s'en tient à ce qu'il propose vraiment, il faut tenir compte des témoignages présentés au comité. Il faut se préoccuper des conséquences et se demander s'il existe déjà des dispositions dans le Code criminel qu'il conviendrait d'appliquer aux cas horribles de mauvais traitements et de négligence qui sont mis au jour. Comme je l'ai dit, lorsque l'application des lois actuelles destinées à protéger les personnes vulnérables ne constitue pas une priorité pour les forces de l'ordre et les tribunaux, à quoi bon adopter de nouvelles lois?
Bien que je félicite la députée d'essayer de prévenir et de punir les futurs cas de négligence au moyen du Code criminel, je n'appuierai pas ce projet de loi étant donné qu'il nuira à la capacité des établissements existants de conserver leurs employés et d'attirer des investissements à un moment critique, alors qu'ils sont aux prises avec une grave pénurie de main-d'œuvre et des dépenses à la hausse.
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Madame la Présidente, je suis très fier aujourd'hui de prendre de nouveau la parole sur ce projet de loi. J'avais déjà pris la parole l'étape de la deuxième lecture et je réitère ce que j'avais dit à l'époque: le Bloc québécois entend appuyer le projet de loi .
Ce projet de loi méritait d'être étudié en comité. Il mérite d'être adopté et d'entrer en vigueur le plus rapidement possible. La négligence envers quiconque au cours notre vie, c'est quelque chose de condamnable. La négligence vis-à-vis de nos aînés et des plus démunis d'entre nous, c'est honteux.
Nos aînés ont été victimes des pires traitements durant le confinement auquel nous avons été astreints entre 2020 et 2022. Ils ont été souvent abandonnés dans des établissements avec un manque de services, un manque de personnel ou du personnel mal préparé. Ils ont été trimbalés d'une institution à l'autre. Ils ont été considérés comme des marginaux, comme des gens dont on n'avait pas besoin de s'occuper comme ils le méritaient. Ils ont été isolés de leurs proches. Plusieurs sont décédés sans même avoir leur famille proche, leurs enfants, leur conjoint ou leur conjointe auprès d'eux. Ce n'est pas acceptable. Ils ont souvent été mal nourris ou ont été nourris à des heures inhabituelles. Ils ont été maltraités.
Au fond, collectivement, nous avons été indignes. Nous avons été des enfants indignes. Cela ne doit plus se reproduire, plus jamais. Au Québec, nous avons une loi qui traite de cette question. Il s'agit de la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité. J'avais mentionné plus tôt que je souhaitais que le fédéral s'inspire de la loi québécoise, et je pense qu'on l'a fait à certains égards.
Le projet de loi qu'on se propose d'adopter maintenant a été amendé en comité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous voulions l'étudier en comité. Des choses nous agaçaient dans le projet de loi. Nous avons travaillé fort en comité, et je remercie mes collègues du Comité permanent de la justice et des droits de la personne pour le travail que nous avons fait. Bon nombre des amendements apportés par le Bloc québécois, sinon à peu près tous, ont été adoptés. Cela fait que nous avons aujourd'hui un projet de loi qui vise à améliorer les conditions de vie de nos aînés et des plus vulnérables d'entre nous, qu'ils soient âgés, malades, atteints de troubles mentaux ou de handicaps. Je pense que c'est tout à notre honneur de penser à ces gens dans nos délibérations ici, à la Chambre.
Ces gens sont maintenant protégés lorsqu'ils vivent dans des établissements de soins de longue durée. Des situations comme celles qu'on a connues entre 2020 et 2022 étaient déjà interdites et déjà passibles de poursuites devant les tribunaux. Maintenant, ce sont non seulement les propriétaires des établissements de soins de longue durée, mais également les dirigeants qui sont personnellement responsables de pourvoir aux choses nécessaires à l'existence des gens qui résident dans ces établissements. Encore une fois, on parle ici de personnes âgées et de personnes qui souffrent de handicaps ou de troubles mentaux, de personnes malades. Ils ont besoin de nous. Nous avons eu besoin d'eux, à une certaine époque. Maintenant, ce sont eux qui ont besoin de nous. Il est indécent de ne pas s'en occuper.
Je salue donc avec une certaine fierté ce projet de loi. J'ose espérer qu'il ne servira pas à poursuivre des gens pour avoir contrevenu à ses dispositions, mais qu'il les incitera plutôt à respecter ce qui est maintenant indiqué dans la loi et ce qui devrait être un minimum auquel nous sommes obligés vis-à-vis des plus démunis. La principale responsabilité d'un État ou d'une société, c'est de traiter entre autres les personnes âgées avec dignité, respect et de façon équitable. Le projet de loi nous enseigne qu'il va falloir le faire. Nous ne pourrons pas être négligents envers nos aînés ou envers des personnes qui ont besoin de nous sans être passibles de poursuites en vertu du Code criminel.
Ce n'est pas tout. Il y a aussi le respect de leur condition économique. Il faut que le fédéral assure les transferts qui sont exigés par les provinces depuis trop longtemps déjà. Ces transferts sont nécessaires pour que Québec et les autres provinces puissent administrer convenablement les services de santé. Le fédéral nous répond qu'il voudrait assortir de conditions ses transferts, qu'il voudrait nous dire comment faire pour prendre soin des plus démunis. Où, quand et comment cela doit-il être fait? Le gouvernement fédéral n'en a aucune idée. L'administration fédérale ne gère aucun hôpital, aucun CLSC et aucun établissement de santé sinon celui qui est destiné aux anciens combattants.
L'expertise n'est pas à Ottawa, elle est à Québec. Je pense que, exiger des conditions pour les transferts en santé, c'est aussi indécent. Cela ne fait pas qu'on ne donne pas à manger ou qu'on ne donne pas son bain à une personne âgée hospitalisée en soins de longue durée, mais cela fait qu'on prive les dirigeants de ces services de santé des apports monétaires nécessaires pour subvenir convenablement aux besoins de ces citoyens. C'est aussi inacceptable. Je pense que, si le gouvernement fédéral et le Parlement souhaitent se pencher sur le mieux-être des plus démunis, il faut aussi regarder l'aspect économique. Nous en parlons depuis des années et nous allons continuer d'en parler, j'en suis à peu près certain. Je serais très étonné que les chèques soient envoyés la semaine prochaine, mais je confirme que nous serons là pour veiller au grain. C'est important, le système de santé.
Ce n'est pas tout. Il y a les transferts en santé, mais il y a aussi le bien-être des personnes âgées sur le plan économique. On l'a vu récemment, le gouvernement fédéral a décidé d'appauvrir les aînés âgés de 65 à 75 ans. On a reconnu que les besoins avaient augmenté. Dieu sait qu'ils ont augmenté, et pas mal plus que ce que le gouvernement a bien voulu reconnaître. Le gouvernement a accordé une augmentation de 10 % aux aînés de 75 ans et plus et a laissé les aînés de 65 à 75 ans qui sont retraités s'arranger tout seuls. Pourtant, toutes nos lois reconnaissent qu'ils sont des aînés. Ce n'est pas acceptable. Cela aussi, nous l'avons fréquemment dénoncé à la Chambre et nous allons continuer de le faire.
On a une occasion de régler cette iniquité. Ma collègue la députée de Shefford parraine le projet de loi , sur lequel nous devrons nous prononcer incessamment, probablement au retour de la semaine de relâche parlementaire ou d'ici les Fêtes. Nous osons espérer que ce sera le plus rapidement possible.
D'une part, ce projet de loi propose d'augmenter de 10 % les pensions de tous les aînés de 65 ans et plus sans discrimination, sans faire d'âgisme, de sexisme ou de racisme. Tout le monde de 65 ans et plus qui réside sur le territoire du Canada devrait avoir droit à cette augmentation de 10 %. On sait très bien comme moi que cette augmentation de 10 % ne correspond pas du tout à l'augmentation du fardeau économique que nos aînés doivent porter. Le coût de l'épicerie a pratiquement doublé et celui des loyers augmente de façon incroyable. On en est à devoir créer des comités pour se pencher sur cette question. On ne sait plus comment endiguer ces augmentations. On accorde une augmentation de 10 % aux aînés, ce qui est très peu. Qu'on l'accorde au moins à tous les aînés.
D'autre part, le projet de loi propose de faire passer de 5 000 $ à 6 500 $ le seuil de revenus pouvant être gagnés par une personne retraitée sans pénalité sur sa pension. Cela aussi m'apparaît raisonnable. C'est un minimum. On veut dire à ces gens qu'ils ont droit à leur pension, mais que, s'ils décident de travailler un peu pour arrondir leurs fins de mois, on ne les pénalisera pas. Les pénaliser alors qu'on leur donne des miettes comme rentes, cela aussi m'apparaît indécent.
Nous pouvons parler du projet de loi et de la nécessité de bien nous occuper des plus vulnérables, des personnes âgées, des personnes atteintes d'une déficience intellectuelle, des malades et des personnes handicapées dans nos établissements de soins de longue durée. Nous pouvons parler des transferts d'argent aux provinces et à Québec qui sont nécessaires pour pouvoir offrir des services de santé adéquats dans nos hôpitaux et nous pouvons parler de la nécessité d'offrir des conditions économiques équitables et minimales aux personnes âgées. Dans tous les cas, nous parlons de nous occuper des plus démunis d'entre nous. C'est presque indécent que d'avoir à en parler ici. Cela devrait une chose à laquelle chacun d'entre nous adhère sans poser de questions, sans même avoir à voter. Cela devrait déjà être en vigueur. Espérons que ce sera fait.
En terminant, je rappelle qu'on juge la grandeur d'une société à la façon dont elle traite les plus vulnérables de ses membres.
Soyons dignes de nos aînés. Soyons dignes des avantages que la société dans laquelle nous vivons nous procure.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de représenter aujourd'hui les collectivités de Port Moody, de Coquitlam, d'Anmore et de Belcarra.
Les néo-démocrates appuient ce projet de loi, qui vise à modifier le Code criminel afin de protéger les adultes vulnérables. Ce projet de loi créerait une nouvelle infraction pour les propriétaires et les dirigeants d'établissements de soins de longue durée qui ne fournissent pas les choses nécessaires à l'existence de leurs résidants. Le projet de loi permettrait aux tribunaux de rendre une ordonnance interdisant aux propriétaires et aux dirigeants de tels établissements d’être, dans le cadre d’un emploi ou d’un travail bénévole, en situation d’autorité ou de confiance vis-à-vis d’adultes vulnérables, ou d’en avoir la responsabilité.
Ce projet de loi marque le début d'une discussion sur les conditions de soins au Canada et sur la dignité à laquelle ont droit les aînés et les adultes vulnérables. Il reste du travail à faire. Aujourd'hui, je me suis entretenue avec la Fédération canadienne des retraités. Cet organisme se réunissait cette semaine à Ottawa pour discuter de la crise que connaît actuellement l'économie des soins, du système de santé et de la possibilité de vieillir dans la dignité.
Cet organisme m'a demandé de transmettre un message, en insistant sur quatre mesures qui sont encore plus importantes que l'adoption du projet de loi. Il faut veiller à ce que les fonds destinés aux soins servent à financer ces derniers; améliorer la précision et la transparence du suivi et des signalements, car il est nécessaire de recueillir des données; définir la notion de rentabilité dans le contexte des établissements de soins de longue durée; et publier les recettes et les dépenses des établissements publics.
Nous avons constaté que, pendant la pandémie, les établissements de soins de longue durée ont été durement touchés, sans parler du fait que, dans certains établissements, des conditions épouvantables ont causé plus de 14 000 décès parmi les résidants et le personnel. La pandémie a montré que les établissements à but lucratif n'ont pas tous comme priorité de répondre aux besoins de leurs résidants. Des rapports montrent que les résultats pour les clients des établissements à but lucratif sont moins bons que ceux des établissements sans but lucratif. Sans surveillance adéquate, la cupidité des entreprises peut amener certaines organisations à prioriser leurs profits plutôt que la santé et la sécurité de leurs résidants.
Ce mois-ci, le bureau de la protectrice des droits des aînés de la Colombie‑Britannique a publié un rapport portant sur les soins prodigués aux patients des établissements de soins de longue durée à but lucratif et à but non lucratif. Il a examiné dans quelle mesure l'argent avait une incidence sur la qualité de vie des résidants des établissements de soins de longue durée. Le rapport a révélé que les établissements sans but lucratif consacrent 25 % plus d'argent en soins directs aux résidants que les établissements à but lucratif. Un autre fait complètement inacceptable révélé dans le rapport est que les établissements à but lucratif ont consacré 500 000 heures de soins de moins que ce qui correspond au financement qu'ils ont reçu. Ce sont des heures volées aux aînés pour renflouer les poches des sociétés privées et de leurs dirigeants.
En comparaison, les établissements sans but lucratif ont offert 93 000 heures de soins de plus que ce que devait permettre leur financement. Ils ont offert plus de soins, ce qui montre que les établissements de soins de longue durée publics sont plus compatissants et que les travailleurs de ces établissements méritent un meilleur salaire pour ces heures consacrées avec compassion aux soins aux résidants.
Les néo-démocrates ont dit à maintes reprises qu'ils mettront fin aux soins de longue durée privés et à but lucratif. Il s'agit de soins de santé publics et ces soins doivent rester dans le secteur public. La récente pandémie nous a montré que nous ne pouvons pas compter sur les entreprises à but lucratif pour protéger nos êtres chers et assurer la sécurité des travailleurs. Si les soins de longue durée à but lucratif sans surveillance adéquate sont maintenus, ces investisseurs privés continueront de tourner les coins ronds en ce qui concerne les soins et d'accroître les pressions sur le système de santé, ce qui mettra en danger de plus en plus de Canadiens.
Je dois ici mentionner le bilan catastrophique du gouvernement conservateur en Ontario. Il continue de faire avancer un programme de privatisation des soins de santé, ce qui est dangereux et irresponsable.
Par conséquent, je prends un instant pour saluer le personnel incroyable du secteur des soins de longue durée. Ces travailleurs font face à des demandes irréalistes et redoublent d'efforts tous les jours, et ce, même s'ils souffrent souvent de blessures physiques et psychologiques. Nous devons en faire plus pour soutenir les travailleurs qui continuent d'être poussés à leurs limites alors qu'ils prennent soin de nos êtres chers, notamment en les nourrissant et en les lavant, dans les établissements de soins de longue durée. Ici, au Canada, et ailleurs dans le monde, les femmes, et de façon disproportionnée des immigrantes, continuent de s'occuper de la majorité des soins dans les établissements. Le salaire est peu élevé et les conditions de travail sont difficiles. Un grand nombre de ces préposés aux soins sont eux-mêmes des aînés.
Le programme Translating Research in Elder Care a recueilli des données pendant plus de 10 ans sur les aide-soignants de plus de 90 foyers pour personnes âgées en Colombie‑Britannique, en Alberta, au Manitoba et en Saskatchewan. Les chercheurs ont relevé que 67 % des aide-soignants sont âgés de plus de 40 ans et que 61 % d'entre eux ont l'anglais comme langue seconde. Un tiers d'entre eux travaille à plus d'un foyer, souvent parce que leur travail n'offre pas un poste à temps plein ou un salaire décent assorti d'avantages sociaux. C'est la réalité des préposés aux soins au Canada.
Le gouvernement doit mettre fin à la discrimination fondée sur le sexe que vivent les travailleurs de la santé et les rémunérer adéquatement. Il doit reconnaître leurs compétences et leur expérience. Lorsque des immigrants viennent travailler dans le domaine de la santé au Canada, il faut reconnaître leurs titres de compétence et les rémunérer de manière équitable. Lorsque les membres du personnel sont constamment dévalorisés et sous-rémunérés, ils subissent des blessures morales alors qu'ils tentent d'administrer des soins. Le gouvernement doit faire plus pour changer cette réalité dans les établissements de santé et de soins de longue durée.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction afin de protéger les travailleurs de la santé, mais comme je l'ai dit, il faut faire plus. Voilà pourquoi le Nouveau Parti démocratique du Canada a inclus une loi sur les soins de longue durée sécuritaires dans l'entente de soutien sans participation qu'il a conclue avec le gouvernement. Une telle loi tiendrait compte des besoins et de la dignité des adultes vulnérables, y compris de ceux qui ont un handicap, que le gouvernement actuel laisse constamment pour compte. On ne fournit pas de logement ni de soutien adéquat à ces personnes dans leur collectivité, et cette réalité est inacceptable.
En terminant, le gouvernement doit présenter sans plus tarder un projet de loi sur les soins de longue durée sécuritaires. Le NPD est prêt à en faire une réalité.
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Madame la Présidente, je suis honorée de représenter les habitants de Scarborough—Agincourt et je me réjouis de pouvoir m'exprimer sur l'avancement des travaux relatifs au projet de loi , Loi modifiant le Code criminel (négligence d’adultes vulnérables).
Le projet de loi , présenté par ma collègue, la députée de , vise à ériger en infraction criminelle le fait, pour les propriétaires et responsables des établissements de soins de longue durée, de négliger les personnes âgées qui leur sont confiées. Personne n'a oublié les circonstances tragiques qui ont mené au dépôt de ce projet de loi, car il est difficile de passer outre les grands titres des dernières années à propos des événements chaotiques dans les établissements de soins de longue durée. Selon l'information disponible, il est rare que la négligence dans les soins fournis à des personnes vulnérables mène à des accusations criminelles. Par ailleurs, aucune accusation n'a été portée dans la foulée des récents événements de maltraitance dénoncés par les médias au plus fort de la pandémie de COVID‑19.
À l'heure actuelle, le Code criminel traite de la maltraitance des personnes âgées au moyen d'infractions d'application générale. Cela signifie qu'il n'y a pas de protection particulière et que la négligence ou la maltraitance doivent donc faire l'objet de poursuites en vertu des lois existantes, comme les lois concernant toutes les formes de violence, de mauvais traitements et de fraude ainsi que le manquement à l'obligation de fournir les choses nécessaires à l'existence d'une personne à charge qui est incapable de se soustraire à cette charge à cause de son âge ou pour d'autres raisons. Il est également possible qu'une personne soit tenue criminellement responsable d'avoir été la complice d'un tiers cherchant à blesser un adulte vulnérable ou à nuire à son intégrité physique et psychologique. Ces infractions générales ne ciblent pas nécessairement les bonnes personnes.
Le projet de loi, dans sa forme actuelle, ciblerait les cadres supérieurs et préciserait les conséquences de leurs décisions opérationnelles. Je vais parler aujourd'hui de quelques statistiques qui justifient notre appui aux amendements proposés par le comité de la justice et des droits de la personne, ainsi que de certaines des mesures prises par le gouvernement pour soutenir les efforts des provinces et des territoires dans leur lutte contre la maltraitance des personnes âgées.
Selon le rapport de juin 2020 de la Société royale du Canada intitulé « Rétablir la confiance: la COVID-19 et l'avenir des soins de longue durée », les préposés aux soins fournissent jusqu'à 90 % des soins directs aux résidants. Il n'est pas surprenant que les proposés aux soins constituent un pourcentage plus élevé des personnes qui travaillent dans les établissements de soins de longue durée que les membres du personnel infirmier ou les autres professionnels.
Une autre étude, publiée en 2020 par Statistique Canada, intitulée « La contribution des immigrants et des groupes de population désignés comme minorités visibles aux professions d’aide-infirmier, d’aide-soignant et de préposé aux bénéficiaires », nous informe que les femmes noires et philippines sont nettement surreprésentées dans ce secteur.
Grâce à l'amendement adopté par le comité, ce projet de loi cible les propriétaires et les dirigeants d'établissements de soins de longue durée, et non les travailleurs de première ligne. Dans le projet de loi, le terme « dirigeant » sera défini comme suit: « Personne qui occupe le poste de président du conseil d’administration, président, vice-président, secrétaire, trésorier, contrôleur, chef du contentieux, directeur général ou administrateur délégué d’un établissement de soins de longue durée ou qui exerce pour celui-ci des fonctions semblables à celles qu’exerce habituellement une personne occupant un tel poste, ou toute autre personne désignée comme dirigeant d’un établissement de soins de longue durée. »
Les travailleurs de première ligne se consacrent aux soins, souvent dans des conditions de travail difficiles. Avec les amendements qui ont été adoptés, les députés qui siègent au comité ont soigneusement tenu compte de la difficulté bien réelle d'attirer et de conserver des travailleurs dans le secteur des soins. Ce projet de loi cible les bons décideurs. C'est la question qui a été le plus souvent soulevée par les groupes représentant les établissements de soins de longue durée au pays, et elle a été soulevée récemment dans le rapport de l'ombudsman de l'Ontario intitulé « Des leçons sur le long terme », publié au début du mois.
Les données parlent d'elles-mêmes. Notre population vieillit, et les pourcentages qui suivent vont sans doute augmenter au fil des ans.
Le groupe de la population le plus vulnérable aux mauvais traitements en milieu institutionnel, ce sont les femmes âgées d'au moins 85 ans. Au Canada, plus du tiers de ces femmes vivent en établissement, car elles vivent généralement plus longtemps que leur conjoint, et leur état de santé ou le manque de soins peut les empêcher de passer leurs vieux jours à leur domicile.
Les mauvais traitements en établissement peuvent comprendre la violence physique, la négligence, la violence psychologique et verbale ainsi que l'exploitation financière et sexuelle. Les personnes qui vivent dans un établissement peuvent également être victimes de mauvais traitements systémiques, qui s'entendent des pratiques à l'échelle du système qui entraînent de la négligence, des soins inférieurs aux normes, l'entassement des personnes et l'atteinte à la dignité.
Des résultats de recherche indiquent que jusqu'à 1 % des aînés du Canada sont victimes de crimes violents ou de mauvais traitements physiques, et qu'environ 45 % des aînés déclarent avoir été victimes d'une forme de mauvais traitements à partir de l'âge de 65 ans. De plus, des rapports provinciaux et territoriaux récents ainsi que des rapports d'organismes qui servent les aînés font état de problèmes systémiques considérables dans les établissements de soins de longue durée.
D'autres adultes vivent aussi dans des établissements de soins de longue durée. En effet, nombre de personnes vivant avec un handicap ou une déficience permanente se retrouvent dans ces établissements parce que c'est le seul endroit capable de leur fournir les soins nécessaires.
Dans ma circonscription, Scarborough—Agincourt, il y a trois établissements de soins de longue durée, un établissement de soins de transition et de nombreuses résidences pour aînés. En fait, 27 % de la population de la circonscription de Scarborough—Agincourt est composée d'aînés. Il est très important de fournir des soins de qualité à tous les aînés du Canada.
Certains aînés ont épuisé leurs propres ressources financières. D'autres seront placés par des proches, eux-mêmes vieillissants ou incapables de s'occuper d'eux convenablement. Tout comme les aînés, ces adultes sont vulnérables à la négligence des personnes chargées de s'occuper d'eux.
Comme la population vieillit rapidement au Canada, on s'attend à ce que les entreprises spécialisées dans ce domaine connaissent également une certaine forme d'expansion. Le Canada compte actuellement 2 039 établissements de soins de longue durée, dont 46 % sont publics et 54 % sont privés. Ce pourcentage varie considérablement d'une province à l'autre. Par exemple, 86 % des établissements de soins de longue durée au Québec sont publics, contre seulement 16 % en Ontario.
Le gouvernement travaille sur un certain nombre de mesures pour améliorer la protection des aînés, dont une définition de la maltraitance des aînés dans la politique fédérale afin de mieux orienter les politiques, et collabore avec les intervenants et les autres pouvoirs publics pour améliorer la collecte de données, la formation et les programmes conçus pour aider les personnes âgées et les aînés. Il met également en place d'autres mesures pour prévenir les mauvais traitements envers les aînés. Nous avons pris plusieurs engagements à ce sujet, y compris celui qui est indiqué dans la lettre de mandat du , soit de collaborer avec le ministre du Travail et des Aînés pour renforcer l'approche du Canada à l'égard de la maltraitance des aînés.
Des mesures ont été prises pour combler les lacunes observées dans les établissements de soins de longue durée. De plus, 740 millions de dollars ont été affectés à l'aide aux personnes les plus vulnérables, afin de protéger celles qui vivent dans les établissements de soins de longue durée et celles qui reçoivent des soins à domicile ou des soins palliatifs avec des mesures de prévention et de contrôle des infections. Plusieurs ententes bilatérales ont été signées pour, par exemple, augmenter le nombre de lits en Nouvelle-Écosse ou établir des protocoles de dépistage en Saskatchewan.
Dernièrement, le gouvernement a fourni 3 milliards de dollars sur cinq ans pour aider les provinces et les territoires à améliorer les soins de longue durée sur leur territoire. Cela s'ajoute au milliard de dollars prévu pour la création du Fonds pour la sécurité des soins de longue durée. Cet argent servira à protéger les personnes qui vivent ou qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée, et toutes les provinces et tous les territoires ont signé une entente bilatérale relative à ce fonds.
Ce travail continue d'évoluer. Rappelons que, malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas à l'abri d'une autre pandémie. Il faut mettre en place des éléments qui nous éviteront de répéter les erreurs du passé.
J'ai confiance que les députés de la Chambre reconnaîtront qu'il est important d'adopter la réforme législative proposée pour qu'elle puisse être soumise rapidement à l'examen de l'autre Chambre. Dans le domaine des établissements de soins de longue durée, la voie que nous suivons est une voie de collaboration: nous continuerons de travailler avec nos homologues provinciaux et territoriaux afin d'améliorer le sort des aînés.
Il faut reconnaître que la maladie frappe beaucoup de gens soudainement, alors qu'ils ne s'y attendaient pas. Nous ne pouvons pas contrôler ses effets ni la rapidité de son évolution, mais nous pouvons voir à ce que les personnes qui ont besoin de soins de longue durée reçoivent les meilleurs soins possible dans des établissements bien entretenus où ils jouissent de la dignité et du respect que méritent tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, c'est un honneur de participer au débat sur le projet de loi et je félicite la députée de de l'avoir présenté. Je ne suis pas certain que nous l'appuierons, et je vais expliquer pourquoi dans un instant, mais il reste qu'elle propose une mesure législative qui s'attaque à ce qui est peut-être l'un des plus grands défis existentiels auxquels sont confrontés le Canada ainsi que les sociétés occidentales développées, à savoir le vieillissement de la population.
Le vieillissement de la population constitue un défi démographique de taille pour le pays. De plus en plus de Canadiens deviennent des aînés. De plus en plus de Canadiens quittent le marché du travail, ce qui crée d'importantes pénuries de main-d'œuvre, comme nous le constatons aujourd'hui. Parallèlement, ces personnes âgées ont besoin de plus en plus de soins, ce qui, bien entendu, représente une charge pour les contribuables.
Je ne voudrais pas suggérer un seul instant que nous ne devrions pas subvenir aux besoins des personnes âgées, qui ont construit le pays. Nous leur devons bien cela.
Cependant, la pandémie de COVID, la première du genre en plus de 100 ans, a révélé que quasiment aucun gouvernement dans le monde n'était prêt à relever le défi. Au Canada, la situation a notamment entraîné d'importantes pénuries de main-d'œuvre compétente lorsque les hôpitaux ont dû prendre en charge un nombre croissant de patients admis après avoir contracté le virus de la COVID. Le problème est devenu criant dans les hôpitaux de partout au pays.
Dans toutes les provinces et dans tous les territoires, les hôpitaux n'arrivaient pas à fournir les soins requis. De plus, les établissements de soins de longue durée se sont soudainement retrouvés devant un défi de taille: ils devaient s'occuper des aînés vulnérables dont ils étaient responsables et qui avaient contracté le virus de la COVID, tout en cherchant à mettre en place des protocoles qui protégeraient l'ensemble des résidents.
Le projet de loi vise à corriger la situation en criminalisant le fait de ne pas fournir les soins nécessaires dans ces établissements. Plus précisément, le texte, le projet de loi , modifierait le Code criminel afin d'ériger en infraction le fait, pour les établissements de soins de longue durée, leurs propriétaires et leurs dirigeants, d'omettre de veiller à ce que soient fournies les choses nécessaires à l'existence des résidents.
Je crois que nous pouvons tous convenir que c'est une noble cause que de veiller à ce que les établissements de soins de longue durée du Canada soient dotés d'un protocole et offrent les services nécessaires pour protéger leurs résidants. Le problème, c'est qu'il y a une importante pénurie de main-d'œuvre au pays. Tant qu'elle ne sera pas réglée, il serait imprudent d'imposer à ces établissements des sanctions criminelles puisque, dans les faits, la pénurie les empêche de fournir adéquatement le genre de soins que le Code criminel les obligerait à fournir.
Ce qui me tracasse dans le projet de loi, c'est que nous tentons de faire deux choses. D'une part, nous tentons de fournir à ces établissements la main-d'œuvre dont ils ont besoin pour protéger adéquatement leurs résidants et leurs patients, mais d'autre part, nous tentons de criminaliser les activités de ces établissements alors que, dans les faits, il leur est impossible de se conformer à la loi.
Je voudrais soulever un autre point. La marraine du projet de loi, la députée de , a affirmé que l'objectif central est de protéger les plus vulnérables de la société. Je la félicite de vouloir défendre les droits et le bien-être des aînés du pays, de ceux parmi eux qui se retrouvent dans des situations d'extrême vulnérabilité.
Or, il y a d'autres aînés et d'autres Canadiens qui sont également dans des situations de vulnérabilité et qui demandent notre protection; il y a ceux qui ont des maladies mentales ou des troubles mentaux dans la société et qui finissent dans le régime canadien d'aide médicale à mourir, le régime canadien d'aide au suicide, que le gouvernement rend accessible aux membres de la société canadienne atteints de troubles mentaux, même ceux qui sont aux prises avec la dépression.
Je ne vois pas comment on peut concilier ces deux choses: d'un côté, on fait la promotion de la protection et du bien-être des aînés dans nos établissements et, de l'autre, on dit qu'on va également défendre l'accessibilité du suicide assisté aux personnes atteintes de maladie mentale.
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans. Je suis extrêmement mal à l'aise de voir que deux idéologies radicalement opposées se côtoient à la Chambre des communes.
Plus tôt, j'ai demandé à la marraine du projet de loi si elle comptait appuyer le projet de loi , qui vise à retirer l'accès au régime canadien d'aide médicale à mourir aux personnes atteintes de maladies mentales. La députée a hésité, a tergiversé puis a noyé le poisson.
Au final, tout ce que nous pouvons en conclure, c'est qu'elle n'est pas prête à protéger les personnes atteintes de maladies mentales contre l'aide médicale à mourir, mais qu'elle cherche à défendre les aînés en établissements et les résidants des établissements de soins de longue durée qui sont en situation de vulnérabilité et dont la vie et l'état de santé pourraient être menacés par une autre pandémie.
Comme on peut le constater, je suis assez contrarié de devoir juger le projet de loi de la députée de à la lumière de son incapacité à comprendre qu'il faut faire preuve de cohérence lorsqu'on présente une mesure législative.
Lorsqu'on défend l'idée de protéger les membres les plus vulnérables de notre société, cela ne veut pas dire qu'on peut faire un choix entre différents groupes de personnes vulnérables. Il faut répondre à l'ensemble de leurs besoins, et il faut savoir appliquer ses principes de manière cohérente.
Malheureusement, ce n'est pas le cas ici. Très franchement, je déplore que notre pays s'engage sur cette voie, qui fera en sorte que la vie de certains des citoyens les plus vulnérables de notre société sera mise en péril par des politiques sur des questions de vie et de mort adoptées par le présent gouvernement et qui n'ont pas été suffisamment réfléchies.
Je demanderai à la députée de de reconsidérer sa position concernant le projet de loi , sachant que je vais reconsidérer ma position sur le projet de loi qu'elle a présenté. Nous avons tous les deux pour objectif de protéger les personnes vulnérables et de défendre leurs droits.
Je demanderai une chose: de la cohérence. Toutes les personnes vulnérables de notre société méritent notre protection.