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44e LÉGISLATURE, 1re SESSION

HANSARD RÉVISÉ • No 097

TABLE DES MATIÈRES

Le vendredi 16 septembre 2022




Emblème de la Chambre des communes

Débats de la Chambre des communes

Volume 151
No 097
1re SESSION
44e LÉGISLATURE

COMPTE RENDU OFFICIEL (HANSARD)

Le vendredi 16 septembre 2022

Présidence de l'honorable Anthony Rota


    La séance est ouverte à 10 heures.

Prière


(1000)

[Traduction]

Feu la reine Elizabeth II

Hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II — Adresse de condoléances et de loyauté à Sa Majesté le roi Charles III

[Hommage]

    Comme il est 10 heures, conformément à l'ordre adopté le jeudi 15 septembre, la Chambre passe maintenant aux déclarations de députés concernant le décès de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
     Le député de Fleetwood—Port Kells a la parole.
    Madame la Présidente, hier, lorsque nous avons observé une minute de silence en mémoire de la reine Elizabeth II, j'ai été frappé par le fait que c'était un grand honneur et un privilège d'être à la Chambre à un moment historique comme celui-ci. J'espère que les députés en sont tous conscients.
    Je n'avais pas prévu prendre la parole, mais je me suis mis à penser aux membres de ma famille, à mes liens avec eux, en particulier avec mon petit-fils James, ainsi qu'aux liens que notre travail à la Chambre nous permet de tisser avec nos descendants qui ne connaîtront de nous que les souvenirs que nous leur aurons laissés.
    Les souvenirs que notre reine nous a laissés, elle dont j'ai vu tout le règne, nous donnent l'occasion de réfléchir à ce que nous laisserons, nous aussi, non seulement à nos familles, mais également à notre pays, compte tenu de la contribution que chacun d'entre nous a le privilège d'apporter à notre histoire nationale du fait que nous sommes députés aux Communes. Je sais que les déclarations que nous avons l'occasion de faire aujourd'hui resteront gravées pour la postérité aussi longtemps que le Canada existera. Elles formeront un souvenir aussi impérissable pour nos familles que le pan inoubliable de l'Histoire que nous lègue notre reine.
    Je commence mes réflexions en disant que notre nouveau roi, Charles Ill, est de mon époque. J'en parlerai davantage dans quelques instants. En fait, le roi Charles a deux ans de moins que moi. Lui a grandi dans l'univers de la famille royale, alors que moi, j'ai grandi dans la société canadienne de l'après-guerre, où le rayonnement et l'influence de cette famille se faisaient sentir.
    Mes deux grands-pères se sont battus pour le roi et le pays lors de la Première Guerre mondiale. Mes deux parents ont fait la même chose lors de la Seconde Guerre mondiale. J'étais déjà au monde quand le roi George VI occupait le trône et quand sir Winston Churchill et Mackenzie King étaient premiers ministres.
    Je me souviens du couronnement de la reine ainsi que de l'amour et de l'affection des Canadiens pour elle. Je me souviens aussi de l'amour de la reine pour les chevaux et les locomotives à vapeur, elle qui a eu du cambouis sous les ongles pendant la guerre, à l'époque où elle travaillait comme mécanicienne et camionneuse. C'est ce qui lui avait permis de faire sa place dans nos cœurs bien avant son couronnement, et le lien qui unissait ma famille à la reine n'a fait que se renforcer lorsque nous avons appris qu'elle aimait beaucoup le Canada. Je me rappelle que, même des années plus tard, ma mère avait la larme à l'œil en parlant de l'abdication du roi Edward VIII. Je n'ai pas oublié l'époque où, lorsqu'on allait au cinéma, les films se terminaient par une projection de l'Union Jack à l'écran. Tout le monde se levait pour rendre hommage à la reine.
    Il y a quelques histoires que j'aimerais partager. L'une d'elles commence en 1939, avant même ma naissance, lorsque le roi George et la Reine-Mère se sont rendus à Vancouver pour inaugurer officiellement le pont Lions Gate et l'hôtel Vancouver. L'hôtel a célébré son anniversaire 60 ans plus tard en offrant une amnistie à tous ceux qui avaient volé quelque chose à l'hôtel au fil des ans. Il y avait un prix pour l'objet le plus unique.
    Les députés peuvent imaginer mon choc et mon embarras quand j'ai vu dans le journal Vancouver Province que le gagnant était un parent, mon oncle, George Daws, qui avait offert à l'hôtel un magnifique petit verre à sherry dans lequel la Reine-Mère avait bu. Mon oncle George s'était empressé d'informer tout le monde qu'un autre oncle, son frère Danny, avait servi la Reine-Mère à l'hôtel pendant la visite royale, et que c'est Danny qui avait volé le verre. Ce n'est que maintenant que je révèle le lien familial.
    Pour l'autre moment, nous devons faire un bond au bicentenaire des États-Unis en 1976. À cette époque, je travaillais à CFOB, une station de radio de Fort Frances, en Ontario, juste en face d'International Falls, au Minnesota. J'ai alors eu le privilège d'interviewer le photographe John De Visser, qui avait contribué au cadeau du bicentenaire du Canada aux États-Unis avec Entre Amis, une merveilleuse collection de photos de notre région prises le long de la frontière non défendue la plus longue du monde. Les photos de John, soit dit en passant, sont affichées au Musée des beaux-arts du Canada et à de nombreux autres endroits au pays.
    Pendant l'émission, John a mentionné que la famille royale lui avait confié la tâche de photographier la visite dans le Nord canadien du prince Charles en 1975. Il s'agit de la visite où notre futur souverain a plongé sous les glaces de l'Arctique pendant environ une demi-heure, à la grande inquiétude des gens, qui se tordaient les mains d'Ottawa à Londres. En passant, le prince a aussi goûté au foie de phoque cru, ce qui lui a mérité sa réputation, du moins, avec moi, d'un aventurier qui n'a pas froid aux yeux ou, à tout le moins, d'un très chic type.
    On a organisé un grand repas en l'honneur du prince de Galles. Toute la communauté y a participé et on y a savouré tous les délices exquis que les gens du Nord ont la chance d'avoir. Comme le raconte la petite histoire, et comme l'a raconté John De Visser, car c'est lui qui prenait les photos, après le plat principal, un jeune garçon inuit débarrassait les assiettes du prince. Le garçon s'est penché vers lui et a chuchoté: « Léchez votre fourchette, monsieur le duc; la tarte s'en vient. » Les députés amateurs de la littérature canadienne reconnaîtront cette histoire, qui a été racontée dans le roman Solomon Gursky de Mordecai Richler.
(1005)
    J'aimerais conclure avec une réflexion concernant le jeune homme avec qui j'ai grandi et qui pleure sa mère, tout comme j'ai pleuré la mienne, mais qui porte maintenant le lourd manteau des responsabilités et de l'histoire en tant que roi Charles III.
    Il s'agit de quelqu'un qui, toute sa vie, a été éduqué, encadré et formé dans l'unique but de jouer un rôle constitutionnel en tant que monarque. Il représente le genre de continuité de l'expérience, des valeurs et de la perspective qui fait défaut aux républiques, à tout le moins aux républiques démocratiques. C'est en quelque sorte précieux, et cela fournit à notre nation un fondement qui nous sert bien.
    Charles III transporte avec lui les valeurs avec lesquelles, tout comme moi, il a grandi. Ces valeurs ont toutefois été façonnées par les changements et les défis colossaux sur le plan humain que nous avons connus au cours des quelque 70 dernières années. Tout comme la majorité des membres de la génération dont lui et moi faisons partie, il a dû développer une certaine résilience sur le plan de la perspective et de l'adaptation au changement.
    Il va bien s'en tirer et son fils le prince William, le prince de Galles, aura lui aussi un jour bénéficié du transfert des connaissances de son père. L'éducation et le mentorat dont bénéficie William, alliés à la riche histoire et à la continuité de la monarchie, permettront à celui-ci d'offrir à notre nation et à l'ensemble de la planète une vision empreinte de sagesse et de modernité. Tout cela se révélera inestimable pour tous les habitants de la planète, si Dieu le veut.
    Je ne dis pas cela uniquement par nostalgie. Il s'agit de projeter dans le futur les forces uniques dont le Canada a joui grâce à la famille royale en tant qu'une des plus grandes et des plus stables démocraties au monde. C'est l'œil tourné vers ce futur que bon nombre d'entre nous qui ont vécu plus longtemps peuvent dire avec beaucoup d'affection « merci, et que Dieu bénisse la reine Elizabeth II » alors qu'elle, son prince, ses corgis et ses chevaux profitent tous de la paix éternelle.
    Ajoutons aussi, avec conviction et espoir, que Dieu protège le roi.
    Madame la Présidente, je suis honoré de prendre la parole aujourd’hui, à l'instar de mes collègues des deux côtés de la Chambre, afin de rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, notre souveraine, notre cheffe d’État, la commandante en chef des Forces armées canadiennes, une leader mondiale, une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère.
    À titre de membre du Conseil privé de feu Sa Majesté et de député, j’aimerais d’abord offrir mes sincères condoléances aux membres de la famille royale. Même si la reine était une figure emblématique pour les gens du monde entier — étant probablement la personne la plus connue au monde —, pour les membres de sa famille, elle était une mère. Elle était leur pilier, une personne vers qui ils pouvaient se tourner tant pour traverser les périodes difficiles que pour célébrer les bons moments.
    Je veux également promettre allégeance, comme le veut la monarchie constitutionnelle au Canada, à notre nouveau souverain, le roi Charles III. Longue vie au roi.
    On a pu entendre nombre d'excellentes réflexions au sujet de Sa Majesté depuis une semaine. Comme la reine comptait 70 ans de règne, nous savions que ce jour viendrait, mais nous sommes encore un peu sous le choc. Cela demeure un jour très difficile. Je me suis donc tourné, pour m'inspirer, vers deux des plus grands britanniques de l'histoire, soit la reine, qui a été la monarque au règne le plus long et une grande leader, et sir Winston Churchill, le parlementaire à la carrière la plus longue. Avec ses 64 années au Parlement, Churchill n'a pas atteint les 70 ans du jubilé de platine de la reine, mais il a été le premier premier ministre avec lequel elle a travaillé, et il a partagé à son sujet des réflexions remarquables que je souhaite faire connaître à la Chambre aujourd'hui.
    C'est en 1928 que Winston Churchill a rencontré la princesse Elizabeth, alors âgée de 2 ans, au château de Balmoral. Dans une lettre adressée à son épouse, Clementine, il écrit: « Il n'y a ici que la famille, le personnel et la princesse Elizabeth, 2 ans. Celle-ci a toute une personnalité. Elle a un air d'autorité et de sagacité étonnant chez un tout-petit [...] » À ce moment-là, Winston n'aurait jamais imaginé que cette jeune princesse deviendrait sa reine à la suite d'une abdication, et qu'il serait alors son premier premier ministre. »
    Ce dont je m'apprête à parler est encore plus remarquable. Le Canada, véritable leader du Commonwealth, en particulier à l'ère moderne, a fait des pressions au sein du Commonwealth pour que l'on mette fin à l'apartheid et a prôné l'aide, la sécurité et le commerce partout dans le monde au moyen des liens qui nous unissaient dans le Commonwealth.
    En 1953, à peine quelques jours avant le couronnement de la reine, lors d'une réunion de l'Association parlementaire du Commonwealth à laquelle assistaient la reine et des représentants du Canada, Winston Churchill a déclaré: « Nous saluons ici aujourd'hui cinquante ou soixante Parlements et une Couronne. Il est naturel que les Parlements parlent et que la Couronne brille. » Il a ajouté: « Nous nous rendons bien compte du fardeau que le devoir sacré impose à la souveraine et à sa famille. Tout autour de nous, nous voyons les preuves de la [force] unificatrice qui fait de la Couronne un lien central [...] dans notre vie moderne et changeante, et qui, par-dessus tout, exige notre allégeance jusqu'à la mort. »
    La reine a en effet brillé de manière remarquable pendant son règne de plus de 70 ans, pas seulement au Royaume‑Uni, mais aussi au Canada et un peu partout dans le monde. Pendant presque la moitié de notre existence en tant que pays indépendant, elle a été le lien central de notre démocratie parlementaire.
(1010)

[Français]

    Je vais maintenant dire quelques mots en français, une des deux langues fondatrices de notre pays. Ironiquement, la grandeur de la nation québécoise était garantie par notre Constitution et par la Couronne. Au cours de l'histoire de notre pays, la nation québécoise a connu des défis et a subi de la discrimination. Malgré cela, les Québécois sont devenus forts et fiers. Aujourd'hui, nous avons une nation fière de sa langue, de sa culture et de son identité grâce aux Québécois et aux Québécoises, à la monarchie constitutionnelle et à la Constitution d'un pays fondé par deux peuples en partenariat avec les Premières Nations.
    Je suis fier de me lever à la Chambre des communes et de parler en français, grâce à mon service dans une institution fédérale bilingue. Le Canada n'est pas parfait: il y a certains défis dans les communautés francophones en situation minoritaire dans quelques endroits du pays.
    Nous habitons dans le meilleur pays du monde, grâce à notre histoire et à nos deux peuples. Une île de 7 millions de francophones existe dans un océan de 600 millions d'anglophones en Amérique du Nord, à côté de la nation la plus influente au monde, les États‑Unis. Cependant, la nation québécoise et les communautés francophones prospèrent d'un océan à l'autre. C'est incroyable. Nous devons nous en souvenir et célébrer cela.
(1015)

[Traduction]

    La reine a brillé au cours de ses 22 visites officielles ici, où elle a rencontré des millions de personnes. À l’autre endroit, elle a déclaré ceci à l’occasion de son jubilé d’argent en 1977: « Mes souvenirs les plus heureux de nos voyages à travers le Canada ont été ces contacts individuels, qui ont révélé l’énorme force et l’incroyable diversité de cette nation. »
    Elle était la mère de tous les peuples, un titre qui lui a été conféré dans les années 1950 par le peuple salish du littoral de la Colombie-Britannique, commandante en chef de la Gendarmerie royale du Canada, et capitaine honoraire, commodore de l’air honoraire ou colonelle honoraire de 16 régiments; 34 de nos navires commissionnés sont des navires canadiens de Sa Majesté, et je porte aujourd’hui la cravate d’une institution, le Collège militaire royal, qui a reçu son sceau.
    Il n'y a pas si longtemps, le Parlement a été ému par ce qui est arrivé à l'un de ces régiments, The Argyll and Sutherland Highlanders of Canada — le Princess Louise’s. La reine était son colonel honoraire. Elle l'a visité en 1951, lorsqu’elle était princesse, et de nouveau en 2002, lorsqu'elle est venue à Hamilton pour présenter de nouveaux drapeaux consacrés au régiment.
    Cependant, ce n'est pas dans les moments de célébration que la reine démontrait le plus son leadership, mais dans des circonstances comme en 2014, lorsqu'un des soldats de ce régiment a été tué non loin d'ici, au Monument commémoratif de guerre du Canada. La reine a été la première à faire parvenir au régiment une lettre dans laquelle elle a offert ses condoléances à la famille de Nathan Cirillo et au régiment. Des mois plus tard, elle a invité des membres du régiment à son appartement privé, au palais de Buckingham, pour leur offrir ses condoléances, mais aussi pour savoir comment le fils et la famille de Nathan Cirillo se portaient.
    La reine ne prenait pas ces titres honorifiques à la légère. Comme Winston Churchill l'a déjà dit, elle s'engageait pleinement dans toutes les institutions au sein desquelles elle jouait un rôle central. Elle était la commandante en chef des Forces armées canadiennes. J'ai prêté serment d'allégeance à la reine pour la première fois en 1991, à l'âge de 18 ans. J'ai eu l'honneur de renouveler ce serment à maintes reprises en tant que député, en 2015, lorsque je me suis joint au Conseil privé de Sa Majesté, qui joue un rôle central dans les institutions fondamentales de notre riche démocratie parlementaire. Elle était le lien qui nous unissait à la grande reine Victoria, elle était au cœur des institutions qui établissent nos droits et responsabilités et les droits constitutionnels des peuples autochtones du pays. C'était aussi une mécène qui a soutenu d'innombrables causes dans le cadre de ses 22 visites au Canada.
    La reine a prononcé son premier discours du trône en personne au Canada des années après la création de l'OTAN. Elle a été présente en tant que souveraine alors que notre pays passait à l'ère moderne: de l'OTAN à l'ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent, de l'Expo 67 aux Jeux olympiques de Montréal, sans oublier, bien sûr, le rapatriement de la Constitution du Canada en 1982, qui, à bien des égards, a été le moment où la reine a bouclé la boucle pour contribuer à promouvoir le Canada moderne sur la scène internationale et souligner notre engagement envers les droits fondamentaux de tous nos citoyens avec la Charte. La reine a déclaré ce jour-là, le 17 avril 1982, tout juste à l'extérieur de l'endroit où nous nous trouvons aujourd'hui: « Je suis heureuse et fière d'être avec vous aujourd'hui, non seulement pour célébrer le rapatriement de la Constitution, mais aussi pour me réjouir du Canada, de son passé, de son présent et de son avenir. »
    Aujourd'hui, réjouissons-nous de la vie de service et du leadership de feu Sa Majesté la reine Elizabeth II. Rappelons-nous des moments où elle a brillé lors de ses visites ici et dans le monde entier, et rappelons-nous que ce lien central avec notre monarchie constitutionnelle a assuré notre stabilité et contribué à bâtir les grandes institutions sur lesquelles nous comptons en tant que Canadiens. Au sein du Parlement, nous pouvons célébrer, débattre et discuter de l'avenir de ce pays en sachant qu'il est ancré dans le sol fertile de notre Constitution et de nos racines.
    Aujourd'hui, nous disons: « La reine est morte, célébrons et honorons sa vie, et vive le roi. »
(1020)

[Français]

    Madame la Présidente, comme femme, je ne pouvais pas, aujourd'hui, ne pas souligner la femme que fut la reine.
    Dans un premier temps, j'aimerais souhaiter mes plus sincères condoléances à la famille et à tous les gens du Commonwealth qui sont affectés par le décès de Sa Majesté.
     J'aimerais aujourd'hui parler de la femme derrière ce grand rôle, qu'elle a joué en étant reine de 15 pays du Commonwealth en plus d'être à la tête de cette même association. Ce rôle, elle l'a occupé jusqu'à la toute fin de sa vie.
    Son règne de 70 ans, elle l'a assumé avec dignité, force et calme, et ce, tout en conciliant ses rôles de conjointe, de femme, de mère, de grand-mère et d'arrière-grand-mère. La reine aura fait preuve, pendant son règne, d'une gymnastique remarquable pour allier tous les visages et tous les angles qu'une femme doit porter au quotidien. Il faut se rappeler qu'elle a régné durant une période où les femmes ont bataillé très fort pour faire reconnaître leurs droits.
    Cette femme, elle en aura connu des tempêtes sur l'océan de sa vie, mais elle a toujours su garder le cap. Elle aura honoré chacune de ses responsabilités de façon dévouée. Elle aura toujours su se relever, et ce, dans la grâce et la force qu'on lui connaît. Elle est un exemple à suivre.
    Elle laissera pour toujours dans nos vies une image de femme forte qui n'avait pas froid aux yeux. Peu de femmes auront autant marqué l'histoire que Sa Majesté la reine Elizabeth II. Qu'elle repose en paix.

[Traduction]

    Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui. Après tout ce qui a été dit hier et ce matin à la Chambre, je suis enchanté et honoré de pouvoir parler de la vie et du service public de Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des gens de Barrie—Innisfil, que je représente.
    J'aimerais tout d'abord présenter mes plus sincères condoléances à la famille de Sa Majesté et au roi Charles. J'espère qu'ils seront rassérénés par la vague d'amour et d'hommages provenant de ses loyaux sujets — désormais les sujets du roi Charles — dans tout le Commonwealth et aux quatre coins du monde.
    Au fond, le décès de la reine se compare tout naturellement à la perte d'un membre de la famille. Sa Majesté est le seul monarque dont le règne s'est étendu sur plus d'une génération. Nous avons été témoins de toutes les étapes de sa vie, que ce soit les événements heureux, les victoires, les souffrances ou les difficultés.
    Lorsque je me remémore certains moments historiques auxquels la reine a participé au cours de ses 70 années de règne à la tête du Commonwealth, je trouve que ces moments sont assez remarquables. Une multitude de choses ont été dites au cours des derniers jours, mais il faut aussi souligner que la reine a commencé à servir bien avant son couronnement en 1953. Elle a en effet rejoint les rangs de l'armée britannique en 1945, à 18 ans. Elle y a servi comme mécanicienne pendant la Deuxième Guerre mondiale au sein de l'Auxiliary Territorial Service, ou ATS. Pendant une visite d'État aux États‑Unis, la reine a prononcé une allocution au nom du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies. Mentionnons aussi qu'elle a été le premier monarque à inaugurer une session parlementaire au Canada lors de la 23e législature du Canada, et le premier monarque à aller en Allemagne de l'Ouest.
    Il y a eu tant de désastres et de moments heureux ou triomphants. Je pense notamment à la catastrophe d'Aberfan en 1966, qui a entraîné l'adoption de la Mines and Quarries Act en 1969.
    En 1975, la reine Elizabeth II et son mari, le prince Philip, ont visité pour la première fois Hong Kong. C'était la première visite d'un monarque britannique régnant à Hong Kong. Comme il a été mentionné, elle a inauguré les Jeux olympiques d'été de 1976 à Montréal. En 1979, Margaret Thatcher est devenue la première femme première ministre du Royaume‑Uni. Les habitants de la Grande‑Bretagne avaient donc, dans les faits, deux dames de fer.
    Le 17 avril 1982, la reine Elizabeth II et le premier ministre d'alors Pierre Elliott Trudeau, ainsi que le ministre de la Justice de l'époque Jean Chrétien et André Ouellet, qui était registraire général, ont signé la proclamation mettant en vigueur la Loi constitutionnelle de 1982. La proclamation a confirmé que le Canada assumait officiellement la compétence à l'égard de sa Constitution — la dernière étape vers la pleine souveraineté — non loin d'où nous sommes aujourd'hui.
    En 1991, la reine a pris la parole lors d'une réunion conjointe du Congrès américain à la suite de la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe. En 2015, elle est devenue le monarque britannique au règne le plus long, dépassant son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria.
    Il y a eu des sources de chagrin, d'immense chagrin, y compris la perte de son mari bien-aimé le prince Philip, qui a partagé sa vie pendant 74 ans, en 2021. Bien sûr, cette année, la reine a célébré son jubilé de platine soulignant ses 70 ans de règne, un record.
    La reine Elizabeth II est le monarque du Commonwealth ayant le plus voyagé dans l'histoire. Elle a notamment effectué 22 visites officielles au Canada, dont 7 à Toronto. Sa première visite au Canada était en 1951, alors qu'elle était encore princesse et qu'elle remplaçait son père malade, et sa dernière a eu lieu en 2010.
    Contre vents et marées, elle a toujours agi avec beaucoup de détermination, de grâce, d'humilité, de sagesse, de loyauté et, surtout, d'abnégation.
    Elle a aussi modernisé la monarchie pour la faire entrer dans le XXIe siècle. Songeons un instant à la manière dont les communications et les technologies ont changé au cours de sa vie, et à la façon dont elle a réussi à s'adapter avec brio à ces changements. De son premier discours radiophonique où elle s'est engagée à consacrer sa vie au service des autres à sa récente vidéo avec l'ours Paddington à l'occasion de son jubilé de platine, elle communiquait tout le temps avec ses sujets et était toujours là pour eux, dans la prospérité comme dans l'adversité.
    Sa main ferme nous manquera, tout comme sa conviction qu'il y a toujours une lumière au bout du tunnel, même dans les moments les plus sombres. Son éternel optimisme et son humilité sont ce qui me manquera le plus de Sa Majesté.
(1025)
     Je suis sûr qu'à présent, depuis le décès de la reine, des millions de personnes dans le monde ont vu la vidéo de l'ours Paddington réalisée il y a tout juste trois mois à l'occasion du concert du jubilé de platine. C'est l'une des dernières fois que nous avons vu la reine avant sa disparition, car elle n'était pas assez en forme pour assister au concert.
    Dans un récent article de la BBC, il est précisé que la vidéo a été écrite par certaines personnes ayant travaillé sur les films de Paddington. Elles ont déclaré: « Nous savions que Paddington et la reine défendaient — et défendent toujours — certaines valeurs similaires, à savoir l'idée qu'il suffit d'être gentil et poli pour que le monde tourne rond. » C'est ce qu'a déclaré récemment le coscénariste James Lamont dans une interview sur BBC Radio 5.
    Ce dernier a également ajouté:
    Il semblait tout à fait naturel que ces deux-là puissent cohabiter dans un même espace. Ils se reconnaîtraient l'un l'autre, car ils sont tous deux taillés dans la même étoffe.
    Nous avons également pensé qu'il y avait un côté comique dans le fait de placer Paddington — que nous savons un peu empoté avec son petit air d'éléphant dans un magasin de porcelaine — dans le palais de Buckingham devant la reine, où l'étiquette et le comportement sont évidemment primordiaux.
     Personne n'aurait pu imaginer que la vidéo produite grâce à la magie de la télévision procurerait un tel réconfort à tant de personnes en cette période de deuil, mais c'est bel et bien ce qui est arrivé. Dans une certaine scène de la vidéo, l'ours maladroit, après avoir écrasé son goûter, sort de son chapeau un sandwich à la marmelade, son préféré, et l'offre à Sa Majesté en lui expliquant qu'il en apporte toujours un avec lui au cas où. Elle en sort alors un de son sac à main et lui répond: « Moi aussi [...] pour plus tard. » Aujourd'hui, je dis: « Moi aussi, pour plus tard. »
    Ainsi réunis, Paddington et la reine incarnaient tellement de valeurs dont le monde a besoin en ce moment: la gentillesse, la tolérance, la courtoisie, la politesse, ces choses qui définissent le caractère d'une personne. Ce sont ces valeurs que Sa Majesté la reine Elizabeth a incarnées toute sa vie, beau temps, mauvais temps. C'est ce qui fait qu'elle était si spéciale et c'est ce que nous devrions tenter de faire nous aussi.
    Aujourd'hui, je prête allégeance au roi Charles III. Je termine avec les paroles d'un ours maladroit, mais adorable devenu, invraisemblablement, la mascotte royale et une source de réconfort qui fait sourire les gens partout dans le monde en cette période difficile, paroles que beaucoup d'entre nous auraient aimé avoir la chance d'adresser à Sa Majesté: « Merci, Madame, merci pour tout. »
(1030)
    Madame la Présidente, même si c'est le cœur lourd que je prend la parole, je suis extrêmement honorée d'avoir l'occasion de rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des gens de Sentier Carlton—Eagle Creek.
    Au cours de la dernière semaine, on a entendu beaucoup de gens parler de sa vie, de sa loyauté inébranlable et du service rendu à son pays et au Commonwealth. La reine Elizabeth II incarnait la force tranquille et le leadership dévoué, elle qui avait commencé à être au service de la population avant même d'accéder au trône.
     Lorsqu'elle était encore princesse, dès l'âge de 14 ans, elle a commencé à assumer ses fonctions officielles au moment du discours radiophonique qu'elle a prononcé en 1940. La Grande‑Bretagne était en guerre et elle était attaquée, et la jeune princesse a assumé ses fonctions et remonté le morale de la population, alors que sa sœur et elle avaient été évacuées vers Windsor en raison des bombardements que subissait Londres.
    Une fois qu'elle a atteint les 18 ans, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle s'est jointe à l'armée pour devenir mécanicienne. Je sais que cela la rendait sympathique aux yeux de mon père, lui aussi mécanicien. Le matin du décès de la reine, mon père m'a appelée, d'abord pour me demander si je regardais les nouvelles, puis pour me raconter la fois où il l'avait rencontrée lorsqu'il avait 10 ans, en 1951, au moment de la visite de la future reine à Saskatoon. L'affection que mon père, un homme de la Saskatchewan rurale, vouait à la reine n'est qu'un exemple du sentiment de proximité que beaucoup de Canadiens ressentaient au sujet de la reine.
    Il y a aussi Dolores, qui m'a parlé de sa rencontre avec la reine au synchrotron à Saskatoon. Dans ses mots, Dolores m'a dit que la reine avait eu la gentillesse de s'arrêter pour discuter avec quelques personnes, notamment avec les enfants le long du parcours, et qu'elle avait demandé à son neveu s'il passait une bonne journée. Elle avait remarqué à quel point le sourire de la reine semblait sincère.
    Au moment de son discours radiophonique pour ses 21 ans, la princesse Elizabeth a dédié sa vie au service du Commonwealth. Même si elle était encore toute jeune, elle comprenait l'importance de servir et de remplir ses fonctions pendant toute sa vie.
     Aujourd'hui, avec le recul, nous sommes en mesure de constater que c'est un serment dont elle s'est consciencieusement acquittée. Elle a conservé le même dévouement pendant son règne en tant que reine et a notamment accordé son patronage royal ou sa présidence à plus de 600 organismes de bienfaisance, organismes professionnels et organisations de services publics, dont bon nombre au Canada. Elle a été à la fois notre cheffe d'État et cheffe de nos forces armées. Dans tous ces rôles, elle a su faire preuve de grâce et d'humilité. La reine a su briller là où bien d'autres auraient flanché.
    Nous savons que le Canada occupait une place spéciale dans son cœur, puisqu'elle le considérait comme chez elle et que c'était le pays qu'elle visitait le plus. Nous savons également que ce sentiment était partagé par de nombreux Canadiens. En effet, le Canada a grandement bénéficié de la stabilité de la reine dans son rôle de monarque.
     Pendant son règne, le Canada a connu d'importantes transformations. Elle a suivi notre développement en tant que nation, les crises de sa croissance et sa transition vers un pays totalement indépendant, sans oublier la création de notre Constitution. Comme d'autres l'ont fait remarquer, la reine Elizabeth II était une constante rassurante dans un monde en perpétuel changement, bref, une véritable femme d'État.
    Toujours consciente de son devoir, la reine s'est adressée à la population de la Saskatchewan dans sa dernière déclaration publique peu avant son décès, en particulier aux communautés de la nation crie de James Smith et de Weldon, et a offert ses condoléances à tous ceux qui ont perdu des proches et ses prières à ceux qui se remettent de leurs blessures à la suite des attaques horribles qui ont eu lieu dans notre province.
     Elle a servi avec humilité et dignité, nous a donné un idéal à atteindre et a rappelé aux députés que, nous aussi, nous nous efforçons de servir un idéal supérieur à nous-mêmes.
    Lors de l'éloge funèbre radiophonique qu'il a prononcé pour George VI, Winston Churchill, le premier premier ministre britannique à avoir servi sous la reine Elizabeth II, a dit: « Les règnes de nos reines ont été retentissants. Quelques-unes des plus grandes périodes de notre histoire se sont déroulées durant le règne d'une reine. » C'était des paroles prophétiques, car nous savons maintenant que la reine Elizabeth II a poursuivi cette tradition de femmes monarques remarquables.
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    Son règne a été marqué par la stabilité et sera considéré avec beaucoup d'admiration et d'affection. Elle restera gravée dans nos mémoires comme l'un des plus grands monarques de l'histoire de notre pays.
    Enfin, feu Sa Majesté la reine était une femme de foi. Lors de ses messages de Noël, elle a souvent souligné l'importance de la foi dans sa vie et la façon dont elle l'a soutenue et elle a demandé aux gens de prier pour la sagesse et la force. Aujourd'hui, je présente mes plus sincères condoléances aux membres de la famille royale en cette période difficile. Je prie pour qu'ils soient réconfortés et renforcés alors qu'ils pleurent le décès de notre reine bien-aimée, qui était leur mère, leur grand-mère et leur arrière-grand-mère.
    Que Dieu bénisse la reine Elizabeth. Vive le roi.
    Madame la Présidente, je suis honoré de prendre la parole pour rendre hommage à feu Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des habitants de Flamborough—Glanbrook et de la grande région d’Hamilton. Cependant, je le fais avec une profonde tristesse. Premièrement, nous, ses loyaux sujets, souhaitons offrir nos plus sincères condoléances à toute la famille royale. Puissent-ils avoir la force requise pour traverser cette période.
     Dans les prochaines minutes, j’aimerais raconter certaines des histoires dont les habitants de ma circonscription m’ont fait part au cours de la dernière semaine après le décès de notre souveraine.
     Notre défunte reine a visité officiellement Hamilton à trois occasions au cours de sa vie: d’abord, en tant que princesse Elizabeth, en 1951; ensuite, deux fois en tant que reine, en 1959 et en 2002. Chacune de ses visites était un véritable honneur pour notre ville. Feu Sa Majesté était la colonelle en chef des Argyll and Sutherland Highlanders of Canada, un régiment basé à Hamilton.
    Le député de Durham vient tout juste de parler de l’affection spéciale que la reine vouait aux Argylls, et vice versa, soulignant sa profonde compassion dans la foulée de l’assassinat d’un citoyen d’Hamilton, Nathan Cirillo, une tragédie survenue en 2014. Les Argylls ont occupé une grande place à chacune des visites de la reine, surtout lors des célébrations de son jubilé d’or, en 2002. Elle leur avait alors présenté leurs nouvelles couleurs dans le cadre d’une cérémonie publique au Copps Coliseum, le nom qu’il portait à l’époque. Bien que tout au long de cet événement au centre-ville d’Hamilton elle avait démontré son sens du service et du devoir légendaire, la population avait aussi très bien senti son charisme lors de ses interventions avec la foule. En outre, grâce à son grand sourire, elle avait ravi les anciens combattants avec qui elle s’était entretenue.
    J'aimerais transmettre les réflexions des habitants de Flamborough—Glanbrook et d'ailleurs. Au cours de la semaine, des concitoyens ont partagé leurs souvenirs de leur rencontre avec la reine, qu'ils aiment profondément. Une dame possède un disque View-Master — certains d'entre nous se souviennent de quoi il s'agit — du couronnement de la reine. Elle conserve ce souvenir dans sa mémoire et le chérit tendrement cette semaine. Une autre citoyenne se souvient d'avoir rencontré la reine alors qu'elle était brownie chez les Guides du Canada, à Edmonton.
    Des photos précieuses sont exposées ou ont été sorties des tiroirs où elles avaient été rangées. Elles montrent des grands-mères, des oncles et des tantes revêtus de leurs habits du dimanche pour être présentés à feu Sa Majesté. Bien des gens gardent un bon souvenir du message de Noël annuel de la reine; c'est souvent à cette occasion que ses meilleures qualités, soit la compassion, le charme et la vivacité d'esprit, étaient les plus évidentes.
    J'ai aussi rencontré des descendants des loyalistes de l'Empire‑Uni, qui ont un lien et une affinité naturels avec la monarchie. Ils sont très fiers que la reine Elizabeth II ait préservé cette institution avec autant de grâce, de sang-froid et d'élégance pendant ce qui a souvent été des moments difficiles pour notre monde.
    De plus, ceux qui sont affiliés aux Argylls continuent d'exprimer leur éternelle gratitude à feu Sa Majesté pour leur avoir rendu visite chaque fois qu'elle était à Hamilton, s'être souciée si profondément des tragédies qu'ils ont vécues et avoir fait d'eux une partie si importante de sa vie de commandante.
    Si je peux ajouter mes propres souvenirs à ceux des électeurs que j'ai eu l'honneur de représenter et au nom desquels j'ai pris la parole dans cette enceinte, j'ai moi aussi eu la chance de rencontrer Sa Majesté en 2002. Il s'agissait d'une tournée canadienne de 12 jours à l'occasion du jubilé de la Reine, qui célébrait ses 50 ans sur le trône.
    Le gouvernement de l'Ontario de l'époque avait organisé une grande réception royale au Centre national du commerce de Toronto. Les gens faisaient la queue des deux côtés de l'allée alors que le couple royal faisait son chemin dans la salle. Bien que mon temps avec notre reine bien-aimée n'ait pas dépassé un rapide bonjour, car l'autre côté de l'allée, il y avait des gens avec des chevaux, et elle était naturellement portée à discuter avec ces gens afin de voir les chevaux, qui étaient une de ses passions, j'ai eu une conversation plus longue avec le prince Philip, qui dégageait tout le charme pour lequel il était également connu.
(1040)
    En fait, la cravate que je porte aujourd'hui est celle que j'ai portée ce jour-là en 2002. Je l'ai achetée spécialement pour la visite royale et elle demeure une de mes cravates préférées; elle l'est d'autant plus, maintenant. C'est la première fois que je la porte depuis le décès de la reine, et je continuerai de penser à elle, comme je le fais aujourd'hui, chaque fois que je la porterai.
    Je terminerai avec les réflexions d'une femme accomplie, une leader d'Hamilton qui se souvient de la reine pour bien davantage que le service et le devoir qu'on lui reconnaît à juste titre. Cette femme, maintenant au début de la quarantaine, dirige un organisme important dans sa profession. Pour elle, la reine a toujours été un modèle, toute sa vie: une femme qui occupe un rôle de leadership influent, qu'elle a assumé à une époque où cela était très rare. Je sais que d'autres députés, des deux côtés de la Chambre, ont déjà soulevé ce point ces derniers jours, mais je pense qu'il mérite d'être répété et souligné.
    Pour cette femme, et sans aucun doute pour des millions de filles et de jeunes femmes, la reine a été une source d'inspiration. En tant que cheffe d'État, sa présence constante leur a démontré qu'elles pouvaient avoir de grands rêves et accomplir n'importe quoi. Par conséquent, même si ce rôle royal lui était destiné dès sa naissance et qu'elle a choisi d'emblée que son devoir était de servir pendant toute sa vie, elle a brisé le plafond de verre à une époque où c'était tout simplement impossible. C'est cet exploit majeur qui a frappé la jeune femme avec qui j'ai discuté l'autre jour, et c'est là le souvenir durable que laissera Sa Majesté la reine Elizabeth II. Elle va beaucoup nous manquer.
    Elle a été une constante dans un monde où les choses évoluent toujours de plus en plus vite. Nous nous tournons maintenant vers le roi Charles III, à qui je promets allégeance, afin qu'il perpétue cette tradition.
    Que Dieu protège le roi. Que Dieu continue de protéger le Canada.
    Madame la Présidente, je prends la parole à la Chambre en ce moment solennel pour transmettre mes condoléances les plus sincères aux membres de la famille royale et à toutes les personnes du Commonwealth, alors que nous pleurons collectivement la mort de Sa Majesté la reine Elizabeth II. À titre de député de Niagara Falls, une circonscription qui comprend la ville de Niagara Falls et les municipalités de Niagara‑on‑the‑Lake et de Fort Erie, c'est un véritable honneur d'intervenir aujourd'hui pour rendre hommage à notre reine bien-aimée, décédée le 8 septembre à 96 ans.
    Pendant 70 années incroyables, Sa Majesté la reine Elizabeth II a été la cheffe d'État du Canada. Comme le Canada a 155 ans, c'est donc dire que son règne a couvert 45 % de l'histoire de notre pays. Elle a été témoin d'une bonne partie des événements qui ont marqué notre histoire pendant les XXe et XXIe siècles. Son règne a été d'une longueur exceptionnelle, et elle a régné avec grâce, dignité, honneur et avec un sens profond du devoir et du service.
    L'idée que beaucoup de gens se font de la monarchie, de la reine et du lien qu'elle avait avec le Canada se limite à des éléments comme les portraits accrochés aux murs des édifices gouvernementaux ou à la présence de son visage et de son nom sur notre monnaie, mais tout cela a un sens beaucoup plus profond.
    Peter McNally, professeur retraité de l'École des sciences de l'information de l'Université McGill, a récemment déclaré sur les ondes de CTV News: « Aujourd'hui, la monarchie est l'incarnation vivante de la tradition parlementaire canadienne. »
    Cette tradition parlementaire remonte à plus de 800 ans. La monarchie au Canada, telle que l'a représentée la reine pendant 70 ans et comme le fait maintenant le roi Charles III, est fondamentale à notre quotidien et à notre mode de vie au Canada, même si cela n'apparaît pas clairement tous les jours. En fait, beaucoup de leaders canadiens ont reconnu l'importance de la Couronne dans notre vie courante et le fait qu'elle y demeure pertinente.
    En 1993, l'ancien premier ministre de l'Ontario Mike Harris a expliqué:
    Le serment à la reine est fondamental pour l'administration du droit au pays. Il signifie qu'ici, au Canada, la justice est rendue non pas au nom du premier ministre, du maire ou du chef de police, comme dans les pays totalitaires, mais par le peuple, au nom de la reine. Je soutiens que cette caractéristique de notre société, plutôt qu'être offensante, est en partie ce qui attire les gens au Canada.
    Un an auparavant, le très honorable Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada, avait déclaré:
    La Couronne symbolise la continuité des valeurs de dignité, d’équité et d’égalité devant la loi qui ont fait la grandeur de ce pays. Aucun souverain n’a servi ses sujets canadiens avec plus de grâce, plus de sollicitude et plus de bonne volonté que la reine Elizabeth II. Son sens du devoir, son courage, sa chaleur et son honneur sont connus et appréciés de tous les Canadiens.
    Dans un monde continuellement en évolution et dans une mer de changements constants, nous pouvions toujours nous tourner vers la reine Elizabeth II pour trouver notre équilibre, notre stabilité et notre courage. Elle a toujours été une lueur d’espoir dans les périodes sombres, un réconfort et une présence apaisante. Son leadership était indéfectible et assidu, car elle a tenu la promesse qu’elle avait faite le jour de son 21 anniversaire, lors d’un voyage en Afrique du Sud avec sa famille, lorsqu’elle a déclaré:
     Je déclare devant vous que toute ma vie, qu’elle soit courte ou longue, sera consacrée à votre service et au service de la grande famille impériale à laquelle nous appartenons tous.
    Au cours de sa vie, Sa Majesté a visité le Canada plus de 20 fois entre 1951 et 2010. Elle a visité le Canada plus que tout autre pays du Commonwealth. D'ailleurs, sa première visite au Canada comportait un passage dans ma belle circonscription, Niagara Falls, trois mois seulement avant son accession au trône. À l’époque, étant donné la santé défaillante de son père, le personnel de la reine transportait avec lui une proclamation officielle au cas où le roi devait décéder avant son retour.
    Selon les archives de la bibliothèque publique de Niagara Falls, lors de sa visite à Niagara, elle a dit des chutes Niagara qu'elles étaient à la fois « magnifiques » et « incroyables », alors qu'elle se tenait près de la rampe pour contempler les chutes du Fer-à‑Cheval, du côté canadien. Selon les estimations, une foule de 150 000 personnes était à Niagara Falls pour acclamer les membres de la famille royale pendant leur visite, jusqu'à ce qu'ils montent à bord du train royal pour poursuivre leur tournée au Canada.
    Lors du décès de son père, le roi George VI, en février 1952, la princesse Elizabeth a immédiatement accédé au trône, et elle est demeurée notre reine depuis ce temps. La reine Elizabeth II était la seule cheffe d'État que des millions de Canadiens, moi y compris, avaient connue, jusqu'à ce que le roi Charles III accède au trône.
(1045)
    La reine Elizabeth II a visité Niagara Falls de nouveau en 1973. C'était sa première visite en tant que reine. Elle était en tournée avec son époux, le prince Philip, pour l'ouverture du fameux festival Shaw de Niagara-on-the-Lake et pour une visite non loin de là, au fort George, qui était un important poste militaire pendant la guerre de 1812.
    Un résidant de ma circonscription a récemment raconté au St. Catharines Standard ses souvenirs de la visite de la reine à Niagara‑on‑the‑Lake, en 1973. Ken Bridgman, de St. Davids, à Niagara‑on‑the‑Lake, a écrit qu'il était directeur général de l'auberge Pillar and Post lors de la visite du couple royal. M. Bridgman, ainsi que le député provincial Robert Welch et John Drope, propriétaire et fondateur de l'auberge, ont rencontré le couple royal lorsqu'il y est entré. Ils ont tous deux eu le privilège d'escorter le couple royal jusqu'à ses chambres.
    M. Bridgman se rappelle que, pendant qu'il marchait avec le couple royal, celui-ci a dit vouloir en connaître davantage au sujet des origines du vieil édifice et des retombées du festival Shaw sur le tourisme et l'emploi dans la ville. Il voulait aussi en savoir plus sur l'histoire de Niagara‑on‑the‑Lake et sur les actualités locales. Il a dit que le couple royal était « communicatif » et qu'il « ne tarissait pas d'éloges » au sujet de ses chambres.
    Dans le même article consacré aux souvenirs des visites royales au Canada, mon prédécesseur l'honorable Rob Nicholson a également apporté une contribution. M. Nicholson a été député de la circonscription de Niagara Falls pendant plus de 24 ans. Il a écrit que lui et son épouse, Arlene, ainsi que leur fille, Christine, avaient eu le privilège de rencontrer la reine à l'hôtel Royal York de Toronto en juin 2010, alors qu'il était ministre de la Justice et procureur général du Canada. Une belle photo avait été prise à cette occasion. Il avait remarqué que la reine était vraiment chaleureuse et amicale, et que de toute évidence, elle aimait se trouver au Canada.
    Compte tenu de son immense beauté et de son rôle de premier plan dans l'établissement de la nation, le Niagara a toujours attiré la royauté. D'autres visites du genre ont eu lieu bien avant la naissance de la reine Elizabeth. La première visite remonte à 1860, à l'occasion de la première illumination des chutes du Niagara, en l'honneur de la présence de Son Altesse Royale le prince de Galles, qui allait devenir le roi Édouard VII. Dix-neuf ans plus tard, en 1879, les chutes du Niagara ont de nouveau été illuminées en l'honneur de la visite de la princesse Louise et de son mari, le marquis de Lorne, quatrième gouverneur général du Canada.
    À l'automne 1901, le duc et la duchesse de Cornouailles et d'York, c'est-à-dire le futur roi George V et la future reine Mary, ont à leur tour visité Niagara Falls. Depuis ce temps, Niagara Falls a eu le plaisir de recevoir le prince de Galles, futur roi Edward VIII, en 1919 et en 1927; Leurs Majestés le roi George VI et la reine Elizabeth en 1939; la duchesse de Kent en 1954; Son Altesse Royale la princesse Margaret en 1958; la princesse Diana, le prince William et le prince Harry en 1991; et Son Altesse Royale Sophie, la comtesse de Wessex, en 2012.
    La reine Elizabeth s'est rendue pour la dernière fois au Canada en 2010, à l'âge de 84 ans. Même si Niagara est une destination populaire auprès des membres de la famille royale, les visites de Sa Majesté la reine Elizabeth II nous manqueront à tous. Sa mémoire survivra à jamais et sera chérie par tous ceux qui l'ont appréciée.
    Jusqu'à la fin de la période de deuil de 10 jours, de 22 h 30 à minuit, dans le fuseau horaire de l'Est, les chutes Niagara seront éclairées en bleu royal en l'honneur de Sa Majesté la reine Elizabeth II. Cet hommage aura lieu tous les soirs jusqu'à la date de ses funérailles, le 19 septembre. J'invite tous les Canadiens et les visiteurs étrangers qui en ont la possibilité à rendre hommage à la mémoire de la reine en venant admirer les chutes.
     Niagara Falls entretient un grand nombre de liens importants avec la famille royale et Sa Majesté la reine Elizabeth II. Nous ne l'oublierons jamais et nous chérirons toujours nos souvenirs d'elle et des services dévoués qu'elle a rendus à la monarchie, au Commonwealth et au Canada. C'est un grand honneur d'offrir mes condoléances à tous ceux qui pleurent notre immense perte par l'entremise de cet hommage à la reine Elizabeth II.
    Reposez en paix, Votre Majesté. Vive le roi!
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    Madame la Présidente, avant de commencer, j'aimerais rappeler les violences horribles qu'ont subies, il y a tout juste quelques jours, les membres de la nation crie de James Smith et les habitants du village de Weldon. Les familles touchées peinent à décrire toute la souffrance et la douleur qui affligent leur communauté. Comme bon nombre d'entre nous l'ont dit au cours des derniers jours, nos pensées et notre amour vont aux victimes et aux familles des victimes.
    Quant au legs de la reine Elizabeth II, il est difficile de résumer en quelques minutes à la Chambre la vie d'un personnage qui a eu une telle influence sur tant de gens. Il est parfois ardu de faire un résumé vraiment représentatif de la vie d'une personne qui a touché un si grand nombre de Canadiens. Mes collègues ont été très éloquents. Aujourd'hui, je veux plutôt faire part de mes impressions personnelles sur la reine Elizabeth II.
    Il y a l'institution, évidemment, et il y aura immanquablement des discussions sur l'institution, mais au-delà, il y a la personne. La reine Elizabeth II, Sa Majesté, était une personne très engagée, qui a apporté une immense stabilité au système parlementaire canadien et aux démocraties. Elle a fait preuve d'un incroyable dévouement.
    Au cours de son long règne, la reine Elizabeth II a visité la communauté de New Westminster trois fois, et la communauté de Burnaby deux fois. Je mentionnerai plus spécifiquement certaines des réflexions des gens de ma communauté dans un moment, mais chaque fois qu'elle est venue, elle était pleinement engagée, et sa visite a constitué un événement remarquablement mémorable tant à New Westminster qu'à Burnaby.
    Avant de passer à ces réflexions personnelles, je veux parler des grands cadeaux que la reine Elizabeth II nous a offerts. Le plus important est la stabilité qu'elle a apportée grâce à son long règne. C'est le plus long règne d'un monarque dans l'histoire récente: 70 ans. Nous tenons parfois cela pour acquis: le passage sans heurt d'une institution à l'autre, le passage sans heurt de la monarchie, la reine qui décède et, quelques heures plus tard, le roi Charles III qui est couronné.
    Nous avions la stabilité que procure le fait d'avoir un chef d'État qui a accueilli et a institué 15 gouvernements au Royaume‑Uni et une douzaine de gouvernements par l'entremise de son représentant ici au Canada. Nous tenons parfois pour acquis cette stabilité du passage, ce passage sans faille d'un gouvernement à l'autre, élu démocratiquement, son règne continu en tant que cheffe d'État et même le passage sans faille du rôle de chef d'État, à son décès, à son successeur.
    Ce n'est pas quelque chose que nous devrions tenir pour acquis, et c'est particulièrement vrai dans le contexte actuel. Il suffit de penser aux actes violents et chaotiques du 6 janvier 2021 aux États‑Unis, des actes nourris par un homme qui fait la promotion de valeurs despotiques. De tels actes violents et chaotiques contrastent nettement avec la stabilité qu'incarnait la reine Elizabeth lors du passage d'un gouvernement à l'autre, en respectant toujours les valeurs démocratiques fondamentales qui nous tiennent tous à cœur — un signal d'alarme qu'il ne faut jamais tenir cette stabilité pour acquise.
    La reine Elizabeth II incarnait vraiment l'esprit de dévouement. Le meilleur exemple, comme bon nombre de mes collègues l'ont dit au cours des 24 dernières heures alors que nous lui rendons hommage à la Chambre, c'est que 48 heures avant sa mort, au moment où elle était sûrement consciente qu'elle vivait ses derniers moments, ses dernières heures sur cette terre, elle a tout de même accueilli la nouvelle première ministre du Royaume‑Uni, la première ministre Truss. Elle l'a fait 48 heures avant son décès. Ce dévouement, cette volonté de faire passer son rôle et l'importance de sa fonction avant tout, a aussi été soulevé par un bon nombre de personnes.
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    Il est important de souligner que cette continuité découle de la présence dont faisait preuve la reine Elizabeth II dans tant d'aspects de sa vie. Il convient également de mentionner, parmi les nombreuses personnes qui se sont exprimées à la suite de son décès, les néo-Canadiens, qui ont promis de porter sincère allégeance à la reine Elizabeth lorsqu'ils ont prononcé leur serment de citoyenneté, car ils sont, à mon avis, de ceux qui parlent avec le plus d'enthousiasme et de sincérité de la personne qu'elle était et de l'incidence qu'elle a eue dans leur vie. Par-dessus tout, la reine s'impliquait. J'aimerais raconter une anecdote personnelle.
    En 1971, au cours de l'une de ses nombreuses visites à New Westminster, mes collègues de classe de l'époque et moi, qui étais alors âgé de 9 ans, avons dansé devant la reine Elizabeth II et le prince Philip dans le cadre des festivités du 1er mai. Nous étions tous nerveux avant la prestation et avons toujours pensé par la suite que la reine nous avait regardés. La fin de semaine dernière, je me suis réuni avec d'anciens collègues de classe de l'époque: Becci Dewinetz, Debbie, née Cooke, et Kathy, née Gifford. Même après 50 ans, nous gardions tous le sentiment que la reine nous avait accordé toute son attention ce jour-là. C'est une réaction commune suscitée par la reine Elizabeth parce qu'elle s'intéressait réellement aux gens lorsqu'elle visitait les pays du Commonwealth.
    Au cours des derniers jours, à la Century House — qui a été inaugurée par la princesse Margaret en 1958 à New Westminster — mes concitoyens ont signé des livres de condoléances. Lorsque nous avons commencé lundi dernier, il y avait une file d'attente devant la porte, et les gens ont continué de venir tout au long de la semaine pour signer les livres et envoyer des messages de condoléances à la famille royale.
    Parmi eux se trouvait Lorraine Holmes, qui se déplace en fauteuil roulant motorisé et doit faire un trajet d'une demi-heure pour se rendre à la Century House. Elle a considéré qu'il était primordial de signer ce livre de condoléances. Elle voulait exprimer ses condoléances et partager ses souvenirs de la reine Elizabeth II.
    Dans cette foule, il y avait aussi Rachel et de nombreuses personnes de toute la vallée du bas Fraser. Rachel a dû faire deux heures d'autobus depuis Tsawwassen pour venir à New Westminster signer ce livre, et nous avons remarqué que des gens de toute la vallée du bas Fraser faisaient la queue pour signer le livre et exprimer leurs condoléances.
    Je voudrais lire un passage du message écrit par Colleen Vogler et sa famille:
    « Merci, Votre Majesté, d'avoir été pour le monde le plus bel exemple de la façon de vivre sa vie en tant que monarque, mère, épouse, grand-mère, arrière-grand-mère et femme. Vous étiez sage, intelligente, dévouée, gentille, aimante et dotée d'un formidable sens de l'humour. Vous avez su garder le monde en harmonie pour qu'il puisse rester calme et continuer comme si de rien n'était. Il y a maintenant un ange de plus au paradis et une étoile de plus dans le ciel. Sincères condoléances à la famille et à tous ceux qui l'ont connue. Que Dieu bénisse la reine. Colleen Vogler et sa famille. »
    Ces mêmes sentiments ont été exprimés par de nombreuses personnes venues signer le livre de condoléances.
    Il ne fait aucun doute, comme l'a exprimé le député de Burnaby-Sud dans son discours d'hier, que le roi Charles III a maintenant un rôle important à jouer en matière de réconciliation avec les peuples autochtones. Je réitère l'appel de notre chef, le député de Burnaby-Sud, selon lequel le roi Charles III doit s'efforcer de parvenir à une réconciliation avec les peuples autochtones et envisager une proclamation royale de réconciliation. C'est fondamental et doit être une priorité pour notre nouveau monarque.
    Cela me rappelle une phrase de Thornton Wilder, qui a déclaré: « Le plus grand hommage [...] n'est pas le chagrin, mais la gratitude. » Nous sommes profondément reconnaissants envers la reine Elizabeth II pour son service, pour la stabilité qu'elle a apportée tout au long de son règne grâce à son dévouement, dont elle faisait encore preuve quelques heures avant son décès, et pour la façon dont elle se souciait des gens qu'elle rencontrait lors de ses visites dans les collectivités de New Westminster et Burnaby, dans ma circonscription, et de tous ceux qu'elle a rencontrés pendant son long règne.
    Nous sommes reconnaissants pour toutes ses contributions à notre démocratie et à l'institution. Elle nous manquera.
(1100)
    Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui afin de rendre hommage à la regrettée reine Elizabeth II. C'est le seul monarque que j'aie jamais connu, et je suis attristé par son décès. Il y aura une période de grande adaptation, non seulement pour nos institutions et notre pays, mais aussi pour les personnes comme moi.
    Beaucoup de choses ont été dites depuis une semaine alors que le monde pleure la mort de la reine, notamment ici même à la Chambre au cours des deux derniers jours. Au lieu de répéter une liste de faits, je tiens à parler du lien très personnel qui m'unit à la reine.
    Je n'ai pas grandi dans un milieu aisé où mon père avait des audiences régulières avec la reine. J'ai plutôt grandi comme la plupart des Canadiens, soit dans une famille modeste, et j'ai appris à connaître la reine à l'école. Je me rappelle que je chantais le God Save the Queen avec mes camarades de classe chaque matin à l'école pour commencer la journée. Je me rappelle aussi que mes parents me disaient qu'ils chantaient le God Save the King quand ils allaient à l'école, ce qui me semblait tellement étrange à l'époque.
    J'ai parlé avec eux cette semaine, et ils m'ont raconté à quel point il avait été difficile d'apprendre à entonner le God Save the Queen au lieu du God Save the King. Maintenant, des années plus tard, je me trouve dans une situation similaire. Ce n'est pas facile. Bien sûr, mes parents, qui sont maintenant octogénaires, vont devoir se réhabituer à parler du roi au lieu de la reine.
    Notre argent est un autre lien que la plupart des Canadiens entretiennent avec la reine. En effet, son image est sur presque toutes les pièces de monnaie et tous les billets que nous utilisons, ainsi que sur les timbres et d'autres formes de paiement. Je ne peux pas imaginer à quel point il sera compliqué et coûteux de changer cela, mais je suis sûr que cela prendra beaucoup de temps. Cependant, ce sera intéressant quand nous commencerons à voir, pour la première fois, l'image du roi plutôt que celle de la reine sur nos pièces, nos billets et nos timbres.
    Les visites de la reine au Canada lui ont également permis de tisser des liens avec tous les Canadiens. En effet, elle a visité notre pays plus que n'importe quel autre. La première visite de Sa Majesté au Canada a eu lieu dans ma circonscription, Saskatoon‑Ouest, en 1951, alors qu'elle était encore princesse. Plus tard, en sa qualité de reine, elle a fait cinq autres visites en Saskatchewan, créant ainsi un lien solide avec les habitants de ma province.
    Elle a visité le Canada 22 fois au total. L'une de ces visites a été particulièrement marquante pour moi.
    Sa dernière visite au Canada remonte à 2010, et j'ai eu le privilège d'être à Ottawa à cette occasion. Grâce à une relation de ma députée, la députée de Sentier Carlton—Eagle Creek, j'ai pu obtenir des billets pour une réception en plein air à Rideau Hall, à laquelle la reine devait assister. Étant donné qu'il y avait des centaines de personnes à cet événement et qu'elle avait 84 ans à l'époque, je n'étais pas certain de pouvoir l'approcher. À mon grand étonnement, elle et le prince Philip ont longuement déambulé dans le jardin, s'arrêtant pour discuter avec de nombreuses personnes.
    Mon instant de gloire a consisté en un regard fugace. La reine et moi nous sommes fixés l'espace d'une seconde alors qu'elle passait lentement devant moi et ma femme. De toute évidence, elle ne pouvait pas parler à tout le monde, et ce regard fugace devait suffire pour moi. Dans ce regard, j'ai senti sa chaleur et sa bienveillance. Le prince Philip la suivait, comme à son habitude, et il s'est arrêté pour parler avec un ancien combattant à proximité. J'ai pu écouter cette conversation et j'ai constaté la sollicitude dont il faisait preuve, en particulier à l'égard des anciens combattants.
    J'ai également assisté au grand rassemblement de la fête du Canada sur la Colline du Parlement où la reine était présente et a pris la parole. Je me souviens du moment où elle est arrivée sur la Colline. Un instant, je regardais le drapeau du Canada hissé au sommet de la Tour de la Paix, et l'instant d'après, c'était le drapeau de la monarchie qui s'y trouvait. J'ignore toujours comment on a pu remplacer le drapeau aussi rapidement. La reine devait avoir des pouvoirs très spéciaux. Elle avait certainement le don de faire en sorte que chacun se sente important et valorisé, qu'on la voie à la télévision, qu'on la croise en marchant ou qu'on croise son regard ne serait-ce qu'un instant. Je suis convaincu que bien des Canadiens éprouvent le même sentiment.
    La reine a toujours été là pour les Canadiens, que ce soit pour célébrer les triomphes ou surmonter les catastrophes. Elle était là pour célébrer notre centenaire en 1967, et pour signer la proclamation historique de la Constitution du Canada en 1982. Elle a aussi guidé les efforts de l'ancien premier ministre Brian Mulroney pour abolir l'apartheid en Afrique du Sud et faire libérer Nelson Mandela en 1990. L'une des dernières actions de la reine a été d'exprimer ses condoléances aux gens de la Saskatchewan et aux membres de la nation crie de James Smith, en Saskatchewan, à la suite des événements tragiques survenus la fin de semaine de la fête du Travail.
    Nous entamons maintenant un nouveau chapitre, avec un roi au lieu d'une reine. Je félicite le roi Charles III pour son accession au trône et j'ai hâte de voir tous les changements qui se produiront au cours des prochaines années, comme le fait de voir son effigie sur notre monnaie et nos timbres. Cependant, pour le moment, nous pleurons le décès de la reine, une reine qui a servi le Commonwealth pendant sept décennies et pendant le mandat de 12 premiers ministres du Canada, dont celui de John Diefenbaker, de la Saskatchewan. En fait, en 1957, au cours de la première année du mandat du premier ministre Diefenbaker, la reine Elizabeth est venue au Canada et a lu elle-même le discours du Trône.
(1105)
    Dans un monde en perpétuel changement, elle était la seule personnalité stable sur laquelle les Canadiens pouvaient compter. Elle a mené une vie bien remplie.
    Je sais que je m'exprime au nom de tous les citoyens de ma circonscription en rendant hommage à une reine qui a tant donné de sa personne pour le Commonwealth. J'offre à sa famille mes plus sincères condoléances et celles de tous les habitants de Saskatoon-Ouest.
    Que la reine Elizabeth II repose en paix aux côtés de son époux bien-aimé, comme toujours. Vive le roi.
    Madame la Présidente, je prends la parole pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II, qui a servi avec abnégation ses sujets du Canada et de tout le Commonwealth pendant toute sa vie.
    Pendant 70 ans, elle a régné avec une grâce, une dignité et une prudence telles qu'elle a élevé les standards liés à sa fonction à des sommets inégalés. À travers les périodes de tragédie, les épreuves, les joies et les renouveaux, elle a toujours été présente, comme l'étoile Polaire durant la nuit ou le soleil le matin venu; une constante sur laquelle on peut compter.
    Grâce à son extrême prudence, la regrettée reine savait exactement quand il fallait intervenir et porter le message précis que les gens devaient entendre. Cela a commencé alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, à l'âge de 14 ans, lorsque son discours a été diffusé dans tout le Commonwealth pour rassurer les enfants, en particulier les petits Britanniques, pendant le Blitz, et leur dire qu'ils seraient victorieux et que ce serait leur génération qui rebâtirait le monde, et cela s'est poursuivi jusqu'à la pandémie, lorsqu'elle a pris la parole pour assurer à toute la population que nous pourrions éventuellement nous réunir de nouveau.
    Je prends la parole à titre de député de Leeds—Grenville—Thousand Islands et Rideau Lakes, une circonscription qui a une fière histoire liée aux loyalistes de l'Empire-Uni et qui a eu le grand honneur et privilège d'accueillir feu Sa Majesté en 1984. Soit dit en passant, c'est l'année de ma naissance, alors je n'étais pas présent lors de cet événement historique.
    La reine a visité le fort Wellington, à Prescott, pour voir une reconstitution de la guerre de 1812. De nombreux habitants de la région y étaient pour accueillir leur reine, qui a tellement aimé sa visite au fort Wellington qu'elle a décidé de la prolonger au-delà de la durée prévue pour inspecter les soldats. Lorsque les soldats présents pour la reconstitution ont tiré le gros canon du fort, comme ils aiment le faire, feu Sa Majesté a réagi en disant: « Je dois reconnaître que cela fait un “bang” drôlement satisfaisant. » Cette citation est devenue tellement célèbre dans la région qu'on a installé une plaque sur le canon pour commémorer l'événement.
    En 2010, j'ai été ravi de me joindre à mes concitoyens canadiens pour célébrer la fête du Canada ici sur la Colline du Parlement. J'étais accompagné de mon épouse Amanda. Nous avons entendu les allocutions de beaucoup de gens extraordinaires et, bien sûr, de Sa défunte Majesté la reine Elizabeth II. Lorsqu'elle a quitté la scène et descendu la Colline du Parlement en passant devant la Flamme du centenaire pour se rendre au carrosse qui l'attendait, j'ai pu me tenir aux barrières et échanger un signe de la main. Je dois dire que j'ai été ravi de vivre cette brève seconde.
    Après avoir passé la dernière semaine à réfléchir aux nombreuses occasions semblables que beaucoup de Canadiens ont vécues, j'ai appris que la reine Elizabeth II a été vue en personne par plus de Canadiens que quiconque dans l'histoire. C'est remarquable. Elle a visité des villes, des hameaux, des villages et des cités, et ces visites comptent des moments qui nous ont fait oublier la mortalité de notre souveraine. Pendant une brève seconde, nous avons pensé qu'elle serait peut-être toujours là, car elle l'a toujours été.
    Alors que je réfléchis à sa vie de service bien remplie, je me rappelle maintenant des moments où j'ai prêté allégeance à notre souveraine, d'abord en tant que membre des Forces armées canadiennes, puis en tant que conseiller municipal et ensuite en tant que député les trois fois que j'ai été élu au Parlement du Canada. Je suis tellement fier de dire que ma famille et moi avons été des sujets de Sa défunte Majesté chaque jour de notre vie et que nous nous en portons mieux. Le Canada est un meilleur pays pour avoir été sous son règne pendant sept décennies. Je suis ravi d'enseigner à mes enfants la vie de service que la reine Elizabeth II nous a donnée. Son héritage restera gravé dans nos mémoires et, bien sûr, dans l'histoire, et nous lui serons à jamais reconnaissants de son service.
    Que Dieu garde la reine Elizabeth. Que Dieu bénisse le Canada. Que Dieu protège le roi.
(1110)
    Madame la Présidente, avant de commencer, je tiens à offrir mes plus sincères condoléances, au nom des habitants de Sturgeon River—Parkland, pour les personnes décédées à la nation crie de James Smith. Sturgeon River—Parkland compte de nombreuses communautés métisses et des Premières Nations, notamment la nation crie d'Enoch et la Première Nation d'Alexander. Je sais que les événements qui ont eu lieu en Saskatchewan ont durement touché mes concitoyens, particulièrement ceux de ces communautés.
    Au nom des habitants de Sturgeon River—Parkland, je tiens aussi à rendre hommage à feu Sa Majesté la reine Elizabeth II et à offrir mes condoléances à Sa Majesté le roi Charles III et à sa famille.
    La reine Elizabeth est le seul monarque que j'aie jamais connu et qui a régné sur la plupart des Canadiens. La reine a touché nos vies à bien des égards, et pas seulement en raison de ses nombreuses visites au Canada ou parce que son portrait est accroché à nos murs ou reproduit sur notre monnaie. Plus important encore, elle a touché tout le monde grâce à sa personnalité et à son dévouement envers le Commonwealth durant toute sa vie.
    Dans un monde en rapide évolution, nous avons vu tant de traditions disparaître. Le monde est bien différent de ce qu'il était en 1952, lorsque Sa Majesté est montée sur le trône. Bien que nombre de ces changements aient été bénéfiques pour l'humanité, je pense qu'on peut pardonner à certains de ressentir une confusion quant à leur place dans le monde et à la façon dont les choses devraient être. C'est l'une des raisons pour lesquelles le règne de Sa Majesté au cours des sept dernières décennies a été une grande source de force pour tant de personnes. Si quelqu'un devait voyager dans le temps de 1952 à aujourd'hui, il pourrait être dépassé par l'ampleur des changements sociétaux, mais réconforté par le fondement toujours présent de notre monarchie constitutionnelle, qu'a incarné Sa Majesté et qui est resté inchangé tout ce temps.
    Sa Majesté était une bonne reine. Elle a laissé l'institution intacte. Je dirais même qu'elle a accru le prestige de la monarchie à une époque où de nombreux pays ont radicalement changé leur système de gouvernement, souvent au détriment de leurs citoyens. Elle était une personne que nous pouvions considérer comme au-dessus de la politique de tous les jours, une personne qui assumait un héritage s'étendant sur des centaines d'années de notre histoire commune jusqu'à nos jours.
    Alors que nous sommes témoins de la perpétuation de cet héritage dans l'accession au trône du roi Charles III, je crois que nous pouvons avoir l'assurance que l'avenir de notre monarchie constitutionnelle, de notre pays et du Commonwealth est entre bonnes mains. Nous pouvons avoir la certitude que nous avons un roi qui, comme sa mère, notre chère défunte reine, incarne l'engagement à servir son peuple pendant toute sa vie.
    En terminant, je suis fier d'avoir été un sujet de Sa Majesté la reine Elizabeth II et je réaffirme mon serment, prêté à la fois comme député et comme officier des Forces armées canadiennes, de porter une sincère allégeance à ses héritiers et successeurs.
    Que le règne de Sa Majesté, avec la grâce de Dieu, continue d'être une bénédiction pour notre pays. Que Dieu protège le roi.
(1115)
    Madame la Présidente, tout le monde, à un moment donné de sa vie, se souvient de l'endroit où il était lorsqu'il a appris qu'un événement important s'était produit. Jeudi dernier, j'étais à l'aéroport international de Kelowna. Je venais de franchir le contrôle de sécurité lorsque j'ai remarqué que j'avais un appel manqué d'un membre de mon équipe, puis un message texte m'annonçant la nouvelle. Sa Majesté la reine Elizabeth II, notre reine et cheffe de notre État depuis 1952, venait malheureusement de décéder. Tandis que je marchais dans l'aéroport, je pouvais entendre les murmures d'autres personnes qui venaient elles aussi d'apprendre la nouvelle.
    La veille encore, le 7 septembre, j'avais animé à Kelowna une cérémonie de remise d'épinglettes du jubilé de la reine et de reconnaissance pour services rendus. L'emblème canadien du jubilé de platine a été créé pour marquer le 70e anniversaire de règne de Sa Majesté la reine Elizabeth II, un jalon historique dans la relation durable entre le Canada et la Couronne. À la fin de la cérémonie, nous nous étions levés et nous avions entonné l'Ô Canada et le God Save the Queen. Nous étions loin de nous douter que c'était probablement la dernière fois qu'on entonnait le God Save the Queen dans notre collectivité.
    La majorité des habitants de Kelowna—Lake Country n’ont jamais connu le Canada sans la reine. Après le décès de celle-ci, l’hymne God Save the King a pour la première fois été chanté officiellement à la fin d’un service commémoratif en son honneur à la cathédrale Saint‑Paul, à Londres, le 9 septembre. Nous sommes actuellement dans une période de deuil national de 10 jours. Au nom des habitants de Kelowna—Lake Country, j'assisterai à la cérémonie commémorative nationale en l’honneur de Sa Majesté la reine Elizabeth II.
    Tout au long de son règne échelonné sur 70 ans, période durant laquelle 12 premiers ministres se sont succédé, elle a représenté une île dans l’océan de l'histoire et de la culture canadiennes en constante évolution. La reine incarnait les valeurs éternelles que sont le sens du devoir, la force tranquille et la gentillesse authentique. Elle faisait souvent référence à l’importance de la foi, de la famille et de l’amitié à ses yeux.
     Je me suis récemment entretenue avec Bob Hayes, ancien président de la division de Kelowna de l’Okanagan Historical Society, qui se souvient de la visite de la reine à Kelowna, le 6 mai 1971. Il m’a parlé des très gros gradins de bois qui faisaient partie du parc municipal de Kelowna à l’époque, auxquels d'autres avaient été spécialement ajoutés pour la visite de la reine. La foule pouvait savoir si la reine était proche, car on pouvait voir arriver son cortège sur le pont du lac Okanagan. La reine avait prononcé un bref discours devant l’immense foule, puis elle avait pris le temps de circuler çà et là pour aller parler aux gens. En 1983, l’avion de la reine avait atterri à l’aéroport international de Kelowna durant une autre visite en Colombie-Britannique.
    Par la suite, 45 ans après la visite de la reine au centre-ville de Kelowna, ce sont les duc et duchesse de Cambridge — maintenant les prince et princesse de Galles — qui ont fait une visite officielle dans notre région. J’étais à l’extérieur de la ville à cette époque, mais mon mari et mon fils ont eu la chance de les apercevoir, tout comme de nombreux autres habitants de la région.
    N’oublions jamais la reine Elizabeth II et les valeurs qu’elle incarnait. Que Dieu protège le roi.
(1120)
    Monsieur le Président, les Canadiens ont le cœur lourd en se remémorant leur reine, Elizabeth II. Lors de ses visites au Canada, elle a touché bien des vies. Aux yeux du monde, elle était la reine d'Angleterre, mais elle était aussi, en vérité, la reine du Canada.
    Même si mes beaux-parents n'ont jamais rencontré la reine, elle a touché leur vie d'une façon très personnelle. Comme tant d'autres personnes, Sam et Rabha sont arrivés au Canada en tant qu'immigrants d'un pays qui n'appartient pas au Commonwealth britannique. Ils n'ont pas grandi avec les traditions canadiennes. Le fait d'avoir une reine était une nouvelle expérience pour eux. Ils étaient à la recherche d'une nouvelle vie, d'une vie meilleure, et ils étaient déterminés à adopter tout ce que le Canada avait à leur offrir.
    Ils avaient vu la couverture médiatique de la visite royale au Canada. À la naissance de leur fille, le jour de l'anniversaire du couronnement de la reine, mon beau-père a insisté pour la nommer Elizabeth, en l'honneur de Sa Majesté. Mes beaux-parents ont écrit à la reine, au palais de Buckingham, pour lui faire part de l'événement.
    Au cours de la dernière semaine, des milliers de gens de partout sur la planète ont rendu hommage à Elizabeth II. Je ne suis pas certain de pouvoir ajouter quoi que ce soit à tous ces hommages. Pour nous tous qui œuvrons dans la sphère publique, Elizabeth II a été une source d'inspiration; elle a montré l'exemple et suivi les traditions qu'elle avait apprises enfant. Elle comprenait les notions de service et de devoir d'une façon que nous souhaitons tous égaler.
    L'humilité était l'une des forces de la reine. Alors que le mot « reine » nous fait imaginer une personne prestigieuse, au-dessus des gens ordinaires, les milliers de Canadiens qui ont rencontré Elizabeth II nous disent qu'elle s'intéressait vraiment aux gens et qu'elle se souciait d'eux, peu importe leurs origines et leur condition sociale. Sa foi chrétienne imprégnait ses interactions avec les gens.
    Notre nation a perdu une personne qui aura été, pour la plupart d'entre nous, une présence constante tout au long de notre vie. Nous savions qu'elle mourrait un jour, inévitablement, mais nous espérions en secret qu'elle vivrait toujours.
    Pendant cette période de deuil, nous nous sentons un peu à la dérive sur des eaux inconnues. Beaucoup de gens se sentent comme nous. Elizabeth II n'était pas seulement la reine, la cheffe du Commonwealth ou un symbole de stabilité dans la turbulence du monde; elle était aussi mère, grand-mère et arrière-grand-mère, et sa famille est touchée plus profondément par son décès que nous le sommes tous.
    En cette période de deuil, les Canadiens sont de tout cœur avec le roi Charles III et les autres membres de la famille royale. Je remercie cette famille d'avoir partagé avec nous leur mère et leur grand-mère. Le Canada et le monde entier en ressortent enrichis. Que Dieu les réconforte dans leur deuil.
(1125)
    Monsieur le Président, il est bon d'être de retour à la Chambre, mais il s'agit évidemment d'un triste jour. Il est triste de devoir revenir à la Chambre afin de célébrer sincèrement tout ce que la reine a accompli pour le Canada et, en réalité, ce qu'elle continue de faire pour le Canada et le monde.
    Je pense que je vais me reprendre afin de dire que c'est un grand jour. Je suis très honoré d'intervenir aujourd'hui, au nom des formidables habitants d'Essex, afin de parler de la présence de la reine et de tout ce qu'elle a accompli et représenté. Beaucoup de choses ont déjà été dites et je ne répéterai pas ce que tant de bonnes gens ont déclaré dans cette enceinte.
    Pour commencer, je vais dire que mes pensées et mes prières, de même que celles des habitants d'Essex, accompagnent la famille royale et tous les gens que la reine représentait. Si l'espoir, l'enthousiasme et la compassion dont elle a fait montre au cours des 96 ans de son existence n'insufflent pas une certaine énergie et ne font pas sourire les Canadiens, ceux-ci devraient faire un examen de conscience et se rendre compte que sa contribution au monde est tellement unique et réconfortante que nous devrions tous la prendre en exemple.
    Je suppose que je n’avais pas vraiment réalisé son effet sur les gens jusqu’à ce que j’aie l’honneur de remettre à de nombreux habitants d’Essex et des environs les épingles du jubilé de la reine. Auparavant, je n’avais aucune idée de l’impact qu’elle avait, non seulement sur les personnes âgées, mais aussi sur les jeunes. Avoir l’honneur de poser l’épingle du jubilé de la reine sur quelqu’un, et de voir cette personne littéralement pleurer sur mon épaule et dire que c’était le plus grand honneur de sa vie, cela m’a renversé. C’est là que j’ai réalisé son impact. Seulement trois jours plus tard, Sa Majesté la reine Elizabeth II est décédée.
    En quelque sorte, je pense que c’est voulu. Je vais parler très rapidement de quelque chose que beaucoup de Canadiens ne savent pas, et que probablement la plupart de mes collègues ne réalisent même pas. Je suis très fier d'être un Loyaliste de l’Empire‑Uni. Il y a deux jours à peine, j’ai parlé avec Heather Crewe et je lui ai demandé de me donner quelques idées et réflexions sur ce que la reine représentait pour les Loyalistes.
    Je veux partager quelques réflexions recueillies dans ma collectivité, Essex, pour remettre les choses en perspective. Je ferai également part à la Chambre, sous peu, de quelque chose d’assez unique et de très intéressant. Heather m’a envoyé une note d’information. La filiale du bicentenaire de l’Association des Loyalistes de l’Empire‑Uni du Canada a été fondée en 1984 et tire son nom du 200e anniversaire de l’évacuation finale des réfugiés loyalistes de Manhattan en 1784. Les loyalistes des 13 colonies s’étaient rassemblés sur l’île de Manhattan qui, à l’époque, était le dernier bastion des Britanniques après la Révolution américaine.
    En 1983, une poignée de détenteurs du titre de loyaliste de l’Empire‑Uni de la région de Windsor‑Essex a commencé à discuter de la formation d’une filiale locale de l’association canadienne. Ils ont été encouragés dans leurs efforts par John Chard, qui était membre du conseil national et éditeur de la Loyalist Gazette, que je reçois pratiquement tous les mois.
    La première assemblée générale de la nouvelle filiale a eu lieu le 31 mai 1984, à la bibliothèque publique de Windsor. Les membres fondateurs étaient Sharon Kominar, Marie Gordon, Gwendolyn Malkin, Jean Walton, Meryl Courtenay, Eleanor MacDonald, Donna Harvey, Alice Pollock et Margaret Lewis.
(1130)
    Margaret Lewis était ma grand-mère. Elle a joué un rôle absolument essentiel, et elle adorait la reine. Ma regrettée grand-mère est décédée il y a quelques années seulement. Si cela avait été possible, elle aurait porté une épinglette du jubilé de la reine à sa boutonnière.
    Aujourd'hui, la Bicentennial Branch mène ses activités à Windsor, dans le comté d'Essex, à Chatham, à Kent et au Michigan, mais on peut trouver des membres partout en Amérique du Nord. La plupart des membres ont des liens familiaux avec les loyalistes qui se sont établis dans cette région dans les années qui ont suivi la Révolution américaine, mais certains membres sont des descendants confirmés de loyalistes qui se sont établis dans d'autres régions du pays. Heather a ajouté qu'un Canadien sur six a des liens avec les loyalistes, et la plupart de ces gens l'ignorent.
    Les armoiries de l'Ontario, adoptées en 1909, illustrent les liens de l'Ontario avec l'Angleterre et sa loyauté envers le Canada. Le chevreuil, l'orignal et l'ours sont les mammifères indigènes de l'Ontario les plus répandus. La devise qui figure sur les armoiries, « Ut incepit fidelis sic permanet », se traduit par « Loyale au début, loyale à jamais ». C'est une allusion aux liens de la province avec les premiers loyalistes à s'y établir.
    Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, malgré le décès de la reine, car cela me donne l'occasion de parler d'une femme qui a fait beaucoup de bonnes choses pour le Canada. Je fais de mon mieux pour suivre l'exemple qu'elle nous a donné, selon moi, c'est-à-dire améliorer le monde pour le laisser dans un meilleur état. C'est ce qu'elle a fait à maintes reprises. On le comprend quand on voit les gens pleurer, sourire, rire et témoigner leur respect envers la défunte. Tout ce qu'elle a apporté au monde est remarquable, et il est tout aussi exceptionnel que son décès nous ait permis de comprendre l'ampleur de ce qu'elle nous a apporté.
    En conclusion, j'aimerais dire que c'est pour moi un honneur d'avoir pu prendre la parole. Mes pensées et mes prières accompagnent la famille royale à tous les égards. Bon voyage à la reine. Que Dieu protège le roi, et que Dieu bénisse le Canada.
    Monsieur le Président, c'est un véritable privilège de me trouver ici aujourd'hui pour rendre hommage à Sa Majesté la reine Elizabeth II au nom des résidants de Red Deer—Lacombe.
    Il y a des choses que nous disons sans même y réfléchir, comme de souhaiter aux gens une vie à la fois longue et bien remplie. Il est toutefois assez rare que l'on obtienne les deux. Sa Majesté la reine a certainement eu une longue vie, et il va sans dire que les 70 années de son règne de même que celles où elle était princesse se sont avérées très marquantes. Elle a probablement été la personne la plus connue dans le monde, non seulement pendant une brève période, mais pendant la majeure partie de sa vie.
    Au cours de sa vie, la reine a vu le Dominion du Canada émerger du chaos des guerres mondiales pour s'épanouir au point de devenir une nation à part entière. Malgré cette émancipation audacieuse, nos liens avec la Couronne sont restés solides. Pourquoi ne le seraient-ils pas? Si le rôle de la Couronne consiste à servir le public et à s'acquitter avec diligence de ses obligations envers Dieu et la patrie, la reine a assurément rempli tous ses devoirs royaux, non seulement envers l'Angleterre, son foyer, mais aussi envers le Commonwealth dans son ensemble.
    À la suite du décès prématuré de son père, le regretté roi George VI, en 1952, Elizabeth a accédé au trône. C'est ainsi qu'à 25 ans à peine, elle est devenue la reine de sept nations indépendantes et la cheffe du Commonwealth lui-même. Voilà une responsabilité intimidante s'il en est une, et ce, pour n'importe quel prétendant au trône. Pourtant, en dépit de son jeune âge, elle a excellé dans son rôle.
    Figure de stabilité, Sa Majesté a guidé le Commonwealth au cours de nombreuses années difficiles sans ternir la réputation et le prestige de l'institution. En fait, la Couronne a survécu à la fin de l'Empire britannique, au transfert des responsabilités et aux troubles en Irlande du Nord et à d'autres événements qui auraient pu facilement déstabiliser un souverain plus faible.
    Malgré tous ces bouleversements, la reine Elizabeth II a connu le règne le plus long de tous les monarques britanniques, y compris son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria. Ce qui est encore plus impressionnant, c'est que son règne est le deuxième de toute l'histoire du monde pour ce qui est de la durée. Seul Louis XIV a régné plus longtemps. Au fil de toutes ces années sur le trône, la popularité de la reine n'a fait qu'augmenter grâce à l'immense confiance que lui vouait le public. Bref, la Couronne n'a rien perdu de son éclat pendant le règne d'Elizabeth II malgré les événements qui auraient pu en décider autrement et faire dérailler la carrière de beaucoup d'autres.
    Parmi les responsabilités de cheffe d'État qui incombent à Sa Majesté, on compte la participation à une multitude de délégations et de voyages à l'étranger. Pour être exact, disons que la reine est venue au Canada 20 fois en tant que cheffe d'État, et qu'elle y est venue auparavant à titre de princesse, en 1951.
    Une résidante de ma circonscription, Sonja, se souvient très clairement d'avoir écouté le couronnement de la reine en 1953 sur une radio à piles et d'avoir été impressionnée par le nouveau monarque du Canada. Plus tard, elle allait voir la reine durant son deuxième voyage au Canada, lors du défilé royal sur l'avenue Whyte, à Edmonton. Elle considère que cet événement a marqué sa jeunesse. Le roi Charles III est le troisième monarque à monter sur le trône au cours de la vie de Sonja, ce qui lui confère une distinction qui n'est pas donnée à tous. Même si l'enthousiasme que suscitent les visites royales n'est plus le même qu'auparavant, il est encore présent un peu partout au pays, où ces visites et les nouvelles sur la famille royale retiennent passablement l'attention des gens. Je suis certaine que Sonja serait d'accord.
    Cela dit, je voudrais, en tant que député de Red Deer—Lacombe, parler d'un moment en particulier, plus précisément du 28 juin 1990. C'est que la reine a visité ma circonscription cette journée-là. Même si l'itinéraire initial prévoyait que le couple royal resterait à Calgary, il a ensuite été décidé que la reine se rendrait à Red Deer pendant quelques heures pour visiter le nouveau pavillon de pédiatrie au centre hospitalier régional de Red Deer.
    Sa présence dans la ville a généré beaucoup d'enthousiasme, et une grande foule s'est réunie pour la regarder pendant qu'elle faisait le tour de l'établissement. Le nouveau pavillon de pédiatrie était novateur. Il incluait des éléments égayants pour les patients comme des panoramas de rues dans les chambres, et une visite de la reine représentait un appui de taille. On lui a aussi présenté un pompier de la région nommé John Cormier, qui avait traversé la Manche à la nage afin d'aider à recueillir 34 000 $ pour la construction du pavillon.
(1135)
    Les pompiers ont été d'importants collecteurs de fonds pour le pavillon; les fonds qu'ils ont recueillis ayant contribué à la construction d'une unité spéciale de soins aux enfants brûlés. Alors qu'elle s'apprêtait à signer le livre officiel des visiteurs, la reine a demandé à quelques reprises où elle devait apposer sa signature. Puisque personne ne lui répondait, elle a juste signé à l'endroit qu'elle jugeait approprié. Après tout, c'était la reine.
    L'après‑midi, elle a assisté à un repas au centre Capri, où elle a présenté la toute première bourse d'études de la reine Elizabeth II en néonatalogie et en pédiatrie à Judy Raabis, qui était alors coordonnatrice clinique au service de pédiatrie. Il s'agit d'une bourse annuelle qui est encore remise de nos jours.
    Michael Dawe, l'historien attitré de Red Deer le plus respecté, a une anecdote intéressante sur la visite de Sa Majesté, ou plus particulièrement sur ses plans de voyage. Étant donné que la reine prenait l'avion pour se rendre de Calgary à Red Deer, on avait suspendu temporairement toute la circulation aérienne dans la région par mesure de sécurité. Or, il y avait un ministre provincial qui était connu pour son manque de ponctualité et qui est arrivé après l'entrée en vigueur de la mesure de sécurité. Le pilote de son vol a malgré tout demandé par radio l'autorisation d'atterrir en précisant, pour faire bonne mesure, qu'il avait à bord de son avion un ministre de la Couronne. À la grande consternation du pilote, le personnel du contrôle au sol lui a répondu tout simplement que le vol attendu avait préséance sur le sien.
    J'ai toujours été étonné de voir que la reine trouvait le temps de visiter certaines des petites collectivités situées entre les grands centres urbains; une leçon dont nous pourrions nous inspirer, nous, parlementaires. En outre, c'est la reine qui a spécifiquement demandé que les événements auxquels elle assistait soient principalement des événements publics, plutôt que des réceptions privées. Cette habitude faisait écho à l'opinion du dernier gouverneur général britannique, le très honorable Harold Alexander, dont le style informel à Rideau Hall avait sans doute impressionné le couple royal lors de sa visite au Canada en 1951.
    La visite de 1990 était la cinquième visite du couple royal dans ma province, l'Alberta, et bien que plusieurs membres de la famille royale aient visité Red Deer, la reine a été la première et la seule à visiter Red Deer en tant que monarque.
    En 2005, Sa Majesté a visité le stade du Commonwealth d'Edmonton. Lors de cette visite, j'ai eu la chance d'être dans le stade avec elle en raison de mes fonctions à l'époque au conseil municipal de Lacombe. L'Alberta célébrait le 100e anniversaire de son entrée dans la Confédération en 2005.
    Même si nos interactions ont été limitées, j'ai beaucoup de respect pour la reine Elizabeth II et je suis honoré de prendre la parole à son sujet à la Chambre aujourd'hui. Beaucoup de mes collègues ont déjà mentionné que Sa Majesté a régné durant près de la moitié de l'existence du Canada en tant que pays. Eh bien, l'Alberta n'existe comme province de la Confédération que depuis 122 ans, et Sa Majesté a régné durant 70 de ces années. Elle a vu l'Alberta plus que tout autre monarque aurait possiblement pu l'imaginer.
    À l'instar de bien des Canadiens, je n'ai jamais connu d'autre reine. Sa perte entraînera immanquablement des changements imprévus pour notre pays. Sous son règne, nous avons eu la chance d'avoir un pays démocratique stable qui a su trouver sa voie.
    Aujourd'hui, je rends hommage à la reine non seulement en tant que parlementaire d'un pays du Commonwealth, mais également à titre de fier Canadien. L'avenir est peut-être incertain, mais aujourd'hui, nous célébrons l'importance que la reine Elizabeth II a eue dans notre passé collectif. Puissions-nous nous souvenir du dévouement de Sa Majesté envers le Commonwealth et de sa vie consacrée au service des autres.
    Adieu à la reine. Que Dieu protège le roi. Que Dieu protège le Canada.
(1140)

[Français]

    Monsieur le Président, je tenais à être ici ce matin pour offrir mes sincères condoléances à la famille royale au nom des résidents et des résidentes de Glengarry—Prescott—Russell, mais aussi pour honorer une vie consacrée au service public.
    J'ai eu la chance d'avoir le choix de me présenter comme homme politique, mais la reine n'a pas eu ce choix. Lorsqu'elle avait 25 ans, elle s'est vu confier le mandat d'être la reine du Commonwealth. Je trouve cela incroyable que, pendant 70 ans, une femme se soit investie et se soit donnée chaque jour au peuple. Elle a dû remplir ses fonctions.
    Comme francophones, nous pouvons avoir des débats sur l'importance de la monarchie. Parfois, on entend dire dans les médias que c'est facile, que ces personnes ont une belle vie au palais de Buckingham, et ainsi de suite. Toutefois, je crois que ce n'est pas important, et ce n'est pas de cela que nous parlons aujourd'hui. Nous parlons du fait qu'une femme a consacré 70 ans de sa vie au service public. En soi, c'est très honorable, et je salue ce courage.
    Certains jours, nous avons moins envie de continuer à faire ce travail. Or nous avons la possibilité de prendre notre retraite. Nous avons la possibilité de dire que nous accrochons nos patins et que nous en avons fini avec notre travail. Cependant, la reine Elizabeth II n'avait pas ce choix; elle devait continuer à remplir ses fonctions chaque jour, et je répète que je trouve cela honorable.
    Plusieurs députés ont mentionné que la reine avait visité le Canada 22 fois, soit plus de fois que n'importe quel pays du Commonwealth. Bien qu'elle n'ait pas eu la chance de visiter officiellement la circonscription que je représente, j'ose croire qu'elle a dû passer à travers la circonscription par l'autoroute 417, une route importante qui relie les communautés d'Ottawa et de Montréal.
    Cela dit, j'aimerais raconter des petites anecdotes. Je n'ai pas eu la chance de rencontrer Sa Majesté la reine Elizabeth II, mais je sais que mon prédécesseur, l'honorable Don Boudria, a eu la chance de la rencontrer pour la première fois lorsque j'avais 1 an, en 1984. Il l'a rencontrée à huit reprises au cours de sa carrière. D'ailleurs, il était le ministre accompagnateur de Sa Majesté en 2002. Comme je le disais, il n'y a pas eu de visite officielle chez moi, mais nous avons quand même un lien avec la reine par l'entremise de cet ancien député de Glengarry—Prescott—Russell, qui a été mon collaborateur.
    Je tenais aussi à dire que, comme francophone, je respecte le fait qu'elle connaissait la langue de Molière. Elle a saisi la chance d'apprendre la langue de Molière. Elle l'a utilisée à plusieurs reprises ici, au Canada, et c'est important pour moi. Il est important que l’on connaisse les deux langues officielles, et Sa Majesté la reine Elizabeth II a satisfait à cette exigence.
(1145)

[Traduction]

    Enfin, la dernière tâche officielle qu'elle a eu à remplir, comme on l'a entendu, montre à quel point elle était une reine dévouée. J'ai peine à y croire, mais sa dernière tâche officielle a été de rencontrer la première ministre Truss. La plupart d'entre nous n'auront pas de responsabilités à assumer dans les 48 dernières heures de notre vie, mais elle, oui, et elle s'en est acquittée honorablement, comme elle l'a toujours fait pendant les 70 dernières années.
    Au nom des résidants de Glengarry—Prescott—Russell, j'offre mes sincères condoléances à la famille royale.
    Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole à la Chambre des communes du Canada pour rendre hommage à notre souveraine de longue date qui nous a quittés, la reine Elizabeth II.
    Il n'est pas inhabituel d'apprendre qu'une personne de 96 ans est décédée. Tout le monde serait ravi de vivre aussi longtemps, sans tous les maux qui viennent avec l'âge et qui affligent tellement de gens. La reine, qui marquera les annales, semblait encore active et engagée jusqu'à la toute fin. D'ailleurs, elle a même accompli une de ses plus importantes tâches — demander à la nouvelle première ministre de former un gouvernement pour diriger le Royaume‑Uni — à peine deux jours avant son décès. Elle avait déjà accompli cette tâche 15 fois auparavant. En ce qui concerne le Canada, elle a côtoyé 12 premiers ministres, alors que le pays n'en a eu que 23 au total. C'est un impact considérable.
     Bien que son décès ne soit pas totalement inattendu, son époux, le prince Philip, duc d'Édimbourg, étant décédé il y a tout juste un an et demi, je dois dire qu'une profonde tristesse s'est emparée de moi lorsque j'ai appris la nouvelle. On venait de retirer de nos vies une personne qui était une constante et sur laquelle on pouvait toujours compter.
    Pendant 70 ans, soit plus longtemps que la plupart de nos vies, elle a été notre reine, la reine du Canada, et elle a su définir ce rôle avec dignité, grâce et humilité pour servir les gens de son royaume et du monde entier. Elle incarnait véritablement une institution qui éclaire les peuples libres pour qu'ils puissent se gouverner. Il est difficile de dissocier la personne de l'institution qu'elle représentait. La reine était à la fois un personnage d'une grande humanité et l'incarnation de la bienveillance et du sens du devoir envers autrui.

[Français]

    Si quelqu'un demandait à mes amis ce que je pensais de l'institution de la Couronne quand j'étais un jeune homme, il serait surpris d'entendre les points de vue que je partage avec les députés aujourd'hui.
    À l'époque, j'étais quelqu'un qui pensait que les gens libres devraient se gouverner eux-mêmes et que les institutions du passé n'avaient pas leur place dans nos vies. Il y avait l'idée de liberté, d'égalité, de fraternité et tout cela.
    La vie est une bonne enseignante, et on nous a montré un très bon exemple.
    L'institution représentée par la reine Elizabeth II tous les jours pendant 70 ans est le fondement qui permet à cette démocratie parlementaire de s'épanouir. Avec le temps, les gens ici changeront, les opinions débattues changeront et la direction du pays changera, tout comme le leadership et l'avènement des idées. L'institution de la monarchie nous lie de sorte que, même si tout autour de nous peut changer, notre lien en tant que peuple nous unit à un rocher sur lequel il se tient.
(1150)

[Traduction]

    La reine a été un modèle exemplaire de service et de sens du devoir pour nous tous et l'ensemble de la planète. Tel est le rôle qu'elle a joué, et force est d'admettre qu'elle s'en est acquitté tous les jours de sa vie. Ce rôle ne connaît ni pause ni congé. Porter les responsabilités qui y sont associées est un devoir qu'il faut accomplir jour après jour, sans relâche.
    Songeons un instant à qui était Elizabeth II. C'était une jeune princesse qui a été propulsée, par un accident historique, au rôle d'héritière du trône de l'Empire britannique. Les leçons enseignées à cette jeune femme et le rôle qu'elle devrait jouer dans le monde ont changé assez brusquement. Ses amis ont changé, tout comme les attentes à son égard, puis son père est décédé alors qu'elle n'était encore qu'une jeune femme.
    Elle a été mariée à son seul amour pendant 74 ans. Elle a élevé quatre enfants et elle n'a fait aucun faux pas. Elle a toujours fait preuve de réalisme. Personnellement, j'ai adoré la saynète qu'elle a tournée avec l'ourson Paddington. Cela me fait toujours sourire de la voir sortir ce sandwich à la marmelade de son sac à main. C'était une monarque accessible, vraie et disponible. Jamais elle n'a donné l'impression qu'elle se sentait supérieure aux autres.
    Nous avons tous des souvenirs personnels en lien avec la reine. En ce qui me concerne, c'est lorsqu'elle a visité Edmonton pendant les Jeux du Commonwealth, en 1978. Même si Sa Majesté se voulait accessible, les habitants de la ville l'admiraient avec émerveillement. Nous étions tellement honorés de l'accueillir.
    Nous aspirons tous à la paix dans ce monde. Je pense aux conflits que la Grande‑Bretagne a surmontés de son vivant et au rôle qu'elle a joué pour faire la paix avec des parties qui avaient causé à sa propre famille des souffrances incommensurables. Cependant, si on n'oublie pas le passé, on ne peut aller de l'avant, et la reine a fait preuve d'une volonté de paix et a montré du respect à l'égard d'anciens adversaires, ce qui a permis à la paix de s'installer. C'est l'une des façons dont elle a fait preuve de grandeur.
    Le monde a beaucoup changé pendant le règne d'Elizabeth II. La Grande‑Bretagne, tout comme l'Europe, a émergé de la dévastation de la Seconde Guerre mondiale pour renaître de ses cendres et elle demeure un phare pour le monde. La reine a vécu à une époque où tout s'est accéléré.
    Elle a été une grande reine, dont on se souviendra longtemps. Son exemple en est un qui sera peut-être égalé, mais jamais dépassé. Elle a mérité son repos. Que la reine Elizabeth II repose en paix, sachant qu'elle laisse derrière elle un monde bien meilleur que celui dont elle a hérité. Longue vie au roi.
    Monsieur le Président, c'est un véritable honneur d'intervenir ce matin pour célébrer la mémoire de la reine Elizabeth II et son service envers le Canada.
    Tout d'abord, j'aimerais mentionner sa dernière déclaration publique, faite un jour ou deux avant son décès. Il s'agissait d'une déclaration de condoléances à la nation crie de James Smith et à la ville de Weldon, en Saskatchewan, des communautés qui ont été touchées par une violence sans nom au cours des dernières semaines. Je tiens à exprimer mes condoléances à ces communautés. Nous les portons dans nos cœurs.
    J'ai grandi dans une famille d'origine anglaise et écossaise. Même si mes parents et mes grands-parents étaient loin d'être des monarchistes, nous honorions la reine. Chaque Noël, nous suspendions toutes les festivités pour écouter à la radio le message de la reine au Commonwealth.
    Je n'ai vu la reine qu'une seule fois. Ce fut bref, mais je faisais partie d'une foule à Penticton lors de sa visite à l'occasion des célébrations du centenaire en 1967. Mon père était photographe. Il avait des coffres remplis de négatifs et de diapositives. Il y a deux semaines, je fouillais justement dans ceux-ci, et j'ai trouvé une boîte de diapositives de la reine et du prince Philip à un autre endroit. Je n'étais pas sûr, mais en cherchant un peu, j'ai découvert qu'elle avait visité la Colombie‑Britannique en 1959, alors que je n'avais que 4 ans. Je n'ai pas assisté à cet événement, mais mon père et mon frère aîné ont conduit jusqu'à Vernon avec un grand groupe de scouts et de louveteaux qui ont rempli le parc pour voir la reine et le prince Philip. Cela illustre bien toute l'importance qu'on accordait à ces visites de la famille royale au Canada. La reine en a fait beaucoup, et bien des gens à qui j'ai parlé ont mentionné ces visites.
    Le seul membre de la famille royale avec qui j'avais un lien plus direct est le prince Philip, que j'ai rencontré quelques années plus tard. C'était un éminent défenseur de l'environnement et ornithologue amateur. Puisque je suis un biologiste spécialiste des oiseaux, on m'avait demandé d'aider le prince, qui avait organisé un Birdathon au profit du Fonds mondial pour la nature.
    Il y a quelques années, je l'ai guidé dans certaines parties de Vancouver. C'était un grand honneur. J'ai trouvé fort intéressant d'entendre ses observations. Je tentais de lui montrer quelques oiseaux rares et je me rappelle qu'il m'avait dit qu'il pouvait les voir à partir de la fenêtre de sa chambre. Ces oiseaux revêtaient de l'intérêt pour nous, mais apparemment pas pour les habitants du centre‑ville de Londres. Le prince Philip cherchait indéniablement à promouvoir la conservation partout dans le monde, tout en demeurant apolitique. La famille royale a toujours soutenu des causes qu'elle estime importantes, ce qui lui permet d'influencer les politiques tout en demeurant apolitique. Je lui en sais gré.
    J'ai écouté avec intérêt les remarques de l'ancien premier ministre Brian Mulroney sur la reine et sur le rôle qu'elle a joué, plus particulièrement en ce qui concerne la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. M. Mulroney participait à une réunion du Commonwealth où la première ministre Thatcher s'est opposée aux mesures de boycottage et à la libération de Nelson Mandela. Cependant, la reine appuyait discrètement ces initiatives. Avec beaucoup de tact et de diplomatie, la reine a fait comprendre clairement qu'elle jugeait important que le Commonwealth soutienne la fin de l'apartheid et tourne la page sur ce chapitre. Elle a ainsi vraiment changé le cours de l'histoire.
    En terminant, je mentionnerai le rôle historique que la monarchie britannique a joué dans l'existence des peuples autochtones du Canada. D'ailleurs, la publication d'une proclamation royale de réconciliation est l'un des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation.
(1155)
    L'autre jour, en écoutant la radio, j'ai entendu mon ami et voisin, le grand chef Stewart Phillip, grand chef de l'Union des chefs indiens de la Colombie‑Britannique. On lui demandait de commenter le décès de la reine Elizabeth et l'accession du roi Charles. Il a conclu son intervention en disant qu'il faisait preuve d'un optimisme prudent quant au rôle que pourrait jouer le roi Charles dans la réconciliation, puis il a ajouté: « Je pense qu'il nous surprendra. »
    Je terminerai en disant qu'il n'est pas surprenant que le décès de la reine ait suscité un tel sentiment de perte chez tant de Canadiens. Elle a servi pendant 70 ans, chaque jour avec un sens aigu du devoir, et toujours dans une dignité irréprochable. Qu'elle repose en paix.
    Monsieur le Président, à plusieurs occasions, Sa Majesté la reine Elizabeth II a déclaré: « Les gens sont touchés par des événements qui se déroulent à l'autre bout du monde », et « Le chagrin est le prix à payer pour l'amour ». De toutes les paroles de sagesse qu'elle a énoncées dans ses discours publics avant et pendant son règne historique, ce sont ces deux sentiments qui se sont manifestés le plus dans l'effusion mondiale de tristesse et de compassion en réponse à son décès.
    Même si elle a vécu jusqu'à un âge remarquable et enviable, il semble que beaucoup d'entre nous ont été surpris par son décès, car elle était dynamique et active jusqu'à son dernier souffle. Je pense que, pour la plupart des Canadiens, la reine Elizabeth — la seule monarque que nombre d'entre nous aient jamais connue, sans pour autant avoir eu l'occasion de la rencontrer personnellement — était à la fois distante de par sa situation géographique, son âge et sa fonction, mais également omniprésente dans notre vie quotidienne et notre culture.
    Un jour viendra peut-être où nous serons appelés à débattre d'institutions et de constitutions, de succession, de sécession et de souveraineté, d'impérialisme, de colonialisme et de républicanisme, du passé et de l'avenir. Vu mes origines anglaises, irlandaises et ojibwées, je suis parfaitement consciente que les opinions diffèrent à l'égard de la monarchie et de l'histoire, tant parmi les Canadiens que parmi le reste du monde. Toutefois, aujourd'hui, au nom des gens de Lakeland, j'aimerais exprimer mes sincères condoléances à la famille de la reine ainsi qu'à toutes les personnes en deuil dans le Commonwealth, en particulier au Royaume‑Uni. J'espère que les innombrables hommages rendus et souvenirs racontés partout dans le monde concernant la reine apportent un brin de réconfort et un sentiment de paix, car il s'agit d'un message d'amour remarquable de la part des gens au service de qui elle a consacré sa vie.
    Récemment, je me suis souvenue que lorsque j'étais enfant, mon père me disait que je devais apprendre les bonnes manières à table au cas où j'étais un jour appelée à prendre le thé et à manger des sandwichs avec la reine Elizabeth. Au cours de la dernière semaine, je me suis rendu compte qu'à l'époque, j'avais pris cette possibilité très au sérieux, un peu comme les dangers des sables mouvants. Évidemment, en rétrospective, c'est ridicule et quelque peu embarrassant. Toutefois, il y a quelques jours, ma tante Keltie nous a rappelé sur Facebook que nous avons effectivement un tout petit lien avec la reine Elizabeth dans notre famille.
    Comme on l'a mentionné à maintes reprises, la reine a visité le Canada plus souvent que tout autre pays à l'extérieur du Royaume‑Uni au cours de son règne sans précédent. C'est lors d'une de ces visites, en Nouvelle‑Écosse en 1976, que ma grand-mère Eileen Stubbs, ou MissyNan comme elle insistait que ses petits enfants l'appellent, a été la première mairesse de Dartmouth. En compagnie de mon grand-père Poppy, un ancien combattant de la marine, elle a accueilli Sa Majesté et le prince Philip, qui étaient venus déposer une couronne lors du grand défilé de Halifax marquant le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tante Keltie m'a dit hier soir que notre cousine Jennifer, décédée il y a deux ans, avait environ 4 ans à l'époque. Jennifer a présenté des fleurs à la reine, une responsabilité qu'elle a prise très au sérieux, puisqu'elle s'est s'y est longuement exercée.
    Les nombreuses anecdotes illustrant la grâce, la curiosité, l'humilité, l'esprit, le sang-froid de la reine dans des situations de stress et, surtout, son intérêt jovial et affectueux envers les enfants, les anciens combattants, les membres des forces armées, les personnes handicapées ou ayant des problèmes de santé, ainsi que les chevaux et les chiens, font également partie de l'histoire de notre famille. Je suppose que c'est la raison pour laquelle je me suis toujours efforcée de ne pas mettre mes coudes sur la table et de me tenir prête.
    Ma grand-mère adorait la monarchie. Selon ma tante Keltie, sa passion était peut-être due principalement au fait que la souveraine était avant tout une reine et qu'elle s'identifiait à la réalité d'être la seule femme dans une certaine position.
    Je suis née et j'ai grandi en Alberta. Cependant, comme je l'ai dit à maintes reprises, les affinités et les relations entre les Canadiens de l'Atlantique et les Albertains sont très fortes. Les valeurs de la puissante matriarche de notre propre famille, qui venait de Nouvelle‑Écosse, ont marqué mon enfance, le développement de ma vision du monde et mon intérêt dans les possibilités de la politique, et ce, jusqu'à sa mort. Le devoir, le service et la foi étaient des valeurs importantes pour elle, et je me souviens des paroles prononcées par la reine au synode général de l’Église anglicane en 2010:
     Au cœur de notre foi se trouvent non pas le souci de notre bien-être et de notre confort personnels, mais les notions de service et de sacrifice établies dans la vie et les enseignements de l'homme qui s'est fait tout petit et a assumé le rôle d'un serviteur.
    Je pense que le dévouement évident et sincère de la reine pour le service et la priorité qu'elle a accordée à son devoir en tant que souveraine avant tout sont vraiment au cœur de la vague mondiale de chagrin et d'amour qui a suivi son décès. J'essaie de toujours garder à l'esprit les notions de service et de souci du bien-être et du confort d'autrui lorsque je cherche à apporter ma contribution, aussi petite soit-elle, pour tous les habitants de Lakeland et à mériter ma place.
(1200)
     Lakeland est un endroit que la reine Elizabeth a visité en 1978. À Vegreville, elle et le prince Philip ont été accueillis par des milliers de personnes au parc Pysanka. Des danseurs ukrainiens ont fait leur numéro devant le plus gros œuf de Pâques ukrainien au monde en dehors de l’Ukraine. Une plaque commémore cette visite. Le maire de Vegreville de l'époque a dit tout haut ce que de nombreuses personnes pensaient: « Je n’oublierai jamais ce jour. »
    La reine a reçu un ourson en peluche en cadeau. Elle a aussi signé le livre des invités de la ville de Bruderheim, en plus de visiter une école primaire et un lieu communautaire important à St. Paul. Elle est montée à bord d’un train pour faire le trajet entre Vegreville et Fort Saskatchewan, rencontrant des sujets enthousiastes lors de ses escales à Mundare, à Lamont et au petit village de Chipman, près de l’endroit où j’ai grandi.
    Dans le cadre de mes fonctions de députée au cours des sept dernières années, j’ai été surprise de constater que, dans la région du Canada atlantique, les traditions, les récits historiques, les coutumes, la monarchie et, surtout, l’habitude de lever son verre à la santé de la reine lors de rassemblements ordinaires sont beaucoup plus ancrés dans la population que dans ma province, relativement plus jeune. Dans le contexte de l’évolution et de la géographie du Canada, c’est tout à fait compréhensible. Toutefois, la reine a visité l’Alberta six fois, et cela explique pourquoi on y retrouve des chaînes de montagnes portant son nom. En outre, une rue à Edmonton et une compétition annuelle de sauts d’obstacles à Spruce Meadows ont fièrement été nommées en son honneur.
    J’aimerais terminer mon allocution en répétant les mots que la reine avait utilisés pour décrire l’Alberta et les Albertains, saisissant l’essence même de nos principales qualités dans son allocution lors du centenaire en 2005. Je la cite:
    Quand nous regardons l'histoire de l'Alberta, nous constatons qu'elle a commencé bien avant 1905. C'est en fait l'histoire du Canada. Vos peuples des Premières Nations habitaient déjà dans les prairies il y a plus de 10 000 ans. Ils vivaient en harmonie avec la nature, comme ils le font maintenant. Dans les années 1800, sont venus d'ajouter à ces premiers citoyens, de même qu'aux Métis, des explorateurs, des colons et des employés de chemin de fer venus des quatre coins du monde.
    Ils rêvaient de bâtir des maisons sur une terre où régnait la liberté. Ils ont créé un sentiment d'appartenance à un pays fait d'abondance, guidé par ces principes que sont « la paix, l'ordre et le bon gouvernement » et l'influence unificatrice de la Couronne. Votre devise, Fortis et Liber, Fort et libre, rend un hommage tout à fait approprié à ces ancêtres.
     Je tiens à dire quelques mots au nom des gens de Lakeland et de tous les amoureux des chevaux qui partagent avec la reine une passion indéfectible pour l'animal le plus important pour l'histoire humaine et les aspirations humaines. Mon mari pourra confirmer aux députés qu'être maniaque de chevaux comme je le suis, c'est une maladie innée et incurable. En souvenir de sa passion bien connue pour l'équitation, de ses chevaux de compétition souvent champions et de son travail pour la conservation des races patrimoniales, je dis donc merci à la reine. Bonne chance et bonne chevauchée, Votre Majesté.
    Vive le roi.
(1205)
    Monsieur le Président, c'est une page de l’histoire du Canada qui se tourne, une page dont la reine Elizabeth II est non seulement témoin, mais aussi co-auteure.
    La mort est l’un des voyages que nous devrons tous effectuer. D’où je viens, les Aînés parlent du retour vers les étoiles, là où nous apporterons ce que nous avons appris ici. C’est un voyage d’honneur, de souvenir et de retour, un voyage pour lequel mes vœux accompagnent Sa Majesté.
    La reine Elizabeth II était une mère, une grand-mère et une arrière-grand-mère. Comme les Aînés sages et respectés que je connais, la reine nous relie tous plus étroitement les uns aux autres, mais aussi à nous-mêmes. Modèles de service, de dévouement et de tradition, leurs vies sont précieuses, car leurs paroles nous donnent des morceaux de nous-mêmes. C’est vraiment une expérience de parenté et d’amour des plus humaines. Je présente mes meilleurs vœux à sa famille, qui l’honore et pleure son départ.
    Cependant, elle était plus qu’une mère. Elle était monarque. Pour reprendre les mots de la grande cheffe RoseAnne Archibald, « rappelons-nous que le deuil et la responsabilité peuvent exister dans le même espace, simultanément ».
     Nous tous députés, ainsi que notre pays en entier, vivons un moment de réflexion. La fin de la deuxième ère élisabéthaine est pour nous une occasion de renouveau.
    Après avoir regardé le chemin parcouru, j'espère qu'en nous tournant vers l'avenir nous profiterons aux mieux de la sagesse, du sacrifice et des leçons du passé pour obtenir un avenir encore meilleur.
    La reine Elizabeth II a contribué à notre cheminement commun, comme l'ont fait des monarques précédents. Notamment, le 29 mars 1982, elle a donné la sanction royale à la Loi de 1982 sur le Canada, 115 ans jour pour jour après que son arrière-grand-mère, la reine Victoria, a accordé la sanction royale à la Loi de 1867 sur l'Amérique du Nord britannique, à une époque difficile et tumultueuse pour les peuples autochtones.
    Comparativement, la nouvelle loi favorisait la pleine indépendance du Canada en nous permettant de modifier la Constitution sans l'approbation de la Grande‑Bretagne. Elle a inscrit la Charte des droits et libertés dans la Constitution du Canada. Enfin, après des décennies d'activisme autochtone et d'organisation par les dirigeants autochtones, le gouvernement de la Couronne allait être poussé à reconnaître les droits ancestraux ou issus de traités existants pour les Métis, les Premières Nations et les Inuits, comme prévu à l'article 35 de la nouvelle Loi constitutionnelle.
    Pourtant, son règne était loin d'être parfait. Les erreurs qui persistent pour la Couronne constituent un poids que Sa Majesté le roi Charles III doit maintenant porter. En revanche, c'est aussi l'occasion pour le roi Charles d'écrire le prochain chapitre de l'histoire du Canada, un chapitre qui, je l'espère, abordera le silence de la monarchie face aux demandes croissantes émanant du monde entier pour une reconnaissance officielle des injustices du passé et pour l'octroi de réparations aux descendants des peuples asservis.
    En outre, ici sur l'île de la Tortue, il suffit de constater le legs inimaginable des horribles pensionnats canadiens créés par les gouvernements de la Couronne en son nom pour comprendre les conséquences de la colonisation ici même. À ce jour, près de 2 000 tombes anonymes d'enfants ont été localisées. On estime que le nombre total de ces tombes s'élève à près de 6 000.
    Cela découle des premiers royaumes qui sont venus sur l'île de la Tortue à la recherche des grâces de ces terres, jusqu'aux grandes guerres de résistance de mes ancêtres, les Métis et les Premières Nations, dans les grandes plaines et, enfin, jusqu'aux engagements pris en grande pompe entre nos nations sur cette terre devant notre créateur. Là d'où je viens, c'est ce qu'on appelle le Traité no 6. Les Autochtones d'ici entretiennent une relation unique avec la Couronne britannique. C'est cette relation spéciale qui se manifeste lors des événements qui adviennent à notre époque.
    La relation d'abord fondée sur la paix et le commerce allait se transformer en un rapport marqué par l'arrivée de maladies, de guerres et de dépossession des terres, suivie rapidement par l'expansion armée du Canada dans l'Ouest, à laquelle s'est ajoutée la résistance des Métis et des Premières Nations dans les grandes plaines. Voilà des histoires dont on se souvient encore aujourd'hui. Cette relation a produit des résultats horribles composés de relocalisations forcées des Inuits, de pensionnats et de la rafle des années 1960.
(1210)
    C'est également une relation d'unité forgée dans les combats de la Grande Guerre et de la Seconde Guerre mondiale. C'est une relation qui grandit encore et qui, je l'espère, peut nous rendre encore plus unis, en maintenant réellement nos liens de nation à nation.
    Si le gouvernement fédéral est directement ou conjointement responsable de 76 des 94 appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, la Couronne doit jouer un rôle actif dans la recherche de vérité au pays.
    Au nom des survivants autochtones et de leurs nations, dont la mienne, je demande au roi de s'assurer de collaborer étroitement avec le gouvernement de la Couronne au Canada afin de mettre en œuvre l'appel à l'action numéro 45, qui demande au gouvernement du Canada d'élaborer, en son nom et au nom de tous les Canadiens, et de concert avec les peuples autochtones, une proclamation royale de réconciliation qui sera publiée par la Couronne, de tirer parti de notre relation historique, de renouveler notre relation de nation à nation et d'assurer la souveraineté des Autochtones.
    En outre, la Couronne doit renoncer aux concepts coloniaux employés pour déposséder mon peuple et les peuples autochtones de toute l'île de la Tortue de leurs enfants, de leurs terres et, dans bien des cas, de leur dignité, des concepts comme la doctrine de la découverte et le principe de terra nullius.
    Ce n'est pas là une tâche impossible. Lors de son dernier voyage au Canada, au début de l'année, celui qui était alors prince de Galles a déclaré ce qui suit, dans un discours prononcé à Yellowknife: « Il a été profondément émouvant de rencontrer des survivants des pensionnats qui ont su faire preuve d'un immense courage pour raconter leur vécu. Au nom de mon épouse et de moi-même, je tiens à reconnaître leur souffrance et à leur dire à quel point nous sommes de tout cœur avec eux et leurs familles. »
    En tant que roi, il a la possibilité d'aller plus loin. J'espère sincèrement qu'à l'occasion de sa première visite officielle au Canada en tant que roi, Sa Majesté Charles III rencontrera les Aînés et les dirigeants autochtones de tout le pays et qu'il écoutera leurs doléances. L'histoire jugera de son règne en fonction de ses gestes subséquents.
    L'histoire de la Couronne ici est brève. En regard des millénaires dont ces terres ont été témoins, elle n'est qu'un arbre dans une forêt. Cependant, comme un éclair, sa présence ici a changé ces terres à jamais. Lorsqu'un éclair frappe le bon arbre, il a le pouvoir de détruire une forêt entière, mais comme les feux qui ont détruit les forêts d'autrefois, ceux-ci font place au renouveau et à la renaissance. Tels les germes d'une nouvelle et grande forêt, les générations d'aujourd'hui sont en pleine croissance, et nous sommes une génération qui peut y arriver.
    Avançons ensemble, et non divisés, dans ce nouveau chapitre de notre histoire, afin que cette forêt puisse vraiment tous nous nourrir.
    Kinanaskomtinawaw.
(1215)
    Je m'en voudrais si je ne présentais pas de condoléances en mon nom et au nom des résidants de Nova‑Ouest. Moi qui ai prêté allégeance 12 fois à la reine, je prêterai, évidemment, allégeance au roi cette fois-ci.
    Que Dieu bénisse la reine. Que Dieu protège le roi.
    Quelqu'un d'autre voudrait-il intervenir? Comme aucun député ne souhaite intervenir, conformément à l'ordre adopté le jeudi 15 septembre, la Chambre s'ajourne au mardi 20 septembre, à 10 heures.
    (La séance est levée à 12 h 17.)
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