Que le Comité permanent des finances reçoive instruction d’entreprendre une étude sur l’inégalité des revenus au Canada et que cette étude inclue, sans toutefois s’y limiter, (i) un examen des systèmes canadiens fédéraux et provinciaux d’imposition du revenu des particuliers et des mesures de soutien au revenu, (ii) un examen des pratiques exemplaires visant à réduire l’inégalité des revenus et à augmenter le PIB par habitant, (iii) le recensement de toute lacune importante dans le régime fiscal fédéral et les mesures de soutien au revenu responsable de l’inégalité des revenus, ainsi que des mesures décourageant l’emploi rémunéré dans l’économie officielle qui pourraient exister dans le cadre d’un « cercle vicieux de l’aide sociale », (iv) la formulation de recommandations sur les meilleurs moyens d’améliorer l’égalité des chances et la prospérité pour tous les Canadiens; que le Comité fasse rapport de ses constatations à la Chambre dans l’année suivant l’adoption de cette motion.
— Monsieur le Président, je souhaite présenter la motion M-315, portant sur l'inégalité des revenus au Canada.
J'aimerais commencer par parler un peu de mon cher ami, le regretté Wallace McCain, un grand Canadien qui est décédé l'année dernière. Aux funérailles, Frank McKenna a prononcé l'éloge funèbre, et c'est ainsi qu'il a décrit Wallace:
C'était un capitaliste au regard d'acier qui faisait concurrence aux plus grands et aux meilleurs de ce monde, et qui l'emportait sur eux. Mais c'était aussi un Canadien très dévoué envers son pays, et il croyait en une société solidaire et généreuse. Il croyait que le gouvernement a un rôle important à jouer. Il croyait au système public de soins de santé. Il croyait au développement de la petite enfance, et aux politiques sociales progressistes. Il était d'avis qu'il faut vraiment veiller sur ses semblables.
Wallace McCain disait ceci: « Je paie beaucoup d'impôts. Ça ne me dérange pas. Tout le monde doit payer ses impôts. Dans ce pays, nous recevons beaucoup en échange de nos impôts. »
Je vous parle de la vision de Wallace quant au rôle du gouvernement parce que je ne crois pas que le débat sur l'inégalité des revenus devrait se limiter à la lutte des classes. Il devrait être centré sur la promotion et la protection de l'égalité des chances.
Wallace McCain aurait souhaité que le Parlement se penche sur la question de l'inégalité des revenus, parce qu'il aurait voulu que nous veillions à ce que le Canada demeure un pays où, même si l'on grandit à Florenceville au Nouveau-Brunswick, il est possible, avec de l'éducation, beaucoup de travail et de la détermination, de conquérir le monde. Ensuite, une fois le succès atteint, il est temps de donner en retour et de bâtir un Canada où l'on peut espérer un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants et pour ceux de nos voisins. Bref, il faut que, peu importe d'où l'on part, nous ayons la chance d'améliorer notre existence et celle de notre famille.
À nous députés, il incombe de garantir aux Canadiens l'accès aux outils nécessaires pour réussir, quel que soit leur point de départ. Malheureusement, les chances sont loin d'être égales au Canada; en fait, du point de vue des revenus, les inégalités ne font que s'accroître partout au pays. C'est une tendance qu'on observe depuis une génération, peu importe qui est au pouvoir, au fédéral comme dans les provinces.
Les inégalités se creusent entre les régions canadiennes, car notre économie se polarise entre les provinces qui sont riches en ressources et celles qui ne le sont pas. Elles se creusent également entre les régions rurales et urbaines, ainsi qu'entre les Canadiens autochtones et non autochtones. Ces inégalités grandissantes pèsent sur notre économie, car elles en ralentissent la croissance et poussent à la hausse la demande en soins de santé et en services sociaux.
Le coût économique de l'inégalité croissante que vivent les Autochtones canadiens est particulièrement alarmant, et cette tendance va en s'aggravant. Au chapitre de la pauvreté chez les Autochtones, nous sommes aux prises avec des coûts croissants, puisque ce segment de la population canadienne est non seulement le plus jeune et celui qui croît le plus rapidement, mais aussi le plus désavantagé sur le plan économique et le plus exclu de la société.
Les écarts de revenus tendent à se creuser dans tous les pays de l'OCDE, bien que certains pays s'en tirent mieux que d'autres. Au chapitre de l'écart entre riches et pauvres, aucun parti politique canadien n'a le monopole des réponses ou du blâme. D'après des sondages récents, l'inégalité croissante des revenus est le problème que les Canadiens considèrent le plus important, et ils aimeraient que leurs députés s'efforcent de le régler. C'est ce qui m'a amené à présenter cette motion, dans le but que les parlementaires de tous les partis unissent leurs forces et trouvent des façons de rééquilibrer les chances dont bénéficient tous les Canadiens.
L'inégalité croissante des revenus au Canada représente un défi important en matière de politique publique, comme l'ont signalé récemment l'OCDE, le Conference Board et Canada 2020. Les inégalités sont plus marquées au Canada qu'elles ne le sont, en moyenne, dans l'ensemble des pays de l'OCDE. De plus, bien que l'inégalité des revenus soit toujours plus marquée aux États-Unis qu'au Canada, le fossé se creuse maintenant plus rapidement au Canada que chez nos voisins du Sud.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Marc Carney, convient lui aussi que l'augmentation de ces inégalités représente un défi important. Mark Cameron, conservateur et ancien directeur de politique pour le , a soutenu que le gouvernement conservateur devrait faire de la réduction des inégalités de revenus une de ses priorités. Voici un extrait de l'article que M. Cameron a publié récemment à ce sujet:
Une société au sein de laquelle on constate qu’un petit groupe profite de manière inéquitable, ou qu’il y a des écarts très importants entre les classes sociales et économiques, peut mener à de la dissension, de la jalousie et des comportements antisociaux, même si les moins bien nantis réalisent quand même des gains matériels. Cela peut à son tour mener à des augmentations de la criminalité, la chute de la participation aux organismes sociaux et caritatifs, et à une plus importante demande d’intervention gouvernementale pour atténuer les tensions sociales. Ce scénario devrait inquiéter non seulement les sociaux-démocrates ou les libéraux [...], mais également les conservateurs qui se préoccupent de la préservation de l’appui public aux marchés libres et à la réduction de l’intervention gouvernementale.
L'égalité est profitable pour l'économie. Mais, à cet égard, notre économie doit lutter contre de forts vents contraires. La classe moyenne s'amenuise au Canada, mais ce problème est d'une certaine façon occulté par l'accès facile au crédit qui est possible grâce au bas taux d'intérêt: les Canadiens empruntent de plus en plus et s'endettent afin de joindre les deux bouts. À l'heure actuelle, les Canadiens doivent plus de 1,50 $ pour chaque dollar de revenu annuel.
Les ménages canadiens n'ont jamais autant consommé à crédit, mais cela ne peut pas durer éternellement. La Banque du Canada a déjà établi que le plus grand danger qui menace notre économie est le niveau d'endettement record des ménages canadiens, et ce n'est qu'une question de temps avant que les taux d'intérêt commencent à grimper. L'inégalité des revenus se creusera à mesure que les taux augmenteront.
De récentes études ont également révélé que l'accroissement de l'inégalité des revenus ne visait pas seulement les gens; les quartiers sont aussi touchés. En fait, les revenus dans les quartiers les plus pauvres du Canada ne font pas que stagner: entre 1980 et 2005, ils ont en fait diminué, et la situation des pauvres a empiré. Cependant, dans les quartiers riches, les revenus ont continué de croître rapidement. Résultat: les villes, les régions et les villages du Canada se divisent de plus en plus en ghetto. Cette division affaiblit les régions, augmente la criminalité et se traduit par de piètres résultats en matière de santé et d'éducation.
Une étude intitulée Code Red menée à Hamilton, en Ontario, a examiné le lien entre l'inégalité des revenus dans les quartiers d'Hamilton et la santé de ses habitants. Les résultats en ce qui concerne l'espérance de vie sont alarmants. L'étude a révélé que les personnes qui habitent dans les quartiers les plus cossus vivent 21 ans de plus que les personnes qui habitent dans les quartiers les plus défavorisés. En fait, les quartiers les plus pauvres d'Hamilton se classeraient au 165e rang dans le monde pour ce qui est de l'espérance de vie.
Les gens qui vivent dans les quartiers défavorisés ont également plus souvent besoin de soins hospitaliers. Ils sont plus susceptibles de se rendre à l'urgence.
Le poids santé des nouveau-nés est un indicateur clé de la santé future des gens. En Afrique subsaharienne, le taux moyen de nouveau-nés qui ont un faible poids à la naissance est de 15 p. 100. L'étude a montré que dans sept quartiers d'Hamilton, ce taux était supérieur à 20 p. 100, et que dans l'un de ces quartiers, ce taux était de 47 p. 100, ce qui est ahurissant.
Selon l'étude, les personnes qui vivent dans certains quartiers les plus pauvres d'Hamilton ont:
[...] une santé et une espérance de vie dignes des pays du tiers-monde — ce qui est d'autant plus scandaleux dans une ville où l'on trouve une importante école de médecine et des hôpitaux universitaires de haut calibre, dans un pays doté d'un régime de santé public et universel.
L'inégalité des revenus peut être une question de vie ou de mort. En effet, Statistique Canada a étudié le lien entre les niveaux de revenu et la probabilité de mourir prématurément. Les résultats ont indiqué que la probabilité qu'un homme canadien, qui fait partie des 20 p. 100 de Canadiens touchant les revenus les plus élevés, meure prématurément était de seulement 27 p. 100. Or, ce risque augmente à 35 p. 100 chez les hommes gagnant un salaire moyen, et à 50 p. 100 pour les 20 p. 100 de Canadiens touchant les revenus les plus faibles. Ce taux s'élève à 52 p. 100 chez les Autochtones, et à 69 p. 100 chez les personnes vivant dans un refuge ou une maison de chambres.
C'est également une question d'espoir. Depuis des générations, les Canadiens sont fiers du fait que le Canada est un pays où tout est possible, un endroit où l'on peut arriver sans rien mais où l'on peut, à force de travail et de persévérance, bâtir une vie meilleure pour elle et sa famille, et bénéficier d'un filet de sécurité sociale le temps qu'on y parvienne.
Dans le cadre du projet de mobilité économique, on a récemment demandé aux Canadiens ce qu'ils pensaient de la mobilité économique et s'ils avaient de l'espoir pour l'avenir. En tout, seulement 47 p. 100 des parents, c'est-à-dire moins de la moitié d'entre eux, croient maintenant que leurs enfants jouiront du même niveau de vie qu'eux.
En tant que parlementaires, nous devrions nous pencher attentivement sur cela. Quand les gens n'ont plus d'espoir pour l'avenir et pour leurs enfants, c'est là qu'ils commencent à s'attirer des ennuis.
Quant aux mesures précises qui peuvent à la fois réduire l'inégalité des revenus et augmenter le PIB par habitant, ce sur quoi l'étude du Comité des finances porterait, le Canada adopte déjà certaines pratiques exemplaires aux paliers fédéral et provincial dans quelques secteurs.
Je crois que la prestation fiscale pour le revenu de travail est une bonne idée. Ce crédit d'impôt remboursable contribue à éliminer les facteurs qui dissuadent les gens de travailler en comblant l'écart au chapitre de l'aide sociale qui touche les Canadiens à revenu faible ou modeste. Ce crédit vient en aide aux prestataires et stimule l'économie canadienne. Cette idée a été présentée pour la première fois par le gouvernement libéral précédent dans le mini-budget de l'automne 2005 et la plateforme électorale subséquente. Le gouvernement conservateur actuel a mis en oeuvre le crédit dans le cadre du budget de 2007 et l'a bonifié en 2009. C'est une idée qui fait fond sur de fructueux programmes provinciaux tels que le supplément à l'emploi et le supplément au logement locatif de la Saskatchewan et la prime au travail du Québec, qui sont également conçus pour aider les Canadiens dans ces provinces à s'affranchir de l'aide sociale et sortir du cercle vicieux de l'aide sociale.
L'apprentissage et la garde des jeunes enfants est un autre secteur où l'investissement stimule l'économie et contribue à remédier aux inégalités. De concert avec les provinces, les collectivités et les parents, nous pouvons appuyer des initiatives d'apprentissage et de garde des jeunes enfants et faire en sorte que les enfants canadiens aient un bon départ dans la vie.
L'inégalité des revenus est une question complexe. Justement, il est de notre responsabilité, en tant que parlementaires, de résoudre les questions complexes et difficiles. L'inégalité des revenus est le domaine d'expertise de plusieurs groupes et particuliers, et de nombreux organismes communautaires confessionnels et églises font un boulot extraordinaire à cet égard. Nous pouvons les écouter et ils peuvent nous transmettre leur savoir. Nous pouvons consulter d'autres ordres de gouvernement et mettre à profit leurs connaissances pour élaborer la politique fédérale. Nous pourrions nous attaquer à ce problème ensemble.
Cela fait 15 ans que je siège à la Chambre. Par conséquent, je ne suis pas naïf. Je ne crois pas qu'une étude menée par le Comité des finances de la Chambre des communes permettra de régler, une fois pour toutes, la question de l'inégalité des revenus. Néanmoins, c'est un début. Le Parlement fera un effort constructif et non partisan pour aborder une question qui préoccupe beaucoup les Canadiens. L'étude nous aidera à mieux comprendre cette question et le Parlement s'engagera sur la voie du progrès, en nous donnant l'occasion de collaborer avec d'autres ordres du gouvernement et intervenants pour régler cette question. Les Canadiens veulent que nous débattions de l'inégalité des revenus. Ne les décevons pas.
J'aimerais conclure sur une note personnelle.
J'ai fréquenté l'école primaire Dr Arthur Hines, dans le comté de Hants, en Nouvelle-Écosse. C'est une région rurale où beaucoup de gens sont très pauvres. Wendy Elliott, du journal Advertiser, publié dans le comté de Kings, a parlé de la pauvreté rurale dans ses articles. Elle a également écrit que le Canada est le seul pays du G8 qui oblige ses enfants à passer la journée complète à l'école sans pour autant posséder de programme national de repas à l'école.
Le fait est que beaucoup de mes camarades venaient à l'école le ventre vide. Moins de la moitié des 23 élèves qui ont fréquenté ma classe de sixième année à l'école primaire Dr Arthur Hines ont obtenu leur diplôme d'études secondaires. Ceux qui l'ont obtenu avaient une chose en commun: ils avaient eu accès à une éducation préscolaire — généralement ce sont leurs parents qui leur lisaient des histoires. Certains enfants n'ont pas eu cette chance, non pas parce qu'ils avaient de mauvais parents, mais parce que leurs parents avaient de la difficulté à lire.
Aujourd'hui, le centre de santé communautaire Hants Shore fournit une éducation préscolaire aux enfants de la région, afin que tous les enfants aient un bon départ dans la vie. Grâce à des pionniers, comme Hazel Dill, une ancienne directrice d'école, et Michael Howell, un restaurateur, l'éducation alimentaire apprend aux enfants à manger des aliments plus sains. En conséquence, non seulement le nombre d'élèves de l'école Dr Arthur Hines qui obtiennent leur diplôme d'études secondaires a augmenté, mais ces derniers obtiennent même des bourses et font des études postsecondaires.
Sachons tirer une leçon de ces grandes réalisations. Abordons cette question avec ouverture d'esprit et bienveillance. Élaborons des mesures qui permettront d'aider tous les Canadiens. Essayons de mieux comprendre la situation. La motion et l'étude qu'elle propose sont des mesures importantes qui permettront au Parlement du Canada de mieux comprendre l'inégalité des revenus et d'y remédier. Les Canadiens estiment que c'est une question prioritaire sur laquelle le Parlement doit se pencher.
J'espère que les députés et les partis politiques pourront mettre de côté la partisanerie et appuyer cette motion. Je me réjouis tout à fait à l'idée que ce débat puisse avoir lieu dès maintenant, dans les prochaines semaines. Le vote n'aura pas lieu avant le mois de juin. J'invite instamment les députés de tous les partis à faire preuve d'ouverture d'esprit et de bienveillance afin de démontrer aux Canadiens, souhaitons-le, que le Parlement peut s'employer à faire du Canada un endroit plus équitable.
:
Madame la Présidente, je suis très heureuse d'avoir aujourd'hui l'occasion de débattre de la motion présentée par le député de . Je dois toutefois exprimer ma grande déception.
Il n'y a pas si longtemps, le député de se serait moqué de ces déclarations grandiloquentes, mais vides, sur l'inégalité des revenus. En effet, il a expliqué récemment à la Chambre ce qui favorise vraiment la croissance économique et améliore le sort de tous les Canadiens. Permettez-moi de lui rappeler ses paroles. Voici ce qu'il a dit: « Le gouvernement ne crée pas d'emplois. C'est l'économie qui s'en charge. Pour bien gérer l'économie, le gouvernement doit établir les conditions propices aux investissements, à la croissance et à la création d'emplois. La redistribution des revenus ne peut pas remplacer la création d'occasions de participer à l'économie dans l'ensemble des régions du pays et dans tous les secteurs de la société. »
Je n'hésite pas à admettre qu'il avait raison à cette époque; toutefois, on s'aperçoit maintenant qu'il s'est éloigné de cette position.
[Français]
Il s'est retrouvé au Parti libéral, qui a endossé les politiques économiques lamentables et désuètes des années 1970, politiques qui allaient créer des bureaucraties gouvernementales démesurées, des programmes sociaux interminables et appliquer des taux d'imposition sans cesse croissants et nuisibles pour les entreprises et les particuliers.
En effet, nous nous rappellerons que, durant la dernière élection générale, le Parti libéral, comptant sur le député de comme principal porte-parole en matière de finances, a fait du relèvement du taux d'imposition des entreprises un élément central de sa plateforme électorale.
Faisant fi de toutes les preuves empiriques et théoriques contraires, le Parti libéral souhaitait — et c'est encore le cas aujourd'hui — priver les entrepreneurs et les entreprises du pays de milliards de dollars annuellement pour « investir » dans un Canada plus « juste ». Toutefois, ça ne fonctionne pas ainsi, et le député de Kings—Hants le sait.
Le fait d'augmenter les impôts des entreprises, la pierre angulaire des politiques économiques du Parti libéral, dissuade les investisseurs, fait disparaître des emplois canadiens et soutire de l'argent des poches des familles canadiennes.
[Traduction]
Comme l'économiste très respecté, Jack Mintz, de la faculté de politiques publiques de l'Université de Calgary, l'a récemment expliqué dans le Financial Post:
[...] ce ne sont pas les sociétés commerciales qui payent de l'impôt, mais les gens. Les gens travaillent pour les entreprises, les propriétaires les financent et les consommateurs achètent leurs biens et leurs services. L'impôt que paient les sociétés est refilé soit aux consommateurs au moyen d'une hausse des prix, soit aux actionnaires, qui voient leurs dividendes et leurs gains en capital baisser, ou aux travailleurs, sous forme de diminutions des salaires et d'avantages sociaux moins généreux.
Si le Canada réduit l'impôt des sociétés [...] les entreprises investiront davantage dans de l'équipement et des structures, souvent plus modernes. Il s'ensuivra une augmentation de la demande pour des travailleurs, ce qui amènera les entreprises à augmenter les salaires pour attirer des travailleurs ou en embaucher plus.
M. Mintz mentionne également une récente étude indépendante réalisée par l'Université d'Oxford, qui conclut que plus de la moitié des augmentations de l'impôt des sociétés, comme celles préconisées par le Parti libéral, est refilée à court terme aux travailleurs et que plus de la totalité leur est refilée à long terme en raison d'une baisse de la productivité. Si le Parti libéral souhaitait vraiment accroître la prospérité de tous les Canadiens, pourquoi voudrait-il léser les entreprises et les entrepreneurs dont elle dépend?
Il y a seulement quelques années, le député de a compris la sottise des exigences traditionnelles de la gauche, qui demande une hausse de l'impôt des entreprises. Il a dit ici-même:
Au niveau international, des gouvernements innovateurs et avant-gardistes ont prouvé qu'il est possible de créer une économie compétitive en réduisant de façon importante l'impôt des sociétés [...]
Il suffit de regarder les Pays-Bas, la Suède [...] l'Australie et la Nouvelle-Zélande [...]
L'exemple de la Suède est particulièrement intéressant pour nous, parce que les pays scandinaves attachent de l'importance aux investissements dans les politiques sociales, [...] et parce qu'ils ont aussi compris la nécessité de réduire l'impôt des sociétés à des niveaux qui sont parmi les plus bas dans le monde.
La vieille croyance absurde, globophobique, socialiste et luddite selon laquelle une politique économique innovatrice et avant-gardiste est incompatible avec une bonne politique sociale est erronée.
Nous avons tenté de collaborer avec ce député libéral en espérant que le Parti libéral comprendrait, en écoutant les témoignages présentés au comité, que son raisonnement est boiteux, mais je n'ai pas beaucoup d'espoir. Lorsqu'on attend du Parti libéral qu'il pense de façon rationnelle, comme disait Benjamin Franklin: « Tel qui vit d'espoir meurt à jeun. »
[Français]
Soyons clairs, depuis qu'il est au pouvoir, le gouvernement conservateur a réussi à mettre en place de solides politiques économiques qui ont permis d'offrir davantage de possibilités à un plus grand nombre de Canadiens, particulièrement à ceux dont les revenus sont moyens ou faibles.
De plus, ces politiques économiques ont donné des résultats. D'abord, depuis 2006, il s'est créé, 1,1 million de nouveaux emplois nets, soit la plus forte croissance parmi les pays du G7. C'est donc 1,1 million de Canadiens de plus qui travaillent aujourd'hui que sous le gouvernement libéral précédent.
Qu'est-ce qui a contribué à cette croissance de l'emploi? Comme je viens de le mentionner, le gouvernement conservateur a pris d'importantes mesures pour réduire le fardeau fiscal des entreprises qui créent des emplois. Résultat: le Canada est le pays où le taux global d'imposition des nouveaux investissements des entreprises est le plus bas des pays du G7 et peut enfin concurrencer les grands pays de l'OCDE en ce qui concerne le taux d'imposition des entreprises. Cela a permis aux créateurs d'emplois de chez nous d'offrir de meilleurs salaires et d'investir dans la formation, l'équipement et la technologie, afin de concurrencer plus efficacement le marché mondial et ainsi de protéger les emplois au pays ou d'en créer de nouveaux.
[Traduction]
Jason Myers, président de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, a déclaré dernièrement que sans le programme ambitieux d'allégements fiscaux du gouvernement conservateur, « la récession aurait frappé plus durement et le chômage aurait certainement augmenté [...] nous pouvons (maintenant) compter sur un secteur des entreprises qui est mieux positionné pour tirer profit des nouveaux débouchés du marché, et ceux-ci continueront de favoriser la croissance de l’emploi ».
Cela dit, nous avons fait beaucoup plus. Depuis 2006 — et surtout grâce au Plan d'action économique du Canada —, nous avons investi massivement dans l'infrastructure, la science, la recherche et développement et bien plus encore. Nous avons aussi maintenu à un niveau record les transferts aux provinces et aux territoires au titre de la santé et de l'éducation, contrairement au gouvernement libéral précédent, qui les avait sabrés. Il s'agissait d'un héritage libéral honteux qui a nui aux Canadiens les plus vulnérables.
Par surcroît, nous avons adopté des mesures ciblées pour aider les Canadiens à faible revenu. Dans cette optique, nous avons entre autres rayé plus d'un million de Canadiens à faible revenu du rôle d'imposition. De plus, le tiers des allégements fiscaux sur le revenu des particuliers consentis par notre gouvernement conservateur visent les Canadiens qui gagnent moins de 42 000 $ par année, qui représentent pourtant quelque 13 p. 100 de l'assiette fiscale. En outre, nous avons créé la Prestation fiscale pour le revenu de travail afin d'éliminer les obstacles auxquels se heurtent les Canadiens à faible revenu qui désirent travailler. Tout le monde a été d'avis qu'il s'agissait d'une mesure extrêmement positive, sauf le Parti libéral, qui a voté contre.
Comme l'a dit Bill Scarth, professeur à l'Université McMaster: « [la Prestation fiscale pour le revenu de travail] stimule l'emploi plutôt que de subventionner les gens pour qu'ils ne travaillent pas [...] il s'agit d'un changement crucial et bénéfique. »
Le gouvernement conservateur met en oeuvre des politiques économiques judicieuses qui favorisent la création d'emplois, mais la motion présentée aujourd'hui par le député de et, surtout, l'adhésion du Parti libéral a une pensée économique d'extrême gauche qui prône des impôts élevés, ne sont pas ce dont le Canada a besoin.
Il y a du travail à faire en comité. Le Comité des finances a un programme chargé. Nous avons essayé de collaborer avec ce député au Comité des finances. J'ignore pourquoi il refuse de travailler avec nous. En général, nous nous entendons très bien avec les députés néo-démocrates qui siègent au comité. Ce député isolé ne semble simplement pas comprendre que l'économie est une priorité pour les Canadiens et que, avec ou sans lui, nous en tiendrons compte.
:
Madame la Présidente, je suis ravie de prendre la parole au sujet de la motion sur l'inégalité des revenus. La promotion d'une société plus égale est l'un des principes fondamentaux que prône le NPD et c'est pourquoi nous appuierons cette motion.
[Français]
L'inégalité grandissante, voilà l'un des plus grands défis que le pays doit relever. Les salaires réels de la plupart des Canadiens stagnent depuis plusieurs années. En fait, le revenu moyen des Canadiens a seulement augmenté de 5,5 p. 100 sur une période de 33 ans.
Selon le Conference Board du Canada, l'inégalité des revenus croît plus rapidement au Canada qu'aux États-Unis. Une grande partie de l'augmentation de l'inégalité est imputable à une augmentation des revenus du 1 p. 100 le plus riche de la population. Les Canadiens faisant partie de ce 1 p. 100 ont vu leur part du revenu total augmenter de 8,1 p. 100 en 1980 à 13,3 p. 100 en 2007.
En fait, les Canadiens se trouvant parmi ce 1 p. 100 sont responsables de près du tiers de la croissance totale des revenus entre 1997 et 2007. Cette croissance s'est faite aux dépens d'autres groupes de revenus.
[Traduction]
L'augmentation de l'inégalité attribuable à cette tranche de 1 p. 100 de la population a d'importantes répercussions sur la majorité des familles canadiennes.
Lars Osberg, de l'Université de Dalhousie, indique que pendant la période allant de 1981 à 2006, la vie de la plupart des familles canadiennes a changé. La nouvelle norme veut que les jeunes travailleurs qui arrivent sur le marché du travail gagnent moins en termes réels que la génération de leurs parents au même âge.
De plus, le taux de chômage chez les jeunes Canadiens est maintenant deux fois plus élevé. Le taux de chômage national est déjà beaucoup trop élevé. Nos jeunes sont aussi confrontés à un marché du travail beaucoup plus exigeant. Le budget conservateur provoquera en fait une augmentation du chômage. Les femmes, les Autochtones, les communautés raciales et les nouveaux immigrants connaissent aussi un niveau de pauvreté disproportionné par rapport aux autres Canadiens. Cette inégalité à des conséquences sur la société.
Un ouvrage révolutionnaire sur l'inégalité publié en 2009 par les chercheurs britanniques Richard Wilkinson et Kate Pickett révèle que l'inégalité a une incidence plus considérable que le PNB et le PIB sur une gamme d'indicateurs sociaux liés à la santé, par exemple l'espérance de vie moyenne, et d'autres mesures du développement humain, comme le taux d'alphabétisation, le taux de grossesse chez les adolescentes ou le taux d'incarcération.
Je constate cette pauvreté croissante, cette inégalité croissante, dans mon propre quartier, dans , où les gens qui sont confrontés à la pauvreté, à des problèmes de santé mentale et à la pénurie de logement voient leur situation se dégrader.
Ce n'est pas l'héritage que nous devrions laisser à la prochaine génération.
[Français]
Avant le milieu des années 1990, le système canadien de prestations fiscales était aussi efficace que celui des pays nordiques pour stabiliser l'inégalité, contrebalançant plus de 70 p. 100 de l'augmentation de l'inégalité des revenus du marché. Cependant, l'effet de la redistribution a décliné depuis. L'OCDE a noté que l'imposition et les prestations contrebalancent moins de 40 p. 100 de l'augmentation de l'inégalité.
Les conservateurs ont tendance à adhérer à une approche de retombées économiques en ce qui a trait à la distribution des revenus, sous-tendant que l'augmentation des revenus pour les plus riches retombera ultérieurement sur le reste d'entre nous. Toutefois, des réductions d'impôt pour les grandes entreprises et les Canadiens les plus riches ont eu comme résultat l'inégalité croissante des revenus, la croissance économique morose et l'augmentation du taux de chômage. Leur approche est vraiment erronée.
En outre, plusieurs études universitaires en sont venues à la conclusion que les données du recensement sont essentielles afin de mesurer adéquatement l'inégalité des revenus. La fin du formulaire long de recensement réduira notre capacité à s'attaquer au problème.
[Traduction]
Les libéraux ont laissé s'aggraver l'inégalité des revenus lorsqu'ils étaient au pouvoir, dans les années 1990 et 2000. De plus, ils ont systématiquement appuyé des budgets conservateurs qui nous ont conduits sur la mauvaise voie. C'est sous le gouvernement libéral qu'ont été effectuées les compressions les plus importantes au chapitre des programmes sociaux, ce qui a sérieusement contribué à accroître l'inégalité.
Même lorsqu'un excédent budgétaire leur aurait permis d'apporter des changements positifs, les libéraux ont sabré la stratégie nationale en matière de logement et les fonds alloués au logement. Ils ont aboli le salaire minimum national. Ils n'ont créé aucun programme national de garderies. Par surcroît, ils n'ont fait aucun investissement important dans l'infrastructure.
La motion présentée par mon collègue de est un point de départ, mais l'étude proposée est limitée quant aux impôts qui seraient examinés. L'inégalité ne dépend pas uniquement de l'impôt sur le revenu des particuliers et des transferts. Elle découle aussi des taxes à la consommation, de l'impôt des sociétés et de la fiscalité internationale. La motion aurait plus de poids si certains de ces éléments figuraient dans la portée de l'étude. De plus, il n'y a pas de raison de limiter les outils avec lesquels on peut combattre l'inégalité.
Il est important d'apprendre de nos erreurs, d'apprendre des erreurs des libéraux et des conservateurs ainsi que des erreurs commises dans le monde entier et de cerner exactement ce qui a contribué à accroître l'inégalité dans la deuxième moitié du XXe siècle.
La mention expresse du cercle vicieux de l’aide sociale et des mesures décourageant l’emploi rémunéré dans l’économie officielle pourrait faire en sorte que l'étude accorde une trop grande importance aux pauvres et aux sans-emploi en tant que causes d'inégalité, ce qui est très représentatif de l'optique selon laquelle les conservateurs abordent ce problème.
Une approche plus solide et plus progressiste se pencherait sur l'ensemble des déterminants micro et macroéconomiques ainsi que structurels de l'inégalité, tels la redistribution des revenus au moyen de l'impôt et des transferts, l'accès au processus de négociation collective, l'accès à l'éducation, aux soins de santé et à d'autres services sociaux, particulièrement les services de santé mentale, les changements structurels à la composition industrielle du Canada, le rôle du gouvernement dans la transition au marché du travail et les disparités régionales.
Par ailleurs, l'étude proposée se contentera de formuler des recommandations sur les moyens d'améliorer l'égalité des chances, ce qui n'est pas cohérent avec le reste de la motion. Si l'on examine l'inégalité des revenus, l'étude devrait comprendre des recommandations sur les façons de réduire l'inégalité.
[Français]
L'inégalité des revenus est un problème grave avec des conséquences graves, et les Canadiens veulent que nous agissions.
L'inégalité est la première préoccupation des Canadiens selon les résultats d'un récent sondage réalisé par EKOS. Un autre sondage récent démontre que 77 p. 100 des Canadiens considèrent que l'inégalité des revenus est un problème grave et qu'ils sont prêts à faire leur part pour trouver une solution.
Le mouvement des indignés a suscité une grande discussion sur la place publique de plusieurs pays occidentaux au sujet de l'inégalité des revenus. L'OCDE a noté que les gouvernements comme celui du Canada doivent en faire davantage pour réduire l'inégalité des revenus, puisque l'inégalité nuit à la croissance et à la cohésion sociale.
Le rapport de 2011 de l'OCDE souligne aussi « la nécessité pour les gouvernements de réviser leur fiscalité afin que les plus nantis assument une part équitable de la charge fiscale. »
[Traduction]
La création d'une société plus égale est l'un des objectifs fondamentaux du NPD et, dans sa forme actuelle, la motion s'inscrit dans cet objectif.
Les néo-démocrates luttent depuis très longtemps pour réduire l'inégalité et accroître l'égalité. Contrairement aux conservateurs, nous ne chercherons pas activement à augmenter l'inégalité. Contrairement aux libéraux, nous n'allons pas affirmer que nous voulons réduire l'inégalité pour ensuite faire précisément le contraire.
En appuyant la motion, nous poursuivons le travail que nous accomplissons depuis des décennies en faveur de l'égalité des revenus. Les Canadiens peuvent compter sur les néo-démocrates pour bâtir un Canada prospère pour tous.
:
Madame la Présidente, je suis fort heureux de prendre la parole au sujet de la motion du député de .
La réponse des conservateurs m'a particulièrement déçu, car la motion a été présentée sans aucune partisanerie, pour s'attaquer à un problème qui est perçu par un nombre grandissant de Canadiens comme ayant une grande importance sur le plan économique. Je ne crois pas qu'il s'agit d'une question de droite ou de gauche.
La secrétaire parlementaire n'arrêtait pas de parler de l'impôt des sociétés. Mon collègue n'a pas dit un mot à ce sujet. Il n'est pas nécessairement question d'impôt des sociétés. La secrétaire parlementaire ne tarissait pas sur les réalisations du gouvernement conservateur. Eh bien, peu importe qu'on soit d'accord ou non, là n'est pas la question.
La question est de savoir si nous pouvons faire fonctionner le Parlement, si nous pouvons étudier pendant un an un problème dont se soucient de plus en plus de nombreux Canadiens et de nombreuses autres personnes ailleurs dans le monde. Je ne sais pas pourquoi les conservateurs sont si réfractaires à cette idée. Toutefois, la bonne nouvelle, c'est qu'ils ont plus d'un mois avant le vote. Par conséquent, avec un peu de chance, ils pourraient décider de revoir leurs positions.
Des gens très riches sont préoccupés par les inégalités. Comme le député l'a dit, en citant Frank McKenna, le regretté Wallace McCain s'en préoccupait. Le cas de Warren Buffett est bien connu. Il trouvait inquiétant que sa secrétaire soit assujettie à un taux d'imposition plus élevé que le sien. Ce ne sont pas des socialistes fous à lier. Ce sont des gens d'affaires très riches.
[Français]
Je ne peux pas donc comprendre l'attitude du gouvernement sur ce point. J'espère qu'il va changer d'avis au cours des semaines qui viennent.
Il existe déjà d'importants travaux faits là-dessus, en particulier par l'OCDE. Je peux peut-être mentionner certains points de l'OCDE.
L'OCDE a parlé de trois domaines importants afin d'améliorer la répartition du revenu. Il faut construire d'abord le capital humain, ensuite le système d'impôt et de transferts sociaux et enfin la création d'emploi.
[Traduction]
Ces trois domaines font partie intégrante de la question dont nous sommes saisis. Nous ne les connaissons pas suffisamment, et c'est pour cela que l'étude proposée est très importante. Nous savons cependant une chose: le premier domaine, la création du capital humain, est très important pour l'atténuation de l'inégalité des revenus, et pour la promotion de l'égalité des chances.
Comme l'a dit le député, si un enfant apprend à lire à un jeune âge, cela améliorera ses compétences de vie et ses chances d'épanouissement, ce qui aura des effets positifs. Il y a beaucoup d'autres domaines, notamment la formation, le perfectionnement et l'éducation. Tous ces éléments sont essentiels à la réussite des Canadiens, jeunes et moins jeunes. Le capital humain, ou les qualités humaines, c'est un des aspects les plus importants dans ce domaine. Nous aurions pu mener ce genre d'étude, et j'espère que nous le ferons afin d'examiner les pratiques exemplaires adoptées dans différentes régions du monde entier.
Il y a le programme de garderies du Québec. Il y a des expériences dont nous pouvons tirer des leçons importantes, qu'elles soient faites en Allemagne ou dans certains pays scandinaves. Si nous ne menons pas cette étude, nous n'atteindrons aucun de ces objectifs.
Le deuxième domaine est celui du système fiscal et des transferts sociaux. Le gouvernement a parlé de la prestation fiscale pour le revenu de travail, qui est un programme conjoint d'une certaine façon, puisque nous l'avons proposé dans le budget de 2005. Après que nous eûmes perdu les élections, les conservateurs l'ont proposé, eux aussi. C'est un programme très efficace pour améliorer l'efficacité de l'économie et réduire les inégalités.
Cependant, nous ne viendrons pas à bout de toutes les inégalités seulement avec la prestation fiscale pour le revenu de travail. Si nous réalisions cette étude, nous découvririons d'autres mesures semblables aptes à réduire les inégalités tout en augmentant la productivité et l'efficacité de l'économie canadienne.
L'Allemagne est un bel exemple également. Dernièrement, son taux de croissance a été plus élevé que celui du Canada. Le chômage y est en outre moins élevé et les inégalités, moins importantes. Nous devrions peut-être essayer de comprendre comment les Allemands ont réussi à obtenir d'aussi bons résultats. Le Canada devrait peut-être imiter l'Allemagne à certains égards.
Le gouvernement de l'Allemagne n'est pas socialiste. Nous n'avons pas à craindre de dangereux socialistes allemands. Ce sont en fait des conservateurs qui sont au pouvoir.
Enfin, le troisième point est celui de la création d'emplois. Comme d'autres l'ont indiqué, le meilleur remède contre la pauvreté est un emploi. C'est certainement vrai. Je suis certain que tous les partis représentés à la Chambre conviennent qu'il est important de créer constamment un bon nombre d'emplois non seulement parce que c'est une fin en soi, mais également parce que c'est un moyen de réduire les inégalités et d'égaliser les chances.
Pour terminer, permettez-moi de dire que cette motion a été selon moi présentée dans un esprit constructif et non partisan. C'est une proposition équilibrée qui n'est ni à gauche, ni à droite. Elle pourrait nous propulser sur une voie permettant au gouvernement et au Parlement de résoudre l'un des problèmes les plus pressants qui touchent les Canadiens aujourd'hui. Il est seulement regrettable de voir que les conservateurs ont réagi jusqu'ici de manière très partisane et défavorable. J'espère qu'au cours des prochaines semaines, ils y réfléchiront à nouveau en toute objectivité et seront en mesure d'appuyer cette motion.
:
Madame la Présidente, je tiens à remercier le député de , car c'est grâce à lui que je peux aujourd'hui discuter de la contribution du gouvernement à la prospérité du pays et des importantes mesures qui sont prises pour réduire les inégalités. À ce sujet, le gouverneur Carney a indiqué hier qu'il s'agit d'un problème à l'échelle mondiale.
Il serait inutile de mener une autre étude. Je suis fière de faire partie d'un gouvernement qui, lorsqu'il est placé devant un problème, passe à l'action. Nous venons tout juste de passer en revue les renseignements fournis par le député de . Il a parlé de nombreuses études et de trois éléments à propos desquels il est très important que nous agissions. Et nous agissons. Je crois que ça me ramène à l'époque où j'étais infirmière aux urgences. Nous savons cerner les problèmes et nous passons à l'action — nul besoin de se regarder le nombril pendant des lustres. Il s'agit d'un problème important et notre gouvernement prend des mesures pour le régler.
Certaines de mes observations amèneront peut-être le député à réaliser qu'en votant contre les budgets, il s'opposait en fait à des mesures qui visaient à contrer les inégalités chez les Canadiens.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur a su reconnaître les besoins des personnes et des familles dans ce pays, et les défis auxquels ils font face, ce que la motion d'aujourd'hui omet de mentionner.
Par exemple, depuis 2006, le gouvernement conservateur a réduit les impôts 140 fois, tout en veillant à ce que les Canadiens à revenu faible ou moyen soient les plus grands gagnants. Ces réductions d'impôts laissent considérablement plus d'argent dans les poches de ces Canadiens. En fait, à l'heure actuelle, une famille moyenne de quatre personnes paie 3 100 $ de moins en impôts chaque année qu'elle ne le faisait à l'époque du gouvernement libéral précédent — dont, je le signale, faisait partie le député de . En fait, le régime fiscal progressif qu'il réclame existe bel et bien ici au Canada.
Comme un éditorial récent de l'Ottawa Citizen nous l'a rappelé, « En 2009, plus de 19 millions de Canadiens ont déclaré un revenu inférieur à 50 000 $. En moyenne, leur taux d'imposition était de 7,5 p. 100. Pour ceux dont le revenu était supérieur à 250 000 $, le taux d'imposition était de 32,1 p. 100. C'est très progressif. »
En tant que mère canadienne qui a travaillé très fort pour boucler les fins de mois, je peux dire que les mesures présentées par notre gouvernement ont fait davantage pour les Canadiens aux prises avec la pauvreté que la motion dont nous sommes saisis pourrait jamais le faire. Qui plus est, la motion ne reconnaît pas le travail considérable du Comité permanent des finances, qui a déjà effectué de nombreuses études.
Ainsi donc, avons-nous vraiment besoin de procéder à une autre étude? Ou devrions-nous plutôt simplement passer à l'action?
Trop de Canadiens à faible revenu reçoivent parfois moins d'argent s'ils travaillent que s'ils touchent des prestations d'aide sociale. Ces gens se préoccupent peu que les joueurs de hockey gagnent des millions de dollars par année. Leur priorité, c'est de trouver un emploi qui leur permettra de faire vivre leur famille. C'est pourquoi le budget de 2007 prévoyait un investissement de plus de 550 millions de dollars par année pour la création de la prestation fiscale pour le revenu de travail. En plus de respecter l'engagement du gouvernement, qui avait promis de rendre le travail plus profitable pour les Canadiens à faible revenu déjà sur le marché du travail, cette prestation a encouragé d'autres Canadiens à trouver un emploi.
Nous sommes allés encore plus loin dans le budget de 2009, quand nous avons doublé l'allègement fiscal accordé par la prestation fiscale pour le revenu de travail. Nous avons ainsi versé plus d'un milliard de dollars à des Canadiens vulnérables et à leur famille. Je suis fière de ce programme, qui a vraiment un effet positif dans la vie des Canadiens qui en ont le plus besoin; il atténue le piège de l'aide sociale en permettant aux travailleurs de conserver une plus grande partie du salaire qu'ils ont durement gagné.
À titre d'exemple, sans la prestation fiscale pour le revenu de travail, un parent célibataire typique habitant au Manitoba n'aurait pu conserver que 28 ¢ de chaque dollar gagné entre 3 000 $ et 1 000 $, puisque certains avantages en matière de taxes et de programmes fédéraux et provinciaux diminuent quand le revenu augmente. Grâce aux initiatives de notre gouvernement, cette même famille conserve maintenant 53 ¢ de chaque dollar supplémentaire gagné. Les programmes tels que la prestation fiscale pour le revenu de travail démontrent que notre gouvernement est résolu à aider les Canadiens les plus vulnérables. Et nous avons fait encore plus.
Comme nous savons que les familles forment la pierre angulaire de notre société, le budget de 2011 contenait d'autres mesures qui viennent réduire le fardeau fiscal des travailleurs canadiens. Certaines familles ont besoin qu'on leur donne un coup de main supplémentaire. Par exemple, de nombreux Canadiens doivent prendre soin de leurs parents ou d'autres membres de leur famille. Ces aidants naturels doivent faire d'énormes sacrifices; ils doivent souvent quitter le marché du travail et renoncer à leur revenu d'emploi.
Pour soutenir ces familles qui s'entraident, le gouvernement conservateur a créé le crédit d'impôt pour aidants familiaux, qui est entré en vigueur cette année.
Nous reconnaissons également que les parents d'enfants gravement handicapés sont aux prises avec un fardeau émotif et financier parfois écrasant. Pour donner suite aux recommandations du Groupe d’experts au sujet de la sécurité financière des enfants gravement handicapés, mis sur pied en 2006, nous avons instauré le régime enregistré d’épargne-invalidité. Ce régime vise à aider les parents à assurer la sécurité financière à long terme des enfants gravement handicapés. L'automne dernier, le gouvernement a effectué un examen du programme des REEI afin de vérifier que les REEI continuent de répondre aux besoins des Canadiens ayant une déficience grave et de leur famille. S’inspirant des commentaires reçus lors de l’examen, le gouvernement a proposé dans le Plan d’action économique de 2012 des mesures pour améliorer le REEI, y compris une mesure permettant aux Canadiens d'avoir un plus grand accès aux économies qu'ils ont durement gagnées.
Le député a également parlé de l'importance des emplois. Malgré les mesures ciblées prises par le gouvernement pour accroître les possibilités qui s'offrent aux Canadiens à faible revenu, la croissance économique et la création d'emplois demeurent nos principales priorités parce que nous savons, sans l'ombre d'un doute, que ce sont les meilleurs moyens d'assurer un avenir financier meilleur pour tous les Canadiens. C'est pourquoi le Plan d’action économique de 2012 contient des mesures importantes pour corriger les problèmes qui affligent actuellement le marché de l'emploi et répondre aux besoins à long terme de ce dernier.
Nous prenons des mesures pour aider les Canadiens sous-représentés — soit les immigrants, les personnes handicapées, les jeunes, les Autochtones et les aînés —à trouver de bons emplois. Par exemple, nous avons augmenté le financement pour prolonger le projet ThirdQuarter, une initiative novatrice dirigée par la chambre de commerce du Manitoba qui vise à aider les employeurs à trouver des travailleurs d'expérience de plus de 50 ans. De surcroît, nous prolongeons d'un an le crédit temporaire au titre de l'embauche pour les petites entreprises, qui contribue énormément à la création d'emplois.
Pour les travailleurs plus jeunes, le gouvernement investit actuellement plus de 330 millions de dollars annuellement pour venir en aide aux jeunes Canadiens par l'entremise de la Stratégie emploi jeunesse. Les jeunes à risque et les jeunes diplômés d'établissements d'enseignement postsecondaire y sont admissibles. L'an dernier seulement, cet investissement a permis à près de 70 000 jeunes d'acquérir une expérience de travail et les compétences dont ils avaient besoin pour jeter les fondations qui leur permettront de réussir sur le marché du travail. Notre Plan d'action économique de 2012 capitalise sur cet investissement en consacrant 50 millions de dollars additionnels sur deux ans pour aider un plus grand nombre de jeunes à acquérir de l'expérience et des compétences concrètes. Ce financement visera à aider les jeunes Canadiens à trouver un emploi dans les domaines où il y a une forte demande de main-d'oeuvre.
Le gouvernement conservateur s'est engagé à aider les Canadiens à faible revenu et je sais que nous sommes sur la bonne voie pour améliorer l'économie des familles canadiennes. Tandis que le député de veut étudier l'inégalité des revenus, nous travaillons fort pour bâtir un pays juste et prospère qui offre des possibilités à tous les Canadiens.
Pour conclure, je suis très fière de faire partie d'un gouvernement qui agit et qui ne passe pas son temps à étudier des dossiers. Quand des mesures s'imposent, la droite et la gauche n'importent pas; il faut intervenir. Je suis fière que nous agissions.
:
Madame la Présidente, je suis très content de me lever aujourd'hui pour discuter de la motion de mon collègue de au sujet de l'étude sur l'inégalité des revenus.
Premièrement, j'aimerais féliciter mon collègue et lui dire que c'est un très bon sujet. Avant même de parler de cette motion, j'aimerais beaucoup remercier tous mes collègues du Comité permanent des finances, que ce soit ceux de l'autre côté de la Chambre ou ceux de ce côté-ci, qui ont accepté d'étudier ma motion concernant les paradis fiscaux et l'évasion fiscale.
J'en viens maintenant à cette motion et aux études qui ont été faites. Contrairement à ce que dit le gouvernement, c'est important d'étudier ce qui se passe. Présentement, on dirait que le gouvernement ne se base pas sur les faits pour fonctionner. Il dit que tout va bien et que les actions prises fonctionnent. Toutefois, si on examine les faits et si on se fie aux études qui ont été faites, on réalise que l'inégalité entre les riches et les pauvres ne cesse de s'accroître.
Dans un rapport de l'OCDE, daté du 5 décembre 2011, il est clairement écrit ceci:
Le fossé qui sépare les riches des pauvres dans les pays de l’OCDE est au plus haut depuis plus de 30 ans, et les gouvernements doivent agir sans délai pour combattre les inégalités.
Dans ce rapport, on examine ce qui se passe, entre autres au Canada, et on réalise que là, l'inégalité augmente plus rapidement que dans le reste des autres pays industrialisés, y compris les États-Unis. Donc l'écart entre les riches et les pauvres ne cesse de s'accroître.
Personnellement, je le vis en tant que député de . Certains de mes électeurs sont des travailleurs. Le mari et la femme travaillent, ont des enfants et ils doivent maintenant utiliser les banques alimentaires. Pourquoi? Parce que malgré le fait qu'ils ont un emploi, ce n'est pas suffisant pour payer toutes les augmentations du coût de la vie et le logement. Il y a un problème.
Lorsque le gouvernement décide de ne pas regarder ce qui se passe vraiment, c'est déplorable car on passe à côté du vrai problème et on ne se pose pas les vraies questions. Même mon collègue libéral a admis que cela vient non seulement de ce gouvernement, mais aussi des gouvernements précédents.
Lorsqu'on regarde les chiffres et l'évolution au fil des années, on sait qu'on va dans la mauvaise direction, que ce soit au Canada ou dans les pays industrialisés. Certains pays, comme le Danemark, portent attention à cet écart. Au Canada, le problème est qu'on ne le regarde pas. Le fait que le gouvernement ne veut justement pas mener une étude à ce sujet est un peu décevant.
En septembre 2011, un autre organisme a vraiment étudié le problème, soit le Conference Board du Canada. Il a aussi souligné que depuis le milieu des années 1990, les inégalités de revenu se sont accrues plus rapidement au Canada qu'aux États-Unis. On avait l'impression qu'au Canada, tout allait bien, que c'était un pays qui s'assurait de l'égalité entre les riches et les pauvres, mais, au contraire, on réalise que l'inégalité s'accroît plus rapidement ici. Aux États-Unis, il y a vraiment un écart important entre les riches et les pauvres et c'est aussi la direction vers laquelle va le Canada. Si le gouvernement ne se réveille pas et ne réalise pas ce qui se passe, on va directement vers un mur. Il faut aussi écouter ce que la population a à dire.
Réalise-t-on qu'il y a présentement, au Canada, des mouvements d'occupation? Plusieurs personnes sont indignées, que ce soit des étudiants ou des familles. La population parle et, selon elle, il y a un problème. Étudier ce problème, avec une telle motion, est un début.
Malheureusement, il va y avoir du travail à faire pour modifier la motion afin qu'elle aille un peu plus loin. Toutefois, c'est un bon départ et on peut travailler avec les autres partis afin de vraiment s'assurer de cerner le problème et de trouver des solutions.
Une des choses que le Conference Board du Canada a regardée, c'est le coefficient de Gini — que la majorité des gens ne connaît pas. Grosso modo, c'est une mesure du degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée. Le coefficient de Gini varie entre zéro et un — zéro étant une égalité parfaite et un signifiant une inégalité totale. L'objectif serait d'utiliser ces chiffres mais, malheureusement, le Canada ne le fait pas.
On connaît ces chiffres-là, mais on ne les utilise pas. De plus, comme le gouvernement l'a fait à Statistique Canada, on enlève de plus en plus d'information et de données qui nous permettent de vraiment prendre le pouls. Or si on veut prendre le pouls, il faut avoir des outils comme le coefficient de Gini.
Le Conference Board du Canada n'est pas un organisme trop à gauche ou trop à droite. Je dirais toutefois qu'il est plutôt à droite. L'importance est de comprendre les effets, les répercussions et ce qui se passe en ce moment afin de réagir.
C'est pourquoi nous allons appuyer une étude là-dessus. Et simplement pour...