propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président et chers collègues, c'est un honneur de participer à ce débat important à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi , la Loi sur la Charte des droits des victimes.
Comme le savent les députés, cette mesure vise à créer une charte canadienne des droits des victimes, qui nous permettra d'inscrire ces droits dans la législation fédérale, ce qui ne s'était jamais fait au Canada.
Le gouvernement a toujours accordé beaucoup d'importance aux victimes d'actes criminels depuis son arrivée au pouvoir, en 2006. Ainsi, il a pris des mesures afin de donner plus de place aux victimes dans le système de justice, un fait de notoriété publique. Nous sommes d'avis que la Charte des droits des victimes nous permettra de poursuivre l'amélioration du système de justice et de la place qu'y occupent les victimes, et ce, de différentes manières. D'autres exemples, tels que la mise en place de la Stratégie fédérale d'aide aux victimes et la création du Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels, en 2007, illustrent aussi l'engagement du gouvernement.
De plus, un financement de 120 millions de dollars et une somme additionnelle de 10 millions de dollars ont été accordés aux 20 centres d'appui aux enfants situés dans diverses régions du pays, une autre forme de soutien accordé aux victimes. Mentionnons aussi qu'on a apporté de nombreuses réformes à la législation concernant les victimes et la justice pénale, afin que les victimes vivent une meilleure expérience dans le système de justice.
Le gouvernement avait promis, l'an dernier, de renforcer les droits des victimes en les inscrivant dans une loi fédérale. Nous tenons promesse. En vertu de la loi, les victimes d'actes criminels du Canada bénéficieront désormais d'un droit à l'information, à la protection et à la participation, en plus d'avoir droit à un dédommagement.
Je reviendrai sur ces concepts dans un instant. Mais j'aimerais d'abord souligner les efforts que nous avons déployés afin d'être inclusifs et de recueillir les points de vue des Canadiens.
Peu après ma nomination au poste de , j'ai passé beaucoup de temps à participer à de vastes consultations et à écouter les commentaires de Canadiens. En fait, plus de 500 intervenants de partout au pays ont participé aux consultations en ligne ou en personne pendant l'élaboration de ce projet de loi. Plus important encore, des victimes d'actes criminels nous ont fait connaître leur point de vue. De multiples intervenants touchés directement par ce dossier — défenseurs des droits des victimes, fonctionnaires provinciaux et territoriaux, organismes, associations et professionnels intéressés à la justice criminelle, avocats de la Couronne et de la défense, agents d'application de la loi — ont donné leur avis sur cette mesure législative importante. La Charte canadienne des droits des victimes tient compte de leurs commentaires, particulièrement de ceux des fonctionnaires provinciaux et territoriaux qui devront s'acquitter d'une tâche importante, celle de faire respecter la loi.
Les consultations se sont avérées fort instructives et nous ont permis de recueillir énormément de renseignements sur les réformes qu'envisagent le fédéral, les provinces et les territoires. Nous avons aussi examiné les pratiques exemplaires découlant de la législation et des programmes axés sur les victimes qu'appliquent des entités internationales, les provinces et les territoires. Après avoir mené de vastes consultation et consenti de grands efforts de collaboration, nous avons l'assurance d'avoir trouvé le juste équilibre.
Je tiens à préciser que toutes les provinces et tous les territoires ont pris bien soin de nous exprimer leur point de vue, mais que nous nous sommes également inspirés des lois sur les services aux victimes propres à leur réalité provinciale ou territoriale. Les provinces et les territoires disposent tous de lois relatives aux victimes d'actes criminels, des lois comportant parfois des dispositions qui formulent des « droits », comme le droit à l'information, le droit à la prise en compte de la sécurité personnelle et le droit d'être traité avec respect. Le projet de loi fédéral n'empiéterait aucunement sur les lois provinciales ou territoriales actuelles. Au contraire, il leur serait complémentaire et assurerait une certaine cohésion tout en respectant le partage des pouvoirs constitutionnels. Il faut constamment poursuivre nos efforts et veiller à cette cohésion si nous voulons fonder nos initiatives sur ce que les meilleures lois au pays ont à offrir afin que l'expression et l'inclusion des droits des victimes se fassent dans le respect, sans heurts, et que les victimes connaissent un meilleur sort et vivent une meilleure expérience dans le système de justice.
[Français]
Chaque victime mérite une voix plus forte et mérite d'être entendue. C'est pourquoi nous avons inclus une définition large des victimes dans la Charte canadienne des droits des victimes. Tous les individus directement touchés, de manière physique, émotive ou économique, par une infraction seraient considérés des victimes.
Le projet de loi permettrait aussi à des individus d'agir au nom des victimes décédées ou incapables d'exercer leurs droits.
[Traduction]
Je répète que les droits proposés dans le projet de loi s'appliqueront aux victimes qui ont affaire au système pénal canadien. J'estime pertinent de rappeler comment, précisément, le projet de loi définit ce qu'est une victime:
Je cite:
« victime » Particulier qui a subi des dommages — matériels, corporels ou moraux — ou des pertes économiques par suite de la perpétration ou prétendue perpétration d’une infraction.
De toute évidence, on cherche à protéger les citoyens canadiens et les résidents permanents qui sont à l'étranger, mais qui ont été victimisés au Canada et qui pourraient eux aussi faire valoir leurs droits. Les victimes qui se trouvent au Canada, qu'il s'agisse de citoyens canadiens ou de résidents permanents, pourraient également faire valoir leurs droits lorsqu'elles ont été victimisées à l'étranger, du moment que l'enquête relève d'autorités canadiennes ou que les poursuites judiciaires sont intentées au Canada. Un tel libellé élargit l'application des droits et la rend plus inclusive lorsqu'il existe un lien manifeste entre une victime, un crime et le système pénal canadien.
De plus, une fois mis en oeuvre, le projet de loi accorderait certains droits à toutes les étapes du processus de justice pénale, que ce soit au cours de l'enquête et des poursuites judiciaires, du processus correctionnel, du processus de mise en liberté sous condition, ou lors des procédures de la cour et des comités d'examen visant un accusé déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux, ou jugé inapte à subir un procès. Cependant, le projet de loi prévoit aussi que l'application des droits ne peut porter atteinte au pouvoir discrétionnaire de la police ou du poursuivant, et qu'elle doit se faire de manière raisonnable dans les circonstances. Autrement dit, nous n'avons pas dépassé les bornes. Les archives contiennent un rapport parlementaire intitulé Participer sans entraver. Ce titre illustre bien l'intention derrière ce projet de loi.
L'accès à l'information a peut-être été le besoin le plus souvent évoqué par les victimes. Les victimes elles-mêmes, leurs avocats, l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels et les professionnels de la justice pénale, y compris les procureurs de la Couronne et la police, ont souvent dit qu'il faut faire en sorte que les victimes et leurs proches aient accès aux renseignements essentiels.
[Français]
Les victimes d'acte criminel recherchaient de l'information concernant le système pénal en général et leur rôle au sein du système. Elles souhaitaient aussi de l'information plus spécifique à propos de leur cause, ainsi que sur les décisions prises par les professionnels du système pénal au fur et à mesure que le cas chemine dans le système.
[Traduction]
Ce droit à l'information prévoit que la victime puisse obtenir les renseignements essentiels qui la concernent, notamment au sujet des conditions de libération qui touchent l'accusé, ou des renseignements aussi simples que l'heure, la date et l'endroit où seront tenues les procédures judiciaires qui pourraient avoir des conséquences pour la victime. Cela comprendrait également des renseignements sur le système de justice pénale, les programmes de services aux victimes, les résultats d'enquêtes criminelles et de procédures pénales et l'état d'avancement des procédures correctionnelles à l'égard de l'accusé. Pour mettre en place ces droits, on propose de modifier le Code criminel de manière à ce que la victime puisse recevoir une copie des ordonnances de mise en liberté provisoire, de probation ou de sursis, afin que la victime puisse avoir en sa possession copie de ces données.
De plus, le projet de loi propose d'importantes modifications aux dispositions du Code criminel sur les négociations de plaidoyer et c'est, je soupçonne, l'un des éléments les plus controversés. Pour les infractions de meurtres ou de sévices graves à la personne, le tribunal serait tenu de demander au poursuivant si la victime a été informée de l'accord conclu. Pour toute autre infraction passible d'un emprisonnement de plus de cinq ans, la victime pourrait demander d'être informée de la conclusion d'un accord. La modification ne donne pas aux victimes le droit de s'opposer aux accords conclus. Toutefois, compte tenu de la proportion importante d'affaires qui se règlent par un plaidoyer de culpabilité, ce droit d'être informé bénéficierait à un grand nombre de victimes à une étape importante du processus judiciaire. Je dirais qu'il préviendrait tout choc ou traumatisme supplémentaire à une victime si elle était mise au courant avant que ce soit rendu public.
Afin que les victimes aient plus facilement accès à plus d'information sur les programmes et les services offerts, une des modifications proposées dans le projet de loi exigerait aussi que Service correctionnel Canada fournisse aux victimes des renseignements sur les services de médiation autorisée entre victimes et délinquants.
En terminant, afin d'améliorer l'information fournie aux victimes, le gouvernement créerait un site Web unique pour mettre l'information sur la Charte des droits des victimes à la disposition de tous les Canadiens et de toutes les victimes de crime.
La sécurité des victimes, y compris l'amélioration des mesures de protection des victimes, a aussi été souvent mentionnée par les victimes, les groupes qui défendent leurs droits et les professionnels durant les consultations. Le désir de se sentir protégé et à l'abri de toute récrimination et des représailles est un droit qu'il est important de reconnaître. À l'heure actuelle, de nombreuses dispositions dans les lois fédérales permettent de prévenir tout préjudice aux victimes ou d'y réagir, mais la reconnaissance de ce droit reposerait sur un solide fondement et sur la bonne réputation du Canada dans le monde de bien traiter les victimes vulnérables, y compris dans les salles d'audience.
Le droit à la protection signifie que les victimes ont le droit à ce que leur sécurité et leur vie privée soient prises en considération dans leurs interactions avec le système de justice pénale. Les modifications proposées au code élargiraient la disponibilité de dispositifs visant à faciliter leur témoignage, communément appelés des « écrans », ainsi que des caméras de télévision en circuit fermé, qui permettraient aux victimes de témoigner à partir d'une pièce avoisinante. Cette disposition vise également à protéger les victimes contre l'intimidation ou les représailles tout au long des procédures et à ce que la sécurité et la sûreté des victimes soient prises en compte de diverses façons au moment de l'émission d'ordonnances de cautionnement, par exemple, ou lorsque le délinquant est remis en liberté.
Les victimes recevraient une photo du délinquant au moment de la mise en liberté conditionnelle ou à l'expiration de la peine. Selon moi, c'est là un moyen très pratique et humanitaire de donner aux victimes de l'information sur les façons de se comporter ou sur les mesures de protection à prendre. C'est un changement important pour les victimes, un des nombreux changements que nous voulons apporter pour accorder aux victimes le droit à la protection.
[Français]
De nombreux intervenants sont fortement en faveur de ce droit, et les victimes l'ont identifié comme un besoin important durant les consultations. Nous les avons entendus, et les avantages liés à ce droit sont nombreux.
[Traduction]
Afin d'assurer la participation réelle des victimes et de leur donner le sentiment que le système de justice pénale continuera de respecter leurs préoccupations et celles de leurs êtres chers, nous souhaitions souligner, durant les consultations, le fait que la participation réelle est elle aussi enchâssée dans le projet de loi. Il s'agit de reconnaître l'impact de la victimisation sur la vie des victimes et de les aider à comprendre un processus parfois très compliqué, étranger, difficile et stressant. Le droit de participer permettrait aux victimes d'exprimer leurs opinions et ferait en sorte que ces opinions soient prises en compte par les décideurs lorsqu'ils prennent des décisions les concernant. Ce droit serait établi au moyen de mesures visant à clarifier et à élargir la portée des dispositions du Code criminel concernant les déclarations des victimes et les déclarations au nom d'une collectivité. Les victimes d'actes criminels nous ont dit qu'elles aimeraient que ces dispositions soient améliorées.
Par exemple, aux termes du projet de loi, les victimes auraient le droit d'être accompagnées d'un proche lorsqu'elles présentent leur déclaration ou la déclaration au nom d'une collectivité, et elles pourraient apporter un dessin ou une photo de leur être cher en cour lorsqu'elles font leur déclaration. C'est une autre façon humanitaire et généreuse de permettre aux victimes d'être réconfortées. Nous proposons des modifications au Code criminel afin de clarifier qu'un juge devrait tenir compte des éléments des déclarations des victimes nécessaires à la détermination d'une déclaration appropriée.
Lorsque j'ai visité un centre d'appui aux enfants, j'ai vu une pratique dont l'objectif était semblable. On permet aux enfants d'apporter avec eux un animal de compagnie ou une peluche, par exemple, c'est-à-dire quelque chose qui les réconforte, pendant les entrevues avec la police. On constate ici la même volonté de rassurer les individus, les jeunes victimes, dans une situation inévitablement très stressante.
Nous avons aussi prévu dans ce projet de loi un formulaire obligatoire pour aider les victimes à préparer leur déclaration. Ces amendements veilleraient à ce que la voix des victimes soit vraiment entendue au cours du processus.
Le projet de loi propose aussi d'importantes modifications aux objectifs et aux principes de la détermination de la peine afin qu'on tienne davantage compte du point de vue des victimes au cours du processus. Premièrement, le projet de loi propose de renforcer la dénonciation, un objectif de détermination de la peine prévu à l'alinéa 718a) du Code criminel. Il est précisé dans le projet de loi que ce n'est pas seulement la conduite criminelle qui est dénoncée, mais aussi le tort causé par cette conduite à la victime et aux collectivités, ce qui est, à mon avis, la réalité.
Deuxièmement, le projet de loi propose de favoriser la retenue, un principe de détermination de la peine prévu à l'alinéa 718.2e) du Code criminel, qui exige que le tribunal envisage des solutions de rechange à l'emprisonnement lorsque cela est raisonnable.
L'ajout d'une disposition exigeant que le tribunal tienne compte du tort causé aux victimes et à la collectivité contribuera à établir un juste équilibre entre les droits des délinquants et les droits des personnes qui ont été victimes du comportement de ces délinquants. De plus, cela harmonisera les principes de détermination de la peine avec les changements semblables aux objectifs de détermination de la peine prévus à l'alinéa 718a).
Afin d'aider les victimes et de leur permettre de choisir comment elles aimeraient participer au processus correctionnel et de mise en liberté sous condition, des modifications à la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition ont été proposées. Ces modifications permettraient aux victimes enregistrées de désigner un représentant qui recevrait des renseignements en leur nom ou de renoncer à leur droit d'avoir accès à ces renseignements. Nous savons que, dans certains cas, les victimes ne veulent plus entendre parler de ce qui leur est arrivé. À mon avis, le projet de loi aurait un autre avantage indirect, car il offrirait aux victimes davantage de choix et elles auraient davantage d'emprise sur leur vie pendant une période très stressante.
Nous avons écouté très attentivement le point de vue des personnes qui travaillent dans le système de justice, y compris, comme je l'ai mentionné, celui des provinces et des territoires, et nous réagissions à certaines critiques qui ont été formulées en ce qui concerne le projet de loi. Par exemple, certains ont dit que le projet de loi ne propose pas de faire participer les victimes au procès criminel et ne leur donne pas droit à l'aide juridique. À notre avis, ces deux aspects créeraient des complications supplémentaires et ils pourraient retarder le processus, ce qui va complètement à l'encontre de l'objectif que nous cherchons à atteindre. Nous gardons bel et bien à l'esprit qu'il peut y avoir des retards ou des complications supplémentaires lors de l'étude de ce projet de loi.
C'est d'ailleurs l'une des principales plaintes formulées par de nombreuses personnes qui font partie du système: le temps requis pour que ces causes soient entendues par les tribunaux fait en sorte que les victimes revivent maintes fois leur tourment. Par conséquent, nous avons surtout cherché à inclure des mesures visant à réduire les retards associés aux procédures criminelles, sans contribuer davantage aux retards qui, nous le savons, sont parfois endémiques dans le système judiciaire au Canada.
[Français]
Le droit de participation proposé dans ce projet de loi cherche à renforcer les mesures existantes et efficaces. Ces mesures promettent aux victimes de participer activement au système final et de contribuer efficacement aux processus décisionnels des services policiers, des procureurs de la Couronne et des juges.
[Traduction]
Les victimes d'actes criminels ont exprimé de sérieuses préoccupations à l'égard du fardeau financier qu'elles doivent assumer et qui leur cause souvent de graves problèmes. Bon nombre d'entre elles ont indiqué qu'après avoir été victimes d'un acte criminel, elles étaient incapables de travailler, mais devaient tout de même débourser d'importantes sommes pour pouvoir continuer d'assister aux procédures criminelles ou pour suivre une thérapie. En 2008, une étude du ministère de la Justice a évalué que les coûts sociaux et économiques tangibles et intangibles associés aux infractions au Code criminel au Canada se chiffraient à près de 100 milliards de dollars par année et qu'environ 83 % de ces coûts étaient assumés par les victimes elles-mêmes.
Il a été question de la diminution du taux de criminalité au Canada. En fait, plus de deux millions de crimes sont signalés chaque année, et malheureusement, ce qui est le plus scandaleux, c'est que les infractions sexuelles contre les enfants, les personnes les plus vulnérables de la société, ont augmenté de 4 %.
[Français]
Ce projet de loi contribuera à alléger le fardeau financier de crimes pour les victimes et leur permettra d'obtenir une ordonnance de dédommagement qui obligera les délinquants à payer les victimes pour les coûts liés à l'infraction.
[Traduction]
Plus précisément, le projet de loi propose de modifier le Code criminel pour exiger que le tribunal envisage systématiquement la possibilité de rendre une ordonnance de dédommagement pour toutes les infractions, préciser que la capacité de payer d'un délinquant ne joue pas un rôle déterminant dans la décision de rendre une ordonnance de restitution et créer, par souci d'exactitude, un formulaire qui permettra aux victimes d'établir les pertes subies et de présenter une demande. En outre, les modifications proposées préciseraient qu'advenant un défaut de paiement, les victimes pourraient demander à un tribunal civil d'exécuter l'ordonnance.
Les victimes recevraient de l'aide pour l'exécution des ordonnances de dédommagement de plusieurs programmes. Par exemple, une trousse d'outils électroniques destinée aux victimes leur permettrait de se renseigner plus facilement et plus abondamment sur le dédommagement. De plus, les provinces et les territoires bénéficieraient d'une aide financière pour créer leur propre programme de dédommagement afin d'aider les victimes à faire appliquer ces ordonnances. Cette approche favoriserait la sensibilisation et l'exécution d'ordonnance de dédommagement, et fournirait aux victimes de l'information et du soutien financier. Nous savons aussi que dans la majorité des cas, les provinces et les territoires ont un programme d'option-amende qui permettra aux délinquants d'offrir une forme de dédommagement à la société en général en faisant des travaux communautaires.
Pour que les intervenants du système de justice pénale donnent tout leur sens aux droits des victimes, le gouvernement propose que le projet de loi ait un statut quasi constitutionnel. Ainsi, le projet de loi sur la Charte des droits des victimes aurait préséance sur les autres lois fédérales, à l'exception de la Loi constitutionnelle, qui comprend la Charte des droits ainsi que d'autres lois quasi constitutionnelles dans le cadre de notre système juridique, comme la Loi sur les langues officielles, la Loi sur la protection des renseignements personnels et, bien entendu, la Loi canadienne sur les droits de la personne.
[Français]
Ces autres lois quasi-constitutionnelles seront au même niveau que la Charte canadienne des droits des victimes. Par exemple, les tribunaux devront interpréter la Loi sur les langues officielles de manière compatible avec la Loi canadienne sur les droits de la personne.
S'il y a un conflit entre ces deux lois quasi-constitutionnelles, les tribunaux considéreraient les droits inclus dans ces deux lois.
[Traduction]
Lors des consultations, on nous a parlé de la nécessité de donner au projet de loi un caractère exécutoire. Nous avons pris certaines dispositions en ce sens qui reposeront sur la collaboration avec les protecteurs du citoyen des provinces et l'utilisation des recours judiciaires discrétionnaires déjà en place.
L'immunité du conjoint ainsi que d'autres aspects du projet de loi recevront toute l'attention voulue. À mon avis, les députés auront amplement l'occasion de discuter du projet de loi plus en profondeur au cours de son étude à la Chambre. J'ai hâte d'entendre le point de vue des députés dans le cadre du débat.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever à la Chambre pour parler du projet de loi .
À priori, je serais portée à dire qu'il était temps, étant donné qu'on en parle depuis un bon moment. Je sais que le aime bien dire qu'on a décidé de caractériser. Ce n'est pas une question de caractériser. Je fais simplement des constats factuels que tous les gens qui se préoccupent de la question des droits des victimes ont pu faire au Canada.
On fait face à un gouvernement conservateur qui nous en parle déjà depuis longtemps et qui a fait des promesses sérieuses à cet effet. Ceux qui siègent comme moi au Comité permanent de la justice et des droits de la personne ont pu entendre diverses victimes dans le cadre de différents débats tenus sur la question, et reliés à différents projets de loi en matière de loi et ordre.
On a parfois pu entendre des histoires très tristes et de nature délicate. On pouvait voir se dessiner les besoins en matière des droits des victimes ou les besoins que les victimes avaient dans certaines circonstances.
Le gouvernement conservateur a fait des promesses depuis un certain nombre d'années concernant cette Charte des droits des victimes. Il l'a souvent fait miroiter. Il a aussi su jouer le jeu des conférences de presse multiples à cet égard. On y répétait qu'on y était favorable.
Ce n'est pas de la caractérisation qu'on fait du côté de l'opposition officielle; c'est simplement des constats factuels.
S'il y a une chose dont j'ai horreur, c'est le fait d'utiliser à des fins politiques des gens déjà fragiles. Je ne prête des intentions à personne, cependant ces gens ont de grands besoins. Ils ont des besoins précis. Ça fait longtemps qu'ils les ont verbalisés. L'ombudsman des victimes d'actes criminels, j'en conviens, avait déjà émis des recommandations.
J'ai finalement reçu le projet de loi la semaine dernière. Je vais faire une petite parenthèse concernant la démarche. Le projet de loi C-32 a été déposé jeudi; on se retrouve à la Chambre, mercredi, pour commencer le débat en deuxième lecture. Ça n'a même pas pris 24 heures, pour que le gouvernement conservateur, sous la plume du , fasse un envoi pratiquement collectif à tous ceux qui étaient des partisans conservateurs. J'ai de bons contacts qui ont pu me montrer qu'on utilisait déjà la Charte des droits des victimes comme source d'intérêt et d'appui au Parti conservateur.
Quelque part, ça me chicote toujours de voir qu'on utilise un sujet aussi sérieux qu'une Charte des droits des victimes pour essayer de se faire un peu de capital politique. Je sais qu'on est dans la business de la politique, mais il me semble qu'il y a des sujets qui s'y prêtent moins.
Cela étant dit, j'ai quand même prêté une attention très précise et particulière au projet de loi de façon à en faire une bonne étude, parce que comme on fait toujours au Nouveau parti démocratique, on donne toujours la chance aux coureurs. On examine le projet de loi et on en discute en caucus. J'ai eu le plaisir de jaser du projet de loi C-32 avec mes collègues, ce midi. Je leur ai dit, et je ne suis pas gênée de le dire publiquement, que j'ai été comme un peu dégonflée. Quand j'ai lu le projet de loi, il m'a semblé que ça ne rejoignait pas les besoins évoqués par des victimes.
Ce sont de bons énoncés. On espère qu'il se passera certaines choses devant les tribunaux, mais ce n'est pas nécessairement la garantie ou la panacée que les victimes y voyaient. On avait mis la barre tellement haute du coté du gouvernement, on avait tellement élevé les attentes des victimes que, quelque part, elles éprouveront certainement de la déception.
On accorde des points au gouvernement pour vouloir créer une charte des droits des victimes. Il n'y a personne à la Chambre qui sera contre ça. Je défie quiconque de dire qu'on serait contre les victimes. Le fait de soulever des faits et de vouloir améliorer le processus ou le projet de loi ne fait pas de nous des anti-victimes. Au contraire, on veut tenter de bonifier ce projet de loi pour réellement répondre aux attentes des victimes qui ont pu s'exprimer sur la question.
Les victimes pourraient-elles être déçues par rapport à certaines attentes? N'en déplaise au ministre, toutes celles qui s'attendaient à ce que le système judiciaire change peut-être sur le plan de l'accessibilité à la justice, parce qu'il n'y a pas grand-chose qui touche à ça dans le projet de loi.
On donne certains droits aux victimes en ce qui concerne la possibilité d'être informées et de pouvoir émettre certains commentaires et autres. Cependant, et toujours dans le respect de la façon dont se déroulent les procès, ce ne sera pas nécessairement la garantie qu'elles espéraient. Ce n'est pas forcément une erreur du côté gouvernemental. L'erreur a plutôt été de laisser croire aux victimes qu'elles pourraient avoir ce droit. En effet, la déception sera encore plus grande à cet égard. Je plains la première victime qui dira qu'elle a une Charte des droits des victimes et qu'elle se présente pour exiger telle et telle chose. Beaucoup de cours de justice diront que ce n'est pas comme ça que ça va se passer.
Je le dis tout de suite, le Nouveau Parti démocratique va appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. J'espère qu'on aura le temps de le lire et de l'étudier en profondeur en comité.
Il y a moyen, à tout le moins, de s'assurer que les victimes comprennent bien les limites ou la portée de cette charte pour ne pas qu'elles aient encore plus de fausses attentes qu'elles n'en ont possiblement. Effectivement, si elles ne se fient qu'aux titres qu'on voit dans certains quotidiens, elles pensent certainement qu'elles ont acquis des droits qu'elles n'ont absolument pas.
Il y a un autre problème majeur avec la charte. Il y a plusieurs limites. Encore une fois n'en déplaise au ministre, les conservateurs ont inséré une section sur les plaintes. En caucus, je faisais une analogie avec le système de plaintes qui existe dans le réseau de la santé à l'échelle provinciale. Par exemple, une personne qui se rend à l'hôpital et qui est mécontente du service reçu, peut rédiger une plainte et il n'y a aucun effet contraignant pour qui que ce soit. La charte précise même clairement que nonobstant le contexte d'une plainte, cela ne peut pas donner de droit judiciaire à la personne qui exerce son droit de plainte. Ce n'est donc pas un recours judiciaire qui permet à quiconque de dire que si on n'écoute pas les victimes, on risque d'être pénalisés.
C'est la même chose avec la restitution. Le ministre en parlait tout à l'heure. Ce n'est pas la première fois qu'on l'entend, mais il nous a fait grand cas du fait que les coûts afférents à tout ce qui s'appelle « crime » se chiffrent autour des 100 milliards de dollars et que les victimes assument elles-mêmes 83 % de ces coûts. Il n'y a rien dans ce projet de loi, rien dans le budget, rien nulle part qui vient aider les victimes là où elles en ont besoin.
Au comité, une mère nous a parlé à la suite du meurtre de sa fille qui se trouvait dans une autre province. Bien évidemment, comme mère de quelqu'un qui a été tué, elle voulait assister au procès. Elle a été obligée de payer ses déplacements pour aller au palais de justice. On sait à quelle vitesse avance ce genre de procès. Cela lui a coûté des centaines de milliers de dollars. Est-ce que je peux lui dire que maintenant, grâce à la Charte des droits des victimes, elle pourra être compensée? Il n'y a pas nécessairement un espoir pour elle.
C'est certain que du côté des banquettes conservatrices, on va nous dire qu'en ce qui concerne les victimes, certaines choses sont de juridiction provinciale. Cependant, il y aurait pu y avoir une entente nationale d'envoi de certains montants dans les provinces pour qu'elles puissent compenser les victimes à hauteur de ce qui est nécessaire. Combien de programmes ont été annulés pour le dédommagement des victimes d'actes criminels? Combien de programmes n'ont pas nécessairement un budget plus élevé? On se fait constamment remettre dans le visage le montant qu'on a investit, soit 120 millions de dollars. Or juste le fait de dire 120 millions de dollars dans la même phrase que les 100 milliards de dollars du ministre, cela démontre déjà les limites de tout cela.
Concernant l'ordonnance de restitution, je vais donner un exemple pour les victimes qui nous écoutent et qui se disent qu'elles auront le droit d'être dédommagées à la suite d'un procès criminel. Tout d'abord, le juge aura la discrétion d'établir si ça se prête bien au dossier en question. Pense-t-on sincèrement du côté du gouvernement que tout accusé devant le système judiciaire a nécessairement les moyens de rembourser certains montants?
Il faut être réaliste, dans la vie. Dans certains dossiers, il arrive que mon client ait un bon droit d'action, mais que la personne à poursuivre n'ait pas un sous. Alors, on peut obtenir le jugement qu'on voudra, mais on ne sera pas capable de l'exécuter.
En ce qui concerne l'accélération du processus, dans un cas où la cour conclut qu'il convient, dans les circonstances, d'ordonner le versement par l'accusé qui aura été reconnu coupable d'un montant précis donné, même si c'est une bonne chose, cela n'est pas nécessairement un automatisme. Alors, il ne faut pas élever les attentes des gens. Sinon, ils vont penser qu'ils sont débarrassés du recours civil. Il n'est pas dit que cela va être une ordonnance de la cour. Toutefois, s'il y a ordonnance, la personne peut la faire exécuter devant le tribunal provincial qui se prête à la situation au niveau civil.
Cela me plaît, car j'ai toujours trouvé cela aberrant que les victimes soient obligées de témoigner devant plusieurs tribunaux criminels avec un recours civil en parallèle, ce qui est souvent à recommencer. En effet, le procès civil doit souvent attendre que le procès criminel soit terminé, et ainsi de suite. Cela ne fait que ralentir tout le processus.
Pour les victimes qui nous écoutent, je répète qu'elles ne doivent pas avoir d'attentes trop élevées. Ce n'est pas une assurance qu'elles auront automatiquement des droits aussi précis que ceux que le ministre décrit.
Nous nous interrogeons sur certaines dispositions de la loi. Il faudra voir de quoi il retourne. J'étais un peu surprise de voir la suppression de l'exception à la Loi sur la preuve au Canada, concernant les témoignages entre conjoints. Je ne suis pas contre, mais je m'interroge par rapport au fait qu'on se serve d'une charte des victimes pour insérer cette modification à la Loi sur la preuve au Canada. Cela restera à voir. Je ne sais pas pourquoi ils mettent cela là tout d'un coup. Cela aurait pu se faire autrement, mais on verra bien.
Par ailleurs, il y a une question qui dérange certains juristes, et cela était l'objet de la question que j'ai posée au ministre, à laquelle je n'ai pas eu de réponse. Je lui avais demandé s'il avait le sceau de compatibilité de sa Charte canadienne des droits des victimes avec la Charte canadienne des droits et libertés, qui a préséance sur cette charte et la Constitution.
Il s'agissait notamment de savoir si on avait éprouvé le témoignage sous des pseudonymes. Dans certains procès, cela est fait pour des raisons de sécurité, et je crois que tout le monde comprend cela. D'ailleurs, plusieurs de ces dispositions existaient déjà dans les faits. Ce n'était peut-être pas codifié comme ce l'est maintenant dans la charte, mais cela existait déjà en vertu des principes établis par la Déclaration des droits des victimes, dont le gouvernement fédéral était signataire dès 2003.
On permet déjà aux gens de témoigner derrière un paravent pour différentes raisons très précises. Ainsi, le procureur de la défense et l'accusé ont quand même le droit de voir, tant qu'il n'y a aucun contact entre les personnes. La cour bénéficie d'une certaine latitude à cet égard.
Comme je l'ai dit dans les différents panels que j'ai eu à faire après le dépôt de la charte, je suis fort aise que le gouvernement, pour une fois, n'ait pas tenté de faire ce qu'il fait allégrement dans le cadre de plusieurs autres projets de loi, c'est-à-dire d'enlever le pouvoir discrétionnaire aux tribunaux d'évaluer chaque cas, car chaque cas est réellement un cas d'espèce. On doit s'assurer de parvenir aux fins de l'exercice sans retirer le concept de base du droit criminel, soit la présomption d'innocence.
D'ailleurs, dans un article du National Post, Christie Blatchford, qui n'est certainement pas une grande amie du NPD, faisait une critique assez virulente de la nouvelle Charte canadienne des droits des victimes.
Je ne veux pas la citer incorrectement, voici donc le titre de son article: « Victims need help? You must be kidding ».
Autrement dit, c'est comme si l'on disait une vérité de La Palice. C'est bien certain, mais en même temps, si on lit son article, on constate que beaucoup de ces droits existent déjà.
Bien souvent, dans les palais de justice, on voit des procureurs de la Couronne qui prennent le temps d'expliquer aux victimes ce qui s'en vient et ce qu'elles devront surmonter. Il est vrai que ce n'est pas fait de façon uniforme partout. Il est toutefois aussi vrai qu'un problème majeur de ressources existe dans les palais de justice considérant le nombre de procureurs de la Couronne et le nombre de juges.
Ce sont des problèmes criants auxquels ce gouvernement devra s'attaquer s'il veut que tout son programme de loi et d'ordre ne lui explose pas au visage. Il faudra, à un moment donné, qu'il soit conséquent et qu'il fournisse des ressources. En anglais, on dirait « put your money where your mouth is ».
Il manque toujours cet aspect dans les projets gouvernementaux, lesquels contiennent des principes écrits. Toutefois, la suite ne vient jamais pour permettre aux victimes d'accéder à ces ressources nécessaires dans les palais de justice.
Il est vrai que certains le font. Cependant, un des problèmes majeurs auxquels les victimes font face, c'est la lenteur du système judiciaire. Aussi longtemps qu'on ne sera pas capable de régler ce problème, on pourra mettre tous les principes que l'on voudra sur papier, on ne réglera jamais rien. Il s'agit de régler le problème d'accès à la justice pour qu'il se fasse avec rapidité. Il faut s'assurer que le délai des procès soit raisonnable pour l'accusé et pour tous ceux qui sont impliqués dans le dossier.
Ceux qui ont pratiqué un peu en droit criminel se rappellent que la victime est souvent assise dans le corridor à la cour et qu'elle attend, stressée, car participer à un tel processus est un stress énorme.
Le ministre a raison de dire que toutes les victimes ne voudront pas utiliser ce genre de service, mais celles qui iront à la cour comme témoins, comme victimes ou tout simplement pour s'assurer que tout se déroule correctement et pour suivre le dossier pas à pas, voudront voir une justice s'établir dans un délai raisonnable.
Lorsque le ministre sera présent au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, on voudra l'interroger sur des questions d'ordre budgétaire, afin de savoir ce qui est alloué pour appuyer concrètement ce projet de loi sur la Charte canadienne des droits des victimes.
En effet, les victimes ont besoin d'aide psychologique en vue de leur réhabilitation. Je ne parle pas de la réhabilitation de l'accusé reconnu coupable, mais bien de celle de la victime. Elle doit cesser un jour d'être victime et aller de l'avant. Il faut qu'on puisse lui donner cet élan. D'ailleurs, je pense que cette responsabilité nous appartient à tous.
Le ministre peut se lever et dire qu'on peut réparer cela en se servant de l'accusé reconnu coupable. Je veux bien, mais encore faut-il qu'il en ait les moyens. Or ce n'est pas toujours le cas.
Dans ce contexte, doit-on tout simplement abandonner les victimes? Devrait-on plutôt, collectivement, comme société, reconnaître qu'il nous appartient de le faire, même si ce gouvernement n'aime beaucoup traiter cette affaire?
C'est notre devoir collectif d'aider les victimes à surmonter les difficultés, et non seulement pour ce qui est du procès et des différentes étapes au criminel, mais aussi pour ce qui est de leur vie personnelle pour qu'elles ne fassent plus partie de ces gens qui auront assumé 83 % de 100 milliards de dollars.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à ce débat au sujet du projet de loi , Loi sur la Charte des droits des victimes, qui énonce plusieurs droits importants pour les victimes d'actes criminels, plus particulièrement le droit d'obtenir des renseignements, le droit de participation, le droit d'être protégé et le droit au dédommagement.
Pour les victimes et leur famille, naviguer dans le système judiciaire — des services de police, au procès, à l'incarcération et jusqu'à la libération conditionnelle — peut être une épreuve très difficile, parfois effrayante et souvent coûteuse. Les victimes ont peut-être subi un important traumatisme émotionnel ou physique, ou une perte matérielle et, dans le pire des scénarios, elles ont perdu des êtres chers.
Voilà pourquoi il est primordial que notre système de justice, ainsi que les ministères et agences associés, traitent les victimes avec respect et sensibilité, écoutent leurs préoccupations et allègent leur fardeau. Le projet de loi dont nous sommes saisis semble être, dans l'ensemble, un autre pas dans la bonne direction et je félicite le ministre de cette initiative.
Certaines dispositions de la mesure législative proposée me préoccupent, et je vais en parler sous peu — car le ministre a lui-même ouvert la porte aux critiques sur le fond du projet de loi —, mais j'espère que nous pourrons examiner ces aspects législatifs et, au besoin, les amender et les peaufiner au comité.
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi est un autre pas dans la bonne direction, car il fait fond sur des efforts passés déployés par l'ensemble des députés, ainsi que sur les initiatives des provinces visant à améliorer le traitement des victimes d'actes criminels dans notre système judiciaire, comme l'a mentionné le ministre.
À preuve, le préambule du projet de loi fait référence à l'Énoncé canadien des principes fondamentaux de justice pour les victimes d'actes criminels adopté en 1988 par les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de la Justice, sous un gouvernement progressiste-conservateur, et mis à jour et entériné à nouveau sous un gouvernement libéral en 2003.
Peu après, j'ai été fier, en tant que ministre de la Justice, de présenter le tout premier projet de loi du gouvernement Martin visant à mieux protéger les enfants et d'autres Canadiens vulnérables contre l'exploitation et les mauvais traitements. Plus particulièrement, cette mesure législative visait à faciliter les témoignages d'enfants victimes et d'autres témoins vulnérables en prévoyant l'utilisation plus généralisée de moyens destinés à faciliter les témoignages et de personnes de confiance — le ministre y a fait référence aujourd'hui dans ses observations. En fait, la mesure législative dont nous sommes saisis fait fond sur nombre des dispositions qui avaient été adoptées ou améliorées à l'époque.
J'ai également eu le plaisir de présenter la toute première mesure législative du Canada ciblant la traite des personnes — le commerce mondial d'esclaves des temps modernes avec ses victimes affectées de multiples façons. C'est tout à l'honneur de cette Chambre que tous les partis luttent, de façon concertée, contre la traite et l'exploitation des personnes. En effet, le projet de loi que j'avais présenté à l'époque avait été adopté à l'unanimité et, au cours des dernières années, j'ai appuyé avec plaisir les efforts déployés par la députée de et la députée d', fondés sur le projet de loi initial.
Les partis se sont également tous ralliés en 2005 pour appuyer un projet de loi visant à améliorer la banque nationale de données génétiques en autorisant les juges à ordonner le prélèvement d'échantillons de substances corporelles auprès des personnes reconnues coupables de certains actes criminels graves, notamment la pornographie juvénile et les infractions liées à la prostitution de mineurs. La banque nationale de données génétiques en soi a été créée par le gouvernement libéral en 2000 et a fait ses preuves comme précieux outil dans la lutte contre la criminalité, puisqu'elle a aidé à protéger les Canadiens vulnérables et à traduire en justice ceux qui leur veulent du mal.
En ce qui a trait au rôle des victimes dans le processus judiciaire, en tant que ministre de la Justice, je m'étais joint à l'honorable Anne McLellan, alors ministre de la Sécurité publique, pour établir un Bureau national pour les victimes d'actes criminels afin de coordonner les initiatives fédérales d'aide aux victimes d'actes criminels et de faire en sorte que l'opinion des victimes soit prise en considération dans l'élaboration des politiques et des lois, un principe et un processus que vient améliorer le présent projet de loi sur la Charte des droits des victimes. Nous avons également créé un fonds pour aider à payer les frais de déplacement et d'hébergement des victimes qui assistent aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles.
De plus, et toujours avec l'appui de députés des deux côtés de la Chambre, nous avons adopté d'importantes mesures législatives en vue d'améliorer le traitement des victimes dans les cas où l'accusé est reconnu non criminellement responsable. Ces mesures visent notamment à protéger l'identité et les renseignements personnels des victimes, à permettre la présentation orale des déclarations des victimes et à permettre l'ajournement des audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles lorsque les victimes ont besoin de plus de temps pour se préparer.
Par conséquent, comme je l'ai dit, je suis fier non seulement des réalisations de mon parti en matière de prévention de la criminalité et de défense des droits des victimes d'actes criminels — et je pense également ici aux initiatives de justice réparatrice — mais aussi des nombreuses occasions où les députés de tous les partis se sont concertés par le passé, dans un esprit de collaboration et de bonne foi, pour faire progresser ces importants objectifs et idéaux.
Je constate avec regret qu'on se sert parfois de la sécurité publique et des droits des victimes pour faire du capital politique en tentant de dépeindre les détracteurs d'un projet de loi qui en questionnent la constitutionnalité comme étant laxistes en matière de criminalité ou insouciants à l'égard des victimes. Pourtant, les victimes sont mieux servies lorsque nous, parlementaires, considérons leurs intérêts avant les nôtres.
Bon nombre des projets de loi antérieurs dont j'ai parlé ont été soumis à un examen approfondi au comité et ont fait l'objet d'amendements, ce qui est révélateur non pas de la faiblesse des mesures législatives mais bien de la force du processus parlementaire. J'espère que le débat et l'étude entourant le projet de loi seront aussi ouverts et rigoureux, comme le ministre semble le souhaiter.
Dans cette optique, je passe maintenant à la mesure législative elle-même et à certains de ses aspects qui méritent un examen plus approfondi.
D'abord, le projet de loi établirait un certain nombre de droits pour les victimes dans les catégories suivantes: information, protection, participation et dédommagement. Comme je l'ai dit, j'appuie sans réserve l'idée d'accorder ces droits importants aux victimes d'actes criminels. Les victimes doivent être informées clairement de leurs droits et des ressources qui sont à leur disposition et elles doivent, si elles le désirent, être tenues au courant de toutes les étapes du processus judiciaire, de la phase de l'enquête jusqu'à l'éventuelle libération finale du délinquant.
De plus, la sécurité des victimes doit être un facteur prépondérant, notamment en ce qui concerne la protection de leur droit à la vie privée et la protection contre l'intimidation et les représailles. Les victimes elles-mêmes doivent être en mesure de partager leur point de vue avec les autorités compétentes au sein du système de justice et de jouer, dans la mesure du possible, un rôle significatif tout au long du processus judiciaire. Enfin, les victimes devraient être en mesure d'obtenir un dédommagement le cas échéant.
Ces droits importants font partie de la mesure législative, et je suis heureux de leur accorder mon appui ainsi que celui de mon parti.
Si ces dispositions du projet de loi me préoccupent — je rappelle ici que le ministre nous a invités à critiquer le fond de la mesure — c'est principalement parce que je me demande dans quelle mesure il sera possible de faire respecter ces droits. C'est une chose de proclamer que les victimes d'actes criminels bénéficieront de toute une gamme de droits. Une telle déclaration a son importance, j'en conviens. Mais c'est tout autre chose de prévoir des façons concrètes de tenir ces promesses, ce qui suppose d'allouer des ressources humaines et financières suffisantes et de mettre en place une structure de recours efficace.
À titre d'exemple, il y a 14 ans, quand un sous-comité de la Chambre des communes a étudié les droits des victimes, il a constaté que les victimes avaient parfois du mal à savoir qui joindre, dans une agence gouvernementale, pour obtenir les renseignements auxquels elles avaient droit, et que diverses sources provenant d'une même agence leur donnaient parfois des renseignements contradictoires.
Si je le mentionne, ce n'est pas pour jeter le blâme sur les employés qui travaillent au Service correctionnel, à la Commission nationale des libérations conditionnelles ou dans d'autres agences du système judiciaire, mais pour signaler que les ressources du système sont déjà surmenées. Dans ce contexte, oui, il est important de dire qu'une victime a le droit d'être informée, protégée, dédommagée et de jouer un rôle dans le processus, et il ne faudrait pas sous-estimer l'importance d'une telle déclaration. Mais faire des promesses et voir à ce qu'elles se concrétisent réellement, ce sont deux choses différentes.
Par ailleurs, pour que les droits prennent tout leur sens, les gens doivent disposer d'un recours approprié quand leurs droits ne sont pas respectés. Soulignons qu'en matière de recours, le projet de loi se borne à dire que les ministères et agences fédéraux devront établir des mécanismes internes qui leur permettront de recevoir et de traiter les plaintes et de recommander des mesures correctives. On ne dit pas clairement si on prévoira des ressources supplémentaires afin d'assurer l'efficacité du mécanisme de traitement des plaintes. On ne dit pas clairement, non plus, quels recours seront offerts aux victimes qui suivent ce processus et sont insatisfaites du résultat. L'absence possible de recours risque d'intensifier la frustration des victimes, au lieu de la réduire.
Bref, après avoir fait des promesses aux victimes d'actes criminels, le gouvernement a la responsabilité de tenir ses promesses. Nous avons pu entendre le ministre aujourd'hui. J'espère que le gouvernement nous parlera davantage des méthodes concrètes qu'il emploiera pour respecter ses engagements.
J'aimerais maintenant passer aux dispositions du projet de loi qui visent à modifier le Code criminel. Ces modifications visent entre autres à protéger la vie privée et la sécurité des victimes et des témoins, à préciser certains renseignements auxquels les victimes auront droit, et à renforcer le rôle des victimes pendant le processus pénal. J'appuie tous ces objectifs, comme je l'ai mentionné plus tôt.
Cependant, cette section du projet de loi contient plusieurs dispositions qui méritent un examen exhaustif en comité, afin d'en comprendre pleinement et exactement les conséquences. D'entrée de jeu, le projet de loi propose d'insérer une définition assez large du terme « victime » dans le Code criminel. Le ministre a mentionné cette définition dans son allocution.
Dans certaines circonstances, la nouvelle définition irait jusqu'à inclure un particulier qui, et je cite:
[...] a subi des dommages — matériels, corporels ou moraux — ou des pertes économiques par suite de la perpétration ou prétendue perpétration d’une infraction.
Je comprends qu'on souhaite que le plus grand nombre de Canadiens possible bénéficient de la protection et des droits prévus dans le projet de loi , mais il reste que, à un moment donné, une définition trop vaste devient inapplicable. Par exemple, si, comme le prévoit ce projet de loi, quiconque ayant subi des dommages moraux par suite d'une infraction commise contre une autre personne est en droit d'intervenir durant le processus de détermination de la peine, ou devant une commission d'examen, ne risque-t-on pas de surcharger le système et de ralentir les procédures, au point de nuire aux victimes mêmes? Nous devrions, à tout le moins, poser la question aux experts qui comparaîtront devant le comité et leur demander des précisions.
Un autre élément du projet de loi qui devrait être étudié de près est celui qui facilitera l'obtention d'une ordonnance d'interdiction de publication concernant les procédures judiciaires.
Il ne fait nul doute que la sécurité et la vie privée des victimes et des témoins sont d'une importance capitale. Cependant, il faut des ressources pour traiter les demandes d'ordonnance de non-publication et pour les faire appliquer. Il est loin d'être évident que notre système judiciaire soit actuellement en mesure de composer avec un tel changement.
Soyons clairs: je ne soutiens pas que ce changement est en soi problématique. Je dis seulement que nous devons en examiner les répercussions ainsi que les conséquences financières, et nous assurer que le gouvernement est prêt à y consacrer les ressources nécessaires.
Le projet de loi envisage également d'abolir le privilège du conjoint, de sorte qu'il sera possible d'obliger une personne à témoigner contre son conjoint ou sa conjointe. Comme le ministre l'a dit lui-même dans son allocution, ce privilège a fait l'objet de maintes exceptions au Canada au fil des ans. Il s'agit néanmoins d'un principe juridique depuis longtemps établi et il importe d'en comprendre le fonctionnement et l'utilisation afin d'évaluer les conséquences de son abolition, qu'elles soient positives ou négatives. Là aussi, il serait judicieux d'en débattre en comité.
La disposition prévoyant le dédommagement des victimes par les délinquants pourrait également être source de préoccupations. Le projet de loi prévoit entre autres que les tribunaux pourraient rendre une ordonnance de dédommagement sans égard aux moyens financiers du délinquant. Voilà qui est particulièrement problématique si le délinquant est pauvre et n'a accès à aucun programme de travail en prison, sans compter le fait qu'il est peu probable, en pareil cas, que la victime reçoive le dédommagement ordonné par le tribunal.
Cette disposition nous rappelle la malheureuse approche du gouvernement en ce qui concerne la suramende compensatoire, qui exige que les délinquants versent des centaines de dollars au moment du prononcé de la peine, sans égard au fait que certains délinquants n'ont tout simplement pas d'argent. Depuis l'entrée en vigueur de la suramende compensatoire, les juges de toutes les régions du pays ont dû trouver des moyens pour contourner le problème, notamment en permettant aux délinquants d'étaler le paiement de la suramende sur plusieurs années.
Le projet de loi apporterait une modification importante à la disposition sur la suramende; il exigerait qu'elle soit payée dans un délai fixé par la province ou dans un délai raisonnable après son imposition. Cependant, le caractère raisonnable d'un délai peut dépendre énormément de la capacité de payer du délinquant. Je songe ici à certains cas réels survenus ces derniers mois. Par exemple, on ne sait pas exactement ce que serait un délai raisonnable pour exiger le paiement de centaines de dollars par un adolescent itinérant d'Ottawa ou un réfugié toxicomane de la Sierra Leone.
Le libellé de la disposition entraînerait vraisemblablement de nouvelles poursuites judiciaires, ce qui amènerait les contribuables à payer beaucoup plus que le montant de la suramende compensatoire.
Un autre aspect du projet de loi qu'il faudrait étudier de près concerne les importantes modifications apportées aux principes de la détermination de la peine, dont a parlé le ministre dans son discours. Par exemple, le projet de loi ajouterait la protection de la société au nombre des objectifs fondamentaux de la détermination de la peine prévus dans le Code criminel. Or, les principes actuels de détermination de la peine comprennent déjà le « maintien d'une société juste, paisible et sûre ». J'ai donc du mal à comprendre ce que le gouvernement espère accomplir avec cette disposition apparemment redondante.
J'espère que le Comité de la justice invitera des experts en droit criminel à parler des conséquences possibles de ce changement.
Le projet de loi ajoute également la reconnaissance du tort causé aux victimes au nombre des objectifs de la détermination de la peine. Cet ajout, qui soulève des questions similaires, amène notamment à se demander comment une telle reconnaissance peut être distincte de la reconnaissance des actes criminels en cause et si cette double reconnaissance n'aurait pas simplement pour effet de prolonger toutes les peines de prison, qu'elles soient proportionnelles ou non à la gravité du crime.
Enfin, le projet de loi modifierait la disposition qui sous-tend les principes établis dans l'arrêt Gladue relativement à la détermination des peines imposées aux contrevenants autochtones. Ces principes obligent actuellement les tribunaux à tenir compte de « toutes les sanctions substitutives applicables qui sont justifiées dans les circonstances », plus particulièrement en ce qui concerne les délinquants autochtones, notamment en raison du grave problème de surreprésentation des Autochtones dans les prisons canadiennes.
Il faut dire que les principes établis dans l'arrêt Gladue ne réduisent pas forcément la peine des contrevenants autochtones et ne permettent pas, non plus, aux contrevenants autochtones de se soustraire aux lourdes peines imposées en cas de crimes graves. D'ailleurs, la Cour suprême a récemment confirmé ces principes, en 2012.
Le projet de loi limiterait l'application de ces principes, car il précise que la peine doit tenir compte « du tort causé aux victimes ou à la collectivité ».
Voilà qui, à tout le moins, amène à se demander dans quelle mesure un principe de détermination de la peine visant à faciliter la réadaptation d'un délinquant devrait être écarté en faveur d'une approche plus punitive. Il serait donc tout indiqué que des spécialistes de la justice autochtone viennent donner leur point de vue sur cette question au comité.
Quoi qu'il en soit, j'appuierai le renvoi du projet de loi au comité malgré les questions que soulèvent ces aspects.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'espère que les membres du comité étudieront cette question avec tout le sérieux et toute l'ouverture qui s'imposent, et que le gouvernement sera ouvert aux amendements comme il semble le laisser entendre.
Avant de conclure, je parlerai brièvement de mesures qui ne se trouvent pas dans le projet de loi, mais qui pourraient être tout aussi importantes, sinon plus, que celles qui s'y trouvent, pour assurer le respect des victimes d'actes criminels et pour éviter dès le départ que des Canadiens ne soient victimes de tels actes.
Nous parlons surtout des victimes d'actes criminels au Canada, mais il ne faut pas oublier que certains Canadiens sont gravement touchés par des crimes commis à l'étranger. À cet égard, la position du gouvernement sur l'immunité des États me laisse perplexe. Jusqu'à présent, le gouvernement a cherché à limiter le nombre d'entités d'État que les Canadiens peuvent poursuivre en cas d'actes terroristes.
Je me suis réjoui que le gouvernement adopte il y a quelques années la Loi sur la justice pour les victimes d'actes de terrorisme, sauf qu'à peine deux États figurent actuellement sur la liste de ceux que les Canadiens peuvent poursuivre. De surcroît, le gouvernement n'a pas semblé disposé initialement à aider les victimes canadiennes à réclamer justice. Il a fallu attendre que des requérants étatsuniens cherchent à faire appliquer au Canada des décisions rendues à l'étranger contre l'Iran. Il doit exister une procédure plus équitable pour les victimes que l'inscription sur la liste, comme c'est actuellement le cas, un mécanisme qui relève exclusivement du pouvoir discrétionnaire du ministre. Je ne m'éterniserai pas sur ce dossier, mais j'espère que le gouvernement reconsidérera sa position à son sujet. J'ose également espérer que la protection des victimes d'actes de terrorisme sera étendue aux victimes de torture, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, comme il en est question dans un projet de loi d'initiative parlementaire dont j'ai saisi la Chambre.
Un peu plus tôt, j'ai parlé de l'importance d'éviter que les Canadiens ne deviennent victimes d'actes criminels. C'est ce qu'on appelle le principe de prévention. Hélas, le gouvernement n'insiste pas assez sur la prévention dans son approche à l'égard des droits des victimes et de la sécurité publique dans son sens large.
La réduction du taux de criminalité passe par la lutte contre les facteurs ayant un lien manifeste avec la criminalité, notamment la pauvreté, la toxicomanie et la maladie mentale, ce qui nécessite des ressources considérables et une conception de la sécurité qui ne se résume pas à l'application de sanctions punitives.
Ce qui m'amène à ma dernière préoccupation: le projet de loi ne fait aucune mention de l'échange et de la collecte de données ni de l'établissement de pratiques et de directives exemplaires favorisant une interprétation à la fois constructive et homogène des droits des victimes. Il conviendrait peut-être d'exiger la soumission d'un rapport annuel sur le projet de loi où figurerait le nombre de plaintes déposées par rapport à chaque droit et le nombre de dossiers réglés à la satisfaction de la victime ainsi que de renforcer la collaboration fédérale-provinciale à ce chapitre.
Pour conclure, je me réjouis du projet de loi dont nous sommes saisis. Même si certaines de ses dispositions me préoccupent, je voterai pour à l'étape de la deuxième lecture et j'incite les autres députés à faire de même. Nous avons tous un rôle à jouer pour épauler les victimes d'actes criminels. Le projet de loi pourrait être plus sévère et plus efficace — et j'ai bon espoir qu'à l'issue du processus parlementaire, il le sera —, mais il n'en représente pas moins un grand pas dans la bonne direction.