Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait examiner toutes les solutions possibles en vue de mettre en place un « continuum de soins » pleinement unifié à l’intention des militaires et des anciens combattants canadiens, afin: a) d’éliminer toutes les formalités bureaucratiques inutiles, tant à l’intérieur des ministères qu’entre eux, en ce qui concerne la prestation de services; b) d’éliminer les efforts en double et les chevauchements dans la prestation des services et des soutiens offerts; c) d’améliorer encore les soins et les soutiens, en particulier pour les anciens combattants gravement blessés; d) de fournir un soutien continu aux familles des anciens combattants, durant et après leur période de service; e) de renforcer les liens entre les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi d'intervenir aujourd'hui pour lancer le débat sur la motion d'initiative parlementaire M-532.
Cette motion porte sur des questions importantes qui touchent à la prestation efficace de services aux anciens combattants canadiens. Les mesures proposées dans la motion M-532 servent de complément aux 14 recommandations qui ont été jugées essentielles par le Comité permanent des anciens combattants et qui ont été publiées en juin dans un rapport intitulé « La Nouvelle Charte des anciens combattants: Allons de l'avant ».
Tous les membres, peu importe leur parti, ont travaillé très dur pour que ce rapport soit unanime, ce qui arrive rarement au Parlement. Ils ont aussi accepté de mettre de l'eau dans leur vin pour faire progresser énormément les choses pour nos anciens combattants.
Je vais parler du contenu de la motion M-532, décrire comment elle est liée au rapport du comité et examiner la réponse du gouvernement et la voie à suivre.
Tous les gouvernements du Canada qui se sont succédé, y compris celui au pouvoir en ce moment, ont toujours eu comme objectif de fournir des services aux anciens combattants. Cet objectif a toujours été un travail de longue haleine, et c'est ce qu'il continuera d'être. Peu importe les mesures prises, le gouvernement souhaiterait toujours en faire plus pour les anciens combattants, et il y aura toujours des gens qui y trouveront à redire. C'est ainsi parce que tout le monde a à coeur le bien-être des anciens combattants en raison de ce qu'ils ont fait et de ce qu'ils sont. C'est d'ailleurs ainsi que les choses devraient être.
Le développement du Canada à titre de pays indépendant et doté d'une identité propre découle en grande partie de ses réalisations en temps de guerre et dans le cadre d'autres missions moins dangereuses, mais tout de même importantes. Le ministère des Anciens Combattants a été créé pour reconnaître le courage des personnes qui nous ont légué ce patrimoine et qui ont ainsi permis à notre nation de s'épanouir.
Le mandat d'Anciens Combattants Canada découle de lois et de règlements. Le a entre autres les responsabilités suivantes:
[veiller] aux soins, au traitement ou à la réinsertion dans la vie civile de personnes ayant servi soit dans les Forces canadiennes ou dans la marine marchande du Canada, soit dans la marine, la marine marchande, l’armée de terre ou l’aviation de Sa Majesté, de personnes qui ont pris part, d’une autre manière, à des activités reliées à la guerre, et de personnes désignées par le gouverneur en conseil
et
aux soins de leurs survivants ou des personnes à leur charge.
Le ministère s'acquitte de ses responsabilités grâce à ses divers programmes, notamment ceux des pensions d'invalidité, des allocations aux anciens combattants, des services de représentation et de conseils juridiques, des soins médicaux et de la commémoration.
Ces programmes fournissent une indemnisation pour les préjudices résultant d'invalidités et la perte de revenus, des services sociaux et de santé innovateurs, de l'aide juridique professionnelle ainsi que la reconnaissance des réalisations et des sacrifices consentis par les Canadiens et les Canadiennes pendant les périodes de guerre et de conflit.
La mission d'Anciens Combattants Canada consiste à fournir des services et des avantages axés sur le client qui soient exemplaires et adaptés aux besoins des anciens combattants, de nos autres clients et des familles de ceux-ci, de manière à graver dans la mémoire de tous les Canadiens le souvenir de leurs réalisations et de leurs sacrifices.
Je veux revenir sur l'un des éléments clés de la citation sur les responsabilités du ministre, à savoir la « réinsertion dans la vie civile ».
C'est le principe fondamental sur lequel repose la philosophie globale de services aux anciens combattants du ministère. Les programmes destinés aux anciens combattants n'ont pas pour objet de maintenir ces gens dans une dépendance financière à vie, sauf s'il n'y a aucune autre option. Ces programmes visent plutôt à donner aux anciens combattants qui ne peuvent pas ou ne veulent pas continuer à servir dans l'armée tous les outils dont ils ont besoin pour se façonner l'avenir de leur choix.
La motion M-532 propose cinq choses. Elle dit que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait examiner toutes les solutions possibles en vue de mettre en place un « continuum de soins » pleinement unifié à l’intention des militaires et des anciens combattants canadiens, afin, premièrement, d’éliminer toutes les formalités bureaucratiques inutiles, tant à l’intérieur des ministères qu’entre eux, en ce qui concerne la prestation de services; deuxièment, d’éliminer les efforts en double et les chevauchements dans la prestation des services et des soutiens offerts; troisièment, d’améliorer encore les soins et les soutiens, en particulier pour les anciens combattants gravement blessés; quatrièment, de fournir un soutien continu aux familles des anciens combattants, durant et après leur période de service; et cinquièmement, de renforcer les liens entre les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.
Dans une étude récente, le comité des anciens combattants a défini trois thèmes principaux: premièrement, les soins et le soutien fournis aux plus grièvement blessés; deuxièmement, le soutien aux familles; et troisièmement, l'amélioration de la façon dont Anciens Combattants Canada offre les programmes et les services et verse les prestations de la nouvelle Charte des anciens combattants, ou NCAC.
Les membres du comité s’entendent à l’unanimité pour affirmer que les principes mis en oeuvre par la NCAC méritent d’être soutenus et mettent en oeuvre une approche bien adaptée au contexte des anciens combattants d'aujourd'hui. Toutefois, cela ne signifie pas qu’elle n’a pas besoin d’être améliorée, mais les insatisfactions légitimes manifestées envers l’un ou l’autre de ses éléments ne doivent pas faire perdre de vue que la NCAC constitue une fondation solide afin d’aider les anciens combattants qui en ont besoin à opérer leur transition vers la vie civile lorsqu’une condition médicale liée à leur service les empêche de poursuivre leur carrière militaire.
Les membres du Comité sont d’avis que la mise en application des recommandations formulées dans ce rapport, sans tout régler, serait un grand pas et permettrait de mieux exprimer l’engagement solennel de tous les Canadiens envers les anciens combattants et les membres de leur famille.
Ils espèrent également que ce rapport pourra contribuer à solidifier le lien qui doit être nourri entre les anciens combattants, la population canadienne, les parlementaires qui la représentent et le gouvernement du Canada qui doit en mériter la confiance.
Ce qui est revenu souvent au comité, c'est que trop souvent, le militaire qui quitte les Forces armées canadiennes se retrouve dans les limbes avant d'être mis en liaison avec les services d'Anciens Combattants. Ce délai entraîne de nombreuses difficultés sur les plans financier, physique et psychologique et rend beaucoup plus difficile la transition vers une vie civile stable et productive.
La motion d'initiative parlementaire M-532 s'attaque directement à certaines de ces difficultés et est conforme à la première recommandation du rapport du comité, qui dit, en résumé: que les militaires atteints d’une invalidité grave attribuable au service ne soient libérés pour raisons médicales qu’une fois que la personne est dans un état médical stable, que son dossier médical lui a été remis et a été transféré à Anciens Combattants Canada, que la demande initiale de services et d’avantages financiers a été traitée, que le dossier a été pris en charge par un gestionnaire de cas avec qui un contact personnel a déjà été établi, et que les professionnels de la santé et de la réadaptation qui soutiendront la personne durant sa transition ont été identifiés dans la région où le vétéran a l’intention de vivre, et leurs responsabilités respectives ont été définies.
La recommandation 1 dit également qu’Anciens Combattants Canada et les Forces armées canadiennes devraient former un comité interne chargé de dresser une liste unifiée et interchangeable des affections médicales liées au service; de veiller à ce que l’affection médicale liée au service identifiée par les Forces armées canadiennes, et qui a mené à la libération du vétéran pour raisons médicales, soit reconnue par Anciens Combattants Canada dans le traitement des demandes; ainsi que d’établir un protocole de suivi de tous les membres des Forces canadiennes qui ont été libérés pour raisons médicales.
Je crois que les députés peuvent constater comme cela correspond bien à la motion d'initiative parlementaire M-532 dans un continuum de service que la loi procurerait.
En gros, la philosophie du rapport et de la motion d'initiative parlementaire M-532 est de faire en sorte que les dispositions des diverses lois et de la Déclaration des droits des anciens combattants s'interprètent d'une façon libérale afin de donner effet à l'obligation reconnue et solennelle du peuple canadien et du gouvernement du Canada d'indemniser les membres des forces qui sont devenus invalides ou sont décédés par suite de leur service militaire, ainsi que les personnes à leur charge.
Le rapport du comité contient bien d'autres recommandations importantes, que je vais résumer.
L'une d'elle est que les vétérans les plus grièvement blessés reçoivent des avantages financiers à vie, dont une partie appropriée devrait être transférable à leur conjoint en cas de décès.
Une autre est que l’allocation pour perte de revenus soit non imposable et représente 85 % du revenu net, jusqu’à concurrence d’un revenu net admissible de 70 000 $, et qu'elle soit ajustée annuellement en fonction de l’indice des prix à la consommation.
Une autre recommandation est que tous les vétérans ayant une invalidité liée au service, et leur famille, aient droit aux mêmes allocations et au même soutien, qu'ils soient d'anciens militaires de la Force de réserve ou de la Force régulière.
Une autre est que les vétérans et leur famille aient accès aux Centres de ressources pour les familles de militaires afin d'obtenir l'aide nécessaire pour faire la transition vers la vie civile.
Une autre est qu'un accès aux services de réadaptation psychosociale et professionnelle soit donné aux époux et conjoints de fait, qu'un accès aux services de counseling psychologique soit également offert aux parents et aux enfants des vétérans et qu'un soutien financier soit offert aux membres de la famille des vétérans souffrant d'invalidités graves lorsqu'ils sont la principale personne qui s'en occupe.
Une autre recommandation est qu'Anciens Combattants Canada entreprenne un examen approfondi du montant de l'indemnité d'invalidité, de manière à mieux refléter les indemnités versées dans les causes civiles liées aux blessures personnelles, et améliore le soutien en conseil financier tout au long du processus.
Une autre est que les Forces canadiennes et Anciens Combattants Canada collaborent afin d'éliminer le plus rapidement possible les chevauchements entre les programmes du Régime d'assurance-revenu militaire, ou RARM, et les programmes offerts par Anciens Combattants Canada.
Une autre recommandation est que les programmes de formation admissibles en vertu de la réadaptation professionnelle soient définis de manière plus souple.
Une autre est qu'Anciens Combattants Canada établisse un programme de formation plus exigeant à l'endroit de ses gestionnaires de cas, réexamine le ratio de gestionnaires de cas par nombre de vétérans et fournisse les ressources nécessaires si un ajustement est requis.
Une autre est qu'Anciens Combattants Canada et le ministère de la Défense nationale poursuivent leurs efforts de collaboration en consacrant des ressources adéquates à la recherche et à la compréhension des manifestations connues et émergentes des blessures de stress opérationnel.
Une autre est qu'Anciens Combattants Canada envisage la mise en oeuvre d'un système de paiement qui mènerait à un seul versement mensuel intégré, en déterminant clairement la provenance des fonds, tout en garantissant que le montant versé au vétéran ne sera pas réduit.
Une autre est qu'Anciens Combattants Canada et le ministère de la Défense nationale déposent leur réponse officielle au rapport dans les 120 jours et déposent également, au plus tard le 30 janvier 2015, un rapport d'étape faisant état des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des recommandations.
La première étape est franchie, et je sais que la deuxième sera jalonnée d'efforts intenses, de telle sorte que les anciens combattants seront convaincus d'avoir été entendus par le gouvernement. Nous avons écouté et nous agissons.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire en entendant les propos trompeurs ou franchement erronés tenus par certains députés et certaines autres personnes qui ne cessent de chercher les affrontements, le gouvernement n'a rejeté aucune recommandation du rapport. Au contraire. Désireux de poursuivre l'oeuvre entamée avec la nouvelle Charte des anciens combattants, le gouvernement est heureux de pouvoir dire qu'il souscrit à l'esprit de la vaste majorité des recommandations du comité. Nombre de ces recommandations impliquent des changements potentiellement complexes dans certains programmes offerts aux anciens combattants. Les implications de ces changements doivent donc être soigneusement évaluées. N'importe quel gouvernement ferait de même.
Le gouvernement prévoit donner suite aux recommandations du rapport selon une approche par étapes, et la motion d'initiative parlementaire M-532 sera utile pour nous guider dans notre démarche.
La première étape consiste à s'occuper des recommandations qui peuvent être rapidement mises en application avec les budgets actuels du ministère des Anciens Combattants et du ministère de la Défense nationale et qui amélioreront le panier de services offert aux anciens combattants et à leur famille lorsqu'ils quittent les Forces canadiennes.
Les recommandations les plus complexes nécessiteront des travaux interministériels, des analyses budgétaires et une coordination avec une vaste gamme de ministères fédéraux, avec l'ombudsman des vétérans ainsi qu'avec des groupes d'anciens combattants. Ces recommandations seront prises en compte dans la deuxième étape.
C'est la seule approche qui a du sens. Le gouvernement ne peut pas, d'un seul coup de baguette magique, faire fi des dispositions législatives destinées à garantir une saine utilisation des deniers publics. Ce n'est pas ainsi que les choses se passent. Quiconque a une idée de la complexité financière et réglementaire de la gestion de l'État peut s'en rendre compte.
Je sais pourquoi les gens voudraient que tout soit corrigé instantanément, mais ce n'est tout simplement pas réaliste ou matériellement possible. Il nous faut réaliser des progrès constants et mesurables en vue d'atteindre nos objectifs, et c'est exactement ce qui va se passer. Je sais que des députés veulent se servir de cet enjeu dans un but politique, et c'est normal, mais nous pouvons certainement trouver un terrain d'entente pour procéder aux nombreux changements que les principaux intéressés réclament.
Des gens et des organismes se consacrent à la cause des anciens combattants, dont ils souhaitent améliorer le sort. Je fais partie de ces gens, et le gouvernement fait partie de ces organismes. Les députés d'en face font partie de ces gens également.
Nous avons reçu l'appui de députés des partis de l'opposition et de nombreuses organisations comme la Légion royale canadienne, les Anciens combattants de l'armée, de la marine et des forces aériennes au Canada, La Patrie gravée sur le coeur, le Réseau de transition des vétérans, l'organisme Wounded Warriors, les fondations de différentes unités militaires, et j'en passe. En travaillant ensemble, nous atteindrons nos objectifs. Toutefois, comme je l'ai déjà dit, ce travail ne sera jamais tout à fait terminé. Les circonstances changeront continuellement et il y aura toujours de nouveaux défis à relever, puisque le Canada continuera de jouer un rôle important sur la scène internationale, comme il le fait, entre autres, au Moyen-Orient, en Irak et en Syrie.
Nous ne devons pas laisser la perception de qui que ce soit en ce qui concerne la perfection devenir l'ennemie de ce qui est très bien.
Je suis très fier d'avoir porté l'uniforme de la force régulière pendant plus de 30 ans et d'avoir été membre honoraire de cette force pendant cinq autres années. Je suis l'un des anciens combattants du Canada — nous sommes près de 700 000 —, mais je ne fais pas partie des clients d'Anciens Combattants Canada, qui sont environ 200 000. À l'heure actuelle, je n'ai pas de problème nécessitant l'aide du ministère. Or, tôt ou tard, j'aurai probablement besoin de ses services ou de son aide. Je suis persuadé que, lorsque ce jour viendra, je recevrai le soutien de personnes faisant tout en leur pouvoir pour offrir les meilleurs services qui soient.
J'aimerais étendre la portée de la motion M-532 en ce qui concerne le renforcement des liens entre Anciens Combattants Canada, les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale. J'aimerais que l'on mène une étude approfondie sur la possibilité de fusionner les ministères afin qu'ils ne fassent plus qu'un. Je peux comprendre que certains trouvent que je vais trop loin, mais je crois que c'est une option qui mériterait d'être étudiée lors d'une prochaine législature.
D'ici là, je crois fermement que la motion d'initiative parlementaire M-532 constitue un pas de géant dans la bonne direction, tout comme les autres mesures que j'ai décrites. J'exhorte donc tous les députés à appuyer cette motion.
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Monsieur le Président, je suis évidemment très heureux de prendre la parole pour discuter de la motion touchant les anciens combattants déposée par mon collègue d', qui demande que le gouvernement mette en place un continuum de soins pour aider nos anciens combattants.
Depuis qu'ils sont au pouvoir, les conservateurs n'ont malheureusement pas fait grand-chose pour améliorer la qualité de vie de nos anciens combattants. Mon collègue a effectivement participé avec brio à l'étude du Comité permanent des anciens combattants sur la révision de la nouvelle charte. Je le remercie de son travail. On en est venu à un rapport unanime qui demande au d'apporter des changements afin d'améliorer la vie de nos anciens combattants. On a dû faire certaines concessions pour en arriver à l'unanimité.
Or pendant cette étude, qui s'est étendue sur 14 rencontres, on a entendu 54 témoins. La très grande majorité d'entre eux ont dit qu'ils en avaient assez des rapports qui n'arrêtent pas de s'ajouter au fil des années et auxquels on ne donne pas suite. Aucune amélioration n'a été faite à la nouvelle charte qui se doit d'être un document vivant. Depuis 2006, une seule modification, somme toute assez mineure compte tenu l'ensemble des problèmes rencontrés, a été adoptée. C'est totalement insuffisant. À la suite de ce rapport, le ministre a attendu le maximum des journées prévues pour répondre qu'on allait encore étudier toutes les questions.
Les anciens combattants en ont assez. Ils veulent absolument qu'on passe à l'action maintenant. On ne veut plus continuer à parler de tous ces problèmes; on les connaît. Ils ont été identifiés nombre de fois dans le passé. Il faut en venir à une solution immédiate. On s'est retrouvé, au fils des années, en déficit budgétaire où on a effectué de nombreuses compressions au ministère des Anciens Combattants Canada pour équilibrer le budget. On est maintenant en situation de surplus budgétaire. Si c'était inadmissible de couper dans les budgets d'Anciens Combattants Canada à l'époque, il est indécent de commencer à accumuler des surplus sur le dos de nos anciens combattants. On va demander au ministre de cesser d'étudier la question et d'apporter des solutions concrètes pour aider ces anciens combattants, surtout les plus gravement blessés qui se retrouvent avec toutes sortes de problèmes.
Le ministre a répondu favorablement aux conclusions du rapport. Il faut maintenant qu'il passe à l'action et il doit déposer un projet de loi. On estime qu'il ne fait que gagner du temps ici. On rallonge le temps d'étude pour voir comment améliorer cette nouvelle charte de façon adéquate. Je veux bien, mais les problèmes sont connus depuis fort longtemps. On ne peut plus attendre. Les anciens combattants ne peuvent plus attendre pour avoir de meilleurs soins. Il faut que le ministre arrive sans tarder à la Chambre avec un plan d'action. Il ne doit pas attendre le budget de l'année prochaine pour arriver avec de l'argent frais afin d'améliorer les indemnités des anciens combattants. On connaît les problèmes; on l'a démontré une fois de plus avec cette étude, avec toutes les situations décrites par l'ombudsman auparavant et avec les autres rapports. Le ministre doit nous arriver avec une solution et des améliorations concrètes concernant cette nouvelle charte, mais pas dans un an.
Si on a suivi l'actualité la semaine dernière, on constate qu'on est presque dans une année électorale. Le ministre attend-il le budget, puis une campagne électorale? L'atmosphère laisse croire cela. Ce budget aura-t-il le temps de passer par toutes les étapes et d'être mis en oeuvre pour améliorer la vie de nos anciens combattants? On ne doit plus attendre. On ne peut pas continuer à engranger des surplus sur le dos de nos anciens combattant comme on le fait depuis quelques jours, quelques semaines. On connaît les problèmes, arrivons avec une solution maintenant.
J'exhorte le ministre à se pencher sur la question et à nous pondre un rapport améliorant la nouvelle charte. C'est mon principal message aujourd'hui.
Il y a un autre constat qui fait suite à cette réponse du gouvernement. En effet, celui-ci veut agir en deux phases.
Cette réponse révèle qu'on va encore faire attendre nos anciens combattants pendant des semaines, voire des mois. Si des élections sont déclenchées, on n'aura pas franchi toutes les étapes de l'étude du projet de loi. On ne peut pas attendre une journée de plus pour venir en aide à nos anciens combattants, surtout ceux qui sont gravement blessés. Ceux-ci doivent avoir un meilleur soutien de la part d'Anciens Combattants Canada, et cela ne passe malheureusement pas par une motion. C'est très louable de la part du député d'avoir déposé cette motion, mais si le ministre met en oeuvre les recommandations qui ont été pondues, on va arriver à des solutions qui vont aider grandement nos anciens combattants. Cela est plus que souhaitable, car il est déjà trop tard, à mon sens.
Nous en sommes donc rendus à débattre de la motion du député d'. Je trouve cela ironique, étant donné le refus du gouvernement conservateur de proposer une solution afin de se pencher immédiatement sur les problèmes les plus cruciaux. Il préfère attendre et gagner du temps. Le pire, c'est que le gouvernement va voter en faveur de cette motion et attendra probablement encore des semaines avant d'agir. On n'a plus besoin de ce type de motion. Il nous faut absolument un projet de loi du ministre qui va changer la Nouvelle Charte des anciens combattants et qui va mettre en oeuvre les recommandations contenues dans le rapport sur la révision de la Nouvelle Charte des anciens combattants.
Je suis heureux de mentionner qu'on va appuyer cette motion, car nous considérons qu'il est important de signifier au gouvernement l'importance d'améliorer les soins aux anciens combattants. Après plus de 20 ans sous des gouvernements libéraux et conservateurs qui ont sabré les budgets de la Défense nationale et d'Anciens Combattants Canada, le NPD est le seul parti qui a encore la crédibilité et la volonté de respecter l'obligation sacrée d'améliorer la qualité de vie de nos anciens combattants.
La motion parle d'un continuum de soins pour nos anciens combattants. Le problème majeur est le sentiment d'abandon que nos anciens combattants ressentent lorsqu'ils quittent les Forces armées canadiennes, d'où l'importance d'un continuum de soins de santé. Le député d' a tout à fait raison sur ce point: il est nécessaire que la prise en charge du vétéran des Forces armées canadiennes vers Anciens Combattants Canada se fasse de la façon la plus fluide possible. Nos anciens combattants ne doivent plus se sentir abandonnés après avoir tant donné au service du pays. C'est pour cette raison que le Comité permanent des anciens combattants a recommandé que tous les soins et l'aide nécessaires soient mis en place avant que le militaire ne soit libéré des Forces armées canadiennes.
Le Tribunal des anciens combattants est aussi problématique en ce qui concerne l'obtention des soins. Étant donné les mauvaises décisions du tribunal en matière de reconnaissance d'invalidité liée au service, l'ancien combattant ne peut obtenir des soins de santé tant et aussi longtemps que son invalidité n'a pas été reconnue.
J'aimerais aborder également la question des familles qu'on semble avoir ignorées, surtout dans la Nouvelle Charte des anciens combattants. Celle-ci ne prévoit pas réellement de soins axés sur les familles. C'est un problème évident. Les familles ont besoin de soutien de toutes sortes. Elles n'ont pas accès de plein droit aux programmes d'Anciens Combattants Canada sans passer par le vétéran. C'est le vétéran qui doit demander que sa famille obtienne des soins psychologiques. Sinon, c'est impossible.
Les familles n'ont pas accès non plus aux Centres de ressources pour les familles des militaires. Plusieurs familles se sentent donc quelque peu abandonnées lorsque les vétérans font la transition vers la vie civile. La plupart des familles sont épuisées, ne dorment pas suffisamment et manquent de temps pour les activités personnelles. Lors de notre étude, la plupart ont déclaré, sans surprise, que leur santé a été grandement affectée. Il y a un profond impact sur les relations interpersonnelles et sur la famille.
Par ailleurs, il semble qu'on ait oublié d'inclure les vétérans de la GRC dans cette motion, afin que ceux-ci aient également accès à ce continuum de soins.
Le député a mentionné qu'il n'était pas vraiment ouvert à cette possibilité. À mon sens, c'est tout à fait déplorable.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole au sujet de la motion M-532, qui a été présentée par le député d'. À ce chapitre, la crédibilité du parrain de cette motion est sans faille. C'est un véritable honneur de siéger avec lui au Comité permanent des anciens combattants, et je le pense sincèrement.
C'est une bonne motion qui demande à ce que le gouvernement examine toutes les solutions possibles en vue de mettre en place un continuum de soins pleinement unifié à l’intention des militaires et des anciens combattants canadiens. Pour moi et pour bien d'autres députés, il va de soi qu'il est nécessaire d’éliminer les formalités inutiles ou les chevauchements, tant à l’intérieur des ministères qu’entre eux, en ce qui concerne la prestation de services, le soutien aux familles et la mise en oeuvre d'autres programmes, afin de traiter de manière équitable les militaires qui ont fait d'énormes sacrifices. J'irais même jusqu'à dire que c'est une mesure non seulement nécessaire, mais essentielle pour remplir notre obligation sacrée.
C'était un autre conservateur, l'ancien premier ministre sir Robert Borden, qui avait promis aux Canadiens revenant des champs de bataille de la Première Guerre mondiale qu'il existait un pacte social entre le gouvernement et les anciens combattants. Ce que l'ancien premier ministre Borden avait compris, et ce que cette motion souligne, c'est que les militaires des Forces armées canadiennes savent qu'ils sont appelés à faire des sacrifices considérables. Des centaines de milliers de militaires ont fait le plus grand de tous les sacrifices, celui de leur vie.
Lorsque les militaires reviennent de mission, s'ils reviennent, ils devraient s'attendre à ce que le gouvernement honore ses engagements en leur fournissant les ressources nécessaires pour assurer leur réadaptation sur le plan physique ou émotionnel, leur offrir des possibilités d'acquisition ou de transfert de compétences, ou leur accorder des indemnités adéquates, suffisantes et accessibles en cas de handicap.
Contrairement au gouvernement actuel, qui a demandé à ses avocats en Colombie-Britannique de faire valoir que ce pacte n'est qu'une simple promesse politique visant à obtenir des votes plutôt qu'un droit inaliénable, les libéraux croient non seulement en l'existence de cette obligation sacrée, mais aussi en notre obligation de l'honorer. D'ailleurs, des libéraux de l'ensemble du pays se sont réunis en février pour adopter une résolution à cet égard.
Nous savons que les Canadiens qui servent honorablement leur pays au sein des Forces armées canadiennes sont appelés à mettre leur vie en péril pour l’ensemble des Canadiens. C'est un fardeau que doivent porter tant les militaires que leur famille. Pour honorer l’obligation sacrée qu'a le Canada envers les membres et les anciens membres des forces armées, nous devons leur permettre, à eux et à leur famille, de maintenir une qualité de vie digne de leur sacrifice.
Malheureusement, le gouvernement conservateur actuel renie ce genre d'engagements.
Tout d’abord, les conservateurs ont sabré des centaines de millions de dollars dans le budget d’Anciens Combattants Canada. Du coup, le ministère a du mal à offrir aux anciens combattants les prestations et le soutien dont ils ont besoin. Pire encore, le gouvernement a fermé neuf bureaux régionaux des Anciens Combattants, rendant l'accès aux prestations et aux services plus difficile. Il est inacceptable que d'anciens combattants, dont certains sont âgés, doivent faire plusieurs heures de route pour rencontrer quelqu'un qui pourra les aider. Les conservateurs soutiennent que les anciens combattants peuvent toujours se rendre dans les centres de Service Canada, mais le personnel de ces centres ne dispose pas d'une formation spécialisée adaptée aux besoins des anciens combattants; de plus, les intervenants doivent maintenant traiter quatre fois plus de dossiers qu'auparavant.
Pensons aux anciens combattants vivant à Glace Bay, dans la circonscription du député de . Depuis que le gouvernement a fermé les bureaux du ministère des Anciens combattants à Sydney, des bénévoles de la Légion royale canadienne travaillent sans relâche pour tenter d'assurer la continuité des services auprès des anciens combattants de la région. Malgré leurs bonnes intentions, ces bénévoles n'ont tout simplement pas l'expertise, la formation ou les ressources nécessaires pour répondre à la demande, tâche que devraient assumer les fonctionnaires du ministère des Anciens combattants, qui connaissent les formulaires, les anciens combattants et les prestations auxquelles ceux-ci ont droit.
Cela ne diminue en rien la motion à l'étude. Je crois que le député, comme tant de Canadiens, constate des lacunes dans l'utilisation et la disponibilité des ressources, et c'est pourquoi il présente cette motion avisée.
La motion réclame cinq choses afin de mettre en place un continuum de soins pleinement unifié: a) éliminer toutes les formalités bureaucratiques inutiles, tant à l’intérieur des ministères qu’entre eux, en ce qui concerne la prestation de services; b) éliminer les efforts en double et les chevauchements dans la prestation des services et des soutiens offerts; c) améliorer encore les soins et les soutiens, en particulier pour les anciens combattants gravement blessés; d) fournir un soutien continu aux familles des anciens combattants, durant et après leur période de service; e) renforcer les liens entre les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.
Le simple fait que cette motion ait été présentée prouve que le gouvernement conservateur manque à ses responsabilités envers nos anciens combattants.
Bon nombre des lacunes décrites dans la motion ont été clairement soulignées par le caporal Mark Fuchko durant son témoignage devant le Comité permanent des anciens combattants. Lorsque le secrétaire parlementaire du ministre des Anciens Combattants lui a demandé de dépeindre son expérience avec le ministère de la Défense nationale et celui des Anciens combattants, il a répondu ceci:
À mon retour au pays, je n'étais pas le premier amputé de guerre à rentrer d'Afghanistan, et il y avait constamment des obstacles qui minaient beaucoup ma qualité de vie et celle de ma famille. Des choses comme les aides aux activités de la vie quotidienne étaient presque impossibles à obtenir. Par exemple, il a fallu plus d'un an pour rendre ma résidence accessible. C'était vraiment un cauchemar interminable. Je ne suis pas le seul à qui c'est arrivé. On dirait que les intervenants ne savaient jamais départager ce qui était couvert et ce qui ne l'était pas, et personne ne savait qui était responsable. C'était tout un défi, et j'ai l'impression que, en raison des nombreux chevauchements, les gens n'étaient pas vraiment sûrs si c'était Anciens Combattants ou l'armée qui devait s'en occuper. En outre, des choses comme les délais d'approvisionnement, les modifications des résidences et ce genre de choses étaient, c'est le moins qu'on puisse dire, tout un défi. Je dirais que le problème commun était lié au logement, surtout pour les personnes gravement handicapées.
Au départ, les militaires se sont occupés du dossier, mais il y a toute une série de restrictions qui font en sorte qu'il est difficile d'obtenir ce qu'on veut rapidement. Par exemple, certaines personnes gravement handicapées ont une maison dans laquelle elles ne pouvaient tout simplement plus vivre parce que celle-ci n'est pas adaptée ni sécuritaire pour les fauteuils roulants. En fait, ces personnes ont besoin d'une nouvelle habitation.
Je remercie les députés d'avoir écouté cette longue citation qui, selon moi, reflète très bien la situation dans laquelle se trouvent les anciens combattants et de nombreux membres des Forces armées canadiennes.
Le caporal Fuchko a perdu ses deux jambes lors de la guerre en Afghanistan. Il ne devrait pas avoir à se battre maintenant avec divers ministères pour obtenir un logement de base adapté à sa nouvelle réalité. C'est tout à fait inadmissible, et, d'après les témoignages entendus au comité, il n'est pas le seul dans cette situation.
Nous appuierons toute mesure pouvant faciliter les choses pour les anciens combattants et les membres des Forces armées canadiennes et pour faire en sorte que ceux-ci ne se retrouvent pas dans un véritable dédale à leur retour au Canada.
La famille constitue également un autre élément vital, sinon la pierre angulaire sur laquelle devraient être fondés nombre d'avantages destinés aux anciens combattants et aux militaires. Lors de son témoignage devant le comité, l'ancien sénateur et lieutenant général à la retraire Roméo Dallaire a souligné le rôle accru que jouent les familles en matière de déploiement et de réadaptation. Voici ce qu'il a affirmé:
[...] au retour d'une mission, le militaire retrouve une famille qui a vécu sa mission en même temps que lui. Ce n'est plus un exercice que l'on fait chacun de son côté. C'est une alliance.
Quant à Jenny Migneault, l'épouse d'un ancien combattant qui souffre d'un trouble de stress post-traumatique, son travail de sensibilisation met en évidence le fait que, au-delà des professionnels de la santé et des bureaucrates, ce sont les proches, notamment les épouses, les époux et les enfants, qui portent le fardeau du service dans les Forces armées canadiennes, sans toutefois disposer d'aucune ressource ni d'aucun soutien.
C'est envers chacune de ces personnes, et de centaines de milliers d'autres, que nous avons l'obligation de supprimer les obstacles qui existent à l'heure actuelle. Nous leur devons d'adopter cette motion. Plus encore, ils méritent que le gouvernement conservateur accorde une attention concrète et concertée à cette motion. Ces gens méritent une meilleure attention que celle accordée par le aux 14 recommandations unanimes du Comité permanent des anciens combattants après l'examen de la nouvelle Charte des anciens combattants, recommandations qu'il a repoussées à une date indéterminée, sans prendre aucune mesure concrète. Ces gens méritent de recevoir l'attention qu'exigent la gravité et l'importance du sacrifice consenti par les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes dans le passé, en ce moment et à l'avenir.
Je remercie le député d' d'avoir présenté cette motion importante et des efforts qu'il déploie pour défendre les intérêts des Forces armées canadiennes et des anciens combattants. J'espère que nous pouvons tous faire ce qui s'impose en adoptant cette motion, mais aussi en agissant dès maintenant.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de parler de l'importante motion M-532, qui porte sur un certain nombre de mesures que le gouvernement est déjà en train d'améliorer afin que les anciens combattants ne soient plus obligés de se plier à des formalités bureaucratiques inutiles pour obtenir des soins.
Mon collègue propose d'établir un continuum de soins qui tient compte du fait que les soins évoluent. Il faut en outre que le transfert des dossiers des anciens combattants, une question de première importance, se fasse comme il se doit; j'y reviendrai d'ailleurs plus tard.
Je remercie mon ami et collègue, le député d'. Bien des Canadiens se demandent si un seul député peut vraiment faire bouger les choses. Pierre Trudeau a déjà dit que les députés sont de purs inconnus à 30 mètres de la Colline du Parlement; or, c'est tout simplement faux. Si un député se soucie d'un enjeu en particulier, il peut certainement le faire grandement avancer. Il n'est pas nécessaire d'être chef de parti ou ministre, il suffit simplement de faire valoir son point de vue avec passion.
Et mon ami, le député d', est justement un ardent défenseur des hommes et des femmes des Forces armées canadiennes; voilà des décennies qu'il travaille auprès des anciens combattants.
Il disait tout à l'heure qu'il n'était pas différent des 600 000 ou 700 000 anciens combattants du Canada. Pourtant, sa voix résonne plus fort que celle des autres, parce qu'il est aussi député. Nous avons beaucoup de choses en commun, lui et moi: nous sommes les représentants de l'Aviation royale du Canada auprès de la Chambre des communes. Nous sommes qui un pilote, qui un navigateur, nous cumulons tous les deux des heures de vol et nous nous taquinons sans arrêt. Nous travaillons aussi sur le même dossier, celui du bien-être des hommes et des femmes qui servent notre pays.
Les députés se sont déjà demandé ce qu'il serait possible de faire pour offrir aux anciens combattants le continuum de soins dont parle mon collègue d' tout en tenant compte du fait que chacun de ces 600 000 ou 700 000 Canadiens a des besoins différents de ceux de son voisin, mais la question n'a jamais été explorée à fond.
Le député de est encore revenu sur les mêmes questions, comme celle des bureaux. Les anciens combattants ne forment pas un groupe uniforme dont chacun des membres se prévaut des services de la même façon. Certains sont encore dans la vingtaine et ont connu le conflit en Afghanistan. D'autres ont au-delà de 90 ans. En fait, mon collègue d' et moi avons rencontré un ancien combattant de 101 ans, en France, où il s'était rendu avec la délégation canadienne pour souligner l'anniversaire du débarquement de Normandie. Une fois là-bas, il a laissé sa marchette dans un coin et il s'est rendu, à pied, jusqu'à la plage Juno. C'était magnifique. Or, cet ancien combattant, qui a aujourd'hui 101 ans, accède-t-il aux services de la même manière que son collègue de 25 ans? Bien sûr que non.
Le ministère des Anciens Combattants a voulu tenir compte du fait que — malgré ce qu'on peut entendre, ici à Ottawa, de la part de certains pseudo-défenseurs des droits des anciens combattants qui n'ont pas la moindre idée des services dont bénéficient ces derniers —, le Canada compte à peu près 15 000 anciens combattants dans la vingtaine qui se sont inscrits au service Mon dossier ACC, qui leur permet de gérer leur dossier en ligne. C'est ce qu'ils veulent. Les jeunes de cette génération-là n'ont jamais eu de livret de banque qu'ils allaient faire mettre à jour à leur succursale bancaire. Pour répondre aux besoins des milliers d'anciens combattants qui veulent gérer leur dossier et consulter leurs relevés de prestations sur le Web, le ministère a donc conçu des applications et des services en ligne.
Il y a aussi des anciens combattants de 80 ou 90 ans qui ont besoin d'aide. Or, pour la plupart, ces gens-là ne se rendent pas dans les locaux mêmes d'Anciens Combattants Canada. Depuis des décennies, ils reçoivent l'aide d'agents d'entraide de la Légion canadienne, un fait que le porte-parole libéral semblait complètement ignorer selon ce que j'ai vu lorsque nous avons discuté ensemble de la manière dont les anciens combattants se prévalent des services qui leur sont offerts. La Légion canadienne est habilitée depuis 1925 par une loi du Parlement à offrir ces services aux anciens combattants. Ça fait même partie de son mandat.
L'agent d'entraide de la filiale 178, dont je suis membre, a personnellement aidé plus de 500 anciens combattants ou leur conjoint à obtenir leurs prestations. Ces agents ne sont pas payés mais leur formation et leurs dépenses sont entièrement couvertes par le Fonds du coquelicot. Beaucoup de députés ne semblaient pas savoir à quoi sert le Fonds du coquelicot. Il finance de telles fonctions directement.
Dans quelques semaines, les Canadiens commenceront à arborer fièrement le coquelicot. Ils savent que la grande majorité des fonds recueillis sert directement à aider les anciens combattants.
Cent trente mille des 600 000 à 700 000 anciens combattants au Canada ont un dossier quelconque au ministère des Anciens combattants. Seulement 7 500 d'entre eux ont un gestionnaire de cas attitré. Un gestionnaire de cas est affecté en fonction d'une évaluation des besoins, qui tient notamment compte de la complexité du cas, des services et de l'aide dont l'ancien combattant dispose, ou non, à domicile, et de toute maladie chronique ou problème de toxicomanie. Tous ces facteurs sont évalués et un gestionnaire de cas est affecté au dossier.
Les dossiers les plus complexes se chiffrent à 7 500 ou 8 000. Certains de ces anciens combattants reçoivent de l'aide à domicile. Un gestionnaire de cas leur rend visite à la maison. Grâce aux changements que nous avons apportés, les anciens combattants peuvent maintenant se rendre à l'un des 700 bureaux de Service Canada et installations connexes, dont les unités interarmées de soutien au personnel et les centres de santé mentale, et y recevoir le même niveau de service qu'ils obtiendraient d'un agent d'entraide. Ils peuvent également les contacter par téléphone ou accéder à Mon dossier d'ACC. Nous devons diversifier les services offerts aux anciens combattants, et c'est précisément ce que nous faisons.
Trop souvent, lorsqu'il est question d'argent, on affirme que nous n'en ferons jamais assez pour nos anciens combattants. Je suis d'accord, mais prenons un instant pour regarder les chiffres. Nous consacrons aujourd'hui 4,7 milliards de dollars de plus au dossier des anciens combattants qu'à notre arrivée au pouvoir. La majeure partie de ces fonds supplémentaires est versée directement aux soldats blessés lors du conflit en Afghanistan. Nous nous sommes assurés que ces avantages sont revus et améliorés continuellement. Une allocation supplémentaire a été ajoutée et est maintenant versée aux anciens combattants souffrant d'une déficience permanente. Ainsi, les anciens combattants qui auront beaucoup de difficulté à trouver un emploi civil peuvent recevoir des prestations additionnelles.
Le comité des anciens combattants a fait preuve de solidarité et a mis de côté toute partisannerie politique pour formuler 14 recommandations visant à améliorer la Nouvelle Charte des anciens combattants. Bon nombre de ces recommandations ont déjà été mises en oeuvre. La plus importante de ces modifications est la suivante: avant qu'un militaire quitte les Forces canadiennes, il faudra s'assurer qu'il est dans un état médical stable et qu'on lui a assigné un gestionnaire de cas d'Anciens Combattants Canada. C'est une amélioration considérable. De plus, certains avantages, plus particulièrement ceux qui sont liés à la santé mentale, pourront aussi être offerts aux familles des militaires. Au cours des semaines et des mois à venir, d'autres des 14 recommandations du comité seront mises en oeuvre. J'espère que tous les membres du comité, y compris ceux qui ont parlé avant moi, continueront de mettre toute partisannerie de côté.
Il est intéressant de noter que la Nouvelle Charte des anciens combattants a été créée par le dernier gouvernement libéral, et que c'est le gouvernement conservateur qui l'a mise en oeuvre. Cette charte doit être un document évolutif auquel on apporte des améliorations. Elle a été modifiée il y a quelques années grâce à l'ajout du supplément à l'allocation pour déficience permanente. On y apporte présentement des changements afin de combler certaines lacunes.
Mon ami d' a parlé du concept de continuum de soins. Il aimerait qu'un jour tous les services offerts aux anciens combattants relèvent d'une seule entité administrative. Je suis tout à fait d'accord avec lui. Il ne s'agit pas d'une question partisane. L'ancien sénateur Dallaire, ce lieutenant général dont mon collègue de a parlé tout à l'heure, est d'accord avec le principe qui sous-tend cette approche.
J'explique pourquoi c'est logique, en espérant que ce ne soit pas une idée utopique. Je me suis enrôlé dans les Forces armées canadiennes à 18 ans. J'ai été recruté. Les forces armées disposent d'un service chargé du recrutement. À mon départ, mon dossier a été transféré à un autre service. Soudainement, parce que j'avais retiré mon uniforme, je ne relevais plus de l'administration de la Défense nationale ou des Forces armées canadiennes. On a transféré mon dossier ailleurs. Les choses ne se passent pas ainsi au Royaume-Uni, où les services aux anciens combattants relèvent des services de la défense du ministère de la Défense.
En allant prononcer des discours aux quatre coins du pays, j'ai rencontré des anciens combattants de la Brigade des diables, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée. Ils déploraient les problèmes qu'ils avaient subis lorsqu'ils avaient quitté les forces armées et que leur dossier avait été transféré aux Anciens Combattants. Il faut jeter une passerelle. Personne ne devrait passer entre les mailles du filet.
J'espère que la motion d'aujourd'hui sur le continuum de soins, présentée par mon collègue le député d', nous permettra d'entamer un dialogue en vue de réduire le nombre de personnes qui passent actuellement entre les mailles du filet. Espérons que, à l'avenir, tous les dossiers seront regroupés dans un seul ministère de manière à ce que, du recrutement à la retraite, lorsqu'on devient un ancien combattant, tout se fasse sous un même toit.
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Monsieur le Président, je suis fière de prendre la parole au sujet de la motion M-532, proposée par le député d', comme je l'ai été lorsque, plus tôt cette année, nous avons débattu de la motion présentée par mon collègue, le député de . Cette motion recommandait l'adoption de mesures immédiates pour faire face à la crise en matière de santé mentale avec laquelle les soldats et les anciens combattants canadiens étaient aux prises à la suite de la fermeture de bureaux de services aux anciens combattants.
Les commentaires du député de m'étonnent. Ils semblent contredire les constatations du comité permanent et la motion du député d'Edmonton-Centre, qui demande que d'autres mesures soient prises. Je conviens tout à fait qu'il ne s'agit pas d'une question partisane et que tous les députés sont fiers de prendre la parole au nom des anciens combattants canadiens.
La motion M-532, proposée par le député d', demande au gouvernement d'examiner toutes les solutions possibles en vue de mettre en place un « continuum de soins » pleinement unifié à l’intention des militaires et des anciens combattants canadiens. Il souhaite qu'on élimine toutes les formalités bureaucratiques inutiles; qu'on élimine les efforts en double et les chevauchements; qu'on améliore encore les soins et les soutiens, en particulier pour les anciens combattants gravement blessés; qu'on fournisse un soutien continu aux familles des anciens combattants; et qu'on renforce les liens entre les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et Anciens Combattants Canada.
Cette motion semble faire écho, quoi que de manière un peu floue, aux demandes de l'opposition officielle, comme le souligne le rapport unanime du Comité permanent des anciens combattants de juin 2014, à savoir apporter des améliorations précises à la Charte des anciens combattants. Elle semble aussi tenir compte des multiples demandes des anciens combattants blessés qui souhaitent bénéficier de plus de services de soutien à long terme.
Je félicite le député d', un membre respecté à la retraite des Forces armées canadiennes, d'avoir présenté cette motion et de demander que plus de mesures soient prises pour les anciens combattants canadiens. Toutefois, je me demande s'il fait maintenant écho aux appels à l'action lancés par l'opposition à l'intention du gouvernement.
Les questions suivantes se posent: Le député déplore-t-il autant le gaspillage de deniers publics lorsqu'on oblige nos anciens combattants à livrer une bataille juridique de cinq ans pour mettre fin à la réduction de l'indemnité pour invalidité prolongée prévue dans le Régime d'assurance-revenu militaire? Joint-il également sa voix à celles de l'opposition et de la GRC pour demander au gouvernement de cesser de s'opposer devant les tribunaux à la demande des anciens membres de la GRC qui sont handicapés et qui veulent qu'on mette fin à la réduction de leur indemnité? Troisièmement, le député regrette-t-il maintenant d'avoir voté, vendredi dernier, contre la motion du député de , qui demandait au gouvernement de fournir aux anciens combattants davantage d'aide et de services de santé mentale? Voici ce que disait la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, les hommes et les femmes qui servent leur pays avec bravoure au sein des Forces canadiennes devraient pouvoir compter sur le soutien du gouvernement lorsqu'ils en ont besoin, et qu'à cet égard, le gouvernement devrait a) s'attaquer immédiatement à la crise que vivent les militaires et les anciens combattants canadiens [...] b) annuler sa décision de fermer des bureaux de services aux anciens combattants; c) accorder la priorité au déroulement et à l'aboutissement de plus de 50 commissions d'enquête sur des suicides de militaire [...]
J'ai voté fièrement pour la motion de mon collègue, et il est clair que le député d' est fier du rôle qu'il a joué dans les forces armées. Pouvons-nous espérer maintenant qu'il se joindra publiquement à nous pour demander au gouvernement de s'acquitter de son devoir sacré de fiduciaire envers les anciens combattants, contrairement à ce que les avocats du gouvernement ont fait devant les tribunaux, dans l'affaire Equitas?
Le point c) de la motion M-532, où il est question « d’améliorer encore les soins et les soutiens, en particulier pour les anciens combattants gravement blessés », n'inclut pas explicitement les services de santé mentale, mais il est à espérer qu'elle vise quand même à les inclure. Le cas échéant, il est encourageant d'entendre le député épouser la cause de l'augmentation de l'aide fédérale pour les anciens combattants qui souffrent de troubles mentaux attribuables à des traumatismes subis dans l'exercice de leurs fonctions ainsi que de l'augmentation des interventions de prévention du suicide. Il est également encourageant de voir que le député a décidé de présenter cette motion, qui réclame des efforts plus importants pour assurer le continuum de soins offerts aux anciens combattants. Il faut agir sans tarder, dans le but de renforcer la Charte des anciens combattants, comme le recommande le comité permanent.
J'appuie entièrement le député lorsqu'il réclame l'élimination des tracasseries administratives qui empêchent les anciens combattants d'obtenir rapidement des indemnités et de l'aide. Ceux qui souffrent de troubles physiques ou mentaux devraient pouvoir trouver de l'aide facilement et rapidement dans leur milieu. Il va sans dire qu'un service de ligne téléphonique sans frais est nettement insuffisant et ne convient pas du tout.
Je rappelle à la Chambre que les députés de ce côté-ci ont demandé à maintes reprises au gouvernement de consacrer plus de temps aux services d'aide et de soutien aux personnes en détresse psychologique et aux mesures de prévention des suicides.
Il faut accroître dès maintenant le soutien financier. Le gouvernement a déclaré qu'il se pencherait sur la question, mais cette réponse n'est pas suffisante. Les députés de ce côté-ci se réjouissent que le député ait présenté cette motion. Toutefois, les réponses qu'il donne à certaines questions et le fait qu'il dise que les choses devront se faire progressivement m'inquiètent. Le gouvernement prévoit pourtant un excédent budgétaire. Il ne fait aucun doute que cette question est prioritaire et qu'elle devrait figurer parmi les premiers services à améliorer.
La Charte des anciens combattants est un pas dans la bonne direction, mais ce que vivent les anciens combattants et les profonds mécontentements qu'ils ont exprimés au Comité permanent des anciens combattants nous montrent qu'il faut prendre des mesures supplémentaires.
Le député d' réclame que des améliorations progressives soient apportées. Selon nous, la balle est dans le camp du gouvernement. Celui-ci pourrait apporter des changements et procéder à une réorganisation administrative des divers organismes ainsi que du ministère des Anciens Combattants et des Forces armées canadiennes. Il pourrait aussi accélérer les services offerts aux anciens combattants.
Ce n'est pas la première fois que les néo-démocrates réclament de meilleurs soins de santé pour les anciens combattants. En 2006, nous avions demandé que soit éliminée immédiatement la réduction injuste des prestations d'invalidité destinées aux anciens combattants en vertu du RARM.
Malheureusement, le gouvernement s'y est opposé et voilà que, presque une décennie plus tard, cette mesure a finalement été prise et ce, uniquement en réponse à une ordonnance des tribunaux obtenue aux frais de nos fiers anciens combattants. Nous demandons qu'on réponde immédiatement aux besoins essentiels de nos anciens combattants qui ont été blessés et non une réforme qui prendra du temps.
Selon le comité permanent, nous devons soigner les blessures des soldats avant qu'ils quittent les forces ou qu'ils soient renvoyés à la vie civile. Comme l'ont dit de nombreux députés, il est important de fusionner les services et les prestations aux anciens combattants et aux militaires, comme l'a recommandé le comité, et de le faire sans tarder.
Il existe un engagement clair selon lequel, lorsque nos militaires sont envoyés à la guerre, nous les soignerons à leur retour, qu'ils souffrent de blessures physiques ou d'incapacité mentale, y compris de trouble de stress post-traumatique.
Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement fédéral veille à ce que toutes les prestations et tous les services soient fournis rapidement, puisque l'invalidité physique s'accompagne souvent de troubles de santé mentale et émotionnelle.
J'ai un voisin, qui est aussi un ami très proche, qui a perdu une jambe en-dessous du genou, puis la deuxième jambe, quoi que cela ne se soit pas produit en temps de guerre. Sa récupération physique a été extrêmement difficile, tout comme son adaptation à un mode de vie différent.
Les membres des forces armées sont généralement des Canadiens en très bonne condition physique, très énergiques et extrêmement déterminés. C'est pour cela qu'ils prennent l'initiative de servir. Lorsqu'ils sont soudainement confrontés à des déficiences mentales ou physiques, c'est une situation très difficile, pour eux ainsi que pour la famille qui porte le plus gros de ce poids.
Je suis fière de dire que la ville d'Edmonton a mis en place des services formidables, notamment en matière de santé, pour aider ceux qui reviennent et qui sont aux prises avec des handicaps physiques. Je suis fière des services que nous offrons en matière de logement pour les anciens combattants.
Il est toutefois important que le gouvernement intervienne pour veiller à ce que, à leur retour après avoir servi, les membres des forces armées reçoivent tous les soins, l'attention et le soutien possible afin de pouvoir aller de l'avant et s'adapter à la société, pas seulement quand ils atteignent l'âge d'aller en maison de retraite, mais aussi lorsqu'ils sont dans la fleur de l'âge.