propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je suis ravie de parler de nouveau à la Chambre de cette mesure législative qui servirait l'intérêt des Canadiens, des entreprises et des travailleurs. En fait, le véritable objectif du projet de loi est de réduire les conflits et de faire en sorte que l'économie canadienne soit vigoureuse et prospère, dans un cadre aussi harmonieux que possible, et que nous puissions créer des emplois. Je crois d'ailleurs que c'est ce que tous les députés s'emploient à obtenir.
Nous en sommes à l'étape de la dernière lecture du projet de loi .
Nos relations avec le mouvement syndical ne sont pas de nature conflictuelle et ne doivent pas l'être. Nous estimons que la collaboration avec les syndicats constitue la solution idéale, la meilleure approche parce que cela sert mieux les Canadiens. Le projet de loi fait suite à la promesse que notre chef a faite l'an dernier, au cours de la campagne électorale. Nous sommes d'avis que les négociations ouvertes servent l'intérêt de l'employeur et des employés, comme l'ont montré les récentes négociations entre Postes Canada et le STTP.
Le projet de loi constitue un grand pas en avant et, de surcroît, il revêt une importante valeur symbolique. Il montre que nos relations reposent désormais sur le partenariat, plutôt que sur l'adversité. L'approche adoptée par le gouvernement en matière de relations de travail est axée sur la collaboration, le respect et l'engagement, ce qui était loin d'être l'approche des conservateurs. Nous croyons en l'équité et la justice pour les Canadiens.
À vrai dire, le mouvement syndical est un élément essentiel d'une économie stable et forte, ce qui est le cas actuellement au Canada, ainsi que d'une société juste et inclusive. Le mouvement syndical procure une voix collective aux travailleurs lors des négociations avec les employeurs. Depuis toujours, les syndicats se soucient des intérêts de la classe moyenne — que ses membres soient syndiqués ou non — et veillent ardemment à ce que tous les travailleurs puissent toucher un salaire juste et équitable. Les syndicats jouent un rôle essentiel dans le mouvement visant à assurer l'équité au travail pour les femmes, les Autochtones, les personnes handicapées et tous les autres travailleurs au pays.
Ce projet de loi est conforme à nos valeurs et à nos convictions en tant que gouvernement. Il est aussi conforme à nos valeurs et à nos convictions en tant que Canadiens. C'est pourquoi nous croyons que nos lois du travail devraient être équilibrées et justes. Pourquoi avons-nous consacré autant d'efforts à ce projet de loi? Tout simplement parce que nous souhaitions rétablir l'équité et l'équilibre dans les relations de travail, deux éléments qui ont été absents au cours des 10 dernières années.
Le projet de loi vise à abroger les modifications législatives découlant des projets de loi et . Ces modifications, qui bénéficiaient de l'appui du gouvernement précédent, ont été apportées de façon détournée, par la porte arrière. La situation est très simple. Ces deux projets de loi ont bouleversé un équilibre qui était soigneusement maintenu depuis des années, un équilibre qui assurait un traitement employeurs-employés équitable et qui constituait une assise solide pour les négociations collectives et pour l'économie.
Je n'éprouve aucune gêne à les décrire ainsi. Ces projets de loi étaient antisyndicaux, et nous entendons maintenant corriger la situation.
Pendant les audiences du comité, nous avons entendu différents intervenants qui ont décrit les graves lacunes des projets de loi et . Par exemple, nous avons tenu compte du fait que le projet de loi C-377 oblige les syndicats et les fiducies de syndicats à fournir à l'Agence canadienne du revenu des renseignements financiers détaillés tels que les dépenses, les avoirs, les dettes et le salaire de certaines personnes. Ces renseignements personnels seraient ensuite rendus publics sur le site Web de l'Agence.
Ils seraient aussi tenus de détailler le temps consacré à des activités politiques et de lobbying, ainsi qu'à toute autre activité indirectement liée aux relations de travail. Heureusement, la a déjà pris des mesures visant à suspendre ces obligations en 2016, pendant que le Parlement se penche sur le projet de loi .
Il faut bien comprendre que si ces renseignements financiers clés, y compris les fonds de grève, étaient rendus publics, les syndicats seraient en position de faiblesse, car les employeurs ne sont pas tenus de divulguer les mêmes renseignements financiers. C'est totalement injuste et inéquitable.
Par ailleurs, le projet de loi impose un lourd fardeau financier et administratif aux organisations syndicales et aux fiducies de syndicat, tout cela pour des renseignements que d'autres organismes ne sont pas tenus de fournir. Pourquoi les syndicats seraient-ils les seuls à devoir se plier à ces exigences, tandis que d'autres organisations, y compris des organisations professionnelles, en seraient exemptées? Franchement, il est difficile de comprendre comment cette mesure législative pourrait être bénéfique aux travailleurs canadiens.
Certains pensent que le projet de loi était nécessaire pour améliorer la transparence fiscale. Ils prétendent qu'il était nécessaire pour garantir l'accès du public à l'information. Je ne parviens pas à établir un lien entre le projet de loi C-377 et la transparence. Les règles contenues dans ce projet de loi sont à sens unique, discriminatoires à l'endroit des syndicats, et bouleversent l'équilibre des relations de travail. Elles n'ajoutent rien au régime actuel.
Une loi existe déjà pour obliger les syndicats à rendre des comptes financièrement à leurs membres et ainsi qu'aux autorités fédérales et provinciales. Par exemple, l'article 110 du Code canadien du travail prévoit que les syndicats et les organisations communiquent gratuitement leurs états financiers à leurs adhérents qui en font la demande. Cette disposition est plus que suffisante pour que les deux parties puissent négocier à armes égales.
Nous savions dès le début que le projet de loi était superflu. En plus de désavantager les syndicats, il nuit au déroulement des négociations collectives.
Ce qui m'amène à parler du projet de loi , qui nous propose de modifier le Code canadien du travail, la Loi sur les relations de travail au Parlement et la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique. Il changerait les règles d'accréditation syndicale en remplaçant le système actuel de vérification des cartes par un système de vote obligatoire, même si le système actuel fonctionne bien depuis des dizaines d'années et que peu de gens expriment le désir de le remplacer. Les conservateurs occultent le rapport du ministère du Travail qui démontre les bons résultats obtenus avec l'approche de vérification des cartes. C'est honteux.
Le projet de loi rendrait plus difficile la tâche des syndicats qui cherchent à obtenir leur accréditation comme agent négociateur. Cependant, ce ne serait pas seulement un problème pour les syndicats. Songeons aux conséquences pour le Conseil canadien des relations industrielles et pour la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique. Ces deux organismes sont responsables de l'organisation des votes d'accréditation et doivent en supporter les coûts.
Les changements législatifs prévus obligeraient le Conseil canadien des relations industrielles à tenir un vote d'accréditation pas seulement dans la proportion de 20 % des cas où le nombre de travailleurs ayant signé une carte d'adhésion ne constitue pas la majorité, mais dans la totalité des cas. La charge de travail du conseil serait donc en gros multipliée par cinq. Actuellement, les syndicats sont tenus d'avoir l'appui de 40 % des travailleurs pour pouvoir obtenir la tenue d'un vote secret. La disposition proposée serait un excellent moyen de compliquer au maximum la démarche de syndicalisation des travailleurs.
Et ce qui est peut-être plus alarmant encore, c'est qu'à la suite de ce changement, l'employeur pourrait nuire plus facilement à la syndicalisation des travailleurs. C'est ce que nous a dit Mme Sara Slinn, professeure associée à la faculté de droit Osgoode Hall de l'Université York, au cours des audiences de notre comité.
Elle a déclaré ceci:
Les employés doivent être davantage protégés de l'ingérence de l'employeur dans le modèle de scrutin. Il faut pour cela mettre en place des procédures accélérées pour juger des pratiques déloyales de travail et des mesures de remédiation provisoires plus vigoureuses, or le projet de loi C-525 ne prévoit aucune protection du genre.
Il est évident que le projet de loi C-525 ne constitue pas un apport positif aux relations de travail au Canada, et c'est sans parler du fait qu'il est tout simplement inutile. Le système d'accréditation par vérification des cartes qui existait dans l'administration fédérale depuis des décennies fonctionnait bien. Nous ne voyons pas la nécessité de le modifier.
Le projet de loi est un apport positif que nous jugeons souhaitable et auquel les Canadiens ont droit. L'abrogation du projet de loi et du projet de loi fait partie d'un ensemble de mesures globales visant à rétablir de bonnes relations avec les gens qui apportent prospérité et qualité de vie aux Canadiens.
C'est simple: nous, libéraux, savons que les travailleurs ne sont pas des ennemis. Nous savons aussi qu'un climat de tension et de méfiance ne peut être productif pour aucune des parties lorsqu'il faut en arriver à des ententes.
Je ne suis pas en train de dire que tout va à la perfection et qu'il n'y a pas de différends entre le mouvement syndical et nous. Ce qu'il faut retenir, c'est que les discussions doivent se faire dans un contexte d'équité, de respect et de transparence.
Les Canadiens ont été témoins de l'enlisement des récentes négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes. On nous a demandé si nous interviendrions en imposant une loi de retour au travail. Nous ne l'avons pas fait. Nous avons respecté le processus, et les deux parties sont parvenues à une entente de principe ensemble, sans notre aide.
On voit la même chose dans les provinces. Au début de la semaine, General Motors Canada et Unifor ont conclu une entente de principe sans arrêt de travail.
Notre confiance dans le processus de la négociation collective n'est pas inconsidérée. On voit de vrais problèmes se transformer en résultats concrets grâce au respect à tous les niveaux. Quand on donne peu, on obtient peu.
Nous savons que le mouvement syndical mérite un traitement équitable de la part du gouvernement fédéral, et nous respectons notre engagement avec le projet de loi . C'est là une des multiples mesures que nous entendons prendre pour améliorer le milieu de travail au pays. Ce n'est qu'un début.
Nous devons non seulement attacher beaucoup d'importance à l'équité, mais aussi, à bien des égards, évoluer avec la société. Sous ce rapport, nous nous sommes engagés à modifier le Code canadien du travail de manière à permettre aux travailleurs de demander officiellement à leur employeur des modalités de travail souples. Les travailleurs sous réglementation fédérale pourront ainsi plus facilement établir un équilibre entre leurs responsabilités professionnelles et leurs responsabilités personnelles.
Nous travaillons aussi à des réformes pour faciliter la mise en place de congés parentaux personnalisés, qui permettront aux parents de se doter d'un régime qui répondra aux besoins propres à leur famille et qui conviendra à leur situation de travail à mesure qu'ils agrandiront leur famille. Les deux initiatives sont bonnes pour la classe moyenne et pour l'économie.
Nous présentons aussi beaucoup d'autres mesures avantageuses pour les Canadiens, qui travaillent fort, et pour leur famille. J'espère que, tant dans nos actions que nos paroles, les députés constatent que le gouvernement tient à livrer des résultats concrets pour les Canadiens.
S'agissant des relations avec le mouvement syndical, je suis la première à admettre que nous ne pouvons pas toujours être d'accord sur tout, mais il est essentiel que, de manière générale, notre relation repose sur la confiance. Notre rapport s'est construit sur la base d'objectifs communs, comme d'aider la classe moyenne et les personnes qui travaillent fort pour y accéder et de créer de bons emplois pour les vaillants Canadiens.
Toutefois, on peut faire plus sur de nombreux fronts, notamment en assurant des conditions justes et équitables aux travailleurs et en bâtissant une économie viable. Je rappelle à mes collègues que nous ne pourrons atteindre ces objectifs qu'en discutant en toute franchise et en toute honnêteté des choses qui comptent, en restant fidèles à nos valeurs et en n'oubliant jamais qui nous sommes censés représenter dans cette enceinte.
Comme je l'ai déjà dit, de bonnes relations de travail sont essentielles pour protéger les droits des travailleurs canadiens et pour aider la classe moyenne à prendre de l'expansion et à prospérer.
Je remercie les députés de m'avoir accordé leur temps et leur attention et de m'avoir permis de rendre publiques ces observations.
:
Monsieur le Président, j'éprouve toujours du bonheur à me lever à la Chambre et prendre la parole. Toutefois, dans le cas présent, j'aurais préféré ne pas avoir à me lever et à prendre la parole sur le projet de loi . En effet, aujourd'hui n'est pas une bonne journée pour la démocratie canadienne.
Voilà que nous sommes à la dernière étape de l'adoption du projet de loi , un projet de loi qui attaque directement la démocratie syndicale, la transparence qui doit exister dans certaines organisations syndicales, et également la reddition de comptes qui doit fondamentalement exister dans les syndicats, mais également partout. Concernant la reddition de comptes, particulièrement cette semaine, on se rend compte de plus en plus que ce gouvernement n'a vraiment pas de leçons à donner à quiconque.
Le projet de loi vise à tuer littéralement deux projets de loi adoptés lors de la précédente législature, deux projets de loi privés pour lesquels nous, les conservateurs, avons tout respect. Nous avons tout respect pour des projets de loi privés, parce que pour nous, tous les députés ici, à la Chambre des communes, sont tous égaux et tous les projets de loi présentés sont tous égaux. Il n'y a pas de projet de loi qui entre par la porte d'en avant et d'autres par la porte d'en arrière. Tous les projets de loi font l'objet d'un vote par les députés qui sont tous entrés par la porte d'en avant. Pourquoi? C'est parce que nous sommes tous redevables envers nos citoyens. Que l'on soit député ministériel, que l'on soit ministre, que l'on soit député de l'opposition ou député indépendant, peu importe, nous sommes tous des députés de la Chambre des communes. Nous avons tous les mêmes pouvoirs de présenter des projets de loi. Honte à ce gouvernement qui définit les projets de loi privés comme étant des projets de loi de porte arrière.
Je tiens à le redire en français. J'ai offert l'occasion, la possibilité, la chance et le privilège à la ministre de reconnaître qu'elle avait fait une erreur. En effet, personne n'est à l'abri d'une erreur. D'avoir dit que les projets de loi privés que nous avons fait adopter lors de la dernière législature étaient des projets de loi de porte arrière est une insulte à la Chambre des communes, une insulte aux 338 personnes dûment élues par la population, dans nos circonscriptions.
Par malheur, j'aurais aimé ne pas avoir à dire cela, mais je dois répéter que lorsqu'un projet de loi privé est déposé, c'est un projet de loi de porte avant et non de porte arrière. Effectivement, si l'on suit la logique libérale, concernant le projet de loi qui a été adopté et présenté par l'honorable Mauril Bélanger, il y a quelques semaines à peine sur l'hymne national, les libéraux seraient-ils prêts à dire qu'il s'agit d'un projet de loi de porte arrière?
[Traduction]
Les libéraux sont-ils prêts à dire que le projet de loi de Mauril Bélanger était un projet de loi présenté par la porte d'en arrière, oui ou non? S'ils sont prêts à le dire, qu'ils le disent.
C'est impossible. On ne peut pas dire qu'un projet de loi a plus ou moins d'importance selon qu'il est présenté par un ministre, un député de l'opposition ou tout autre député. Nous sommes tous des députés.
[Français]
Le projet de loi vise à tuer le projet de loi , qui concernait la reddition de comptes, et le projet de loi , qui concernait la transparence. Prenons-les un par un.
À notre avis, un des principes fondamentaux, dans quelque organisme que ce soit, c'est la démocratie. Nous voulons que les gens qui opèrent en démocratie rendent des comptes à leurs concitoyens, mais également qu'ils obtiennent ce mandat. C'est pourquoi nous estimons que, lorsque vient le temps de créer un syndicat, il est de mise que tous les employés potentiels aient la chance de s'exprimer librement par un vote secret. C'est le fondement même de la démocratie.
Nous avons tous été élus, ici, à la Chambre des communes, par un vote secret. Nous sommes-nous présentés dans les maisons des citoyens en leur demandant de voter pour nous et de signer un papier? Bien sûr que non, parce que nous respectons le vote secret de l'électeur.
Toutefois, ce gouvernement préfère maintenir la vieille méthode employée dans les syndicats selon laquelle les gens doivent signer une demande d'accréditation syndicale. Nous pensons que les gens seront plus à l'aise de choisir la création d'un syndicat par vote secret. Du reste, à notre avis, cela peut assurer une plus grande solidité aux syndicats.
Un syndicat créé par vote secret est la preuve qu'une majorité de travailleurs le veulent vraiment et que personne n'a été victime de pressions indues, que ce soit de la part de gens qui veulent ce syndicat ou de la part de directeurs de l'entreprise qui n'en veulent pas.
On pense souvent que seul un syndicat ira mettre de la pression sur les travailleurs en leur disant qu'il faudrait qu'ils signent une demande d'accréditation, mais l'inverse est aussi vrai.
Un propriétaire d'entreprise peut aller voir un nouvel employé et lui dire qu'il vient juste d'avoir un emploi et que ce ne serait pas une bonne idée qu'il signe ce papier. Je pense que le type va y penser à deux fois. Cependant, si on lui permettait de voter de façon secrète pour la création de son syndicat, on respecterait le principe fondamental de la démocratie. Voilà pourquoi le projet de loi , qui vise à tuer cette notion de démocratie, n'est pas bon.
Rappelons également que la démocratie syndicale repose sur des principes fondamentaux du Canada et que la meilleure façon d'établir cela est de permettre la reddition de comptes. Cela m'amène à parler de l'autre projet de loi qui va être tué par le projet de loi , c'est-à-dire le projet de loi .
Le projet de loi visait à permettre la transparence et la reddition de comptes. Nous estimons que, lorsqu'un syndicat reçoit près de 500 millions de dollars en remboursements d'impôt, il a des comptes à rendre. Ce n'est pas rien, il s'agit d'un demi-milliard de dollars. C'est beaucoup d'argent des contribuables sous la forme de remboursements d'impôt. C'est pourquoi nous estimons que les salaires des dirigeants, la façon dont ils gèrent leur argent et les choix qu'ils font quand vient le temps de soutenir ou non des partis politiques, entre autres, doivent être rendus publics. Or le projet de loi vise à tuer la transparence que nous, les conservateurs, estimons essentielle.
Ma collègue du NPD disait qu'elle était organisatrice et présidente d'un syndicat de travailleurs des postes où tous les comptes étaient publics. Cependant, ce n'était que pour les membres. Or, si ces comptes sont publics pour les membres, pourquoi ne le seraient-ils pas pour les citoyens qui, eux, par le truchement des remboursements d'impôt, paient la contribution syndicale? Si ces données sont si publiques que cela, pourquoi ne pas les rendre vraiment publiques? Qu'ont-ils à cacher? Cela ne dérangerait pas quelqu'un qui n'a rien à cacher. Alors, pourquoi s'oppose-t-on à la reddition de comptes et à la transparence?
C'est pourquoi je dis que le projet de loi est un mauvais projet de loi et que c'est une mauvaise journée pour la démocratie, puisqu'il mine les principes fondamentaux de la démocratie, de la reddition de comptes et de la transparence.
Rappelons qu'en matière de reddition de comptes, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce gouvernement a des croûtes à manger. Jour après jour, on met au jour des situations très gênantes pour le gouvernement. Quand la se promène en limousine et donne des contrats à un ami libéral, puis s'excuse en disant qu'elle va rembourser ses dépenses, une fois prise la main dans le sac, ce n'est pas bon signe.
Encore ces jours-ci, on apprend que le déménagement de conseillers du coûte à l'État plus de 200 000 $. Au début, on dit que ce n'est pas grave. Ensuite, on dit qu'on va rembourser ces dépenses. C'est bien la preuve que la reddition des comptes, du côté des libéraux, n'est pas un apanage dont ils sont très fiers. Or la reddition de comptes est essentielle.
Nous, les députés, faisons un rapport qui est publié tous les trois mois concernant nos dépenses, notamment celles relatives à nos déplacements. C'est ultra-public. Malheur à celui qui a une dépense inappropriée, parce qu'on va la lui reprocher assez rapidement. Il s'agit donc de principes fondamentaux que nous appuyons tous, mais quand vient le temps de les appliquer aux syndicats, du côté libéral — et du côté du NPD aussi, je présume —, on ne veut pas toucher à cela. C'est dommage. La démocratie, la reddition de comptes et la transparence sont des principes fondamentaux ici, et ils doivent également s'appliquer aux organisations syndicales.
Comme tout le monde le sait, la vérité, au fond, c'est que les libéraux voulaient remercier les grands patrons de syndicat qui leur ont donné tout un coup de main lors de la dernière campagne électorale. Souvenons-nous que l'Alliance de la fonction publique était prête à dépenser 5 millions de dollars, seulement au mois d'août, pour attaquer le précédent gouvernement, avant même que l'élection soit déclenchée. C'est ce qui avait conduit le premier ministre précédent à déclencher les élections dès le mois d'août, afin que cette orgie de dépenses syndicales visant à attaquer un parti politique, dépenses non approuvées par la totalité des membres des syndicats, ne déstabilise pas complètement notre démocratie.
C'est la raison pour laquelle on a eu la campagne électorale la plus longue de l'histoire. C'est parce que les syndicats voulaient dépenser des millions de dollars pour attaquer un seul parti, sans même avoir obtenu l'accord de l'ensemble de leurs membres.
Je sais de quoi je parle: dans ma circonscription, à Québec, dans laquelle il y a plusieurs employés de l'État, du fédéral comme du provincial, j'ai rencontré une dame qui m'a dit qu'elle contestait vigoureusement le choix de son syndicat, qu'elle le critiquait sévèrement et qu'elle n'avait même pas le droit de voter sur le fait de permettre une dépense ou non. Voilà la réalité d'aujourd'hui. Comme les syndicats ont aidé largement le Parti libéral à coups de millions de dollars pour le porter au pouvoir, celui-ci décide de remercier ses amis les syndicats et de présenter un projet de loi qui va détruire ce que nous avons fait pour la démocratie, pour la reddition de comptes et pour la transparence.
Toutefois, le gouvernement aurait peut-être pu être plus attentif à ce que les syndiqués disent et que même certains dirigeants syndicaux disent. Ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise avec le projet de loi . Au contraire, certains chefs syndicaux sont très à l'aise avec les principes de transparence, de démocratie et de reddition de comptes. Nous avons pu entendre des gens se prononcer à plusieurs reprises.
Par exemple, Robyn Benson, de l'Alliance de la fonction publique a dit:
[On] n'est pas contre les votes secrets. Nous en faisons régulièrement, par exemple pour élire nos représentants, ratifier les conventions collectives et pour déclencher une grève.
Ce n'est pas un conservateur ni un groupe de droite qui a dit cela. C'est M. Benson de l'Alliance de la fonction publique du Canada. Il y en a d'autres aussi.
[Traduction]
Dick Heinen, qui représente la Christian Labour Association of Canada affirme, et je le cite:
Les travailleurs doivent avoir le droit et la liberté de faire leurs propres choix lorsqu'il s'agit de décider quel syndicat les représentera et même de décider de se syndiquer ou non.
Brendan Kooy, qui représente la même association, déclare de son côté: « Soyons clairs, l'association appuierait un vote secret chaque fois que cela est possible. »
[Français]
Voici également une citation de John Farrell, directeur exécutif des Employeurs des transports et communications de régie fédérale:
[Traduction]
Nos membres préfèrent un scrutin secret à un système de vérification de cartes pour déterminer si un syndicat deviendra l’agent négociateur accrédité des employés. Essence même d’un véritable choix démocratique, le scrutin secret est entièrement conforme aux principes de la démocratie canadienne.
Je suis d'accord avec lui.
Paul Moist, président national du Syndicat canadien de la fonction publique, dit quant à lui: « Si vous demandez aux Canadiens ce qu'ils pensent du vote, la majorité d'entre eux, y compris moi, vous diront que c'est une bonne chose. »
Chris Aylward, vice-président directeur national de l'Alliance de la fonction publique du Canada, affirme en ces termes que le vote secret n'est pas un problème:
Nous ne disons pas que le vote secret est mauvais. En fait, j'ai indiqué dans mon mémoire que nous n'avons rien contre le vote secret, qu'on utilise dans notre propre organisation [...] Ce n'est donc pas comme si nous allions tout d'un coup imposer le vote secret aux employés et que nous nous y opposions. Nous ne nous y opposons pas.
On peut difficilement être contre le vote secret, qui est le fondement de la démocratie.
[Français]
C'est cela, les bases de la démocratie. La base de la démocratie, c'est le vote secret. La base de la démocratie, c'est la reddition de comptes. La base de la démocratie, c'est la transparence dans les dépenses des chefs syndicaux. C'est cela les bases de la démocratie. C'est cela que nous avons établi et c'est ce que veut détruire le projet de loi , soit les bases de la démocratie dans le mouvement syndical. C'est gênant.
Pourtant, cela se fait ailleurs. Nous n'avons pas inventé la roue quand nous avons présenté ce projet de loi il y a deux ou trois ans. Au contraire, nous nous sommes inspirés de ce qui se faisait ailleurs. En ce qui concerne le vote secret, il existe en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Pourquoi peut-on le faire au provincial mais pas au fédéral? Est-ce que cela veut dire que les gens de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan, de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse sont contre les syndicats et contre la liberté d'expression? Bien au contraire. Si on le fait au provincial, pourquoi ne peut-on pas le faire au fédéral? Voilà pour le principe de la démocratie.
Il en va de même quand vient le temps de la transparence et de la reddition de comptes. Cela existe dans certaines provinces mais également dans certains pays, comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Allemagne et même la France. S'il y a un pays qui est plus à gauche que le Canada, c'est bien la France. S'il y a un pays qui, pendant des années, a été dirigé par des gens de gauche, c'est bien la France. S'il y a un pays où les syndicats ont une pleine liberté d'action et sont très puissants dans l'économie et la vie sociale, c'est bien la France. Voilà que la France a des mesures de transparence. Qui sont-ils pour dire que la France ne serait pas ouverte aux syndicats quand on connaît la puissance et la force des unions, comme on le dit en France? C'est tout à fait faux.
J'invite le gouvernement à s'inspirer de ce qui se fait au Canada et dans les provinces, et de ce qui se fait ailleurs dans les pays qui sont plus à gauche que nous, où les syndicats sont plus puissants que chez nous et qui, eux, permettent justement la transparence, la reddition de comptes et la démocratie.
D'ailleurs, il y a déjà eu une contestation, ce qui est tout à fait légitime dans notre système. Des gens ont effectivement contesté devant les tribunaux certaines lois qui ont été adoptées par les provinces. Voyons justement ce qui a été dit en Saskatchewan par la cour d'appel qui s'est prononcée sur la question, pour savoir si oui ou non, on devait faire des modifications à la loi sur l'emploi de cette province, comme les conservateurs l'ont fait il y a deux ou trois ans.
Prenons ici la déclaration du juge Richards de la Court of Appeal of Saskatchewan, qui a dit à la page 38:
[Traduction]
[...] le vote par scrutin secret permet simplement aux employés de faire des choix en fonction de leurs intérêts.
Il a ajouté que « le scrutin secret est, après tout, un symbole de la démocratie moderne ».
[Français]
Ce n'est pas un conservateur qui le dit, mais un juge de la Cour d'appel de la Saskatchewan. On sait que la Saskatchewan n'est pas une terre naturellement portée vers la droite. N'est-ce pas en Saskatchewan où sont nés les grands mouvements sociaux du Canada? N'est-ce pas en Saskatchewan où on a vu T.C. Douglas mettre au monde le parti qui plus tard allait devenir le NPD? Or la Saskatchewan, qui n'est pas reconnue comme étant l'endroit le plus à droite au Canada de par son fondement et son histoire, reconnaît par un juge de la cour d'appel qu'effectivement, c'est une bonne chose.
Pour résumer, le projet de loi n'est pas un bon projet de loi. Il vise à tuer deux projets de loi dûment débattus et adoptés par l'ancienne législature, des projets de loi privés qui, pour nous, conservateurs, ne sont pas des projets de loi de la porte arrière, comme le disent de façon si méchante, mesquine, agressive et hautaine le ministre et d'autres députés du gouvernement libéral.
À notre avis, tous les projets de loi sont égaux, à commencer par le projet de loi de l'honorable Mauril Bélanger sur l'hymne national. C'est exactement la même chose. Ce n'est pas un back door bill, mais un projet de loi qui a été dûment présenté par un député, un projet de loi qui est entré par la porte d'en avant, et non par la porte d'en arrière.
Malheureusement, le projet de loi risque d'être adopté bientôt, alors qu'il attaque des principes fondamentaux au Canada et si importants pour les Canadiens. Il attaque des principes de démocratie, où on protège justement le vote secret plutôt que de demander aux gens de signer un papier. On protège le vote secret. Nous tous, ici, avons été élus par vote secret.
Le projet de loi vise à attaquer un projet de loi qui permettait justement plus de transparence dans la reddition de comptes des syndicats. C'est un très mauvais signal que l'on envoie non seulement aux syndicats, mais aussi à toutes les organisations, parce que quand vient le temps de rendre des comptes, toutes les organisations doivent se prêter à cet exercice.
Les projets de loi que nous avions fait adopter sous notre gouvernement permettaient justement une meilleure démocratie, une meilleure reddition de comptes et une meilleure transparence, ce que le projet de loi attaque. C'est pourquoi, aujourd'hui, c'est une triste journée pour la démocratie canadienne.