Que le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées reçoive instruction d’entreprendre une étude sur les répercussions du décès d’un nourrisson sur les parents, y compris les cas de syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), de manière à évaluer, entre autres éléments, (i) les manières permettant d’améliorer le degré de compassion et d’aide pour les parents qui ont perdu leur nourrisson, (ii) les manières permettant de s’assurer que les parents ne sont pas touchés par des difficultés financières ou émotionnelles indues en raison des programmes gouvernementaux, plus particulièrement les Prestations parentales de l’Assurance-emploi; que le Comité tienne au moins six réunions pour entendre des témoins, notamment des parents dont le nourrisson a été emporté par le SMSN, des organismes qui représentent les familles touchées par le SMSN, des spécialistes du domaine du counseling auprès des endeuillés, ainsi que des représentants responsables du programme de Prestation parentale de l’Assurance-emploi; que le Comité fasse rapport de ses constatations et recommandations à la Chambre dans les six mois suivant l’adoption de la présente motion; que le Comité reçoive l’instruction de demander une réponse globale du gouvernement à ce rapport, conformément à l’article 109 du Règlement.
— Madame la Présidente, c'est un honneur d'intervenir à la Chambre aujourd'hui au nom de trop nombreuses familles en deuil pour parler de la motion M-110, qui demande au comité des ressources humaines d’entreprendre une étude sur les répercussions du décès d’un nourrisson sur les parents.
[Français]
C'est un honneur pour moi de présenter à la Chambre, au nom de ces familles, cette motion qui vise plus de compassion de la part du gouvernement.
[Traduction]
Cette motion aurait une incidence considérable sur la vie des innombrables familles canadiennes frappées par la mort tragique d'un nourrisson. La naissance d'un enfant devrait être un moment magique et fantastique et, bien que le sommeil des parents en souffre, les premières années de la vie d'un enfant sont un bonheur incroyable. Malheureusement, ce bonheur tourne trop souvent au cauchemar pour les familles canadiennes.
J'espère que la motion M-110 ouvrira la voie à des façons de traiter les familles dans cette situation avec plus de compassion. J'ai pris conscience de ce problème quand une famille de ma circonscription, les Cormier, a communiqué avec moi pour me parler de ce qu'elle avait vécu. Quinn, la merveilleuse fille de Sarah et Lee, est née en 2014. La tragédie s'est produite à peine quatre mois plus tard, quand Quinn s'est endormie pour ne plus jamais se réveiller. Le syndrome de mort subite du nourrisson avait causé son décès.
Sarah et Lee étaient bouleversés, en état de choc, et avaient le coeur brisé. Alors qu'ils étaient en période de deuil profond, après avoir vécu l'un des pires moments que des parents puissent vivre, les prestations parentales des Cormier ont été interrompues. Un agent de Service Canada a informé les Cormier qu'ils seraient tenus de rembourser les prestations reçues la semaine après la mort de Quinn. On ne peut qu'imaginer ce qu'ils ressentaient lorsque cette conversation a eu lieu. Ce qui est encore plus choquant, c'est qu'il ne s'agit pas d'un incident isolé.
C'est extrêmement cruel d'agir ainsi à l'égard de parents qui vivent des heures aussi sombres. Le gouvernement devrait ouvrir la voie et appuyer les parents comme Sarah et Lee. Ces parents ne demandent pas plus que ce qui leur a déjà été accordé. Ils demandent simplement que l'on fasse preuve de compassion et de compréhension et qu'on leur donne le temps de vivre leur deuil et d'entamer le processus de guérison sans avoir à s'inquiéter de fardeaux financiers.
Depuis que j'ai eu cette conversation avec Sarah et Lee, j'ai assisté à des manifestations et à des activités commémoratives partout au Canada, et j'ai entendu beaucoup trop d'histoires déchirantes de ce genre. Je me souviens d'avoir rencontré une femme à l'une de ces activités, et cette femme m'a raconté ce qu'elle a vécu. Elle m'a raconté qu'après la mort de son nourrisson, on lui a dit qu'elle devait se présenter en personne à son institution bancaire — cela ne pouvait pas être fait en ligne, il fallait que ce soit fait en personne — pour déterminer comment elle rembourserait Service Canada. Cela s'est produit quelques semaines seulement après la mort de son enfant.
Elle m'a parlé de son angoisse et de la fois où elle s'est rendue à la banque. Elle est restée dans le stationnement, assise dans sa voiture, pour essayer de surmonter son chagrin et la terrible émotion qu'elle éprouvait, mais elle a tout simplement été incapable de se décider à entrer dans la banque et à y expliquer sa situation. Qui pourrait le lui reprocher? Pourquoi les parents devraient-ils être obligés de remplir de la paperasse administrative inutile, de se rendre dans un bureau de Service Canada et de répéter sans cesse leur histoire à des agents de l'État alors qu'ils ne sont tout simplement pas prêts à le faire?
Ce n'est ni sain ni bénéfique pour les parents. Ceux qui se résolvent malgré tout à affronter ce difficile parcours en ressortent souvent traumatisés, et leur capacité de guérison se trouve diminuée. Par conséquent, beaucoup de parents ont décidé de transformer leurs pleurs en actions concrètes. Par la même occasion, ils défendent d'autres familles et revendiquent un meilleur soutien et plus de compassion pour les milliers de personnes qui subissent le même sort chaque année. Ils ramassent de l'argent, organisent des marches et s'expriment en public en faisant courageusement connaître leur histoire.
Évidemment, épouser cette cause est aussi, pour les parents endeuillés, une façon de s'assurer que le souvenir de leur enfant ne disparaîtra jamais. Les Cormier, dont j'ai parlé tout à l'heure, ont fondé un événement du nom de Quinn's Legacy Run en mémoire de leur fille et de tous les enfants qui ont quitté ce monde trop tôt. Cette épreuve de course à pied sert aussi à aider financièrement les familles de l'Alberta qui ont perdu un nouveau-né à cause du syndrome de mort subite du nourrisson.
J'ai participé à la Quinn's Legacy Run dans le passé. C'est fantastique de voir le nombre de participants. Sarah et Lee font un travail incroyable de sensibilisation. Ils font connaître leur histoire et veillent à ce que le legs de Quinn ne soit pas oublié.
J'ai eu l'honneur de participer à beaucoup d'autres événements du genre, notamment les marches Edmonton Baby Steps Walk to Remember, Calgary Walk to Remember, No Foot Too Small Awareness Walk, à Saskatoon, et Sherwood Park Baby Steps Walk to Remember ainsi que la course Vaughn's Memorial Color Run. Il y en a beaucoup d'autres encore. Les organisateurs des événements de ce genre font un travail important un peu partout au pays parce que trop de familles canadiennes souffrent en silence chaque année.
Chaque année au Canada, on enregistre plus de mille mortinaissances et entre 15 et 20 % environ des grossesses se terminent par une fausse couche. En outre, près de 2 000 nourrissons meurent avant l'âge d'un an, et plus de la moitié de ces décès sont attribuables au syndrome de mort subite du nourrisson ou à des causes inconnues. Les grossesses improductives et la mortalité périnatale ne sont pas des problèmes lointains qu'on rencontre à l'extérieur de nos frontières, quelque part à l'étranger; ils sont une réalité ici même au Canada, à l'heure actuelle, et ils entraînent leur lot de souffrances. De nombreuses personnes en souffrent. Je suis certain que tous les députés ici présents connaissent des gens dans leur circonscription qui ont perdu un enfant.
[Français]
Dans notre régime actuel, si une grossesse se termine par une fausse couche ou une mort à la naissance, la mère n'a droit à aucune prestation de maternité supplémentaire, car l'objectif est de lui permettre de récupérer de l'accouchement. Si le bébé meurt au cours du congé de maternité de la mère, les prestations sont immédiatement interrompues. En outre, si un bébé meurt pendant que la mère ou le père est en congé parental, les prestations de maternité ou de paternité cessent sur-le-champ. Quand le bébé décède, le soutien cesse. Dans certaines familles, cela risque de signifier que la mère ou le père doit retourner au travail dans la semaine qui suit la mort de l'enfant.
[Traduction]
La détresse psychologique est l'une des grandes difficultés que vivent les familles confrontées à la perte d'un nouveau-né. En dépit de la tragédie, ces parents sont forcés de remplir des documents, de communiquer avec Service Canada et de faire de nombreux appels à diverses institutions, notamment des banques, pour savoir quels services sont disponibles et les mesures qu'ils doivent prendre. De toute évidence, notre système laisse à désirer à ce chapitre. Les familles qui ont perdu un enfant ont besoin de compassion. Les études révèlent que les parents qui perdent un enfant vivent un niveau de stress extrêmement élevé et souvent persistant.
En tant que père, je peux imaginer la douleur des parents comme les Cormier, qui ont perdu leur fille Quinn. Heureusement, de nombreuses organisations formidables ont pour mission d'aider les familles qui ont vécu un deuil périnatal. Mentionnons entre autres Gardens of GRACE, Cradles for Cuddles, le Pregnancy and Infant Loss Network, Hazel's Heroes, la Butterfly Run, la fondation Vaughn Sawchuk, Empty Arms Perinatal Loss Support Services, A Walk to Remember, Souffle de bébé Canada et la campagne du 15 octobre. Ces organisations sensibilisent la population à la tragédie que constitue la perte d'un nourrisson et offrent du soutien aux familles endeuillées.
La campagne du 15 octobre organise une marche annuelle en mémoire des enfants disparus précocement. Cuddle Cots for Canada permet aux parents de passer plus de temps avec leur enfant après son décès. Enfin, dans le cadre de l'initiative Hope Boxes, on envoie du matériel de soutien aux parents endeuillés, partout au Canada.
Paula Harmon, de Gardens of GRACE, en Nouvelle-Écosse; Annick Robinson, de Cuddle Cots, à Montréal; Rachel et Rob Samulack, de la Butterfly Run, à Ottawa-Gatineau; et Sarah Cormier, de la société Quinn's Legacy Run, sont tous ici. Nous pouvons aussi compter sur d'autres personnes extraordinaires, qui sont toutes ici cette semaine, au Parlement, pour soutenir cette motion pendant que la Chambre des communes en débat.
Un certain nombre de provinces et de territoires — le Nouveau-Brunswick, le Manitoba, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse, l'Ontario, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan — ont déjà adopté des proclamations. De nombreuses municipalités du pays ont fait de même afin d'offrir leur soutien aux familles touchées et d'honorer la mémoire des enfants disparus.
Il est temps que les députés se joignent au mouvement et viennent eux aussi en aide aux familles qui ont été frappées par le deuil périnatal. Je suis persuadé que nous pouvons en faire plus pour eux, et qu'en écoutant les parents qui ont perdu un enfant, nous pourrons mieux aider les familles du Canada.
Je tiens à remercier un certain nombre de personnes, parce que cette motion, absolument apolitique, est l'occasion pour tous les parlementaires, quel que soit leur parti, d'unir leurs efforts et de changer la vie des familles endeuillées.
Je remercie tout particulièrement deux de mes collègues: merci à la députée d', porte-parole de l'opposition pour les enfants et la famille, de son soutien et de tout ce qu'elle a fait pour que cette motion voie le jour, et merci aussi à la porte-parole du NPD, la députée de , de son soutien et des efforts qu'elle a mis pour faire avancer ce dossier. Je remercie aussi mes nombreux collègues, des deux côtés de la Chambre et de tous les partis, qui ont pris la parole pour dire qu'ils appuient la motion et qu'ils veulent que nous fassions quelque chose pour aider ces familles.
Je tiens également à remercier tous ceux qui ont écrit des lettres, qui ont signé des pétitions et qui ont appelé ou rencontré leurs députés pour les encourager à appuyer cette motion. Ils ont été nombreux à le faire partout au pays. Cela nous donne à tous la possibilité de comprendre et d'associer un visage aux témoignages que nous avons entendus, de bien saisir les répercussions de la perte d'un nourrisson sur un grand nombre de familles canadiennes, et de savoir que nous, dans cette enceinte, avons la possibilité de faire quelque chose à ce chapitre.
C'est ce que nous tentons de faire aujourd'hui: adopter une motion visant à ce qu'un comité de la Chambre des communes entreprenne une étude pour se pencher sur ces questions et recueillir les témoignages des parents et des familles qui ont perdu un nourrisson, des organismes qui représentent les familles touchées, des conseillers en matière de deuil, des experts médicaux et de tous ceux qui sont à même de nous conseiller sur la façon d'aider ces parents à vivre leur deuil sans leur imposer un fardeau financier ou émotionnel attribuable aux programmes gouvernementaux.
Nous devons les épauler, et non pas leur compliquer la vie, à un moment où ils traversent l'une des épreuves les plus difficiles qui soient.
J'aimerais surtout remercier les défenseurs de la cause des parents dans l'ensemble du pays qui ont eu le courage — et je ne peux qu'imaginer la quantité de courage — de raconter leur histoire et de parler de leur deuil et de leur douleur afin d'essayer d'aider d'autres parents. S'ils ont le courage de le faire après ce qu'ils ont traversé, alors il nous incombe à tous, en tant que parlementaires, de faire preuve du même courage, d'avoir cette même compassion et de faire quelque chose qui est tout à fait en notre pouvoir pour régler cette situation.
Il n'y a pas de raison de ne pas agir. Il n'y a pas une seule raison de ne pas agir. Il faut agir. C'est simple. C'est facile à régler. C'est la moindre des choses. J'espère certainement que tous les députés se joindront à moi pour appuyer ces familles durant une période très sombre, pour faire quelque chose afin d'alléger ce poids et les soulager un peu. Nous en sommes totalement capables.
Voilà pourquoi j'encourage tous les députés à voter en faveur de la motion M-110. Puissions-nous aider les Canadiens par nos paroles, mais aussi par nos gestes. Nous devons faire preuve de compassion à l'égard des parents en deuil.
:
Madame la Présidente, je suis ravi de prendre la parole aujourd'hui à propos de cette importante motion. C'est un plaisir de travailler de nouveau en quelque sorte avec mon collègue de . Je dis de nouveau parce que nous avons eu l'occasion de travailler ensemble dans un dossier plus controversé, mais nous l'avons toujours fait avec courtoisie.
J'aimerais féliciter le député de son éloquent discours. Il a décrit la question de manière très claire et l'a portée à l'attention de la Chambre et des auditeurs, et certainement aussi des personnes qui travaillent au ministère ou au cabinet du ministre. Il a relevé ce que nous pourrions qualifier de lacune dans le système. Son discours et le contenu de sa motion auront certainement été entendus aux échelons supérieurs du gouvernement.
La motion demande à ce que la Chambre, par l'entremise du comité des ressources humaines, tente de voir comment, dans le cadre de l'assurance-emploi, le gouvernement fédéral pourrait améliorer le degré de compassion manifesté envers les personnes qui ont perdu un bébé, une perte qui entraîne une douleur inimaginable, comme l'a décrit le député, y compris dans les cas du syndrome de mort subite du nourrisson et d'autres circonstances. Selon Statistique Canada, on a recensé en 2014 environ 1 800 morts infantiles et 3 200 mortinaissances.
La motion M-110 n'est pas une motion partisane. Elle nous rappelle à tous ce que nous sommes appelés à faire ici, à la Chambre, pour représenter les Canadiens. Nous avons été élus pour régler d'importants problèmes au nom de nos concitoyens. Nous sommes ici pour modifier le système au besoin et, par système, j'entends toutes les règles, procédures et éléments de nature objective qui sont nécessaires au bon fonctionnement d'une société moderne. Parallèlement, nous sommes ici pour travailler dans l'intérêt des gens, nous en conviendrons tous, et non pas dans l'intérêt du système.
Pour les parents qui ont perdu un enfant, il est pratiquement impossible de revenir au travail rapidement. Par conséquent, il se peut qu'ils subissent des pertes financières, par exemple si leur employeur n'est pas en mesure de les aider financièrement ou de leur accorder un congé payé. Certaines entreprises sont petites et ne peuvent pas se permettre ce genre de choses, même si d'autres le peuvent. Quoi qu'il en soit, le deuil éprouvant qui suit la perte d'un nourrisson est souvent accompagné de difficultés financières. C'est d'ailleurs ce que vise à régler la motion.
Le député a aussi mentionné qu'il y a des groupes dans la collectivité qui aident les parents endeuillés à surmonter la tragédie. Cela nous donne espoir pour le pays et pour la société. Oui, il y a la bureaucratie, des règles, des procédures, des lois et des règlements qui gouvernent la vie de nos jours, mais il y a aussi la collectivité, c'est-à-dire des Canadiens qui unissent leurs efforts et s'entraident de multiples façons.
Chez moi, il existe une multitude de groupes communautaires qui aident des personnes dans toutes sortes de circonstances. En fait, c'est de la collectivité que les Canadiens obtiennent du soutien.
Le député a mentionné l'organisme Souffle de bébé, établi en 1973, dont le mandat inclut la recherche, la défense d'intérêt et le soutien par des pairs pour le deuil. J'ai aussi appris qu'il y a un groupe dans la circonscription du député appelé Quinn's Legacy.
Je le répète, nous sommes ici pour améliorer le système. Je sais que nous sommes tous d'accord là-dessus, mais je souligne aussi qu'il s'agit d'une valeur fondamentale pour l'actuel gouvernement. Il y a toujours moyen d'améliorer les choses, comme le dit souvent le .
En tant que libéral, c'est là ma principale motivation. Selon moi, tout système, peu importe lequel, est imparfait. Il est toujours nécessaire de le modifier, car les circonstances évoluent constamment et le système doit s'y adapter.
J'aimerais prendre un moment pour souligner que la réforme de l'assurance-emploi a été guidée par l'esprit qui anime le gouvernement. Selon moi, la motion du député concorde avec l'approche ou l'éthique du gouvernement. Par exemple, le budget de 2018 prévoit un congé parental « à prendre ou à laisser » de cinq semaines supplémentaires, pour offrir aux parents le plus de souplesse possible quant aux choix professionnels à prendre après la naissance d'un enfant. Voilà une des réformes apportées par le gouvernement.
Le budget de 2017 prévoit aussi d'autres changements pour rendre le régime d'assurance-emploi plus souple et humain. Pour continuer sur la question des prestations parentales, le budget de 2017 a assoupli le régime de façon à permettre aux parents de prendre un congé parental prolongé de 18 mois au lieu de 12 mois, comme c'est la norme.
De plus, le gouvernement a instauré une nouvelle prestation pour proches aidants, qui permet aux gens de s'absenter pour prendre soin d’un adulte gravement malade. Celui-ci n'a pas nécessairement besoin d'être en phase terminale, comme c'est le cas dans le programme de prestations de compassion. Il peut s'agir d'une personne qui est gravement malade. Il n'est pas nécessaire que la personne qui s'absente soit un membre de la famille en tant que tel. Il peut s'agir d'une personne que le malade considère comme un proche qui le soutient.
Le gouvernement a également amélioré la prestation pour proches aidants d’enfants. Auparavant, seuls les parents y étaient admissibles. Maintenant, grâce aux mesures prévues dans le budget de 2017, toute personne qui n'est pas un parent, mais qui a évidemment des liens étroits avec l'enfant ou qui est en mesure d'aider y est admissible.
Ce sont toutes des modifications apportées par le gouvernement. Comme je l'ai déjà mentionné, je crois que la question soulevée par le député concorde avec la préoccupation du gouvernement d'assouplir le régime afin qu'il puisse mieux servir les gens. Je pense que la motion est présentée dans cet esprit.
Je me dois de féliciter le député du travail qu'il a accompli. Je n'avais pas réalisé l'étendue des consultations qu'il a menées à l'échelle du pays. Il a affirmé avoir parcouru le pays pour rencontrer différents groupes qui viennent en aide aux parents qui ont perdu leur nourrisson. Il a dit que des représentants de plusieurs de ces groupes étaient présents cette semaine sur la Colline du Parlement.
Je crois que les efforts du député pour faire connaître une question dont les décideurs ne sont pas nécessairement au courant ou à laquelle ils n'avaient pas vraiment pensé relativement au régime d'assurance-emploi sont très importants.
Le point central de la motion est valide. Je crois qu'une députée a mentionné qu'il ne faudrait probablement pas six réunions pour régler une question aussi clairement définie. Ce sera au député d'en discuter avec ses collègues. Je crois qu'il a soulevé une question très importante et, encore une fois, je le félicite et je salue le travail qu'il a accompli pour produire cette motion.
:
Madame la Présidente, cela me fait plaisir de me lever à la Chambre aujourd'hui dans le cadre de l'examen du projet de motion M-110. Cette motion vise à évaluer les différentes manières pouvant permettre d'améliorer le degré de compassion et d'aide pour les parents qui ont vécu l'une des pires tragédies qui soient: la perte de leur nourrisson.
Ce drame que représente la perte d'un enfant en bas âge pour les parents est la cause de chocs émotionnels très importants. C'est pourquoi la motion M-110 vise également à ce que ces derniers n'aient pas à souffrir de difficultés financières qui viendraient s'ajouter à la tragédie personnelle qu'ils vivent.
En tant que néo-démocrate, je considère que les valeurs de compassion et de solidarité sont primordiales. Il est donc clair pour moi que je vais appuyer sans réserve cette motion qui va dans le bon sens. J'aimerais d'ailleurs rappeler que plusieurs projets de loi similaires ont été déposés par mes collègues néo-démocrates, dont deux récemment par ma collègue d'. Ce projet de motion représente donc une véritable occasion de prendre enfin en compte les besoins de ces familles qui ont souffert des conséquences du syndrome de mort subite du nourrisson.
En effet, au NPD, nous considérons qu'il est du devoir du gouvernement fédéral de s'assurer du bien-être de l'ensemble de nos concitoyens. C'est pourquoi les néo-démocrates s'étaient engagés, lors de la dernière campagne électorale, à étendre l'admissibilité à la prestation pour soins de compassion. Les néo-démocrates sont conscients que beaucoup de nos concitoyens prennent soin de proches malades tout en devant composer avec leurs obligations professionnelles et familiales. C'est pourquoi le NPD est plus que jamais déterminé à bonifier le congé pour soins de compassion, qui est connexe au projet de motion de mon collègue.
Je crois que nous sommes tous d'accord que perdre un enfant est certainement l'une des pires tragédies qui soient. C'est pourquoi il est nécessaire de dégager tous les moyens disponibles pour s'assurer que les parents qui ont vécu ce drame sont accompagnés de la meilleure façon possible dans cette terrible épreuve.
On me permettra de souligner le travail acharné et la résilience des nombreuses organisations de la circonscription de Saint-Hyacinthe—Bagot qui viennent justement en aide aux parents dans le besoin, que ce soit ceux qui ont besoin d'aide après la naissance de leur premier enfant ou ceux qui restent traumatisés par la perte de leur enfant, notamment à cause du syndrome de mort subite du nourrisson. Je pense entre autres aux organismes suivants: Les Amis du Crépuscule, le Centre de la Famille Saint-Pie, Urgence Vie, la Maison de la Famille des Maskoutains, la Fédération de la famille Richelieu-Yamaska, et bien d'autres.
Chaque jour, ces organismes viennent en aide à ces personnes dans le besoin et contribuent à améliorer la vie de l'ensemble de la communauté de Saint-Hyacinthe et d'Acton Vale. J'aimerais donc les féliciter et les remercier pour leur travail incroyable qui permet à ces familles dans le besoin de trouver un peu de réconfort et de mieux faire face à des situations souvent très difficiles.
Je crois profondément que le gouvernement fédéral devrait être plus attentif à ces organismes communautaires qui jouent un rôle très important dans l'ensemble de nos circonscriptions. Leur travail acharné devrait servir d'exemple à l'action gouvernementale et ouvrir les yeux du gouvernement libéral sur les nombreuses réformes qu'il reste à accomplir dans ce pays.
Au Nouveau Parti démocratique, nous sommes déterminés à mener une réforme en profondeur de l'assurance-emploi pour venir en aide à l'ensemble de nos concitoyens et mettre fin aux nombreuses injustices qui continuent d'exister dans ce pays. On a beau parler de bonifier certaines parties du régime de l'assurance-emploi, mais il faut se rappeler qu'à la base, 6 travailleurs ou travailleuses sur 10 ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi, alors qu'ils y cotisent chaque semaine. Pour ce qui est des 4 travailleurs sur 10 qui y ont droit, ils reçoivent des prestations équivalant à 55 % de leur salaire.
De plus, ces derniers mois, 16 000 travailleurs se sont de nouveau retrouvés sans aucun revenu pendant plusieurs mois à cause des mauvaises réformes de l'assurance-emploi. La première réforme importante qui a sabré le régime de l'assurance-emploi remonte à 1996, quand les libéraux l'ont complètement dénaturé.
Par la suite, le gouvernement conservateur n'est venu que consolider cette réforme. C'est ce qu'il faut changer à la base, afin de pouvoir aider ces parents qui vivent la difficulté soulevée par la motion M-110.
Lors de la dernière campagne électorale, le lui-même avait fait la promesse de bannir la réforme des conservateurs, qui pénalise beaucoup de travailleurs et leurs familles. Pourtant, près de deux ans et demi plus tard, force est de constater que les belles paroles formulées par les libéraux ne se sont pas traduites par suffisamment d'actions concrètes pour vraiment changer la réalité de l'assurance-emploi.
L'heure est pourtant venue d'agir. Des centaines de familles partout au pays se retrouvent sans aucun revenu, et souvent, durant plusieurs semaines. On doit vraiment faire plus pour leur venir en aide. Cela fait trop longtemps que le NPD, avec ses partenaires, des syndicats et des groupes de chômeurs réclament une nécessaire réforme en profondeur de l'assurance-emploi. On n'arrête pas d'alerter le gouvernement sur la nécessité d'effectuer cette réforme pour mieux tenir compte des nouvelles réalités du marché du travail et des réalités que vivent les parents qui perdent un nourrisson. Jusqu'à maintenant, on n'a pas été écoutés.
Pourtant, un profond changement législatif est nécessaire dans ce pays pour que 60 % des travailleurs et leurs familles n'aient plus jamais à vivre dans des situations de précarité. Je trouve important de rappeler les revendications des travailleurs et des syndicats qui continuent à se battre pour que le gouvernement libéral mette enfin en avant une véritable réforme. Au NPD, nous demandons un meilleur accès à l'assurance-emploi. Une façon simple d'y arriver, c'est d'avoir un seuil universel d'admissibilité à 360 heures pour tous les travailleurs. Il faut rétablir le supplément de cinq semaines pour les travailleurs saisonniers.
Beaucoup de régions sont fortement touchées, et encore plus quand elles vivent des drames comme ceux que soulignent la motion M-110. Nous sommes vraiment à une époque où les belles paroles ne suffisent plus. Il est temps de passer à l'action. Les défaillances du régime d'assurance-emploi sont à plusieurs niveaux. Elles concernent par exemple la durée des prestations de maladie accordées aux personnes aux prises avec une maladie. Souvent, les parents, tel qu'on en parle dans la motion M-110, ont une seule possibilité pour allonger leurs prestations, parce qu'ils se sont fait couper leurs prestations parentales, et c'est de recevoir des prestations de maladie. Or il faut se souvenir qu'elles ne sont que pour 15 semaines. Ce n'est pas assez, surtout pour les personnes qui sont prises avec de sérieux problèmes de santé ou pour les parents qui viennent de perdre un enfant.
Je rappelle au passage à ce gouvernement que plus du tiers des prestataires aurait aujourd'hui besoin de bien plus que les 15 semaines prévues par ce régime. C'est donc loin d'être une petite minorité, comme l'avait sous-entendu la secrétaire parlementaire quand elle me répondait lors d'un débat d'ajournement.
À la fin de 2016, le lui-même ainsi que le ministre ont affirmé qu'ils allaient allonger ce délai. Pourtant, plus d'un an et demi plus tard, rien n'a changé. C'est inacceptable. Il est pourtant grand temps que ce gouvernement respecte sa promesse d'engager cette réforme qui est largement réclamée par nos concitoyens.
Je tiens à saluer une nouvelle fois Marie-Hélène Dubé, originaire de Rivière-du-Loup, et Christine Roussel, résidante de Québec, qui se battent pour réclamer le prolongement des prestations de maladie de l'assurance-emploi. Plus que jamais, je tiens à saluer leur courage admirable et celui des milliers de personnes qui se battent pour permettre aux travailleurs malades d'affronter la maladie de façon décente.
En améliorant les prestations de maladie de l'assurance-emploi, on aiderait ces parents qui vivent la perte d'un enfant. Je crois donc qu'il est temps pour ce gouvernement de faire en sorte que l'assurance-emploi fonctionne pour tous les Canadiens et toutes les Canadiennes et que l'ensemble des citoyens de ce pays puissent vivre dans les meilleures conditions possible.
Je crois profondément que la motion M-110 va dans le bon sens, soit celui de la solidarité et de la compassion, et qu'elle montre au gouvernement libéral ce qu'est la vraie progression.
:
Madame la Présidente, je voudrais commencer par féliciter mon collègue le député de d'avoir présenté, au nom des habitants de sa circonscription et de toutes les familles canadiennes au pays, une motion empreinte de compassion. Je le félicite. C'est exactement le genre de motion que nous devrions étudier en tant que parlementaires.
Je voudrais expliquer à tous ce que représente cette motion. Elle représente une occasion de croissance collective, une occasion de collaboration pour améliorer le sort des familles canadiennes.
La motion dit:
Que le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées reçoive instruction d’entreprendre une étude sur les répercussions du décès d’un nourrisson sur les parents, y compris les cas de syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), de manière à évaluer, entre autres éléments, (i) les manières permettant d’améliorer le degré de compassion et d’aide pour les parents qui ont perdu leur nourrisson, (ii) les manières permettant de s’assurer que les parents ne sont pas touchés par des difficultés financières ou émotionnelles indues en raison des programmes gouvernementaux, plus particulièrement les Prestations parentales de l’Assurance-emploi; que le Comité tienne au moins six réunions pour entendre des témoins, notamment des parents dont le nourrisson a été emporté par le SMSN, des organismes qui représentent les familles touchées par le SMSN, des spécialistes du domaine du counseling auprès des endeuillés, ainsi que des représentants responsables du programme de Prestation parentale de l’Assurance-emploi; que le Comité fasse rapport de ses constatations et recommandations à la Chambre dans les six mois suivant l’adoption de la présente motion; que le Comité reçoive l’instruction de demander une réponse globale du gouvernement à ce rapport, conformément à l’article 109 du Règlement.
Je crois qu'il faut revenir à la raison première de notre présence à la Chambre. En tant que députés, notre rôle consiste à servir les Canadiens. La motion nous donne l'occasion de servir les Canadiens au meilleur de notre capacité. Elle met l'accent sur les Canadiens, et non le gouvernement, ainsi que sur l'incidence des programmes du gouvernement sur les familles qui traversent une épreuve difficile.
Cette motion ne demande pas au gouvernement fédéral de dépenser plus d'argent. Il ne s'agit pas de partisanerie. Cette motion parle des familles canadiennes et de la manière dont nous pouvons les servir à un moment où elles sont extrêmement vulnérables.
Quand le député a proposé cette motion, j'ai commencé à penser aux habitants de ma propre circonscription, Elgin—Middlesex—London, et aux luttes qu'un certain nombre de familles y mènent. Imaginons que s'y ajoute un événement catastrophique, la perte d'un nourrisson.
La Chambre aura la possibilité de commencer à comprendre l'incidence négative que peuvent avoir des programmes fédéraux sur certaines familles, pendant une période de crise, à un moment où ces familles ont besoin que le gouvernement leur montre de la compassion et les aide.
Ce n'est pas seulement une motion que le député de a proposée; il a aussi donné l'occasion à tous les députés de parler avec des familles qui ont vécu une telle tragédie. J'aimerais le remercier personnellement pour cela, parce que pouvoir mettre un visage sur un problème le rend réel, et cette motion et ce problème sont bien réels pour les familles canadiennes.
J'aimerais faire part à la Chambre de découvertes que j'ai faites. À chaque fois qu'un député fait un discours, nous voulons savoir ce qu'il en est. Une des choses que j'ai faites, c'est me reporter aux données de Statistique Canada de 2014. J'aimerais les porter à la connaissance de mes collègues. En 2014, il y a eu 1 794 décès d'enfants de moins d'un an. Plus frappant pour moi encore est le nombre de décès de bébés au cours des 27 premiers jours de leur vie. C'est un chiffre ahurissant: 1 395.
Imaginons un instant une maman ou un papa qui attend la fin de la grossesse, 280 jours, pour voir ce petit miracle. Ils ne pourront peut-être profiter de ce miracle qu'un ou deux jours, parfois quelques heures seulement.
Au Canada, 1 395 parents ont perdu leur enfant pendant ses 27 premiers jours. Il faut en être conscients. Je sais que plusieurs députés ont des enfants. En tant que parents, nous savons ce que représente l'attente de la naissance. C'est une période emballante, où nous parcourons les magasins pour acheter des couches, un berceau et mille et une choses. Pensons maintenant à ces 1 395 enfants qui sont morts pendant les 27 premiers jours de leur vie. C'est donc dire que 1 395 familles ont été touchées; en plus des parents, ce drame a aussi touché les grands-parents, les frères et soeurs des enfants et tout leur entourage.
Nous devons nous assurer qu'il existe un réseau de soutien. Le gouvernement fédéral peut faire partie de ce réseau.
Différentes causes peuvent mener au décès de nourrissons, dont le syndrome de mort subite du nourrisson et les hémorragies néonatales. J'aimerais parler aux députés d'une histoire que j'ai lue pendant mes recherches au sujet de la motion à l'étude. Il s'agit d'un article de Lauren Pelley, publié dans le Toronto Star le 24 octobre 2016.
Cette histoire ne parle pas vraiment des gestes que le gouvernement devrait poser. Elle se concentre plutôt sur une femme et son époux, qui ont perdu leur enfant.
J'espère qu'à l'écoute de ce récit, les députés comprendront à quel point il est essentiel de comprendre les émotions que ressent une famille:
Gillian Cooper en est à 38 semaines et 2 jours de sa grossesse quand elle réalise que quelque chose cloche.
Ce matin d'octobre 2011, le bébé, qui est pratiquement à terme, est immobile dans son ventre. Mme Cooper ne sent pas non plus ses petits coups de pieds devenus habituels pendant qu'elle fait ses courses. Elle revient à la maison pour la sieste de son fils de 3 ans Jackson et d'un autre enfant qu'elle garde. Elle ne sent toujours aucun mouvement. Elle boit un verre de lait froid. Rien. Elle boit un verre de jus. Toujours rien.
Mme Cooper commence à s'inquiéter.
Elle se rend à l'hôpital avec Jackson plus tard dans la journée. Elle est rejointe par son partenaire Jay, son beau-fils et son amie Carady. Tout le groupe s'installe en vue d'une longue attente.
Lorsqu'une infirmière vient finalement chercher Mme Cooper pour vérifier la présence d'un pouls trois heures plus tard, elle n'arrive à entendre que celui de la mère, et non celui du bébé. Arrivent ensuite un résident en médecine et un appareil à ultrasons.
« Nous ne savons pas encore le sexe », dit-elle au médecin.
« Cela n'aura pas d'importance », lui répond-il sèchement.
Le médecin qui effectue le suivi de Mme Cooper vient bientôt confirmer la nouvelle déchirante: son bébé est mort, moins d'une semaine avant la césarienne prévue.
« J'ai serré [Jackson] fort dans mes bras et j'ai tenté de me lever. Ils m'ont donné un fauteuil roulant. J'ai tant crié et pleuré... Je n'avais jamais été aussi bouleversée de ma vie, et je ne le serai probablement jamais autant », se souvient Mme Cooper.
Toujours sous le choc de sa perte, Mme Cooper doit rapidement prendre une décision: veut-elle accoucher du bébé ou subir la césarienne qui était prévue?
« À la seule perspective de pousser un bébé mort à l'extérieur de mon corps... », Mme Cooper laisse les mots en suspens alors qu'elle parle au Star à partir de chez elle, à Toronto. Elle a choisi la césarienne.
Depuis la mort du bébé — un garçon de 7 livres prénommé Carter — causée par un noeud dans le cordon ombilical, Mme Cooper raconte son histoire teintée de la douleur et du désespoir qui accompagnent la mortinatalité. Cette conclusion rare, mais dévastatrice à la grossesse, continue d'être vécue dans le silence malgré ses conséquences émotionnelles pour les femmes et leur famille.
Je veux que les députés réfléchissent à l'histoire de Gillian Cooper et qu'ils imaginent ce que son conjoint et elle ressentent, ce que Jackson ressent, et qu'ils s'imaginent la douleur et la souffrance que cet événement a pu causer à cette famille. Je reviens sur les statistiques. Même si moins de 2 000 enfants de moins de 1 an meurent, nous devons reconnaître l'incidence de ces pertes sur les familles canadiennes. Il n'est pas rare qu'une telle chose se produise, mais nous devons comprendre qu'il s'agit d'une expérience extrêmement traumatisante.
Nous pouvons discuter, en tant que parlementaires, de ce qui constituera la prochaine étape. Nous pouvons tenir compte d'une histoire comme celle de Gillian Cooper et trouver une façon de faire partie de la solution en vue de faciliter la vie des gens comme elle. Nous avons l'occasion de réfléchir à l'incidence qu'ont les programmes du gouvernement fédéral sur ces familles, qui ont vécu une expérience traumatisante.
Je tiens à faire part de certains éléments que nous ne connaissons pas en tant que députés.
Par l'entremise de Service Canada, les parents d'enfants gravement malades sont admissibles à des prestations pour les parents d'enfants gravement malades pendant un maximum de 35 semaines, mais ces prestations prennent fin si l'enfant meurt. Par exemple, si un enfant meurt après 34 semaines de maladie, les parents cessent de recevoir ces prestations d'assurance-emploi au moment du décès de l'enfant. Certains députés diront qu'il y a une solution simple, soit de rendre les parents admissibles à des prestations de maladie. Cela semble une bonne idée, mais la famille a besoin d'une personne qui plaidera sa cause et qui parlera en son nom. Il faut qu'il y ait une personne qui garantira que la famille obtienne le type de service à la clientèle que le gouvernement actuel et tous les gouvernements devraient fournir. Service Canada a la capacité de le faire.
Que ferions-nous pour aider une famille? Y a-t-il une façon d'assurer une transition plus facile pour ces familles? Devrions-nous les faire passer automatiquement d'un type de prestations à un autre? C'est exactement ce que ferait l'étude. Elle se pencherait sur les programmes de prestations et sur les moyens que les parlementaires pourraient utiliser pour faciliter la vie d'une personne dans ces tristes circonstances.
Qu'en est-il d'une femme en congé de maternité? Une mère a droit à 15 semaines de congé de maternité. Or, disons que son enfant meurt durant la 14e semaine. Les députés savent-ils que cette femme n'aura droit qu'à une semaine de plus de congé? En effet, on accorde aux mères seulement 15 semaines de congé de maternité. On s'attend donc à ce qu'elles retournent au travail quand cette période sera écoulée, même après la perte de leur enfant.
Je tiens à rappeler à tous que la motion à l'étude est importante. Ces familles ne disposent pas de beaucoup de temps pour pleurer la mort de leur enfant, mais nous devons leur donner le temps dont elles ont besoin. Nous devons prendre le temps de leur venir en aide. Je demande donc aux députés de voter en faveur de cette motion afin que nous puissions l'étudier en comité et aider les familles au moment où elles en ont le plus besoin.
:
Madame la Présidente, je veux d'abord remercier mon collègue de d'avoir donné à la Chambre l'occasion d'aborder les importantes questions soulevées dans la motion M-110.
La perte soudaine et inattendue d'un enfant est une tragédie et nous sommes de tout coeur avec les parents qui doivent vivre une telle épreuve. Le gouvernement offre son appui à toutes les familles qui se trouvent dans une situation aussi terrible.
La motion M-110 demande au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées d’entreprendre une étude sur les répercussions du décès d’un nourrisson sur les parents et d'évaluer de nouvelles manières de soutenir ces parents. Si l'objet de la motion est tout à fait noble, j'ai quelques réserves quant à son libellé.
Dans le passé, le gouvernement précédent n'hésitait pas à dicter la conduite des comités au mépris de leur indépendance. Nous nous efforçons réellement de rendre les comités plus autonomes. Le problème vient du fait que la motion M-110 cherche à dicter la conduite et l'agenda du Comité. Cela pose en fait différents problèmes et la motion serait difficile à faire appliquer. Cependant, nous reconnaissons que la motion M-110 aborde des questions très sérieuses. Elle met en lumière une réalité dont on ne parle peut-être pas assez.
Le gouvernement libéral compatit à la douleur des gens qui perdent un enfant de façon subite ou inattendue, notamment en raison du syndrome de mort subite du nourrisson. Il est pleinement conscient des difficultés qu'ils doivent surmonter. Nous savons que les prestations ne pourront jamais faire oublier la perte d'un enfant, mais il vaut tout de même la peine de rappeler qu'un certain nombre de mesures de soutien s'offrent aux parents touchés. Je suis d'ailleurs sensible à ce qu'ils vivent. Parmi ces mesures, mentionnons les congés payés de décès que prévoit le Code canadien du travail, l'assurance-emploi, les prestations de maternité et de maladie, les congés correspondants que prévoit le Code, les programmes de soutien communautaire et les mesures d'aide offertes par l'employeur.
Les prestations de maternité de l'assurance-emploi peuvent, par exemple, aider une mère à se rétablir physiquement et psychologiquement pour une période maximale de 15 semaines précédant et suivant immédiatement la naissance de l'enfant. Ces prestations continuent d'être versées dans le cas tragique de la mort du nourrisson. S'ils s'avèrent incapables de travailler après la mort de leur enfant, les parents endeuillés peuvent aussi recevoir des prestations de maladie de l'assurance-emploi pour une période maximale de 15 semaines. Cela dit, même si on peut affirmer que les prestations offertes par l'assurance-emploi sont à la fois généreuses et efficaces, elles pourraient encore être améliorées.
Il nous faut un régime d'assurance-emploi suffisamment souple pour répondre aux besoins uniques de chaque Canadien. Nous savons que les Canadiens veulent pouvoir avoir le choix lorsqu'ils tentent de parvenir à un équilibre travail-famille, qu'il s'agisse de prendre soin d'un membre de la famille qui est malade, ou de pleurer la mort d'un enfant.
Voilà pourquoi le gouvernement a instauré des changements aux prestations de maternité, aux prestations parentales et aux prestations pour aidants naturels du régime d'assurance-emploi, ainsi qu'aux congés correspondants du Code canadien du travail, afin de rendre le système plus souple et inclusif.
Voilà aussi pourquoi nous avons instauré de nouvelles mesures qui permettraient aux nouveaux parents de choisir entre une période de prestations de 12 mois et une autre de 18 mois à prestations moins élevées pour prendre soin d'un nouveau-né ou d'un enfant qu'ils viennent d'adopter. C'est aussi pourquoi nous permettons aux travailleuses enceintes admissibles de commencer à recevoir des prestations de maternité plus tôt.
Nous avons également modifié le régime afin d'aider les familles qui traversent une période difficile.
Nous avons créé une nouvelle prestation d'assurance-emploi pour aidants naturels d'au plus 15 semaines, pour que les gens puissent fournir des soins et du soutien à un membre adulte de leur famille qui est gravement malade ou blessé. Nous avons aussi remplacé les prestations destinées aux parents d'un enfant gravement malade par une prestation bonifiée d'assurance-emploi pour proches aidants d'enfants. Cette prestation élargit le réseau de soutien admissible afin d'inclure tous les membres de la famille, et non uniquement les parents. Nous avons aussi simplifié le processus de demande de prestations d'assurance-emploi pour aidants naturels en permettant aux médecins et au personnel infirmier praticien de signer les certificats médicaux.
Dans chaque cas, nous avons modifié le Code canadien du travail de manière à ce que les employés du secteur privé sous réglementation fédérale puissent bénéficier des prestations pour aidants naturels, des prestations parentales et des prestations de maternité bonifiées sans craindre de perdre leur emploi.
Nous avons aussi modifié le Code pour qu'il soit plus facile aux employés de concilier le travail, la famille et leurs autres obligations personnelles. Cela comprend un assouplissement des règles pour les congés de deuil. Le Code prévoit actuellement pour les employés du secteur privé sous réglementation fédérale un congé de deuil pouvant atteindre trois jours suivant le décès d'un membre de leur famille immédiate. De nouvelles modifications entreront en vigueur de sorte que ces employés pourront obtenir jusqu'à cinq jours de congé, dont le premier demeurera payé.
Les modifications apportées au Code donneront aussi aux employés le droit de demander des modalités de travail plus flexibles à leur employeur, comme des heures de travail flexibles ou le télétravail, et elles créeront un congé non payé s'ils doivent s’acquitter de responsabilités familiales ou participer à des pratiques autochtones traditionnelles ou encore s’ils sont victimes de violence familiale ou qu'ils sont parents d'un enfant victime de violence familiale.
Dans le budget de 2018, nous étendons les dispositions sur le travail pendant une période de prestations aux prestations de maternité et de maladie. Ce changement permettra aux mères et aux personnes malades ou blessées de préparer leur retour au travail au rythme qu'elles préfèrent tout en conservant une plus grande partie de leurs prestations d'assurance-emploi.
Une fois que ces changements entreront en vigueur, les familles pourront bénéficier de plus de soutien au moment où elles en ont le plus besoin. Ils aideront en particulier les mêmes personnes que la motion M-110 vise à aider: les parents endeuillés par la perte douloureuse et inattendue d'un enfant.
Nous continuerons de tenir la promesse que nous avons faite à tous les Canadiens d'améliorer le filet de sécurité sociale pour qu'ils puissent obtenir l'aide dont ils ont besoin lorsqu'ils en ont besoin. Comme toujours, le gouvernement invite les députés de tous les partis à exprimer leur opinion et à discuter entre eux, tant à la Chambre qu'ailleurs, afin de soutenir le mieux possible les familles qui ont vécu le drame de perdre un enfant de façon soudaine ou inattendue.
Aucun parent ne devrait avoir à vivre ce genre de drame, et le gouvernement compatit avec toutes les familles qui vivent un tel deuil. Nous devons travailler ensemble pour veiller à ce que les mesures de soutien nécessaires soient mises en place et accessibles à tous.