Que, pour répondre à l’appel de la Commission de vérité et réconciliation visant à faire avancer notre nation sur le chemin d’une véritable guérison pour les crimes de l’époque des pensionnats autochtones, la Chambre:
a) invite le pape François à participer à ce cheminement avec les Canadiens et les Canadiennes en répondant à l’appel à l’action numéro 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation et à présenter des excuses papales officielles pour le rôle qu’a joué l’Église catholique canadienne dans la mise en place, les opérations et les sévices des pensionnats autochtones;
b) demande à l’Église catholique canadienne de respecter son obligation morale ainsi que l’esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006, et de redéployer tous les efforts possibles pour amasser le montant total des fonds convenus;
c) demande à toutes les entités catholiques impliquées dans les opérations des pensionnats autochtones de faire des efforts cohérents et soutenus pour remettre les documents pertinents lorsqu’elles sont appelées à le faire par des survivants des pensionnats autochtones, par des membres de leur famille ou par des spécialistes travaillant à comprendre l’ampleur des horreurs du système des pensionnats autochtones, dans l’intérêt de la vérité et de la réconciliation.
— Monsieur le Président, c'est toujours un grand honneur pour moi de prendre la parole au nom des habitants de Timmins—Baie James, mais c'est encore plus vrai aujourd'hui, car mon collègue d' et moi parlerons aussi au nom des survivants des pensionnats autochtones, qui nous regardent et qui s'attendent à ce que nous prenions leur défense.
[Français]
Aujourd'hui est un moment historique pour le Parlement du Canada. C'est le Parlement du Canada qui a établi la Commission de réconciliation et vérité du Canada afin d'examiner les preuves, les documents et les témoignages concernant l'époque des pensionnats. Durant cette enquête, la Commission a reconnu que les politiques du Canada et de l'Église catholique à ce moment-là ont représenté un génocide.
Le mot génocide est un mot très spécifique et très important. Pourquoi la Commission a-t-elle déclaré que le système de pensionnats était un génocide? C'est clair, selon la définition d'un génocide, que les politiques d'arracher de force les femmes et les enfants de leur famille afin d'effacer leur identité représente un génocide. C'est donc essentiel pour le Parlement du Canada de répondre à la Commission, particulièrement en invitant le pape François à participer avec nous à cette réconciliation.
Nous sommes très confiants aujourd'hui que le pape peut comprendre l'importance de cette motion, parce qu'il a une vision de réconciliation et de justice pour tout le monde. C'est nécessaire que le pape joue un rôle positif et proactif auprès du Parlement du Canada et des communautés autochtones en offrant des excuses formelles.
[Traduction]
Ce matin, j'aimerais tout d'abord souligner que je ne parle jamais de foi quand je m'adresse à la Chambre, encore moins de mes croyances à moi. Ce n'est pas l'endroit, selon moi, car, souvent, quand les politiciens parlent de foi, ils l'avilissent. Cela dit, je tiens quand même à préciser que j'étais tout simplement ravi quand le pape François a été élu parce que c'est un jésuite.
J'ai eu l'immense honneur dans ma vie de côtoyer des jésuites et de profiter de leur influence. Je pense entre autres au grand Jim Webb, qui a travaillé au sein du mouvement coopératif du Cap-Breton, dans les pays du tiers monde et dans les quartiers centraux de Toronto; au père Martin Royackers, qui a été tué par les gangs en Jamaïque pour avoir pris la défense des sans-abri; et au père Michael Czerny, qui nous a mariés, ma femme et moi, et qui s'est rendu au Salvador pour défendre les pauvres au nez et à la barbe des escadrons de la mort.
Les jésuites m'ont notamment appris que, pour les chrétiens, la foi ne se résume pas à la simple charité. La foi doit être systémique: elle doit chercher à faire tomber les systèmes qui empêchent les gens de s'épanouir.
Je suis persuadé que le pape François, qui a répandu son message de justice aux quatre coins du monde, entendra l'appel du Parlement et des peuples autochtones du Canada et qu'il fera ce qu'il faut pour tourner la page sur ce terrible chapitre de notre histoire.
J'ai été consterné par la prise de position des évêques canadiens. Ils ont essayé d'éviter de jouer leur rôle à nos côtés dans le travail de réconciliation. Nous allons parler aujourd'hui de la collusion entre le gouvernement fédéral et l'église. Ils adoptent toujours le même comportement: ils se défendent et se couvrent l'un l'autre. On en revient à la question de la responsabilité. On en revient à la question de l'argent.
Y a-t-il une seule personne qui pense que les survivants sont animés par l'appât du gain? Quand on parle aux survivants du pensionnat St. Anne, qui ont été victimes d'une telle perversion, de telles horreurs, on se rend compte, à la dignité dont ils font preuve, que ce n'est pas de l'argent qu'ils veulent.
Comme me l'a dit un homme hier soir, il est venu 12 heures pour entendre 3 mots. C'est de cela qu'il s'agit. Les survivants demeurent ouverts à la réconciliation malgré les obstacles juridiques, les défis et les crimes horribles.
Selon une autre personne qui est venue me parler, si on imagine la pire histoire d'horreur de tous les temps et qu'on y intègre des enfants, on est toujours loin de décrire ce qui s'est passé au pensionnat St. Anne. Une politique délibérée et la collusion ont permis ces actes. La question ne touche pas seulement ce pensionnat, mais j'en parle parce que je connais ses survivants et qu'il se trouve dans ma région.
On a pu lire dans le Hill Times ce qui suit:
[...] le pape François, qui a travaillé à faire de la compassion et de la justice les phares de son pontificat, aurait probablement plus d'affinités avec les propos des survivants du pensionnat St. Anne que ceux de certains évêques canadiens qui [semblent] accorder plus d'importance à [leur] porte-feuille qu'à l'Évangile.
Parlons de la source de ce système. Nous avons appris qu'une politique a été établie pour détruire les peuples autochtones au Canada. C'était l'une des conclusions de la Commission de vérité et réconciliation.
Duncan Campbell Scott a expliqué la politique:
Je veux en finir avec le problème indien. [...] Et c’est là l’essentiel de mon argument. Notre but est de continuer jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui ne soit pas assimilé à la société et au corps politique, et qu’il n’y ait plus de question indienne, ni de ministère des Affaires indiennes [...]
Les représentants du gouvernement ont travaillé dur pour concrétiser cette politique. En 1892, ils ont adopté le décret sur le financement. Ils ont déterminé quel était le strict minimum pouvant être dépensé pour garder un enfant en vie. Puis, ils se sont assurés de donner à l'Église un montant d'au moins 25 % inférieur à cela. Il en a résulté des taux de mortalité atroces.
Peter Henderson Bryce était un fonctionnaire qui a vu les taux de mortalité dans l'Ouest canadien et en a été épouvanté. Selon lui, le taux était de 24 %, ce qui est plus élevé que le taux de mortalité des soldats canadiens dans les tranchées des Flandres.
Au pensionnat indien de File Hills, le taux de mortalité global était de 40 %, et celui chez les enfants était de 69 %. C'était des camps de la mort. Toutefois, Peter Henderson Bryce a commencé à exposer cela au grand jour et, grâce à lui, le gouvernement s'est vu forcé de faire des changements.
Peter Henderson Bryce n'a pas été le seul à dénoncer la situation. Des dirigeants de l'Église ont fait de même. Je pense à Samuel H. Blake, de la Société missionnaire de l'Église d'Angleterre, qui était horrifié par le traitement des enfants. Il a écrit à l'archidiacre Tims, qui dirigeait l'école industrielle Old Sun, à Calgary. Il a dit:
Comment [...] pouvez-vous être satisfait de statistiques qui montrent que [...] sur 900 à 1 000 enfants fréquentant nos écoles indiennes, 300 d'entre eux y décèdent en moins de 12 ans. La seule explication que je puisse concevoir est que nous soyons devenus insensibles à force de vivre parmi des taux de mortalité aussi épouvantables.
En 1945, un écrivain américain, dans son analyse de la politique du Canada à l'égard des Indiens, a dit tout simplement que la politique du gouvernement était l'extinction des Indiens en tant qu'Indiens.
C'est pour cette raison que nous sommes ici aujourd'hui. Quand l'Église catholique déclare, en 2018, que, dans l'ensemble, elle n'a pas participé à l'exploitation des pensionnats, on se rapproche dangereusement de la voie du révisionnisme historique. Les évêques faisaient valoir la politique. Ils en supervisaient l'application. Ils ont travaillé main dans la main avec le gouvernement fédéral et ont camouflé la vérité à toutes les étapes.
Les documents ont été saisis lors de l'enquête relative au pensionnat St. Anne. Je tiens à remercier la police provinciale de l'Ontario de l'excellent travail qu'elle a accompli en insistant pour qu'on reçoive les documents. La police a saisi ces documents des mains des ordres religieux et elle a découvert d'autres documents liant les crimes s'étant produits au pensionnat St. Anne à la Curia Generalizia, à Rome. Le Vatican était impliqué. L'Église du Canada était impliquée. Les évêques étaient impliqués.
Il existait une pratique qu'on appelait « saigner les enfants » pour nourrir la maison mère. Les ordres religieux prélevaient une taxe sur les maigres fonds que le gouvernement fédéral accordait aux pensionnats afin de payer les commodités dans la maison mère de l'Église. L'Église croit s'inquiéter de sa responsabilité dans cette histoire, mais elle s'en est tirée sans être punie. Malheur à ceux qui ont causé autant de torts alors qu'ils avaient l'obligation d'agir honorablement.
Aujourd'hui, l'Église catholique est très impliquée dans le dossier. C'est une maigre consolation pour les survivants du pensionnat St. Anne de savoir que l'Église a accès à tous les documents. Elle a accès au nom de tous les survivants qui ont eu assez de courage pour se manifester. On permet à l'Église d'avoir accès à ces renseignements à titre de défendeur.
Par conséquent, c'est inadmissible que l'Église soit surprise que nous en soyons là. Ce que nous faisons aujourd'hui, c'est ce que recommande Ésaïe. On nous demande d'être les réparateurs des villes et des chemins ruinés et de rétablir les collectivités afin qu'on y habite. Edmund Metatawabin a déclaré qu'ils ne sont pas ici pour la réconciliation, mais bien pour la réclamation, pour rebâtir leurs collectivités et reconstruire la vie de leurs enfants et de leurs petits-enfants afin qu'ils puissent aller de l'avant. Ils ne sont pas ici pour l'argent; ils sont ici pour que quelqu'un fasse ce qui s'impose.
Pendant le temps qu'il me reste, je tiens à parler de la complicité de certaines personnes. Je vous parlerai aujourd'hui de deux jeunes d'Attawapiskat, John Kioke, 14 ans et Michel Matinas, 12 ans, et d'un jeune de Weenusk, Michel Sutherland, 12 ans, qui ne sont jamais arrivés chez eux. Beaucoup de pensionnaires de St. Anne n'ont jamais revu leur foyer.
Quand je suis allé dans ces communautés, les gens m'ont demandé ce qu'il était advenu de leurs oncles et de leurs cousins. Nous avons découvert que, comme ces trois garçons tenaient désespérément à fuir les mauvais traitements qu'ils subissaient, ils ont décidé de prendre leur destin en main. En avril 1941, alors que les rivières de la baie James étaient en crue, ils ont fui dans l'espoir de rentrer chez eux. Ils ne sont jamais arrivés à destination. Le père Paul Langlois a dit aux enfants de ne jamais parler de ce qui s'était passé à l'école.
Je le mentionne aujourd'hui parce que, quand le gouvernement fédéral a appris, un an plus tard, que ces enfants étaient décédés, il n'a pas communiqué avec l'école. Il a appelé l'évêque Belleau et lui a demandé pourquoi il avait camouflé cette affaire. L'évêque a dit que les garçons étaient des déserteurs. Bref, les évêques supervisaient tout cela.
J'aimerais lire un passage d'une lettre datant de 1968 écrite par des enseignants embauchés au pensionnat St. Anne. Il y en avait de bons enseignants, des religieux et des religieuses sachant faire preuve de bonté. Or, on s'en débarrassait toujours parce qu'ils n'étaient pas assez cruels ou pervers pour rester dans ces institutions. Six enseignants qui sont allés à St. Anne ont été renvoyés. Ils ont écrit à Jean Chrétien disant que le ministère des Affaires indiennes leur avait dit qu'il était plus simple de remplacer les enseignants que d'essayer de s'attaquer à la situation qui régnait au pensionnat.
Dans une lettre écrite à la main, une enseignante a dit: « nous n'avions peut-être pas compris ce que supposait le travail dans une école de mission, mais [...] nous étions employés par le ministère des Affaires indiennes. » Elle a supplié Jean Chrétien. Elle a dit: « s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour aider ces Indiens [...] et aider » les enfants sans défense, « je serai heureuse de le faire. » Elle a poursuivi en disant: « abandonner ses convictions fondamentales sur les droits de la personne et la dignité humaine et voir ces enfants forcés de vivre dans une ambiance si stérile, si rigide, si malveillante est impossible. » Pourquoi je mentionne cette lettre? Parce que les enfants ne pouvaient pas se défendre. Ils n'avaient personne vers qui se tourner. Le gouvernement du Canada n'allait pas les aider. Imaginons qu'il l'ait fait. Certains des crimes et des abus les plus graves ont été commis à cette époque.
Je renvoie les députés à un document produit par la Police provinciale de l'Ontario à l'époque, alors que les enfants de St. Anne avaient profité d'un événement important pour aller voir l'évêque Laguerrier et lui parler des sévices sexuels qui avaient cours. Ils ne pouvaient s'adresser à personne d'autre. Ils se sont assis avec l'évêque et lui ont parlé de ce qui se passait, et il leur a dit qu'il s'agissait de gestes paternels. Nous savons maintenant que l'évêque Jules Laguerrier était l'un des plus grands prédateurs.
Lorsque le gouvernement fédéral a dû transmettre les documents dont il disposait aux fins du Processus d'évaluation indépendant concernant les survivants du pensionnat St. Anne, il a remis un rapport sur une personne mise en cause d'une seule page au sujet du révérend père Jules Laguerrier. Cette page contenait des données biographiques et les dates de sa présence à St. Anne. C'est seulement quand les survivants ont commencé à exiger des réponses qu'on a découvert que le gouvernement détenait, en fait, un rapport de 3 191 pages décrivant les crimes commis par cet évêque.
La même chose s'est produite avec le rapport sur une personne mise en cause concernant le révérend père Raymond-Marie Lavoie. Dans ce cas, un document de deux pages a été fourni dans le cadre du processus d'évaluation indépendant. Il contenait de courtes notes, mais n'indiquait pas que le gouvernement fédéral et l'Église étaient en possession du rapport de 2 472 pages sur le père Lavoie qui énumérait ses crimes. En ce qui concerne la soeur Anna Wesley, son rapport sur une personne mise en cause compte 6 804 pages.
Les enfants n'avaient personne vers qui se tourner. Ils étaient dans les mains de ces sadiques. C'est pour cette raison que nous sommes ici. Nous devons faire ce qui s'impose et admettre qu'il s'agissait d'une politique et non d'un accident. Ces personnes ont été protégées et elles s'en sont tirées impunément. Elles s'en tirent toujours à bon compte, même après leur mort. Les survivants du pensionnat St. Anne ont vu leur cas être rejeté parce que les documents n'ont pas été fournis. Ils veulent pouvoir tourner la page.
Nous pouvons parler des indemnités financières. Tous les ordres chrétiens ont participé à la présentation des excuses formelles et ont payé leur part des indemnités. Nous pourrions nous lancer dans de fines nuances juridiques et affirmer que certains diocèses n'ont pas participé. Cependant, la plus grosse somme d'argent versée par l'Église anglicane a été fournie par le diocèse de Toronto, où il n'y avait pas de pensionnats autochtones. Les anglicans de Toronto savaient qu'ils avaient l'obligation de faire ce qui s'impose.
On a exigé de l'Église catholique qu'elle paie sa part, et cette part était censée être payée en grande partie « en nature ». Vraiment, après tout ce qui est arrivé? Nous ne savons pas vraiment combien ont été remboursés. Cependant, nous savons qu'on a exigé de l'Église qu'elle verse 25 millions de dollars, mais qu'elle s'en est tirée grâce à une échappatoire juridique. Je ne blâme pas le gouvernement conservateur ni le gouvernement libéral dans cette affaire. Il y avait une échappatoire juridique et l'Église s'en est servi.
Au Parlement, nous n'avons aucun pouvoir légal sur l'Église pour l'obliger à payer, mais, mon Dieu, l'Église a l'obligation morale de payer ce qu'elle doit, car elle s'en est tirée impunément pour les crimes commis. Je ne parle pas seulement du pensionnat St. Anne, mais de l'ensemble du pays. Il s'agit de faire la bonne chose.
Ces documents, ces lettres, cette preuve qui valident ce qu'ont vécu ces survivants ont de la valeur. Voilà pourquoi la Commission de vérité et réconciliation a demandé à chaque ordre de chacune des confessions chrétiennes de remettre ces documents et ces photos. Des enfants ont été arrachés à leur famille pour ne plus jamais y retourner, et ils ne sont mentionnés nulle part.
J'étais à Marten Falls à l'occasion du 100e anniversaire de la signature du Traité no 9. Nous avons remonté la rivière. À l'époque, Duncan Campbell Scott s'était déplacé en canot pour rencontrer le peuple d'Ogoki Post et signer le traité. Au cours du 100e anniversaire, un homme s'est avancé et s'est adressé à nous en oji-cri. Il s'est excusé de ne pas parler anglais. Il a déclaré qu'il ne l'avait jamais appris parce qu'on lui avait pris sa soeur, qui n'est jamais revenue à la maison. Personne ne lui a dit ce qu'il était advenu de sa soeur. L'année suivante, lorsque l'homme blanc est revenu, ses parents l'ont caché dans les buissons. C'est ce qu'ils ont fait chaque année, chaque fois que l'homme blanc revenait pour enlever les enfants.
Je pense à la famille de cet homme. Je pense à la religion dans laquelle j'ai été élevé. Mes tantes étaient des religieuses, des femmes fortes éprises de justice. J'ai été épargné. Je songe au fait que personne n'a informé cet homme et sa famille qu'on avait enlevé la fillette et que celle-ci était morte et inhumée dans une tombe anonyme. Personne n'a eu la décence de faire cela. Voilà les crimes qu'il faut expier.
Aujourd'hui est une bonne journée, empreinte d'espoir. Nous faisons face à ce qui s'est passé lorsque l'Église et l'État se sont faits complices en vue de détruire l'identité autochtone. Cette identité a toutefois survécu et est plus forte que jamais. Ces gens nous observent, jugent nos gestes et nous exhortent à faire ce qui s'impose. Il faut admettre les torts causés afin qu'ils puissent passer à autre chose.
Meegwetch.
:
Madame la Présidente, je suis honorée de pouvoir prendre la parole au sujet de la motion présentée par le député de . J'aimerais reconnaître avant toute chose que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier le député d'avoir présenté cette motion importante à la Chambre des communes. Je suis ravie d'avoir pu collaborer à sa rédaction. Comme toujours, nous voulons aussi remercier le député d' pour son soutien et le travail qu'il fait pour défendre les intérêts des survivants des pensionnats autochtones.
[Français]
Notre gouvernement souhaite également profiter de cette occasion pour démontrer que la réconciliation n'est pas une question partisane.
[Traduction]
La motion tient compte des mesures précédentes et des mesures actuelles du gouvernement relativement aux trois grandes questions qu'elle aborde. Nous comptons donc l'appuyer.
Le système des pensionnats indiens visait à séparer systématiquement les enfants autochtones de leur foyer, de leur famille et de leur culture et devait servir à « sortir l'Indien de l'enfant ». Les élèves ont été victimes de violence physique et psychologique, et des générations d'Autochtones sont restées marquées psychologiquement et isolées sur le plan culturel.
Sur une période de plus de 100 ans, on estime à 150 000 le nombre d'enfants autochtones qui ont fréquenté ces pensionnats, et, selon la Commission de vérité et réconciliation, au moins 6 000 de ces enfants y sont morts. Ce geste calculé de génocide culturel a causé des préjudices à long terme inimaginables aux enfants autochtones qui ont été forcés de fréquenter ces écoles et a causé de graves traumatismes intergénérationnels, auxquels les communautés autochtones et le pays tout entier se heurtent toujours.
Cet épisode honteux de notre histoire collective s'est étendu sur sept générations, de nombreux gouvernement et différents partis politiques. Je ne savais pas, lorsque j'ai été élue pour la première fois à la Chambre en 1997, que le dernier pensionnat indien n'avait fermé ses portes qu'en 1996. Pour effacer les ravages causés par les pensionnats indiens, des mesures soutenues seront nécessaires non seulement de la part des gouvernements et des organismes visés, mais également de la part de l'ensemble des Canadiens. Nous devons tous continuer de déployer des efforts pour nous renseigner au sujet de ce sombre chapitre de l'histoire canadienne.
Le travail de la Commission de vérité et réconciliation a ouvert les yeux de beaucoup de Canadiens devant les horreurs commises dans les pensionnats autochtones, mais nous disposons maintenant d'une multitude de nouvelles ressources pour nous enseigner ce qui s'est passé. Par exemple, tous les Canadiens devraient lire Cheval indien, un livre incontournable du regretté Richard Wagamese. Un film inspiré de cet ouvrage a été réalisé, et tous les Canadiens devraient le voir. On y raconte le récit déchirant des horribles sévices et de leurs conséquences.
[Français]
La réconciliation n'est ni une question autochtone ni une question partisane, mais bien une question touchant tous les Canadiens.
[Traduction]
En mai 2005, le ministre de la Justice de l'époque, Irwin Cotler, a nommé l'ancien juge en chef de la Cour suprême Frank Iacobucci pour abandonner la voie judiciaire et trouver une solution négociée au legs des pensionnats autochtones. Grâce à la bonne volonté de toutes les parties, un accord de principe est intervenu en novembre 2005. Il a été signé par toutes les parties.
Cet accord de principe établissait tous les composants majeurs du règlement, soit l'indemnisation des survivants, la commémoration de la tragédie et la création de la Commission de vérité et réconciliation. L'accord final a été conclu en 2006 par le gouvernement conservateur et il a été ratifié subséquemment par les tribunaux.
La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens est le plus gros règlement de recours collectif de l'histoire du Canada. Elle a été signée par toutes les parties à l'issue de négociations entre les représentants de l'État canadien, des anciens élèves, des églises, de l'Assemblée des Premières Nations et des Inuits, afin de résoudre les milliers de demandes d'indemnisation présentées par d'anciens élèves d'un peu partout au Canada.
Si nous voulons avancer dans l'esprit de la réconciliation, nous devons demander pardon pour les fautes du passé et reconnaître nos erreurs.
[Français]
Nos partenaires autochtones et les survivants ont également souligné l'importance que peut avoir la présentation d'excuses dans le contexte d'une relation renouvelée.
[Traduction]
Lorsque le premier ministre Harper, au nom des Canadiens, a présenté à la Chambre en 2008 des excuses aux survivants des pensionnats indiens, il a fait un pas essentiel pour guérir les blessures intergénérationnelles causées par ces torts historiques ignobles.
Des excuses peuvent avoir de puissants effets. Non seulement elles permettent de reconnaître un tort, mais elles sont souvent la première étape de la guérison pour les victimes, celle qui leur permettra de tourner la page. Il s'agit de bien plus que de s'acquitter de responsabilités juridiques ou d'observer des clauses d’une entente. Il s’agit de dire à ceux qui ont été blessés les mots qui leur permettront de pardonner.
En 2006, j’ai eu l’honneur de présenter, au nom du gouvernement du Canada, des excuses aux Dénés de Sayisi dont la communauté avait été déplacée de force il y a 60 ans. Cette réinstallation forcée avait été cause de décès, de difficultés et de dévastation. Ce furent des moments poignants à Tadoule Lake, à Churchill et à Winnipeg. Les survivants ont entendu les mots qu’ils avaient négociés pour que les excuses puissent participer à leur guérison et les aider à tourner la page.
En 2017, le a présenté des excuses officielles au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens aux anciens élèves des pensionnats de Terre-Neuve-et-Labrador et à leur famille. À l’occasion d’une rencontre émouvante à Terre-Neuve et Labrador, il a reconnu les souffrances et les traumatismes intergénérationnels subis par ceux qui avaient vécu dans ces pensionnats et par leurs descendants.
[Français]
Il y a maintenant un mois, ici à la Chambre des Communes, le premier ministre a exonéré six chefs Tsilhqot’in qui ont été exécutés à tort, il y a plus de 150 ans.
[Traduction]
Les dirigeants actuels, qui étaient présents à la Chambre pour entendre ces excuses, m'ont fait part de l'incidence profonde que ces paroles attendues depuis longtemps avaient eue sur les membres de leur communauté.
Ce fut le cas aussi lorsque, en 2010, le pape Benoît XVI a présenté des excuses aux victimes d'agressions sexuelles en Irlande, et lorsque, en 2015, le pape François s'est excusé en Bolivie auprès des Autochtones des Amériques qui avaient été victimes des graves péchés liés au colonialisme. Dans ces deux exemples admirables, l'Église catholique s'est retrouvée du bon côté de l'histoire.
C'est dans ce contexte que le a demandé au pape François de présenter des excuses lorsqu'il l'a rencontré au Vatican l'an dernier. Le a alors déclaré ce qui suit: « Je lui ai parlé du désir profond des Canadiens d'avancer vers une véritable réconciliation avec les peuples autochtones, et j'ai souligné comment il pouvait y contribuer en présentant des excuses. »
J'ai vu à quel point la décision du pape de ne pas présenter d'excuses avait profondément blessé les survivants et les membres de leur famille, plus particulièrement les nombreux Autochtones qui sont de fervents catholiques.
[Français]
L'appel à l'action 58 de la Commission de vérité et réconciliation mentionne ce qui suit:
Nous demandons au pape de présenter, au nom de l'Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu'aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l'Église catholique. Nous demandons que ces excuses soient semblables à celles faites en 2010 aux Irlandais qui avaient été victimes de mauvais traitements et à ce qu'elles soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d'un an suivant la publication du présent rapport.
[Traduction]
Le gouvernement continue de croire que des excuses du pape au nom de l'Église catholique aux survivants des horreurs subies dans les pensionnats canadiens constituent une étape importante vers la reconnaissance des agissements passés et la réconciliation.
Voici ce qu'a déclaré le grand chef Willie Littlechild, ancien commissaire de la Commission de vérité et réconciliation et lui-même survivant de trois pensionnats:
Des regrets seraient ainsi adressés aux survivants. Ils souhaitent que le pape leur dise qu'il est désolé [...]
J'espère que cela va se produire. Les gens auraient ainsi la possibilité de pardonner, ce qui est aussi important. De nombreux survivants auraient un sentiment de justice et de réconciliation.
Je m'engage à poursuivre mes efforts auprès de la Conférence des évêques catholiques du Canada, des partenaires autochtones et des survivants dans le cadre du processus commun de réconciliation. J'ai écrit à la Conférence des évêques catholiques du Canada et offert d'agir à titre de médiatrice dans une rencontre avec les survivants, où on expliquerait ce que des excuses signifieraient pour eux et l'importance cruciale qu'elles auraient pour la réconciliation au Canada. J'ai bon espoir que la Conférence est sensible à cette question et qu'elle compte tendre la main aux communautés concernées. Cependant, les excuses ne suffisent pas à réparer les torts du passé.
[Français]
La motion d'aujourd'hui reflète cela.
[Traduction]
Dans la deuxième partie de la motion, on réclame que l’Église catholique canadienne respecte son obligation morale ainsi que l’esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006, et qu'elle redéploie tous les efforts possibles pour amasser le montant total des fonds convenus.
Selon la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, les entités catholiques ont trois obligations d'ordre financier: primo, faire une contribution de 29 millions de dollars en argent; secundo, offrir des services non financiers d'une valeur de 25 millions de dollars en nature; tertio, déployer tous les efforts possibles pour recueillir 25 millions de dollars pour soutenir des programmes de guérison et de réconciliation. Les entités catholiques ont rempli les deux premières obligations, mais n'ont recueilli que 3,7 des 25 millions de dollars devant soutenir des programmes de guérison et de réconciliation, lesquels sont nécessaires.
À l'été de 2015, en réponse à une décision de la cour protégeant l'Église de toute autre responsabilité légale, le gouvernement précédent avait entrepris des négociations supplémentaires avec les entités catholiques.
[Français]
Ces discussions ont mené à une entente signée le 30 octobre, soit cinq jours avant que le gouvernement actuel prenne fonction, le déchargeant de toutes responsabilités juridiques additionnelles.
[Traduction]
Même si le gouvernement reconnaît que les entités catholiques n'ont plus l'obligation légale de recueillir le montant restant des fonds engagés à des programmes de guérison et de réconciliation, nous croyons qu'elles ont toujours l'obligation morale de respecter l'esprit de la convention de règlement. Toutes les parties à la convention de règlement ont un rôle essentiel à jouer pour renouer la relation avec les peuples autochtones du Canada. Depuis 2016, le gouvernement et moi avons exhorté publiquement les entités catholiques à reprendre les efforts de financement afin de respecter ces obligations morales, et nous continuerons à le faire.
Le dernier élément de la motion d'aujourd'hui demande aux entités catholiques « de faire des efforts cohérents et soutenus pour remettre les documents pertinents lorsqu’elles sont appelées à le faire par des survivants des pensionnats autochtones, par des membres de leur famille ou par des spécialistes travaillant à comprendre l’ampleur des horreurs du système des pensionnats autochtones, dans l’intérêt de la vérité et de la réconciliation. »
Il existe un ensemble de documents relatifs à l'affaire des pensionnats qui datent d'avant la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Certains de ces documents sont visés par une restriction légale appelée « privilège relatif au règlement » qui assure leur confidentialité.
[Français]
La cour a confirmé, et ce, dans de nombreuses décisions, que les documents en question sont assujettis au privilège relatif aux règlements.
[Traduction]
Pour obtenir ces documents — qui se trouvent au Centre national pour la vérité et la réconciliation — à la demande des survivants des pensionnats, toutes les parties concernées doivent renoncer à leur privilège relatif au règlement. Le gouvernement reconnaît l'importance de préserver la vérité des survivants, et il reconnaît aussi l'obligation de respecter les directives fournies dans la Convention et de protéger les droits à la vie privée des survivants. En janvier 2018, j'ai écrit au responsable du Centre national pour la vérité et la réconciliation pour confirmer que le Canada renonçait à son privilège par rapport à ces documents protégés afin que le souhait d'un survivant de partager et de conserver son histoire avec le Centre puisse être respecté. J'ai également écrit à l'Église catholique pour l'encourager fortement à faire de même.
[Français]
Nous ne devons jamais laisser ce chapitre sombre et douloureux de l'histoire tomber dans l'oubli.
[Traduction]
Comme je l'ai dit plus tôt, et je continuerai à le dire, la réconciliation ne concerne pas seulement les Autochtones. Il s'agit d'un impératif canadien. Il n'incombe pas uniquement au gouvernement fédéral de faire avancer le processus de réconciliation. Nous avons tous un rôle à jouer. Tous les députés ont maintenant l'occasion de démontrer leur engagement à l'égard de la réconciliation en appuyant la motion.
La motion demande à l'Église de faire ce que le gouvernement a lui-même déjà fait. Il ne s'agit pas d'opposer l'Église au gouvernement. La motion vise plutôt à faire ce qu'il y a de mieux pour les survivants des pensionnats autochtones et à les aider à guérir.
:
Madame la Présidente, je remercie le député de d'avoir lancé le débat sur cette importante question aujourd'hui. Je vais renchérir sur ses commentaires et ceux de la ministre. J'aimerais en outre souligner que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
J'interviens aujourd'hui pour appuyer la motion du NPD. Je vais revenir sur ses différents éléments vers la fin de mes observations. J'ai l'intention de parler d'un parcours personnel. J'espère que cela contribuera à ce que l'on comprenne mieux pourquoi les excuses formulées par le gouvernement conservateur en 2008 étaient si importantes et pourquoi des excuses papales auraient aussi leur importance.
Certaines personnes disent que le Parlement demande des excuses, mais que les excuses doivent être sincères. C'est tout à fait vrai: les excuses doivent être sincères. Souvent, elles le sont. J'espère que le débat d'aujourd'hui à la Chambre des communes contribuera à la décision du pape.
Je pense en outre que nous devons respecter l'indépendance et les activités des organismes religieux. J'aimerais cependant souligner qu'il s'agit ici d'une invitation et de l'expression de l'opinion du Parlement. Une invitation et une directive sont deux choses bien différentes.
Il y a beaucoup de survivants du pensionnat autochtone St. Anne dans ma circonscription. Tout ce qu'ils ont subi m'attriste beaucoup. Certaines personnes n'ont peut-être qu'une vague idée de ce qui s'est passé, mais il faut selon moi que les gens comprennent bien tout ce que les survivants ont vécu.
Comme bien d'autres Canadiens, j'ai grandi dans une banlieue de la classe moyenne. Comme pour beaucoup de nouveaux venus au Canada, ma connaissance de la culture autochtone et de l'histoire des pensionnats indiens était très limitée. À vrai dire, à l'époque, mes études universitaires m'ont peu sensibilisée à ces questions.
Tout a changé pour moi à l'âge de 26 ou 27 ans, au début de ma carrière d'infirmière, lorsqu'on m'a embauchée pour travailler dans une grande communauté autochtone de la Colombie-Britannique. Aujourd'hui, je considère comme un énorme privilège d'avoir pu vivre trois ans dans cette communauté.
Nombre de conversations ont eu lieu pendant ces trois années. Je remercie énormément les intervenants en santé communautaire, les travailleurs du Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones et du système judiciaire, ainsi que tous ceux qui m'ont guidée afin que je puisse directement témoigner des effets destructeurs non seulement des pensionnats indiens mais aussi des politiques gouvernementales actuelles pour leurs membres et leur communauté. Ils savaient que je devais comprendre leur histoire pour pouvoir faire mon travail comme il faut.
C'était il y a 35 ans, à une époque où ces questions n'étaient certainement pas au coeur des discussions dans la population canadienne en général. Il est très malheureux que nous ayons attendu aussi longtemps avant d'amorcer les discussions que nous avons menées au cours des dernières années.
Je crois que c'était une période particulière, car, dans les années 1980, les aînés de cette communauté n'avaient pas fréquenté les pensionnats autochtones. Je travaillais comme infirmière dans cette communauté où cohabitaient quatre générations. J'avais notamment comme tâche d'aller chez les aînés pour vérifier leur médication. D'habitude, ils étaient occupés à travailler dans leur grand jardin, à pêcher à leur camp de pêche, à cueillir des petits fruits ou à confectionner de magnifiques paniers avec les racines de cèdre qu'ils avaient déterrées, mais une inquiétude et une profonde tristesse les habitaient.
Ils étaient inquiets pour leurs enfants qui n'étaient pas rentrés chez eux, mais aussi pour les enfants qui étaient revenus chez eux et qui semblaient s'être laissés entraîner dans un cercle vicieux et destructeur. Il s'agissait de la première génération d'enfants à avoir été envoyés dans les pensionnats.
Je n'oublierai jamais l'intervenant en toxicomanie du Programme national de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues chez les Autochtones, qui parlait de ce qu'il avait vécu. Il disait avoir sombré dans l'alcoolisme à son retour chez lui. Il parlait des répercussions de cette consommation abusive d'alcool, des années durant, sur ses enfants. Il parlait également du fait qu'il avait cessé de boire et qu'il consacrait désormais sa vie à aider les gens à surmonter leurs dépendances et leur douleur.
Cet intervenant devait par ailleurs vivre avec le fait qu'il n'avait pas été un bon parent pour ses propres enfants et que certains de ses enfants ne faisaient plus partie de sa vie. Il y avait aussi les enfants des enfants, évidemment.
En raison de mon travail à cette époque, j'ai eu l'occasion d'assister à des danses du tambour — des moments magiques —et d'écouter des histoires, au clair de lune, près du feu. J'ai vu la communauté entière se réunir pour offrir du soutien à des familles ayant perdu l'un des leurs. J'ai assisté à de nombreux festins. J'ai aussi été taquinée sans relâche en raison de mon inaptitude avec le marqueur et les cartes de bingo. Il s'agissait néanmoins d'une communauté qui souffrait et qui cachait un côté sombre. Pendant ma première semaine là-bas, il y a eu trois suicides. Je me rappelle clairement le jour où trois messieurs sont partis en bateau. Le bateau a chaviré, et ils ont perdu la vie. Il y avait dans cette communauté du désespoir, de la pauvreté, du chômage, de la toxicomanie et un surpeuplement, et les pensionnats autochtones ont manifestement été la source d'une énorme souffrance pour cette génération, pour la génération précédente et pour les générations qui ont suivi.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui compte trois volets. D'abord, il y a une demande d'excuses. Comme on l'a déjà dit aujourd'hui, des excuses doivent parfois prendre diverses formes. Un de mes collègues m'a expliqué que s'il s'excusait à sa femme après avoir fait quelque chose de terrible et que celle-ci lui disait une semaine plus tard: « Je suis encore troublée; nous devons en discuter pour améliorer la situation », il ferait tout pour consolider cette relation importante à ses yeux et pour se faire pardonner. Je pense que la situation ici est très similaire. Il faut reconnaître son importance.
Il y a ensuite les deux autres volets de la motion, dont on a discuté.
Je le répète, mes propos s'adressent aux gens qui sont à l'écoute aujourd'hui, mais qui ne comprennent pas l'enjeu aussi bien que les survivants. Tout le monde n'a pas la possibilité de vivre trois ans dans une communauté autochtone, mais j'encourage toutes les personnes à l'écoute qui ne saisissent pas bien la situation à lire l'un des nombreux livres sur le sujet, comme The Education of Augie Merasty ou They Called Me Number One. Elles devraient aller voir le film Cheval indien, qui vient de sortir dans les cinémas. L'auteur Richard Wagamese vivait dans ma circonscription. Ces mêmes personnes devraient participer à un pow-wow ou à une activité en l'honneur de la Journée nationale des Autochtones.
Engageons-nous tous à mieux comprendre la situation et à continuer le difficile travail sur la route de la réconciliation.
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Madame la Présidente, je tiens tout d’abord à remercier notre collègue la députée de pour son message éloquent et pour nous avoir fait part de l’histoire qui la relie à ce dossier important. Je tiens également à remercier le député de d’avoir présenté cette motion, donnant ainsi à la Chambre l’occasion de débattre de ce sujet important.
Il y a bien des choses dont nous pouvons être fiers en tant que Canadiens. Nous avons un long bilan de réalisations, que ce soit dans l’armée, les sciences, la technologie, les sports ou la médecine. Tout en célébrant ces réussites, nous devons aussi toutefois reconnaître nos échecs. En effet, nous avons eu aussi des torts. Les institutions créées par des gouvernements précédents ont été la cause de grands préjudices et de grandes souffrances, et c’est pour cela que j’appuierai la motion présentée aujourd’hui par le député de .
Les pensionnats sont un chapitre horrible et sombre de notre histoire, ne serait-ce que par le nombre incroyable de personnes touchées. En effet, 150 000 enfants des Premières Nations, inuits et métis ont été enlevés à leur famille et à leur communauté et envoyés de force dans ces pensionnats où des milliers d’entre eux sont morts.
Ici même en 2008, le premier ministre Stephen Harper a officiellement présenté les excuses du gouvernement du Canada pour le rôle qu’il avait joué dans les pensionnats autochtones. Il avait affirmé à cette occasion:
Le gouvernement du Canada a érigé un système d'éducation dans le cadre duquel de très jeunes enfants ont souvent été arrachés à leur foyer et, dans bien des cas, emmenés loin de leur communauté.
Bon nombre d'entre eux étaient mal nourris, mal vêtus et mal logés. Tous étaient privés des soins et du soutien de leurs parents, de leurs grands-parents et de leur communauté.
Les langues et les pratiques culturelles des Premières Nations, des Inuits et des Métis étaient interdites dans ces écoles.
Malheureusement, certains de ces enfants sont morts en pension et d'autres ne sont jamais retournés chez eux.
Ce qu'il a dit au sujet des langues m'a frappé. J'ai le privilège de siéger au comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Nous menons actuellement une étude sur l'emploi des langues autochtones dans cette enceinte, et il était très intéressant d'entendre les divers témoins au sujet des langues autochtones et de leur vitalité encore aujourd'hui. L'un d'entre eux nous a dit que, selon l'UNESCO, des 90 langues autochtones recensées par l'organisation, 23 étaient considérées comme étant vulnérables, cinq étaient en danger, 27 étaient sérieusement menacées, et 35 étaient moribondes. Cette situation malheureuse découle du fait qu'on a interdit à un grand nombre d'enfants autochtones de parler leur langue dans les pensionnats. C'était inacceptable, on l'a d'ailleurs reconnu en 2008 au moment où on leur a présenté des excuses officielles.
En 2007, l'ancien gouvernement conservateur a mis sur pied la Commission de vérité et réconciliation du Canada dans le cadre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, et il a reconnu que le système de pensionnats autochtones avait eu des répercussions profondes, durables et très néfastes sur de nombreux aspects de la culture, du patrimoine et des langues autochtones.
En 2015, la Commission a publié un rapport, intitulé « Ce que nous avons retenu: Les principes de la vérité et de la réconciliation ». Dans ce rapport, la Commission a énoncé plusieurs principes de réconciliation, et je trouve tout à fait pertinent d'en souligner quelques-uns dans le cadre du débat. Le rapport dit ceci:
La réconciliation est un processus de guérison des relations qui exige un partage de la vérité, des excuses et une commémoration publics qui reconnaissent et réparent les dommages et les torts du passé.
Au point 10, la commission dit encore ceci:
La réconciliation exige un dialogue et une éducation du public soutenus, y compris l’engagement des jeunes, au sujet de l’histoire et des séquelles des pensionnats indiens, des traités et des droits des Autochtones, ainsi que des contributions historiques et contemporaines des peuples autochtones à la société canadienne.
J'espère que le débat d'aujourd'hui contribuera à cette réconciliation.
Je tiens à souligner que des efforts de réconciliation sont faits dans l'ensemble du pays. L'été dernier, dans ma circonscription, Perth—Wellington, une grande institution culturelle de notre circonscription, Stratford Summer Music, a mis en valeur des pratiques musicales et culturelles autochtones d'une grande importance et les a diffusées parmi un grand public dans notre collectivité. Je remercie les organisateurs d'avoir fait cette démarche importante.
La motion d'aujourd'hui comporte trois éléments clés. Le premier consiste à inviter le pape à participer au cheminement. Comme on l'a laissé entendre à maintes reprises ce matin, il s'agit d'un cheminement. Nous ne sommes pas en train de contempler l'atteinte prochaine de l'objectif, mais le cheminement et le processus.
La réconciliation n'est pas facile. Elle nécessite de nombreuses discussions et réflexions entre des personnes, des organismes, des groupes, des entités religieuses et aussi des représentants de l'État. Nous, les conservateurs, pensons que tout groupe ou toute institution ayant joué un rôle important dans le système des pensionnats autochtones devrait présenter ses excuses et aider le Canada à progresser vers la réconciliation. Beaucoup l'ont déjà fait. Le premier élément de la motion découle de l'appel à l'action no 58 de la Commission de vérité et réconciliation, dont voici le texte:
Nous demandons au pape de présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu’aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique. Nous demandons que ces excuses soient semblables à celles faites en 2010 aux Irlandais qui avaient été victimes de mauvais traitements et à ce qu’elles soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d’un an suivant la publication du présent rapport.
La deuxième partie de la motion « demande à l’Église catholique canadienne de respecter son obligation morale ainsi que l’esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006, et de redéployer tous les efforts possibles pour amasser le montant total des fonds convenus ». Cette entente prévoit un investissement de 25 millions de dollars dans des programmes destinés à favoriser la guérison des survivants. Comme on l'a mentionné plus tôt et comme le Globe and Mail en a fait correctement état, un problème de communication entre un avocat du gouvernement fédéral et un avocat de l'Église catholique a amené celle-ci à croire qu'elle pouvait se soustraire à cet engagement. Il s'agit d'une très malencontreuse erreur. L'Église n'a peut-être pas l'obligation légale d'agir, mais je pense que nous pouvons tous convenir qu'elle a sans aucun doute l'obligation morale urgente de le faire. L'argent seul ne pourra certainement pas calmer la douleur. L'argent et les excuses ne pourront pas régler tous les problèmes, mais, chose importante, ils permettront de reconnaître les faits.
En effet, l'année dernière, nos collègues du comité des affaires autochtones et du Nord ont achevé une étude difficile sur la crise de suicides et les problèmes de santé mentale qui frappent un trop grand nombre de communautés autochtones. Beaucoup de témoins ont parlé du traumatisme intergénérationnel qui cause un débordement dans les services limités qui sont offerts.
À la page 31 du rapport, on peut lire ce qui suit:
Des témoins ont présenté les troubles liés à l’usage de substances et les troubles mentaux comme étant des facteurs qui contribuent aux problèmes de santé mentale et de suicide, et qui affectent les jeunes et leurs parents. Certains ont dit que la consommation de drogues ou d’alcool était un moyen de composer avec les traumatismes non résolus laissés par les pensionnats indiens, les mauvais traitements ou la violence, ou encore d’oublier les conditions de vie difficiles, comme les piètres conditions de logement ou la faim.
Ce financement et ces ressources sont encore nécessaires.
La troisième partie parle des « efforts cohérents et soutenus pour remettre les documents pertinents lorsqu’elles sont appelées à le faire par des survivants des pensionnats autochtones, par des membres de leur famille ou par des spécialistes ». Nous croyons que ces documents aideront les survivants, leur famille et les chercheurs à trouver des réponses aux questions demeurées longtemps sans réponse. Si cela permet d'une certaine manière de tourner la page et contribue à la réconciliation et à la guérison, nous croyons que cela devrait être fait.
J'ai le plaisir d'intervenir en faveur de cette motion aujourd'hui. Je suis ravi de voter en faveur de cette motion. J'espère que cela contribuera en quelque sorte à la réconciliation avec les communautés autochtones du Canada.
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Madame la Présidente, comme on le voit, il est facile d'offrir ses excuses quand on a la volonté de le faire et qu'on est capable de reconnaître ses erreurs. Je vous remercie de vos excuses. J'aimerais indiquer que je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Aujourd'hui, nous avons devant nous une importante motion qui comporte trois mots particulièrement importants pour comprendre l'essence même de la motion. Il s'agit des mots « vérité », « réconciliation » et « guérison ».
Un des problèmes majeurs vécus par plusieurs membres des communautés autochtones ayant dû subir les pensionnats autochtones concerne la vérité. Encore aujourd'hui, de nombreuses entités catholiques refusent malheureusement de donner accès à des documents concernant les opérations et ce qui s'est passé dans les pensionnats autochtones. Le refus de la part des entités catholiques de donner accès à ces données est extrêmement dommageable. Ce refus est incompréhensible pour beaucoup de ces gens de confession catholique, car la foi catholique se base avant tout sur la vérité, une des valeurs importantes pour tous les catholiques. Ce n'est pas pour rien que le mensonge est considéré comme un péché.
Que les différentes entités donnent accès à ces documents peut grandement aider les gens des diverses communautés à comprendre ce qu'il en est et pourquoi les choses se sont passées de cette façon. Des choses horribles sont survenues dans les pensionnats. On l'a dit à plusieurs reprises. Des mères et des pères ne savent pas où sont enterrés leurs enfants, par exemple. Le simple fait d'avoir accès à ces documents pourrait les aider à enfin connaître la vérité et une partie manquante de l'histoire de leur famille.
Comme je l'ai déjà dit, ce qui s'est passé dans les pensionnats est innommable. L'effet perdure, car on en voit encore les effets sur les jeunes des communautés. Des parents ont été privés de leurs enfants. Ainsi, les gens des communautés ont beaucoup de difficulté à retrouver l'habileté parentale et à se rappeler comment on élevait les enfants de manière traditionnelle. Il y a eu une fissure suffisamment longue dans le temps pour qu'aucune génération ne se rappelle pas les pensionnats autochtones ou n'ait aucune idée en quoi consistaient ces pensionnats.
Malheureusement, tous ces événements tragiques sont totalement horribles. Ces ne peuvent pas passer à autre chose, s'ils ne reçoivent pas d'excuses. On a eu les excuses du gouvernement conservateur du premier ministre Harper. Elles ont été faites à la Chambre, en collaboration avec les chefs de l'époque, notamment avec M. Layton qui lui a offert ses conseils pour comprendre à quel point ces excuses étaient importantes pour plusieurs des survivants des pensionnats autochtones.
Il reste que la religion a encore beaucoup d'importance pour plusieurs aînés des communautés autochtones élevés dans la religion catholique, et elle est particulièrement ancrée. Je me rappelle avoir assisté à des funérailles auxquelles participaient plusieurs aînés autochtones. J'y ai constaté que la foi était particulièrement importante, notamment pour les aînés. Recevoir les excuses du pape au nom de la communauté catholique serait quelque chose d'extrêmement significatif pour eux, afin qu'ils puissent passer à l'étape de la réconciliation et de la guérison.
La réconciliation permet à quelqu'un d'accepter que ce qu'il a subi va malheureusement faire partie de sa vie pour le reste de ses jours, mais qu'il est capable de passer à autre chose.
C'est une étape extrêmement difficile qui demande beaucoup de travail. La reconnaissance de ce qui s'est passé et des excuses permettraient aux gens de passer à l'étape de la guérison. Or la guérison est une étape extrêmement importante dans les traditions algonquines de ma communauté. Si le pape reconnaissait les événements vécus, cela pourrait avoir un effet significatif auprès des aînés des communautés autochtones, qui se sentiraient appuyés et compris.
Je demande donc à tous les députés de la Chambre de se mettre à la place des victimes des pensionnats autochtones qui ont vécu ce traumatisme. Malheureusement, certains députés de la Chambre en font partie et peuvent témoigner de ce qu'ils ont vécu. Plusieurs d'entre eux seront capables d'expliquer clairement pourquoi les excuses du pape sont si importantes.
Pour ma part, je suis catholique et j'ai été baptisée, et je ne m'attendais pas à ce qu'on aille aussi loin qu'on l'a fait depuis que le pape François est en place. On a notamment parlé des homosexuels. J'ai espoir que le pape François comprendra notre demande et qu'il fera des excuses. Je l'ai vu s'aventurer sur des terrains où je n'aurais jamais cru qu'il aurait le courage de s'aventurer. J'ai donc espoir qu'il présente des excuses si la Chambre lui envoie un message unanime et lui explique clairement pourquoi c'est si important pour les populations autochtones de nos circonscriptions. Ce serait un pas important vers la vérité et la réconciliation. Ce n'est pas toujours évident d'obtenir des excuses, mais dans cette situation, l'unité peut envoyer un message clair. J'espère que chacun d'entre nous comprend qu'il est important pour les victimes de tourner la page.
On parle souvent de guérison physique et psychologique, mais la guérison spirituelle est extrêmement importante. Je crois sincèrement qu'une guérison spirituelle, pour tous ceux qui sont demeurés catholiques, doit passer par des excuses papales. Cela faciliterait leur guérison et leur réconciliation avec leur foi. Plusieurs aînés malades demandent ces excuses, et je crois sincèrement qu'en obtenant celles-ci avant de passer de l'autre côté, ils pourront vivre leurs derniers moments avec un baume sur le coeur.
Pour le Canada, de façon générale, ces excuses signifieraient que le pape reconnaît les événements du passé et comprend ce que les peuples autochtones ont vécu. Même si les moyens que nous employons sont parfois différents, je crois que nous voulons tous aller vers la vérité et la réconciliation. J'espère sincèrement que nous sommes prêts à nous lever pour demander ces excuses, dans l'espoir que le pape entende et comprenne le message des peuples autochtones.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd’hui non seulement pour appuyer mes collègues du Parti néo-démocrate, mais aussi en tant que représentante de la circonscription de Desnethé—Missinippi—Churchill River, en tant que Dénée ayant des amis et des membres de sa famille qui ont survécu aux pensionnats autochtones, et en tant que catholique pratiquante qui demande au chef de son Église de s’excuser.
Avant de commencer, j’aimerais remercier les survivants des familles du pensionnat de St. Anne d'être ici avec nous aujourd'hui.
Aujourd’hui, en notre qualité de politiciens, nous invitons le pape à se joindre à notre démarche de réconciliation, mais nulle voix n’est plus importante que celle des survivants. Si les Canadiens devaient retirer quelque chose des délibérations d’aujourd’hui, que ce soit la voix des survivants qui ont parlé et demandent que la réconciliation progresse de façon positive. Que ce soit la voix des survivants et de leurs familles qui soit le mieux entendue aujourd’hui. Je les remercie d’être ici. Masi chok.
Comme le savent les députés, j’en suis sûre, Sa Sainteté le pape François a décidé qu’il ne pouvait, personnellement, s’excuser du racisme systémique qu’ont vécu les survivants et les victimes des pensionnats indiens. La décision du pape François me décourage profondément, aussi bien que les électeurs de ma circonscription, les Premières Nations, les Inuits, les Métis, les catholiques et des Canadiens de partout au Canada. La douleur que vivent les survivants aujourd’hui est réelle. C’est dans un esprit d’évolution, de soulagement de cette souffrance et d’établissement d’une relation fondée sur l’amour et la compréhension que nous invitons le pape à se joindre à nous et à changer d’avis.
Comme je l’ai déjà dit, je suis une catholique pratiquante. J’ai de très bons souvenirs du temps où j’ai grandi dans le milieu de l’église et participais à des programmes communautaires dirigés par l’église. L’église est incroyablement importante pour les gens de Desnethé—Missinippi—Churchill River. Elle offre un sentiment d’unité entre nos petites collectivités, de même qu’un espace où nous réunir et aider nos collectivités. L’Église catholique dans mon coin offre aux familles un espace où célébrer, vivre un deuil, se réjouir et pardonner. Elle gère un grand nombre de camps d’été, de campagnes collectives, de banques d’aliments et une foule de ventes de bric à brac. Tout ceci s’ajoute à la messe du dimanche et aux services religieux quotidiens.
De plus, comme nos collectivités sont très isolées du reste du Canada, nous retirons un sentiment de communauté avec les gens des grandes villes en pratiquant notre religion. En fin de compte, nous appartenons tous à la même famille catholique.
En 1987, les gens de Fort Simpson dans les Territoires du Nord-Ouest ont eu la grande joie d’accueillir Jean-Paul II. La visite du pape dans cette collectivité catholique dénée a été excitante et a démontré que nous étions membres de la même communauté.
Que l’on déambule le long des allées du Vatican garnies de grands chefs-d’oeuvre ou que l'on regarde les dessins de nos enfants accrochés sur le réfrigérateur, nos croyances partagées nous rendent humbles et nous donnent un sentiment d’appartenance dans l’amour divin. Même si les Canadiens catholiques vivent loin les uns des autres et si nos collectivités sont plutôt différentes, nous sommes tous unis dans une même foi.
Bien que je n’étais pas présente ce jour-là à Fort Simpson, j’ai eu le privilège de voir le pape en 1993 à Denver, au Colorado. J’ai dirigé cet été-là, pendant plusieurs jours, un groupe de jeunes des collectivités du Nord de la Saskatchewan à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse; nous avons rencontré des jeunes catholiques de partout dans le monde. Nous avons partagé des histoires, des petits bouts de nos foyers et nous avons prié ensemble. Ce fut une expérience très touchante, et je pense à ces journées-là en me rappelant à quel point cette expérience a transformé ma vie.
Pour cette raison, j’espère que le pape François acceptera l’invitation de venir visiter les Canadiens. Je sais à quel point voir son chef spirituel peut être une expérience transformatrice. Lors de sa visite ici, j’espère que le pape reconnaîtra l’influence de la spiritualité catholique dans la vie des survivants et qu’il présentera des excuses au nom de l’Église catholique aux familles et aux survivants qui ont vécu la tragédie du programme des pensionnats indiens.
J’aimerais insister sur ma demande que le pape et les évêques catholiques du Canada changent d’avis au sujet de l’invitation du . Dans ma circonscription, nous avons une relation très étroite avec l’archevêque. J’espère qu’ils verront cette motion aujourd’hui comme une demande importante et sincère d’inclure le pape dans notre démarche de réconciliation.
Je comprends la position que la Conférence des évêques catholiques du Canada a communiquée dans son message il y a quelques semaines. J’espère qu’elle décidera de changer d’avis et de nous appuyer après avoir écouté les histoires que nous avons entendues aujourd’hui.
J’ai entendu un grand nombre de familles et de survivants des externats et des pensionnats indiens à Desnethé—Missinippi—Rivière Churchill. Leur message est clair: si nous, dont la communauté repose sur la foi, voulons avancer vers la réconciliation, nous devons continuer à réclamer des excuses et avoir les documents dont nous avons besoin pour que cette vérité soit révélée.
Il n’est pas facile d’oublier la déclaration des évêques catholiques. J’ai été frustrée et déçue, comme plusieurs de mes amis et de ma famille dans mon coin, que le pape ait décidé de ne pas s’excuser personnellement. J’espère que les évêques et le pape comprendront notre insistance. Les familles et les survivants autochtones de ma circonscription, dont un grand nombre sont des catholiques pratiquants, se tournent vers nos chefs spirituels pour de l’aide et des conseils. Cependant, sans des excuses, sans avoir entendu les mots venant du pape lui-même, nous n’aurons pas le sentiment de résolution recherché. Voilà pourquoi nous demandons ceci directement: le pape répondra-t-il à l’appel à l’action no 58 de la Commission de vérité et réconciliation et présentera-t-il des excuses papales officielles pour le rôle que l’Église catholique canadienne a joué dans l’établissement et l’exploitation des pensionnats, et les mauvais traitements qui y ont eu lieu?
Maintenant que la vérité sur le programme des pensionnats indiens et que les histoires s’y rapportant sont du domaine public, ce qui signifie que la société canadienne dans son ensemble sait au moins quelque chose sur ces pensionnats, nous avons tous une obligation de reconnaître d’une manière ou d’une autre le rôle des institutions et des systèmes sociaux, dont nous faisons partie, qui étaient complices en permettant que des abus soient commis et qu’une culture soit éliminée.
Je demande au pape de reconnaître sa position en tant que figure historique et de présenter des excuses au nom de ces prédécesseurs. J’invite le pape à présenter des excuses en sa qualité de chef actuel de l’Église. Je demande au pape de comprendre, en tant que chef spirituel des jeunes catholiques, que dans les pensionnats indiens, c’était vers Dieu que les jeunes pensionnaires se tournaient, mais en vain, pour leur salut et pour trouver espoir.
Je sais que les catholiques de la Saskatchewan apprécieraient des excuses du Saint-Père. Des excuses à ce niveau ne sont pas sans précédent. Notre requête n’est donc pas déraisonnable. En 2010, un autre pape a présenté des excuses pour les abus commis par l’Église catholique en Irlande. En 2015, le pape a présenté des excuses aux peuples autochtones des Amériques pour la colonisation et, pas plus tard que l’an dernier, il en a présenté aux victimes d’abus au Chili. Des excuses aujourd’hui ne seraient pas différentes et elles apporteraient aux victimes et aux survivants au Canada la même consolation et le même respect qui leur sont dus.
Nous sommes tous ensemble sur ce chemin de la réconciliation. Cependant, pour avancer sur ce chemin, nous devons savoir d’où nous venons. Les survivants des pensionnats indiens ont besoin de la coopération de l’Église et de ses entités pour être en mesure de voir leurs propres documents. Les chercheurs devraient avoir accès aux documents historiques, le cas échéant. Tout le monde dans ce pays, générations actuelles comme futures, devrait avoir accès au dossier complet de ce qui s’est passé dans les pensionnats indiens. J’invite le pape à communiquer les documents que l’Église a en sa possession sur les pensionnats indiens. J’invite tout le monde au Canada à lire et à comprendre les connaissances déjà réunies et à se tenir informé des données qui n’ont pas encore été partagées.
Je le répète, notre requête est formulée dans le plus grand respect envers les membres de l’Église, envers les évêques et envers le pape. À ce stade du processus de réconciliation, nous savons que porter des accusations et chercher des coupables ne fait que créer un climat d’hostilité et diviser davantage encore toutes les parties à la réconciliation. En fait, nous invitons le pape et tous les catholiques, afin d’avancer, à se joindre à nous dans la réconciliation avec le passé. Partager nos connaissances, exprimer des remords, participer au dialogue et écouter des survivants sont autant de manières constructives d’avancer ensemble, en tant que société et en tant que communauté unie par une même foi.
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Monsieur le Président, comme c'est toujours le cas, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre pour appuyer cette importante motion. J'aimerais remercier mon collègue de d'avoir présenté cette importante motion et d'avoir fait ce discours percutant ce matin.
Avant de commencer, j'aimerais signaler que je partagerai mon temps de parole avec la députée de , avec qui je siège au caucus autochtone et qui a consacré sa vie à la promotion des droits des Autochtones et à la réconciliation.
La réconciliation est un processus complexe et extrêmement important dans lequel chaque Canadien a un rôle à jouer, selon moi. La réconciliation commence par le respect. Nous devons respecter les cultures, les langues, les traditions et les identités distinctes des uns et des autres pour progresser vers la réconciliation.
[Français]
Le débat d'aujourd'hui est motivé par la réconciliation. En 2015, le a affirmé que, en partenariat avec les nations autochtones, les provinces, les territoires et d'autres partenaires importants, il allait mettre en oeuvre l'ensemble des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Je sais qu'en tant que gouvernement, nous sommes toujours déterminés à réaliser cette promesse et que nous devons le faire correctement.
Tous les appels à l'action ne peuvent pas être mis en oeuvre facilement ou rapidement. Nous ne devons pas considérer les appels à l'action comme une simple liste de tâches à accomplir, mais bien comme un véritable cheminement vers la réconciliation.
[Traduction]
Le s'est engagé à travailler avec tous les autres partenaires importants, y compris l'Église catholique et le pape, pour mener à bien ces appels à l'action. La demande exprimée dans l'appel à l'action no 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation est très claire et réfléchie:
Nous demandons au pape de présenter, au nom de l'Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu'aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l'Église catholique.
Notre a travaillé avec diligence pour essayer d'obtenir des excuses de l'Église. Il a demandé des excuses en personne au pape lors d'une audience privée. Il est toutefois malheureux qu'au cours des dernières semaines, nous ayons constaté une réticence de la part de l'Église à présenter de telles excuses.
J'aimerais mettre l'accent, pendant le peu de temps dont je dispose, sur le processus de guérison par lequel nos communautés doivent passer pour travailler à la réconciliation. Il est important de rappeler aux gens l'histoire des pensionnats autochtones et du génocide culturel que le gouvernement du Canada a mené par le biais de ses diverses politiques et lois, tout cela dans le dessein de détruire la spiritualité et les différentes cultures des peuples autochtones.
Les pensionnats représentaient l'un des outils de ce génocide et ils étaient conçus pour « tuer l'Indien dans le cœur de l'enfant ». Le rôle de l'Église catholique et des autres confessions chrétiennes dans les pensionnats est indéniable. Même s’ils étaient financés par le gouvernement fédéral, ils étaient presque exclusivement dirigés par des Églises et des ordres religieux. Les pensionnats ont été créés parce que le gouvernement et les Églises croyaient que les enfants autochtones devaient être endoctrinés pour qu'ils en viennent à assimiler le mode de vie euro-canadien et chrétien ainsi que la culture canadienne dominante.
Les enfants autochtones n'avaient pas le droit de parler leur langue ou de pratiquer leurs coutumes spirituelles et ancestrales. La spiritualité ancestrale de nombreux élèves a été remplacée de force par le christianisme.
Quand il est question des pensionnats, nous négligeons souvent de parler de l'impact de leur assimilation forcée à un milieu chrétien et de la perte des connaissances spirituelles ancestrales. Il n'est pas étonnant que le christianisme et ses enseignements aient constitué un aspect fondamental des pensionnats, puisque ces derniers étaient dirigés par des Églises et des ordres religieux. Il est question, dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, de la violence spirituelle endurée par les élèves dans les pensionnats. On y indique que les enseignants chrétiens considéraient les élèves comme des païens de race inférieure ayant besoin d'être élevés par le christianisme. Les élèves ont ainsi appris à rejeter les traditions et croyances spirituelles ancestrales de leur famille et de leur communauté en faveur des religions chrétiennes.
La Commission d'enquête sur l'administration de la justice et les Autochtones du Manitoba, qui a été établie à la fin des années 1980, si je ne m'abuse, a aussi écrit au sujet des répercussions de l'assimilation spirituelle forcée dans les pensionnats autochtones et cité le grand chef Dave Courchene père. Celui-ci a tenu les propos suivants: « Les pensionnats autochtones ont enseigné aux jeunes à se détester. Il s'agit de mauvais traitements infligés aux enfants [...] Un trop grand nombre d'Autochtones ont entendu et porté le message. »
On peut aussi lire ce qui suit dans le rapport de la Commission d'enquête sur l'administration de la justice et les Autochtones:
Aujourd'hui, beaucoup de parents et de grands-parents autochtones sont le fruit du système des pensionnats autochtones. Ils ont été privés de l'occasion d'acquérir des compétences parentales, ce qui est habituellement un aspect important de la formation reçue par les enfants dans les familles autochtones, car ils ont été enlevés de leur famille et de leur communauté et les pensionnats autochtones portaient peu d'attention à cette question. Aucune compétence parentale n'a été observée ou enseignée dans ces institutions. Traditionnellement, les enfants autochtones apprennent leurs compétences parentales en observant leurs parents et en recevant des instructions de ceux-ci, au jour le jour. Plusieurs générations de parents autochtones ont été privées de ce processus d'apprentissage.
Les violences et l’assimilation forcée ont provoqué un traumatisme intergénérationnel, et c’est là l’héritage durable du système des pensionnats autochtones. En privant les enfants de leurs structures familiales traditionnelles et en les soumettant à la violence, aux abus, à l’assimilation forcée des valeurs et des cultures eurocanadiennes, on a créé un cycle de violence qui continue de briser de trop nombreuses familles autochtones encore aujourd’hui. Les abus dont ont été victimes les enfants dans les pensionnats autochtones sont aussi indéniables qu’ils sont scandaleusement cruels et non mérités. Ces jeunes enfants autochtones, inuits et métis méritaient beaucoup plus de la part du gouvernement.
Je reviens à la réconciliation et à la nécessité de guérir nos communautés et leurs membres. C’est uniquement par la guérison et la pleine réconciliation que nous réussirons à apporter la paix aux communautés autochtones et à briser le cycle de la violence qui se manifeste encore trop souvent.
Le gouvernement peut jouer un rôle pour favoriser la revitalisation de la culture autochtone en donnant aux peuples autochtones l’autonomie et les outils dont ils ont besoin pour apprendre leur culture, leur langue et leurs croyances traditionnelles. Quand il est question de guérison, le gouvernement ne peut nier le simple pouvoir d’une excuse. Le gouvernement s’est officiellement excusé pour le rôle qu’il a joué, mais il n’était pas l’unique institution responsable. Tous les acteurs doivent présenter leurs excuses pour le rôle qu’ils ont joué dans ces pensionnats, comme l’ont déjà fait les Églises protestantes.
[Français]
Il faut absolument adopter une approche basée sur les survivants en ce qui concerne la guérison. Nous devons écouter les survivants des pensionnats indiens et leurs familles lorsque nous prenons des décisions relatives à la réconciliation. C'est ce qu'ont fait les commissaires de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, et cet exercice a mené au rapport de la Commission et aux appels à l'action.
Ces appels à l'action tiennent compte non seulement des souhaits des survivants, mais également de leurs besoins. Ils tiennent compte de ce dont ils ont besoin pour cheminer dans le processus de guérison.
[Traduction]
En terminant, il est très clair que les survivants exigent des excuses et qu’ils les méritent. C’est pourquoi j’appuie cette motion aujourd’hui, qui demande au pape de présenter des excuses officielles aux survivants des pensionnats et à leurs familles.
:
Monsieur le Président, avant de commencer, je tiens à souligner que nous nous trouvons sur les terres ancestrales du peuple algonquin.
Je tiens à remercier le député de , qui a présenté une motion importante à la Chambre des communes aujourd'hui. Je tiens aussi à féliciter la , qui est une véritable chef de file dans tous les dossiers relatifs aux Autochtones au pays.
Étant moi-même Autochtone et Canadienne, je suis très fière de faire partie d'un gouvernement qui a clairement indiqué qu'il est résolu à établir une nouvelle relation avec les Autochtones fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. Toutefois, le Canada comprend aussi qu'il ne peut pas aller de l'avant en étroite collaboration avec les peuples autochtones et réaliser des progrès sur la voie de la réconciliation nationale sans d'abord reconnaître les erreurs du passé. Afin de vraiment faire progresser les relations de nation à nation, entre les Inuits et la Couronne, et de gouvernement à gouvernement, nous devons prendre acte de ce qui s’est passé dans ce pays et essayer de réparer les torts qui ont été causés aux Autochtones. Tous les Canadiens doivent faire partie de ce processus visant à bâtir un pays meilleur, dans l’intérêt de tous.
Si nous voulons aller de l’avant avec la réconciliation, nous devons aussi comprendre le rôle qu’ont joué les pensionnats dans notre histoire. C’est pour cette raison que l’ancien premier ministre s’est excusé auprès des survivants de ces pensionnats, ici même à la Chambre. Toutefois, à cette époque, les gens de ma circonscription avaient été exclus, et je me rappelle de la souffrance que cela leur a causée. C’est pour cette raison que le 24 novembre 2017, à Happy Valley—Goose Bay, le actuel a présenté des excuses officielles au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens aux étudiants qui avaient fréquenté les pensionnats de Terre-Neuve-et-Labrador et à leur famille.
Des enfants dans la circonscription que je représente ont été arrachés à leur foyer, leur famille et leur communauté, comme Cartwright, Black Tickle, Goose Bay, Hopedale, Makkovik, Nain, Natuashish, North West River, Postville, Rigolet, et de nombreuses autres localités de notre province. Ces enfants ont été isolés de leur famille, déracinés de leur communauté et dépouillés de leur identité. Ils ont fait l’objet de mauvais traitements. Ils ont été punis pour avoir parlé leur langue et on leur a interdit de pratiquer leur culture.
Les conséquences du colonialisme se sont fait sentir bien au-delà des murs de ces pensionnats. Elles ont persisté de génération en génération et continuent de toucher de très nombreux Canadiens, dont un très grand nombre dans la circonscription que je représente, et beaucoup d’autres ailleurs au pays. Cette dure vérité fait partie de l’histoire de notre pays. C’est la dure vérité à laquelle nous sommes confrontés comme société et comme parlementaires.
Les excuses représentent non seulement la première étape vers la guérison, mais elles sont nécessaires pour tourner la page sur ce chapitre de notre histoire et fournir aux personnes touchées une occasion sans précédent de pardonner. Les excuses doivent être sincères et honnêtes, et elles doivent reconnaître le tort et les souffrances qui ont été causés. Le tiers des 130 pensionnats au pays appartenaient à l’Église catholique et étaient dirigés par elle. Il faut garantir aux survivants que leurs expériences ne seront pas oubliées. Il est temps de réparer les torts, d’accepter nos responsabilités et de reconnaître les échecs, afin que les survivants puissent finalement commencer leur processus de guérison.
J’étais à Happy Valley—Goose Bay le jour où le s’est excusé officiellement au nom du gouvernement du Canada et de tous les Canadiens auprès des gens qui étaient présents là et des nombreux autres anciens étudiants des pensionnats de Terre-Neuve-et-Labrador et de leur famille. J’étais entouré de nombreux amis, y compris ma mère, qui est une survivante des pensionnats autochtones.
Ces excuses étaient sincères et véritables. Elles visaient à comprendre et à ressentir la douleur et les souffrances infligées à un grand nombre de Canadiens. Elles visaient à ressentir leurs émotions.
Les mots émouvants de Toby Oded, l'un des survivants, ont montré le réel pouvoir des excuses. Il a dit aux gens qui étaient rassemblés ce jour-là à Happy Valley—Goose Bay « ces excuses sont une partie importante du processus de guérison. Aujourd'hui, les survivants de Terre-Neuve-et-Labrador ont finalement l'impression d'être membres de la communauté des survivants partout au pays. Nous nous sentons liés au reste du Canada. Nous avons obtenu les excuses que nous réclamions ».
Ce sont là les propos tenus par Toby Oded, un survivant des pensionnats autochtones, quand il a finalement entendu le du Canada dire « Nous sommes désolés. Nous sommes réellement désolés de ce que vous et tant d'autres avez dû subir ».
Nous savons que le fait de devoir attendre ces excuses n'a fait qu'exacerber la douleur et la souffrance des survivants. L'absence d'excuses à l'égard des expériences qu'ils ont vécues a nui au processus de guérison et de réconciliation pendant trop longtemps.
Au cours des dernières années, il y a eu un changement dans la façon dont notre pays et le gouvernement considèrent la relation avec les peuples autochtones, et ce n'est pas un hasard. Les instigateurs de ce changement sont le ainsi que des Canadiens, Autochtones et non Autochtones, de tout le pays. Nous sommes à un moment charnière. Nous avons la possibilité de créer un réel changement pour que les communautés autochtones soient mises à contribution et qu'il y ait un réel désir chez les Canadiens de voir les choses changer.
Je veux mentionner le représentant spécial de la ministre, James Igloliorte, juge provincial à la retraite et ancien élève des pensionnats autochtones, un Inuk qui a toujours habité au Labrador. Je tiens à le saluer et à le remercier pour le travail qu'il a fait dans le dossier des pensionnats autochtones auprès de beaucoup de gens dans ma circonscription.
Le gouvernement reconnaît que les préjudices infligés à plusieurs générations par les pensionnats autochtones et les conséquences de la colonisation continuent d'être ressentis par beaucoup de gens. Nous ne pouvons pas modifier le passé, mais nous pouvons réparer les erreurs du passé pour un avenir meilleur. Nous demandons à l'Église catholique et au pape de participer au processus, comme l'ont personnellement fait un grand nombre de leurs fidèles au pays.
Comme le l'a déclaré dans son allocution du 24 novembre 2017:
Faisons de ce jour le début d’un nouveau chapitre de notre histoire — celui où nous nous engageons à ne jamais oublier le mal que nous vous avons fait et où nous nous engageons à renouveler notre relation.
Faisons de ce nouveau chapitre celui de l’avenir que les peuples autochtones et les non-Autochtones veulent bâtir ensemble.
Ce sont les paroles du . C'est la mission que s'est donnée le gouvernement. Il s'agit d'un effort de réconciliation de tous les Canadiens.
Un nombre incalculable de Canadiens ont eu une réelle révélation lors de la tenue de la Commission de vérité et réconciliation. C'est en raison du règlement négocié et de l'entente qui prévoyait l'indemnisation des survivants. Dans tous ses appels à l'action, la Commission de vérité et réconciliation cherche à bâtir une meilleure société pour tous au Canada, et l'appel à l'action 58 demande au pape de présenter des excuses aux survivants des pensionnats indiens, à leurs familles ainsi qu’aux collectivités concernées.
Nous croyons toujours que des excuses du pape, au nom de l'Église catholique, comme celles qu'il a présentées ailleurs dans le monde, représentent une étape très importante de la reconnaissance du passé et un pas vers la réconciliation.
Le Canada a présenté des excuses pour le rôle qu'il a joué relativement aux pensionnats autochtones. Nous nous attendons à ce que d'autres fassent la même chose en toute sincérité, à ce qu'ils affirment la vérité, de façon à ce que tous puissent poursuivre leur cheminement vers un nouveau chapitre de leur vie.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un immense honneur de prendre la parole à la Chambre pour appuyer la puissante motion de l’opposition déposée aujourd’hui par notre parti, le NPD, ce dont je suis fière, et pour souligner le travail de mes collègues les députés de et d’.
Soyons clairs. La motion présentée aujourd’hui par l’opposition donne suite à l’appel lancé par la Commission de vérité et réconciliation pour faire avancer notre pays sur le chemin d'une véritable guérison pour les crimes de l’époque des pensionnats autochtones. Nous, la Chambre, invitons le pape François à participer à ce cheminement avec les Canadiens en répondant à l’appel à l’action no 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation et à présenter des excuses papales officielles pour le rôle qu'a joué l’Église canadienne dans l'établissement et l'exploitation des pensionnats autochtones, et les mauvais traitements qui y ont été infligés.
Nous demandons aussi à l’Église catholique romaine de respecter son obligation morale ainsi que l’esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006 et de redéployer tous les efforts possibles pour amasser le montant intégral des fonds convenus; nous prions aussi les entités catholiques qui participaient au fonctionnement des pensionnats de faire des efforts cohérents et soutenus pour remettre les documents pertinents lorsqu'elles sont appelées à le faire par des survivants des pensionnats autochtones, des membres de leur famille et des juristes qui cherchent à comprendre toute l’ampleur des horreurs du système des pensionnats dans l’intérêt de la vérité et de la réconciliation.
Je suis native du Nord du Manitoba et j’ai grandi à Thompson, qui se trouve sur le territoire traditionnel de la nation crie de Nisichawayasihk, sur le territoire visé par le traité no 5. Quiconque grandit dans le Nord de notre pays connaît les traumatismes et les expériences dévastatrices vécues par toutes les personnes qui ont été envoyées dans les pensionnats autochtones et par les générations qui ont suivi celles ayant survécu aux pensionnats.
Je me souviens d'avoir visité des aînés dans le Nord en bas âge; ils parlaient du système des pensionnats et de ce que cela signifiait d’être arraché à sa famille et envoyé dans une école qui punissait les enfants pour avoir parlé leur propre langue. Je me rappelle aussi avoir entendu parler de mauvais traitements que nous ne pouvions même pas imaginer.
J’ai grandi avec des enfants qui disaient que leurs grands-parents avaient été envoyés dans des pensionnats, qu’ils avaient ainsi perdu leurs liens avec leur culture et leurs traditions et qu’ils nourrissaient la passion absolue de renouer avec ces traditions, ces langues et ces racines. Ils voulaient rétablir les liens parce que c’était important pour eux. Il fallait malheureusement passer par le rétablissement des liens parce que, pendant des décennies, l’État canadien, en collaboration avec les églises, avait rompu ces liens essentiels.
Quand j’ai amorcé ma carrière politique, certains de mes mentors les plus inspirants étaient des survivants des pensionnats, des gens qui ont subi des sévices et vécu des traumatismes indescriptibles et qui, malgré tout, ont trouvé la force de diriger leurs peuples et leurs nations pour lutter contre ces injustices.
Cela me rappelle des gens comme l’aîné Raymond Robinson de Cross Lake, lui-même un survivant des pensionnats. Après avoir traversé toutes les épreuves que tant de ces survivants ont connues, il est devenu l’un de ceux qui ont contribué à fonder la Fraternité des Indiens du Manitoba. Il parlait de l’importance de s’engager, de renouer avec la tradition, de se battre pour le droit à l’autodétermination. Il est devenu un redoutable défenseur des causes autochtones dans la lutte contre la dévastation causée par Manitoba Hydro et contre les politiques coloniales perpétuées par des gouvernements successifs à Ottawa.
Son héritage est toujours présent. En fait, beaucoup de ses enfants sont devenus des leaders, tant des élus que des dirigeants communautaires à Cross Lake et dans d’autres localités de notre province. Je me rappelle que d’une grande épreuve est sortie une force incommensurable qui m’a inspirée, ainsi que beaucoup d’autres, à poursuivre la lutte et à bâtir un monde meilleur pour les Premières Nations et les Nord-Manitobains.
Je visite des localités, comme j’en ai visité au cours des années, j’ai passé pas mal de temps à écouter des histoires à propos des ravages des pensionnats dans notre région. C’est triste à dire, mais beaucoup de ces pensionnats étaient dirigés par l’Église catholique. C’est extrêmement décevant, à vrai dire, c’est enrageant de voir l’Église catholique dresser des obstacles quand vient le temps de poser le plus simple geste de réconciliation, le geste des excuses.
Cela m’atteint en plein cœur parce lorsque je suis dans le nord du Manitoba, je passe souvent dans les endroits où se trouvaient autrefois les pensionnats, celui de Guy Hill par exemple, qui a existé de 1926 à 1979. Trois ans à peine avant ma naissance, ce pensionnat-là existait encore, un établissement que des milliers de jeunes de toute la région ont fréquenté et où beaucoup ont été maltraités au-delà de ce qu’on peut imaginer.
Le pensionnat de Guy Hill est connu pour bien des choses, mais quand on s’arrête un instant pour examiner ses archives, on se rend compte assez vite qu’il s’en passait beaucoup de complètement inacceptables. On peut lire dans des archives de 1951: « Cette école est terriblement surpeuplée et je remarque que les lits superposés qu’on avait recommandés sont toujours manquants. D’un point de vue sanitaire, ce serait pour le bien matériel des enfants. » On mentionne aussi dans des documents de l’époque, en 1951, « … une épidémie assez grave qui s’est propagée chez 19 garçons de différents âges. Il pourrait s’agir de la tuberculose… ».
En 1958 encore, on apprend que l’eau à la nouvelle école était contaminée et « jugée dangereuse puisqu’elle contient des bactéries qu’on trouve normalement dans les égouts ». Un an plus tard, en 1959, l’eau à l’école était encore impropre à la consommation, pourtant les enfants qui fréquentaient cette école étaient forcés de la boire et forcés de vivre dans de pareilles conditions.
Cela me fait penser aux travaux de Ian Mosby et d'autres chercheurs et universitaires. Ils ont parlé du fait que, en plus d'être soumis à des conditions dangereuses, les enfants, sans le savoir naturellement, faisaient aussi souvent l'objet d'expériences sur la malnutrition et les conditions de vie insalubres. On savait que c'était là la réalité dans certains de ces pensionnats et les faits étaient consignés, mais les conditions n'ont pas changé et les abus ont continué.
Il y avait d'autres pensionnats dans notre région. Le pensionnat de Fort Alexander se trouvait dans le sud de ma circonscription. Une lettre datant de 1963 indique qu'un élève de ce pensionnat disait avoir peur d'y retourner. Il affirmait que le personnel le réprimandait fréquemment et craignait le châtiment corporel à son retour. Voici le genre de situations dont nous n'entendons parler que trop souvent: les coups, la violence physique, les abus sexuels, toutes des formes de mauvais traitement qu'on ne pourrait imaginer et ne saurait tolérer dans quelque contexte que ce soit, encore moins en milieu scolaire.
J'ai entendu un grand nombre de ces histoires, des histoires qui ont des séquelles permanentes sur les survivants. Je sais que de nombreuses personnes sont restées marquées et ont du mal à s'en sortir. Certaines se sont tournées vers l'alcool et la drogue pour oublier ces expériences traumatisantes. Les dossiers montrent que, en 1963 et en 1958, des élèves — des jeunes — étaient forcés de vivre dans ces conditions. C'est absolument inacceptable.
Le pensionnat de Cross Lake était administré par l'Église catholique et connu dans ma région pour les conditions inhumaines qui y régnaient. Il existe passablement de dossiers officiels datant de 1918 jusqu'à 1949, qui rendent compte de graves problèmes dans ce pensionnat.
Selon des archives de 1943:
[...] un médecin a affirmé que la mauvaise qualité de l'air et le surpeuplement des dortoirs étaient à l'origine de la propagation de la tuberculose au pensionnat indien de Cross Lake. Aussi, le gouvernement fédéral a indiqué à l'Église que la population du pensionnat indien de Cross Lake pour l'année scolaire 1943-1944 ne devait pas dépasser 80 pensionnaires.
On peut lire aussi qu'en 1944-1945:
Presque tous les enfants résidant au pensionnat indien de Cross Lake ont eu la jaunisse à la fin de l'automne et au début de l'hiver. Un agent médical attribue l'épidémie au surpeuplement des dortoirs, la population de l'établissement se chiffrant à 96 pensionnaires, ce qu'il condamne vivement.
Bien que des professionnels respectés aient déclaré officiellement que les conditions étaient inhumaines et rendaient les enfants malades, l'Église et le gouvernement ont continué à tolérer la situation.
L'histoire de Cross Lake est bien connue chez nous dans le Nord. Beaucoup de gens ont eu un véritable sentiment de justice lorsque les élèves ont carrément mis le feu à ce pensionnat. Même si tous ont pu sortir sains et saufs, la façon dont les élèves ont pris les choses en main pour raser un endroit qui leur avait causé tant de mal a beaucoup fait parler.
La seule idée que des enfants aient à vivre dans de telles conditions, loin de leur famille, arrachés à leur culture et à leur communauté, et soient forcés de subir des conditions inhumaines et des traitements innommables est révoltante.
Cela me ramène à la discussion d’aujourd'hui, une motion qui reflète vraiment le désir de notre parti et celui d'autres parlementaires, selon ce que j’en comprends, de commencer à réparer les torts causés en demandant à l'Église catholique de présenter des excuses officielles. Nous savons que d'autres églises ont franchi cette étape, et il est profondément frustrant pour beaucoup de gens, catholiques ou autres, que l'Église catholique refuse toujours de s'excuser. Je sais que bon nombre de gens entretiennent de l'espoir puisque le pape actuel, le pape François, a été plutôt progressiste et ouvert d'esprit en matière de réconciliation, et son travail en Amérique latine en fait foi. En conséquence, nous pensons qu'il y a une ouverture, une possibilité de commencer ce cheminement vers la réconciliation en ce qui concerne les survivants des pensionnats autochtones.
En raison de certains obstacles érigés par les hauts dirigeants de l'Église catholique, il est décevant de constater qu'il appartient au Parlement de faire le point sur la situation ici au Canada et de demander des excuses, mais c’est là où nous en sommes.
Il est temps que nous fassions preuve de leadership dans ce domaine. Le Parlement l'a fait à quelques reprises dans cet important dossier. Je pense aux excuses nationales présentées en 2008. Je pense aussi aux travaux de la Commission de vérité et réconciliation, qui ont reçu l'appui du Parlement. Il est tout à fait naturel que, malgré les embûches, nous réclamions une fois de plus ce genre d'action de la part de l'Église catholique, et il nous incombe de le faire, étant donné que le Parlement a malheureusement cautionné ces abus indescriptibles en soutenant le régime des pensionnats autochtones.
Ce que nous faisons ici aujourd'hui est un tout petit pas pour reconnaître que notre histoire a été marquée par de nombreux torts, et qu’en notre qualité de parlementaires, nous devons maintenant, en 2018, prendre les devants et encourager ceux qui avaient la responsabilité ultime de ces pensionnats à dire à quel point ils sont sincèrement désolés, afin de pouvoir commencer ce cheminement vers la réconciliation.
Le gouvernement s’est excusé en 2008 et diverses églises, à l’exception de l’Église catholique, ont fait de même. Il est important de noter que l’appel à l’action 58 de la Commission de vérité et réconciliation précise clairement que les excuses papales seraient la clé du processus de réconciliation. Il est temps que le pape présente des excuses. Des excuses similaires ont été présentées, par exemple en 2010 aux victimes irlandaises de mauvais traitements infligés par les catholiques, en 2015 aux peuples autochtones des Amériques pour le rôle de l’Église dans la colonisation et, le 11 avril dernier, aux victimes de mauvais traitements au Chili.
Le système des pensionnats autochtones a été créé conjointement par des organisations religieuses et des gouvernements. Par cette motion, nous demandons, au nom du Parlement, à notre partenaire du système des pensionnats autochtones, l’Église catholique, de présenter officiellement ses excuses.
Le gouvernement du Canada a exonéré l’Église, à tort, d’une grande partie de ses obligations financières en vertu de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006. L’Église était tenue de verser 79 millions de dollars, un montant qui a été amputé de 37,8 millions. Le gouvernement et l’Église étaient les deux parties défenderesses dans les poursuites qui ont débouché sur le processus de règlement pour les survivants des pensionnats autochtones et nous croyons que c’est une mauvaise chose que l’Église n’ait pas été obligée de rembourser cet argent.
[Français]
Il faut reconnaître que nous avons une occasion comme députés et comme Parlement de faire ce qu'il faut faire. Il ne s'agit pas de corriger l'histoire — c'est une histoire traumatisante et très négative de notre pays —, mais d'encourager les responsables à amorcer la réconciliation. C'est pour cela que nous demandons au Parlement d'appuyer unanimement une motion demandant que le pape et l'Église catholique offrent la possibilité aux survivants d'avancer vers la réconciliation, ensemble.
[Traduction]
Je prends la parole à la Chambre en pensant aux survivants, notamment à mon collègue le député de la circonscription , aux survivants qui sont chez eux, à tous ceux qui sont décédés, aux enfants et aux petits-enfants de survivants, dont certains sont mes amis et m’ont raconté les répercussions intergénérationnelles dévastatrices des pensionnats autochtones.
En tant que jeune mère, je frémis à l’idée que de si nombreux parents se soient fait enlever leurs enfants et voler leur culture et leurs traditions et aient subi des violences sans nom. C’est pourquoi je profite de cette occasion, en ma qualité de députée et fière de mes origines, pour dire que le moment est venu pour nous d’exercer notre leadership. Le moment est venu pour nous, parlementaires, d’envoyer un message unanime que l’Église catholique et le pape doivent présenter leurs excuses et s’engager sur le chemin menant à la réconciliation avec les survivants. Le moment est venu de le faire. Les survivants le méritent. Les Premières Nations le méritent. Nous espérons que, grâce à cette motion, ce jour ne tardera pas à arriver.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C'est un privilège et un plaisir pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet d'un enjeu aussi crucial. C'est un enjeu énorme autant pour les Autochtones que pour les autres Canadiens. Il est évident que certaines personnes suivent le débat plus que d'autres. Certaines personnes sont bien plus touchées que d'autres.
Il est si encourageant quand des députés de tous les partis se mobilisent pour tenter de réaliser un objectif commun. L'objectif en question est celui de la recommandation 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation.
Un certain nombre de gestes et d'actions attendus depuis longtemps ont été posés au cours des dernières années, qui ont eu un impact assez considérable et positif sur la relation avec les Autochtones. Toutefois, il faut reconnaître que l'on n'aboutit pas à la réconciliation en un jour, deux jours, un mois ou même un an. Une discussion continue doit avoir lieu entre les gens de toutes les régions du pays. C'est un enjeu qui ne touche pas qu'un seul palier de gouvernement et dont la portée ne se limite pas au gouvernement et aux peuples autochtones. Il s'agit d'un problème avec lequel nous devons tous composer de diverses façons. J'espère que nous continuerons de favoriser la réconciliation de toutes les façons possibles.
La motion proposée par le NPD est bonne et comporte de nombreux éléments constructifs. Nous pourrions pratiquement passer en revue les 94 recommandations de la Commission de vérité et réconciliation et en trouver certaines à propos desquelles la Chambre pourrait débattre pendant 40 ou 50 jours, tant elles sont justifiées et authentiques. Voilà pourquoi j'ai dit que j'apprécie vraiment le débat que nous avons aujourd'hui.
Je tiens à souligner en particulier ce que recommande la Commission de vérité et réconciliation. Chose intéressante, elle commence par des appels à l’action. Il y a eu aujourd’hui beaucoup d’interventions sur l’importance de ces appels à l’action. Voici ce qu’en dit la Commission:
Afin de remédier aux séquelles laissées par les pensionnats et de faire avancer le processus de réconciliation, la Commission de vérité et réconciliation lance les appels à l’action ci-après:
Il y en a 94. Ce qui est pratique, c’est qu’on peut facilement les consulter sur Internet, sous différents formats, tels qu’un fichier PDF ou une brochure. Le rapport est d’ailleurs, à juste titre, largement médiatisé.
C’est de la recommandation 58 dont nous sommes saisis aujourd’hui. Elle a pour titre « Les excuses de l’Église et la réconciliation », et se lit comme suit :
Nous demandons au pape de présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu’aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique. Nous demandons que ces excuses soient semblables à celles faites en 2010 aux Irlandais qui avaient été victimes de mauvais traitements et à ce qu’elles soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d’un an suivant la publication du présent rapport.
Il ne s’agit pas d’une suggestion faite par quelques personnes autour d’une table. C’est l’aboutissement d’un consensus auquel on est arrivé à l’issue de rencontres avec des survivants et d'autres intervenants. On en est venu à la conclusion que, pour qu’il y ait réconciliation, cet appel à l’action était nécessaire.
Je ne sais pas très bien comment fonctionnent la hiérarchie catholique et les affaires du Vatican. Je ne connais pas non plus le rôle que peuvent jouer les évêques catholiques du Canada. Ce que je sais, toutefois, c'est que le pape François a déjà accompli beaucoup de choses dans le monde entier. Je pense sincèrement qu'il est sensible à ce qu'on lui demande, mais que tout cela crée, pour une raison ou pour une autre, un certain malaise dans la hiérarchie catholique.
J'ai bon espoir que le débat d'aujourd'hui et les pressions qui continueront d'être exercées vont finir par donner quelque chose. La Chambre des communes n'est pas la seule à s'intéresser à cette question. Plusieurs dirigeants autochtones, dont l'apport passé et futur est parfois sous-estimé, s'y intéressent aussi. Beaucoup de possibilités s'offrent à eux. J'estime que les peuples autochtones du Canada contribuent beaucoup à la bonne marche du processus de réconciliation.
On sait que le s'est entretenu avec le pape François au Vatican et qu'il lui a parlé de l'appel à l'action no 58. Tous les Canadiens savent sans doute que le , comme nous tous, a été très déçu de la décision qui a été prise pour une raison que j'ignore.
Nous étions déçus, mais nous n'abandonnerons pas. Nous allons continuer de faire de notre mieux. Je crois que ce n'est qu'une question de temps avant que ces excuses arrivent. Je crois que nous ferons bien des progrès sur la voie de la réconciliation aussitôt que nous aurons obtenu ces excuses. J'ai bon espoir de voir un jour le pape venir présenter ses excuses au Canada.
J'estime que c'est important pour les générations futures. Le nom de Tina Fontaine n'est pas inconnu des députés. Elle a connu un destin tragique. Lorsqu'on pense aux quelque 1 000 femmes et filles disparues ou assassinées, comment ne pas croire que les pensionnats autochtones ont joué un rôle dans cette situation?
La a fait une annonce formidable. Je suis vraiment ravi qu'elle soit allée à Winnipeg pour faire une annonce au sujet d'un établissement que Tina Fontaine a fréquenté et pour souligner le travail exceptionnel que la tante de Tina, Thelma, et sa communauté ont réalisé afin de transformer l'endroit en un centre pour les jeunes ouvert en tout temps.
Je soulève la question parce que les pensionnats autochtones ont eu de véritables conséquences. Nous devons tous en prendre conscience et trouver des façons de promouvoir la réconciliation, non seulement en demandant des excuses au pape, mais aussi en donnant suite aux 93 autres appels à l'action.
Grâce à la bonne volonté du et de beaucoup d'autres députés, le gouvernement donnera suite à chacun de ces appels à l'action. Je crois que, dans les jours, les semaines, les mois et les années à venir, d'autres étapes seront franchies sur la voie de la réconciliation. J'espère seulement que nous serons capables de comprendre les conséquences sur les victimes. J'encouragerais les gens à examiner le dossier de Tina Fontaine ou un autre des nombreux exemples donnés, y compris certains dont il a été question aujourd'hui dans cette enceinte, pour bien comprendre ce qui se passe aujourd'hui dans le système d'aide à l'enfance. Mon collègue de Toronto a parlé de plus de 10 000 enfants, dont la vaste majorité sont autochtones.
Voilà le type de conséquences que l'on constate aujourd'hui. Si nous prenions le temps d'examiner les dossiers des victimes, nous serions mieux sensibilisés, et la hiérarchie du Vatican comprendrait mieux pourquoi il est très important de présenter des excuses.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord souligner que nous sommes réunis ici sur les terres ancestrales non cédées du peuple algonquin.
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui sur un sujet d'une si grande importance. La motion de l'opposition présentée par le NPD renferme trois éléments. Je vais surtout me concentrer sur les excuses du pape et de l'Église catholique. Avant d'aller plus loin, je tiens à vous expliquer pourquoi cela est important pour moi.
En tant qu'hindou pratiquant, je crois qu'il est important de reconnaître que, à bien des égards, j'ai grandi dans le système scolaire catholique. J'ai passé les quatre premières années de mon parcours scolaire, au Sri Lanka et en Irlande, dans le système scolaire catholique. C'est très important pour moi, car ce passage m'en a appris beaucoup sur la vie, les valeurs importantes et le bien et le mal. Je n'ai que de bons commentaires à faire au sujet de mon éducation.
Malheureusement, l'histoire a été différente au Canada. La Charte des droits et libertés nous garantit le droit de croire en ce que nous voulons ou de ne croire en rien. Ainsi, je crois qu'il est important d'affirmer que le débat aujourd'hui concerne spécifiquement la question des pensionnats indiens et la recherche de solutions pour que le pays avance dans la voie de la réconciliation.
La réconciliation est un sujet très délicat. De nombreux pays ont tenté d'y arriver. Un exemple bien connu est celui de l'Afrique du Sud, et je sais que d'autres pays d'Afrique se sont aussi engagés sur cette voie. Le Canada aussi a entrepris un tel processus et je crois que la Commission de vérité et réconciliation sert de base à cette discussion, à ce cheminement, comme on l'a mentionné plus tôt.
Ce cheminement doit être entrepris sur de nombreux fronts. Des appels à l'action demandent au gouvernement et à différentes institutions de contribuer à régler la question de la réconciliation. Je crois que diverses avancées ont été réalisées sur ce front, l'une d'elles étant, évidemment, la discussion actuelle et le débat concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, ainsi que le projet de loi , un projet de loi d'initiative parlementaire présenté par le député d'. C'est également très important pour la réconciliation.
Un certain nombre d'institutions, en particulier l'Église catholique, jouent un rôle très important. Avant de parler de ce que l'Église est priée de faire, j'aimerais confier à la Chambre que j'ai beaucoup pensé à mes deux jeunes filles, qui ont 7 et 9 ans, en prévision de ce débat. À la maison, nous nous parlons en tamoul, un tamoul un peu boiteux, car mes enfants et ma femme ne maîtrisent pas bien cette langue. Cependant, nous essayons de sensibiliser nos enfants à l'importance de la langue, de la culture et de la foi. C'est fondamental pour moi, ma famille et mes enfants. C'est ce qui me motive tous les jours.
J'ai réfléchi longuement à ce qui s'est produit dans les pensionnats. Souvent, à l'âge qu'ont mes enfants, voire lorsqu'ils étaient encore plus jeunes, les enfants autochtones étaient enlevés à leur famille et placés dans des pensionnats, où on les empêchait de parler leur langue maternelle. Comme on le sait, la langue est très importante pour nous. Notre langue maternelle est essentielle pour nous. Plus de 100 000 Tamouls ont perdu la vie pour avoir défendu leur langue et leur droit de parler leur langue et d'aller à l'école dans leur langue. C'est très important. Dans les pensionnats, les enfants autochtones ont perdu leur langue maternelle.
Ensuite, il y a la culture, un autre élément important qui définit chacun d'entre nous. Tous ici, nous avons des origines différentes, très différentes dans de nombreux cas. Les concepts de base que nous tenons pour acquis parce qu'ils font partie de notre culture se répercutent sur nos façons de faire, notre façon de voir le monde. Quand on retire un enfant à ses parents, quand on empêche cet enfant de vivre selon sa culture, c'est de son essence même qu'on le prive.
Toutes les religions, toutes les communautés autochtones ont de riches traditions spirituelles d'une grande importance. Nous essayons souvent de les souligner de manière symbolique. Nous essayons de le faire au Parlement. Nous tentons de le faire dans le cadre d'activités dans nos circonscriptions et à l'échelle nationale. Nous essayons d'intégrer certaines des pratiques spirituelles de différentes religions, mais cela reste, à bien des égards, symbolique. Nous avons perdu le coeur de cette spiritualité et c'est ce qui est arrivé aux jeunes qui ont été envoyés dans les pensionnats.
Je n'aborderai pas la question des abus, mais imaginons quand le jeune revient dans sa communauté 8 à 12 ans plus tard. Peut-il nouer une relation avec ses parents, ses grands-parents ou sa communauté et vice versa? Il y a quelque chose de dérangeant et de fondamentalement répréhensible à ce qui a été fait. Pourtant, cela l'a été avec la permission du gouvernement, grâce à des programmes gouvernementaux de soutien des pensionnats. Il ne s'agissait pas d'un choix. Cela s'est passé à cause de décisions qui ont été prises à la Chambre, des décisions que des organismes religieux ont été chargés de mettre en oeuvre.
Au total, 150 000 personnes ont connu les pensionnats autochtones, et des générations d'Autochtones en subissent les contrecoups au point d'en être brisées. Nous sommes ici aujourd'hui pour remédier à la situation.
Un certain nombre d'institutions sont en cause et ont été impliquées dans ce scandale, à commencer par les églises. Je tiens à souligner qu'au fil des ans, bon nombre d'entre elles ont décidé d'assumer leurs responsabilités. Par exemple, en 1993, l'Église anglicane a présenté des excuses, et l'Église presbytérienne a fait de même en 1994. L'Église unie s'est excusée à deux reprises, une fois en 1986 et une autre en 1998. Les missionnaires oblats ont offert leurs excuses en 2001. Quant au gouvernement du Canada, il a présenté ses excuses officielles en 2008.
L'étude sur le suicide que le comité des affaires autochtones a présentée il y a environ un an a énormément contribué à m'ouvrir les yeux sur les effets des pensionnats autochtones, car on y traitait essentiellement des facteurs aggravants. Plus d'une centaine de personnes ont parlé des effets que les pensionnats autochtones avaient eus sur leur vie et sur leur relation avec leur famille et le reste de la collectivité.
Aujourd'hui, nous sommes ici parce que tous ces éléments ont contribué aux facteurs socioéconomiques dont nous parlons souvent, comme la persistance du colonialisme dans la société. Quand je suis ici, je ne peux m'empêcher de regarder mon collègue d'en face, le député d', pour qui j'ai le plus grand respect et que je considère davantage comme un mentor qu'un collègue. Nous avons déjà eu l'occasion de voyager ensemble, et il lui est parfois arrivé de me parler de ce qu'il avait vécu, des séquelles de son passage dans les pensionnats autochtones sur lui, mais aussi sur sa famille et son entourage. On en revient toujours à cela.
Aujourd'hui, je demande respectueusement à l'Église et au pape de faire le bien et de faire ce qui s'impose. J'espère que le pape viendra au Canada bientôt et qu'il rencontrera un certain nombre de gens qui ont directement connu les pensionnats autochtones, comme mon ami d'. À mes yeux, la foi catholique se résume justement à cela: faire le bien. Je suis convaincu que nous aurons droit à des excuses. Je me joins donc à mes collègues d'en face pour presser l'Église et le pape de prendre leurs responsabilités et de faire ce qui s'impose.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Même si je suis député depuis peu de temps et que j'en suis encore à mon premier mandat, je peux dire que certains moments nous font pleinement prendre conscience du privilège que représente le fait siéger à la Chambre, de pouvoir nous y exprimer librement et de défendre les intérêts des gens que nous représentons. Il arrive souvent que leur opinion ne compte pas et qu'elle soit balayée du revers de la main.
La motion d'aujourd'hui nous donne l'occasion — à moi personnellement et à chacun de mes collègues — de prendre la parole, de dénoncer une des pages les plus sombres de notre histoire et de faire le nécessaire pour que l'État corrige des torts en demandant à l'Église catholique de faire amende honorable et au pape de présenter des excuses.
Ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, est l'endroit où vivent les Salish du littoral. Je vis sur des terres non cédées des Salish du littoral. Avant de poursuivre, je veux lever la main et dire Hych’ka Siam à chacun des aînés et des survivants des Premières Nations de ma circonscription. Ils ont énormément souffert, mais ils défendent vigoureusement leurs collectivités aujourd'hui. Il est tout simplement merveilleux de les connaître et de voir avec quelle force et quel courage ils luttent pour leurs collectivités, en dépit de toutes les épreuves traversées. Aujourd'hui, grâce à cette motion, la journée leur est vraiment consacrée et je m'en réjouis du plus profond du coeur.
Je remercie le député de d'avoir présenté cette motion, et mon collègue d' de l'avoir appuyée. C'est un moment important où la Chambre des communes unit ses forces pour que des mesures soient prises.
Qu'essayons-nous d'accomplir aujourd'hui?
La motion dont nous sommes saisis invite le pape François. J'aime le verbe « inviter », car il y a eu beaucoup de consternation au sein de la communauté catholique et même chez certains députés, qui disaient que nous ne pouvions pas forcer l'Église catholique à présenter des excuses, et ils ont raison. Voilà pourquoi nous invitons le pape François à participer à ce cheminement en répondant à l’appel à l’action numéro 58 du rapport de la Commission de vérité et réconciliation.
Si l’on examine la longue et sombre histoire des pensionnats, on voit bien qu’il s’agissait d’un génocide et que l’on s’attaquait aux enfants pour une raison fondamentale. Les enfants sont l’avenir de toute communauté. Lorsqu’on cherche à s’en débarrasser et à les éloigner de leur culture et de leur langue, on cherche en quelque sorte à les éliminer et, dans bien des cas, on y est parvenu. Nous commençons à comprendre ce qui s'est passé.
En tant que père, j'imagine le traumatisme causé par le fait de se faire enlever ses enfants à un si jeune âge et de les retrouver brisés, sans compter le traumatisme intergénérationnel que cela représente.
Les séquelles des pensionnats ont été très bien documentées et cette documentation est importante. Toutefois, après toutes les démarches faites en vue de la réconciliation, il y a encore une étape importante à franchir. Il faut reconnaître que le système des pensionnats a été créé de concert par des organismes religieux et le gouvernement, qui ont travaillé main dans la main. Dans le cadre de cette motion, le Parlement demande à l’Église catholique, le partenaire avec lequel le gouvernement avait créé le système des pensionnats, de présenter des excuses officielles, comme le gouvernement du Canada l’a fait en 2008.
Au bénéfice des gens de ma circonscription, afin qu’ils comprennent mieux le débat que nous avons aujourd’hui et le cheminement qui est le nôtre, je cite officiellement l'appel à l’action 58 de la Commission de vérité et réconciliation:
Nous demandons au pape de présenter, au nom de l’Église catholique romaine, des excuses aux survivants, à leurs familles ainsi qu’aux collectivités concernées pour les mauvais traitements sur les plans spirituel, culturel, émotionnel, physique et sexuel que les enfants des Premières Nations, des Inuits et des Métis ont subis dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique. Nous demandons que ces excuses soient semblables à celles faites en 2010 aux Irlandais qui avaient été victimes de mauvais traitements et à ce qu’elles soient présentées par le pape au Canada, dans un délai d’un an suivant la publication du présent rapport.
Il est déplorable que, dans les dernières semaines, certains évêques catholiques au Canada aient cherché à brouiller les cartes en tentant d'expliquer pourquoi il serait impossible que le pape présente des excuses. Différentes raisons ont été invoquées, notamment que différentes congrégations et différents diocèses étaient responsables des pensionnats et que bon nombre d'entre eux ont déjà présenté des excuses. Ils oublient cependant un élément fondamental dans ce dossier: tant les catholiques que les non-catholiques considèrent que le pape est le chef spirituel de l'Église catholique. L'Église est dirigée par le pape, l'évêque de Rome. Effectivement, différentes congrégations catholiques ont présenté des excuses, mais je ne saurais exagérer l'importance que revêtiraient pour l'avenir du pays des excuses présentées ici même au Canada par le pape, surtout qu'un grand nombre d'Autochtones sont toujours de confession catholique, malgré tous les sévices qu'ils ont subis. Une de mes collègues a déclaré être autochtone et catholique et ce fut un réel honneur pour moi d'assister à son discours un peu plus tôt à la Chambre.
Le gouvernement a présenté des excuses en 2008 et différentes églises — exception faite de l'Église catholique — ont présenté des excuses, mais nous devons obtenir des excuses du pape. Lorsque le pape François a accédé à la papauté, en 2013, il était vraiment décidé à redresser les erreurs passées et à s'attaquer aux problèmes de justice sociale. Étant donné ce qu'il a fait et dit dans diverses parties du monde, s'il n'écoute pas le débat, j'espère qu'il entendra la motion que la Chambre, je l'espère, adoptera mardi, préférablement à l'unanimité. J'espère qu'il entendra que c'est la chose à faire et j'espère qu'il écoutera son coeur et offrira ces importantes excuses. J'espère que, partout au pays, les catholiques comprennent bien que nous n'essayons pas d'attirer l'attention sur eux pour faire pression. Nous voulons qu'ils se joignent à nous et que chacun sonde son coeur et conclut que c'est la chose à faire. Ils pourraient peut-être parler à d'autres personnes dans leur collectivité et à leur évêque pour que ce message se rende jusqu'au Vatican.
C'est un sujet dont nous pourrions débattre pendant des heures, mais j'aimerais conclure sur les paroles suivantes. Le gouvernement a présenté des excuses en 2008, mais, d'une certaine manière, le message est encore plus fort lorsqu'il vient du Parlement. Les ministériels forment le parti au pouvoir à la Chambre des communes. Actuellement, ce sont les libéraux, et ils représentent une partie de l'électorat. Cependant, si tous les partis à la Chambre des communes s'unissaient pour adopter cette motion à l'unanimité, la Chambre indiquerait alors aux Canadiens et au reste du monde que l'ensemble des 338 circonscriptions et des députés qui les représentent parlent d'une seule voix. Les Canadiens parlent d'une seule voix. Cette simple réalité rendrait le message plus fort et plus convaincant.
Je conclus en soulignant que les traumatismes associés aux pensionnats indiens sont encore présents. Nous devons continuer d'aider les victimes et les générations suivantes afin que les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis deviennent des partenaires à part entière au sein de ce pays, comme ils le méritent. Ce n'est que lorsque nous aurons atteint cet objectif que le pays pourra se rendre au niveau d'excellence qu'il vise est qu'il est parfaitement capable d'atteindre. Nous avons fait beaucoup de chemin, mais il en reste encore beaucoup à faire pour tourner la page sur ce sombre chapitre de notre histoire. Mardi prochain, j'espère que les députés auront le courage d'adopter à l'unanimité cette motion afin de dire haut et fort à l'Église catholique que nous espérons que le pape présentera ses excuses.