propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
Madame la Présidente, nous entamons aujourd'hui le débat sur le projet de loi visant à lutter contre la haine, qui prévoit des protections supplémentaires pour les personnes du pays qui sont victimes d'actes injustes et motivés par la haine, non seulement à leur égard en tant qu'individus, mais aussi à l'égard de communautés entières.
L'une des grandes promesses du Canada est le droit de ses citoyens de vivre librement, indépendamment de la couleur de leur peau, du Dieu qu'ils vénèrent, de leur identité de genre ou de la personne qu'ils aiment. Malheureusement, trop de Canadiens sont régulièrement privés de ces libertés, non pas nécessairement par l'application de la loi, mais trop souvent en raison des actes haineux commis à leur endroit par leurs concitoyens. Le nombre de crimes haineux au pays est stupéfiant. Il peut être décourageant de lire dans les journaux, jour après jour, les actes horribles dont sont victimes nos concitoyens.
Au cours de mon intervention, j'espère aborder un certain nombre de sujets, dont la fréquence des crimes haineux au pays, et donner un aperçu des mesures que nous devons adopter, particulièrement en ce qui concerne la réforme de la justice pénale. J'ai l'intention de discuter de certaines des mesures législatives que nous avons l'intention de prendre pour lutter contre les crimes haineux au Canada et d'encourager les députés à appuyer l'important projet de loi dont nous sommes saisis.
[Français]
Nous commençons aujourd'hui le débat sur un très important projet de loi pour lutter contre la haine partout au pays. Il est important que les Canadiens puissent vivre leur vie librement sans être ennuyés en raison de leur religion ou de leur identité. Malheureusement, beaucoup de gens n'ont pas cette liberté à cause de crimes haineux qui sont perpétrés dans leur communauté.
[Traduction]
Il est important de comprendre l'ampleur de ce que nous avons observé dans l'histoire récente du Canada. Près de 5 000 crimes haineux sont officiellement signalés par les forces de l'ordre chaque année au pays. D'après les discussions que nous avons eues avec les collectivités touchées, nous savons que le chiffre réel est beaucoup plus élevé. La sous-déclaration des crimes haineux est en soi un symptôme d'un problème de société, c'est-à-dire que les gens ne croient pas que le droit pénal est réellement outillé pour faire face aux situations auxquelles ils sont si régulièrement confrontés dans leur milieu.
Je suis très troublé quand je lis ces histoires dans les journaux. Quand je rencontre des Canadiens d'origine juive, ils me disent qu'ils commencent à se demander s'ils ont leur place au pays, compte tenu de la haine dont ils ont été victimes. Je pense à ce dont j'ai été témoin chez moi, où la police a porté des accusations contre des gens qui avaient fait la promotion d'un génocide contre des Canadiens d'origine juive. Récemment, dans ma province, la Nouvelle‑Écosse, des synagogues ont été profanées avec des symboles haineux qui visaient à intimider les personnes de confession juive pour les empêcher de pratiquer leur religion. Le Monument national de l'Holocauste a été profané. N'y a-t-il pas de limite à l'indécence?
De nombreuses communautés sont touchées. Je pense aux Canadiens musulmans, qui souffrent d'une vague d'islamophobie à laquelle nous devons mettre un terme. J'ai visité des mosquées et rencontré des gens qui m'ont raconté ce que c'est que d'être harcelé dans sa propre collectivité et qui m'ont décrit la peur qu'ils ressentent lorsqu'ils cherchent à se rassembler et à prier.
Malheureusement, les manifestations de haine ne se limitent pas simplement au harcèlement ou à des comportements qui peuvent inspirer la peur; elles peuvent parfois être meurtrières. Il y a quelques années à peine, une fusillade horrible a enlevé la vie à des personnes innocentes dans une mosquée à Québec. Des attaques au camion-bélier perpétrées à London, en Ontario, ont enlevé la vie à des Canadiens innocents simplement en raison de qui ils étaient.
Je pense au racisme épouvantable envers les Noirs qui se manifeste trop souvent au pays. Dans ma propre ville, nous sommes fiers d'avoir fait évoluer le dialogue depuis l'époque où Viola Desmond a refusé de plier l'échine à la salle de cinéma Roseland et a courageusement défendu les droits des Canadiens noirs d'être traités également devant la loi. Nous nous sommes fièrement rassemblés pour commémorer sa désignation à titre de personnage historique national. Toutefois, les honneurs que nous lui conférons, sa détermination à agir avec un tel courage face à la haine, doivent valoir plus que le billet de 10 $ sur lequel son visage est imprimé.
Il est inconciliable que des habitants de ma collectivité se réunissent pour célébrer les victoires remportées contre le racisme par le passé et que, dans la même ville, on observe des actes de haine. Je pense notamment au jeune Noir qui s'est fait attaquer avec une cloueuse par un collègue sur un chantier. J'ai rencontré la mère du jeune homme qui a été victime de cet acte. Je comprends les répercussions de cet incident sur toute la famille, qui se demande si elle a bien fait de quitter son pays d'origine pour venir s'établir ici.
Pensons aux manifestations de haine contre des Canadiens d'origine asiatique qui ont eu lieu à Vancouver pendant la pandémie, où on a observé une augmentation de 300 % des actes de vandalisme, des graffitis et des crimes haineux violents. Il faut agir.
Des gurdwaras et des temples sont régulièrement vandalisés. C'est tout à fait inacceptable, et cela a des conséquences humaines bien réelles. C'est une chose de voir aux nouvelles un crime violent commis contre la communauté queer sur le campus de Waterloo — une agression au couteau dans un cours d'études de genre —, mais c'en est une autre de se rendre compte, lorsqu'on parle aux gens concernés, que cet acte leur a fait craindre de ne pas pouvoir marcher librement dans la rue en tenant la main de l'être aimé.
Nous avons une décision à prendre: allons-nous être témoins de comportements haineux, dire que nos pensées et nos prières accompagnent les victimes et continuer comme si de rien n'était, ou allons-nous prendre des mesures pour éliminer certains comportements odieux?
Si nous souhaitons bâtir un Canada plus fort, nous devons adopter, dans ce dossier difficile, une approche englobant l'ensemble de la société. Cela nécessitera la participation de différents pouvoirs publics, par exemple, sous forme de programmes d'éducation financés par les provinces pour que les gens, dès leur plus jeune âge, comprennent que la haine n'est pas acceptable dans nos collectivités. Des sommes devront être consacrées à la formation des forces de l'ordre, des procureurs et des juges afin qu'ils puissent reconnaître les comportements haineux et les dénoncer comme tels lorsqu'ils les observent dans les salles d'audience. Bien sûr, l'une des pièces du casse-tête que nous devons résoudre est la modification du droit pénal afin de punir les individus malveillants et de faire comprendre à tous que la haine ne doit plus fermenter dans nos collectivités.
[Français]
Afin de pouvoir opérer des changements au sein de la société, il est essentiel d'investir dans le système d'éducation, d'offrir de la formation aux intervenants du système juridique ainsi que de procéder à une réforme du système de justice.
[Traduction]
C'est dans cet esprit de réforme de la justice pénale que je souhaite discuter de certaines mesures précises qui sont incluses dans le projet de loi visant à lutter contre la haine. Cette discussion fait suite à la récente campagne électorale fédérale, au cours de laquelle les libéraux se sont engagés à en faire davantage pour protéger la capacité des communautés confessionnelles à pratiquer leur religion au quotidien dans notre pays.
En particulier, les libéraux ont fait campagne en promettant de créer de nouvelles infractions pénales d'entrave et d'intimidation envers les personnes qui cherchent à accéder à leurs établissements religieux. Trop souvent, les gens ne se sentent pas en sécurité pour pratiquer leur religion et se rendre dans leurs églises, leurs synagogues, leurs mosquées ou leurs temples. Trop souvent, les centres communautaires et les écoles qui ont été construits pour des communautés d'intérêts au pays sont pris pour cible par ceux qui veulent du mal aux personnes qui les utilisent.
Ces nouvelles infractions criminelles créeraient les conditions nécessaires pour que les Canadiens membres de différentes communautés religieuses puissent pratiquer leur foi en toute sécurité. En protégeant contre toute entrave ceux qui souhaitent se réunir avec leur communauté pour prier, nous leur permettons de vivre plus librement en tant que Canadiens dans ce pays. En criminalisant l'intimidation délibérée de ceux qui cherchent à pratiquer leur religion, nous pouvons créer une culture de sécurité, d'acceptation et d'inclusion, que la plupart des Canadiens soutiennent.
Au cours des discussions que j'ai eues avec diverses personnes pendant l'élaboration de ce projet de loi, une chose m'est apparue très clairement. Les manifestations de haine ne se limitent pas aux portes des établissements religieux au pays. On les observe dans les rues, dans les parcs et sur les campus. Elles se manifestent presque partout dans notre société. Nous avons décidé d'aller de l'avant avec une infraction supplémentaire, le crime haineux. Nous avons l'intention de faire en sorte que cette nouvelle infraction s'applique à toute activité criminelle commise en sol canadien dont la motivation est la haine envers un groupe identifiable de personnes.
Comme les députés peuvent l'imaginer, les voies de fait devraient être condamnées non seulement par le gouvernement mais aussi par l'ensemble des Canadiens, et ce, quelles que soient les circonstances. Les députés peuvent aussi imaginer, j'en suis sûr, que le degré de culpabilité morale est beaucoup plus élevé quand la victime d'une agression a été ciblée en raison de la couleur de sa peau, du groupe confessionnel auquel elle appartient ou de son orientation sexuelle.
Nous avons l'intention de créer cette infraction afin de protéger les personnes qui se font harceler en raison de la communauté à laquelle elles appartiennent lorsqu'elles décident d'étudier dans les universités canadiennes. Nous comptons utiliser cette infraction afin que la police puisse prévenir les vols, les agressions et les crimes en général dont seraient victimes certaines personnes ciblées.
Nous voulons aussi créer une quatrième infraction. Nous comptons criminaliser la promotion intentionnelle de la haine au moyen de symboles haineux. Il faut reconnaître que, bien que fomenter volontairement la haine constitue déjà une infraction inscrite dans le Code criminel, quand on parle aux communautés qui ont été ciblées, on comprend que l'utilisation de certains symboles peut aggraver le préjudice causé à la communauté.
Ce n'est pas le seul cas dans le Code criminel où nous avons adopté une telle approche. Bien entendu, le crime d'agression existe, mais nous reconnaissons que l'agression commise avec une arme à feu sous-entend un degré de culpabilité plus élevé, et est donc passible d'une peine plus sévère. De même, nous reconnaissons que, même si la fomentation volontaire de la haine est illégale au Canada, la perpétration d'un tel crime au moyen d'un symbole haineux et ses répercussions sur une communauté en général doivent être visées par une nouvelle infraction criminelle.
Il est important de comprendre que, dans le cadre de nos efforts pour lutter contre ces infractions, nous reconnaissons que les crimes haineux n'ont pas seulement des répercussions sur les victimes individuelles. Les crimes haineux entraînent des répercussions sur l'ensemble de la communauté et fragilisent le tissu social du pays. En nous attelant à ces réformes importantes, nous avons la possibilité de bâtir un Canada plus sécuritaire.
[Français]
Il est très important de clarifier ces nouvelles infractions. Lorsque j'ai commencé cette conversation, je me suis d'abord penché sur les engagements que nous avions pris lors de la dernière campagne électorale, y compris les infractions liées à l'intimidation et à l'entrave. En effet, il y a beaucoup de gens qui n'ont pas la possibilité de vivre librement parce que des personnes qui détestent des groupes entiers commettent des infractions pour les empêcher d'utiliser leurs institutions religieuses. C'est inacceptable. Ces nouvelles infractions liées au fait d'intimider une personne et d'entraver l'accès à un lieu de culte permettront aux gens de pratiquer leur religion partout au pays.
Lorsque j'ai consulté la population pour faire avancer ce projet de loi, il en est ressorti une chose claire. La haine n'existe pas qu'autour des institutions religieuses. Elle est dans les parcs, dans les rues, sur les campus et dans la communauté en général. C'est la raison pour laquelle nous créons une nouvelle infraction relative à la haine, qui vient s'ajouter aux autres infractions déjà existantes.
Quand une personne souffre des conséquences des autres infractions, il est important que le gouvernement reconnaisse que la victime éprouve une plus grande douleur quand la motivation est haineuse. De plus, l'impact n'est pas subi par l'individu seulement, mais aussi par les communautés.
Il y a une quatrième infraction dans le projet de loi; il s'agit de la promotion intentionnelle de la haine. Une infraction existe déjà, mais il est nécessaire, selon moi, de nous assurer que nous l'utilisons, incluant des symboles de la haine. La difficulté dans nos communautés est plus grande.
[Traduction]
Il est essentiel que nous prenions le temps d'écouter les communautés qui ont été touchées par la haine et que nous adoptions des lois qui les protégeront mieux.
En plus de créer ces deux nouvelles infractions, nous proposons d'autres mesures qui aideraient les forces de l'ordre à porter des accusations lorsqu'elles constatent des cas de haine dans nos collectivités. Nous proposons en particulier deux modifications précises. La première vise à inscrire dans une disposition légale la définition de la haine fournie par la Cour suprême du Canada afin que la loi soit claire et que les agents puissent l'appliquer sans risquer de se tromper. La deuxième modification consiste à supprimer l'exigence selon laquelle il faut obtenir le consentement du procureur général d'une province avant qu'un crime haineux puisse faire l'objet de poursuites.
Selon moi, les crimes haineux devraient être évalués non pas selon des considérations politiques, mais bien selon le jugement indépendant des forces de l'ordre, qui savent repérer de tels actes au sein de leurs collectivités et qui peuvent intervenir lorsqu'elles le jugent nécessaire.
[Français]
Il est essentiel d'écouter les communautés qui subissent l'impact de la haine dans nos communautés. En plus des nouvelles infractions, nous établirons de nouvelles façons dont les policiers appliqueront ces infractions du Code criminel.
Nous créerons deux choses: une définition qui codifie la définition de la haine, selon la Cour suprême du Canada, dans le Code criminel. Par ailleurs, je veux abolir l'obligation pour le procureur général de la province d'évaluer le jugement de la police. Il est très important d'avoir une conversation qui ne soit pas politique. Si nous avons la possibilité de créer des conditions de sécurité, d'acceptation et d'inclusivité, je pense que nous avons l'obligation d'avancer des nouvelles règles.
[Traduction]
Il est également important de comprendre que des actes haineux ne répondant pas au critère criminel vont continuer de survenir d'un bout à l'autre du pays. Je crains que, en tant que Canadiens, nous manquions trop souvent à notre devoir envers nos concitoyens. Nous devrions aspirer à être de meilleurs concitoyens. À mon avis, nous sommes responsables non seulement des actes que nous commettons nous-mêmes, mais aussi des injustices dont nous sommes témoins et que nous acceptons du simple fait de fermer les yeux et de ne pas agir. Or, quand nous sommes témoins de cas de haine dans notre collectivité, nous avons le devoir de les condamner, de les dénoncer et de montrer notre soutien à nos concitoyens canadiens. S'attendre à l'entraide entre concitoyens ne devrait pas être une utopie. Une telle approche serait garante de notre bien-être collectif.
Je crois très sincèrement en un Canada où les gens sont libres de vivre leur vie et libres de la peur de subir les conséquences de la haine, autant pour eux-mêmes que pour leur collectivité. Je crois en un Canada où les Canadiens peuvent être libres de célébrer leur culture, de pratiquer leur foi, d'être qui ils sont et de célébrer leur véritable identité.
[Français]
J'estime que nous avons l'occasion de créer un pays avec de l'inclusivité, de l'acceptation de la diversité; un pays qui célèbre les personnes qui viennent d'une communauté différente. La diversité enrichit notre pays.
Il ne suffit pas d'offrir des pensées après un incident lié à la haine dans notre communauté.
[Traduction]
Il ne suffit pas, quand on assiste sans cesse à des incidents motivés par la haine, d'offrir ses pensées et ses prières et de passer à autre chose, sachant que la décision de ne pas agir attisera la haine et lui permettra de perdurer dans nos milieux de vie.
Je crois en un Canada où règnent l'égalité et la justice et où nous célébrons notre diversité. Je crois que ce projet de loi nous rapprochera un peu plus de cette version du Canada, mais nous ne pouvons pas nous contenter d'offrir ces pensées et ces prières. Il faut agir.
Ceux d'entre nous qui ont la capacité extraordinaire de faire entendre la voix de leur circonscription à Ottawa ont l'obligation d'agir. Grâce à notre capacité à voter en faveur de projets de loi à la Chambre des communes, nous avons le pouvoir de défendre nos collectivités et de nous opposer à la haine. J'implore tous les députés de voter en faveur du projet de loi afin que nous puissions prendre des mesures pour protéger les Canadiens là où ils vivent.
Je crois en un Canada où ce n'est pas dans les journaux qu'on lit au sujet des crimes haineux, mais dans les livres d'histoire. Ce n'est que quand les gens pourront vivre librement, pratiquer leur foi, être avec la personne qu'ils aiment et être inclus, quelles que soient les caractéristiques immuables avec lesquelles ils sont nés, que tout le monde sera libre. C'est la grande promesse du Canada.
J'exhorte tous les députés à appuyer ce projet de loi et à en faire une réalité.
:
Madame la Présidente, je remercie mes collègues. Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Comme toujours, je suis heureux de prendre la parole au nom des incroyables résidants qui m'ont accordé le privilège de les représenter à la Chambre des communes. Aujourd'hui, j'interviens au sujet du projet de loi du gouvernement, le projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine.
Commençons d'abord par ce qui, je crois, fait l'objet d'un consensus à la Chambre. Nous appuyons l'objectif de protéger les communautés vulnérables des niveaux croissants de haine et d'extrémisme que nous observons carrément au quotidien dans ce pays. Nous appuyons l'idée de donner aux policiers et aux procureurs les outils dont ils ont besoin pour protéger les Canadiens d'un océan à l'autre dans leur domicile, leur école, leur lieu de culte et les espaces communautaires. Cela dit, dans sa forme actuelle, le projet de loi en soi est imparfait. Nous ne pouvons l'adopter tel que les libéraux l'ont rédigé, et j'ai le devoir aujourd'hui d'expliquer pourquoi.
Tout d'abord, nous devons parler du moment choisi. Où était ce projet de loi il y a près de deux ans? Nous approchons de l'anniversaire du massacre du 7 octobre en Israël. Quelles mesures législatives le gouvernement a-t-il proposées depuis cette date? Du jour au lendemain, nous avons assisté à une montée de la haine envers les juifs. Ce phénomène ne s'est pas limité aux grandes villes; il s'est propagé à l'ensemble du pays. Des Canadiens de confession juive ont été pris pour cible dans leurs communautés. Des élèves ont été harcelés simplement parce qu'ils allaient à l'école. Des synagogues à travers le pays ont été régulièrement la cible de tirs et d'incendies criminels et ont dû renforcer leur sécurité. Où était le gouvernement libéral pour lutter contre ces actes criminels? Où étaient les libéraux lorsque l'islamophobie a augmenté au Canada, lorsque les mosquées ont été menacées et que les familles musulmanes ont commencé à ne plus se sentir en sécurité dans leur quartier?
Il ne faut pas oublier qu'on ne parle aucunement des chrétiens. Des chrétiens se font attaquer au Canada.
Une voix: Oh, oh!
Larry Brock: Madame la Présidente, je ne sais pas ce qu'il y a de drôle dans le fait que des chrétiens se font attaquer, mais quoi qu'il en soit, un nombre alarmant d'églises chrétiennes ont été incendiées. Entre mai 2021 et décembre 2023, 33 églises chrétiennes ont été incendiées au pays, et dans la grande majorité des cas, les incendies étaient de nature criminelle.
Pendant des années, les communautés ont réclamé à grands cris une protection. Tout ce qu'elles ont obtenu de la part du gouvernement libéral fédéral, c'est le silence. Aujourd'hui, avec plusieurs années de retard, le gouvernement a présenté un projet de loi qui, très franchement, ressemble davantage à un geste politique qu'à une solution sérieuse.
Ne nous méprenons pas, les chiffres sont alarmants. Depuis 2015, les crimes haineux signalés à la police au Canada ont augmenté de 258 %. À eux seuls, les crimes haineux antisémites ont augmenté de 416 %. Les crimes haineux contre les Sud-Asiatiques ont augmenté de près de 380 %. En 2024 seulement, on a compté au Canada près de 5 000 crimes haineux signalés à la police, soit le nombre le plus élevé jamais enregistré. À Toronto seulement, les crimes haineux ont augmenté de 19 % en une seule année, tandis que les crimes haineux impliquant une agression ont augmenté de 42 %.
Ces chiffres ne sont pas que des statistiques. Ils représentent de vrais Canadiens, nos voisins, nos amis, nos collègues de travail et nos enfants, qui méritent tous d'avoir l'assurance qu'ils sont en sécurité. C'est pourquoi les conservateurs ont dit très clairement qu'ils sont en faveur de mesures de protection plus rigoureuses, mais que cela ne veut pas dire qu'ils approuveront aveuglément un projet de loi imparfait.
Quelles sont les lacunes du projet de loi ?
Tel qu'il est rédigé, le projet de loi est vague et vaste. Des organismes de défense des libertés civiles de partout au Canada ont déjà sonné l'alarme. L'Association canadienne des libertés civiles a prévenu que les dispositions relatives à l'intimidation et à l'obstruction risquent de cibler les manifestations pacifiques et la dissidence légitime.
L'association des libertés civiles de la Colombie‑Britannique a dit la même chose. Ce libellé mal rédigé pourrait criminaliser les manifestations, même si elles sont pacifiques et légales. Voilà des organismes indépendants qui se consacrent à la protection des droits garantis par la Charte, qui nous disent haut et fort que le projet de loi risque d'aller trop loin.
En posant des questions au , on a appris que le consentement du procureur général serait retiré en cas d'accusations de propagande haineuse. Or, les policiers et les procureurs à qui j'ai parlé sont d'avis que ce consentement est une mesure de protection importante, une sorte de soupape de sécurité qui garantit que ces outils puissants ne sont pas utilisés à mauvais escient.
En réponse à une question de mon collègue d', le , à mon avis, a minimisé les conséquences potentielles de la suppression du consentement du procureur général dans les poursuites privées. Le ministre a répondu qu'on souhaitait éliminer toute influence politique. En tant qu'ancien membre du bureau du procureur général de l'Ontario, je suis plutôt offensé par cette affirmation, car le ministre laisse entendre que mon patron de l'époque, le procureur général de la province, avait une attitude hautement politique et que son consentement au maintien d'une poursuite dépendait de l'affiliation politique à laquelle il appartenait. C'est un non-sens absolu. Cette soupape de sécurité est en place depuis longtemps. Il ne s'agit pas d'une exigence contraignante, et elle permet de s'assurer que des accusations légitimes sont portées par la police.
Plus important encore, l'obligation d'obtenir le consentement limiterait et éliminerait presque complètement les affaires de plaideurs trop zélés, de parties privées qui, pour une raison ou une autre, souhaitent porter plainte à titre privé contre une autre personne pour des propos qu'ils jugent offensants dans les circonstances. Cette mesure constitue une garantie très importante.
Le troisième problème que je souligne concerne la définition de la haine, et j'ai déjà soulevé la question auprès du .
Dans sa forme actuelle, le projet de loi — comme l'indique le gouvernement et comme le ministre vient de le préciser — codifierait la définition de la haine donnée par la Cour suprême du Canada comme étant « de la détestation ou du dénigrement ». À première vue, ce choix semble cohérent, mais, en supprimant le mot « extrême » de la définition donnée par les juges émérites de la Cour suprême du Canada, le gouvernement a abaissé le seuil légal, permettant ainsi à la police de porter une multitude d'accusations à un niveau d'inspection et d'enquête moins élevé, ce qui, à mon avis, pourrait ouvrir la voie à une avalanche de poursuites. C'est préoccupant.
Lorsque les libéraux codifient la définition, ils devraient utiliser exactement les mêmes termes que la Cour suprême du Canada. Le risque est que des propos relevant de la liberté d'expression, laquelle est protégée dans une démocratie libre, soient classés dans une catégorie différente, celle des propos véritablement haineux. Ce n'est pas ce que veulent les Canadiens. Ce n'est pas ce que prévoit la Charte.
Soyons clairs. Les conservateurs soutiennent l'objectif visant à protéger les Canadiens contre les crimes motivés par la haine. Nous soutenons la mise à disposition des outils nécessaires au travail de la police et des procureurs. Nous soutenons les efforts visant à assurer la sécurité des synagogues, des mosquées, des centres culturels et des écoles, mais nous soutenons également la protection des libertés civiles.
Je conclurai par ce qui suit. Les Canadiens méritent qu'on les protège contre la haine. Ils doivent se sentir en sécurité où qu'ils se trouvent. Ils méritent de vivre dans un pays où l'on respecte la liberté d'expression et les manifestations pacifiques. Le projet de loi , tel qu'il est rédigé, ne parvient pas à trouver le juste équilibre. Il est imparfait. Il arrive trop tard. Nous ne pouvons pas l'adopter sous sa forme actuelle.
Nous soutenons la protection des Canadiens contre les menaces, l'intimidation, l'obstruction et la violence, mais nous ne donnerons pas notre aval à un projet de loi imparfait. Nous défendrons les communautés vulnérables et les libertés civiles. Nous ferons pression pour l'adoption d'une loi qui représente et protège véritablement les Canadiens sans porter atteinte aux libertés qui définissent notre pays. Tel est notre engagement, telle est notre responsabilité et tel est l'équilibre que les Canadiens attendent de nous.
:
Madame la Présidente, je suis toujours fier de représenter les gens de Montmorency—Charlevoix. Je me suis promené dans ma circonscription tout l'été et je suis allé à la rencontre des gens. J'ai parcouru chacune des villes à la course. Évidemment, on m'a parlé des problèmes que les gens ont en tête, notamment l'accès au logement, le coût des aliments et l'inflation. On m'a aussi parlé de cette sécurité qu'on a dans Montmorency—Charlevoix, comme partout au Québec et au Canada, depuis longtemps. Nous sommes dans un pays sécuritaire. Tranquillement, les gens ont l'impression que cela glisse.
Le projet de loi , qui vise à modifier le Code criminel en ce qui concerne la haine, repose selon moi sur de bonnes intentions, mais il doit être scruté à la loupe. Dans le cadre de l'étude de ce projet de loi, j'aimerais prendre le temps de parler des raisons pour lesquelles nous en sommes rendus là aujourd'hui.
Je crois que nous vivons dans une société qui va excessivement vite. L'accès à l'information ou à la désinformation est très rapide. La plupart du temps, on fait référence à ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, comme une photo, un court vidéo, une publication et on réagit de manière très intense. Les débats s'enflamment. Les positions deviennent très rigides, les gens se campent. Après, on se fait des ennemis. Souvent, il ne s'agit pas d'un seul ennemi, mais bien de centaines, voire de milliers d'ennemis. Un court message sur les réseaux sociaux peut très rapidement dégénérer. Récemment, aux États‑Unis, une dame est allée chercher d'une manière un peu spéciale la balle de baseball d'un jeune et on a vu la vidéo partout. La dame s'est fait harceler et sa vie a basculé à ce moment. Un petit élément sur les réseaux sociaux peut vraiment créer de grands bouleversements.
En ligne, il y a énormément de gens que j'appelle les justiciers masqués. Il s'agit de gens qui s'expriment sous le couvert de l'anonymat, parfois avec des faux comptes, parfois même avec des vrais comptes. Ils se donnent beaucoup de droits et ils prennent position. Ils tentent de créer le chaos en ligne et ils aiment attirer l'attention avec leur opinion, mais ils ont très peu de connaissances. Ce ne sont que des opinions hargneuses et agressives, que les réseaux sociaux aiment beaucoup.
Je qualifie souvent les réseaux sociaux de réseaux de l'extrême. Présentement, les groupes extrémistes comme les réseaux sociaux sont conçus pour activer ces relations, pour les pousser davantage et pour faire en sorte que les gens croient que la société est très à gauche ou très à droite. Les algorithmes sont faits pour présenter aux gens seulement ce qu'ils aiment, ce à quoi ils attribuent la mention « j'aime », ce qu'ils regardent.
Notre téléphone peut même analyser notre vitesse de défilement et les mouvements de nos yeux pour aller chercher l'information, et il nous donne seulement ce que nous apprécions le plus. En fait, nos téléphones commencent à mieux nous connaître que nous-mêmes.
On finit par croire que tout le monde pense comme soi, alors que la majorité des gens est plus au centre. On le saurait si on prenait le temps de se parler.
Il y a aussi la notion d'ami. Aujourd'hui, nous n'avons plus beaucoup de gens dans notre entourage. Tout se passe sur les réseaux sociaux. Nous avons des centaines, voire des milliers d'amis, mais nous en avons très peu que nous connaissons. Je pense qu'il s'agit d'un grave problème.
Nous vivons dans une société qui, à mon avis, est très stressée et il y a quatre facteurs de stress très connus: la nouveauté, l'imprévisibilité, le manque de contrôle et l'atteinte à l'estime de soi. Quand l'estime de soi est atteinte, cela crée du stress. Présentement, nous vivons dans un monde qui est excessivement stressé.
Il y a beaucoup de nouveauté et il y a eu énormément d'imprévisibilité dans les dernières années. Il y a également un grand manque de contrôle en raison de tout ce qui se passe, notamment en ce qui concerne le coût de la vie, l'inflation, les logements, et j'en passe. Chez nous, ça brasse pas mal, et c'est aussi le cas à l'extérieur. On regarde la politique internationale et on se demande si le monde qu'on a connu est en train de chavirer. Cela crée énormément de stress dans la société. Je crois que cela donne lieu à des positions qui commencent à devenir de plus en plus extrêmes.
La solution n'est jamais d'aller vers les extrêmes, évidemment. J'aimerais présenter une donnée très intéressante. Selon ce qu'on observe jusqu'à présent, entre 30 et 40 % du contenu qu'on peut lire sur les réseaux sociaux n'est pas créé par un humain. C'est créé par de l'intelligence artificielle, qui cherche à susciter des réactions. Souvent, les gens pensent qu'ils sont en train d'interagir avec un humain et ils essaient de le convaincre, mais ils essaient de convaincre un robot, dont le principal objectif est de les faire réagir. Encore une fois, cela crée des sentiments extrêmes chez les gens et cela les polarise énormément. Une fois que la boule de neige est partie, on a l'impression qu'on se retrouve seul ou que tout le monde pense comme soi, alors que, au fond, c'est Internet qui dit vraiment aux gens ce qu'ils veulent entendre.
Je pense aussi qu'on a un grave problème avec le « je ». Le nombril des gens est devenu le centre de l'univers et on a beaucoup oublié le « nous ».
Si j'ai fait une chose, cet été, quand j'ai parcouru Montmorency—Charlevoix, c'est bien parler d'histoire. Le Québec et le Canada se sont développés dans la collaboration, dans le travail. Ils ne se sont pas développés avec des gens qui s'isolaient, qui ne se parlaient pas et qui étaient toujours en désaccord. Quand le « nous » passe après le « je », à mon avis, la société s'en va dans le mauvais sens.
Je pense qu'on a aussi une grave difficulté à différencier ce qui est une nouvelle de ce qui est un fait. Les réseaux sociaux, même les grands réseaux de nouvelles, propagent des opinions pour faire réagir les gens, qui pensent qu'il s'agit de faits, alors que ce sont des opinions. Encore une fois, cela polarise la société et fait en sorte qu'on ne s'écoute plus.
Tout va tellement vite qu'on parle avant d'écouter, qu'on a une opinion avant de savoir de quoi il s'agit et que l’on condamne les gens avant même de comprendre la situation. Je pense que la façon dont la société traite les crimes haineux vient de là. Au cours des dernières années, on a peut-être laissé des entreprises ou un système se mettre en place, ce qui a beaucoup favorisé la polarisation et la haine. Je pense qu'aujourd'hui, on doit donner son avis pour protéger la société.
La liberté d'expression est évidemment essentielle, mais la façon de vivre ensemble est aussi extrêmement importante. À mon avis, cela doit à nouveau faire partie du débat. Il faut toujours mettre en avant la liberté individuelle. Des groupuscules accaparent la scène publique pour faire valoir leur opinion, puisqu'ils estiment qu'eux, ils ont quelque chose à dire, je trouve ça problématique. Pourtant, le vivre-ensemble et la liberté de la majorité devraient être notre objectif. L'un ne doit pas supplanter l'autre, et on doit apprendre à les faire cohabiter.
La liberté n'est pas synonyme de chaos. Trop souvent, on donne à une personne le droit de s'exprimer, mais celle-ci confond le droit de s'exprimer et de rapporter un fait et le droit idéologique d'agir n'importe comment, à n'importe quel prix, sans penser aux conséquences.
On doit rester logique, pragmatique et réfléchi. Notre société doit encourager le dialogue et l'écoute et soutenir les échanges.
Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup de dérapages et la criminalité a beaucoup augmenté.
Depuis 10 ans, depuis que le gouvernement libéral est au pouvoir, les crimes violents ont augmenté de 55 %; les crimes commis avec une arme à feu ont augmenté de 130 %; l'extorsion a augmenté de 330 %; les homicides ont augmenté de 29 %; les crimes sexuels ont augmenté de 76 %; et les vols d'automobiles ont augmenté de 25 %. Or on regarde ça et on se dit qu'il va falloir créer une nouvelle loi pour aborder le problème de la haine.
Pour ma part, je pense qu'on a un grave problème de criminalité et qu'on devrait commencer par donner à nos forces de l'ordre une définition claire de ce qu'est l'ordre public et leur offrir le soutien nécessaire pour défendre cet ordre.
Il ne faut pas rater la cible, comme on est en train de le faire avec le programme de rachat des armes, par exemple. On rate la cible quand on crée une loi avec des points et des virgules avec un peu de poudre aux yeux, alors qu'on devrait avoir des policiers qui ne font pas que maintenir la paix, mais protègent l'ordre public.
Ce programme de rachat des armes à feu montre bien que le gouvernement veut finalement se donner plus de pouvoir. Or, en se donnant plus de pouvoir, il rate la cible. Il s'agit d'un programme de 750 millions de dollars, qui, selon le lui-même, ne fonctionnera pas. On commence maintenant à dire que ça devra être volontaire, alors que ce ne l'est pas. À mon avis, attaquer les tireurs sportifs qui ont des permis en règle et les chasseurs, ça ne me semble pas une bonne option.
Que peut-on faire avec 750 millions de dollars? Évidemment, on peut soutenir nos policiers et nos policières. On peut s'assurer de trouver de bons agents frontaliers, des ressources nécessaires, et même de la technologie.
Dans Montmorency—Charlevoix, des entreprises font des drones de surveillance qui pourraient mieux surveiller nos frontières et empêcher les armes, souvent utilisées dans des crimes de haine, d'entrer au pays.
En conclusion, condamner la haine est primordial, et nous sommes tous d'accord, mais ajouter des complexités à la loi, c'est une mauvaise habitude libérale. On devrait commencer par soutenir nos forces de l'ordre, clarifier ce qu'est l'ordre public, aider nos policiers et nous assurer qu'ici, au Canada, les gens se sentent en sécurité et soutenus.
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Madame la Présidente, le projet de loi est un projet de loi qui, comme plusieurs autres, nous offre du bon et du moins bon, mais néglige également des aspects du problème qui auraient dû être traités.
Évidemment, au Bloc québécois, nous sommes sensibles et inquiets devant l'augmentation importante des crimes haineux. La société québécoise et la société canadienne se sont transformées au cours des dernières années et le multiculturalisme imposé par le gouvernement libéral nous a apporté des enjeux qui étaient beaucoup moins préoccupants il y a quelques décennies.
L'ensemble des sociétés, un peu partout sur la planète, tend vers une espèce de choc des cultures, des traditions et des croyances religieuses, et nous n'y échappons pas. Dans ce contexte, une définition claire et consensuelle de nos valeurs est essentielle si nous voulons proposer un modèle de vivre ensemble qui est cohérent, efficace et qui reçoit l'adhésion de tous. L'ère du flou et de la pensée magique est révolue. Mis à part les propositions du Bloc québécois, notamment pour le respect des choix du Québec en matière de langue française et de laïcité, le gouvernement ne nous propose rien de vraiment complet et utile.
Le projet de loi C‑9 propose de légiférer pour mieux encadrer une partie des droits et libertés protégés par la Charte, dont la liberté d'expression. Pourtant, la liberté d'expression en mène large à l'article 319 du Code criminel et malgré les demandes répétées du Bloc québécois, notamment par le truchement de notre projet de loi en 2024, et la volonté populaire d'une très large majorité de l'électorat, le gouvernement ne semble pas s'en émouvoir. Il est toujours possible, au Québec comme au Canada, de fomenter la haine et l'antisémitisme dans la mesure où on le fait en vertu d'un texte religieux. Selon nous, c'est aberrant.
Le gouvernement propose de légiférer pour encadrer les gestes visant à fomenter la haine. Comme je le disais, nous sommes d'accord. Cependant, qu'en est-il de cette disposition-là à l'article 319 du Code criminel? Au paragraphe 319(2), il est dit:
Quiconque, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomente volontairement la haine contre un groupe identifiable est coupable:
a) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
b) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
C'est bien beau. Toutefois, un peu plus loin, il y a le paragraphe 3 du même article qui dit:
Nul ne peut être déclaré coupable d’une infraction prévue au paragraphe (2) dans les cas suivants:
a) il établit que les déclarations communiquées étaient vraies;
C'est ici que c'est inquiétant:
b) il a, de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel il croit, ou a tenté d’en établir le bien-fondé par argument;
On peut donc fomenter « volontairement la haine contre un groupe identifiable » au paragraphe 2 si on le fait « de bonne foi », sur la base d'« une opinion » ou d'« un texte religieux auquel [on] croit ». Je ne sais pas ce qu'en pensent mes collègues, mais quant à moi, à mes collègues du Bloc québécois et à la très large majorité des citoyens de Rivière‑du‑Nord et de partout au Québec, cela n'a pas de bon sens.
Le paragraphe 2 traite de fomenter la haine. Continuons maintenant à regarder le paragraphe 2.1. Il s'agit d'un ajout subséquent, qui dit:
Quiconque, par la communication de déclarations autrement que dans une conversation privée, fomente volontairement l’antisémitisme en cautionnant, en niant ou en minimisant l’Holocauste est coupable:
a) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans;
b) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.
Ce sont donc les mêmes dispositions et la même peine pour un crime haineux et pour l'antisémitisme. Qu'en est-il du paragraphe 2.1 sur l'antisémitisme? On va un peu plus loin.
C'est dans le paragraphe 3.1, qui dit à peu près la même chose que ce qui a été dit pour les crimes haineux:
Nul ne peut être déclaré coupable d’une infraction prévue au paragraphe (2.1) dans les cas suivants: [...]
Le paragraphe 2.1 est celui qui traite de fomenter l'antisémitisme.
Il y a donc un cas où on ne peut pas être déclaré coupable de ça et c'est lorsqu'on établit que les communications étaient vraies.
Ensuite, nul ne peut être déclaré coupable de ça dans le cas suivant aussi:
b) il a, de bonne foi, exprimé une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux auquel il croit, ou a tenté d'en établir le bien-fondé par argument;
C'est la même exception, le même texte, mot à mot, dans un cas comme dans l'autre.
On peut donc présentement, au Québec et au Canada, fomenter volontairement la haine contre un groupe ou fomenter volontairement l'antisémitisme, si on le fait sur la base d'un texte religieux. Je ne sais pas qui, à la Chambre, pense que ça a de l'allure. Nous, encore une fois, nous pensons que ça n'a pas d'allure. Il ne suffit pas de dire que ça n'a pas d'allure, il faut proposer des solutions positives. Nous avons donc proposé un projet de loi l'an dernier, mais il n'a pas reçu l'adhésion nécessaire pour être adopté.
Quand le ministre nous dit ici qu'il veut légiférer et encadrer les gestes visant à fomenter la haine, nous sommes d'accord, mais je ne comprends pas pourquoi on n'est pas allé plus loin. Pourquoi n'a-t-on pas traité ces deux exceptions qui n'ont aucun bon sens? Quand j'en parle avec des collègues à la Chambre, à peu près tout le monde est d'avis que ça n'a pas d'allure, mais, quand vient le temps de voter, personne n'est d'avis qu'il doit se lever au bon moment. C'est un peu étonnant.
Cela dit, il y a évidemment la question de la définition de ce qu'est la haine. C'est un concept qui n'est pas simple, et qui va, j'en suis convaincu, faire encore couler beaucoup d'encre dans nos tribunaux. La définition actuelle dans le projet de loi est la suivante:
Sentiment plus fort que le dédain ou l'aversion et comportant de la détestation ou du dénigrement.
C'est une définition qui découle un peu de différentes décisions rendues par la Cour suprême, qui n'a jamais comme telle validée ce texte-là. J'avoue que je ne voudrais pas être sur le fauteuil du juge qui va devoir décider si quelqu'un a agi avec haine, à savoir s'il a agi sur la base d'un sentiment qui était plus fort que le dédain ou l'aversion et qui comporte la détestation ou le dénigrement. Je prédis que cette affaire va se rendre à la Cour suprême, parce que ça doit être assez difficile de tirer des conclusions comme celle-là sur la base des témoignages qu'on entend dans les tribunaux. Soit, ça prend une définition et nous en avons une. Elle pourra toujours être améliorée. C'est peut-être quelque chose sur lequel nous pourrons travailler en comité. Personnellement, à ce moment même, je n'ai pas de définition qui me vient en tête. Ça me semble être un point sur lequel il va falloir sérieusement travailler au cours des prochaines semaines ou des prochains mois si nous décidons d'adopter le projet de loi en deuxième lecture.
Pour ce qui est des infractions motivées par la haine, c'est un peu la même affaire. Je suis bien d'accord pour dire qu'il y a une différence entre voler un dépanneur parce qu'on a besoin d'argent et le faire parce qu'on hait le propriétaire. Ces situations méritent peut-être d'être traitées différemment. Toutefois, comment va-t-on faire pour décider que le gars ou la fille qui a volé un dépanneur l'a fait par haine, c'est-à-dire sur la base d'un sentiment plus fort que le dédain ou l'aversion et qui comporte de la détestation ou du dénigrement? C'est plein de bon sens, mais son application est plutôt difficile. Comme je le disais, nous allons devoir y travailler sérieusement.
Le projet de loi propose d'entraver les accès aux lieux de culte. Je comprends, mais je suis évidemment complètement réfractaire à l'idée d'empêcher un citoyen d'accéder à une mosquée, à une église catholique, à un temple bouddhiste. Peu importe le lieu, je pense que ça n'a pas de bon sens. Il faut empêcher ça. Je pense aussi que ce sont des infractions qui pourraient être gérées en vertu des dispositions actuelles du Code criminel et de différentes lois, que ce soit les lois provinciales ou des règlements municipaux. Il n'est pas permis d'entraver la circulation, de paralyser la circulation ou de gêner l'accès à des lieux publics. Là, on veut en faire une disposition particulière. Il y a peut-être une vertu à ça. J'ai des doutes. J'ai hâte d'entendre les témoins experts en comité, le cas échéant. Je dis toujours « le cas échéant », parce que je ne suis toujours pas certain si c'est une bonne idée d'envoyer ce projet de loi être étudié en comité.
Depuis ma plus tendre enfance, je pense qu'il faut combattre la haine. C'est le cas d'à peu près tout le monde à la Chambre. Je garantis que tout le monde au Bloc québécois est de cet avis. Il faut combattre la haine.
Comme je le disais au début de mon intervention, les occasions de haine ou les situations haineuses ont beaucoup augmenté au cours de la dernière décennie. C'est peut-être même le cas de ces deux ou trois dernières décennies, mais c'est plus particulièrement marqué depuis les dernières années.
Je ne suis pas contre l'immigration. Au contraire, je pense que l'immigration est enrichissante. Nous avons besoin, dans notre société, de nous enrichir des valeurs et des religions d'autres peuples d'un peu partout au monde par leur expérience, leur histoire et leur culture. C'est une bonne chose. Cependant, il faut veiller à une saine intégration. On ne peut pas être un bar ouvert, parce qu'on va se retrouver avec un bon nombre de problèmes.
À mon humble avis, c'est ce vers quoi le gouvernement libéral nous a entraînés au cours des dernières années. On a dit « oui » à l'immigration, mais on n'a dégagé aucun budget pour intégrer ces gens. Les provinces se sont retrouvées aux prises avec des situations budgétaires inextricables, tout en se demandant comment faire pour accueillir des milliers de nouveaux arrivants.
Je comprends que c'est souvent fait sur une base très généreuse puisque ces gens ont des problèmes dans leur pays et qu'on doit les accueillir. On est généreux, particulièrement au Québec, et c'est vrai ailleurs aussi, j'en suis convaincu. On aime aider les gens qui sont dans le besoin, mais encore faut-il les aider à apprendre la langue et leur offrir des services de santé, qui peuvent coûter cher.
Les budgets des provinces explosent chaque année. On fait des déficits, parce qu'on n'arrive pas à rendre les services. Une famille peut arriver avec trois, quatre ou cinq enfants. On est content. C'est agréable. J'aime bien les enfants. Je suis prêt à les prendre, à leur conter une histoire et à m'occuper d'eux. Toutefois, il faut les éduquer. Il faut les envoyer à l'école. Combien tout ça coûte-t-il?
Ce sont des enjeux majeurs auxquels le gouvernement fédéral n'a jamais voulu faire face. On a dit aux provinces d'accueillir les nouveaux arrivants, que c'est beau et agréable qu'elles soient gentilles. Les provinces ont dit qu'elles voulaient être gentilles, mais qu'elles avaient besoin d'aide. Or le gouvernement fédéral n'a pas voulu les aider. Si j'organise une fête chez un ami et que je lui annonce que c'est lui qui va payer le dîner, il va peut-être trouver ça moins drôle. C'est un peu à ça que nous a conviés le gouvernement fédéral au cours des dernières années.
Cette arrivée massive de gens qu'on n'a pas les moyens d'intégrer cause un choc des valeurs. Nos valeurs ne sont pas meilleures que les leurs, mais elles sont différentes. Alors, à un moment donné, il faut trouver le moyen d'arrimer tout ça. La seule façon d'arrimer tout ça, c'est de dégager les budgets nécessaires pour avoir des gens sur le terrain qui travaillent avec les nouveaux arrivants. Malheureusement, le gouvernement fédéral, dans sa politique des portes ouvertes et accueillantes, a oublié qu'il y avait un coût rattaché à ça. Je pense qu'il va falloir regarder ça de près.
Le projet de loi vise à combattre la haine. Il vient un peu baliser les droits et les libertés dont on bénéficie en disant qu'on a la liberté d'expression, mais qu'on ne peut pas dire qu'il faut tuer tous les Juifs, par exemple, comme on l'a entendu il n'y a pas si longtemps à Montréal de la part d'un prédicateur. C'était un prédicateur que le procureur général au Québec n'a même pas voulu poursuivre. Ce dernier n'a pas dit pourquoi il ne voulait pas le poursuivre, mais on le devine assez bien. En vertu de l'article 319 du Code criminel que je lisais tantôt, ça aurait été une peine perdue. Il aurait commencé un procès contre quelqu'un en sachant très bien que, finalement, il se ferait dire que l'accusé avait le droit puisqu'il se basait sur un texte religieux. Cela n'a pas de sens.
Je ne veux pas comparer des pommes et des oranges, mais c'est un peu ce à quoi nous avons assisté hier et aujourd'hui avec la motion du Bloc québécois. Celle-ci indiquait que le mémoire déposé par le à la Cour suprême était un geste qui nous menait à entraver la défense de nos valeurs et de ce que nous sommes. Je rappelle que, selon ce mémoire, la disposition dérogatoire utilisée par le Québec pour justifier sa Loi sur la laïcité de l'État n'avait pas de sens. Nous parlions de laïcité et de langue française. Je le disais dans une question posée au ministre hier.
On parle également des procès qui se déroulent à la Cour des petites créances, où les avocats sont interdits. Ce n'est pas parce que les avocats ne sont pas fins. J'aime bien les avocats, j'en suis un. Cependant, un avocat, ça coûte cher. Je comprends cela. Quand on entame une procédure judiciaire pour réclamer 3 000 $ à son beau-frère, ce serait peut-être bien de régler cela sans faire intervenir deux avocats à 300 ou 400 $ de l'heure. Cela a bien de l'allure.
Or, si on ne peut pas utiliser la disposition de dérogation, il faudra permettre que les avocats soient à la Cour, ce qui pourrait engendrer des situations difficiles à gérer pour le citoyen. Pour éviter cela, on peut avoir recours à la disposition de dérogation.
Comment procède-t-on en ce qui concerne la loi sur la laïcité? Nous accueillons des immigrants et nous sommes contents de les accueillir. Cependant, nous avons voulu définir un cadre afin de déterminer qui nous sommes. Évidemment, quand on se comporte en tapis, on ne peut pas s'étonner lorsque les gens s'essuient les pieds sur soi. Nous avons donc décidé de ne pas être des tapis. Nous avons décidé de nous tenir debout et d'être accueillants. Nous avons décidé de les enlacer, de leur dire merci, de leur souhaiter la bienvenue, de leur dire que nous sommes contents de les voir et que nous allons les aider.
Or il y a un coût à cela. Il y a un coût financier, mais il y a aussi le courage politique qui est nécessaire pour adopter le cadre législatif qui va permettre cet accueil. Quel est ce cadre? Il s'agit de la loi sur la francisation. On a parlé de la loi 101 et on a dit qu'on allait l'améliorer. Il faut que ces gens sachent, quand ils arrivent au Québec, qu'ils n'arrivent pas dans un no man's land. Ils arrivent dans une société qui existe depuis déjà longtemps et qui a ses propres valeurs, ses propres bases de société, dont le fait que la langue officielle, la langue commune au Québec, c'est le français.
Oui, beaucoup de citoyens québécois parlent et comprennent l'anglais. Si une personne parle anglais, elle ne mourra pas de faim, on va s'occuper d'elle quand même. Par contre, quand elle communique avec les autorités québécoises, elle devrait le faire en français. Nous trouvons qu'il est important de l'établir. Il ne faut pas l'établir après, il faut l'établir avant, maintenant. Les gens qui arrivent doivent le savoir.
Il y a aussi la laïcité. Chez nous, nous respectons toutes les religions. On peut pratiquer la religion qu'on veut chez soi. C'est justement ça, la beauté de la loi sur la laïcité. Elle dit que tout citoyen, tout le monde au Québec, peut pratiquer la religion de son choix, peut croire dans les principes religieux qui sont les siens. Voilà ce que c'est, la liberté de religion.
Au Québec, peut-être plus qu'ailleurs au Canada ou dans le reste du monde, nous disons que la liberté de religion est tellement sacrée que l'État n'en adoptera aucune. Nous n'essayerons pas de convaincre les gens que la nôtre est la meilleure. Ce que nous disons, c'est que, quand quelqu'un représente l'État, il doit être laïque, il ne doit pas porter de signe religieux. L'État est laïque. Les citoyens ont la religion qu'ils ont ou pas, selon le cas. Il s'agit de leurs valeurs personnelles, et nous les respectons.
Pour cela, il a fallu que le Québec adopte une loi: la loi sur la laïcité. Nous comprenons que cette loi peut choquer certains aspects de la Charte canadienne des droits et libertés et c'est la raison pour laquelle le gouvernement du Québec a dit qu'il allait le faire en utilisant la disposition de dérogation. Ce sont nos valeurs et elles sont tellement importantes que, même si cela déroge aux principes établis dans la Charte, on demande qu'elles soient respectées.
Le gouvernement libéral a dit qu'il contestait ce droit. Il veut bien que nous accueillions plein de gens d'un peu partout dans le monde, que nous soyons généreux avec eux, que nous les soignions, que nous les éduquions, que nous les nourrissions, que nous les habillions. Par contre, il dit qu'il n'a rien à cirer de nos valeurs. Cela ne fonctionne pas.
Aujourd'hui, à la Chambre, nos collègues du Parti conservateur ont appuyé notre motion qui demandait au gouvernement de retirer son mémoire à la Cour suprême. Je les en remercie. Toutefois, je déplore grandement que nos collègues libéraux et néo-démocrates aient dit non à cette motion.
Cela fait que, dans quelques semaines ou quelques mois, des juges de la Cour suprême, qui sont nommés par le fédéral et qui ne sont pas élus, évidemment, vont devoir se prononcer. Ils vont devoir nous dire si le Québec et les provinces ont le droit d'utiliser la disposition de dérogation, l'article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés.
Je pourrais en parler plus longuement, mais ce n'est peut-être pas le bon moment. Cependant, on sait très bien que cet article a été rédigé par l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau et que c'est le compromis qui a permis l'adoption de la Charte. Ce n'est pas une invention souverainiste, indépendantiste ou québécoise. C'est l'invention de Pierre Elliott Trudeau. Si on n'aimait pas sa Charte, on avait au moins ça pour se consoler. Je trouve un peu particulier qu'on nous l'enlève aujourd'hui.
Mon temps de parole est écoulé. Je remercie mes collègues et j'ai hâte de voir ce que nous pourrons tirer du projet de loi C‑9 en Comité.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je prends la parole pour appuyer résolument le projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine, non seulement en tant que mesure législative, mais aussi en tant que promesse tenue par le nouveau gouvernement libéral au bénéfice des Canadiens. Plus qu'une simple loi, c'est une question de dignité, de sécurité et d'appartenance.
Nous avons fait campagne en promettant de protéger les communautés vulnérables et de lutter contre la haine sous toutes ses formes, et cet engagement exige la prise de mesures. Le projet de loi est notre réponse aux réalités pressantes que vivent quotidiennement de nombreux Canadiens.
Les données récentes de Statistique Canada brossent un tableau sombre: le nombre de crimes haineux signalés à la police a plus que doublé au cours des six dernières années. Cette augmentation a touché particulièrement durement les peuples autochtones, les communautés noires et racisées, les minorités religieuses, les personnes 2ELGBTQI+, les femmes et les personnes handicapées, mais nous savons que la réalité est bien pire encore.
La plupart des crimes haineux ne sont pas signalés. Des études montrent que quatre victimes sur cinq ne contactent jamais la police. Par conséquent, les chiffres que nous avons ne sont que la pointe de l'iceberg. Les statistiques ne reflètent pas la peur, les perturbations et les traumatismes quotidiens. Derrière chaque dossier se cachent une personne dont la vie est bouleversée et une communauté dont la confiance est ébranlée.
Les crimes motivés par la haine sont particulièrement destructeurs. En plus de causer des dommages physiques, ils s'attaquent à l'identité des personnes. Leurs répercussions se propagent, nuisant au sentiment de sécurité et d'appartenance des familles et de communautés entières.
Je vais donner un exemple percutant. En 2024, l'école primaire pour filles Bais Chaya Mushka, à Toronto, a essuyé des coups de feu à trois reprises. Heureusement, personne n'a été blessé, car les tirs ont eu lieu à des moments où l'école était vide, mais les conséquences émotionnelles ont malgré tout été lourdes. Les élèves, le personnel et la communauté juive en général ont eu le sentiment que leur sanctuaire avait été violé et qu'un coup dur avait été porté à leur sentiment de sécurité. En conséquence, tous les établissements juifs du Grand Toronto ont revu leurs plans de sécurité ainsi que leurs normes de formation et leurs mesures de surveillance. Ce n'est pas seulement une réaction: c'est la rançon de la haine, même quand la violence physique est évitée.
Ces attaques nous rappellent que la haine n'attend pas qu'une occasion se présente. Elle frappe là où les gens se sentent en sécurité. Elle fait naître l'anxiété, elle force les communautés à adopter des positions défensives et elle estompe la frontière qui sépare la vie publique de la peur. Quand la haine s'exprime par l'intimidation, la menace, le harcèlement ou le ciblage de lieux de culte, les dommages sont intenses. Quand l'accès à des espaces culturels ou confessionnels est bloqué ou entravé, le préjudice est à la fois symbolique et réel.
Les victimes font état de dépression, de stress post-traumatique et de retrait de la vie communautaire. Leurs routines cèdent sous le poids de la peur. Les communautés paient elles aussi un lourd tribut. Les divisions s'accentuent, la confiance s'émousse et la participation décline. Au fil du temps, les liens communautaires s'affaiblissent, la cohésion sociale s'effrite et la fragmentation se répand.
Voilà pourquoi le projet de loi est important. Au Canada, tous les citoyens, peu importe qui ils sont et d'où ils viennent, devraient pouvoir vivre sans crainte. Ce projet de loi répond aux appels lancés dans l'ensemble du pays pour une meilleure protection des lieux religieux et culturels et des communautés menacées. Il propose quatre nouvelles infractions criminelles et chacune cible un danger distinct.
La première infraction concerne l'intimidation et l'obstruction et interdit à quiconque d'intimider les gens qui se trouvent dans un lieu de culte, une école ou un centre communautaire ou de bloquer l'accès à ces lieux. En effet, ces lieux doivent être considérés comme des sanctuaires, et non des cibles. La peine maximale de 10 ans d'emprisonnement montre à quel point nous prenons cette question au sérieux.
La deuxième infraction concerne les délits motivés par la haine, qui permet d'imposer une peine plus sévère pour toute infraction à une loi fédérale qui est motivée par la haine fondée sur la race, la religion, le sexe ou d'autres choses. Cela condamne clairement la haine comme étant plus qu'un complément. Il s'agit d'une circonstance aggravante cruciale.
La troisième infraction concerne l’exposition dans un endroit public de certains symboles liés au terrorisme et à la haine dans l'intention de fomenter volontairement la haine. Il s'agit notamment des symboles associés aux groupes terroristes répertoriés et de la croix gammée nazie. L'anglais parle de la « hakenkreuz », un terme qui n'est plus très usité. Le mot utilisé couramment en anglais, c'est « swastika ». Voilà pourquoi il faut une exemption religieuse. Comme d'autres l'ont déjà mentionné à la Chambre, bon nombre de symboles sont aussi associés à des religions et ont une longue histoire. Il est donc très important également pour les communautés de se réapproprier leurs mots. La croix gammée nazie et la rune double de la victoire nazie sont des symboles mentionnés explicitement dans le projet de loi, mais, comme on l'a dit, nous en protégeons explicitement les utilisations légitimes à des fins éducatives, religieuses, artistiques et journalistiques afin qu'elles ne soient pas visées par cette mesure législative.
Le projet de loi clarifie également la définition de la « haine » en s'appuyant sur la jurisprudence de la Cour suprême, afin que la police, les procureurs et le public disposent d'orientations précises sur ce qui distingue l'expression légale de la haine criminelle. De plus, le projet de loi supprimerait l'obligation pour le procureur général de donner son consentement au dépôt de poursuites pour des infractions de propagande haineuse et de discours haineux, un changement qui habilitera les forces de l'ordre à intervenir avec cohérence, rapidité et assurance tout en préservant le pouvoir décisionnel en matière de poursuites.
En conclusion, ce projet de loi vise à protéger les différentes communautés, à confirmer l'importance de la dignité et à soutenir les valeurs démocratiques que nous avons promis de défendre. Il envoie un message fort: le Canada ne tolérera pas la haine dans nos rues, nos écoles et nos lieux sacrés, et ce, qu'elle soit exprimée par des mots ou des symboles. Le gouvernement libéral a fait campagne en promettant de lutter contre la haine. Avec le projet de loi , il donne suite à cette promesse. J'exhorte tous les députés à l'appuyer rapidement afin que les mesures de protection qu'il propose puissent être mises en place sans tarder.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine, une mesure législative essentielle qui renforcerait le Code criminel de manière à protéger les Canadiens contre les actes de haine, d'intimidation et d'obstruction dans leur collectivité.
Le projet de loi présente des modifications visant à régler deux problèmes urgents: premièrement, le fait d'intimider ou d'empêcher une personne qui souhaite accéder à un espace communautaire et, deuxièmement, les crimes motivés par la haine. Il préciserait également ce qui constitue de la haine et ferait en sorte que les forces de l'ordre puissent intervenir rapidement et efficacement. Trop de Canadiens ne se sentent pas en sécurité en raison de leur identité, de leur religion ou du lieu où ils se rassemblent. Nous avons constaté une montée de l'antisémitisme, de l'islamophobie, de la haine contre les sikhs, du racisme anti-Noirs, de l'homophobie et de la transphobie. Ce sont des réalités auxquelles sont confrontés nos voisins, nos familles et nos communautés.
Environ 5 000 crimes haineux ont été signalés à la police l'an dernier, mais nous savons que la plupart de ces incidents ne sont jamais signalés, ce qui signifie que le nombre réel est beaucoup plus élevé. Chacun de ces crimes représente une attaque non seulement contre des individus, mais aussi contre les valeurs d'égalité, de dignité et de respect qui nous sont chères en tant que Canadiens. Le projet de loi prévoit des réformes ciblées qui donneraient aux organismes d'application de la loi les outils dont ils ont besoin pour agir tout en protégeant pleinement les droits garantis par la Charte qui sont chers aux Canadiens, notamment la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté de manifester.
Le projet de loi repose sur six piliers. Le premier pilier est une nouvelle infraction pour entrave. Il serait illégal d'empêcher ou de gêner l'accès légal à des lieux comme des établissements religieux, des centres culturels, des écoles, des résidences pour personnes âgées ou des cimetières. Aucun Canadien ne devrait se heurter à des obstacles lorsqu'il va prier, lorsqu'il conduit son enfant à l'école ou lorsqu'il participe à une célébration culturelle. Par exemple, ce serait un crime de bloquer l'entrée d'une synagogue pour en restreindre l'accès aux fidèles ou d'allumer un incendie à l'entrée d'une école. Parallèlement, les manifestations pacifiques demeureraient pleinement protégées. Il ne s'agit pas de créer des soi-disant zones tampons. Il serait permis de manifester pacifiquement, de scander des slogans ou de brandir des pancartes. Seules les entraves intentionnelles ou l'intimidation seraient considérées comme illégales.
Le deuxième pilier est une nouvelle infraction pour intimidation. Cette infraction ciblerait les comportements visant à semer la peur chez les gens qui accèdent à ces lieux. Il y a eu des cas où des personnes masquées se sont tenues devant des mosquées ou ont proféré des menaces contre des parents à l'extérieur d'une école religieuse. Il s'agit d'actes d'intimidation, et non d'une manifestation, et ils n'ont pas leur place au Canada.
Le troisième pilier est une nouvelle infraction de crime haineux. Si une personne commet une infraction à une loi fédérale, que ce soit le Code criminel ou toute autre loi, et qu'elle le fait par haine envers un groupe particulier, cette infraction serait désormais traitée comme un crime haineux. Il s'agit de veiller à ce que les actes motivés par la haine soient traités avec le sérieux qu'ils méritent. Le projet de loi érigerait également en infraction le fait d'afficher publiquement des symboles liés au terrorisme et à la haine dans le but de fomenter la haine; il supprimerait l'exigence d'obtenir le consentement du procureur général pour porter des accusations de propagande haineuse afin que la police puisse agir plus rapidement. Lorsqu'une personne vandalise un gurdwara par haine ou brandit un drapeau nazi lors d'un rassemblement, les Canadiens s'attendent à ce que les forces de l'ordre interviennent rapidement et de manière décisive. Le projet de loi ferait en sorte que cela se produise.
Le quatrième pilier consiste à codifier la définition de « haine ». Le projet de loi apporterait des précisions afin que la police et les tribunaux sachent ce qui est couvert et ce qui ne l'est pas. La haine signifie un fort dénigrement ou une forte hostilité envers un groupe, qui va au-delà du fait d'être impoli, offensant ou blessant. Cette définition claire contribuera à rendre la loi équitable et cohérente partout au Canada.
Le cinquième pilier consiste à simplifier les accusations de propagande haineuse. À l'heure actuelle, la police doit obtenir le consentement du procureur général avant de porter de telles accusations, ce qui retarde souvent l'administration de la justice. En supprimant cet obstacle, le projet de loi permet aux forces de l'ordre d'agir plus rapidement et aux communautés d'être mieux protégées.
Le sixième pilier est une nouvelle interdiction d'afficher des symboles liés au terrorisme et à la haine. La nouvelle infraction est soigneusement ciblée. Elle ne s'applique que lorsque ces symboles sont affichés dans le but de promouvoir la haine contre un groupe particulier. La liste des symboles interdits est restreinte et précise: la croix gammée et d'autres symboles principalement utilisés par des organisations terroristes répertoriées dans le Code criminel ou associés à ces organisations.
Les Canadiens doivent savoir que cela ne criminalise pas les opinions ou les symboles de protestation ordinaires. Cette disposition ne cible qu'une liste restreinte et fermée de symboles qui seraient affichés dans le but de promouvoir la haine ou le terrorisme. Cette approche vise à la fois à clarifier la loi et à faire en sorte qu'elle soit applicable.
Je résume pourquoi ce projet de loi est si important. Trop de Canadiens ne se sentent pas en sécurité dans leur propre quartier, leur propre école ou leur propre lieu de culte. Le projet de loi est clair: le Canada ne tolérera pas la haine. Nous ne tolérerons pas l'intimidation ou que des symboles violents ou terrifiants soient utilisés pour semer la peur.
Parallèlement, ce projet de loi respecte les droits garantis par la Charte. Les manifestations pacifiques demeureront légales, tout comme l'expression d'opinions politiques. Il s'agit de mettre fin aux comportements délibérément haineux, et non de réduire des gens au silence.
Dans ma circonscription, Surrey Newton, je constate tous les jours à quel point la diversité nous rend plus forts. Des gens de toutes les origines, qu'ils soient sikhs, musulmans, hindous, juifs, chrétiens, bouddhistes ou autres, et même ceux qui sont athées, vivent côte à côte et travaillent ensemble dans le respect, mais j'entends aussi des familles qui sont inquiètes lorsqu'elles observent la multiplication des crimes haineux. Les parents ont peur d'envoyer leurs enfants à l'école, et les aînés ont peur de fréquenter leur lieu de culte. Les Canadiens ne devraient jamais avoir à vivre avec une telle peur.
Ce projet de loi donne aux forces de l'ordre et aux procureurs les outils nécessaires pour intevenir efficacement en cas d'intimidation, d'obstruction, de crimes haineux ou de propagande haineuse. Il protège les personnes, renforce la sécurité des collectivités et défend les valeurs qui définissent le Canada. Je demande à tous les députés d'appuyer le projet de loi et de se joindre à nous pour protéger les droits, les libertés et la sécurité de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Est-ce que quelqu'un voudrait venir faire un tour au croisement de l'avenue Sheppard et de la rue Bathurst, à North York, un dimanche après-midi? Tous les dimanches, un groupe de voyous se rassemble au croisement de l'avenue Sheppard et de la rue Bathurst, dans ma circonscription. La plupart des voyous se couvrent le visage et scandent « intifada », une résistance violente, pour protester contre un rassemblement pacifique dans l'une des communautés qui compte le plus de Juifs du Canada.
Parfois, ces voyous ont parmi eux un individu déguisé qui joue le rôle de Yahya Sinwar, l'architecte de l'attaque du 7 octobre. Le 7 octobre n'a pas seulement été l'une des pires attaques terroristes de l'histoire moderne, l'attaque a aussi déclenché le djihad mondial, y compris ici, au Canada.
Pour les Juifs du Canada, c'est un moment qui donne à réfléchir. Mes amis, mes voisins, les membres de ma synagogue et mes concitoyens canadiens ont peur. Les crimes haineux contre des Canadiens juifs ont plus que quadruplé depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, mais oublions les statistiques. Il y a deux semaines, une femme a été poignardée parce qu'elle faisait son épicerie dans le rayon casher d'une épicerie à Ottawa. Un père qui portait une kippa a été roué de coups devant ses enfants dans un parc de Montréal. L'école pour filles Bais Chaya Mushka, à un kilomètre de chez moi, a essuyé des tirs à trois reprises.
Que ferait le projet de loi pour remédier à cela? Il ne ferait rien, voire pire que rien. S'il était adopté dans sa forme actuelle, le projet de loi libéral sur la haine pourrait être utilisé comme une arme contre tous les Canadiens.
Je ne veux pas entendre les libéraux me faire la leçon sur l'antisémitisme. J'ai été confronté à l'antisémitisme soviétique et j'ai vécu en Israël pendant la première intifada. Je me souviens des attentats-suicides dans les restaurants, les hôtels, les marchés et les autobus. Il y avait partout un chaos meurtrier perpétué par le djihad islamique.
Qu'obtiennent aujourd'hui les juifs du Canada de la part du gouvernement libéral? Ils obtiennent la reconnaissance par le Canada d'un État terroriste, à la veille de Rosh hashanah, le Nouvel An juif, sans conditions préalables. Les libéraux ne devraient pas oser me faire la leçon sur la haine contre les juifs. Le Hamas les a remerciés non pas une fois, ni deux fois, mais trois fois.
Il existe suffisamment de lois pour mettre fin à ce fléau. Il est déjà illégal d'intimider quelqu'un tout en l'empêchant physiquement d'entrer dans un établissement. La haine est définie par la Cour suprême depuis 35 ans; nous nous sommes mis d'accord là-dessus. Cependant, comme nous allons l'entendre dans un instant, le projet de loi affaiblirait cette définition.
Promouvoir délibérément la terreur, c'est promouvoir délibérément la haine. Malgré l'excellent travail de nos héros des forces policières, les autorités municipales, provinciales et fédérales refusent de protéger la communauté juive du Canada.
Que proposent les libéraux à la place? Ils présentent le projet de loi , qui devrait inquiéter tous les membres de la communauté juive et tous les Canadiens. Ce projet de loi abrogerait l'obligation d'obtenir le consentement du procureur général pour porter des accusations de haine. Cela pourrait en effet simplifier le processus et réduire les accusations mutuelles, comme c'est le cas entre le bureau du procureur général et la police en Ontario, mais l'abrogation proposée s'appliquerait également aux poursuites au privé. Des témoins malveillants tenteraient alors de porter quotidiennement des accusations de haine contre leurs adversaires politiques, y compris, éventuellement, certains députés de cette Chambre.
Le projet de loi dissuaderait les Canadiens de s'exprimer librement. Même si la Couronne pouvait intervenir pour suspendre ou retirer de telles accusations, elle pourrait ne pas prendre position. Même si la Couronne retirait ou suspendait les accusations, un témoin pourrait contester cette décision en demandant un contrôle judiciaire. Une telle persécution causerait du tort à la personne accusée et entraînerait des frais juridiques, des risques pour sa réputation et des restrictions sur ses déplacements.
Le projet de loi doit être amendé afin d'exiger le consentement du procureur général pour les poursuites judiciaires pour crime haineux engagées à partir d'informations privées.
Ce que proposent les libéraux est très dangereux, et j'ai de bonnes raisons de croire que des opposants politiques et idéologiques tenteraient de se réduire au silence mutuellement en recourant à des poursuites pénales.
Une autre préoccupation majeure est que la nouvelle infraction distincte liée à la haine s'appliquerait à toute infraction prévue par une loi fédérale, de sorte qu'une infraction à la Loi électorale du Canada ou au Code canadien du travail pourrait donner lieu à des poursuites pénales. Il y a un risque important d'abus, compte tenu notamment des préoccupations exprimées antérieurement au sujet des poursuites au privé.
Je me suis lancé dans la politique en comptant les votes et en étudiant le droit électoral.
Que se passera-t-il si un jour quelqu'un accuse un agent électoral de s'adonner à une suppression du vote motivée par la haine? Cet agent pourrait-il alors faire l'objet de poursuites criminelles, y compris de poursuites privées? Si une personne a retenu un salaire en contravention du Code canadien du travail, ce geste devrait-il donner lieu à des poursuites criminelles s'il y a des allégations de haine? Nous parlons d'ajouter une infraction criminelle à un geste qui n'est pas criminel. C'est effrayant et ce n'est pas nécessaire.
Enfin, le gouvernement cherche à diluer la définition du terme « haine » qui a été formulée par la Cour suprême du Canada. Je ne comprends pas pourquoi les libéraux cherchent à abaisser le seuil du discours haineux après 35 années de bonne common law. Dans l'affaire Keegstra, la principale affaire portant sur la définition de la haine, la Cour suprême a souligné que la haine « désigne une émotion à la fois intense et extrême qui est clairement associée à la calomnie et à la détestation ». Plus tard, dans l'affaire Whatcott, la Cour suprême a déclaré que le terme « haine » ne s'entend que des « manifestations extrêmes » de l'émotion à laquelle renvoient les termes « détestation » et « diffamation ». Malgré cela, le projet de loi définit la haine comme suit: « Sentiment plus fort que le dédain ou l'aversion et comportant de la détestation ou du dénigrement. »
Dans le projet de loi , la définition de la haine ne contient pas les mots « désigne une émotion à la fois intense et extrême ». Elle ne contient pas non plus les mots « manifestations extrêmes », employés dans la décision Whatcott. Pourquoi? La formulation a pour effet d'abaisser le seuil de la définition de la haine, ce qui faciliterait les condamnations pour discours haineux. Il s'agit d'une autre attaque des libéraux contre la liberté d'expression. Le projet de loi ne protégerait pas les Juifs, ni quiconque, mais il exposerait tous les Canadiens à un plus grand risque de poursuites au criminel.
Le projet de loi abaisserait le seuil de la définition de discours haineux, associerait des poursuites criminelles à des poursuites non criminelles, et permettrait à de simples citoyens de faire une dénonciation sous serment et de déposer des accusations relativement à un acte haineux sans le consentement du procureur général. Dans sa forme actuelle, le projet de loi est une atteinte à la liberté d'expression.
Comme je l'ai mentionné, je suis Juif canadien. J'aimerais que les libéraux insistent sur l'application des lois existantes et qu'ils ne reçoivent pas des remerciements du Hamas tous les deux mois. Ils doivent repenser le projet de loi, pour ne pas laisser d'innocents Canadiens dans la crainte de se retrouver dans une situation juridique précaire.
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Monsieur le Président, les Canadiens croient en un pays où chacun peut s'exprimer librement, pratiquer librement sa religion et vivre sans crainte. Je pense que tous les députés conviennent qu'on ne devrait jamais être menacé en raison de sa race, de sa foi ou de qui on aime. Pourtant, aujourd'hui, les Canadiens sont confrontés à une réalité alarmante. La police nous dit que les crimes haineux ont fortement augmenté depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, avec une hausse de 258 % à l'échelle canadienne depuis 2015. Plus précisément, les crimes haineux antisémites ont bondi de 416 %, et les crimes haineux contre les Sud-Asiatiques ont augmenté de 377 %. Rien que l'année dernière, la police a déclaré 4 882 crimes haineux au Canada, un nombre stupéfiant. De plus, le nombre de crimes haineux déclarés par la police est en hausse pour une sixième année consécutive.
Ces chiffres sont bien réels et ils sont profondément inquiétants. Je suis d'accord avec le pour dire que le gouvernement doit agir, mais nous devons séparer l'objectif de la méthode. Légiférer contre la haine est une bonne chose à condition que cela ne porte pas atteinte à la liberté d'expression et que cela sécurise réellement notre société. Cependant, une loi sans application, c'est comme une serrure sans clé. Elle a le potentiel d'être utile, mais elle ne sert pas à grand-chose.
Je partage les préoccupations du au sujet de la détérioration du discours civil dans notre société et des victimes de crimes motivés par la haine. Le Code criminel interdit déjà de proférer des menaces, d'inciter à la violence ou de harceler quelqu'un en raison de son identité. Il prévoit des infractions liées aux méfaits, à l'entrave aux infrastructures et aux dommages matériels. Ces dispositions sont claires, éprouvées par les tribunaux et solides. Le problème est que la police reçoit trop souvent pour instruction de simplement maintenir l'ordre au lieu d'appliquer la loi. Lorsque les crimes motivés par la haine sont mal réprimés, les victimes et les témoins ont souvent l'impression que signaler ces incidents est inutile.
Si les autorités ne mènent pas d'enquête approfondie, ne poursuivent pas les délinquants ou ne prennent pas de mesures claires, les gens perdent confiance dans le système. À cause de ce manque de responsabilité, les victimes se sentent isolées, ressentent de l'insécurité et doutent que leur expérience soit prise au sérieux. Au fil du temps, les communautés deviennent moins disposées à se manifester, ce qui permet aux comportements motivés par des préjugés de persister sans être réprimés. Par conséquent, une application laxiste de la loi non seulement nuit à la justice pour les victimes, mais elle sape aussi la confiance du public dans la primauté du droit.
Lorsque des délinquants n'ont pas à faire face à des conséquences importantes, on les encourage à aller plus loin, à troubler la paix et à exploiter les échappatoires, et je crains que cela puisse se produire avec ce projet de loi. Par exemple, il fait allusion à des lieux de culte, mais il ne fait aucune mention des quartiers, des hôpitaux et d'autres milieux où on trouve bien des membres de certains groupes ethniques et où il y a également eu des manifestations. Ils s'exposent à un risque de violence considérable si des propos haineux sont tenus. Avec ce projet de loi, il y a un risque important que les groupes de manifestants retournent simplement dans les quartiers résidentiels, où les tensions et les affrontements peuvent s'intensifier et semer la peur parmi les familles, les personnes âgées et les enfants.
Notre système de justice demeure un système prorécidive à cause des projets de loi et . Les accusations sont abandonnées ou les peines sont réduites, les procès sont retardés et les peines sont incohérentes. Le projet de loi ne changerait rien à cela. Le gouvernement ne cesse de promettre qu'il y aura une réforme de la mise en liberté sous caution et de la détermination de la peine, mais nous ne l'avons pas encore vue à la Chambre. Les gens méritent de se sentir en sécurité chez eux, et cela n'arrivera pas si les lois en vigueur ne sont pas appliquées. Les nouvelles infractions ne sont utiles que si elles sont clairement définies dans une disposition légale qui est applicable et qui est appliquée de manière cohérente. Ce projet de loi doit être retravaillé pour répondre à ce critère.
Le gouvernement prétend que la définition de la haine incluse dans le projet de loi est celle qui est déjà employée dans la jurisprudence, mais, en réalité, la définition telle qu'elle est formulée établit une norme nettement moins stricte. Dans le projet de loi, la haine est définie comme un « sentiment plus fort que le dédain ou l’aversion et comportant de la détestation ou du dénigrement. » La définition est embrouillée et alambiquée.
Le lui-même a admis que l'application de la loi dépendra des faits. Cela signifie que les forces de l'ordre et les Canadiens ordinaires devront deviner sur le coup ce qui pourrait être interprété comme un crime. La détestation et le dénigrement sont des crimes, mais le dédain et l'aversion font partie de la liberté d'expression. Je pense que tous les députés savent que le dédain d'une personne est la détestation d'une autre, et que l'aversion d'une personne peut certainement être perçue comme du dénigrement par d'autres.
Dans la jurisprudence, la norme est plus stricte, exigeant que l'émotion de haine soit à la fois intense et extrême par nature, qu'elle soit la manifestation extrême du sentiment de haine et qu'elle dépasse largement l'aversion, le dédain et le simple caractère offensant. Je crains que le projet de loi, tel qu'il est rédigé, ne devienne un nouveau prétexte pour que se multiplient les accusations sur les réseaux sociaux, les plaintes vexatoires auprès de la police et les agressions entre groupes.
L'histoire nous met en garde contre les conséquences de l'abaissement de la norme en matière de discours haineux. Des lois visant à mettre fin à la haine ont été utilisées contre des dissidents politiques et des minorités. Nous ne devrions pas donner à l'État de plus grands pouvoirs de surveiller la pensée ou le symbolisme sans d'abord tenter de rendre plus efficaces nos outils existants contre la haine.
Comme tous les députés, je rejette la haine sous toutes ses formes. Tous les Canadiens méritent de se sentir en sécurité chez eux, dans leur lieu de culte et dans la rue, mais la sécurité ne passe pas uniquement par la criminalisation des symboles ou des discours. La sécurité passe par le fait de s'assurer que, lorsqu'une personne en agresse une autre, menace une synagogue ou vandalise une mosquée, la police enquête et procède à des arrestations, puis le tribunal tient un procès équitable et applique la peine prononcée.
Le projet de loi élimine la nécessité d'obtenir l'aval du procureur général avant qu'une accusation de propagande haineuse ne soit portée. Or, cette mesure a fourni une protection importante contre la politisation et l'utilisation abusive, en particulier dans le cas de poursuites privées. Le fait d'éliminer cette mesure sans prévoir un autre moyen d'empêcher les poursuites vexatoires laisse la porte grande ouverte à l'utilisation de ce projet de loi pour attaquer des gens.
À l'heure actuelle, notre plus gros problème est que l'application de la loi n'est pas cohérente. La mise en liberté sous caution est pratiquement automatique et les accusations sont souvent abandonnées. Les accusations graves sont minimisées. Le Parlement devrait s'employer à renforcer le dispositif d'application de la loi, à prendre des mesures pour que les poursuites pénales aient lieu plus rapidement et à soutenir les victimes. Sans amendement, ce projet de loi risque de punir les personnes impopulaires tandis que les personnes réellement dangereuses échapperont à la justice. Bien que je sois tout à fait d'accord pour dire que la recrudescence des crimes haineux nécessite que des mesures soient prises, ce projet de loi ressemble davantage à un communiqué de presse libéral qu'à un moyen de vraiment protéger les gens.
Les conservateurs veulent limiter les interventions de l'État et préconisent le respect de la primauté du droit et de la liberté d'expression, même dans le cas des propos qui nous choquent. Nous estimons que nous devons clairement établir ce qui est illégal et lié à un préjudice réel, et non à l'impression subjective qu'il peut y avoir détestation ou diffamation, même si certaines paroles sont pénibles à entendre. Pour répondre aux idées haineuses, il ne faut pas renforcer la censure, mais multiplier les débats, faire prévaloir la vérité et encourager les citoyens à défier ouvertement la haine.
Si le gouvernement veut protéger les Canadiens, il doit commencer par appliquer les solides dispositions légales qui existent déjà. Il doit veiller à ce que les menaces, les agressions et les crimes contre les biens motivés par la haine fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites judiciaires conformément au Code criminel. Donnons aux services de police les ressources dont ils ont besoin. Soutenons les victimes, mais ne conférons pas à la légère à l'État de nouveaux pouvoirs lui permettant de décider quelles idées peuvent être exprimées.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
C'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine. Ce qui est présenté ici est plus qu'une simple réforme législative. Le projet de loi rend compte de l'engagement du gouvernement libéral à protéger tous les Canadiens contre l'intimidation, le harcèlement et la menace très réelle de la haine dans leurs collectivités. Ce projet de loi incarne nos valeurs en tant que société et reconnaît que lorsque les gens ont peur de se rendre dans leurs lieux de culte, leurs écoles ou leurs centres culturels, c'est le tissu même de nos collectivités qui est menacé.
Nous assistons à une augmentation inquiétante de la haine partout au Canada, les Canadiens juifs étant victimes d'un nombre disproportionné d'actes de haine, tout comme les communautés musulmanes, queers et racisées. À Hamilton, les Canadiens juifs représentent moins de 1 % de la population, mais ils sont victimes de plus de 80 % des crimes haineux à caractère religieux, ce qui souligne le besoin urgent de protections ciblées.
Je tiens à remercier la fédération juive de Hamilton et le temple Sri Radha Krishna, ainsi que leurs communautés, de leur précieuse contribution et de leur plaidoyer pour l'élaboration du projet de loi. Bien sûr, je remercie aussi les communautés juive et hindoue de Hamilton dans leur ensemble pour leur précieuse contribution. Je tiens également à exprimer ma gratitude au et au pour leur leadership et leur engagement à lutter contre la haine sous toutes ses formes. Je tiens en particulier à saluer le ministre de la Sécurité publique, qui s'est rendu à Hamilton au début de l'année pour rencontrer la communauté juive de Hamilton, les dirigeants juifs et le service de police de la ville.
Selon des données récentes de Statistique Canada, les crimes haineux déclarés par la police ont plus que doublé au cours des six dernières années, ayant augmenté de 169 %. Ce chiffre est plus qu'une statistique; il représente des familles qui craignent d'envoyer leurs enfants à l'école, des communautés qui craignent de se réunir pour célébrer ou prier, et des personnes dont l'identité même est ciblée. Il y a eu des agressions physiques et du harcèlement dans des lieux de culte, des fusillades ciblant des écoles religieuses, ainsi que des attaques et des menaces d'attentats à la bombe contre des synagogues, des mosquées, des temples, des églises, des écoles et des centres communautaires. Face à cette situation alarmante, des appels ont été lancés partout au pays en faveur de mesures de protection plus rigoureuses.
Le projet de loi répondrait à ces appels en créant de nouvelles infractions visant à criminaliser l'intimidation et l'obstruction, en améliorant le cadre juridique pour poursuivre les auteurs de crimes haineux et en s'attaquant à la promotion de la haine au moyen de symboles associés au terrorisme et à la haine. Le projet de loi instaurerait une nouvelle infraction d'intimidation, qui rendrait illégal le fait de provoquer la peur chez une personne en vue d'entraver son accès à un lieu de culte, à une école ou à un centre culturel qui est utilisé principalement par un groupe identifiable. De même, le projet de loi érigerait en infraction les actes d'obstruction, c'est‑à‑dire le fait d'empêcher ou de gêner intentionnellement l'accès légitime à ces lieux.
Les deux infractions seraient passibles d'une peine maximale de 10 ans d'emprisonnement. Il est important de souligner que ces infractions ne viseraient pas l'expression ou les rassemblements pacifiques. Elles cibleraient expressément les comportements criminels et moralement répréhensibles à l'égard de personnes qui tentent d'accéder à des lieux essentiels à leur identité et à leur communauté. Il s'agit de protéger les Canadiens contre les préjudices, et non de restreindre leur droit de manifester ou de s'exprimer pacifiquement.
La mise en place d'une nouvelle infraction de crime haineux est une autre disposition essentielle du projet de loi visant à lutter contre la haine. Cette infraction s'appliquerait à toute infraction à une loi fédérale motivée par la haine fondée sur des motifs comme la race, l'origine ethnique, la religion ou le sexe. En s'attaquant expressément aux crimes motivés par la haine, la disposition garantirait que ces actes sont clairement condamnés et punis comme il se doit. L'infraction est structurée de manière à permettre à la Couronne de procéder par déclaration de culpabilité par procédure sommaire dans les cas les moins graves, tout en prévoyant des peines croissantes pour les infractions plus graves. Par exemple, en vertu de cette disposition, une personne reconnue coupable d'avoir proféré des menaces serait passible d'une peine d'emprisonnement maximale de 10 ans si elle l'a fait en étant motivée par la haine, comparativement à cinq ans en vertu de la loi actuelle.
De plus, le projet de loi introduirait une nouvelle infraction de propagande haineuse afin de criminaliser l'exposition publique et intentionnelle de symboles associés à la haine ou au terrorisme dans le but de fomenter la haine contre un groupe identifiable. Cela comprend des symboles comme la croix gammée nazie, le symbole des SS et les symboles principalement utilisés par des entités terroristes visées par le Code criminel ou associées à elles, comme le Hamas et le Hezbollah.
Je tiens à souligner que le libellé de cette infraction a été soigneusement conçu. Il ne criminalise pas les symboles affichés à des fins légitimes, comme l'éducation, le journalisme ou les arts. Cela garantit le respect de la liberté d'expression, tout en donnant aux forces de l'ordre et aux procureurs un outil clair pour réagir à la haine motivée par des intentions criminelles.
Pour accroître la clarté et la cohérence, le projet de loi codifie la définition de « haine » dans le Code criminel, en se fondant sur la jurisprudence de la Cour suprême, en mettant l'accent sur la détestation ou le dénigrement. Cela n'inclut pas le simple dédain ou l'aversion. Codifier cette définition permet aux Canadiens, aux forces de l'ordre et aux tribunaux de bien comprendre ce qu'on entend par haine dans la loi. Cette disposition est particulièrement importante pour aider la police à déterminer si des arrestations sont justifiées. Elle permet aussi de faire en sorte qu'il n'y ait plus place à l'interprétation dans les mesures législatives actuelles et d'éliminer d'éventuelles ambiguïtés.
Enfin, le projet de loi propose de supprimer l'exigence d'obtenir le consentement du procureur général pour intenter des poursuites dans le cas de certaines infractions liées à la propagande haineuse et des nouvelles infractions. Quant aux mesures de protection, elles demeurent à la discrétion de la Couronne, qui évalue la possibilité raisonnable d'une condamnation et l'intérêt public avant de porter des accusations.
Ce projet de loi vise à agir quand il le faut. Lorsque des Canadiens craignent d'entrer dans leur synagogue, leur mosquée, leur église ou leur école, nous devons agir. Lorsque des gens sont attaqués en raison de ce qu'ils sont, nous devons agir. Lorsqu'on utilise le discours pour fomenter la haine et la violence, nous devons agir. Grâce au projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine, nous agissons. Nous agissons pour protéger nos collectivités, défendre les valeurs fondamentales de notre pays et affirmer que le Canada est un pays qui dit non à la haine et oui à la sécurité et à la dignité pour tous.
Je reconnais qu'il est malheureux que ce projet de loi soit nécessaire. Il s'agit d'une réponse directe à la haine croissante et ciblée partout au Canada. Cependant, bien sûr, le respect de la Charte canadienne des droits et libertés est fondamental pour le gouvernement. La liberté d'expression, la liberté d'association et le droit de manifester sont des valeurs canadiennes fondamentales, mais personne n'a le droit de promouvoir la haine.
Les municipalités de tout le Canada, y compris Hamilton, où j'ai déjà été conseiller municipal, vont déjà de l'avant en adoptant des règlements municipaux semblables à ce qui est prévu ici. Toutefois, au lieu d'obliger les municipalités et les provinces à avoir un ensemble disparate de règlements individuels pour lutter contre la haine dont elles sont témoins dans leurs collectivités, nous prenons des mesures au niveau fédéral pour établir des normes nationales.
J'invite tous les parlementaires à appuyer le projet de loi et à collaborer pour qu'il soit adopté rapidement. Il s'agit d'une étape importante pour que le gouvernement libéral honore l'engagement qu'il a pris de renforcer la sécurité des collectivités et de faire respecter les droits fondamentaux des Canadiens.
Dans les conversations que j'ai eues avec des habitants d'Hamilton qui ont été victimes de la haine, ces gens m'ont raconté des histoires absolument déchirantes au sujet de l'intimidation et de la haine dont ils ont été victimes dans leurs collectivités. Je tiens surtout à remercier les représentants de la fédération juive d'Hamilton de m'avoir raconté leurs histoires, d'avoir été francs et de m'avoir expliqué clairement ce que c'est que d'être membre de leur communauté à Hamilton lorsqu'il y a des incidents haineux.
Encore une fois, je reconnais qu'il est malheureux que nous devions adopter ce projet de loi, mais, en consultation avec les groupes directement touchés ainsi que les forces de l'ordre, nous sommes convaincus qu'il s'agit de la mesure appropriée à ce stade.
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Monsieur le Président, c'est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre. Nous sommes saisis d'une question très importante. Le problème du racisme et de la haine est bien réel, et ce, depuis de nombreuses années. Depuis quelques années, pour différentes raisons, nous assistons à une escalade de la haine. C'est une situation qui devrait tous nous préoccuper. On rapporte des crimes motivés par la haine; on m'a fourni un graphique qui met vraiment en évidence le problème. La forme de crime la plus préoccupante est celle des crimes motivés par la race et l'ethnicité; on parle d'augmentations énormes de ces crimes au cours des dernières années. Viennent ensuite la religion, puis l'orientation sexuelle. Il y a d'autres formes, mais ce sont les trois principales.
Pas plus tard que l'été dernier, j'ai eu l'occasion de m'asseoir avec des jeunes de la communauté sikhe au temple Singh Sabha, sur la rue Sturgeon, à Winnipeg. J'ai écouté leurs réflexions sur la question. Le but était de parler de racisme et de haine. J'ai trouvé certaines des choses qui ont été dites très bénéfiques. Je pense qu'au bout du compte, il doit y avoir plus de dialogue. La haine et le racisme sont deux choses pour lesquelles je n'ai aucune tolérance.
En tant que législateurs, j'aimerais que nous examinions ce que nous pourrions faire pour réduire au minimum les situations dans notre collectivité qui sont si douloureuses à bien des égards. Ces situations affectent directement de vraies personnes, des victimes qui souffrent pratiquement tous les jours de l'année.
Lors des dernières élections fédérales, le s'est engagé envers les Canadiens à présenter un projet de loi contre la haine. C'est ce dont nous débattons aujourd'hui, le projet de loi , Loi visant à lutter contre la haine. Je pense que, dans l'ensemble, cette mesure législative est assez bien accueillie par les Canadiens.
Le a été très clair plus tôt aujourd'hui. Lorsqu'il a présenté le projet de loi, il s'est montré très ouvert aux amendements possibles, aux amendements que l'opposition pourrait vouloir proposer pour calmer ses préoccupations et renforcer le projet de loi. Je tiens à le préciser, car, lors des dernières élections fédérales, je crois que même les électeurs conservateurs voulaient que tous les partis politiques collaborent davantage afin d'adopter de bonnes lois.
Si nous pouvons faire des choses ensemble à l'étape de l'étude en comité afin d'adopter ce projet de loi, je crois que nous devrions les faire. Le a dit très clairement qu'il avait l'esprit ouvert en ce qui concerne les amendements.
Nous pouvons examiner ce que le a dit et ce que le a déclaré lors des dernières élections, dans la plateforme électorale, au moment de prendre cet engagement. Nous avons un gouvernement qui est non seulement prêt à collaborer avec les partis de l'opposition, il a aussi le mandat de présenter le projet de loi. Je dirais que ces deux faits devraient suffire à inciter les députés à au moins permettre que le projet de loi se rende à l'étape de l'étude en comité, afin que nous puissions entendre directement ce que les intervenants et les Canadiens ont à dire.
Si des députés ont des questions ou des préoccupations, ils devraient certainement nous en faire part. Si des amendements sont proposés, écoutons ce que les députés ont à dire. Le ministre du cabinet fantôme du Parti conservateur s'est dit préoccupé par le consentement du procureur général. Je considère que le consentement du procureur général est une sorte d'obstacle qui pourrait potentiellement retarder le dépôt d'accusations.
Monsieur le Président, je ne comprends pas le problème que les conservateurs soulèvent à ce sujet. Même dans le cas de poursuites privées, je ne vois pas où est le problème. Ce qui m'étonne, c'est qu'ils ne semblent pas avoir la même confiance que nous, du côté du gouvernement, dans les autorités responsables de l’application de la loi et dans le système judiciaire. Je crois pourtant que la barre est très haute. J'ai du respect et une grande confiance envers notre système. Il permet d'appliquer la loi de manière à améliorer le mieux-être des collectivités.
Quelqu'un a dit que le projet de loi ferait augmenter le nombre d'actions en justice. J'espère bien. Je veux que des accusations soient portées. Je veux des verdicts de culpabilité. Je crois que cette mesure législative contribuera à rendre les collectivités plus sûres et plus fortes.