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Merci, monsieur le président.
En cette Année internationale des coopératives, nous désirons d'abord remercier tous les membres du comité de nous recevoir ce matin et d'étudier, cet été, de façon très sérieuse la formule coopérative. Nous soulignons d’emblée notre soutien au mémoire déposé le 10 juillet 2012 par la Canadian Co-operative Association, organisme représentant une partie des coopératives du Canada. Sachez aussi que nous appuyons les priorités du gouvernement fédéral en ce qui a trait à la création d’emplois, la croissance économique et la lutte au déficit budgétaire. Par conséquent, nous présentons au comité des recommandations qui contribueront à atteindre ces buts. Chacune d’entre elles vise à faire du mouvement coopératif et mutualiste un partenaire d’importance du gouvernement fédéral.
Les coopératives naissent du désir d’un groupe d’individus de répondre à un besoin collectif. Pour y parvenir, ils regroupent leurs ressources et leurs compétences. Ils se dotent ainsi de moyens et d’expertises auxquels ils n’auraient pas eu accès sans cette association. Historiquement, au Canada, cette pratique a constitué un des fondements des communautés francophones, notamment des communautés de langue officielle en situation minoritaire. En effet, la formule coopérative permettait d’avoir accès au crédit et à l’épargne, deux outils essentiels au développement économique et que les banques leur refusaient. Les caisses populaires étaient créées.
Dans les milieux ruraux, les entreprises coopératives permettaient aux agriculteurs d’avoir accès aux marchés en créant des moyens de production qu’ils contrôlaient, pendant que de nombreuses mutuelles d’assurances voyaient le jour sur le principe de l’entraide dans l’épreuve. Le réflexe coopératif et mutualiste venait de prendre son envol au Canada, où il continue à être très actif.
Pour les francophones, le modèle coopératif est un élément constructif de leur vitalité économique, et, parfois même, de leur survie. Que ce soit sur le plan de la culture, de l'habitation, de la santé ou pour des services de proximité, la formule coopérative fait partie de l’ADN des francophones du Canada. Les coopératives francophones génèrent plus de deux tiers des emplois de toutes les coopératives canadiennes et elles représentent 41 p. 100 de toutes les coopératives du Canada. Elles sont souvent le plus grand employeur de leur communauté.
Aujourd’hui, elles sont multisectorielles et diverses, souvent bilingues et présentes dans toutes les sphères d'activité économique. Elles se reconnaissent par la mise en oeuvre des sept principes coopératifs qui les gouvernent, qui stimulent la responsabilité citoyenne et qui cultivent la confiance de leurs membres et de leurs clients, éléments essentiels de leur pérennité.
Le Conseil canadien de la coopération et de la mutualité a été fondé en 1946. Il est constitué de huit conseils provinciaux. Il représente 3 800 coopératives et 54 mutuelles francophones au Canada et regroupe environ 9 millions de membres individuels. Fort de ses valeurs d’autonomie et d’intercoopération, le mouvement coopératif canadien s’est doté, au fil des ans, de structures de développement. Trois types d’organisations en font partie. D’abord les conseils provinciaux, qui regroupent les coopératives sur une base provinciale, offrent des services-conseils pour le démarrage et la création de nouvelles coopératives, ainsi que pour les projets émergents. Je veux souligner ici l'importance de la création des coopératives. Ce sont elles qui ont besoin d'aide et de soutien.
De plus, 15 fédérations sectorielles provinciales et deux fédérations canadiennes se concentrent sur le développement des marchés, le partage d’expertises sectorielles et le groupement d’achats. Le Conseil canadien de la coopération et de la mutualité assure, quant à lui, la coordination, la concertation et le réseautage de tout le mouvement coopératif canadien en ce qui a trait à la promotion de la formule d’entreprise coopérative de concert avec la Canadian Co-operative Association.
Mettant en oeuvre le sixième principe coopératif invitant à l’intercoopération, les coopératives et les mutuelles francophones investissent dans la création de nouvelles entreprises. Au-delà de leurs activités sectorielles propres, elles appuient directement les activités des organisations vouées au développement coopératif par des investissements directs se chiffrant en millions de dollars par année. Cependant, ces contributions ne sauraient, à elles seules, assurer la continuité, le renforcement et la cohérence en matière de services-conseils qui ont été, jusqu’ici, offerts aux promoteurs, et ce, partout au pays, dans les deux langues officielles.
Compte tenu de la récente abolition de l’Initiative de développement coopératif, la survie, dans plusieurs cas, de cette expertise est fragilisée, et, parfois même, est remise en question. Les coopératives et les mutuelles, dont les caractéristiques les plus importantes sont l’autonomie, la responsabilisation, la légitimité, l’égalité et la confiance, sont performantes et résilientes. Elles se différencient des entreprises traditionnelles par l’investissement collectif d’une association d’individus, de clients, de travailleurs ou de citoyens qui se rassemblent pour répondre à un besoin économique, social ou culturel.
Traditionnellement, les membres entretiennent une relation juridique avec leur coopérative, s'engagent personnellement auprès d'elle et y participent sur le plan économique. Ces coopératives et ces mutuelles transigent en utilisant des règles comptables différentes, des principes de gestion différents, des lois et des règlements différents et des techniques de financement différentes. La propriété collective, la gouvernance participative et la culture de coopération tendent vers la protection des intérêts des membres et des salariés, tout en visant des surplus qui seront axés sur l'investissement pour la croissance de l'entreprise, l'engagement dans la communauté et l'intercoopération. Cette réalité permet aux coopératives de croître et de persévérer malgré vents et marées, et de traverser les crises économiques avec plus de solidité.
Toutefois, elles se heurtent à certains obstacles, dont la complexité et le temps requis pour faire démarrer une entreprise coopérative, le manque — et parfois l'absence — de connaissances et d'expertise appropriées en ce qui a trait à l'aide au démarrage tant dans le secteur privé que dans le secteur public, l'incertitude quant à l'accès aux capitaux des investisseurs traditionnels en raison de la structure du capital de la coopérative, du contrôle de l'entreprise ou de l'objectif de rentabilité de la coopérative. Le fait que la distinction coopérative ne soit pas reconnue dans certains programmes gouvernementaux constitue aussi un obstacle.
Nous observons que ces obstacles sont davantage présents lors des premiers stades de développement des entreprises coopératives et s'estompent à mesure que ces entreprises se consolident. Nous croyons que des services-conseils et des outils de capitalisation adaptés à la réalité des coopératives favoriseraient la création et l'émergence de plus d'entreprises coopératives dont certains domaines en donnent un exemple.
Prenons une coopérative de travail: la préservation des emplois est un mandat incontournable, impératif même pour cette entreprise. La cessation des activités deviendra un recours ultime et la délocalisation de cette entreprise ne sera jamais considérée.
Cet exemple illustre bien pourquoi les coopératives sont condamnées à l'innovation et à la résilience. Au cours des années, nous avons vu des entreprises coopératives naître dans le domaine de la santé, des services funéraires, de l'énergie, du transport communautaire et des communications. L'innovation ne se manifeste pas uniquement par la création de nouveaux produits et de nouvelles méthodes de production, mais également par l'exploration de nouveaux modèles d'affaire coopératifs — les coopératives de solidarité, par exemple — et par l'apprentissage de nouveaux secteurs d'activité.
Le travail d'experts-conseils, et les efforts de chercheurs des fédérations sectorielles et des conseils provinciaux, stimulent cet esprit d'innovation en créant un environnement favorable à la différence coopérative. Plusieurs de ces innovations sont réalisées au Québec et plus de 60 p. 100 de toutes les coopératives créées au Canada s'y trouvent, là, justement, où le gouvernement provincial et le mouvement coopératif ont établi une relation d'affaires fructueuse depuis des années.
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Monsieur le président, l'ensemble du Mouvement des caisses Desjardins salue la mise sur pied du Comité spécial sur les coopératives. Nous remercions les membres du comité de l'occasion qui nous est donnée d'exprimer nos vues et nos opinions sur la question. Nous croyons fermement que cette initiative est particulièrement à-propos, tout spécialement dans le cadre de l'année 2012, proclamée par l'ONU Année internationale des coopératives.
Elle l'est également, et principalement, parce que les coopératives sont d'abord et avant tout l'expression d'un modèle économique très important, quoique relativement méconnu si on le compare au modèle économique plus traditionnel des sociétés par action auxquelles nous sommes habitués.
J'aimerais vous présenter et situer le Mouvement Desjardins dans l'ensemble du paysage coopératif canadien. Le Mouvement Desjardins fête cette année ses 112 ans d'existence. On peut donc parler d'une belle réussite. De plus, le Mouvement Desjardins poursuit une mission bien particulière si on le compare aux entreprises du modèle traditionnel. Il s'agit d'abord pour lui de contribuer au développement économique et social des personnes et des communautés. Pour ce faire, il faut comprendre que le Mouvement Desjardins, comme son nom l'indique, est un mouvement. Ce n'est pas un groupe concentré et centralisé comme ceux que l'on peut trouver dans les structures d'entreprises habituelles. Il s'agit d'un réseau de coopératives individuelles, sécuritaires, profitables et regroupées, doublé d'un ensemble de filiales offrant des rendements compétitifs. De même, le Mouvement Desjardins est très actif en matière d'éducation à la finance, à l'économie, à la démocratie, à la solidarité et à la responsabilité individuelle et collective.
Donnons un aperçu de ce qui constitue le Mouvement Desjardins. On parle actuellement de près de 400 caisses populaires au Canada, 1 300 points de service et près de 2 600 guichets automatiques au Québec. Avec 5 600 000 membres au Québec et en Ontario, on estime notamment que le Mouvement Desjardins dessert environ 70 p. 100 des Québécois. Le Mouvement des caisses Desjardins cumule 200 milliards de dollars d'actifs du patrimoine des Canadiens, gérés par l'entremise de ce regroupement coopératif. On estime qu'il s'agit là d'une belle illustration de ce que peuvent faire les coopératives, de la manière dont elles peuvent se développer et de ce qu'elles peuvent apporter.
Nous souhaitons particulièrement insister sur le fait que les coopératives et les mutuelles sont à la fois d'excellentes créatrices d'emplois, des sources d'innovation, des vecteurs de stabilité financière et de services aux collectivités. Les coopératives et les coopératives financières agissent souvent dans des secteurs d'activités et dans des communautés moins bien servies par l'entreprise traditionnelle. Cependant, nous faisons quand même face à certains défis et enjeux, dont les plus importants ont déjà été soulevés par mes prédécesseurs. On peut parler de l'accès au capital et de la protection des réserves en général des coopératives. Des réponses doivent y être apportées notamment par l'entremise du soutien gouvernemental et d'un encadrement législatif et réglementaire adéquat.
Comme c'est le cas pour tout modèle d'entreprise, les coopératives et les mutuelles font face à ces enjeux, mais il existe des solutions. Le Mouvement Desjardins a déposé un mémoire assez élaboré sur la question auquel nous avons joint une étude économique détaillée réalisée à la fin de 2011 et que nous vous prions de consulter. Pour donner une idée de l'importance du secteur économique et de la place que les coopératives peuvent occuper, si on pense simplement au Québec, le premier et le cinquième employeur privé, en ce qui a trait à l'importance, sont des coopératives, en l'occurence le Mouvement Desjardins et la Coop fédérée, dont vous aurez également l'occasion d'entendre les représentants un peu plus tard.
Les coopératives exercent une présence dans les communautés et existent pour développer et participer au développement de l'emploi et de l'économie. Lorsque l'on parle de retombées, le Mouvement Desjardins met également de l'avant du capital de risque destiné aux entreprises et maintient plus de 35 000 emplois.
De plus, les coopératives sont reconnues sur le plan international. Elles sont reconnues également au Canada. C'est un message important qu'il faut transmettre.
On parle de stabilité financière ou de sécurité. Il est donc bon de noter que le mouvement Desjardins est la sixième institution financière en importance au Canada, la quatrième institution financière la plus sécuritaire en Amérique du Nord et la 18e au monde, selon les classements internationaux.
Ces indications sont importantes et prouvent que le mode de gestion des coopératives peut apporter beaucoup en matière de stabilité financière et de sécurité.
De manière générale, on pourrait dire que le modèle coopératif crée un bel équilibre avec le modèle habituel des entreprises à capital-actions. En plus de constituer un moteur économique, il apporte une plus-value à l'économie, ce que l'on devrait favoriser.
Je laisse la parole à M. Adams.
Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de m'avoir offert la possibilité de témoigner ce matin devant le comité.
L'organisation que je représente, la Quality Deer Management Association, est une coopérative un peu différente de celles dont il a été question jusqu'à maintenant, aujourd'hui. Nous oeuvrons dans le secteur des ressources naturelles. Je vis aux États-Unis, mais je viens régulièrement au Canada pour des raisons professionnelles. Essentiellement, les coopératives avec lesquelles nous collaborons sont des coopératives de propriétaires fonciers ou des coopératives de gestion du cerf, qui réunissent des chasseurs, des sportifs et des organisations — par exemple, votre ministère des Ressources naturelles — pour gérer collectivement les ressources naturelles.
Souvent, nous pouvons améliorer les programmes de gestion de la faune et de l'habitat. Si nous arrivons à mieux gérer l'habitat de la faune, cela profite à tous les citoyens de la province. Grâce à ces coopératives de propriétaires fonciers — essentiellement, ce sont des groupes de propriétaires fonciers ou de chasseurs qui collaborent sur ces petites parcelles de terre pour mieux gérer la faune qui s'y trouve et, surtout, son habitat... Une saine gestion de cet habitat a des retombées positives pour une foule d'espèces fauniques. Lorsque nous réunissons quelques parcelles pour former des secteurs ou des coopératives de propriétaires fonciers, nous constatons une nette amélioration des programmes de gestion de l'habitat et de la faune, et cela est certainement bénéfique pour l'industrie de la chasse, l'industrie de l'habitat et le ministère en général pour ce qui est de la gestion des ressources naturelles à l'échelle de la province. Cet aspect est important du côté américain, mais aussi du côté canadien, où il y a tellement de ressources naturelles et de si beaux paysages...
Nous avons collaboré avec des particuliers, avec des organismes d'État et avec des organismes provinciaux et fédéraux aux États-Unis et au Canada afin d'harmoniser les activités et d'offrir ce modèle qui permet aux propriétaires et aux sportifs de créer des coopératives pour renforcer leur capacité de gestion des ressources naturelles. Nous avons travaillé avec des milliers de propriétaires fonciers, littéralement. Nous avons collaboré avec le U.S. Fish and Wildlife Service pour élaborer un modèle pour ces coopératives sur les terres fédérales et nous avons fait la même chose avec les États pour les terres qui relèvent d'eux. Nous sommes actuellement en négociation avec deux ou trois États en vue d'élaborer une politique sur les coopératives dont le seul but serait de collaborer avec les propriétaires fonciers et les sportifs pour constituer des coopératives de gestion de la faune dans diverses régions de ces États et ainsi améliorer précisément ce dont nous parlons en matière de ressources naturelles.
Ce qui est bien, c'est que vous avez le ministère des Ressources naturelles qui supervise la gestion de la faune dans la province et qui détermine les limites des prises, les dates d'ouverture et de clôture des saisons de chasse, etc., mais les sportifs doivent appuyer les programmes et faire leur part pour vraiment produire des résultats en matière de gestion de la faune, qu'il s'agisse de cerfs, d'orignaux, d'ours, de sauvagine, etc. Plus ces gens collaborent avec les fonctionnaires et les gestionnaires — plus ils appuient leur activité et les laissent travailler sur les terres privées dans toute la province — et plus les programmes sont efficaces. Aux États-Unis, il y a maintenant des coopératives de propriétaires qui gèrent des centaines de milliers d'acres et collaborent avec les organismes d'État — dans votre cas, ce serait les organismes provinciaux — et qui permettent aux programmes d'obtenir de bien meilleurs résultats. Il y a littéralement des centaines de coopératives ici, dans le nord-est des États-Unis, où je vis. Il y en a des milliers aux États-Unis, et ce mouvement ne fait que commencer au Canada.
QDMA Canada a été constituée en 2006, à titre d'organisme éducatif pour sensibiliser les gens à l'importance d'une gestion judicieuse de l'habitat et de la faune, leur expliquer ce que sont ces coopératives et leur montrer en quoi elles servent leurs intérêts.
C'est un concept très nouveau au Canada, mais il est de plus en plus connu et il se répand rapidement depuis une dizaine d'années aux États-Unis. Pour nous, cela représente l'avenir de la conservation de la faune, et j'imagine que ce sera la même chose pour vous. Le modèle a fait ses preuves. Il donne d'excellents résultats et s'appliquera certainement à votre situation, pour les terres privées et les terres publiques, compte tenu du nombre de sportifs que vous avez et de l'industrie des ressources naturelles.
Ce concept s'inscrit bien dans les discussions que mène le comité. Il a fait ses preuves et il donnera d'excellents résultats au Canada. Notre organisation est tout à fait disposée à collaborer pour améliorer la gestion de la faune et des ressources naturelles au Canada.
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Pour les petites coopératives, il y a, bien sûr, l'enjeu d'obtenir un petit financement au départ, puisqu'elles n'ont pas toujours la possibilité d'avoir recours à leur valeur nette ou à leurs biens comme le ferait une entreprise de mode traditionnel.
En ce qui a trait aux grandes entreprises coopératives, il est vrai que les institutions financières n'ont pas nécessairement toutes une grande connaissance des structures coopératives et n'ont pas cette sensibilité. On l'a peut-être davantage chez Desjardins. Il y a donc des enjeux de connaissance, mais il y a également des enjeux légaux.
En ce qui a trait aux enjeux légaux, je citerai l'exemple du Mouvement Desjardins, qui a pu, ce printemps, faire une émission de capital de plus d'un milliard de dollars en parts permanentes. Toutefois, pour ce faire, un travail très étroit a dû être effectué avec les deux ordres de gouvernement, simplement pour réussir à structurer l'émission de ce capital, qui devient des parts permanentes de la coopérative et qui va rapporter certains dividendes.
Cette émission de capital peut se faire, mais elle doit se faire à la suite d'un travail très étroit avec les autorités, afin de se conformer aux critères. Lorsque c'est bien fait, le succès peut être fantastique. À titre d'illustration, ce capital émis par une coopérative se qualifie comme capital de première catégorie, selon les critères de ce qu'on appelle communément la réforme Bâle III, pour la capitalisation financière.
Les coopératives sont également plus stables grâce à leur structure. Elles ont plus de loyauté et d'enracinement dans la communauté, mais elles ont plus de difficulté à avoir un accès rapide à du capital, puisqu'elles ne peuvent pas émettre d'actions. Elles gardent donc souvent un coussin supplémentaire. C'est une capitalisation beaucoup plus sécuritaire. Desjardins a, comme ça, au-delà de 17 % de capitalisation, ce qui est un taux largement supérieur aux autres grandes banques canadiennes.
Il faut donc un travail très étroit avec le gouvernement pour pouvoir s'ajuster et faire en sorte que la législation soit adaptée, non pas uniquement au mode d'entreprise traditionnel, mais également aux structures d'entreprises de type coopérative.
Y a-t-il des points pour lesquels vous aimeriez plus d'information?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leur présence.
Il est intéressant d'entendre cela. Ma caisse de crédit, par exemple, la First Ontario, a évidemment été créée comme coopérative de crédit pour les travailleurs de l'automobile et elle avait une seule place d'affaires. Aujourd'hui, je crois qu'elle est devenue la troisième ou la quatrième coopérative de crédit dans la province. Elle a évolué. De fait, son ancien PDG, M. Lahey, viendra témoigner ici cet après-midi. Il est maintenant PDG d'Alterna.
Mme Gagné et, je crois, M. Brun ont également mentionné que les gens innovent et évoluent. Souvent, du moins du côté financier, du côté des coopératives de crédit, les petites industries avaient une coopérative de crédit avec une seule place d'affaires. Je pense par exemple à l'usine de Ferranti-Packard qui était située à St. Catharines et qui est maintenant fermée. Sa coopérative de crédit a dû revoir sa situation quand les employés ont été licenciés. Elle a fini par s'intégrer à une autre organisation. Je crois qu'elle fait maintenant partie de la Meridian, la plus grande coopérative de crédit en Ontario.
Vous avez parlé un peu d'innovation et du fait que la vision et, peut-être, les énoncés de mission sont en train d'évoluer, particulièrement du côté financier, mais je crois que vous songiez aussi au fait que la vision et peut-être les énoncés de mission évoluent également pour les coopératives non financières. Elles élargissent leur vision, en effet, et elles ne se limitent pas nécessairement à une seule province. De fait, je crois qu'elles peuvent même oeuvrer sur la scène internationale.
J'aimerais savoir comment les responsables des politiques peuvent faciliter ce genre d'innovation. Dans une coopérative, ce sont les décideurs locaux qui prennent la décision de modifier la vision. Personne ne leur dit qu'ils doivent changer leur vision. Les choses se font à l'inverse dans les entreprises commerciales ou les sociétés d'investissement à but lucratif, où un directeur décrète qu'il faut acheter ceci ou cela. Les coopératives sont des organisations communautaires, elles agissent selon ce que leurs membres leur demandent. En gros, si vous voulez modifier votre vision vous devez demander à vos membres ce qu'ils veulent faire.
Est-ce que nous pouvons prendre des mesures pour vous aider lorsque vos membres décident qu'ils veulent modifier la vision de l'organisation? Est-ce qu'il vaudrait mieux que nous vous laissions simplement vous débrouiller?
Ma question s'adresse à tous.
Nous parlerons tous les deux.
C'est un privilège pour nous de comparaître devant vous, de concert avec d'autres coopératives, en tant qu'agents de changement en vue de la croissance et de la durabilité des coopératives, et d'être les représentants d'une solution de rechange valable aux modèles standard d'entreprises canadiennes.
Je m'appelle William Ravensbergen et je suis le président du conseil d'administration d'Ag Energy Co-operative. J'occupe ce poste depuis trois ans, et celui de directeur depuis trois autres années. La société P. Ravensbergen & Sons est un membre fondateur d'Ag Energy et recourt à ses services depuis sa création, en 1988. À ce titre, je suis bien placé pour vous parler de notre gouvernance, des rouages de l'organisation, et ce, tant du point de vue d'un membre que ce celui d'un usager. J'ai investi personnellement du temps, de l'énergie et des ressources financières afin qu'Ag Energy devienne une organisation de services prospère, axée sur les membres et à l'affût de solutions durables pour nos membres et nos clients.
Ag Energy est une coopérative établie en Ontario. Elle représente des membres oeuvrant dans cette province et dessert plus de 1000 clients en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique. Nous sommes une coopérative axée sur les services et qui fournit des solutions fondées sur le gaz naturel et l'électricité à ses membres et à ses clients.
Nous sommes constitués en société en Ontario depuis 24 ans. À nos débuts, nous nous occupions de l'approvisionnement économique en gaz naturel de serres à la suite de la déréglementation de l'énergie, car l'énergie représente habituellement les coûts d'intrants les plus élevés dans notre secteur.
Ag Energy est une coopérative « à but lucratif » dont le chiffre d'affaires annuel dépasse les 20 millions de dollars. Notre principal centre d'intérêt consiste à fournir à nos membres des sources d'énergie rentables et des possibilités d'investissement.
Nous sommes une organisation à effectif réduit qui compte 10 employés pour desservir les secteurs de l'agriculture, de l'agrotechnologie et de l'agroalimentaire. Nous sommes en train d'élargir notre offre de services en vue d'inclure des services de gestion coopératifs à d'autres coopératives. Notre conseil d'administration est responsable de notre gouvernance et compte actuellement huit membres et deux stagiaires qui sont tous issus d'organisations membres ou qui sont des membres. Il représente des entrepreneurs, des propriétaires et des employés entretenant des liens avec le secteur agricole.
Pour nos membres, nous avons adopté un mode de fonctionnement sans profit ni perte en vue de leur permettre de se procurer de l'énergie aux prix de gros. Quant à nos clients — c'est-à-dire les non-membres —, nous leur offrons des solutions concurrentielles. Nous nous concentrons sur la fourniture de solutions au gaz naturel pour des volumes supérieurs à 50 000 m3 et de 150 000 kWh d'électricité par année.
Nous sommes des membres actifs de l'Ontario Co-operative Association et nous comptons sur les politiques et le soutien du gouvernement fédéral et des provinces pour qu'ils appuient les coopératives à titre de modèle d'entreprise de rechange.
Nous espérons que le gouvernement appuiera ses électeurs et adoptera les principes coopératifs afin d'assurer la croissance et la durabilité de ce secteur comme moyen d'investissement, de préservation et de création d'emplois, de maintien de l'assiette fiscale, etc.
Nous faisons face à divers obstacles, dont une réforme limitée des politiques et un manque d'éducation, une insuffisance de structures de financement abordables ou d'engagements financiers raisonnables, un manque de structures de subvention ou d'aide financière gouvernementale en particulier pour les coopératives, une bureaucratie excessive pour les relations avec le gouvernement ou pour les services de soutien.
Je vais maintenant céder la parole à Rose Marie Gage, présidente-directrice générale d'Ag Energy et présidente de la Guelph Energy Co-operative, une coopérative établie par trois membres fondateurs, dont Ag Energy. La Guelph Energy Co-operative a été mise sur pied en vue de fournir des solutions d'énergie verte dans la collectivité de Guelph, en Ontario, où se trouve le siège social d' Ag Energy.
Merci.
Mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie sincèrement de me fournir l'occasion de partager mes idées en ce qui concerne l'amélioration des coopératives et de leurs structures de soutien dans tout le Canada.
Nous vous présentons diverses suggestions susceptibles de favoriser la création d'emplois et la croissance future de l'économie canadienne, par les Canadiens et pour les Canadiens. Voici les recommandations d'Ag Energy.
Premièrement, reconnaître que les coopératives sont un modèle de gestion vital et viable que les Canadiens peuvent utiliser pour compléter les définitions existantes de structures d'entreprise — par exemple, les entreprises à propriétaire unique, les partenariats, les coentreprises, etc.
Deuxièmement, veiller à ce que la Loi sur les sociétés coopératives devienne dans toutes les provinces le « porte-étendard » ou le modèle à suivre en vue d'améliorer graduellement leurs propres lois à cet égard afin d'assurer la viabilité, l'innovation et la rationalisation des dépenses.
Troisièmement, réduire toutes les formes de bureaucratie dans les processus qui régissent et soutiennent les coopératives, et ce, sans égard au genre de coopérative ou au secteur desservi.
Quatrièmement, éliminer toutes les limites ou les embûches qui empêchent les coopératives d'avoir accès aux capitaux, au financement, au soutien d'un centre d'innovation, aux programmes gouvernementaux, etc., qui sont actuellement offerts aux entreprises en démarrage ou émergentes. Il faudrait par exemple une sorte de programme d'action positive ou d'équité des coopératives comportant des lignes directrices explicites, un programme de sensibilisation positif et accessible à tous. Le programme devrait produire des rapports fondés sur des données tangibles afin de prouver son efficacité et ses avantages pour le secteur coopératif. On peut aussi songer à modifier les programmes existants qui semblent arbitrairement fermés aux coopératives en raison d'un manque de compréhension de la part des responsables ou d'une portée trop restreinte. À cet égard, je songe par exemple aux programmes d'investissement providentiel qui apportent une participation égale à celle des programmes de la FedDev — jusqu'à concurrence de un million de dollars —, pour des investisseurs accrédités.
Cinquièmement, envisager de soutenir les entreprises coopératives en exigeant que la totalité — ou du moins un plus grand nombre — des programmes d'aide financière comportent notamment comme critère de financement l'apport d'avantages et d'un soutien plus étendus dans la collectivité. Même si d'autres entités peuvent aussi remplir ces critères, il reste que les coopératives soient particulièrement bien placées pour le faire, précisément parce qu'elles évoluent au sein des collectivités et des entreprises locales. Bon nombre de programmes exigent déjà des requérants de démontrer qu'ils offrent des avantages à la collectivité. Le fait d'étendre ces critères à un plus grand nombre de programmes contribuerait à stimuler les coopératives.
Sixièmement, réinstaller le Secrétariat aux coopératives à Industrie Canada ou à Service Canada afin d'assurer une plus vaste représentation de toutes les coopératives dans tous les secteurs, tout en veillant à ce que toute l'expertise soit maintenue ou améliorée.
Septièmement, créer deux comités consultatifs pour le Secrétariat aux coopératives pour représenter toutes les provinces et un large éventail d'industries coopératives. On souhaite que les représentants soient recrutés au sein du secteur coopératif, et non parmi les fonctionnaires du gouvernement. On suggère qu'il y ait une représentation distincte pour le secteur à but lucratif et le secteur à but non lucratif, et que l'on relève d'un comité exécutif qui engloberait les deux.
Huitièmement, établir pour les coopératives une présence orientée Web dotée d'outils pour favoriser la croissance et le développement, de la capacité de communiquer les réussites et les pratiques exemplaires et de moyens visant à assurer la formation continue des membres de la collectivité des coopératives. Cette présence pourrait prendre la forme d'un centre d'apprentissage et de partage coopératifs, équipé de ressources et d'outils, mais sans l'infrastructure matérielle onéreuse des centres traditionnels.
Neuvièmement, créer un programme de perfectionnement des membres des conseils d'administration ou des administrateurs pour améliorer les trousses de formation existantes ou en élaborer de nouvelles, un peu sur le modèle de l'Institut des administrateurs de sociétés, l'ICD. Le financement sera assuré par les futurs frais d'utilisation. Il faudrait veiller à ce que le modèle soit abordable, en comparaison de la structure de l'ICD.
Dixièmement, améliorer les moyens de financement des coopératives, que ce soit par le truchement de crédits d'impôt, de REER autogérés ou d'autres mesures d'encouragement, pour créer des emplois ou produire des recettes fiscales dans les collectivités où les coopératives évoluent.
Onzièmement, modifier la Loi de l'impôt sur le revenu de manière à stipuler clairement que les coopératives peuvent détenir plus de 10 p. 100 de l'avoir propre des sociétaires sous la forme d'investissements dans des REER autogérés.
Douzièmement, éliminer la clause de révision entourant les actions privilégiées à impôt reporté qui est en place jusqu'en 2016 ou la prolonger pour une autre période de 10 ans, jusqu'en 2026. Ce faisant, on améliorerait encore davantage le financement continu des coopératives.
Treizièmement, envisager d'étendre les actions privilégiées à impôt reporté au-delà des coopératives agricoles, afin que toutes les coopératives puissent utiliser ce moyen de conserver les capitaux des membres au sein de la coopérative.
Finalement, créer une entité, semblable à Technologies du développement durable Canada à l'appui de la commercialisation des coopératives à but lucratif. Cette entité pourrait être centrée sur les coopératives à but lucratif pour produire plus de retombées dans les collectivités. Ces coopératives peuvent être régies et financées de la même manière que Technologies du développement durable Canada. Le gouvernement fédéral pourrait fournir les capitaux de lancement pour la structure initiale, et les membres du conseil d'administration ou les administrateurs pourraient être issus de diverses sociétés coopératives et être représentatifs d'un éventail d'industries. Cette action serait doublement avantageuse, car elle permettrait de veiller à ce que les bénéfices et la propriété demeurent au Canada et elle contribuerait à ce que le mouvement coopératif se dote d'un véhicule de financement commun qui tienne compte de l'innovation ayant un potentiel sur la scène internationale.
Au nom du conseil d'administration, des employés et des membres d'Ag Energy Co-operative Ltd, nous vous remercions de votre attention. Nous attendons avec plaisir vos questions et la publication de votre rapport et nous accueillerons favorablement les améliorations que vous pourriez apporter à la suite de votre examen.
Merci.
La Coop fédérée est la deuxième plus importante coopérative non financière au Canada. Elle est également une fédération en coopérative agricole et agroalimentaire canadienne qui compte 106 coopératives membres, lesquelles regroupent près de 90 000 membres.
La Coop fédérée et son réseau de coopératives affiliées cumulent un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards de dollars et procurent des emplois à près de 16 000 Canadiens, principalement dans quatre provinces canadiennes. Nos activités sont concentrées au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario, mais par le biais de notre filiale Olymel, société en commandite, nous avons aussi des activités en Alberta et des bureaux de vente au Japon et en Australie.
La Coop fédérée et ses coopératives affiliées oeuvrent principalement dans le secteur de l'approvisionnement, des intrants de ferme, de la distribution des produits de quincaillerie et des produits pétroliers. La Coop fédérée est ainsi le plus important distributeur de fertilisants agricoles dans l'est du Canada et l'un des plus importants distributeurs indépendants de produits pétroliers.
La Coop fédérée et quelques-unes de ses coopératives membres sont également impliquées dans le secteur de la transformation des aliments et plusieurs de nos coopératives membres sont également présentes dans le marché de la distribution alimentaire. Par le biais de sa filiale Olymel, la Coop fédérée est l'un des plus importants transformateurs de porc et de volaille au Canada et exporte pour plus d'un demi-milliard de dollars de découpe de porc dans plus d'une cinquantaine de pays.
La Coop fédérée est donc au coeur d'un modèle organisationnel qui regroupe des producteurs agricoles, des citoyens consommateurs et des distributeurs alimentaires et des transformateurs. À cet égard, cela nous donne, je crois, un point de vue unique sur notre secteur d'activités.
Comment le secteur coopératif innove-t-il pour répondre aux besoins de ses membres? De par leur nature coopérative, la Coop fédérée et son réseau de coopératives affiliées sont des partenaires naturels de ceux qui ont à coeur le développement de leurs communautés. Bien implanté dans l'ensemble des régions du Québec, de l'Est ontarien et du Nouveau-Brunswick, le Réseau La Coop a mis au point un modèle d'entreprise pour les communautés en voie de dévitalisation, permettant à ces dernières de maintenir des services de base à leurs concitoyens.
Ces quincailleries, stations-service et dépanneurs sont aujourd'hui le pendant moderne du magasin général d'antan. Plus de 15 de ces entreprises sont maintenant en opération et assurent les services de base de leurs communautés, contribuant ainsi à mettre un frein à la dévitalisation de ces communautés.
Nous entendons poursuivre le développement de cette nouvelle formule partout où cela sera possible. Inscrits parmi les plus importants employeurs du Canada, La Coop fédérée et son réseau de coopératives affiliées constituent également un important agent de développement économique des régions. Le Réseau La Coop est engagé depuis maintenant près de cinq ans dans un vaste projet de restructuration baptisé projet Chrysalide.
Cette réforme vise la mise en commun des actifs de production et des services agricoles des coopératives participantes, pour faire en sorte que ces dernières fonctionnent dans ce domaine comme si elles n’étaient qu’une seule et même entreprise. Cette nouvelle approche est innovante en matière de gestion puisqu’elle permet les économies d’échelle et la masse critique normalement générées par des fusions d’entreprises, tout en conservant l’implication locale et le sentiment d’appartenance des communautés.
Elle devrait générer des économies récurrentes de plusieurs dizaines de millions de dollars qui profiteront à nos membres et, indirectement, aux économies de chaque région. Bien entendu, qui parle de restructuration parle généralement de fermeture d’établissements et de mises à pied. Le projet Chrysalide prévoit en effet la fermeture de plusieurs établissements, mais qui sont généralement remplacés par d’autres activités plus génératrices d’emplois.
À cet égard, le Réseau La Coop s’est résolument engagé dans le développement durable de ses activités et dans la valorisation de la biomasse agricole pour la production d’énergie. Plusieurs projets-pilotes de production de bioénergie à partir de la biomasse agricole sont en cours et nous nous sommes récemment associés à un groupe de chercheurs du Manitoba, Prairie Bio-Energy Inc., pour la commercialisation des technologies mises au point par ces derniers et le développement d’une filière de production et de distribution d’énergie à partir de la biomasse agricole et forestière.
En matière d’innovation, la Coop fédérée est d’ailleurs impliquée dans de nombreux projets, notamment par le biais de sa participation dans Cooperative Research Farms, le plus grand réseau de recherche privé en alimentation, une coopérative en Amérique du Nord, et par l'entremise de ses propres fermes de recherche. Nous sommes également impliqués dans un projet de production d’éthanol cellulosique, et dans un partenariat pour le fractionnement des molécules de biomasse agricole et pour la fabrication de bioproduits.
Toujours dans l’optique de son engagement envers le développement durable, la Coop fédérée, en partenariat avec l’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie et d’autres acteurs de l’économie québécoise, est à mettre sur pied une coopérative d’agrégation de crédits de carbone afin de faire profiter d’économies d’échelle les entreprises canadiennes qui désirent s’inscrire dans cette nouvelle économie du carbone qui se dessine.
Ce projet s’inscrit dans la volonté exprimée par les dirigeants du Réseau La Coop de se préparer aux engagements du gouvernement du Québec en matière de changements climatiques, d’être en mesure de saisir les occasions qui pourraient se présenter sur un futur marché du carbone et d’informer et outiller le Réseau La Coop en matière de changements climatiques et d’efficacité énergétique.
Dans le cadre de son projet Chrysalide, le Réseau La Coop s’est aussi investi dans un vaste programme de modernisation des structures informatiques du réseau. Ce faisant, une pression accrue est mise sur les entreprises de télécommunication pour la modernisation de leur réseau afin de permettre l’introduction des plus récentes technologies en région. Nous vivons maintenant dans une économie du savoir et le retard technologique des infrastructures de communication des régions rurales pénalisent grandement son développement.
La Coop fédérée est d’avis qu’une action concertée des principaux acteurs économiques des régions, accompagnée d’une politique dynamique d’incitation financière à cet égard de la part de nos deux ordres de gouvernements, serait en mesure d’accélérer le développement d’Internet haute vitesse et de la téléphonie numérique dans l’ensemble des territoires.
Près de 30 millions de dollars auront été investis par le Réseau La Coop dans la modernisation de ses infrastructures informatiques et de communication pour une période de cinq ans. L’ensemble de ces actions et projets témoignent de l’engagement de la Coop fédérée et du Réseau La Coop envers le développement durable des communautés rurales et périurbaines.
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Monsieur le président, quels sont les moyens à la disposition du gouvernement pour donner davantage de soutien et de place aux coopératives canadiennes?
Disons d'abord qu'une économie saine et équilibrée repose, selon nous, sur trois piliers: un secteur privé dynamique et performant, un secteur public compétent et efficace et un secteur d'économie sociale et coopérative qui permet la responsabilisation et la prise en charge collective des individus en vue de la satisfaction de leurs besoins.
Outre ces services d'accompagnement de son propre réseau de coopératives affiliées, la Coop fédérée participe activement au développement du mouvement coopératif au Québec en soutenant financièrement des activités structurantes comme la Table de concertation pour le développement coopératif et mutualiste de Montréal ou en participant financièrement, en partenariat avec le gouvernement du Québec, à un programme de soutien à la mise en place de nouvelles coopératives.
Le gouvernement fédéral a, lui aussi, un rôle à jouer dans le développement et la mise en place de coopératives au Canada, tout comme il soutient les entreprises privées lors de leur création.
Le rétablissement d’un fonds dédié à l’établissement de nouvelles coopératives serait en soi un pas dans la bonne direction. Le transfert de la responsabilité du Secrétariat aux affaires rurales et aux coopératives au ministère de l’Industrie du Canada pourrait aussi être une bonne initiative, si elle est accompagnée des ressources suffisantes pour que ce dernier puisse pleinement jouer son rôle. Il est important que, dans les politiques de développement du ministère, on puisse favoriser, ou ne pas défavoriser, le mouvement des coopératives et s'assurer de leur place dans le développement de l'industrie au Canada.
Pour être efficace, le développement des coopératives canadiennes doit être adéquatement accompagné. De plus, comme les coopératives constituent un mode d’organisation économique différent des entreprises à capital-actions, un secrétariat aux coopératives efficace permettrait d’éviter que des réglementations ou des législations ne soient élaborées sans tenir compte de leur impact sur le secteur coopératif.
De façon plus spécifique à notre secteur d’activité, une récente étude de l’OCDE confirme que la part relative des dépenses alimentaires des familles canadiennes dans les dépenses totales des ménages est relativement faible au Canada, comparativement à plusieurs autres pays du monde. Cette proportion, évaluée à 9 p. 100, au Canada, s’élève à 7 p. 100 aux États-Unis, à 14 p. 100, en France, et à 35 p. 100, en Chine. Cela montre que les Canadiens ont un système alimentaire assez efficace.
Du point de vue du consommateur et malgré les récentes hausses liées à l’hypervolatilité des marchés, on peut donc conclure que l’efficacité de nos secteurs agricole et agroalimentaire font partie du dynamisme du Canada.
Cependant, le bon rendement de nos secteurs agricole et agroalimentaire, qui sont au coeur de l’économie des régions, pourrait fort bien se dégrader de façon significative si l’on persiste à libéraliser le commerce des denrées agricoles sans tenir compte des spécificités propres à ce secteur d’activité. L’agriculture et l’alimentation ne peuvent être une simple monnaie d’échange dans le processus de libéralisation du commerce international.
La Coop fédérée étant une coopérative agroalimentaire, nous tenons à transmettre notre message sur la place de l'agroalimentaire dans l'économie canadienne. Dans ce domaine, les coopératives agricoles sont très présentes. Une bonne part du secteur de l'agroalimentaire est occupé par les coopératives. Vous aurez un peu plus de nomenclature au cours des prochains jours. Nous pensons que le secteur de l'agroalimentaire doit rester, en partie, réglementé.
La Coop fédérée est d’avis que la libéralisation du commerce des denrées agricoles est souhaitable, mais que celle-ci doit faire l’objet d’une négociation spécifique entre l’ensemble des nations qui tiennent compte d'enjeux comme la sécurité et la souveraineté alimentaire des populations.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, membres du comité, je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui.
Il est très important pour toutes les régions du Canada que vous compreniez bien et que nous soyons tous favorables au développement d'un outil qui permet de construire une économie et une société plus fortes.
Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité réunit une quarantaine d'organisations et de regroupements coopératifs et mutualistes d'envergure, québécois ou canadiens. Il représente 3 300 coopératives et mutuelles du Québec qui procurent de l'emploi à plus de 92 000 personnes et regroupe plus de 8,8 millions de membres. Ensemble, ces coopératives génèrent 25 milliards de dollars en chiffre d'affaires et possèdent des actifs évalués à plus de 173 milliards de dollars. En 2009 seulement, nos coopératives ont versé plus de 800 millions de dollars en ristournes. Quand on pense que 75 p. 100 des activités se tiennent dans les régions, on voit que c'est de l'argent qui est retourné dans nos milieux. On parle de 85 millions de dollars en dons, commandites et engagements dans les communautés. C'est là l'étonnant pouvoir des coopératives.
Au Québec, à l'occasion de l'Année internationale des coopératives, nous avons reçu l'appui de plus de 30 organisations québécoises de tous horizons ainsi que celui du gouvernement du Québec, qui a donné son appui à une déclaration. Ces organisations syndicales, patronales, de développement économique, du milieu environnemental, du milieu scolaire ou des fédérations municipales ont recommandé, notamment, la mise en place de conditions favorables au développement des coopératives et des mutuelles adaptées à leur nature et à leurs fonctions qui respectent leur autonomie. Cet appui considérable est en soi un appui clair des acteurs socioéconomiques au Québec. Ceux-ci reconnaissent l'apport des coopératives et des mutuelles dans le développement socioéconomique, et la capacité des coopératives à participer à la prospérité durable en répondant aux besoins socioéconomiques de la population.
À l'instar de la diversité dans la nature, il est important de stimuler la diversité des formes d'entreprises pour avoir une économie forte. Nous sommes profondément convaincus qu'en stimulant le développement des coopératives dans de nouveaux champs d'activité, en suscitant l'innovation, l'économie canadienne se renforcera et contribuera à sa prospérité. Les coopératives sont présentes dans de nouveaux créneaux de l'économie permettant de répondre aux nouveaux besoins des Canadiens et des Canadiennes tant en milieu rural qu'urbain: énergie renouvelable, aide domestique et soins à domicile, garderies, intégration des nouveaux arrivants, transport, récréotourisme, santé, services de proximité, industries culturelles, industries manufacturières, etc.
Elles constituent aussi un excellent moyen d'assurer la pérennité d'entreprises qui auront à faire face à l'absence de relève attribuable au vieillissement des chefs d'entreprise. L'excellent taux de survie des coopératives, le double de celui des autres entreprises, est un fort stimulant et un incitatif à accompagner le développement des nouvelles entreprises coopératives.
De leur côté, les plus grandes coopératives sont à l'heure de la mondialisation et permettent la mise en marché de produits canadiens partout sur la planète. Les coopératives sont des plaques tournantes économiques importantes pour des milliers de Canadiens dans toutes les régions du pays. En 2008, 63 p. 100 des nouvelles coopératives constituées au Canada provenaient du Québec comparativement à 43 p. 100 en 2004. Que s'est-il passé? Le taux de survie des coopératives n'est pas étranger aux efforts conjoints du mouvement coopératif québécois et du gouvernement québécois pour les aider dans leurs stades de développement. C'est pourquoi il faut s'assurer de la présence de services spécialisés en soutien aux entreprises coopératives et que ces services soient assurés par des réseaux coopératifs dans une approche qui favorise l'intercoopération et le développement d'entreprises viables et durables.
Ce modèle d'appui au développement coopératif pourrait être aussi mis de l'avant pour l'ensemble du Canada. En s'appuyant sur un partenariat avec les conseils provinciaux de coopératives et leurs partenaires, l'exemple de l'Initiative de développement des coopératives était un premier pas. Coordonnée avec les mesures provinciales, elle permettait innovation, renforcement, et effet de levier.
D'ailleurs, au Québec, les mesures de l'IDC étaient coordonnées avec l'ensemble de la gestion des programmes québécois au sein d'un comité administré par le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, ce qui permettait d'éviter toutes les erreurs qu'on voit parfois lorsqu'il y a dédoublement de programmes. Les intervenants pouvaient voir tous les projets. Cela permettait ainsi d'avoir un regard global et efficace.
Le fait que les coopératives soient détenues par leurs membres et le fait qu'il ne soit pas possible d'effectuer des transactions avec leurs parts, comme c'est le cas dans les entreprises privées, sont les principaux facteurs qui engendrent la problématique de capitalisation des entreprises coopératives. Le modèle d'affaires coopératif, avec sa règle « un membre, une voix », favorise la propriété et le contrôle des entreprises coopératives. Ce sont les membres, plutôt que les investisseurs externes, qui détiennent les parts sociales de la coopérative.
De plus, les coopératives distribuent généralement leurs profits parmi leurs membres propriétaires en fonction de l'importance de leurs transactions avec elles, c'est-à-dire le lien d'usage, plutôt qu'en fonction du nombre d'actions qu'elles détiennent. Ces différences donnent une très grande force à nos entreprises parce que, en situation de fluctuation de marchés, de situation un peu moins prospère, les membres des coopératives ont une patience que n'ont pas les actionnaires qui sont soumis à ce qu'on appelle la tyrannie du trimestre. En effet, à tous les trois mois, les résultats paraissent dans les journaux et les actions ont baissé ou descendu et le capital se promène. Dans les coopératives, il y a beaucoup plus de stabilité. Cependant, cela rend les coopératives moins attrayantes auprès des investisseurs en capital de risque.
Comme l'a indiqué le rapport d'Ernst & Young, la mondialisation, la consolidation, la technologie, les impératifs de la protection environnementale et l'intensification de la concurrence concourent à accroître les besoins en capitaux des coopératives. Dans ce contexte, elles doivent recourir davantage à l'investissement de leurs membres pour acquérir des capitaux propres dont elles ont besoin. Les politiques gouvernementales qui favorisent de tels apports en capitaux peuvent avoir une influence décisive sur le développement des coopératives, des communautés et de nos économies régionales.
La législation fiscale canadienne ne tient pas adéquatement compte des particularités des coopératives, ce qui entraîne certaines iniquités sur le plan fiscal pour ces dernières. On peut donner l'exemple des applications défaillantes du principe d'intégration. On en a parlé un peu, c'est la base de notre régime fiscal. Le choix du véhicule juridique par lequel le contribuable gagne ses revenus ne devrait pas avoir d'incidence sur l'impôt qu'il a à payer. Cependant, ces mécanismes ne sont pas toujours applicables aux coopératives, ce qui provoque des iniquités au détriment des membres des coopératives. Elle peuvent décourager l'investissement au sein des coopératives. On parle ici des dividendes en capital, de l'imposition des revenus de placement et de l'imposition des revenus provenant d'une filiale.
De cette défaillance découlent des écarts d'imposition importants concernant, par exemple, le gain en capital. En effet, l'imposition maximale supplémentaire pour une coopérative peut aller jusqu'à 21 p. 100. On parle aussi des revenus de placements de 4 p. 100 et dans le cas des revenus provenant d'une filiale, on parle de 15 p. 100. Nous avons une étude, dont Mme Gagné a parlé, des fiscalistes de la firme Mallette, qui fait état de ces problèmes. À l'occasion de 2012, on incite nos gouvernements à regarder ces questions et à redresser la situation.
La question de la détention de parts de coopérative dans un REER commence à poser des problèmes majeurs. Dans le budget fédéral de 2011, les règles relatives à la détention de parts de coopératives dans un régime enregistré ont été modifiées de manière importante. Lorsqu'un membre d'une coopérative détient plus de 10 p. 100 du capital d'une coopérative, il n'est plus admissible et est soumis à de lourdes pénalités en ce qui concerne les REER. Cette règle a pour but d'éviter un problème de roulement de fonds et d'abus de mesures, ce qui ne peut pas se produire normalement dans une coopérative parce que le transfert de parts de REER n'est pas lié au pouvoir décisionnel de l'entreprise. C'est un bel exemple de la difficulté des législateurs et de ceux qui établissent les réglementations de bien tenir compte des particularités coopératives.
Nous avons quelques recommandations que j'aimerais souligner.
Premièrement, nous recommandons que le gouvernement mette en place un environnement propice au développement des coopératives, adapté à leur nature et à leurs fonctions.
Deuxièmement, nous recommandons que le gouvernement tienne compte de la spécificité des coopératives dans tous les programmes, lois et mesures destinés aux entreprises, à moins de motifs précis de ne pas les inclure. C'est un engagement que le gouvernement du Québec vient de prendre dans sa stratégie de l'entrepreneuriat. Je pense qu'il serait intéressant que le gouvernement canadien s'engage dans la même direction.
Troisièmement, nous recommandons que le gouvernement canadien mette en oeuvre un partenariat relativement au développement des coopératives pour appuyer la création d'entreprises coopératives partout au Canada.
Quatrièmement, nous recommandons que le gouvernement canadien revoie l'ensemble de l'environnement fiscal des coopératives dans le but de réduire, voire d'éliminer les situations d'iniquités fiscales qu'elles subissent.
Je n'ai pas eu le temps d'en parler en détail, mais en conclusion, j'aimerais souligner que l'étude de Ernst & Young, dont je parlais, faisait référence à la mise en place d'un régime d'investissement coopératif fédéral à l'image du régime d'investissement coopératif au Québec. Nos études démontrent à quel point ce régime serait rentable pour les revenus du gouvernement canadien. Ce ne serait donc pas un poste de dépenses, mais un poste d'investissement.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
J'aimerais remercier les témoins de leur présence aujourd'hui.
Selon moi, il est très important de tenir des réunions sur des coopératives parce que cette semaine, les Canadiens ont l'occasion d'apprendre sur ce sujet et d'être informés des succès des coopératives. Il y a beaucoup de témoignages qui soulignent les succès et la force des coopératives dans les communautés, partout au Canada.
[Traduction]
Je veux poser une question sur certains commentaires qui ont été formulés il y a quelques jours au sujet des programmes gouvernementaux et des difficultés qu'ont parfois les coopératives à s'en prévaloir.
Je regardais quelques exemples, hier. Les entreprises et les coopératives semblent être équitablement traitées. À l'heure actuelle, par exemple, les coopératives et les entreprises ont droit à des taux d'imposition commerciale plus faibles et elles ont accès au programme d'amortissement accéléré, en particulier dans le secteur manufacturier. Les taux d'imposition préférentiels pour les dividendes s'appliquent aussi bien aux entreprises qu'aux coopératives. Il ne semble pas y avoir de distinction.
Mais la représentante d'Ag Energy Co-operative, a dit quelque chose à ce sujet. Rose-Marie, vous avez parlé de modifier les programmes existants qui semblent arbitrairement fermés aux coopératives en raison d'un manque de compréhension ou d'une vision étroite des responsables.
Un certain nombre de coopératives nous ont soumis ce que j'appellerais des commentaires généraux, sans nous donner d'exemples précis. Je sais bien que cela est difficile. Si vous mentionnez un projet précis, ce projet n'a peut-être pas obtenu une cote suffisante. Je peux vous dire que dans ma circonscription, souvent, un certain montant est alloué pour les programmes mais la demande est généralement bien supérieure à ce montant, elle est de 7 à 10 fois plus importante. Alors si vous avez un million de dollars à distribuer, les demandes que vous recevez s'élèvent à 7 ou 10 milliards de dollars. Vous ne pouvez pas toutes les approuver.
J'aimerais que vous nous donniez quelques exemples concrets — sans nécessairement nommer de projets — de ce que vous percevez comme des obstacles. Je ne pense pas que les programmes gouvernementaux sont structurés de façon à exclure les coopératives. Je pense qu'ils sont ouverts à toutes les entreprises et que toutes sont évaluées et classées de la même façon, et qu'elles sont financées lorsque cela est possible.
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Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité de m'avoir invité à participé à cette importante étude sur les possibilités et les défis qui attendent le secteur des coopératives au Canada.
Je suis John Lahey, président et chef de la direction de la Caisse Alterna, dont le siège social est ici à Ottawa.
Mon objectif aujourd'hui est de vous aider à mieux mesurer l'impact positif que les coopératives financières ou les coopératives de crédit ont sur la vie de Canadiens mal servis ou marginalisés.
La Caisse Alterna a une fière histoire qui remonte à plus d'un siècle. En 1908, les banques ne s'occupaient pas de prêter de l'argent aux simples citoyens et à cette époque, il n'y avait aucune solution de rechange légitime à laquelle les Canadiens pouvaient s'adresser. La Coopérative de crédit du service civil, la première caisse populaire canadienne établie à l'extérieur du Québec, a été fondée à Ottawa en réaction aux usuriers qui exigeaient de leurs clients un taux d'intérêt astronomique de 200 p. 100 par an et qui faisaient des affaires, nous dit-on, ici même sur la Colline parlementaire.
Peut-être que l'endroit où ils faisaient des affaires est un mythe amusant, mais ce qui est vrai, c'est que les membres de la coopérative de crédit ont mis en commun des ressources pour s'entraider et ce faisant, ils ont pu offrir des services de dépôt et de crédit beaucoup plus abordables. En 2005, la Coopérative de crédit du service civil basée à Ottawa et la Metro Credit Union se sont fusionnées pour former la Caisse Alterna.
La Caisse Alterna qui détient aujourd'hui 2,3 milliards de dollars d'actifs et qui emploie quelque 450 personnes offre des services financiers à ses membres dans 22 succursales situées dans la région métropolitaine de Toronto, dans la région de la capitale nationale ainsi qu'à Kingston, North Bay et Pembroke. Nos clients du Québec reçoivent des services des deux succursales à Gatineau de notre filiale en propriété exclusive, la Banque Alterna.
Comme la plupart des coopératives, nous soutenons aussi énergiquement les collectivités que nous servons. En 2011, nous avons investi 4,24 p. 100 de nos gains avant impôt dans le développement économique local, plus du double de notre engagement minimum cible de 2 p. 100.
Je sais que vous avez entendu et que vous continuerez d'entendre de la part de témoins les mérites des coopératives et la façon dont le gouvernement peut utiliser ses lois, ses règlements et ses subsides pour aider les coopératives du Canada à conserver leur fiche enviable de réussite. J'aimerais passer une heure à étayer chacune de ces suggestions, l'une après l'autre, mais compte tenu des contraintes de temps, j'ai choisi de cibler ma déclaration pour vous décrire deux exemples concrets de la façon dont les coopératives ont un impact positif sur la vie de Canadiens mal desservis et marginalisés.
Grâce à un modèle d'affaire éprouvé, les coopératives sont reconnues dans le monde entier comme un moyen efficace de renforcer le développement économique local. De fait, les coopératives de crédit ont été formées expressément à cette fin. L'objectif était d'ouvrir l'accès aux services financiers aux citoyens et aux entrepreneurs locaux nécessaires pour édifier des collectivités dynamiques et enviables. Au cours des 100 ans et plus d'histoire de la Caisse Alterna, les défis de l'accès ont sans cesse évolué, mais aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a toujours eu des gens dans nos collectivités qui ont eu des difficultés à accéder à notre régime financier. Les coopératives de crédit se sont toujours concentrées sur l'accès, sur l'entraide, et la Caisse Alterna ne fait pas exception.
Notre statut de longue date de pionnier de la microfinance est un exemple. Notre programme de microfinance a pour objectif de promouvoir l'entreprenariat, de favoriser la création d'emplois et de contribuer à l'essor économique de nos collectivités. Pour ce faire, nous nous associons aux principales organisations communautaires pour fournir un financement grandement nécessaire à des entrepreneurs qui ne remplissent simplement pas les critères d'admissibilité de leurs banques locales. D'après notre expérience, ce manque d'accès est particulièrement aigu pour les néo-Canadiens, les Canadiens présentant un risque élevé et les personnes marginalisées.
Comme nous voulions évaluer les résultats de notre intervention en microfinance, nous avons confié cette tâche au Centre d'innovation communautaire de l'université Carleton. Toutefois, avant d'amorcer ce travail, nous étions déjà sûrs d'une chose: notre coopérative financière ne fait pas d'argent avec son programme de microfinance. Au mieux, nous restons au seuil de la rentabilité. Voilà pourquoi, bien sûr, les banques ne le font pas.
Nous voulions savoir si le programme produit le genre de bénéfices sociaux quantifiables qui font que le jeu en vaut la chandelle, et l'étude de Carleton l'a confirmé. Le microfinancement aide des gens à apporter une plus grande contribution à leur collectivité en améliorant la qualité de vie, en réduisant la dépendance vis-à-vis de l'aide gouvernementale, en augmentant la création d'emplois et en favorisant l'essor des entreprises.
J'ai apporté des exemplaires de l'étude de Carleton que vous pourrez consulter à loisir. Elle décrit pourquoi ce programme est si important dans les efforts de développement économique local de la Caisse Alterna.
Vous pourrez toutefois mieux mesurer l'impact de notre programme si je vous raconte une histoire. L'un des faits étonnants que l'étude de Carleton a révélé est que 95 p. 100 des entreprises financées par le programme de microfinance de la Caisse Alterna au cours de la dernière décennie sont toujours en activité. Parmi ces entrepreneurs, il y avait une mère célibataire qui occupait deux emplois pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants, une mère qui se démenait pour procurer les nécessités de base à sa famille. Avec l'aide d'un microprêt de 5 000 $ de la Caisse Alterna pour lancer une entreprise de services de soins de santé, nous sommes heureux de rapporter que l'entreprise emploie aujourd'hui près de 40 membres de la collectivité, qu'elle génère plus de 1 million de dollars de revenus annuels et qu'elle est un apport solide à notre économie.
Ces entreprises sont réelles. Elles paient des impôts, elles achètent des biens et des services et elles emploient des gens dans des postes de qualité. Nos collectivités se portent mieux de jour en jour grâce à ce programme.
Le deuxième exemple dont je voulais vous faire part aujourd'hui découle de notre travail bancaire dans le secteur coopératif global. Dans cet exemple, la Caisse Alterna participe fièrement à un effort qui illustre le pouvoir engendré par la coopération de coopératives.
La Co-operative Housing Federation of Toronto, ou CHFT, réunit 31 coopératives d'habitation à Toronto. Il y a quelques années, son directeur exécutif s'est mis en frais de changer les choses. Lui et plusieurs de ses collègues rêvaient de voir les jeunes qui grandissaient dans ces coopératives d'habitation avoir une chance de fréquenter l'université et de faire carrière.
Grâce à des parrainages de particuliers et de coopératives comme la Caisse Alterna de même qu'à des partenariats innovateurs avec toutes les universités et tous les collèges communautaires de la région de Toronto, CHFT a pu offrir des bourses d'études à plus de 200 jeunes pour poursuivre leurs études postsecondaires. En grande partie, ces jeunes viennent de familles à faible revenu ou immigrantes. De fait, dans bien des cas, ils sont les premiers de leur famille à fréquenter le collège ou l'université. Ces possibilités de poursuivre leurs études ouvrent de nouvelles portes importantes pour leur avenir.
D'ici la fin de 2013, CHFT prévoit avoir accordé plus de un million de dollars en bourses d'études postsecondaires à de jeunes gens méritants qui, en plus d'avoir du succès à l'école, ont participé activement au développement de la collectivité dans laquelle s'insère leur coopérative d'habitation. Ces bourses sont des exemples concrets de la façon dont un effort coopératif conjugué peut avoir un impact concret sur la vie des personnes qui vivent dans nos collectivités.
Grâce aux interventions de ses services financiers, la Caisse Alterna aide aussi d'autres coopératives au moyen d'un financement stratégique et de son offre de produits et services rentables. Par exemple, nous sommes fiers d'aider des organisations comme le Centre for Social Innovation de Toronto. Mieux connue sous le nom de CSI — non, pas l'émission de télévision —, le centre d'innovation sociale est un organisme qui offre des lieux de travail partagés, des possibilités sûres de réseautage à des gens d'affaires ayant une conscience sociale, de même que des services aux entreprises partagés.
L'avenir s'annonce difficile pour les institutions financières, en particulier pour les petites coopératives financières. Formée par la fusion de deux petites coopératives de crédit en 2005, la Caisse Alterna est un parfait exemple de la tendance au regroupement des coopératives de crédit canadiennes depuis les deux dernières décennies. Concrètement, la réalité est telle que, en Ontario du moins et dans une moindre mesure, à la grandeur du Canada, les coopératives financières devront se regrouper pour augmenter le degré de sophistication de leurs services si elles veulent survivre dans le marché émergent des services financiers.
À la Caisse Alterna, nous étions heureux lorsque le gouvernement du Canada a annoncé un projet de cadre réglementaire pour les coopératives de crédit constituées sous le régime des lois fédérales. Cela nous apparaît comme un développement positif et un progrès pour l'activité bancaire et financière coopérative au Canada.
Les Canadiens sont gâtés en ce qui concerne les services bancaires. Ils sont habitués à des institutions nationales auxquelles ils peuvent avoir accès en tout temps, où qu'ils soient. De nos jours, les coopératives de crédit comblent très efficacement la plupart de ces besoins, mais à mesure que la technologie rétrécit notre univers et que les attentes des consommateurs continuent d'évoluer, certaines coopératives de crédit voudront, et peut-être même devront, dépasser leurs frontières provinciales et étendre leur portée à d'autres provinces.
Ce nouveau projet de loi le permettra. Il offrira aux coopératives de crédit une option solide pour renforcer l'offre de services à leurs membres et par conséquent, pour favoriser l'essor à long terme des institutions financières coopératives au Canada. Nous sommes emballés par les perspectives d'un secteur des services financiers revigoré qui inclut l'option d'une caisse de crédit forte et grandissante pour nos membres et pour tous les Canadiens.
Avant de terminer, j'aimerais aborder un dernier point, c'est-à-dire le fardeau réglementaire toujours plus lourd imposé aux institutions financières et en particulier aux petites organisations.
À la Caisse Alterna, nous sommes conscients et d'accord qu'un cadre réglementaire solide est essentiel pour assurer la sécurité et la protection des Canadiens. Cependant, collectivement, nous craignons que la multiplication des règlements risque de submerger inutilement de petites coopératives financières. Dans la plupart des cas, les règlements sont appliqués systématiquement, sans égard à la taille ou à la complexité d'une institution. Le résultat est un coût de conformité relativement beaucoup plus élevé pour les coopératives de crédit.
Dans son rapport final, la Commission de réduction de la paperasse du gouvernement insistait sur le fait qu'une approche unique en matière de réglementation tend à imposer un fardeau disproportionné aux petites entreprises. Les coopératives de crédit sont de petites entreprises. De fait, la plupart des coopératives sont de petites entreprises.
Nous approuvons cette conclusion et nous exhortons le gouvernement à donner suite à son engagement d'exiger que les responsables de la réglementation examinent la réglementation actuelle et future sous l'angle d'une petite entreprise. Cette nouvelle perspective est nécessaire si nous voulons faire en sorte que les nouvelles règles et les règles en vigueur ne nuisent pas inutilement aux coopératives de crédit. Les coopératives de crédit livrent une solide concurrence aux grandes banques dans les collectivités à la grandeur du Canada. Nous ne demandons pas des règles spéciales, nous espérons simplement que la lentille des petites entreprises qui était promise dans le rapport de la Commission sur la réduction de la paperasse soit appliquée.
De fait, dans beaucoup de collectivités canadiennes, les coopératives de crédit sont les seuls fournisseurs de services financiers.
Les banques sont déjà largement avantagées en raison de leur taille et de leur portée. Ne donnons pas un avantage involontaire supplémentaire aux grandes banques en rendant la conformité réglementaire inutilement difficile pour les petites entreprises du secteur financier.
Monsieur le président, je conclus ainsi ma déclaration.
Au nom de la Caisse Alterna, je veux louer la décision du gouvernement d'entreprendre cette étude importante.
À la grandeur du Canada, les coopératives, dont des coopératives de crédit, célèbrent l'Année internationale des coopératives en 2012. Les coopératives ont joué et continuent de jouer un rôle essentiel dans l'édification de notre pays. Nous espérons que les idées que vous présenterez dans votre rapport final serviront à promouvoir et soutenir davantage la contribution des coopératives dans nos collectivités.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui et il me fera plaisir de répondre plus tard à vos questions.
Bon après-midi.
Nous ne sommes pas une coopérative. L'Excellence in Manufacturing Consortium est une association mutuelle, une organisation sans but lucratif enregistrée à charte fédérale. Nous ne sommes pas une coopérative, donc j'essaie encore de découvrir comment nous avons été invités à répondre à cette question, mais je vais vous raconter notre petite histoire.
Bien sûr, nos activités sont de nature coopérative. Nous avons approuvé la création d'une véritable coopérative, une coopérative d'achats, la première au Canada, mais je vais vous présenter un bref historique pour vous permettre de saisir un peu mieux qui nous sommes.
Quand je travaillais dans un système collégial à Owen Sound, en Ontario, environ à deux heures et demie au nord de Toronto, nous avions souvent l'occasion de faire collaborer les manufacturiers de cette collectivité. Nous nous sommes concentrés sur le secteur manufacturier entre autres raisons parce que ce secteur présente le grand avantage de créer de la richesse dans n'importe quelle collectivité — dans une petite localité, dans une province ou à la grandeur du pays. Je me suis donc concentré sur cette activité, en travaillant avec les manufacturiers, et j'en suis venu à très bien les connaître.
Vers cette époque, au milieu des années 1980, une usine de 500 employés a fermé et la fermeture a eu un effet dévastateur pour une collectivité de 19 000 personnes. Nous avons donc réuni tous les gestionnaires de l'usine et nous nous sommes demandé: « Bon, que pouvons-nous faire ici pour compenser ces effets? Nous n'allons pas réussir à attirer un autre employeur de 500 personnes dans l'Ontario rural »— c'était vrai à l'époque et c'est certainement vrai aujourd'hui—, nous nous sommes donc demandé si nous pouvions travailler de concert et continuer de nous entraider et de mettre en commun les ressources des uns et des autres. Nous avons fait des calculs et nous avons constaté que si nous le faisions pendant trois ans et si chacun de nous affichait une croissance de 5 p. 100 sur trois ans, nous pourrions remplacer cet employeur de 500 personnes. Nous étions 18 manufacturiers, dont trois d'assez grande taille.
Ce fut le point de départ de nombreuses activités vraiment intéressantes. Nous disons que nous partageons et volons avec fierté, de façon informelle, mais il s'agit en réalité d'amener les manufacturiers à mettre en commun leurs ressources, leurs idées, leur résolution de problèmes, et nous facilitons le processus. Nous réunissons les manufacturiers. Nous avons 55 consortiums régionaux à la grandeur de l'Ontario et sur la côte Est où nous réunissons régulièrement des manufacturiers pour les faire collaborer. Quand vous roulez sur n'importe quelle rue dans une zone industrielle et que vous voyez des édifices dans lesquels des centaines de personnes travaillent, ces personnes ont réglé des problèmes, et elles restent dans leur édifice sans dire mot. Nous les sortons des édifices et nous les faisons collaborer et, je me répète, s'entraider.
Nous avons grandi au fil des ans, comme je l'ai dit, au point d'avoir 55 consortiums régionaux dans l'Est du Canada. Nous avons récemment lancé un portail du secteur manufacturier, pour ainsi dire, un portail en ligne qui nous permettra de couvrir l'ensemble du Canada et d'aider des manufacturiers grâce à l'ère de l'apprentissage en ligne.
En Alberta, ils ont baptisé ce que nous faisons en Ontario et sur la côte Est du nom de « grappes industrielles ». Il s'agit de se réunir et de s'entraider. L'autre nouveauté, c'est que par l'entremise de la province de l'Alberta et de Productivity Alberta, un organe du gouvernement albertain, nous avons été invités à étendre notre activité à cette province, afin de créer cette capacité pour les collectivités — les petites collectivités en particulier — pour attirer leurs manufacturiers et les aider à collaborer et à s'améliorer pour être plus compétitifs et garder des emplois au Canada.
Une chose que nous avons faite en tant qu'association mutuelle en Ontario, parce que l'Ontario a déréglementé le secteur de l'énergie — l'Alberta et l'Ontario sont les deux seules provinces qui offrent des débouchés non réglementés —, c'est de former un groupe d'achats, pour ainsi dire, pas une coopérative, dans lequel nous avons regroupé des manufacturiers pour acheter de l'électricité et du gaz naturel. La force de ce groupe a été phénoménale. J'ai quelques résultats ici, si vous voulez en prendre connaissance. Par exemple, grâce à cette collaboration et parce que nous avons fait preuve de la diligence voulue pour trouver une tierce partie pour gérer la démarche, nous avons des manufacturiers de taille moyenne qui ont réussi à économiser facilement 100 000 $ par an simplement en exploitant la force de la collaboration dans une démarche de type coopératif.
Dès le début, qui remonte à plus de 15 ans, nous sommes toujours entrés en rapport avec les responsables des achats des édifices dans les différentes collectivités où nous étions présents et ceux-ci voulaient toujours que nous formions un groupe pour essayer d'économiser en achetant ceci et cela — un arrangement très complexe. Nous avons entendu les mêmes arguments pendant plusieurs années puis l'an dernier, nous n'avons pas formé une société, mais nous avons accordé une licence à une coopérative pour utiliser notre nom, une coopérative sans but lucratif. Nous faisons partie de la coopérative d'achats EMC. Elle est la propriété de ses membres. Elle a été lancée il y a un an seulement et elle commence à donner des résultats. C'est la seule du genre au Canada — pour le secteur manufacturier, s'entend. C'est la seule du genre au Canada, et aux États-Unis, il n'y a qu'une petite coopérative qui vivote.
L'adhésion à cette coopérative d'achats a été enthousiaste, ce qui pourrait vous intéresser. Je me répète, en collaborant... Je vais vous décrire un exemple très simple du pouvoir de ce groupe. Il concerne un de nos membres, un petit fabricant, un assembleur en réalité. Nous sommes allés le voir et nous lui avons demandé: « Où va votre argent, quel est votre plus grand poste de dépenses, mis à part la paie et ce genre de choses? » Il a fait le tour et il a examiné tous les menus articles et il a dit: « Je ne dépense pas beaucoup d'argent dans un poste en particulier. Je dépense un peu ici, un peu là, et encore un peu ailleurs. Nous lui avons demandé: « À qui faites-vous le plus gros chèque chaque année? » Il a répondu: « J'assemble ces petites pièces et je les expédie. Je dépense 500 000 $ par an en services de messagerie ». La lumière s'est faite et nous avons réuni quelques-uns de nos membres pour former un comité qui a communiqué avec tous les services de messagerie au Canada pour les réunir et en ce moment même, quelque quatre mois plus tard, ce jeune homme et son entreprise économisent désormais 45 p. 100. Il paie donc environ 200 000 $ de moins en frais d'expédition qu'auparavant, et c'est là le pouvoir des coopératives.
Je pourrais décrire encore pendant 45 minutes ce qu'EMC fait, mais essentiellement, il s'agit d'une association mutuelle dont les membres travaillent de concert...
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Merci, monsieur le président.
Sur cette note, lorsqu'ils proposent des idées que nous aimons, nous votons pour elles.
Messieurs Lahey et Diggins, merci d'être ici aujourd'hui.
Monsieur Diggins, merci de votre franchise, et même de votre confusion en ce qui concerne les raisons pour lesquelles vous avez été invité. Je crois que vous avez quand même présenté une communication pertinente sur la collaboration et, honnêtement, sur le pouvoir des économies d'échelle — sur la façon dont vous pouvez obtenir de meilleurs taux, lorsque vous vous regroupez dans un collectif sous différentes formes, pour vous-même ou dans le cas d'employés, pour obtenir de meilleures conditions de leur employeur. Je vous remercie donc d'être venu aujourd'hui.
J'adresserai mes questions à M. Lahey et à la Caisse Alterna. Quand j'étais plus jeune et trésorier des Jeunes néodémocrates de l'Ontario, nous étions membres de la Metro Credit Union et c'était toujours agréable de traiter avec son personnel. La caisse offrait des services que les grandes banques n'offraient pas et nous en étions certainement reconnaissants.
Si je comprends bien, Alterna fait partie d'un projet pilote qui collabore avec des coopératives d'habitation. Bien sûr, ces coopératives font face à de nombreux défis actuellement — principalement avec des immeubles qui ont 20, 30 ou 40 ans, les toitures qu'il faut remplacer, et les coûts d'infrastructure et d'immobilisation que cela comporte. De nombreuses coopératives ont encore des soldes d'hypothèques et par conséquent, elles tentent dans bien des cas de les combiner et de les prolonger pour refinancer et pouvoir payer ces projets d'immobilisation.
Je crois comprendre que la Caisse Alterna participe à quelques-uns de ces projets pilotes. Êtes-vous au courant? Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi ce projet consiste et pourquoi il sera avantageux pour les coopératives?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux d'être venus.
Tandis que M. Boughen posait la question et que M. Lahey donnait des explications — nous avons conversé plus tôt — j'ai cru bon de souligner que M. Lahey a été le PDG de FirstOntario, dont je suis membre depuis longtemps, mais cela remonte en réalité aux travailleurs de l'automobile, et en particulier à General Motors et non aux travailleurs de l'automobile à St. Catharines ou à Niagara, mais, de fait, à une usine. Il y avait ceux que nous surnommions familièrement « les hommes de la caisse » — parce que c'étaient des hommes à l'époque, et non des femmes — qui venaient vous trouver pour vous faire signer, en tant que nouvel employé à votre entrée dans la population active, pour adhérer à la coopérative de crédit. C'est ainsi qu'ils élargissaient leur bassin de membres.
Je pense à mon défunt frère, qui travaillait chez Ferranti-Packard et qui était aussi membre d'une coopérative de crédit chez Ferranti-Packard, dont John se souviendra, bien sûr. C'était une usine d'équipement électrique. Lorsque cette usine et d'autres ont fermé, les coopératives de crédit ont fermé également. L'histoire des coopératives de crédit en Ontario est liée à l'histoire de petits et grands fabricants. À une certaine époque en Ontario, il leur était interdit de se fusionner, donc lorsque les usines fermaient, elles fermaient elles aussi.
L'une de nos succursales, dont vous avez été le PDG, monsieur Lahey, était Holy Rosary à Thorold, qui était en réalité une coopérative de crédit paroissiale. Elle n'était pas rattachée à une usine ni à une société, c'était la caisse de la paroisse Holy Rosary de Thorold. La coopérative de crédit servait les paroissiens et vous deviez être membre de la paroisse pour adhérer à la coopérative de crédit. La dynamique était donc différente, à mon avis.
Je veux m'adresser à vous deux et le temps va me manquer.
Monsieur Lahey, pouvez-vous comparer les premiers 55 p. 100 de votre carrière avec la deuxième partie, en cours, et les secteurs du milieu bancaire dont vous veniez? Vous y avez passé une partie substantielle de votre carrière. Votre CV souligne à juste titre — ce que je savais déjà — que vous avez été un cadre supérieur de ce secteur pendant une longue période. Pouvez-vous comparer ce que vous avez constaté à votre arrivée dans le mouvement des coopératives de crédit et ce que vous avez vu par la suite? Pouvez-vous nous donner une idée des raisons pour lesquelles les coopératives de crédit sont vraiment nécessaires, pas seulement en Ontario, mais à la grandeur du pays?
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Oui. À l'intérieur de la Caisse Alterna, nous avons formé un groupe chargé du développement économique local, pour ainsi dire. Ce groupe est structuré comme un secteur d'activité, et le microfinancement en fait partie. Le programme avait été mis sur pied par l'ancienne Metro Credit Union il y a plus de 10 ans et il visait à aider les gens à ne plus dépendre de l'aide sociale. Il cible très explicitement les gens mal servis et défavorisés dans la collectivité.
Nous faisons deux ou trois choses qui, à mon avis, différencient notre approche de celle des autres. La première, c'est que nous exigeons que les participants suivent une formation en gestion d'entreprise. De nombreux programmes de microprêts que vous voyez à travers le pays ne l'exigent pas et par conséquent, leurs taux d'échec sont beaucoup plus élevés. Nous exigeons qu'ils le fassent. En grande partie, il s'agit en fait de formation subventionnée par le gouvernement du Canada. En passant, je vous en remercie.
La deuxième chose que nous exigeons d'eux est une analyse de rentabilisation. Beaucoup d'entre eux n'en ont jamais fait. Nous les aidons à mener à bien l'exercice. Nous leur servons de mentors, mais ils doivent produire une analyse de rentabilisation parce qu'à un jour, s'ils ont du succès, ils vont dépasser le stade des microprêts et ils vont devoir s'asseoir avec l'un des banquiers à l'ancienne ou peut-être avec l'un des banquiers de la nouvelle vague. Ils vont devoir les convaincre que leur entreprise est viable. Ils doivent donc savoir gérer l'entreprise.
La troisième chose que nous faisons, c'est d'agir comme des mentors pour eux. De fait, à bien des égards, nous leur tenons la main pendant une grande partie du processus. Je crois que c'est probablement ce qui nous distingue le plus.
L'autre point important pour la Caisse Alterna, c'est que l'Ontario est l'une des rares provinces qui n'accorde aucune subvention publique pour le microfinancement. Ainsi, nous supportons toutes les pertes éventuelles du programme.
Le programme est relativement petit, mais il est efficace. Il s'agit d'un élément important de notre intervention générale en matière de développement économique local, mais ce n'est pas le seul. Dans l'ensemble, le programme est rentable. Par rapport à notre bilan, nous essayons d'atteindre le seuil de rentabilité avec cet élément en particulier.
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Le principal moyen que nous utilisons pour les amener à travailler ensemble consiste à entrer dans une collectivité, un regroupement géographique de fabricants, et nous les invitons, avec un animateur, à s'entraider. C'est notre principale méthodologie. Une fois que nous l'avons fait à deux ou trois reprises dans la collectivité sur une base régulière, ils apprennent à reconnaître le pouvoir de l'entraide.
Nous ne sommes pas des consultants ni des formateurs pour nos manufacturiers; nous travaillons pour eux. Au fil des ans, nous les avons écoutés et nous avons mis au point les nombreux programmes et services dont ils ont besoin. Nous nous préparons bien à l'avance, suivant le principe de la diligence raisonnable.
Par exemple, pour le programme d'achat d'énergie dont j'ai parlé plus tôt, nous avons fait une année complète de recherche et de diligence raisonnable afin de découvrir la meilleure approche, de trouver les meilleurs animateurs dans la province pour concrétiser le projet, puis nous avons présenté le tout à nos membres. À mesure que nous avons mûri, ces relations de confiance que nous avons établies avec d'autres programmes ont porté leurs fruits.
Désormais, lorsqu'ils ont besoin de quoi que ce soit, les manufacturiers ont tendance à venir nous voir. Nous les écoutons et si nous pouvons les aider et aider plusieurs de nos membres, ou aider le groupe dans son ensemble, nous nous mettons alors au travail. C'est beaucoup de travail.
En ce qui concerne la capitalisation, nous faisons une grande partie du travail à l'avance pour tous les programmes que nous présentons à nos membres. Nous devons investir une grande partie de notre temps, de notre capital et de notre main-d'oeuvre pour garantir que nous obtenons la crème de la crème que nous pourrons présenter à nos manufacturiers.
Le programme d'achat énergie en est un. Bien que nous ne soyons qu'un membre parmi d'autres, la coopérative d'achats a fait elle aussi la même démarche de diligence raisonnable pour trouver la bonne compagnie capable d'administrer le programme pour les membres. Dans beaucoup d'autres programmes, des programmes de formation ou de consultation des programmes de santé et de sécurité tous azimuts, et de programmes environnementaux et ce genre de choses, notre investissement est très lourd au départ avant que nous présentions quoi que ce soit aux manufacturiers.
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C'est parfait, merci. Je n'ai pas encore lu le livre en entier. Il se pourrait bien que l'information s'y trouve.
Une fois encore, merci pour ce que vous faites. C'est une excellente démarche: c'est formidable de semer les graines d'une entreprise et de la voir grandir. Certaines pousses s'étiolent, mais grâce à des efforts extraordinaires, la plupart s'épanouissent et réussissent à percer.
Vous avez aussi fait allusion au point de vue des coopératives de crédit par opposition à celui des banques. Je ne suis pas ici pour médire des banques. J'ai souvent dit que la deuxième relation la plus importante dans ma vie d'entrepreneur était celle que j'avais avec mon banquier. Bien sûr, ma femme serait la première.
Une voix: Elle était la première? Pfiou!
M. Joe Preston: Oui, elle était la première — parole d'honneur. Elle n'aime pas que je raconte cette histoire, parce que je dis que parfois, ils étaient presque à égalité.
Des voix: Oh oh!
M. Joe Preston: Cependant, la vraie réponse, c'est que nous apprenons des coopératives de crédit et des caisses populaires, du secteur bancaire coopératif, qu'il y a encore cette relation sur le terrain. Je connais le directeur de ma coopérative de crédit et quand je le vois au terrain de balle quand les enfants jouent, ou à la chambre de commerce, la relation ne se limite pas au « En passant, ce prêt dont j'ai besoin... ». Il y a cette relation au quotidien, et cela en fait partie intégrante, disons-nous.
La Caisse Alterna est devenue une assez grande organisation, au fil de ces relations. Travaillez-vous un peu avec d'autres coopératives de crédit plus petites pour les aider à réussir, en leur transmettant les pratiques exemplaires que vous avez découvertes à mesure que vous avez grandi?
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Tout d'abord, Agropur tient à remercier le comité de son invitation et de son intérêt pour les coopératives canadiennes. Je suis secrétaire corporatif et je suis accompagnée de M. Serge Riendeau, qui est président du conseil d'administration d'Agropur. Je vois que vous avez reçu notre mémoire, que je vais vous présenter brièvement, pour respecter la limite de temps imposée.
Avant de plonger plus directement dans ma présentation, je vous invite à visiter notre site Web, dont l'adresse est www.agropur.com. Vous pourrez y découvrir les principales marques de commerce d’Agropur, les nombreux prix et distinctions reçus pour nos produits, notre mission, nos valeurs, les faits saillants de notre histoire ainsi que le rapport annuel du dernier exercice financier dont nous sommes particulièrement fiers, puisqu’il parle abondamment de la coopération et de la façon dont Agropur exprime sa fierté coopérative.
Les 13 000 fermes laitières canadiennes produisent environ 8,4 milliards de litres de lait annuellement. Cette production laitière est acheminée dans 455 usines de transformation dont l’ensemble des ventes est évalué à 13,4 milliards de dollars, soit 15 p. 100 de toutes les ventes du secteur des aliments et des boissons au Canada. Le secteur de la transformation laitière canadien fournit de l’emploi à près de 24 000 personnes, dans toutes les régions du Canada.
Notre industrie est rationalisée. Trois grands transformateurs se partagent un peu plus de 75 p. 100 de la production laitière canadienne. Il s'agit de Saputo, Lactalis-Parmalat et Agropur coopérative, à peu près à parts égales. Il est intéressant de noter que les coopératives sont très présentes dans le secteur laitier canadien. Outre Agropur, qui transforme 25 p. 100 du lait canadien, les principales autres coopératives laitières sont Agrifoods, Gay Lea Foods, Scottsburn, Amalgamated Dairies, Farmers Dairy, Dairy Town, Nutrinor, Northumberland, Agrilait, Fromagerie St-Albert, Organic Meadow et la Société coopérative agricole de l’Isle-aux-Grues.
La coopérative a été fondée en 1938. Agropur est un joueur majeur de l’industrie laitière canadienne. Nous transformons près de 2 milliards de litres de lait au Canada, nos 3 349 membres produisent un peu plus de 1,7 milliard de litres de lait et nous offrons des emplois compétitifs et intéressants à 4 600 Canadiens dans toutes les régions du pays.
L’industrie laitière est encadrée par un système de gestion de l’offre. Nous croyons que ce système a fourni, au fil des ans, un environnement stable au sein duquel l'industrie laitière a pu évoluer tout en faisant face aux défis provenant des conditions changeantes des marchés intérieurs et des règles du commerce international. L’industrie réussit à offrir aux consommateurs des produits laitiers de qualité à prix concurrentiels. Nos partenaires dans cette industrie sont des offices de producteurs et leur organisation nationale, les Producteurs laitiers du Canada.
Nous croyons fermement que chacun doit jouer son rôle dans l’industrie afin d’en maintenir l’équilibre. Le gouvernement doit s’assurer qu’il ne pose pas de gestes ou ne crée pas de programmes ou de structures qui affectent cet équilibre entre les producteurs et les transformateurs ou qui permettent à des transformateurs étrangers d’accéder au marché canadien sans être assujettis aux mêmes règles que les transformateurs canadiens.
Agropur est un joueur majeur de l’industrie laitière, mais elle est aussi la troisième plus grande coopérative non financière au pays. Agropur fait partie des six plus grandes coopératives nationales, tous secteurs économiques confondus. Agropur a un impact réel et significatif sur le milieu agricole. Grâce à son style de gestion et à son leadership, la coopérative a versé à ses membres, dans les cinq exercices financiers de 2007 à 2011, 482 millions de dollars en ristournes dont 25 p. 100 ont été payés comptant à chaque exercice financier pertinent et 75 p. 100 distribués sous forme de capital émis par la coopérative au nom de chacun des membres.
Sur décision du conseil d’administration, ce capital est rachetable après une période minimale de cinq ans. Ceci signifie qu'au cours de la même période de cinq années, les membres ont reçu 230 millions de dollars comptant, soit la portion payée comptant des ristournes et le rachat des parts émises par Agropur dans le passé.
Agropur est aussi un acteur important du mouvement coopératif canadien. La coopérative est membre du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, et fait la promotion de la création d’une entité nationale bilingue qui représentera toutes les coopératives canadiennes auprès de diverses instances, dont le gouvernement canadien.
Elle est aussi membre de SOCODEVI, qui oeuvre dans le domaine du développement international pour encourager les populations à se prendre en charge par le biais des coopératives. Agropur soutient financièrement ces organisations coopératives afin de favoriser la reconnaissance du mouvement coopératif et des coopératives comme modèle d’affaires viable offrant une solution de rechange au modèle dominant.
Agropur, comme toute grande coopérative, est très sollicitée pour soutenir le mouvement coopératif. Elle le fait depuis longtemps, mais comme toutes les autres coopératives, notre entreprise doit assurer sa rentabilité. Le soutien du milieu a ses limites. Celui-ci ne doit pas justifier le désengagement du gouvernement dans l’appui et le soutien du développement des coopératives et du secteur coopératif.
N’oublions pas que les coopératives canadiennes appartiennent à des Canadiens, qu’elles évoluent dans tous les milieux et toutes les régions, et que grâce à leurs valeurs coopératives de prise en charge, d’équité, d’égalité et de solidarité, elles sont une source de richesse collective. Tous les Canadiens, ainsi que le gouvernement doivent être fiers des coopératives. Le gouvernement doit renouveler son appui à ce secteur économique.
Auparavant régie par la Loi sur les coopératives du Québec, Agropur a fait le choix, en 2000, d'être régie par la Loi canadienne sur les coopératives, afin de mieux refléter sa situation d'affaires et d'être prête à s'adjoindre des membres d'autres provinces canadiennes si l'occasion se présentait.
Depuis cette date, Agropur a eu l'occasion d'examiner la réalisation d'alliances stratégiques avec d'autres coopératives. Le fait d'être régie par la loi fédérale constituait clairement un avantage et aurait pu faciliter la réalisation de tels projets. Nous sommes régis par cette loi depuis 10 ans et nous avons eu l'occasion de l'étudier plus en profondeur à diverses reprises, notamment lors de la refonte de nos règlements administratifs, en 2000 et 2009.
De façon générale, nous considérons que la loi offre un cadre approprié au développement de notre coopérative. Nous apprécions grandement le fait que le législateur y ait intégré l'article 159, qui reconnaît la spécificité coopérative des coopératives agricoles qui évoluent sous un système de gestion de l'offre. Ceci leur permet de continuer à exprimer leur caractère coopératif spécifique malgré l'existence du régime législatif de la gestion de l'offre.
Nous comprenons que, pour l'instant, le comité spécial s'est donné le mandat d'examiner la situation des coopératives au Canada et non de proposer des modifications à la loi. Nous demandons donc au comité, au gouvernement et au législateur de prendre le soin et le temps de consulter adéquatement le milieu coopératif et Agropur si des changements étaient envisagés à la loi.
Vous pourrez alors compter sur notre organisation pour contribuer à l'évaluation des impacts potentiels de tels changements sur le milieu coopératif, notre organisation et la poursuite de nos affaires. Dans le même ordre d'idées, nous ne pouvons qu'encourager le législateur à penser aux particularités des coopératives lorsqu'il entreprend des modifications à toutes ses lois. Il doit s'assurer que les lois adoptées par le gouvernement n'écartent pas le modèle d'affaires coopératif et qu'au contraire celui-ci y soit inclus.
Depuis longtemps, chez Agropur, les flux monétaires générés par les opérations suffisent à combler les besoins de réinvestissement dans nos infrastructures existantes. Le vrai problème pour les grandes coopératives survient lorsqu'un projet majeur d'acquisition d'investissement se présente. Le fait que nos membres aient déjà contribué au capital de leur coopérative en se donnant à chaque année la discipline d'y réinvestir une bonne partie des excédents générés par celle-ci, sans oublier les exigences financières auxquelles font face nos membres sur leur propre ferme, réduit les montants ou efforts additionnels que nous pouvons leur demander.
Agropur a salué la décision du gouvernement fédéral de mettre en place le programme de ristourne à imposition différée. Ainsi, le membre a le choix de reporter l'imposition pour la valeur des parts de placement émises au moment de la ristourne jusqu'au moment de leur disposition.
Nous serions heureux de pouvoir annoncer à nos membres que ce programme sera non seulement renouvelé à son échéance, en 2016, mais qu'il deviendra permanent. Nous serions aussi favorables à la création par le fédéral d'un programme s'inspirant du régime d'investissement coopératif en place au Québec. De tels programmes favorisent la capitalisation des coopératives en encourageant le membre à être discipliné ou patient et à réinvestir dans sa coopérative.
Lors du Sommet international des coopératives, qui aura lieu cet automne, à Québec, plusieurs études inédites réalisées par de grandes firmes seront dévoilées aux participants. L'une d'elles réalisée par Deloitte, portera sur la productivité, le financement et la capitalisation des coopératives. Il serait intéressant que votre comité puisse prendre connaissance des résultats de cette étude.
Le gouvernement a annoncé la disparition de l'Initiative de développement coopératif. Ce programme représentait un effort minimal fait par le gouvernement pour promouvoir les coopératives. De la même façon, la réduction de la taille du Secrétariat aux affaires rurales et aux coopératives indique peut-être que le gouvernement sous-estime la place des coopératives au Canada. Il est important de rétablir les structures qui les soutiennent et nous invitons le comité à recommander au gouvernement le renouvellement de ce programme ainsi qu'un soutien adéquat au Secrétariat aux affaires rurales et aux coopératives.
Les coopératives sont des associations de personnes qui possèdent des entreprises économiques gérées démocratiquement dont elles se partagent les excédents. Les coopératives ne sont donc pas des entreprises comme les autres, mais comme les autres, elles sont des entreprises et à ce titre, elles se doivent d'être viables et prospères.
Nous attirons ici l'attention du comité sur l'aide financière et fiscale gouvernementale pour les entreprises, qu'elles soient coopératives ou non. Les programmes réguliers de soutien favorisent habituellement les demandeurs qui annoncent la création d'emplois.
Toutefois, pour les entreprises déjà établies, il est important que l'État différencie la création de richesses du transfert de richesses. La création d'emplois ne devrait pas être le principal élément étudié pour l'aide financière, puisque ceci désavantage les sociétés canadiennes, coopératives ou non.
Le gouvernement devrait ajouter à ses programmes d'aide financière le critère d'augmentation de la productivité du demandeur afin de favoriser l'investissement au Canada ainsi que l'amélioration de la compétitivité des entreprises face à la concurrence extérieure et sur les marchés internationaux. Une certaine simplification des exigences liées à l'aide accordée serait aussi un élément favorable aux entreprises, coopératives ou non. Toutes les entreprises canadiennes bénéficieraient de ces améliorations, qu'elles soient coopératives ou non.
Je vous remercie beaucoup.
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Mesdames et messieurs les députés, membres du comité, bonjour.
Je suis heureuse de vous rencontrer. Je vous remercie d'avoir mis sur pied ce comité de réflexion sur les coopératives.
Je suis présidente de la Fédération des coopératives de développement régional du Québec, communément appelées les CDR. Tout au long de ma présentation, je vais donc parler des CDR.
Les CDR sont bien implantées au Québec. Depuis plus de 30 ans, elles sont des facteurs importants de développement économique dans notre province. Leur mission consiste à faire la promotion de la formule coopérative, à accompagner les promoteurs lors du démarrage de tout type de coopérative et à assurer un soutien après leur mise sur pied.
Onze CDR couvrent l'ensemble des 17 régions administratives du Québec. Elles sont regroupées en une fédération, pour les soutenir et les accompagner dans la réalisation de leur mandat.
C'est à ce titre, et suite à l'invitation qui nous a été lancée, que je vous présente notre position sur l'importance des coopératives au Québec, ainsi que l'apport des CDR dans leur développement.
D'entrée de jeu, j'aimerais formuler une recommandation. Nous recommandons que le gouvernement canadien mette en oeuvre un partenariat relativement au développement des coopératives, pour appuyer la création d'entreprises coopératives et, ce, partout au Canada.
Pour appuyer notre demande, je vous présenterai trois éléments différents: la preuve de la stimulation de l'économie du Québec par les coopératives; l'importance d'un réseau performant pour soutenir le démarrage des coopératives et des mesures d'appui efficaces pour la création d'entreprises coopératives.
Parlons d'abord de la stimulation de l'économie du Québec par les coopératives. Les coopératives, on l'a dit, sont présentes dans une quarantaine de secteurs d'activité économique. Outre les grands secteurs que nous connaissons tous et qui vous ont été présentés un peu aujourd'hui — coopératives agricoles, funéraires, forestières, scolaires ou alimentaires —, on trouve aussi des coopératives dans les secteurs de l'énergie renouvelable, de l'aide domestique et des soins à domicile, des garderies, du transport, du récréotourisme, de la santé, des services de proximité — un exemple a été donné en matinée —, des industries culturelles, de l'industrie manufacturière et plusieurs autres.
Les coopératives sont présentes dans toutes les régions du Québec et, ce, tant en milieu urbain — ce qui est peut-être un peu surprenant — que dans le milieu rural. Ce sont des entreprises performantes sur le plan économique. Socialement responsables, elles redistribuent la richesse créée, tout en offrant des services en réponse aux besoins de leurs membres et en créant des emplois de qualité.
Pour avoir une économie forte, il nous apparaît très important de favoriser une diversité de formes d'entreprise. À l'entreprise privée et l'entreprise publique s'ajoutent les entreprises collectives, et plus particulièrement les coopératives.
Nous sommes profondément convaincus qu'en stimulant le développement de coopératives dans de nouveaux champs d'activités et en suscitant l'innovation, l'économie canadienne se renforcera et contribuera encore davantage à la prospérité du pays, tout en préparant l'avenir.
Par ailleurs, les coopératives représentent un excellent moyen d'assurer la pérennité des entreprises et d'éviter leur délocalisation. En effet, plusieurs études soulignent que l'absence de relève due au vieillissement des chefs d'entreprises est actuellement un enjeu majeur pour notre économie. Il existe plusieurs solutions, c'est certain, mais l'une d'entre elles est la relève d'entreprises par la formule coopérative.
Cette relève d'entreprise en formule coopérative favorise la mobilisation des travailleurs et le maintien des emplois locaux. Elle favorise également la rétention des capitaux chez nous et encourage la revitalisation des milieux.
En ce qui a trait au rendement et à la pérennité des coopératives, une étude récente du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation du Québec — dont on vous a déjà parlé, j'en suis persuadée — nous indique que le taux de survie des coopératives est nettement supérieur à ce qui est observé dans les entreprises traditionnelles. On parle, ici, du double des autres entreprises. Ce n'est pas rien.
Après trois ans d'existence, trois coopératives sur quatre sont toujours là, par rapport à une sur deux pour l'ensemble des entreprises au Québec. Six coopératives sur dix franchissent le cap des cinq ans, comparativement à un peu moins de quatre sur dix. On parle de 62 p. 100, comparativement à 35 p. 100 pour l'ensemble des entreprises au Québec.
Finalement, après 10 ans, quatre coopératives sur dix sont toujours actives, comparativement à deux sur dix pour l'ensemble des autres entreprises. Cela veut dire 44 p. 100 comparativement à 19,5 p. 100. Cette étude a été réalisée à deux reprises et les deux fois, on a vu que les résultats étaient les mêmes après cinq et dix ans. Il y a certainement des raisons qui expliquent cela.
Ce rendement du modèle coopératif est en partie explicable par la structure même du modèle d'affaires coopératif, l'encadrement législatif de sa gouvernance, la présence d'un conseil d'administration composé de membres, le fonctionnement démocratique et l'obligation de constituer une réserve pour assurer la bonne capitalisation de l'entreprise. Aussi, l'aide technique ou spécialisée que les coopératives reçoivent dès leur démarrage et tout au long de leur développement constitue certainement une valeur sûre. C'est pourquoi il est essentiel d'assurer la présence de ces services spécialisés en soutien aux coopératives. On peut donc dire que ce remarquable taux de survie des coopératives au Québec n'est pas étranger aux efforts conjoints du mouvement coopératif et du gouvernement québécois. Ces mêmes statistiques démontrent clairement qu'il y a un fort incitatif économique à stimuler et à accompagner le développement de nouvelles entreprises coopératives dans un esprit de pérennité économique.
De plus, je veux mettre l'accent sur l'importance d'un réseau performant pour soutenir le démarrage des coopératives. Sur le plan régional, les coopératives de développement régional sont la porte d'entrée pour les personnes qui souhaitent démarrer une coopérative. Elles assument l'animation de la vie régionale coopérative et font la promotion de la formule. Elles offrent de l'aide-conseil aux coopératives en démarrage ainsi que de l'accompagnement d'affaires pour les coopératives existantes.
Donnons quelques chiffres. Le réseau des CDR compte plus de 1 100 coopératives et organismes membres, ainsi que plus de 1 500 coopératives créées au cours des 20 dernières années. Cent-quarante nouvelles coopératives ont été créées au cours de l'année financière 2011-2012, entraînant la création et le maintien de 375 emplois. La Fédération des coopératives de développement régional du Québec, qui regroupe les CDR et que je préside, vise quant à elle à favoriser la concertation, à permettre la mise en relief et le partage des bonnes pratiques et à développer des créneaux de développement porteurs pour le réseau. Si au Québec, les CDR ou les fédérations sectorielles — les organismes voués à la création et à l'accompagnement des coopératives — sont très présentes, nous ne sommes pas uniques, parce qu'il y a une CDR ailleurs au Canada. En effet, au Nouveau-Brunswick, une coopérative de développement régional est en opération depuis près de 10 ans. De plus, le fonctionnement des CDR et leur impact sur le développement des coopératives retiennent positivement l'attention des autres provinces canadiennes, lesquelles adoptent actuellement des mesures exploratoires quant à la faisabilité de l'implantation d'un tel modèle dans leur coin de pays.
Finalement, je souhaite vous parler des mesures d'appui efficaces pour le développement des coopératives. Vous le savez peut-être, mais en 2008, 63,1 p. 100 des nouvelles coopératives constituées au Canada provenaient du Québec. Saviez-vous que de 2004 à 2010, 595 nouvelles coopératives sont nées au Québec, créant ou maintenant ainsi 2 845 emplois? Ce dynamisme économique s'explique en grande partie grâce à une entente de partenariat intervenue entre le gouvernement du Québec et le mouvement coopératif québécois. Pour le gouvernement, l'objectif d'une telle entente est de favoriser le développement des affaires des coopératives existantes, de créer ou de maintenir des emplois dans les régions et de répondre aux nouveaux besoins de la société québécoise. Nous estimons qu'un tel modèle d'appui gouvernemental au développement coopératif pourrait être mis de l'avant dans l'ensemble du Canada en s'appuyant sur un partenariat avec les conseils provinciaux de coopératives et leurs partenaires.
En terminant, nous aimerions vous rappeler que les coopératives ont un impact considérable sur l'économie, qu'elles ont une pérennité et une performance remarquables et qu'au Québec, elles sont accompagnées par des organisations vouées à leur soutien, ce qui représente un gage de succès pour leur développement. Par conséquent, je répète la recommandation de la Fédération des coopératives de développement régional du Québec, celle de mettre en oeuvre un partenariat relativement au développement des coopératives pour assurer la création d'entreprises coopératives partout au Canada.
Il y a de très beaux joyaux coopératifs partout au Canada, avec de très belles grandes coopératives. Toutefois, ces belles grandes coopératives n'ont pas toujours été grandes. Elles ont d'abord été petites, il y a 50, 60 ou 80 ans. Si on veut avoir d'autres beaux grands réseaux coopératifs dans 25 ou 50 ans, il faut commencer maintenant à structurer et à donner du soutien au développement coopératif, et à stimuler la mise sur pied de nouvelles coopératives. Le gouvernement canadien a certainement un rôle à jouer relativement à la mise sur pied de ces coopératives et leur soutien. Bâtissons ensemble l'avenir pour un avenir meilleur.
Je vous remercie de votre écoute.
Je reviendrai peut-être sur ce dernier point, mais je veux poser d'abord quelques autres questions.
Vous avez dit qu'en général, le Canada rural ou les régions rurales peuvent être plus touchés par les coopératives, ou les entreprises coopératives, que les régions urbaines, mais vous avez donné d'excellents exemples d'entreprises urbaines, d'entreprises culturelles, qui fonctionnent maintenant dans un modèle coopératif et qui s'orientent aussi dans cette voie.
Je viens d'une région rurale du Sud de l'Ontario et nous sommes vraiment conscients de la valeur, d'un point de vue coopératif, de remplacer des entreprises qu'on y trouvait et que nous avons perdues. Je pense que nous avons vu des exemples hier, qu'il s'agisse d'une coopérative de crédit en démarrage parce que la banque quitte une collectivité ou ce genre de choses. Nous voyons vraiment le caractère impératif pour le Canada rural, le rôle de remplacement que les coopératives jouent.
Vous avez aussi mentionné le taux de succès des coopératives — nous y revenons souvent et je suis plutôt heureux que nous le répétions pour ceux qui nous écoutent — notamment le taux de démarrages réussis après cinq ans ou dix ans, ou même après un ou deux ans, par rapport aux sociétés conventionnelles ou aux sociétés en propriété exclusive ou à toute autre forme de démarrage d'entreprise, et à quel point les coopératives ont beaucoup plus de succès par rapport aux données comparatives que vous avez mentionnées.
Je pose sans cesse la question suivante, parce que j'ai vraiment l'intention de mettre le secret en bouteille, si c'est possible: qu'est-ce qui explique le taux de succès plus élevé des coopératives comparativement au démarrage d'entreprises ordinaires? Je fais un peu de mentorat auprès d'entrepreneurs et si nous pouvions essayer de saisir une partie de ce secret...
Cependant, je crois que vous avez visé juste — et je vais vous en donner le crédit, même si je l'ai peut-être entendu plus tôt aujourd'hui sans que cela me laisse une impression — que les coopératives sont fondées sur un besoin, puis l'entreprise se forme autour du besoin, tandis qu'un très grand nombre d'autres gens d'affaires... Même moi, si j'ai une idée et que je lance une entreprise basée sur cette idée, je ne suis pas sûr qu'il y a un besoin. Je pense simplement que je suis le meilleur, peut-être, ou j'espère qu'au bout du compte, je suis meilleur que l'autre type qui est dans le même domaine que moi. Pour leur part, les coopératives jouissent d'un avantage dès le départ lorsqu'elles commencent avec un besoin. Il y a un manque et des gens s'unissent dans un modèle coopératif pour le combler.
Diriez-vous que c'est une assez juste appréciation des raisons pour lesquelles les coopératives connaissent plus de succès? Je veux dire qu'il est assez difficile d'échouer si vous comblez un besoin. S'il n'y a pas de besoin, les choses peuvent être plus difficiles.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence.
À plusieurs reprises, on a entendu parler du succès des coopératives au Québec et partout au Canada. Depuis plusieurs jours, les témoins disent que les coopératives constituent une histoire de succès.
J'ai bien écouté vos témoignages. On peut constater que la situation financière d'Agropur est excellente. Vous avez versé 230 millions de dollars à vos membres pendant cinq ans et un témoin a dit que le rendement était de 11 p. 100 l'année dernière. C'est formidable, c'est beaucoup plus élevé que ce que donnent les banques ou les investissements dans d'autres secteurs financiers.
De plus, selon une étude qui a été faite au Québec, je crois, on a appris que les coopératives sont deux fois plus fortes que les entreprises privées pendant une crise économique comme celle que nous vivons maintenant.
Cependant, il faut aussi se rappeler que le gouvernement enregistre un déficit de 23 milliards de dollards. C'est un gros montant, cela représente 10 p. 100 des revenus du gouvernement.
[Traduction]
Les Canadiens nous demandent d'équilibrer nos livres. À mon avis, cela ressemble beaucoup à la situation où des membres de coopératives exigent que leur coopérative équilibre ses livres. Nous avons vu le succès et les fruits de ce programme que l'Initiative de développement coopératif exploite depuis 10 ans. Nous en entendons parler aujourd'hui de votre bouche.
[Français]
Il y a eu une augmentation au Québec. Vous avez dit que plus de 595 nouvelles coopératives ont été fondées au cours des cinq dernières années. C'est un grand succès, mais il faut régler nos problèmes de dépenses.
[Traduction]
Je connais essentiellement la réponse à la question, mais est-ce qu'Agropur fonctionne avec un déficit annuel équivalant à 10 p. 100 de ses revenus?
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Merci monsieur le président.
Merci à nos amis qui sont ici aujourd'hui pour nous parler.
Comme ma collègue, Mme Freeman, l'a dit plus tôt, c'est une question de choix.
Je vous remercie pour votre recommandation 8, au sujet du renouvellement d'un programme. Je ne peux qu'être d'accord avec mon ami, M. Lemieux, qu'il ne s'agit pas de supprimer un programme, mais d'un programme qui prend fin.
Voulez-vous le reconduire?
M. Preston et moi nous entendons sur le fait que nous mettons nos agréables épouses au premier rang. Lorsque vous avez dansé pour la première fois avec votre promise, vous vouliez danser une autre fois avec elle. Il me semble que si le programme nous a semblé si merveilleux lorsque nous avons dansé pour la première fois avec lui, pourquoi ne danserions-nous pas de nouveau avec lui au lieu de simplement dire non?
Néanmoins, c'est une question de choix. Si nous l'avions reconduit pendant 10 ans et si nous avions vendu les kiosques de jardin, nous aurions l'argent. Cependant, il me semble que quelqu'un d'autre a construit des kiosques et qu'il a dépensé des dizaines de millions de dollars le faire au lieu de 4 millions de dollars par an pendant les 10 années qui ont suivi, ce qui nous aurait donné un programme renouvelable. Il s'agit donc de ces choix.
D'après ce que j'ai entendu de votre part cet après-midi et de ce que nous avons entendu au cours des deux derniers jours — et mes collègues d'en face étaient effectivement d'accord — il semble que vous avez du succès à plus d'égards que la simple rentabilité. Vous maintenez des emplois dans des collectivités et vous en créez dans des collectivités qui en ont perdus. Les membres d'une coopérative ne votent habituellement pas en faveur de la délocalisation de leurs emplois au Mexique ou en Chine, mais des compagnies dont la valeur des actions pourrait baisser un tantinet dans un trimestre ou deux le feront, parce qu'elles doivent apaiser l'actionnaire, lequel n'est pas forcément le travailleur. Par ailleurs, dans une coopérative, dans votre cas chez Agropur, vos producteurs laitiers ne vont pas voter pour que votre laiterie soit envoyée ailleurs pour traiter leur lait alors qu'ils sont encore ici. Au lieu de dire qu'ils enverront la laiterie ailleurs pour faire des économies, peut-être pour obtenir une pinte de lait moins chère par la suite, ils disent: « J'en fais partie et je ne vais pas voter pour nous faire disparaître.
Cela nous ramène à cette question des raisons pour lesquelles, si c'est un modèle efficace, comme je crois que toutes les personnes ici présentes l'ont dit — même si ce n'est évidemment pas le seul modèle, le seul que nous devrions avoir dans une économie — nous ne nous inspirons-nous pas de ce succès pour essayer de le répéter et de le développer afin que nous puissions l'améliorer et en étendre l'application? À votre avis, ne devrions-nous pas donner cette consigne en tant que décideurs? Je suis conscient que vous avez un parti pris, ce qui ne pose pas de problème, puisque nous pouvons interpréter votre réponse en conséquence, mais ne s'agirait-il pas là d'une mesure que vous voudriez nous encourager à prendre comme décideurs?
Vous êtes libre de répondre ou non.
Je peux facilement poser une question sur un autre sujet ou je ferai simplement une autre affirmation.
C'est bien. En passant, je n'essaie pas de vous piéger.
Une voix: Combien reste-t-il de temps?
M. Malcolm Allen: Monsieur le président va nous arrêter, ne vous inquiétez pas.