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Bonjour à tous. Merci de m'avoir invité à témoigner devant le comité.
Je suis chef de la direction de l'Acadian Fishermen's Co-operative. L'AFC a été fondée en 1955 à Abrams Village, qui est un petit village de pêche situé sur la côte sud de l'Île-du-Prince-Édouard. Cette région de l'île est bien connue pour les mouvements coopératifs qui y sont nés, et l'AFC a été créée dans le contexte de multiples regroupements, en région rurale, d'agriculteurs et de pêcheurs, entre autres, pour des motifs d'ordre économique.
Nous devons notre succès aux pionniers qui ont affronté les vagues avant nous, et je parle de Jean Gallant à Mont-Carmel et de Philippe Arsenault à Egmont Bay. Ces hommes dirigeaient deux coopératives, qui existaient toutes les deux depuis 1944. Elles ont été fusionnées en 1955 pour former l'Acadian Fishermen's Coopérative Association que nous connaissons aujourd'hui.
Nous connaissons du succès depuis 57 ans, nos activités commerciales étant en croissance exponentielle, et l'AFC fait aujourd'hui partie des plus importants transformateurs de poissons et fruits de mer de l'Île-du-Prince-Édouard.
Je vais vous donner quelques chiffres pour que vous puissiez vous faire une idée de ce que nous faisons.
L'AFC est une entreprise spécialisée dans la transformation du homard et du crabe, mais elle offre plusieurs autres produits: des pétoncles, du hareng, du maquereau, etc.
L'AFC appartient entièrement à 99 actionnaires qui sont tous des pêcheurs. Ce sont des pêcheurs de quelques ports de la zone 25. Le déclin des prix au débarquement au cours des dernières années a été très difficile pour eux. D'après les chiffres du ministère des Pêches et des Océans, le revenu net moyen des pêcheurs de la zone 25 est inférieur de 87 % à celui des pêcheurs de la zone 24, sur la côte Nord.
Les ventes de notre coopérative ont été de près de 24 millions de dollars en 2011. Nous avons versé trois millions de dollars en salaires à l'usine et un million de dollars aux aides des pêcheurs, pour un total de quatre millions de dollars.
Nous avons produit plus de 400 feuillets T4 pour ces employés. Des pêcheurs membres de la coopérative ont pris leur retraite récemment, et ils ont retiré leur part de plus de 40 000 $ du capital de l'organisation. Ensemble, les pêcheurs membres de la coopérative y ont investi près d'un million de dollars.
Parmi les difficultés que connaissent non seulement les membres de notre coopérative, mais en fait le secteur des poissons et fruits de mer en général... Les principaux problèmes que nous avons eus au cours des trois ou quatre dernières années, et nombre d'entre vous en avez probablement entendu parler dans les médias... Nous avons connu une période très éprouvante, surtout dans le secteur de la transformation, à cause des nombreuses difficultés qu'ont connues tous les exportateurs, j'imagine, celles qui sautent aux yeux étant le taux de change et la situation économique mondiale.
Un autre problème qui se pose pour nous tient aux tarifs douaniers dont font l'objet les produits transformés. Nous essayons de faire valoir nos arguments le mieux possible à ce chapitre. Nous aimerions vraiment voir un plus grand nombre de marchés s'ouvrir à plus de produits, surtout en Europe, où les tarifs douaniers peuvent atteindre 17, 18 et même 20 p. 100, surtout lorsqu'il s'agit de certains produits de homard transformé. Ces tarifs nous bloquent grandement l'accès aux marchés à une époque où la pêche au homard est en général très bonne. Plus notre accès aux marchés sera grand, mieux ce sera, évidemment.
Pour ce qui est des débarquements dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse et aux États-Unis, mais surtout aux États-Unis cette année, les pêcheurs connaissent une période vraiment difficile. Le prix du homard oscille autour de 2 $, ce qui est bas. Je pourrais probablement acheter aujourd'hui des homards livrés à l'Île-du-Prince-Édouard pour 2,50 $ ou 2,60 $ la livre. C'est donc une forte pression à la baisse que subit le secteur en général. Évidemment, lorsque le prix atteint un niveau aussi bas, le prix des produits transformés baisse aussi. La valeur du produit a donc diminué, évidemment, pour les prises en eaux canadiennes aussi.
Quant aux difficultés qui se posent pour notre coopérative, il est clair que nos membres examinent la question des propriétaires exploitants dans le contexte de la nouvelle réforme des pêches. Évidemment, si une grande entreprise locale peut acheter des permis de pêche, surtout pour la pêche au homard, cela va à l'encontre de tout le mouvement coopératif et de ses valeurs.
Il y a aussi le fait que les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous. Dans certaines provinces, on subventionne les transformateurs, ce qui permet aux entreprises de vendre leurs produits moins cher et fait baisser le prix des produits finis en général. Nous aimerions que les gouvernements provinciaux cessent complètement de verser des subventions.
Pour ce qui est de la coopérative, nous aimerions qu'il soit plus avantageux pour nos membres de garder davantage d'argent dans l'entreprise, même s'ils ont eux-mêmes de la difficulté. Il y a parmi nos membres des pêcheurs qui ne mettent probablement de côté que 70 000 ou 80 000 $ par année. Cette somme leur sert à faire les versements pour leur bateau, à payer leurs employés — à qui ils versent généralement 750 $ par semaine durant la saison — et à payer leurs appâts, le carburant, et tout le reste. Il y a donc parmi nous des gens qui réalisent un bénéfice net de seulement 20 000 ou 25 000 $ par année.
Ils veulent donc retirer le maximum de bénéfices de la vente des produits, de la coopérative, et, à moins que ce ne soit de très bons membres, il est vraiment difficile de les convaincre de laisser de l'argent dans la coop pour en favoriser la croissance. C'est assurément un défi à relever, surtout dans notre secteur.
Nous versons des sommes énormes pour acheter le produit et payer les employés, et cela se fait sur une courte période — de quatre à six mois —, mais il faut toute une année pour écouler les produits. Lorsqu'on produit, à tout moment... Notre entreprise, par exemple, doit probablement emprunter 11 ou 12 millions de dollars seulement pour pouvoir fonctionner.
Il est clair que nous avons reçu énormément d'aide dans le cadre de notre système de coopératives de crédit en général. Nous n'existerions assurément plus si ce n'était du soutien des coopératives de crédit de l'Île-du-Prince-Édouard. C'est grâce à leur énorme contribution que nous avons pu nous maintenir à flot. Pour être tout à fait franc avec vous, vu nos marges de profit et les difficultés qu'a connues le secteur en général au cours des trois ou quatre dernières années, si nous avions fait affaire avec une banque ordinaire, nos 57 années d'existence auraient probablement été nos dernières.
Il est très important pour les coopératives que le système de coopératives de crédit continue de bien fonctionner, parce qu'il est très difficile de susciter un intérêt pour notre secteur, vu les faibles marges de profit. Il est très difficile d'intéresser les banques commerciales.
Pour ce qui est des coopératives en général, les coopératives de transformation ont connu une période très difficile au cours des dernières années. À une certaine époque, il y avait probablement huit ou dix coopératives de transformation à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. Il y en a plusieurs qui ont fermé leurs portes dans les trois ou cinq dernières années. Le nombre de coopératives qui transforment encore du homard diminue donc.
Je ne pense pas que ce soit une très bonne chose. Nous sommes actuellement aux prises avec un problème, par exemple, dans le cas des deux coopératives de l'Île-du-Prince-Édouard. À l'ouverture de la saison de la pêche cet automne, le 9 août précisément, si ce n'était des coopératives, il y aurait beaucoup de pêcheurs qui ne pourraient pas vendre leurs produits. Il y a beaucoup d'entreprises qui ne vont même pas acheter de produits au cours de la saison qui va commencer le 9 août. Nous allons nous-mêmes acheter une bonne partie des produits, avec...
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Bryan Inglis, et j'occupe le poste de vice-président de la Division de l'agriculture à Coop Atlantique. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour représenter mon organisation devant le Comité spécial sur les coopératives de la Chambre des communes.
Cette année, Coop Atlantique célèbre sont 85e anniversaire. Nos racines remontent à 1927, période de difficultés économiques, alors que des agriculteurs étaient à la recherche de moyens efficaces et rentables de mettre leur bétail sur le marché. Les techniciens agricoles fédéraux et provinciaux, ou « hommes des champs » comme on les nommait à l'époque, ont très tôt ou fourni conseils et soutien et exploité le modèle d'entreprise coopérative afin d'aider les agriculteurs à sortir de la pauvreté. Dès le début, nos fondateurs rêvaient d'une organisation coopérative internationale qui saurait répondre aux besoins des producteurs et des consommateurs. Coop Atlantique s'est intéressée avant tout aux besoins de ses membres et a agi de façon proactive pour trouver des solutions.
Aujourd'hui, Coop Atlantique continue de collaborer avec des agriculteurs, des producteurs, des transformateurs et des fournisseurs en négociant des ententes de commerce réciproque selon lesquelles toutes les fonctions de la chaîne d'approvisionnement demeurent dans la région et contribuent ainsi à renforcer l'économie locale.
Coop Atlantique mène ses activités dans cinq provinces et se livre à quatre secteurs principaux: l'agriculture, l'alimentation, l'énergie et le logement social. L'an dernier, nos ventes s'élevaient à plus de 600 millions de dollars, et les ventes au détail et de gros dépassaient les deux milliards de dollars. Notre secteur agricole exploite quatre provenderies, une usine de transformation de la volaille et un service de courtage de marchandises pour les agriculteurs de l'Est et de l'Ouest du Canada. Nous avons 15 magasins agricoles et un service d'approvisionnement en intrants agricoles, et nous sommes membres de Cooperative Research Farms, groupe de recherche international qui s'intéresse aux aliments pour le bétail.
Dans le secteur de l'alimentation, au sein duquel nous sommes très actifs, nous fournissons des services d'approvisionnement et de commercialisation à nos coopératives de détail membres ainsi qu'à des détaillants indépendants du Canada atlantique. Nous sommes aussi membres de l'un des plus importants groupes d'acheteurs en Amérique du Nord, soit UGI.
Notre secteur de l'énergie exploite 41 postes d'essence, 13 magasins Énergie Coop, des installations de pétrole en vrac et des services de livraison.
Notre quatrième secteur, dont on ne parle pas assez, est celui du logement social. Coop Atlantique assure la gestion de quelque 1 700 unités d'habitation, dont des coopératives, des logements sans but lucratif et des résidences pour les aînés, les personnes défavorisées et les familles à faible revenu. Nous fournissons également des services de gestion à d'autres organismes d'habitation du Canada atlantique.
Dans la région atlantique, on compte plus de 750 organisations coopératives qui, collectivement, emploient directement 12 000 personnes. Pour vous donner un aperçu de la situation économique actuelle dans la région atlantique — je ne vous apprendrai rien, j'en suis sûr —, permettez-moi de vous faire part des choses suivantes.
Il y a une réduction des dépenses publiques dans toutes les provinces. Les compressions budgétaires du gouvernement fédéral vont mener à des pertes d'emploi au Canada atlantique, dont le nombre risque de grimper jusqu'à 2 300. Le taux de chômage varie de 9,5 p. 100 à 13 p. 100. Les travailleurs qui veulent avoir recours à l'assurance-emploi font face à de nombreux défis en raison de nouveaux règlements.
Le secteur agricole est confronté à la concurrence internationale et à la déréglementation, ce qui continue à exercer des pressions sur la viabilité économique des exploitations agricoles. Les jeunes travailleurs instruits cherchent toujours à faire carrière à l'extérieur de la région. La population vieillissante suscite un besoin pour les services spécialisés en matière de santé et de logement. Nous sommes témoins d'une déruralisation et, par le fait même, d'une urbanisation croissante. La population vieillissante des localités rurales lutte pour conserver des services essentiels. Enfin, les centres urbains s'efforcent de satisfaire à des besoins sociaux grandissants ainsi qu'à des besoins en matière d'infrastructure.
En raison de ces réalités économiques, nous estimons que les coopératives peuvent jouer un rôle stratégique important. Étant donné que les coopératives sont des entreprises qui cherchent à satisfaire aux besoins de leurs membres et des collectivités qu'elles servent — des besoins qui peuvent être de nature économique ou sociale —, elles sont bien placées pour accomplir leur mission dans les collectivités rurales et les collectivités urbaines. Lorsque la situation économique se détériore, les gens ont tendance à trouver des occasions pour collaborer afin de concevoir des solutions pratiques.
Les coopératives sont en mesure de répondre efficacement aux besoins suivants qui se dessinent: les coopératives de travailleurs peuvent fournir de l'emploi, là où les entreprises privées se retirent du marché et les opérations de succession d'une entreprise et de transition vers une nouvelle direction s'avèrent difficiles; les coopératives assurent une stabilité pour le secteur agricole; les coopératives offrent des services continus dans le secteur du détail et le secteur bancaire, des services qui sont abandonnés par les grandes sociétés dans un nombre croissant de localités; les coopératives assurent des soins à domicile pour les personnes âgés qui préfèrent habiter leur foyer le plus longtemps possible plutôt que d'alourdir le fardeau du système de santé public; les coopératives offrent des solutions en matière de logement social pour les aînés, les personnes à faible revenu, les gens défavorisés et ceux qui ont des besoins spéciaux; et les coopératives offrent des solutions en matière de production d'énergie, pour compléter les services offerts par les fournisseurs principaux de services publics et pour aider la population à réduire sa consommation d'énergie.
Coop Atlantique appuie les recommandations de l'Association des coopératives du Canada visant à former un partenariat entre le gouvernement et le secteur coopératif. Dans la région atlantique, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique est l'organisme fédéral expressément chargé d'aider à promouvoir l'activité économique. Nous recommandons que le mandat de l'APECA soit élargi afin qu'elle appuie les coopératives.
Les gens préfèrent les solutions locales, qui sont gérées en région. Les coopératives sont les entreprises idéales pour mener à bien ce genre d'initiatives, et, par conséquent, elles méritent le même niveau de considération, d'attention, de conseils et de soutien que les autres entreprises.
Nous recommandons que le gouvernement fédéral appuie les initiatives créées par les entreprises coopératives. Le gouvernement fédéral pourrait suivre l'exemple du Québec, où le gouvernement provincial a établi et financé un réseau de coopératives de développement régional — ou CDR — qui fournissent des conseils d'expert à des gens qui souhaitent mettre sur pied et développer des entreprises coopératives. Il peut également prêter une assistance aux jeunes coopératives et à celles en voie d'expansion afin qu'elles puissent obtenir du financement du gouvernement et du secteur privé.
Mentionnons également Terre-Neuve-et-Labrador. Cette province fournit une formation aux employés de l'Agence de développement économique afin de les aider à saisir et à promouvoir toutes les occasions de projet de développement coopératif, et elle assure des règles de jeu équitables pour l'obtention de financement. Les agents de développement économique doivent reconnaître les coopératives comme des entreprises légitimes dans le contexte actuel, étant donné la rapidité avec laquelle change le milieu des affaires.
Coop Atlantique appuie les recommandations de l'Association des coopératives du Canada visant l'accès aux programmes de financement fédéraux. Nous recommandons que le gouvernement fédéral permette aux coopératives d'avoir recours aux mêmes programmes de capitalisation dont profitent les sociétés privées et actionnaires.
Certaines provinces ont promulgués des projets de loi qui encouragent les gens à investir dans les projets de développement communautaire grâce à des fonds d'investissement de développement économique des collectivités, qu'on appelle les CEDIF. Nous recommandons que le gouvernement canadien étudie ce genre d'outil financier pour stimuler les investissements communautaires.
Puisqu'il est question de capitalisation, on ne peut négliger le fait que, pendant la plus récente crise des marchés financiers, les parts des coopératives n'ont perdu aucune valeur, car ces entreprises appartiennent aux gens qui bénéficient de leurs biens et services dans les régions où elles sont exploitées, et qui se sont engagés à veiller au succès à long terme de leurs investissements.
Le gouvernement fédéral devrait encourager l'élaboration de programmes d'études sur les coopératives dans les écoles et les établissements d'enseignement pour mettre en valeur ce modèle d'entreprise sociale valable.
Je conclus mon exposé en rappelant au comité que les coopératives ont joué un rôle de premier plan dans l'économie croissante du Canada atlantique. Ce n'est pas le moment de lâcher l'accélérateur. Nous devons trouver les moyens de faire prospérer le secteur coopératif pour renforcer l'économie des provinces de l'Atlantique.
Je désire vous quitter sur des paroles de Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef à la Banque mondiale et prix Nobel d'économie. M. Stiglitz a dit clairement que, pour arriver à une distribution équitable de la richesse et pour connaître une croissance soutenue, les pays doivent trouver un équilibre entre les marchés, le gouvernement et l'économie sociale, c'est-à-dire les coopératives.
Merci beaucoup de votre attention.
Je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
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Bonjour, et merci de m'avoir invité à témoigner devant le comité.
Je vais vous parler très rapidement de mon expérience. J'ai été gestionnaire principal d'une coopérative, j'ai siégé au conseil d'administration de coopératives et de coopératives de crédit et j'ai été consultant auprès de coopératives du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Je ne suis donc pas seulement un chercheur universitaire. J'ai déjà sali mes bottes.
Je participe depuis 2000 à la création d'un programme de maîtrise en gestion des coopératives et des caisses d'épargne et de crédit à la Sobey School of Business de l'Université Saint Mary's. Nous avons créé ce programme spécial parce que la gestion d'une entreprise coopérative est assez différente de la gestion d'une entreprise appartenant à des investisseurs.
Je dirais que la principale différence, d'abord, c'est l'objectif commercial. Celui d'une coopérative est de répondre aux besoins de ses membres et de la collectivité. Celui d'une société qui appartient à des investisseurs, au contraire, est d'offrir un rendement maximal à ses actionnaires ou investisseurs. Évidemment, cela entraîne des différences très importantes sur le plan de la dynamique de gestion d'entreprise, de son fonctionnement, du genre de pression qu'elle subit et du genre de pression à laquelle elle réagit. Nous avons créé le programme de maîtrise en gestion des coopératives, notamment des coopératives de crédit, afin d'appliquer les valeurs, les principes et l'objectif commercial de la coopération à tous les aspects de l'entreprise coopérative et d'aider les gestionnaires de coopératives à le faire.
À Saint Mary's, nous avons également créé un centre d'excellence en comptabilité et production de rapports pour les coopératives, lequel est financé par l'Institut canadien des comptables agréés. Cet automne, nous allons tenir, en même temps que le sommet international des coopératives, une conférence internationale sur l'économie coopérative. Autrement dit, que se passerait-il si nous repensions l'économie, si nous cessions de l'envisager strictement du point de vue de la création de richesse et commencions plutôt à la voir comme un moyen de répondre aux besoins humains? Nous n'envisagerions peut-être pas la santé de l'économie simplement du point de vue de la croissance et du produit national brut; en fait, l'économie se porte bien si elle permet aux citoyens de toucher un revenu décent, d'obtenir des soins de santé, de s'instruire et de satisfaire aux nécessités de la vie. Ce qu'il faut voir, c'est la mesure dans laquelle l'économie permet ces choses, plutôt que d'envisager seulement la croissance économique.
Ce sont là des questions qui sont particulièrement pertinentes par rapport aux coopératives, parce que, contrairement aux entreprises qui appartiennent à des investisseurs et qui sont cotées en bourse, les coopératives peuvent s'en tirer assez bien, raisonnablement bien, au sein d'une économie qui n'est pas en croissance, comme nous avons pu le constater en 2008. Les coopératives n'ont pas produit de papier commercial toxique à l'origine de la crise économique mondiale. Les coopératives et les coopératives de crédit, les institutions financières, ont continué de prêter de l'argent pendant la récession de 2008-2009 sans avoir besoin de subventions gouvernementales et d'apport d'argent massif pour les encourager à faire des prêts. Elles ont prêté de l'argent à leurs membres qui en avaient besoin, et leur croissance s'est maintenue. Les coopératives et les coopératives de crédit de partout dans le monde ont maintenu leur croissance malgré la grande récession de 2008. Je le répète: elles l'ont fait sans les injections massives de fonds gouvernementaux dont le secteur bancaire mondial a eu besoin.
Nous avons donc mis sur pied les programmes dont j'ai parlé, et nous nous penchons sur l'économie mondiale. Les coopératives ont une forte incidence sur les politiques publiques.
Les gens disent souvent que les coopératives ont besoin que les règles du jeu soient équitables, mais ce qui se passe trop souvent, c'est que les règles du jeu sont définies en fonction des entreprises détenues par les investisseurs. Autrement dit, établissons les mêmes règles pour tous. La question que les décideurs doivent se poser, c'est celle de savoir ce qu'il faut faire pour favoriser la saine croissance des coopératives, ce qui est une tout autre question.
On peut envisager cet argument concernant l'équité des règles du jeu de la façon suivante. Disons que j'ai devant moi une classe d'une centaine d'étudiants et que la moitié sont aveugles, et l'autre moitié, sourds. Si je leur dis que je vais tous les traiter équitablement en écrivant tout au tableau et en ne disant plus rien, je les traite peut-être tous de la même façon, mais ce n'est assurément pas juste.
C'est la même chose dans le cas des coopératives. C'est un autre type d'entreprise. C'est un modèle d'entreprise différent. Ce modèle a des répercussions très positives sur le plan des politiques publiques, par exemple de par sa stabilité pendant les crises économiques. Les coopératives n'abandonnent pas facilement une collectivité. Leur taux d'échec est plus faible que celui des entreprises privées, comme des études réalisées au Québec et un peu partout au pays l'ont montré.
Les coopératives offrent donc des avantages très importants sur le plan des politiques publiques. Ce qui nous fait défaut, pourtant, c'est un soutien adéquat pour les coopératives sur ce plan à l'échelle du pays. Si je prends par exemple mon régime enregistré d'épargne-retraite personnel, il m'est très difficile de placer de l'argent dans des coopératives tout en suivant les règles de Revenu Canada. Le gouvernement aurait beaucoup de choses à faire pour mettre en place un cadre réglementaire et stratégique qui encouragerait les coopératives, et qui serait différent, mais adéquat.
Il y a aussi des problèmes de nature réglementaire qui se posent pour les coopératives. Au cours des 20 ou 30 dernières années, par exemple, nous avons été témoins du durcissement des règles concernant les normes comptables. Pourtant, les coopératives n'ont pas connu les problèmes de comptabilité que les sociétés privées ont eus. Il n'y a pas eu de cas comme ceux d'Enron, de WorldCom et d'Arthur Ardersen. Des choses de ce genre ne se sont pas produites dans le secteur des coopératives. Il n'y a pas eu de manipulations de ce genre. Néanmoins, chaque fois que nous resserrons les règles, nous demandons aux coopératives de faire la même démarche, comme si c'était Arthur Andersen.
Les coopératives ont donc besoin de politiques, de lois et de règlements adéquats. Ce sera un défi constant.
Je suis disposé à répondre à toutes vos questions, mais je pense que ce que j'aimerais dire pour terminer, c'est que le modèle de l'entreprise coopérative est le géant endormi de l'économie mondiale. Il y a 100 millions de personnes qui travaillent pour une coopérative dans le monde. C'est plus que l'ensemble des multinationales du monde. Il s'agit clairement d'un modèle d'entreprise qui fonctionne. C'est clairement, si nous examinons ce qui s'est passé après 2008, un modèle d'affaires qui fonctionne très bien en situation de crise, un modèle qui fonctionne très bien lorsque les temps sont durs. De fait, on pourrait même dire qu'il fonctionne mieux que les autres. C'est un domaine où le gouvernement doit mener une réflexion sérieuse concernant la façon dont il peut créer...
Pour terminer, je voudrais dire que nous amenons chaque année nos étudiants dans la région de Mondragón, au Pays basque, pour y visiter des coopératives, et c'est très intéressant. En 2011, nous avons demandé aux gens que nous avons rencontrés là-bas quel était l'écart entre le salaire le plus faible et le salaire le plus élevé. Le rapport était de un pour neuf, alors qu'il est de un pour plusieurs centaines au sein des entreprises détenues par les investisseurs en Espagne.
Nous leur avons demandé combien de gens avaient été mis à pied dans la foulée de la récession de 2008, laquelle a durement frappé l'Espagne. Ils nous ont répondu qu'ils n'avaient mis à pied aucun de leurs membres. Ils n'ont mis personne à pied. Ainsi, dans les trois vallées où les coopératives sont concentrées, le taux de chômage se rapproche d'un taux de chômage structurel de zéro. En outre, au Pays basque, le taux de chômage tourne autour de 12 %, grâce aux coopératives qui s'y trouvent. Pour l'ensemble de l'Espagne, il est de 23 %.
Au beau milieu d'une économie chancelante, donc, les coopératives industrielles, qui comptent pour environ 80 000 emplois au Pays basque, s'en tirent très bien et sont très fortes. Nous ne pouvons que rêver d'avoir des coopératives industrielles de ce genre au Canada atlantique.
Je vais m'arrêter là. Si vous avez des questions, je suis sûr que nous serons tous heureux d'y répondre.
Bryan, Jeff, je suis très content de vous voir et très heureux d'avoir de vos nouvelles.
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Je pense que cela peut se faire de plusieurs façons. Celle qui est évidemment un bon point de départ, c'est la formation de capital. Les coopératives ont besoin de capital pour survivre et pour prospérer. Toutefois, dans notre secteur, le capital n'est pas récompensé de la même façon. Le capital ne « remporte pas tout », c'est-à-dire tous les profits ou les extrants de l'entreprise.
Le profit de l'entreprise, si je peux utiliser cette expression, est réparti entre les travailleurs, entre les consommateurs et au sein de la collectivité, et il est réinvesti dans la coopérative. Ce qui nous fait défaut, c'est une stratégie d'investissement adéquate, et je pense que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle très important dans l'élaboration de cette stratégie, en favorisant la création de fonds de développement de coopératives, par exemple.
Je pense qu'il est très difficile d'investir dans les coopératives dans le cadre d'un régime enregistré d'épargne-retraite ordinaire, puisque, bien souvent, celles-ci ne sont pas admissibles. Je pense qu'un changement apporté récemment à la réglementation rend la chose encore plus difficile, surtout en ce qui concerne les nouvelles coopératives, où l'admissibilité à l'investissement, même dans le cadre de CEDIF, est limitée à une certaine proportion de la part de capital de la coopérative. Il devient donc encore plus difficile dans ce contexte de lancer une coopérative de travail.
Le capital coopératif peut être un investissement très intéressant pour les gens. Dans mon cas, par exemple, j'aimerais beaucoup pouvoir investir toute mon épargne-retraite dans les coopératives de logement, dans les coopératives de garderie, dans les coopératives appartenant à des travailleurs, plutôt que d'avoir à chercher où investir et à finir par le faire dans l'industrie de l'armement, où on va utiliser mon investissement pour fabriquer des mines terrestres qui vont finir par exploser au visage de quelqu'un quelque part. S'il n'en tenait qu'à moi, je préférerais que tous mes investissements servent à bâtir la société, et pourtant, c'est quelque chose de très difficile à faire.
Les rendements, étonnamment, si on remonte... Les coopératives ne sont pas ce qui vient naturellement à l'esprit des gens qui cherchent à obtenir un rendement élevé. Ce n'est pas dans ce secteur qu'on obtient un rendement de 20 p. 100. On n'y obtient pas des rendements de 16 ou de 15 p. 100, mais on peut obtenir quelque chose de raisonnable. Une chose qui ressort clairement à mes yeux des 10 ou 15 dernières années, c'est que, si j'avais obtenu un rendement modeste en investissant dans un fonds coopératif, cela aurait été mieux que d'investir dans le marché des fonds communs de placement. J'aurais gagné davantage d'argent à long terme.
Les coopératives sont en concurrence avec la possibilité attrayante de bénéfices exceptionnels. Ce qu'il faut que le gouvernement fasse, c'est de créer des mesures d'incitation pour que les gens souhaitent investir leur argent dans des fonds coopératifs stables et bien gérés, qui ont des retombées dans toute la collectivité, plutôt que pour des investisseurs lointains seulement. Je pense que c'est tout à fait possible.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus.
Je suis très content que nous nous penchions sur la situation des coopératives. Je pense que nous entendons d'importants témoignages dont les Canadiens doivent prendre connaissance et que nos séances sont une bonne occasion pour les gens d'apprendre des choses sur la force des coopératives et sur le succès qu'elles connaissent partout au Canada. Assurément, d'après certains des témoins que nous avons entendus, les coopératives se trouvent dans une situation enviable. Elles sont deux fois plus susceptibles de survivre à un ralentissement économique que les entreprises ordinaires. La valeur de leurs actifs est élevée, et leurs revenus le sont aussi. À la dernière séance, nous avons entendu le témoignage d'un représentant d'une coopérative financière qui nous a dit que son bilan n'avait jamais été aussi positif.
J'aimerais donc corriger une chose que Mme Brosseau a dite. Elle a dit que le gouvernement a coupé le financement. Je pense qu'il serait juste de signaler que le financement n'a pas été supprimé. Le programme est mort de sa belle mort. Cela faisait dix ans qu'il était en place, et je pense qu'il est juste et raisonnable que les Canadiens s'attendent à ce que les gouvernements examinent leurs programmes pour déterminer si ceux-ci ont atteint leurs objectifs. Le financement n'a donc pas été supprimé. Le programme a simplement pris fin naturellement, et il n'a pas été renouvelé pour une autre période de cinq ans. Il est important de le mentionner, parce qu'il y a une différence entre les deux.
Je pense qu'il importe de mentionner que les témoignages que nous entendons, comme je le disais au début, montrent en fait que les coopératives se portent très bien. Elles se sont très bien portées au cours des cinq à dix dernières années.
Je veux approfondir quelque chose que M. Webb a dit. Monsieur Webb, vous avez parlé, comme d'autres témoins, dont M. Inglis, de certaines des difficultés que connaissent les coopératives lorsqu'il s'agit d'obtenir du crédit, par exemple lorsque vous demandez un prêt ou du financement pour donner plus d'ampleur aux activités, ce genre de choses. Je sais que vous menez un programme de recherche sur la comptabilité dans les coopératives, alors je me demandais si vous pouviez nous expliquer ce qui pose problème dans ce domaine. Est-ce que le problème est lié au fait que ce sont les membres qui possèdent les actifs, et pas nécessairement la coopérative?
J'ai une seconde question que j'aimerais poser rapidement. Est-ce que les coopératives financières — les coopératives qui prêtent de l'argent — ont la même réticence lorsqu'il s'agit de prêter de l'argent à des coopératives, ou est-ce qu'elles voient celles-ci de façon complètement différente? Est-ce que les coopératives ont davantage accès à du financement lorsqu'elles s'adressent à une coopérative financière, du fait qu'il s'agit également d'une coopérative et que les gens comprennent donc exactement ce qui pose problème?
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents ce matin.
Ma question s'adresse aux trois témoins.
Le système coopératif est très intéressant, surtout en ce qui concerne le lien qui relie les membres à leur coopérative. Il y a aussi celui qui passe par le conseil d'administration. Comme l'a mentionné plus tôt M. Malloy, ce sont en fin de compte les conseils d'administration qui déterminent les orientations des coopératives.
Comme vous l'avez dit déjà, il y a des années où les coopératives réalisent des profits, et il y en a d'autres où c'est plus difficile. En ce qui a trait à la répartition des profits, le conseil d'administration peut redonner à ses membres une partie ou la totalité des profits d'une année. C'est une décision légitime de la part du conseil d'administration. Par contre, certains conseils d'administration conservent une partie des profits à des fins de recapitalisation, que ce soit pour des projets ou pour renforcer la coopérative sur le plan financier. Il y a aussi des années où l'on décide d'en accorder un peu plus.
En ce qui concerne les années où les coopératives réalisent plus de profits, quelle serait selon vous la meilleure stratégie? Serait-il préférable de consacrer une partie des fonds, par exemple le tiers ou la moitié de ceux-ci, à une recapitalisation à long terme, ou de tout simplement redistribuer ces sommes aux membres? Dans ce dernier cas, ça pourrait cependant fragiliser la capacité financière de la coopérative.
Il y a plusieurs stratégies possibles. À mon avis, chaque coopérative peut choisir la sienne, mais j'aimerais savoir quel conseil vous donneriez à ce sujet.
Monsieur Malloy.
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Permettez-moi de commencer par répondre à la dernière partie de la question.
L'un des modèles que nous devrions examiner très attentivement est celui de l'Italie, où le taux d'imposition des coopératives est différent de celui des entreprises. C'est le cas parce qu'on reconnaît là-bas que l'objectif de l'entreprise coopérative est non pas de maximiser le rendement pour les actionnaires, mais plutôt de répondre aux besoins de la collectivité et des membres.
Les attentes sont donc différentes aussi. Les membres s'attendent à ce qu'un pourcentage des surplus ou des profits d'une année soient consacrés à un fonds de développement coopératif. On s'attend aussi à ce qu'un pourcentage des surplus ou des profits d'une année soit réinvesti dans la coopérative.
À bien des égards, les coopératives ne sont pas différentes des entreprises détenues par des investisseurs, sauf en ce qui concerne l'utilisation des profits ou des surplus. Lorsqu'on y pense, on se rend compte que la direction d'une entreprise appartenant à des investisseurs, bien souvent, se contente de donner l'argent aux actionnaires et de laisser l'entreprise s'effondrer et disparaître.
C'est ce qui est arrivé par exemple dans le cas des mines de charbon et des aciéries de Sydney, en Nouvelle-Écosse, que Hawker Siddeley a exploitées sans vergogne pendant des années. Ce sont des entreprises qui n'étaient plus viables, et le gouvernement a dû les prendre en charge.
Le problème de l'utilisation des surplus, du choix de les réinvestir de façon viable, est donc commun à toutes les entreprises. L'avantage des coopératives, c'est que, comme l'entreprise appartient aux gens de l'endroit, ils ont davantage tendance à réfléchir à ce qu'ils devraient faire.
Cela fait partie du problème fondamental auquel notre Centre of Excellence in Accounting and Reporting for Co-operatives essaie de trouver une solution. Il s'agit d'amener les coopératives à se demander systématiquement quels investissements elles doivent faire afin de demeurer viables pour la collectivité pour l'avenir. C'est une question importante.
Quant aux investissements provenant de l'extérieur, c'est-à-dire ceux que beaucoup de membres de coopératives, des gens comme moi, aimeraient faire dans les coopératives... Il y a l'UFA, par exemple. Si je vivais en Alberta — et je ne sais pas exactement quelles seraient les conditions —, je pourrais devenir membre de l'UFA et acheter des actions privilégiées de cette coopérative. Mais je ne vis pas en Alberta. Encore là, je ne suis pas sûr que je pourrais le faire dans le cadre de mon REER. Je ne pourrais probablement pas investir mon épargne-retraite dans les actions privilégiées de l'UFA. J'obtiendrais un allégement fiscal en investissant ailleurs, mais pas dans la coopérative qui m'intéresserait.
Voilà le genre de questions sur lesquelles il faut se pencher, et il ne fait aucun doute pour moi...
La législation qui régit les valeurs mobilières est un autre exemple. Bryan se rappelle certainement que Coop Atlantique vendait autrefois des actions privilégiées. Elle ne le fait plus. Elle ne le fait plus parce qu'elle ne voulait pas en vendre pour 100 millions de dollars; elle voulait trouver un million de dollars. Or, pour pouvoir recueillir un million de dollars, il fallait qu'elle consacre 100 000 $ à la rédaction d'un prospectus, comme si c'était Enron. Ça n'a pas de sens. C'est tout simplement inadéquat. La réglementation est inadéquate et inutile, et c'est ce qui a poussé Coop Atlantique à abandonner l'idée.
M. Brad Butt: [Note de la rédaction: Inaudible]
M. Webb: Oui, je suis d'accord.
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Merci à vous, monsieur le président, et aux membres du comité.
Je témoigne devant vous aujourd'hui au nom du Prince Edward Island Co-operative Council, qui représente 108 coopératives de l'île et leurs 80 000 membres. Pas moins de 60 p. 100 des habitants de l'Île-du-Prince-Édouard sont membres d'une coopérative.
À l'Île-du-Prince-Édouard, l'histoire du mouvement coopératif remonte à 1864, année où on a créé la Farmers' Bank, à Rustico. La banque a été fondée par les gens les plus démunis de l'île, soit les agriculteurs acadiens de South Rustico, des gens qui avaient trop peu de terres, trop peu d'argent et très peu d'instruction, mais qui ont fini par administrer ce qui fut probablement la première banque populaire d'Amérique du Nord et l'ancêtre des coopératives de crédit d'aujourd'hui.
Au cours des 150 années suivantes, le mouvement coopératif a continué de prendre de l'ampleur partout sur l'île, renforçant les collectivités et les personnes qui y vivent.
Depuis quelques années, on assiste à un changement au Canada. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui est caractérisée par la réévaluation fondamentale des dépenses gouvernementales dans tous les secteurs. Les personnes qui, pendant des années, avaient l'habitude de se tourner vers le gouvernement dans différentes sphères de leur vie doivent maintenant apprendre à compter les uns sur les autres.
Dans son ouvrage intitulé Cradled in the Waves, John Croteau, économiste américain qui a travaillé à l'Île-du-Prince-Édouard dans les années 1930 et 1940, explique que, à l'époque, la collectivité de North Rustico croupissait dans la misère. Les familles ne mangeaient qu'un modeste repas par jour, deux si elles étaient chanceuses. La tuberculose faisait des ravages. Les seuls bâtiments qu'on voyait étaient des maisons non peintes. Il y avait une vieille école où on gelait et une très petite église. Lorsqu'il est retourné à l'île au début des années 1950, il a découvert une collectivité complètement transformée. La route était pavée, et il y avait l'éclairage électrique. Il y avait aussi une nouvelle école dotée d'un auditorium, d'une bibliothèque et d'une radio dans chaque salle de classe. Il y avait également une caisse d'épargne et de crédit, une coopérative de transformation du homard et un magasin coopératif.
Le mouvement coopératif avait apporté un nouveau souffle et un nouvel espoir à cette collectivité.
Au début des années 1900, très peu de pêcheurs de la région de Tignish, à l'Île-du-Prince-Édouard, possédaient leur propre bateau ou leur propre agrès de pêche. Ils devaient louer des bateaux appartenant à une entreprise privée à laquelle ils remettaient la moitié de leur prise en échange de la location des bateaux. Les pêcheurs voyaient rarement la couleur de leur argent, car l'entreprise, qui était aussi propriétaire du magasin local, les payait avec une monnaie qui n'était acceptée qu'au magasin. En 1920, les pêcheurs de Tignish se sont regroupés pour former la toute première coopérative de pêcheurs, qui vend aujourd'hui ses produits de marque Royal Star Foods et qui emploie 300 personnes.
Aujourd'hui, Tignish — communauté de pêcheurs acadiens de 800 habitants qui sert un marché régional d'environ 4 000 personnes — compte un magasin coopératif qui vend des produits d'épicerie, des articles de quincaillerie, du bois et des vêtements. La seule institution financière qu'on y trouve est une caisse d'épargne et de crédit. Le centre de santé est une coopérative. La résidence pour personnes âgées est aussi une coopérative, tout comme le fournisseur de services de transport local. La Tignish Fisheries Co-op Association vend ses produits de la mer de marque Royal Star partout dans le monde.
Ce qui est remarquable au sujet de Tignish, c'est sa persistance, alors que la crise économique mondiale a entraîné une réduction de la taille de l'État et du secteur privé, avec les conséquences financières et émotionnelles que cela a eues pour tant de collectivités de notre grand pays. Les coopératives de Tignish prennent soin de la population, et la population prend soin de ses coopératives.
Il y a dix ans, une banque nationale a fermé le seul point de service financier du petit hameau de Mount Stewart, à l'Île-du-Prince-Édouard. La succursale ne réalisait pas de profit. Cela n'avait rien de personnel; les affaires sont les affaires.
La caisse d'épargne et de crédit a ouvert ses portes, et elle continue aujourd'hui de servir les habitants de Mount Stewart. Comme dans le cas de la banque, elle ne réalise pas de profit, mais la mission de coopératives comme la caisse n'est pas de générer des profits. Les coopératives sont là pour aider la collectivité. Elles sont là pour aider les gens.
Tyne Valley — qui compte une population de 226 habitants et sert un marché régional d'environ 2 000 personnes — a vécu exactement la même situation il y a 15 ans. Il s'agissait d'une autre banque, mais la succursale a fermé ses portes pour la même raison, et le résultat a été le même: une caisse d'épargne et de crédit s'y est installée. Aujourd'hui, la caisse de Tyne Valley commandite le hockey mineur et le programme des petits déjeuners dans les écoles et donne des bourses d'études secondaires; dernièrement, elle a versé une contribution de 10 000 $ en vue de l'achat d'un nouveau véhicule de secours pour les pompiers volontaires.
Au fil des ans, les coopératives agricoles et de pêche de l'Île-du-Prince-Édouard ont collaboré avec les gouvernements pour éliminer le braconnage, accroître le nombre d'inspections, élaborer des règlements et mettre à profit leur expertise pour créer des produits de qualité. La collaboration des gouvernements et des coopératives de l'île a donné lieu à des réussites extraordinaires dans les domaines de l'agriculture et de la pêche et a aidé l'Île-du-Prince-Édouard à se tailler une place dans le monde.
Au sens moderne du terme, une coopérative est une entreprise ou un fournisseur de services détenu et exploité par les personnes mêmes qui achètent ses produits ou utilisent ses services. C'est une véritable organisation démocratique, ouverte à tous. Chacun des membres a son mot à dire sur la façon dont l'organisation est gérée. Les coopératives sont essentielles aux petites collectivités rurales du pays, comme Tignish, Tyne Valley, Mount Stewart et North Rustico, qui survivent grâce au modèle coopératif.
Le Prince Edward Island Co-operative Council appuie pleinement l'Association des coopératives du Canada et les six recommandations présentées par Denyse Guy devant le comité concernant la création d'un partenariat entre le gouvernement et le secteur coopératif. Nous vous encourageons à intégrer son exposé dans votre rapport, pas seulement pour le bien des coopératives canadiennes, mais aussi pour celui des personnes qu'elles servent.
Merci du temps et de l'attention que vous m'avez accordés.
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Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs.
Je m'appelle Dianne Kelderman. Je suis présidente et chef de la direction du Nova Scotia Co-operative Council.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer devant le comité — qui fait un travail très important — au cours d'une année historique, soit l'Année internationale des coopératives.
Je crois savoir que vous avez déjà entendu un grand nombre de représentants des coopératives nationales et des caisses d'épargne et crédit, et ils vous ont sans aucun doute raconté l'histoire impressionnante du mouvement coopératif au Canada.
Je suis heureuse de vous informer aujourd'hui sur les retombées économiques du secteur coopératif en Nouvelle-Écosse. Je suis également ravie de vous parler de l'incidence positive du secteur coopératif sur la vie de tous les jours des Néo-Écossais et sur le tissu culturel et social de nos collectivités.
Si on extrapole les résultats de la Nouvelle-Écosse à chaque région, province et territoire, à quelques variations près, on peut voir à l'échelle nationale pourquoi le secteur coopératif est fondamental pour l'économie du Canada et — ce qui est tout aussi important — pourquoi les coopératives définissent l'essence même de notre pays. Je reviendrai sur ce point tout à l'heure.
Le Nova Scotia Co-operative Council est l'organe de développement économique provincial du secteur des coopératives et des caisses d'épargne et de crédit de la Nouvelle-Écosse. Il est détenu, administré et financé par les 431 coopératives et caisses d'épargne et de crédit qui font des affaires dans notre province. Autrement dit, il appartient aux habitants de la Nouvelle-Écosse.
Le Nova Scotia Co-operative Council est un joueur économique de poids qui réunit 431 entreprises et 5,3 milliards de dollars d'actifs. Il emploie 7 361 Néo-Écossais. Il fournit un logement à plus de 6 000 Néo-Écossais. Dans 34 collectivités de la province, la seule institution financière est une coopérative de crédit. Dans 27 collectivités, une coopérative est le principal moteur économique. Imaginez quelles seraient les conséquences économiques advenant la disparition de ces deux piliers locaux.
Dans les provinces atlantiques, 65 p. 100 des activités agricoles sont exercées par des coopératives.
Notre secteur coopératif est solide et stable.
À titre de comparaison, une coopérative sur cinq fait faillite, alors qu'une entreprise privée sur trois connaît le même sort.
Notre secteur est fier de son engagement de longue date envers les collectivités rurales.
Pour être exact, 309 012 Néo-Écossais sont membres-propriétaires de nos coopératives et caisses d'épargne et de crédit. Cela représente une personne sur trois, soit 33 p. 100 de la population. Nous comptons plus de membres que tout parti politique, tout groupe religieux et tout groupe d'intérêt.
Nous sommes des chefs de file en matière d'innovation et nous bâtissons des collectivités, stimulons l'économie et soutenons les gens.
Au cours sept dernières années, nos programmes de soutien et de prêt ont financé 1 158 petites entreprises, et le taux de perte sur prêts n'a pas dépassé 3,5 p. 100. En passant, il s'agit de petites entreprises qui avaient besoin de financement à haut risque.
En partenariat avec ces entreprises, nous avons créé plus de 7 500 emplois, au coût de 238 $ par emploi pour le gouvernement de la Nouvelle-Écosse. Notre slogan est le suivant: « Des emplois extraordinaires chez nous ».
La Connecting People for Health Co-operative est la première et la seule clinique médicale en ligne au Canada. Elle met en liaison les patients et les médecins sur le Web. Il s'agit d'un service de soins de santé de pointe, qui n'est pas couvert par l'assurance-maladie, mais qui est entièrement conforme à la Loi canadienne sur la santé. Ce service peut réduire les temps d'attente. C'est un portail conçu pour les patients. Il est axé sur le patient; ce n'est pas un gros système gouvernemental. C'est une innovation purement néo-écossaise. Nous pourrions l'exporter. De plus, le service est financé par le secteur des coopératives et des caisses d'épargne et de crédit, pas avec l'argent des contribuables.
Parlons maintenant des jeunes, notre avenir.
Les partenariats que nous avons établis en Nouvelle-Écosse touchent environ 14 000 jeunes chaque année, que ce soit au chapitre du leadership coopératif, de la création d'entreprises, de la formation et des possibilités de stage.
Nous avons conçu un outil de financement novateur: le premier fonds pour les entreprises sociales de la Nouvelle-Écosse. Il nous permet d'accorder du financement, des prêts à terme, des fonds de roulement et des marges de crédit à des organismes sans but lucratif, à des entreprises à but lucratif et à des coopératives qui se sont fixé un objectif à la fois social et économique.
Notre secteur est en plein essor. En moyenne, 18 nouvelles coopératives sont constituées chaque année en Nouvelle-Écosse. D'ailleurs, 2011 a été une année record: 29 nouvelles coopératives se sont constituées, toutes industries et tous secteurs confondus.
Nous avons mis en place un programme de mentorat auquel continuent de participer d'anciens dirigeants de coopératives. Il s'agit d'un réseau de gens d'affaires et de professionnels du milieu des coopératives de crédit à la retraite qui encadrent des entreprises existantes et des nouvelles entreprises dans notre province.
Les coopératives ont introduit au Canada la notion de responsabilité sociale des entreprises, dont s'inspire largement le secteur privé aujourd'hui. Les caisses d'épargne et de crédit ont été les premières institutions financières à mettre en place des guichets automatiques. De fait, le premier guichet automatique au Canada a été installé à Petit-de-Grat, en Nouvelle-Écosse. Les coopératives sont des entreprises détenues et administrées démocratiquement par les gens, pour les gens.
L'an dernier, en Nouvelle-Écosse, malgré la crise économique, les coopératives ont connu une croissance de 1,8 p. 100. Le nombre de membres s'est accru de 2 p. 100. Les 10 coopératives les plus importantes de notre province ont versé à leurs membres une ristourne équivalant à 11 p. 100 du rendement des investissements. À mon avis, il s'agit d'un bon endroit où investir son argent.
Par ailleurs, le secteur coopératif est souvent le premier à réagir aux défis économiques et sociaux importants: le financement de l'industrie forestière; le financement des programmes touchant les immigrants, y compris le programme d'accueil des immigrants; les interventions commerciales; l'offre de formation en gouvernance pour les conseils d'administration; l'acquisition d'entreprises par les travailleurs et la planification de la relève dans les entreprises; et la proposition de solutions en matière de santé et d'éducation. Nous sommes sur la première ligne.
De nombreuses possibilités s'offrent à nous. Les coopératives accordent la priorité aux gens. Elles créent des emplois durables. Elles investissent dans les collectivités. Elles sont à l'avant-garde de l'innovation. Je crois que les résultats sont éloquents.
Peu importe leurs allégeances politiques, les coopératives incarnent bon nombre des grandes qualités qui définissent le Canada: la démocratie, la responsabilité financière, la responsabilité sociale, le souci d'autrui, la débrouillardise, la responsabilité personnelle, l'équité et l'égalité, l'intérêt pour le monde entier et l'engagement.
Nous croyons que les actions, les décisions et les choix sont importants. Nous croyons aussi qu'il faut servir avant tout l'intérêt des gens. Enfin, nous croyons qu'il est de notre responsabilité de faire partie de la solution, pas du problème.
Dans ce contexte, dans le contexte de la Nouvelle-Écosse, qu'avons-nous besoin ou qu'attendons-nous du gouvernement fédéral?
Premièrement, nous voulons qu'il reconnaisse, comprenne et respecte le rôle économique de premier plan des coopératives. Nous demandons qu'il témoigne cette reconnaissance, cette compréhension et ce respect en confiant la question des coopératives à Industrie Canada, comme il se doit. Nous représentons beaucoup plus que des activités agricoles. Il faut que les coopératives soient admissibles à tous les programmes gouvernementaux. Il y a actuellement un écart important à ce chapitre, les coopératives n'ayant pas accès à certains programmes fédéraux. Il faut veiller à ce que la fonction publique, les gens qui travaillent pour le gouvernement fédéral, sachent que les coopératives existent et comprennent qu'elles sont des entreprises importantes et particulières. Peut-être qu'on pourrait mettre sur pied un comité interministériel sur les coopératives qui se chargerait de faire ce travail de sensibilisation.
Deuxièmement, on doit mettre en place des mécanismes de soutien financier pour le secteur coopératif qui sont comparables à ceux qui s'offrent actuellement au secteur privé — par exemple des programmes d'investissements, des partenariats et des crédits d'impôt.
Troisièmement, le gouvernement doit cesser d'utiliser l'argent des contribuables pour créer et financer des entreprises qui font concurrence aux coopératives. Si le secteur privé peut s'en occuper, alors le gouvernement ne devrait pas nous faire concurrence.
Quatrièmement, on doit se servir des coopératives comme d'un modèle exemplaire pour créer des entreprises canadiennes, comme des entreprises de services publics appartenant aux consommateurs.
Il nous appartient de façonner notre avenir. Alan Kay, lauréat d'un prix Nobel, a bien exprimé cette idée lorsqu'il a dit: « La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de l'inventer. »
C'est ce qui nous définit le mieux. Il faudrait favoriser la réussite économique, les résultats concrets et l'engagement des gens; nous ne devons pas abandonner au moment où le pays a autant besoin de nous.
Je vous remercie beaucoup.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de me donner la possibilité de témoigner devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Pamela Folkins et je suis directrice générale de SNB Wood Co-operative Ltd. Je suis accompagnée de Christina Keating, superviseure de la comptabilité et de l'approvisionnement.
SNB est un regroupement de propriétaires de boisés privés qui a été constitué en 1974 par les 19 membres fondateurs. Aujourd'hui, en 2012, la coopérative compte quelque 2 000 membres. Avant de créer la coopérative, les propriétaires de boisés privés avaient fondé une association en 1964. Cette association avait pour but de permettre aux producteurs de bois de recevoir un juste prix pour leurs produits forestiers, de promouvoir la saine gestion de la forêt et d'encourager la production de produits forestiers de qualité à partir des boisés privés.
Voici l'énoncé de vision de SNB: les propriétaires de boisés doivent veiller à gérer individuellement et collectivement les boisés de façon à offrir les possibilités les plus durables qui soient sur les plans de l'écologie, de l'économie, de l'emploi et de la vie sociale et culturelle pour leur propre bien et pour celui des générations futures.
Selon son énoncé de mission, SNB est une coopérative qui s'applique à offrir les meilleurs services possible aux propriétaires de boisés privés afin d'aider ceux-ci à obtenir un rendement maximal constant à partir des ressources de leurs boisés.
Nous nous sommes également dotés de principes directeurs qui sont conformes au code de pratique des propriétaires de boisés du Nouveau-Brunswick.
Le Nouveau-Brunswick compte plus de 40 000 propriétaires de boisés privés, lesquels possèdent quelque 4,5 millions d'acres de terres forestières. Cela représente 30 p. 100 des terres forestières du Nouveau-Brunswick. Il existe sept groupes de propriétaires de boisés au Nouveau-Brunswick. Notre coopérative regroupe environ 8 000 propriétaires qui possèdent à peu près un million d'acres de terres forestières.
SNB est affiliée à un organisme appelé SNB Forest Products Marketing Board Ltd., qui est régi par les lois du Nouveau-Brunswick. La coopérative forme l'organe commercial, tandis que l'organisme de commercialisation en assure la représentation en vertu de la Loi sur les produits naturels du Nouveau-Brunswick.
La coopérative emploie 12 travailleurs à temps plein et, selon l'ampleur de ses activités annuelles, de 25 à 50 travailleurs saisonniers. Nos employés à temps plein travaillent pour nous depuis longtemps et cumulent 150 années d'expérience pour ce qui est d'offrir des services aux propriétaires de boisés privés du Sud du Nouveau-Brunswick.
Il va sans dire que SNB est composée de simples citoyens. L'idée de créer la coopérative vient d'une poignée de citoyens qui essayaient de tirer un revenu de leurs boisés. Ces citoyens ont organisé un grand nombre de réunions informelles et ont fait beaucoup d'heures de bénévolat pour créer un organisme qui permettrait aux propriétaires de boisés d'obtenir un rendement juste et raisonnable pour leurs produits.
La plupart des propriétaires de boisés privés sont également agriculteurs. Ils sont les piliers de l'économie rurale. La coopérative joue un rôle très important. Elle facilite la collaboration, les activités de lobbying auprès du gouvernement, la commercialisation des produits forestiers et la gestion durable des boisés.
À la première assemblée générale annuelle, en 1975, la coopérative comptait 500 membres, avait des actifs de 7 000 $ et des capitaux propres de 2 500 $ et avait essuyé une perte de 63 $ durant sa première année d'existence. À la dernière assemblée générale annuelle, la coopérative comptait environ 2 000 membres, avait des actifs de 1,3 million de dollars et des capitaux propres de 700 000 $ et avait enregistré des profits somme toute acceptables de 65 000 $ au cours de l'année. Depuis sa création, la coopérative a réalisé des bénéfices nets pour la plupart des années, et les profits ont été redistribués aux membres, selon le volume de transactions commerciales qu'ils ont effectuées.
SNB n'a jamais eu l'intention de facturer des frais de service exorbitants; son mandat consiste à fournir à ses membres des services à un prix raisonnable, ce qui, en retour, procure bien entendu un certain rendement. Les membres sont très disposés à réinvestir leurs profits dans la coopérative, car cela leur garantit de bons flux de trésorerie et l'application d'exigences minimales lorsqu'ils souhaitent emprunter de l'argent pour mener leurs activités.
Les membres de SNB sont d'ardents défenseurs du travail d'équipe et de la saine gestion des terres forestières. La vente de bois et les programmes de gestion des forêts représentent une très grande part des activités de SNB.
La vente de bois génère des recettes pouvant aller jusqu'à 27 millions de dollars par année, sans compter les retombées supplémentaires, et tout cet argent est réinvesti directement dans l'économie locale et rurale.
Quant aux programmes de gestion des forêts administrés par la coopérative, ils nécessitent l'embauche de 25 à 50 travailleurs saisonniers chaque année, juste au sein de notre groupe. En effet, des entrepreneurs embauchent aussi un certain nombre de travailleurs locaux qui sont affectés à des tâches dans les boisés privés.
Vu le ralentissement qui touche l'industrie forestière depuis cinq ou sept ans, les membres et le personnel de SNB ont dû sortir des sentiers battus et trouver de nouvelles solutions pour assurer la survie de la coopérative. Ils ont mis en place de nouveaux services et de nouvelles activités commerciales qui vont au-delà de la vente de bois — éclaircir les forêts et planter des arbres —, et des travaux de recherche sont en cours.
Au début des années 1980, SNB a décidé de faire affaire avec une nouvelle institution financière, la Bayview Credit Union. SNB l'a aidée à ouvrir une succursale à Sussex, au Nouveau-Brunswick, où notre bureau est situé. Nous faisons d'ailleurs encore affaire avec cette institution financière aujourd'hui.
Pour revenir à la force de SNB et à la façon dont la coopérative a évolué au fil des années, nous pouvons constater que son cas n'est pas unique. Les coopératives jouent un rôle extrêmement important dans l'essor et la survie des collectivités rurales et de leurs habitants. La coopérative n'est pas l'oeuvre d'un gros groupe de gens d'affaires. Elle est le fruit de la détermination de gens issus du milieu rural qui souhaitaient améliorer les conditions de vie de tout un chacun.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est en discutant autour d'une tasse de thé, assis à une table de cuisine, que des gens ont eu l'idée de créer SNB. La coopérative a été constituée en 1974 parce les propriétaires de boisés avaient une vision et un objectif communs. Elle a commencé ses activités dans un entrepôt d'aliments pour animaux, n'employant alors qu'un travailleur à temps partiel, puis elle a déménagé deux ou trois fois, a embauché un gestionnaire à temps plein, a conclu des contrats avec l'industrie pour vendre ses produits, a formé des équipes pour qu'elles travaillent dans les boisés et, enfin, s'est installée dans un nouveau bureau, travaillant avec la Bayview Credit Union. Par la suite, la coopérative a acheté un boisé de démonstration, a mis sur pied une exploitation de sapins de Noël, a acquis un autre boisé et a finalement aménagé son propre bureau.
L'engagement et le soutien de nos membres sont devenus encore plus manifestes lorsque nous avons aménagé notre nouveau bureau. Nous aurions pu emprunter l'argent pour réaliser le projet, mais, afin de rester fidèle au principe du travail d'équipe, en 1986, les membres ont pris la décision d'investir personnellement 88 000 $ sur cinq ans pour assumer les coûts de construction du nouveau bureau. Nous avons continué de prendre de l'expansion, et, en 1999, des membres ont encore une fois décidé d'investir 101 000 $ pour l'agrandissement du bureau.
Au fil des ans, nous avons connu notre part de succès, mais non sans devoir franchir des obstacles. Une coopérative n'est pas très différente d'une entreprise. Il y a des hauts et des bas, et sa réussite repose avant tout sur l'engagement et le soutien véritables de ses membres.
Les gouvernements doivent respecter le travail des coopératives et reconnaître leur contribution à l'économie et, dans le cas des propriétaires de boisés privés, à la pérennité de l'environnement — la qualité de l'air et de l'eau, etc. — et, bien entendu, à la création d'emplois.
Nous croyons fermement à la force du nombre. Le fait de travailler ensemble pour le bien de tous n'est pas un nouveau concept en soi. Nous devons tous nous efforcer de ne pas perdre de vue ce qui fonctionne bien et continuer d'apporter les améliorations nécessaires. Nous sommes préoccupés par la situation dans l'industrie, le vieillissement de la main-d'oeuvre, le manque de formation et la viabilité de notre économie.
En conclusion, nous voulons insister sur l'importance des initiatives et des stratégies qui sont utiles au mouvement coopératif. Nous demandons instamment au gouvernement fédéral d'établir un cadre — pour collaborer avec nous — et de soutenir les coopératives, car celles-ci font partie intégrante de l'économie canadienne, tant dans les collectivités rurales que dans les centres urbains. Les coopératives méritent d'être reconnues pour leur contribution au Canada, qui n'est pas différente de celle des grandes entreprises, et d'avoir accès aux mêmes possibilités et débouchés.
Je vous remercie encore de m'avoir donné l'occasion de vous expliquer comment notre coopérative a évolué. Nous souhaitons continuer d'améliorer les conditions de vie de tous les Canadiens.
Merci.
Je ne peux vous parler que de la situation sur l'île, mais, selon l'expérience vécue par la toute dernière entreprise à avoir été mise sur pied, à savoir un marché d'agriculteurs — ce type de marché gagne en popularité parce que les gens veulent acheter des produits locaux et manger plus sainement —, je peux vous dire que nous avons eu un peu de fil à retordre, car les formulaires d'enregistrement ne se trouvent pas en ligne, et le service qui s'occupe de l'enregistrement ne compte en fait qu'une seule employée, et lorsque celle-ci est partie en vacances pour trois semaines, il n'y avait personne pour nous aider ou répondre à nos questions. Nous avons maintenant intégré ce service à notre bureau, de sorte que nous pouvons fournir les formulaires nécessaires et informer les gens sur la réglementation pour qu'ils puissent lancer leur entreprise plus rapidement. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Les petites coopératives n'ont pas les ressources des caisses d'épargne et de crédit ni des magasins coopératifs, pourtant, elles remplissent une fonction très utile. Je parle des coopératives de logement de personnes âgées qui regroupent peut-être de 15 à 20 résidents. Je parle aussi des coopératives funéraires qui fournissent aux personnes touchant un revenu modeste des services essentiels qui sont généralement de 30 à 40 p. 100 moins coûteux que ceux des salons funéraires privés. Ce genre de coopératives n'a pas les ressources qu'il faut pour assurer une bonne gestion. Elles ne comprennent pas très bien en quoi consistent la gouvernance, les responsabilités d'un conseil d'administration ou la diligence raisonnable dont elles doivent faire preuve. Elles ne comprennent pas qu'elles devraient souscrire une assurance-responsabilité pour les administrateurs et les dirigeants.
Ce que le conseil essaie de faire, c'est de leur expliquer quelles sont leurs responsabilités à titre d'administrateurs et de leur montrer comment former un conseil d'administration, s'occuper de la gouvernance et classer leurs documents afin qu'elles puissent retrouver d'une année à l'autre les résolutions qu'elles ont adoptées; c'est important, car, encore dernièrement, une coopérative n'arrivait plus à retrouver les résolutions qu'elles avait adoptées par le passé.
Je ne suis en fonction que depuis février, mais j'ai très rapidement compris qu'il y a une ligne de démarcation: d'un côté, il y a les grandes coopératives qui s'en tirent très bien, et, de l'autre, il y a un grand nombre de petites coopératives, toutes aussi essentielles, surtout en milieu rural. Le problème, c'est qu'elles manquent de ressources, alors il faut un conseil comme le nôtre pour les aider. Toutefois, nous aussi, nous manquons de ressources.
C'est grâce au financement versé dans le cadre de l'Initiative de développement coopératif que nous avons pu apporter cette aide. Comme cette initiative prend fin, nous nous retrouverons dans une position très difficile, et nous essayons de composer avec cette situation.
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Excellent. Merci. Avec plaisir.
Notre coopérative s'appelle Health Connex — Connecting People for Health — et appartient à des coopératives et à des caisses d'épargne et de crédit de la Nouvelle-Écosse. Nous appartenons à la population de la Nouvelle-Écosse et nous sommes, comme je l'ai déjà mentionné, la seule et unique clinique de santé en ligne du Canada. Nous avons élaboré la technologie, la fonctionnalité et la capacité et nous permettons aux médecins et à leurs patients — c'est-à-dire nos clients, nos abonnés, nos patients en Nouvelle-Écosse qui sont membres de la clinique — de communiquer par le Web.
Maintenant, vous devez comprendre que cette innovation ne touche pas l'ensemble de la Nouvelle-Écosse; elle est mise en place dans notre secteur seulement. Les patients inscrits à notre clinique peuvent communiquer avec leur médecin, poser des questions, obtenir des réponses et de l'information, renouveler leurs prescriptions en ligne, consulter le calendrier de leur médecin et fixer un rendez-vous au lieu de téléphoner six fois pour le prendre et finir par l'annuler. Le site Web contient une foire aux questions ainsi que des documents médicaux canadiens préapprouvés. Notre système permet aux médecins de communiquer avec leurs patients et de leur fournir de meilleurs services de santé.
Nous avons évidemment consulté à maintes reprises les professionnels de la santé de la Nouvelle-Écosse avant de lancer notre système, il y a trois ans, et ceux-ci nous ont révélé que 70 p. 100 des patients en salle d'attente ne sont pas malades. Ce sont des personnes qui ne devraient pas se trouver dans une salle d'attente :elles ont besoin de faire renouveler une prescription ou vérifier leur tension artérielle, choses qu'un médecin pourrait faire autrement.
Notre technologie nous permet donc d'offrir un service de santé amélioré qui n'est pas assuré ne contrevient à la Loi canadienne sur la santé. Nous croyons que c'est une façon pour les patients et les médecins de participer activement à la résolution des problèmes en matière de soins de santé. Nous croyons que, lorsque nous commencerons à suivre les tendances liées à nos activités, nous remarquerons que notre service influe sur les temps d'attente, et je sais que c'est un enjeu très important pour le gouvernement fédéral. Nous croyons que nous pouvons réduire le nombre de patients qui se rendent dans les salles d'urgence pour des problèmes mineurs.
Nous offrons donc un service de santé amélioré qui permet aux patients de prendre la responsabilité, du moins en partie, de leurs soins. Ainsi, ils ne prennent part à leurs propres soins, à la solution, et ils peuvent communiquer avec leur médecin autrement. Ce qui est merveilleux, c'est que vous pouvez le faire dans votre bureau, votre salon ou votre sous-sol, la fin de semaine. Il n'y a aucune pression sur les fonds publics. De fait, le gouvernement ne nous verse rien; ce sont les coopératives et les caisses d'épargne et de crédit qui nous financent. Nous avons bien l'intention de mettre notre système en place partout dans le Canada atlantique, et nous espérons offrir notre service dans l'ensemble du Canada — avec l'aide de nos partenaires, comme Co-operators — et peut-être même à l'échelle internationale.
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En effet. D'accord. Certains de vos pronos portaient exactement sur cela. Vous voulez faire partie non pas du problème, mais de la solution, comme quelqu'un l'a déjà mentionné.
Monsieur Whiting, vous venez tout juste de parler d'un programme dans une école secondaire ressemblant à Jeunes entreprises, mais pour les coopératives. C'est une excellente façon de sensibiliser les jeunes à cette réalité. Ainsi, on peut montrer à quel point une coopérative peut être solide dans un contexte difficile.
Partons du principe que, durant les périodes prospères, les entreprises fleurissent. J'aimerais bien que la prospérité ne nous quitte jamais. Mes entreprises ont vécu de bons et de mauvais moments, mais, parce que nous faisons tout pour les sauvegarder, c'est parfois exactement ce qui se produit.
On veut améliorer les conditions pour tout le monde, et, vous savez, ce n'est pas quelque chose qu'on entendrait dire dans le secteur privé. Je crois que c'est Mme Folkins qui a dit que les membres veulent améliorer leur situation, mais aussi celle d'un groupe de personnes. Voilà l'objectif d'une coopérative.
M. Bélanger a posé des questions sur l'APECA et sur vos relations avec elle. Vous aviez tous quelque chose d'un peu négatif à dire sur votre expérience avec les gouvernements, même dans le cadre de vos activités quotidiennes, et vous avez mentionné qu'ils ne comprennent peut-être pas ce qu'est une coopérative.
À titre de coopératives, de regroupements de coopératives, menez-vous des activités de sensibilisation? Quel rôle jouez-vous au chapitre de la sensibilisation d'organisations comme l'APECA ou... Partout au pays, je vais poser la même question concernant les autres agences de développement fédérales: quel rôle jouez-vous?
Quel rôle jouez-vous aussi pour sensibiliser les agences provinciales de développement économique et les banques? Nous reconnaissons maintenant la supériorité des caisses épargne et de crédit, mais que faites-vous pour faire connaître les programmes de prêts et les ratios d'endettement des coopératives, entre autres? Quel rôle joue votre organisme-cadre à ce chapitre?
Je demande à Mme Kelderman de répondre, et ensuite les autres, si c'est possible, avant que le président ne m'interrompte.
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Certainement. J'en serais ravi.
Nous sommes très coopératifs de notre côté. Nous aimons partager.
Madame Kelderman, vous avez parlé plus tôt de votre guichet automatique bancaire. La coopérative de crédit dont je suis membre depuis l'âge de 12 ans a été la première à émettre des cartes de débit. On pouvait les utiliser à 10 endroits dans la ville de St. Catharines, principalement autour de l'usine de GM, parce qu'il s'agissait à l'époque de la caisse d'épargne et de crédit des travailleurs de l'automobile. On pouvait utiliser ce qui est devenu plus tard la carte de débit, mais il y a environ 28 ou presque 30 ans, je crois.
Lorsqu'on se penche sur les coopératives, on constate que les caisses d'épargne et de crédit ont du succès et sont assez nombreuses au pays. Par contre, en Ontario, on voit peu de coopératives ailleurs que dans le secteur financier, surtout dans les grands centres urbains. Nous voyons des sociétés d'assurance et des caisses de crédit, mais pas nécessairement d'autres types de coopératives.
Ce n'est certainement pas dans la région de Mississauga de M. Butt que nous trouverons une forêt à exploiter, ni dans la mienne, madame Folkins. J'ai une terre à bois, mais nous n'avons personne comme vous pour mettre sur pied une coopérative. Je vis dans la péninsule du Niagara, où nous n'avons aucun organisme du genre.
Voyez-vous des occasions de créer des coopératives dans une région comme Hamilton-Niagara, qui a déjà été un grand centre manufacturier? Ce matin, nous avons parlé de coopératives industrielles ailleurs dans le monde — par exemple dans la région basque du nord de l'Italie — où des coopératives pourraient avoir l'occasion d'œuvrer dans de grands centres urbains qui comptent surtout des entreprises privées, tandis que, au Canada, les coopératives sont surtout présentes en régions rurales. Voyez-vous des occasions pour les coopératives autres que les caisses d'épargne et de crédit, les organismes de placement collectif et les sociétés mutuelles d'assurance dans une région comme celle du Niagara, qui a perdu des dizaines de milliers d'emploi?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup d'avoir témoigné aujourd'hui. Je crois que cela a été excellent.
J'aimerais aborder quelques points.
Pamela et Dianne, vous avez toutes deux très bien mis en lumière la réussite des coopératives dans votre domaine respectif.
Dan, si je me souviens bien, vous avez dit que c'est pourquoi le gouvernement devrait continuer à les financer. Mais nous connaissons une conjoncture économique difficile. Le gouvernement est en déficit.
Je pensais aux coopératives, et vous avez mentionné la prise de décisions, le bon et robuste processus décisionnel qui leur est inhérent, les bonnes décisions qui en découlent. Je suis presque convaincu que si vous aviez une coopérative robuste et saine en déficit, il faudrait prendre des décisions très difficiles pour venir à bout du déficit. Je crois que c'est tout ce que nous voyons ici. Je voulais seulement faire ce commentaire.
À mes yeux, ce qui est encore plus important que le programme de l'IDC, c'est que les coopératives communiquent aux Canadiens les bons coups dont vous parliez Pamela, Dave, d'autres témoins et vous-même avez parlé. Même si un Canadien est peut-être membre d'une coopérative, il ne sera pas nécessairement au courant de la force, de la résilience et de la croissance des coopératives au Canada, ni du rôle important qu'elles jouent.
Je voulais aussi aborder une autre idée, qui se rattache aux programmes du gouvernement. Je crois que vous avez parlé de votre désir qu'on vous traite de la même façon que les autres entreprises et que l'on vous témoigne ce genre de respect. J'aimerais poser quelques questions au sujet d'autres avantages gouvernementaux pour voir si vous en profitez aussi.
Pamela, vous avez parlé, par exemple, de l'industrie du bois. Lorsque notre gouvernement a réduit le taux d'imposition des sociétés, les coopératives en ont-elles profité? Vos coopératives profitent-elles du taux d'imposition des sociétés réduit?
Je crois que nous devrions commencer à chronométrer le président. Je crois qu'il nous coupe tous la parole.
Je vais poursuivre sur la lancée de M. Boughen.
La véritable idée ici — et nous continuons de l'entendre —, c'est qu'il doit y avoir une certaine mesure de sensibilisation et d'éducation. Je crois que cela fait partie de l'enjeu, qu'il s'agisse de la relation entre l'un ou l'autre de vos projets ou entreprises coopératives et l'APECA ou un autre ministère ou de la reconnaissance en tant que coopérative et le fonctionnement des incitatifs liés aux prêts ou aux affaires. Nous avons discuté de cette question avec d'autres, et on nous a dit que nos organismes de développement fédéraux doivent connaître la différence entre une entreprise individuelle sans but lucratif une entreprise individuelle à but lucratif, et une coopérative, qui n'est jamais une entreprise individuelle; elle est toujours composée de plus d'une personne. Ces connaissances doivent être transmises.
Dianne, je vous regarde, parce que vous avez tenu d'excellents propos aujourd'hui. Mais cela s'adresse à tout le monde, bien entendu.
Vous avez dit que vous entretenez une relation de travail fantastique avec votre province concernant certaines mesures qu'elle a prises pour le développement économique. Vous ne lui quémandez rien. Vous dites: « Travaillons ensemble. » À mon sens c'est ça, une coopérative.
Comment atteignons-nous le même degré d'éducation et de sensibilisation? Que faut-il faire pour que ce soit la même chose à l'échelon fédéral? J'imagine que, dans notre cas, cela concerne l'APECA, mais il y a assurément d'autres ministères concernés, dans les provinces de l'Atlantique, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. Comment transmettons-nous ces connaissances?
Dianne, allez-y en premier, puis une autre personne pourra enchaîner.
Encore une fois, nous recevons de l'excellente information. Et si vous avez l'impression qu'on vous ignore, détrompez-vous: c'est seulement qu'il y a trop de choses à aborder à la fois.
Je vais revenir sur quelque chose qu'a dit M. Bélanger ce matin, qui voulait donner des devoirs à certains témoins. En ce qui concerne le propos de M. Boughen, quel cadre voyez-vous, et quelles sont les solutions que vous envisageriez peut-être? D'ici le 7 août, vous pouvez soumettre au comité de l'information utile sur ce qui, selon vous, serait une solution intéressante pour aller de l'avant. Je vous prie de le faire et d'encourager vos membres à en faire autant. Cela nous éclairera davantage afin que nous puissions formuler de meilleures recommandations au sujet des coopératives plus tard.
L'un de vos commentaires, Dianne, au tout début, se rattachait à la compréhension et au respect des coopératives. Vous avez mentionné un désir de voir les coopératives passer du comité sur l'agriculture et d'Agriculture Canada à Industrie Canada. J'aimerais que vous nous disiez pourquoi, selon vous, on devrait apporter ce changement et que vous expliquiez un peu votre idée.
Bien entendu, ici, parmi nos représentants dans le comité, vous avez nos deux critiques en matière d'agriculture et nos deux critiques en matière d'industrie — un heureux hasard —, alors, à nos yeux, ce sont les meilleures personnes à qui expliquer cela.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ignore si quelqu'un a vu Les Incroyables, mais je crois, à l'instar d'un personnage de ce film, que M. Harris soliloquait. Je ne l'ai pas entendu poser de question dans tout cela.
Je vais revenir aux coopératives, car je crois que c'est pour cette raison que nous sommes tous ici. C'est pour les coopératives, pour qu'elles puissent parler au comité, et, je crois, pour que les Canadiens puissent écouter, puisque la séance est télévisée.
Je voulais revenir sur une question liée au rôle des provinces, car je crois que les provinces ont un rôle important à jouer pour ce qui est d'apporter ce que j'appellerais de la souplesse régionale. Bien souvent, je regarde la question du point de vue de l'agriculture, et le gouvernement fédéral est là pour offrir ce que j'appellerais des règles équitables. Nous ne devrions pas favoriser, par exemple — pour rester dans le domaine de l'agriculture — un agriculteur de la Saskatchewan au détriment d'un agriculteur en Nouvelle-Écosse. Nous devrions uniformiser les règles du jeu.
Mais je sais que les agriculteurs recherchent aussi ce qu'ils appellent la souplesse des programmes, car les programmes ne sont pas toujours bien adaptés à tout le monde ni à toutes les circonstances. Je dis souvent que c'est là que commence le rôle des provinces, parce que la province de la Nouvelle-Écosse ou la province de l'Île-du-Prince-Édouard comprend la situation de l'Île-du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse. Elles sont les mieux placées pour aménager leurs programmes de façon à offrir cette souplesse en fonction de la réalité dans leur province.
Alors j'aimerais poursuivre un peu sur cette question et découvrir ce que vous considérez comme le rôle de votre province respective sur le plan du soutien aux coopératives qui sont en fait intégrés à l'économie provinciale et jouent un rôle actif, comme vous l'avez mentionné, dans le domaine de l'emploi, de la prestation de services et de l'apport d'une force financière et de services financiers. À ce chapitre, nous avons entendu dire que le Québec est très actif sur ce plan, tandis que d'autres provinces le sont moins. Alors, je me demande si vous pourriez instruire le comité un peu sur la façon dont, selon vous, la province devrait prêter main-forte aux coopératives sur son territoire.
Je vais commencer par vous, monsieur Whiting.