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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Unifor représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs dans presque tous les secteurs de l'économie canadienne. Unifor est également le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Je suis accompagné d'Angelo DiCaro, un représentant national de notre service de recherche.
Je tiens premièrement à vous remercier de nous avoir invités à vous faire part de nos réflexions concernant l'accord économique et commercial global proposé.
Notre syndicat a suivi les négociations de cet accord, dans la mesure de ses capacités, depuis le début des pourparlers, en 2009. Nous avons formulé des critiques au sujet de cet accord, à bien des égards. Plus particulièrement, nous déplorons la façon dont cet accord a été négocié, sans la participation pleine et entière des syndicats, des ONG environnementales et d'autres groupes de la société civile du Canada. L'AECG est un accord commercial qui se distingue de tous les autres que nous avons déjà vus, et pourtant les préoccupations du public soulevées par les travailleurs et d'autres groupes ont été marginalisées et laissées de côté. Cela a créé un climat de débat malsain sur un accord qui touche plusieurs domaines de la vie publique.
L'AECG est beaucoup plus vaste que la simple élimination des tarifs transfrontaliers. En fait, il a des répercussions sur les politiques publiques, la politique d'approvisionnement, la politique en matière de propriété étrangère et la gouvernance locale qui, auparavant, n'étaient pas touchées par les accords commerciaux que le Canada signait avec d'autres pays. L'accord octroie des droits nouveaux aux entreprises européennes, et il s'agit du premier accord commercial bilatéral à lier nos provinces, territoires et municipalités. Pour les gouvernements locaux, cela signifie que de nouvelles règles s'appliquent à la manière dont ils se procurent des services, fixent des politiques de développement régional, construisent des écoles et des hôpitaux, investissent dans les transports en commun, etc.
Pour toutes ces raisons, et d'autres encore auxquelles je reviendrai, l'accord nous inquiète au plus haut point. Je tiens à préciser notre position. Nous reconnaissons que le développement du commerce avec l'Europe peut s'avérer une bonne chose. Nous l'avons toujours dit. Et chaque accord commercial présente des points positifs pour certaines industries et des sujets d'inquiétude pour d'autres. L'essentiel, à notre avis, est de trouver comment l'AECG établit un équilibre entre les avantages et les inconvénients, puis de déterminer s'il est dans l'intérêt des Canadiens.
Je serai franc. Nous n'avons pas encore vu le texte intégral ayant servi aux négociations de l'accord. Personne ne l'a vu. Et c'est pourquoi il est impossible d'évaluer en détail les conséquences que cet accord pourrait avoir pour nos membres et les travailleurs canadiens en général.
Nous sommes reconnaissants de l'information diffusée à ce jour par le gouvernement fédéral. Cela dit, cette information ne donne pas un point de vue objectif de l'accord, mais plutôt un point de vue biaisé sur tous les prétendus avantages de l'accord. L'information donnée ressemble davantage à une campagne publicitaire qu'à une véritable discussion politique. Et ce n'est tout simplement pas suffisant. Tout gouvernement qui exagère les points positifs et minimise les points négatifs agit de façon irresponsable. Les Canadiens ne retirent pas automatiquement un avantage du simple fait que nous signons un accord commercial. C'est pourquoi j'espère que le texte intégral de l'accord sera rendu public dans les plus brefs délais.
Unifor représente des travailleuses et des travailleurs dans de nombreux secteurs qui se retrouvent dans la ligne de mire de cet accord. Et nos membres ont, évidemment, d'importantes questions et préoccupations, tout comme moi d'ailleurs. J'aimerais commencer en disant quelques mots à propos des répercussions qu'aura l'AECG proposé sur l'industrie automobile au Canada, laquelle est un important secteur tant pour notre syndicat que pour l'ensemble de l'économie canadienne. Dans le commerce de l'automobile, le Canada part d'une position, disons, défavorable par rapport à l'Union européenne. En 2012, nous avons importé pour 5,6 milliards de dollars de produits automobiles en provenance de l'Union européenne, ce qui est un nouveau record. La plupart de ces importations consistaient en des véhicules finis.
Nos importations d'automobiles provenant de l'Union européenne ont plus que doublé depuis 1999. Les constructeurs d'automobiles européens ont augmenté leur part de marché au Canada plus rapidement qu'aucun autre groupe de producteurs au cours de cette période. La même année, nous n'avons exporté que pour 269 millions de dollars de produits, dont la plupart étaient des pièces automobiles. Nos exportations vers l'Union européenne ont baissé d'environ la moitié depuis 1999. Alors, quand on fait le bilan des dommages, on obtient un énorme déficit commercial de plus de 5 milliards de dollars. À lui seul, le déficit commercial dans le secteur de l'automobile représente près de la moitié de la totalité de notre déficit sur marchandises avec l'Union européenne. Ce déséquilibre a même empiré depuis le début de l'année. Nos exportations d'automobiles vers l'Union européenne ont chuté de 16 % par rapport à l'année précédente. Nous avons importé 22 fois plus de produits automobiles européens que nous n'en avons exporté vers l'Union européenne. C'est le plus important déséquilibre jamais enregistré dans notre commerce bilatéral du secteur automobile.
Mettons les choses au clair en ce qui concerne les secteurs de l'automobile du Canada et de l'Europe. Tout d'abord, les marques européennes vendent ici surtout des véhicules de luxe, produits dans ses usines en Europe qui desservent le marché mondial. En revanche, les véhicules que nous produisons au Canada sont principalement conçus pour des consommateurs nord-américains. Il s'agit de voitures plus grosses et plus puissantes. Ces produits ne pourront jamais occuper en Europe autre chose qu'un créneau de marché.
Si l'on saisit bien cette dynamique, on comprendra également que les tarifs douaniers ont bien peu à voir dans le déséquilibre actuel. Ce déséquilibre est la manifestation de facteurs structurels ancrés plus profondément dans notre industrie. Il témoigne également d'une appréciation de 15 % du dollar canadien par rapport à l'euro. Enfin, la fragilité du marché européen est également en cause.
Plus nos importations dépassent nos exportations, plus notre industrie se porte mal. L'AECG n'y changera rien. En fait, nous pensons que notre relation bilatérale avec l'Europe ne pourra que se détériorer davantage si l'AECG est conclu. Comme je l'ai dit, je n'ai pas encore vu le texte de l'accord, mais je crois comprendre que les négociateurs ont assoupli les règles qui définissent ce qu'est une voiture fabriquée au Canada.
Cette idée semble avoir du bon sens, étant donné la grande intégration du marché nord-américain et le fait que le Canada n'est qu'un pays producteur d'automobiles parmi d'autres. Aux termes de l'accord, nous pourrons vendre des véhicules en Europe, en franchise de droits de douane, même s'ils ne contiennent que 20 % d'éléments produits au Canada, jusqu'à concurrence de 100 000 véhicules. Certains croient, à tort, que cela veut dire que le Canada vendra 100 000 véhicules en Europe en vertu de l'accord. Or, rien n'est plus faux. À l'heure actuelle, nous ne vendons que quelques milliers de véhicules chaque année en Europe. Avec beaucoup de chance, sous l'accord, ce nombre atteindra 10 000. Le plafond aurait pu être fixé à un million de véhicules, et ça n'aurait rien changé.
Est-ce que l'accord sonne le glas de l'industrie automobile au Canada? Sûrement pas. Par contre, cela se traduira par un plus grand nombre de ventes perdues et, en définitive, un plus grand nombre d'emplois perdus. Toutes les personnes de l'industrie avec qui je m'entretiens sont d'avis que l'industrie automobile du Canada ne gagnera rien de cet accord. On ne peut que se demander quelle sera l'étendue des dommages.
Mais ce n'est pas seulement le secteur automobile qui pose problème. Nous avons également un déséquilibre commercial avec l'Union européenne dans le secteur des produits de bois. Nous importons 10 fois plus de meubles de l'Europe que nous en vendons là-bas. Il n'est pas avantageux pour nous de nous contenter de vendre du bois à peine transformé à l'Europe pour le voir revenir sous forme de meubles chers. De plus, l'augmentation prévue de prix des médicaments rajoutera encore davantage de pression sur notre secteur des soins de santé. C'est un secteur qui souffre déjà d'un manque chronique de personnel. Par ailleurs, en dépouillant les administrations de leurs droits d'imposer des politiques d'achat local, nous limitons le potentiel de croissance de notre important secteur du transport en commun. Et la liste continue. Je vous exhorte à lire par vous-mêmes notre exposé écrit afin de mieux connaître nos préoccupations relativement à tous les secteurs.
L'économiste d'Unifor, Jim Stanford, prévoit que l'accord pourrait coûter au Canada quelque 150 000 emplois dans le secteur de la fabrication. Il s'agit là d'un scénario de la pire éventualité fondé sur divers facteurs, mais même le scénario de la meilleure éventualité nous coûterait des dizaines de milliers d'emplois. Pourquoi le secteur de la fabrication est-il si durement touché? Eh bien, c'est parce que nous vendons surtout des matières brutes en Europe, tandis qu'ils nous vendent en échange des biens de consommation à forte valeur ajoutée. Nous affichons déjà un déficit commercial de 30 milliards de dollars avec l'Europe pour ce qui est des produits fabriqués, et ce déficit ne va que se creuser sous l'effet d'un accord de libre-échange. Notre syndicat estime que cette position n'est ni attrayante, ni stratégique pour le Canada. Nous ne sommes pas d'avis que les économies fortes reposent sur la simple extraction et exportation des ressources. Le Canada doit pouvoir établir un équilibre entre le développement industriel et la production de biens à valeur ajoutée.
Au lieu de quoi, il semble qu'en vertu de l'AECG, nous bradons toute possibilité d'atteindre ce juste équilibre. Nous octroyons à des entreprises et à des investisseurs européens le droit de remettre en question des décisions politiques prises démocratiquement à l'échelle nationale et régionale, pour peu qu'ils pensent que ces décisions entravent leurs droits à la réalisation de profits. Mais qu'en est-il des droits des travailleurs à de bons emplois? Qu'en est-il des droits des citoyens au processus démocratique de prise de décisions? Il semble que l'AECG et son processus de négociation ne tiennent pas compte des intérêts de l'ensemble de la société civile. L'accord se contente de gratifier les intérêts d'une minorité. Je suis encouragé de voir que le comité nous donne l'occasion de parler de cet accord, et je souhaite une fois de plus vous remercier de nous donner l'occasion de nous faire entendre.
Pour terminer, je demande instamment au comité et au gouvernement fédéral de rendre public le texte complet de l'accord dès que possible. J'encourage le comité à recommander que tout accord éventuel ne puisse être ratifié qu'à la condition que la Chambre des communes et toutes les assemblées législatives provinciales et territoriales votent en sa faveur. Finalement, je recommande de supprimer les dispositions de l'AECG concernant le règlement judiciaire des différends entre les investisseurs et les États et de renforcer les lois régissant les brevets pharmaceutiques. Ces dispositions n'ont rien à voir avec la libéralisation des échanges. Elles renforcent de façon arbitraire le pouvoir des entreprises d'une manière qui coûtera aux Canadiens et à leurs gouvernements des milliards de dollars.
Je vous remets ces trois recommandations pour que vous puissiez les examiner davantage.
Je tiens à vous remercier encore une fois de nous avoir donné l'occasion de nous exprimer, et nous serons heureux de répondre à vos questions.
Tout d'abord, permettez-moi de dire que le Conseil canadien des pêches appuie pleinement l'AECG. Notre organisation représente des entreprises qui se trouvent partout au Canada, de la Colombie-Britannique au Nunavut. Nos membres sont essentiellement des entreprises intégrées verticalement. Il s'agit d'entreprises qui ont leurs propres navires de pêche, leurs propres usines de transformation, et qui participent à la commercialisation de leurs produits partout au monde. Mais nous sommes également fiers du fait que les grandes coopératives de pêcheurs du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve et du Labrador sont membres de notre conseil.
L'AECG changera tout pour la pêche canadienne, notamment dans le secteur des crevettes de l'Atlantique, plus particulièrement les crevettes cuites et décortiquées. L'accord profitera également au secteur de transformation du homard et, par ricochet, à celui des homards vifs, ainsi qu'aux secteurs du hareng et du maquereau. Il représente également de nouvelles occasions de commercialisations des produits comme le saumon et les poissons de fond de la Colombie-Britannique, et le doré jaune des Territoires du Nord-Ouest et des Prairies.
Mesdames et messieurs, l'abolition complète des tarifs, qui varient actuellement de 15 à 20 %, dans le marché de fruits de mer le plus important au monde, permettra au secteur de la pêche canadien de mettre pleinement en oeuvre sa stratégie de diversification des marchés. Notre objectif est de réduire notre dépendance envers le marché américain, et je peux vous dire que nous avons réussi à ouvrir de nouveaux marchés en Chine et en Russie ces dernières années. Maintenant, nous pouvons nous concentrer sur le marché européen.
Alors que le marché des fruits de mer européen a connu une forte croissance ces dernières années, puisqu'il comprend maintenant 28 pays et représente le plus important marché au monde, les exportations de fruits de mer canadiens vers l'Europe, en revanche, n'ont pas augmenté. En fait, entre 2005 et 2012, la valeur de nos exportations vers l'Europe a chuté de 28 %. Celle des exportations vers les États-Unis est demeurée stable, et nous avons connu une forte croissance de nos ventes en Chine et en Russie. En Chine, nos ventes ont augmenté de 38 %, et en Russie, de 250 %. La Chine représente désormais notre deuxième marché d'exportation, et la Russie, le quatrième, juste après l'Europe.
Les tarifs élevés imposés par l'Union européenne nous ont obligés à miser sur les marchés émergents. On entend par là des marchés qui se caractérisent par une classe moyenne florissante, un nombre croissant de nouveaux restaurants haut de gamme et une consommation assez élevée de fruits de mer par habitant. Outre la Chine et la Russie, il y a la Corée du Sud et la Thaïlande. Le problème avec la Chine et la Russie est que, même s'il s'agit de marchés très lucratifs, ils sont également très risqués. L'accès à ces marchés n'est jamais garanti; ils nous imposent souvent des entraves ou des fermetures intempestives. L'OMC, ainsi que les règles et les normes du Codex ont permis d'améliorer quelque peu la situation, mais trop lentement. Actuellement, nous sommes en pleine dispute, pour ainsi dire, avec les Russes concernant leur décision d'entraver l'importation de nos crevettes d'eau froide non écaillées. Et ils ont pris ces décisions sans crier gare.
Bref, nous voulons davantage d'aide en matière de diversification. Nous nous défendons bien en Russie et en Chine; mais nous avons besoin d'aide en ce qui concerne le marché européen. Nous voulons nouer des partenariats, nous voulons étendre les débouchés, et l'AECG nous permettra de le faire.
L'AECG est particulièrement important pour le secteur des crevettes cuites et décortiquées de Terre-Neuve, du Labrador, du Nouveau-Brunswick, du Québec et de la Nouvelle-Écosse. Le marché pour ce produit se trouve essentiellement au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède. Or, le tarif est de 20 %. Notre accès à ces marchés est tributaire de l'abolition ou de la forte réduction, par l'Union européenne, des tarifs qui nous permettent d'exporter nos produits vers ce marché en vue d'une transformation ultérieure. Or, ce produit représente une partie importante de la production industrielle de Terre-Neuve-et-Labrador, et ce tarif les empêche de vendre davantage.
Jusqu'ici, quand nous voulions en arriver à une entente, nous devions nous réunir séparément avec les associations de transformation du Danemark, de la Suède et du Royaume-Uni afin de les amener à nous accorder des contingents tarifaires mutuellement bénéfiques.
Jusqu'à présent, c'était relativement facile. En fait, je ne devrais pas dire facile, mais plutôt relativement évident, vu le déclin des usines pour décortiquer et transformer la crevette en Europe. Toutefois, les temps changent. Nous constatons maintenant que la Pologne, la Bulgarie et l'Estonie construisent des usines pour décortiquer elles-mêmes la crevette en Europe.
L'entente actuelle s'achève en 2015. Et nous pensons que nous aurions de la difficulté à renouveler une entente de ce type à l'avenir. L'AECG règle la question. Avec l'AECG, notre secteur de la crevette cuite et décortiquée échappe au régime dysfonctionnel de contingentement à l'importation autonome de l'Union européenne. C'était particulièrement difficile pour la pêche à la crevette de Terre-Neuve-et-Labrador, étant donné que la pêche côtière commence en juin ou juillet, là-bas, lorsqu'une bonne part du contingentement à l'importation de l'Europe est épuisée ou en voie de l'être.
Dans ce cas, la pêche se poursuit, on continue à produire de la crevette cuite et décortiquée, puis on l'entrepose jusqu'au 1er janvier de l'année suivante, ou on la déverse sur le marché. On fait difficilement plus dysfonctionnel. C'est la raison pour laquelle l'AECG est si important pour nous. C'est la raison pour laquelle Earle McCurdy, président du syndicat Fish, Food and Allied Workers, s'est prononcé en faveur de l'AECG.
Laissez-moi vous donner un autre exemple des répercussions structurelles positives de l'accord sur notre secteur: la transformation du homard. Plus de 85 % des produits de homard transformé sont exportés vers les États-Unis. La demande pour des queues et des pinces de homard va grandissant. Nous commençons à percer dans le marché de l'Union européenne avec ce produit, mais nous sommes frappés d'un tarif douanier de 16 %. L'élimination de ce tarif va permettre à ce segment de notre industrie de connaître une expansion importante en Union européenne.
Or, l'expansion de la transformation du homard, secteur concentré essentiellement au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard, va avoir des répercussions positives majeures sur le secteur du homard vivant, concentré essentiellement en Nouvelle-Écosse et, jusqu'à un certain point, à Terre-Neuve. Plus de homards seront destinés à la transformation et retirés du marché du homard vivant. Vous savez sans doute que c'est un marché inondé d'un surplus de produits, à l'heure actuelle, où les prix enregistrent une chute marquée.
Bref, nous estimons que l'AECG nous offre d'importantes occasions de diversification des marchés, permettant une prospérité accrue pour nos sociétés et nos travailleurs.
Permettez-moi de dire en conclusion que le Conseil canadien des pêches souhaite reconnaître l'excellent travail effectué par les représentants de Commerce international Canada et du ministère des Pêches et des Océans. Ils nous ont informés de l'évolution de la situation et ils ont tenu compte de nos réflexions, de nos suggestions et de nos préoccupations.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, pour votre témoignage, aujourd'hui. Nous vous sommes reconnaissants du temps que vous avez bien voulu nous consacrer.
J'ai quelques questions à poser à M. Dias. Je vous félicite pour votre nomination à la présidence d'Unifor, en septembre, et je vous remercie d'être ici.
Je dois tout de même être franc. Vos commentaires, en ce qui concerne l'entente, pourraient presque avoir été copiés sur ceux de M. Davies à la Chambre des communes, qui disait que l'entente pourrait présenter des avantages mais qu'elle comporte beaucoup d'éléments négatifs et qu'il faut en voir l'intégralité du texte avant de prendre une décision.
Deux documents ont été publiés, soit les points soulevés par l'industrie et le texte final qui a été négocié. Dans le contexte de la négociation collective, quand votre équipe est cloîtrée dans un hôtel pendant des jours et des jours, une fois que vous concluez une entente sur les thèmes centraux et l'échéancier général, ne procédez-vous pas à la négociation de la version juridique définitive du texte par la suite?
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C'est en fait une excellente question.
Divers chiffres ont circulé en ce qui concerne le nombre de véhicules finis exportés vers l'Union européenne. Une fois, c'est 13 000, l'autre, 8 000. Ni l'un ni l'autre ne peut être confirmé. Nous ne savons pas d'où viennent ces statistiques. On les trouve dans des articles de journaux et dans divers communiqués du gouvernement, mais j'aimerais bien savoir comment on en arrive à ce chiffre, parce que ça doit bien exister quelque part. Peut-être qu'avec le soutien et la participation de l'industrie, nous serions en mesure d'avoir une ventilation détaillée des exportations.
Dans un document qui va être publié la semaine prochaine, probablement, nous nous sommes fondés sur les données existantes de stratèges d'Industrie Canada. Nous avons examiné la valeur des échanges commerciaux, et nous avons fait une estimation, au mieux de nos connaissances, du nombre de véhicules à la lumière d'une analyse du Ward's Automotive Group, un groupe statistique de premier plan qui jouit d'une relativement bonne réputation. Si on calcule approximativement le nombre d'unités en regard de la valeur des échanges, on n'obtient pas 13 000. Cela signifie qu'il faudrait vendre les voitures à environ 9 000 $ en Europe, ce qui n'est pas le cas, pour aucune des voitures que nous y vendons.
Nous ne faisons pas d'affirmations. Au mieux de nos connaissances, comme pour toutes les autres hypothèses qu'on entend, nous arrivons à quelque 5 000 véhicules. Nous avons nos propres méthodes pour parvenir à ce chiffre. On préférerait avoir des données plus justes, mais compte tenu des déséquilibres commerciaux que l'on constate, il est clair qu'il n'est tout simplement pas possible, à la lumière du chiffre de 5 000 véhicules que nous avons obtenu, ou même 10 000, de parler de 100 000 véhicules.
Merci à nos témoins d'être des nôtres.
Dans ma circonscription, Calgary-Nord-Est, le message était clair. Le libre-échange est toujours bénéfique pour les entreprises et les Canadiens. Ce matin, j'ai écouté M. Dias. J'ai fait une recherche rapide sur le sujet, et ce que j'ai découvert est un petit peu troublant. Au mois d'août, avant que l'AECG soit déposé ou annoncé au Canada, j'ai lu une de vos déclarations. On vous posait une question, et vous avez tout simplement répondu qu'en 2015, vous alliez faire le nécessaire pour garantir que les conservateurs soient battus. C'était avant, et voilà qu'aujourd'hui vous affirmez être tout à fait contre l'AECG.
Ensuite, j'ai poussé ma recherche un peu plus loin. J'ai lu que le SCEP, un des syndicats affiliés chez vous, appuyait le NPD. Quand on vous a posé la question à savoir si vous alliez appuyer le NPD en 2015, vous avez dit notamment que vous prendriez les moyens nécessaires pour que les conservateurs soient battus. Ainsi, votre position est claire. Vous travaillez main dans la main avec le NPD — c'est ce que fait votre syndicat.
J'aime les gens francs du collier.
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Très belle voiture, l'ATS. À propos, monsieur le président, ce n'est pas une promotion officielle. Je voulais simplement le mentionner.
J'ai écouté avec grand intérêt vos témoignages à tous les trois.
Monsieur McGuinness, vous avez parlé des pêches et de l'importance de stabiliser votre secteur.
Monsieur Dias, vous avez parlé assez longuement. J'apprécie votre candeur, alors je vais être franc à mon tour.
L'industrie du porc appuie cet accord de libre-échange. Tout comme l'industrie du boeuf. Tout comme l'industrie de la pêche. L'industrie du bois de sciage... Les provinces et les territoires l'appuient, de même que les créateurs d'emplois de notre pays. Ceux que votre industrie...
Et, franchement, soyons justes. Ce n'est pas seulement les constructeurs d'automobiles, mais aussi toutes les industries dérivées, et les styles de vie qui en découlent... votre rôle est important.
Voici ce que je ne comprends pas. Tout à l'heure, on vous a demandé s'il y a des accords que vous avez déjà appuyés. Vous avez dit ne pas avoir appuyé le libre-échange avec les États-Unis. Puis vous avez ajouté que vous n'aviez pas appuyé l'ALENA. En fait, j'ai sous les yeux un document plutôt intéressant, puisque c'est quelque chose qui a été produit par l'un de vos syndicats prédécesseurs, les TCA, en avril 2012. C'est le syndicat qui a préparé ceci. Vous n'en avez peut-être pas un exemplaire, et je vous prie de m'en excuser. Je vais simplement citer le texte, car je pense que c'est important. C'est à la page 39 du rapport intitulé Re-thinking Canada's Auto Industrie. Voici la citation: « Cessez les négociations de libre-échange avec l'UE, le Japon, la Corée et la Thaïlande ».
Vous avez déjà mentionné les États-Unis et l'ALENA. Nous nous sommes engagés à mettre en place un système fondé sur des règles qui, franchement, assurera l'équité. Il garantit les droits des travailleurs dans les pays avec lesquels nous concluons des accords de libre-échange. Et nous en avons négocié plusieurs. Nous parlons également des lois environnementales et de tout ce qui s'y rattache.
Mais il me semble que la vraie réponse... et je dis ceci... je ne suis pas sûr si c'est une philosophie; vous pourrez peut-être me renseigner à ce sujet.
Mais pourquoi est-ce que votre syndicat n'a jamais appuyé le moindre accord? S'il vous plaît, aidez-moi à comprendre cela.
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Monsieur DiCaro, je ne veux pas engager un débat, mais il me semble que nous avons tous vécu la pire récession mondiale de nos vies. Personne n'a traversé une période aussi pire que celle de 2007-2008.
Vous savez également que les secteurs de l'automobile canadien et américain sont très intégrés et nous savons ce que représente cette intégration transfrontalière. Je viens du sud-ouest de l'Ontario et, croyez-moi, je sais très bien ce que cela veut dire.
Ce qu'il y a de tragique, et que je ne comprends pas — j'aimerais avoir l'occasion de jaser en privé avec vous, monsieur Dias — ce n'est pas juste le secteur de l'automobile, mais, en réponse à ce que vous disiez tout à l'heure, il y a tellement d'entreprises du sud-ouest de l'Ontario, à London, à Strathroy, à St. Thomas, qui ont été absolument décimées. Le dénominateur commun, c'était les TCA — et c'est ce que je ne comprends pas. À un moment donné, je me suis senti tellement frustré que j'ai dit qu'ils étaient très bons pour négocier les indemnités de départ, mais pas très bons pour négocier la création d'emplois, pour être franc.
Ce sont mes électeurs. Ces gens vivent dans ma circonscription, dans ma ville, et ce sont également vos membres. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il n'y ait pas plus de possibilités. Veuillez m'excuser si je m'éloigne un peu de cet accord, mais cela me ramène à l'idée qu'il faut accepter le commerce et en tirer le meilleur parti. Nos invités sont des gens très brillants. Pourquoi est-ce que nous ne pouvons pas trouver moyen de le faire fonctionner dans l'intérêt du Canada et d'instaurer un système fondé sur des règles pour que ça fonctionne, puisque nous avons déjà des échanges commerciaux avec tous les pays du monde?
Lorsque nous échangeons...
Je m'appelle Jean-Guy Vincent. Je suis producteur de porc à Sainte-Séraphine, au Québec, et président du conseil d'administration du Conseil canadien du porc. Je suis accompagné par le directeur général, M. Martin Rice.
Tout d'abord, je tiens à remercier les membres du Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes de m'avoir invité à comparaître devant eux aujourd'hui pour discuter de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.
Le Conseil canadien du porc est le porte-parole national des producteurs de porc du Canada. Il regroupe neuf associations provinciales de l'industrie porcine. Son mandat est d'assumer le leadership nécessaire pour réaliser et maintenir le dynamisme et la prospérité du secteur canadien du porc. Les producteurs canadiens reconnaissent l'importance du commerce et se réjouissent des efforts déployés par le gouvernement du Canada pour resserrer les liens économiques avec l'Union européenne en vue d'un accord de partenariat économique global.
Notre secteur dépend des exportations. En fait, plus des deux tiers du porc produit au Canada est exporté sur pied ou sous forme de produits. Les exportations stimulent la croissance de l'industrie porcine du Canada. En outre, la forte demande globale pour le porc canadien a entraîné une hausse de la valeur et des volumes acheminés à un plus grand nombre de pays. Au cours des dernières années, notre industrie a été confrontée à d'importants défis sur le plan de sa capacité à faire face à la concurrence au sein des marchés internationaux, notamment en raison de la vigueur du dollar canadien, du prix des céréales qui ont atteint des sommets inégalés et du ralentissement de l'économie mondiale. Celle-ci continuera d'évoluer et nous ne pouvons pas nous permettre de négliger ou d'interrompre des efforts qui pourraient améliorer notre accès aux marchés à cause de questions purement politiques.
J'aimerais aussi ajouter que l'industrie a actuellement une nouvelle perspective car ses coûts de production sont en décroissance et les prix sont stables depuis le printemps dernier. Ces conditions permettent aux producteurs d'avoir une marge positive, d'être en mesure de réinvestir dans leurs équipements et, surtout, de rembourser et de réduire leurs dettes.
Nous apprécions la détermination dont le gouvernement a fait preuve pour assurer le suivi des travaux et conclure un accord avec l'Union européenne. Cet accord est une bonne chose pour le secteur porcin et tient compte des meilleurs intérêts du Canada et de l'Union européenne. Le porc est un élément clé du secteur agroalimentaire du Canada et des économies provinciales. L'industrie canadienne du porc regroupe plus de 7 000 fermes porcines qui produisent des recettes de plus de 4 milliards de dollars. Les producteurs de porc génèrent 8 % du revenu agricole total et se classent au cinquième rang du pays sur le plan du revenu agricole.
Une étude élaborée par le George Morris Centre confirme l'immense contribution de la production et de l'exportation de porc à l'économie canadienne. Cette étude révèle que le développement économique associé à la production et à l'exportation de porc injecte 9,28 milliards de dollars dans l'économie canadienne. En plus de décrire les avantages économiques découlant des exportations de porc canadien pour l'économie globale et les producteurs de porc, cette étude indique que les exportations de porc canadien, qui se chiffraient à 3,2 milliards de dollars en 2011, ont injecté une valeur ajoutée additionnelle de 3,5 milliards de dollars dans l'économie canadienne. Cela signifie entre 20 $ et 30 $ par tête pour les producteurs de porc canadien.
De plus, ce rapport dévoile les répercussions des exportations de porc et de produits porcins sur l'économie canadienne, notre secteur et les profits des producteurs. Le Canada est concurrentiel sur le plan mondial et connaît du succès à titre de producteur et d'exportateur de porc et de produits porcins. Notre industrie sait que le facteur clé pour maintenir ce taux de réussite est notre capacité à accéder à un large éventail de marchés.
Le Conseil canadien du porc a suivi avec grand intérêt l'avancement des travaux entrepris dans le cadre du Sommet Canada – Union européenne d'octobre 2008 en vue d'explorer la possibilité de conclure un partenariat économique.
La population de l'Union européenne est d'environ 500 millions d'habitants. La plupart d'entre eux considèrent que le porc est leur viande préférée. Nous croyons donc très fermement que cet accord permettra d'accroître les exportations de porc au sein du lucratif marché européen et qu'il sera avantageux pour les producteurs et les transformateurs canadiens de porc, ainsi que pour les économies provinciales du pays.
Le potentiel du marché de l'Union européenne est encore inexploité. L'Europe est la seule grande région consommatrice de porc au monde pour laquelle le Canada ne dispose pas actuellement d'un accès au marché, car celui-ci est limité. Minées par des tarifs très élevés et d'onéreuses règles administratives liées à l'importation, les exportations canadiennes de porc vers l'Union européenne s'élevaient seulement à 415 tonnes en 2011, alors que les exportations totales de porc canadien se chiffraient à 1,1 million de tonnes à pareille date.
Les quelque 500 millions d'habitants des 28 pays membres de l'Union européenne consomment plus de 20 millions de tonnes de porc annuellement. C'est presque 30 fois la consommation canadienne. Malgré cela, les importations de porc de l'Union européenne s'élèvent seulement à 0,2 % de sa consommation nationale. En comparaison, le Canada, avec un marché entièrement ouvert aux produits porcins, importe plus de 200 000 tonnes de porc par année. C'est presque le tiers de sa consommation nationale.
[Traduction]
Il est maintenant opportun que le Canada signe un accord de libéralisation du commerce avec l'Union européenne. Des pressions concurrentes sur les ressources des terres de l'Union européenne commencent à avoir des répercussions sur sa capacité de produire de l'alimentation animale, ce qui aura pour conséquence de limiter la production de porc.
À l'avenir, les exportations de porc de l'Union européenne devraient diminuer et la demande au chapitre des importations devrait augmenter. À l'heure actuelle, les exportations vers l'Union européenne sont fortement gênées par les tarifs et autres obstacles. L'industrie canadienne du porc détient une solide réputation en ce qui concerne la compétitivité de ses prix, la salubrité et la grande excellence de ses produits, ainsi que la fiabilité de son service à la clientèle. L'AECG constitue une merveilleuse occasion pour le Canada. Le nouvel accès en franchise du porc et l'amélioration substantielle des règles administratives relatives au contingent offrent au Canada un accès unique et un avantage par rapport aux exportations américaines, tant que les États-Unis n'auront pas conclu d'accord avec l'Union européenne. On entrevoit un certain potentiel pour le jambon et, dans une moindre mesure, pour l'épaule de porc, ce qui pourrait aussi aider à majorer la valeur de toute la carcasse.
Nous savons que les usines de transformation du Canada devront faire des investissements afin de répondre aux demandes du marché de l'Union européenne, notamment au chapitre des additifs alimentaires et des tests de dépistage de maladies. Actuellement, quatre usines canadiennes de transformation du porc sont admissibles à l'exportation vers l'Union européenne. Avec la promesse de contingents plus importants et l'aplanissement des obstacles liés à leur administration, l'AECG encouragera d'autres usines à obtenir l'agrément. Le solide accord commercial qui a été négocié avec l'Union européenne pourrait accroître les exportations de porc canadien de 400 millions de dollars par année. C'est de loin la meilleure occasion, pour le Canada, d'acquérir un nouvel accès à cet important marché du porc pour bon nombre d'années à venir. Les marchés du porc du Canada et de l'Union européenne se complètent, et ces liens recèlent un immense potentiel pour ce qui est d'amplifier les occasions d'exportation de notre secteur, à l'avantage des travailleurs, des entreprises et des familles qui comptent sur le secteur du porc pour gagner leur vie.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour messieurs. Il me fait grandement plaisir de m'adresser à vous aujourd'hui de la part des manufacturiers et des exportateurs canadiens afin de vous faire part des avantages économiques qu'ils attendent de l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne.
[Traduction]
Je suis très heureux de vous faire part de mes observations sur les avantages économiques que notre organisation, Manufacturiers et Exportateurs du Canada, voit dans l'accord économique et commercial global avec l'Union européenne. On dit que l'AECG est le Wayne Gretzky des accords commerciaux. Je dois ajouter cependant qu'au Québec, on l'appelle plutôt le Maurice Richard des accords commerciaux.
Laissez-moi vous expliquer pourquoi. Tout d'abord, nous pensons que c'est un excellent accord et une excellente affaire. Je pense qu'il faut mettre les choses en contexte. Il s'agit de l'accord économique et commercial le plus complet et le plus étendu jamais conclu par notre pays. C'est l'accord le plus ambitieux jamais conclu entre deux grandes économies. Il faut tenir compte du fait qu'il a fallu aux membres de l'Union européenne 45 ans pour parvenir au même niveau de libéralisation du marché que celui que propose l'AECG.
L'AECG donnera aux entreprises canadiennes un accès privilégié à un marché de plus 500 millions de consommateurs, le marché le plus vaste et le plus riche du monde. Mais surtout, c'est l'un des marchés de producteurs et de fournisseurs les plus avancés technologiquement. C'est un marché où les grands exportateurs canadiens sont déjà très présents et où sont établis certains des plus importants investisseurs institutionnels au Canada. C'est aussi un marché où nos petites et moyennes entreprises trouveront des partenaires pour développer, fabriquer et distribuer leurs produits, breveter leurs innovations, et investir.
Nous le savons, parce que nous avons pu le constater de nos yeux. Depuis mai, nous travaillons avec différentes associations sectorielles en Europe pour cerner des possibilités de partenariats technologiques et commerciaux pour les entreprises canadiennes. Depuis mai, 26 ententes de coentreprises ont déjà été conclues. L'AECG ne pourra qu'augmenter l'intérêt des nouvelles occasions d'affaires entre le Canada et l'Union européenne. Pour les entreprises canadiennes, c'est le moment d'élaborer des stratégies d'expansion en Europe et de faire les investissements nécessaires pour profiter du marché européen.
Et croyez-moi, ces trois dernières semaines, depuis la signature de l'AECG, la question la plus fréquente que m'adressent nos membres porte sur la façon de tirer parti des possibilités qui s'ouvrent. Que devons-nous faire pour profiter de ces occasions? Auparavant, ce n'était pas une question très courante. Faire affaire en Europe était souvent une expérience difficile pour les exportateurs canadiens, surtout pour les petites entreprises ou dans certains secteurs comme la technologie de pointe, la viande, le poisson ou tout autre produit alimentaire, secteurs où nous faisions face à des droits de douane élevés, à des barrières réglementaires complexes, à un casse-tête dans l'essai et l'homologation des produits, à des restrictions dans les investissements et les services, et à toutes sortes d'autres obstacles qui nous écartaient des marchés publics ou des contrats d'approvisionnement en Europe.
L'AECG aplanira la plupart de ces barrières tarifaires et non tarifaires au commerce et aux investissements. C'est une autre raison qui fait de cet accord le Gretzky de tous les accords commerciaux: il vise et va droit au but. L'AECG va bien au-delà de l'élimination des droits de douane; il s'attaque aux problèmes auxquels se heurtent nos entreprises sur les marchés internationaux lorsqu'elles s'efforcent de créer de la valeur pour les clients, les actionnaires et toutes les parties prenantes.
L'AECG ouvre des marchés aux prestataires de services aux entreprises. Il permet l'entrée temporaire aux personnes qui doivent traverser les frontières pour fournir de l'assistance et des services aux clients ou pour transmettre leur savoir-faire au sein de grands groupes transnationaux. Il ouvre l'accès aux marchés publics, facilite l'essai et l'homologation des produits et renforce la protection des investissements et de la propriété intellectuelle.
En fait, l'AECG définit les normes qui régiront les accords commerciaux du XXIe siècle — pour le PTP aussi bien que le PTCI, les négociations entre l'Union européenne et les États-Unis. L'AECG se distingue par ses ambitions, son approche des listes négatives de services, ses dispositions en matière d'approvisionnement et de mobilité de la main-d'oeuvre, ainsi que sa volonté de faciliter les transactions dans des secteurs qui étaient traditionnellement fermés, au Canada comme en Europe.
Grâce à l'AECG, les entreprises canadiennes auront un accès plus facile au marché de l'Union européenne qu'au marché de l'ALENA. Cela devrait inquiéter les États-Unis, et j'espère que cela stimulera la libéralisation du commerce en Amérique du Nord. Aussi, un des avantages cruciaux de l'AECG est que nous nous verrons accorder par l'Union européenne le statut de nation la plus privilégiée, si elle parvient à obtenir un traitement plus favorable lors de ses négociations avec les États-Unis, en matière de règles d'origine en Amérique du Nord, de libéralisation des services et d'acceptation des normes.
Je pense que c'est l'un des points importants de l'AECG.
L'AECG est unique pour une autre raison encore. Tous les gouvernements provinciaux et territoriaux ont participé aux négociations et soutiennent l'accord. C'est un jalon historique. Les Européens ne pensaient pas que cela serait possible. À bien des égards, c'est grâce aux provinces que l'AECG a réussi. Je tiens ici à souligner la contribution de l'ancien premier ministre québécois, Jean Charest. Cet accord aura d'ailleurs pour effet de faciliter le commerce entre nos provinces.
Alors, quels sont les avantages économiques que les Canadiens sont en droit d'attendre de l'AECG? L'étude économique effectuée il y a cinq ans, avant le début des négociations, concluait que l'accord entraînerait la création de 80 000 nouveaux emplois dans le pays.
Or, à titre d'économiste, je peux vous dire que comme la plupart des prévisions conjoncturelles, cette analyse se fonde sur une continuation de la situation existante. La seule chose qui est certaine, c'est que cette prévision est fausse, et celle-ci plus que les autres. Elle ne tient pas compte de l'augmentation des partenariats commerciaux et technologiques entre le Canada et l'Europe; elle ne prend pas non plus en compte que l'AECG fera du Canada la seule économie au monde disposant d'un accès privilégié étendu à la fois à l'Union européenne et aux pays de l'ALENA, une caractéristique qui ne manquera pas d'attirer des investissements supplémentaires de la part des entreprises actives dans ces deux régions. Enfin, elle ne tient pas compte du fait que l'AECG accordera aux petits manufacturiers et fournisseurs un accès préférentiel aux filières d'approvisionnement des multinationales européennes, qui en retour, serviront de plateformes pour distribuer leurs biens, services et technologies dans le monde entier — vers l'Afrique, la Russie, l'Asie centrale, la Chine, l'Inde, l'Asie-Pacifique et l'Amérique latine. Ce sont tous des marchés où les entreprises européennes sont bien établies.
Comme je l'ai dit, il y a une chose que je peux dire avec certitude sur n'importe quelle prévision économique: elle est probablement fausse. Dans ce cas-ci, je suis convaincu que les avantages de l'AECG pour l'économie canadienne sont largement sous-estimés par les études préliminaires.
Bien sûr, l'AECG ne nous ouvrira la porte qu'au marché européen. C'est aux entreprises canadiennes de tirer profit des possibilités. Je suis sûr qu'elles le feront. Nous collaborerons étroitement avec le gouvernement afin de nous assurer que nos manufacturiers et exportateurs auront le soutien nécessaire pour exploiter les nouvelles ouvertures, croître et gagner des parts de marché en Europe et aussi ailleurs dans le monde.
Jusqu'ici, nous avons un accord de principe. C'est déjà un pas important, mais il faut encore élaborer les détails des dispositions juridiques. Nous allons continuer à travailler étroitement avec le gouvernement dans ce processus. Les points qui méritent une attention particulière sont le traitement des règles d'origine, l'homologation des produits, la réglementation des déplacements pour affaires, l'accès aux marchés publics et les procédures efficaces et rapides de règlement des différends. À présent, à nous de mettre en oeuvre l'AECG et d'en tirer profit. Un travail considérable attend les entreprises canadiennes. Nous nous engageons à aider nos membres à ne laisser passer aucune occasion.
Enfin, je pense qu'il est important de souligner le travail considérable qui a été consacré à cet accord. Je tiens particulièrement à souligner l'esprit d'initiative et les réussites qui ont donné naissance à cet accord de principe. Le premier ministre, le ministre du Commerce international, Ed Fast, et les autres premiers ministres provinciaux et territoriaux, ainsi que nos ambassades en Europe et leurs équipes commerciales méritent tous notre reconnaissance.
Par-dessus tout, je tiens à féliciter Steve Verheul et l'équipe des négociateurs canadiens pour leur travail fantastique. Cet accord est un jalon historique dont nous devons tous être très fiers.
Merci.
Des voix: Bravo!
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Je peux vous dire que, selon les assembleurs de véhicules dans l'industrie automobile canadienne, la discussion porte sur le moment où nous pourrons profiter du quota élevé. Ce quota est 25 fois plus élevé que ce que nous exportons actuellement. Bien qu'il existe des problèmes tarifaires, la plupart des difficultés concernent les inspections et les questions de réglementation. C'est en partie pour cette raison qu'il était si difficile d'exporter des produits automobiles en Europe.
Je peux vous dire que les entreprises avec qui j'ai discuté — nos entreprises d'assemblage — s'organisent et exportent déjà des voitures en Chine et dans de nombreux autres marchés internationaux, et je pense qu'elles voient l'utilité de profiter pleinement de l'augmentation des quotas pour exporter des voitures en Europe.
Je pense qu'il est très important de tenir compte du contexte des négociations. Les États-Unis et l'Europe sont aussi en négociation, entre autres dans le secteur automobile, où la chaîne d'approvisionnement est très intégrée en Amérique du Nord, si bien qu'il importe de bien déterminer les règles d'origine. Je crois que lorsque les États-Unis et l'Europe commenceront à négocier, nous serons inclus dans ces négociations. Notre type de marché ouvert, surtout en ce qui concerne les tarifs, mais également les certifications et les normes concernant les véhicules, représente une étape très positive pour le secteur automobile.
Je ne sais pas pourquoi nous perdrions des emplois. En fait, Jim Stanford est un bon ami, et nous parlions déjà de l'accord commercial canado-américain il y a 25 ans. Ça va plus loin que le Pacte de l'automobile. Je ne voudrais pas revenir à l'époque du Pacte de l'automobile, lorsque nous ne produisions que la moitié des automobiles qui étaient vendues au pays. Ce n'est pas là où se trouvent les affaires internationales; ce n'est pas ainsi que fonctionne le secteur automobile. Je pense que l'ALENA...
Les entreprises canadiennes ne sont pas concurrentielles sur le plan de la main-d'oeuvre à faible coût; en fait, nous ne pouvons pas soutenir la concurrence sur le plan du volume. Nous devons être concurrentiels quant au degré de spécialisation, et ce que me disent bon nombre de nos membres — et cela revient à ce que disaient les représentants du Conseil du porc —, c'est que nous ne serons pas en mesure d'être concurrentiels en faisant des affaires « comme à l'habitude » en Europe; il faudra des investissements, des activités de développement de produits et un meilleur service. Mais les entreprises canadiennes, je pense, ont prouvé qu'elles sont capables de le faire et de gagner des parts de marché en Amérique du Nord ou en Asie, et c'est ce qui permettra à de nombreuses entreprises canadiennes de gagner beaucoup plus de parts de marché en Europe également.
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Merci. Avec le peu de temps que j'ai, monsieur le président, je vais devoir être bref.
Je souhaite saisir l'occasion pour faire quelques remarques liminaires. Le NPD estime que cet accord commercial avec l'Europe est très important pour l'économie canadienne. Nous avons déjà dit que nous estimons que nous devons approfondir et étendre nos relations avec l'Union européenne. Nous estimons qu'elle représente un bon partenaire commercial. Nous aimerions diversifier nos échanges avec l'Europe, et nous sommes tout à fait en faveur d'une bonne entente avec l'Union européenne.
Nous ne faisons que répéter ce que vous avez déjà dit, monsieur Myers. Permettez-moi de vous citer: « Il faut encore élaborer les détails des dispositions. » Vous avez déjà parlé des règles d'origine et des dispositions sur le règlement des différends entre un investisseur et un pays. En ce qui concerne les règles d'origine, vous avez dit qu'il faut s'attarder particulièrement sur cette question. Je suis tout à fait d'accord avec vous.
Vous avez également dit: « L'une des raisons pour lesquelles je suis si enthousiaste au sujet de cet accord, c'est que nous avons participé aux négociations, nous avons été consultés ». Bien entendu, à titre d'opposition officielle, nous n'avons pas été consultés au sujet de cet accord. Nous n'étions pas présents aux négociations. Nous ne connaissons pas la teneur des négociations avec M. Verheul, avec ou sans accord de confidentialité. Nous ne savons pas en quoi consisteront ces règles d'origine. Nous n'avons pas encore vu le texte de l'accord. Sans parler des détails. Nous avons adopté la seule position responsable possible pour un parti politique, c'est-à-dire qu'une fois que le texte nous est révélé, nous le lirons, nous procéderons à de larges consultations et, si l'accord est intéressant, nous l'appuierons.
Je me sens obligé de le dire, car M. O'Toole et d'autres députés conservateurs continuent de faire des déclarations trompeuses sur la position officielle du Nouveau Parti démocratique en prétendant que nous sommes opposés à cet accord, alors qu'en fait nous y sommes ouverts. Je voulais tout simplement être clair sur cette position, afin que vous puissiez dire à vos 10 000 membres et au Conseil du porc, que nous sommes parfaitement ouverts à cet accord et que nous l'appuierons si nous estimons qu'il représente un avantage net pour le Canada. Je voulais être parfaitement clair. Nous estimons que cet accord est bien trop important pour le Canada pour en faire une question partisane. Je voulais le dire très nettement, car j'estime que c'est ce que les conservateurs sont en train de faire.
En ce qui concerne les emplois, bien entendu, ils nous intéressent au plus haut point. Monsieur Myers, vous êtes économiste. Vous avez dit que cet accord créera de l'emploi. Avez-vous fait des études que vous pourriez montrer à notre comité afin que nous puissions en savoir davantage sur ces fameux emplois? Cela permettrait de prévoir combien d'emplois l'on peut s'attendre à créer dans les divers secteurs de la fabrication, et dans quels délais, plutôt que tout simplement faire miroiter un chiffre de 80 000 emplois tiré d'une étude réalisée il y a cinq ans avant même que l'on ne connaisse ni la nature ni l'ampleur de cet accord commercial.
Avez-vous des chiffres à nous donner, monsieur Myers, pour nous aider à cet égard?