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RAPPORT MINORITAIRE DU PARTI RÉFORMISTE
SUR LA CULTURE CANADIENNE
Le rapport longtemps attendu du Comité permanent du patrimoine
canadien sur la culture canadienne reflète assez bien les vues des
témoins. Le tort du rapport, à mon sens, est que le Comité
a mis trop de temps à boucler ses travaux. Je tiens néanmoins
à féliciter mes collègues pour leur détermination
à le mener à terme.
Le Parti réformiste favorise le libre développement des
communautés culturelles du Canada, sans protection ou réglementation
indue, afin que se crée un marché libre de la culture, offrant
au consommateur des choix à un coût moindre, les services
étant fournis par les secteurs qui sont en mesure de le faire à
meilleur prix.
Les rédacteurs du rapport ont fait de la belle ouvrage. La trame
linéaire de l'analyse montre bien comment les divers éléments
de la chaîne sont liés entre eux. La culture y est examinée
sous tous les rapports, de la création et la formation, à
la production et la distribution, en passant par la préservation
et la consommation.
Le Parti réformiste ne peut souscrire à l'ensemble du
rapport, bien qu'il renferme des recommandations fort prometteuses. Mais
il y en a également qui n'ont cure de la façon dont les fonds
sont répartis et contrôlés.
La culture canadienne y est définie dans l'optique des témoins.
En gros, le rapport traduit les vues des fédéralistes. Nous
n'avons pas encore dans ce pays une vision unique de la culture dans son
sens large, qui reconnaisse et respecte le rôle global des provinces
et des municipalités. Notre pays a besoin d'une politique culturelle
unique qui réponde aux besoins de tous les Canadiens à chaque
niveau de gouvernement. Il faut des principes communs pour y arriver. Il
appartient au gouvernement fédéral de prendre l'initiative
de réunir les provinces et les municipalités pour échanger
et discuter, et préparer l'élaboration d'une politique culturelle
unique qui servira les intérêts de tous les Canadiens, quel
que soit le coin de ce magnifique pays qu'ils habitent. Le gouvernement
fédéral doit comprendre que la culture est l'affaire de tout
le monde et pas seulement de la capitale nationale.
Le domaine auquel il faut s'attaquer est la question des millions de
dollars de subventions accordés par les nombreux ministères
fédéraux. Les contributions et subventions sont un des moyens
les plus importants dont le gouvernement libéral dispose pour atteindre
ses objectifs. Mais c'est aussi celui qui s'attire le plus de critiques
du public lorsque les contrôles sont inadéquats, comme ce
fut le cas pour le Dumb Blonde Joke Book et le film pornographique
Bubbles Galore. Dans son rapport de décembre 1998, le vérificateur
général signale avoir constaté chez une bonne vingtaine
de ministères et organismes des cas : 1) d'application ou d'interprétation
incohérente de la politique sur les subventions et contributions;
2) d'utilisation inefficace des fonds publics et d'absence de mesures pour
assurer la reddition de comptes des bénéficiaires des programmes;
3) d'absence de contrôles, de suivi et d'évaluation. Tout
le monde veut avoir sa subvention. Une politique culturelle unique assurerait
que l'argent des contribuables est dépensé de façon
efficace et économique. Même le vérificateur général
a recommandé une meilleure coordination entre les ministères
fédéraux et provinciaux afin d'éviter le gaspillage
d'énergies et de fonds.
Le Parti réformiste croit que toutes les subventions et contributions
du gouvernement devraient être subordonnées à un réexamen
dans un délai donné. Nous croyons qu'un système de
marché libre, et discipliné, est le garant du succès
de l'industrie culturelle.
Il y a bien des façons pour le gouvernement d'aider les particuliers
et les organisations à réussir dans le secteur culturel.
Les dons et fondations, les déductions fiscales, les partenariats,
pour n'en nommer que quelques-uns.
Aujourd'hui, les changements technologiques sont imminents. Internet
aura un impact énorme sur notre culture. De fait, Internet risque
de rendre inutiles plusieurs instances de réglementation du gouvernement
fédéral.
La culture du Canada est d'une richesse et d'une diversité étonnantes,
qui déborde le cadre étroit de la notion des deux peuples
fondateurs. S'il sait développer cette richesse culturelle, le Canada
pourrait devenir un chef de file mondial sur la scène culturelle.
Inky Mark, député, porte-parole de l'opposition officielle
sur le patrimoine canadien.