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FINA Rapport du Comité

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RAPPORT SUPPLÉMENTAIRE DE L'OPPOSITION OFFICIELLE

Pour l'opposition officielle, le débat ne vise pas seulement à améliorer la productivité aux seules fins de la productivité. Le but recherché est de créer de la richesse dans notre économie. De hausser le niveau de vie de tous les Canadiens. De remplacer les politiques publiques qui freinent la création de richesse par d'autres qui la favorisent. Et comme le Canada n'évolue pas en solo dans l'économie mondiale, l'atteinte de ces objectifs ne peut pas se mesurer sans comparaison avec nos partenaires politiques et économiques, comme les États-Unis, les pays du G-7 et l'OCDE, et indépendamment de nos réalisations passées et de notre potentiel actuel.

Les récentes données de la productivité canadienne sont peu reluisantes. La croissance de la productivité (PIB/heures travaillées) a été très faible durant les années 90 par rapport aux décennies précédentes. Et la tendance se maintient : la productivité a été très faible en 1998 et ne semble pas vouloir s'améliorer cette année.

Prenons maintenant les niveaux réels. Notre productivité (PIB/heures travaillées) ainsi que notre niveau de vie (PIB per capita) sont tous les deux de 20 p. 100 inférieurs aux taux enregistrés aux États-Unis, et l'écart continue de s'élargir.

La détérioration de notre niveau de vie observée dans les années 90 s'explique notamment par la baisse du taux d'emploi ainsi que de la participation au marché du travail au Canada, parallèlement à leur hausse aux États-Unis. Même s'il existe un lien direct à long terme entre les niveaux de productivité et la baisse du niveau de vie, il faut bien comprendre que d'autres facteurs peuvent entrer en jeu. Si nous nous limitons dans ce débat à une définition étroite de la productivité, nous risquons de négliger de nombreux problèmes économiques bien réels qui ont tous contribué à faire baisser notre niveau de vie.

Un budget axé uniquement sur la productivité ne tient pas compte des nombreux autres problèmes économiques Le gouvernement a fait part de son désir de conclure un « pacte de la productivité » et de faire de celle-ci un thème majeur de son prochain budget. Nous craignons qu'il s'agisse là davantage d'une réaction à la dernière lubie économique que d'une volonté réelle de contrer la baisse de notre niveau de vie.

Certains témoins ont indiqué, eux aussi, qu'il ne suffisait pas d'utiliser le seul critère de la productivité pour évaluer les propositions budgétaires. Prenons par exemple les diminutions d'impôt. Elles stimulent le PIB et l'emploi; on peut donc s'attendre à ce qu'elles favorisent la croissance économique et améliorent le niveau de vie. Cependant, chaque réduction d'impôt présente des caractéristiques particulières qui seront plus ou moins déterminantes pour la hausse de productivité qu'elle permettra.

La création de richesse est le meilleure remède à prescrire pour améliorer le niveau de vie Le niveau de vie étant défini par les économistes comme le PIB par habitant, nous croyons qu'il convient de mettre l'accent sur ce facteur dans notre prochain budget. Techniquement, le PIB per capita est une mesure de croissance économique et de création de richesse.

L'opposition officielle recommande que le gouvernement s'écarte de la définition étroite de la productivité au profit d'un objectif plus vaste de croissance économique ou de création de richesse. En changeant de cap, à savoir en optant pour la création de richesse au lieu de s'attarder à la répartition du revenu, on vise plus à « élargir la tarte » qu'à la répartir différemment. Mais surtout, en adoptant une optique plus vaste, nous pourrons nous concentrer sur tous les changements d'orientation nécessaires pour hausser véritablement le niveau de vie au Canada.

Bâtir un cadre propice à la création de richesse Une fois convenu que la création de richesse est le meilleur véhicule qui soit pour améliorer le niveau de vie global, il reste à transposer concrètement cette assertion dans les stratégies d'action. À cette fin, nous croyons que le gouvernement doit, dans un premier temps, établir des principes de base. Ce n'est qu'à cette condition qu'il pourra baliser ses décisions d'orientation et éviter de recréer le fouillis de politiques nuisibles qui a freiné la croissance économique et contribué à la baisse du niveau de vie.

L'absence de principes directeurs explique pourquoi, aujourd'hui, les stratégies de développement industriel encouragent les sociétés parasites et dépendantes. Cela explique pourquoi nous finançons d'une part la recherche et le développement dans le secteur public, mais décourageons par la fiscalité la recherche et le développement dans le secteur privé. Cela explique pourquoi nous dépensons des milliards de dollars à former des médecins et des spécialistes en technologie de pointe, qui quittent ensuite le pays parce que les impôts sur le revenu sont trop élevés. Cela explique pourquoi, depuis une vingtaine d'années, nous prenons de plus en plus de retard par rapport à nos voisins américains comme en font foi presque tous les indicateurs économiques d'importance : niveau d'imposition, revenu, création d'emplois, taux de chômage, recherche et développement, formation de capital, etc.

Voici deux principes que nous estimons essentiels pour la création de richesse :

Un dollar entre les mains d'un contribuable est utilisé plus efficacement qu'un dollar entre les mains du gouvernement.

Pourquoi? Parce que les gens ont des besoins multiples et que les programmes « taille unique » du gouvernement ne font pas à tout le monde. Dans une économie complexe, les personnes les plus compétentes pour prendre des décisions au sujet des ressources raréfiées sont les gens d'affaires et les entrepreneurs.

Voilà pourquoi les surplus budgétaires du gouvernement doivent être considérés comme des paiements en trop de la part des contribuables.

Incitatifs

Si nous voulons que les sociétés et les particuliers investissent dans :

  • la recherche et le développement;
  • l'innovation technologique;
  • le perfectionnement des compétences;
  • les immobilisations des entreprises,

nous devons leur offrir des incitatifs en ce sens. Or, nos taux d'imposition élevés mettent au contraire un frein à toutes ces activités de création de richesses.

Un petit gouvernement qui évite de se disperser créé le contexte le plus propice qui soit à la création de richesse.

  • Un gouvernement qui dépasse sa taille optimale éloigne l'investissement privé et entrave la création de richesse. En limitant les pouvoirs du gouvernement fédéral d'intervenir dans d'autres champs de compétence et dans l'économie privée, on renforce l'unité nationale et on rend le climat d'investissement plus stable.
  • Le gouvernement devrait utiliser ses ressources limitées pour faire peu de choses, mais bien les faire, notamment préserver la primauté du droit, veiller à la bonne santé du système bancaire et à la stabilité de la politique monétaire ainsi qu'investir judicieusement dans les soins de santé et l'éducation.
  • En conclusion, l'opposition officielle est d'accord avec un grand nombre des recommandations contenues dans le rapport principal du Comité des finances. Nous doutons toutefois que le gouvernement les adoptera du fait qu'il devient toujours plus imposant de taille et plus interventionniste, que les impôts ne cessent d'augmenter et que les études commandées par des gouvernements précédents sur la nécessité d'une réforme fiscale sont restées lettre morte.