CIMM Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
Opinion dissidente du Bloc Québécois présentée au Comité
permanent de la citoyenneté et de limmigration
Le Québec a reçu depuis le milieu des années 1980 plus de 160 000 demandeurs dasile. La lenteur du processus administratif dans le traitement des demandes entraîne des drames humains inacceptables et place les personnes et les familles dans des situations très difficiles à vivre.
À titre dexemple, pour le seul bureau de la Commission de limmigration et du statut de réfugié de Montréal, le délai de traitement moyen des demandes est de 10 mois. De plus, il y avait à la fin décembre à Montréal plus de 7 000 demandeurs dasile en attente dune audience; soit le tiers de tous les cas au Canada.
Bien que le Bloc Québécois soit daccord avec la majeure partie des recommandations proposées dans le rapport Protection des réfugiés et sécurité des frontières : trouver un juste milieu, nous croyons que le gouvernement fédéral devrait consacrer les ressources nécessaires pour que soient effectives, dans le délai maximum de six mois, lensemble des décisions et des mesures menant à lattribution du statut de réfugié ou au renvoi des personnes refusées.
Cest également sans réserve que nous appuyons la demande formulée par trois provinces canadiennes soit le Québec, lOntario et la Colombie-Britannique sur la question des coûts engendrés par les services offerts aux demandeurs dasile en attente dune décision. Nous demandons au gouvernement fédéral dassumer tous les coûts associés aux divers services dispensés aux demandeurs dasile jusquà ce quils aient été reconnus réfugiés ou quils aient été rapatriés.
Également, il nous faut mentionner quil en coûte actuellement au Québec plus de 80 millions de dollars par année pour prendre en charge les personnes en attente dune décision fédérale à la Commission de limmigration et du statut de réfugié.
Un autre élément très préoccupant demeure la venue dune immigration clandestine de plus en plus jeune. Larrivée récente dadolescents roumains dans le Port de Montréal ainsi que la situation pénible vécue par 10 jeunes chinois dâge mineur, incarcérés pendant plus de 7 mois dans un centre de détention dImmigration Canada à Laval, attire notre attention. Or, la section Détention du présent rapport naccorde aucun statut particulier aux demandeurs de statut de réfugiés dâge mineur, et ce, en dépit du fait que le Haut Commissariat pour les réfugiés a récemment signalé à Immigration Canada quil était contre les règles internationales demprisonner de jeunes réfugiés, sauf exception, et pour un très court laps de temps.
Conséquemment, nous croyons que les mineurs, demandeurs du statut de réfugié devraient être exemptés du processus de détention. À cet égard, larticle 37 b) de la Convention relative aux droits de lenfant devrait sappliquer. Cet article stipule :
« Les États parties veillent à ce que :
b) Nul enfant ne soit privé de liberté de façon illégale ou arbitraire. Larrestation, la détention ou lemprisonnement dun enfant doit être en conformité avec la loi, nêtre quune mesure de dernier ressort, et être dune durée aussi brève que possible; »
De plus, en ce qui concerne le traitement dune demande de réfugié faite par une personne mineure, nous estimons que lanalyse de ce type de demande devrait se faire dans le respect de larticle 22 de la convention mentionnée précédemment, et qui se lit comme suit :
« Article 22
1. Les États parties prennent les mesures appropriées pour qu'un enfant qui cherche à obtenir le statut de réfugié ou qui est considéré comme réfugié en vertu des règles et procédures du droit international ou national applicable, qu'il soit seul ou accompagné de ses père et mère ou de toute autre personne, bénéficie de la protection et de l'assistance humanitaire voulues pour lui permettre de jouir des droits que lui reconnaissent la présente Convention et les autres instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ou de caractère humanitaire auxquels lesdits États sont parties.
2. À cette fin, les États parties collaborent, selon qu'ils le jugent nécessaire, à tous les efforts faits par l'Organisation des Nations Unies et les autres organisations intergouvernementales ou non gouvernementales compétentes collaborant avec l'Organisation des Nations Unies pour protéger et aider les enfants qui se trouvent en pareille situation et pour rechercher les père et mère ou autres membres de la famille de tout enfant réfugié en vue d'obtenir les renseignements nécessaires pour le réunir à sa famille. Lorsque ni le père, ni la mère, ni aucun autre membre de la famille ne peut être retrouvé, l'enfant se voit accorder, selon les principes énoncés dans la présente Convention, la même protection que tout autre enfant définitivement ou temporairement privé de son milieu familial pour quelque raison que ce soit. »
Les principes énoncés dans la Convention de 1951, relative au statut de réfugié, se doivent dêtre préservés. Cest la vie de milliers de personnes qui est en jeu.
Par ailleurs, la recommandation du Comité permanent concernant la création dune structure dappel interne ne constituerait pas, selon le Bloc Québécois, un véritable mécanisme dappel des décisions sur le statut de réfugié. Il apparaît en effet difficile de garantir limpartialité ou lapparence dimpartialité du processus lorsque les membres du Comité de révision doivent se prononcer sur les décisions de leurs propres collègues de la Section du statut de réfugié. Une telle structure par laquelle les membres de la Section sont appelés à se réviser eux-mêmes nimplique pas un regard critique et ne peut donc, à notre avis, présenter des garanties dindépendance. La création dun comité de révision, tel que proposé par le Comité permanent, natteindra pas les effets escomptés ni napaisera les craintes exprimées par les défenseurs des réfugiés qui réclament un véritable mécanisme dappel.
Enfin, il apparaît essentiel au Bloc Québécois que toute transformation du processus de demande dasile vise à garantir lintégrité du système de détermination du statut de réfugié. Pour ce faire, il est primordial que cessent les nominations politiques au sein de la Commission de limmigration et du statut de réfugié et que soit instaurée une procédure transparente de nomination et de renouvellement qui assure une entière impartialité et un choix fondé sur la compétence et lexpérience professionnelle des candidats et non, comme cest souvent le cas actuellement, sur leurs affinités politiques.
Bernard Bigras
Député de Rosemont,
Porte-parole du Bloc Québécois en matière de citoyenneté et d'immigration