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FAIT Rapport du Comité

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CHAPITRE 9 :
LE COMMERCE DE MARCHANDISES : ACCÈS AUX MARCHÉS, BARRIÈRES TARIFAIRES ET NON TARIFAIRES

Nous sommes en faveur de la plus forte réduction possible des tarifs douaniers, voire de leur élimination pure et simple; de la réduction ou de l'élimination du plus grand nombre possible d'obstacles non tarifaires; de l'administration la plus efficiente possible des douanes et des contrôles frontaliers; ainsi que du plus haut degré possible d'équité et de transparence dans les procédures de passation des marchés et les pratiques administratives. De telles mesures devraient ouvrir aux entreprises de GE et à toutes les entreprises canadiennes des perspectives nouvelles exaltantes. [Robert Weese, 31:1635]

Accès aux marchés

Par définition, la mondialisation signifie que les frontières nationales ne sont plus les obstacles qu'elles étaient, du moins pour ce qui est des activités économiques et de la plupart des échanges de biens et services. Dans l'espoir de récolter le fruit de cette mondialisation, de nombreux gouvernements se sont entendus sur une base multilatérale, régionale ou bilatérale pour ouvrir leurs marchés. Ainsi les politiques nationales sont-elles passées au crible, afin de vérifier que les signataires de ces ententes respectent leurs engagements en matière d'accès aux marchés. Nous verrons très probablement au cours des 10 prochaines années de nombreuses incohérences entre les politiques sectorielles nationales et les engagements en matière de commerce, dont la résolution sera sans aucun doute source de litiges.

Si l'accès aux marchés n'est peut-être pas aussi stimulant du point de vue intellectuel que les nouveaux enjeux commerciaux (concurrence, propriété intellectuelle et investissement), il n'en forme pas moins la pierre angulaire du système commercial international, du moins dans les Amériques. Un éventuel accord sur une zone de libre-échange constituera un accord préférentiel en vertu duquel tous les droits de douane sur les produits industriels imposés sur la quasi totalité des produits provenant d'autres pays des Amériques finiront par être éliminés. Ce volet des négociations portera sur le point de départ des barèmes des tarifs douaniers et sur le calendrier d'élimination progressive de ces barèmes. Il faudra de toute évidence harmoniser à l'échelle internationale les obstacles techniques au commerce comme les normes volontaires applicables aux produits, souvent fondées sur des coutumes nationales ou locales, de même que les réglementations internes des divers pays des Amériques.

Il serait bon à ce stade-ci de mesurer les effets qu'aurait une ZLEA sur l'accès aux marchés. Le diagramme 9.1 constitue un bon point de départ (quoique schématique). Il révèle que, pour la plupart des pays négociant actuellement une ZLEA, les importations provenant des Amériques représentent entre 60 et 80 p. 100 de l'ensemble de leurs importations; seuls les États-Unis, le Panama et le Chili ne dépendent pas lourdement de produits importés de pays des Amériques. La partie inférieure des barres, dans le diagramme, représente les importations des pays ayant conclu des ententes de libre-échange ou des unions douanières. Ces importations ne sont sujettes à pratiquement aucune barrière commerciale ou ne le seront bientôt plus en vertu des ententes commerciales existantes. La partie supérieure des barres représente les importations provenant d'autres pays qui adhéreraient à une ZLEA (certains de ces échanges pourront aussi n'être sujets qu'à peu d'obstacles). Par conséquent, plus la partie inférieure de la barre est longue par rapport à la partie supérieure, moins la libéralisation de l'accès aux marchés découlant d'une ZLEA aura d'effets - manque à gagner relatif aux tarifs douaniers et, peut-être, intensité de la concurrence étrangère; l'inverse est également vrai.



À en juger par le diagramme 9.1, le Canada, le Mexique, les États-Unis et le Chili ne devraient pas de façon générale trop se ressentir d'un élargissement des privilèges du libre-échange à l'ensemble des pays membres de la ZLEA. Les pays avec lesquels ils ont signé des ententes de libre-échange constituent déjà en grande partie le gros de leurs fournisseurs de produits importés. Par contre, le reste des Amériques devra procéder à des ajustements majeurs, surtout les pays du CARICOM et d'Amérique centrale, fortement dépendants de produits provenant d'autres pays de l'hémisphère qui ne sont pas liés à eux par des ententes de libre-échange. Il serait donc naturel de s'attendre à ce que l'actuel déséquilibre en matière d'accès aux marchés dans les Amériques constitue une pierre d'achoppement lors des pourparlers.

Les sections suivantes du présent chapitre portent sur des questions d'accès aux marchés comme les barrières tarifaires et non tarifaires visant toutes les marchandises, les deuxièmes consistant essentiellement en procédures douanières, notamment l'évaluation en douane, les règles d'origine et les autres mesures à la frontière; les normes et les obstacles techniques au commerce, dont les mesures sanitaires et phytosanitaires ne sont pas les moindres, ainsi que les règlements et les normes volontaires applicables aux produits; les mesures antidumping, les subventions et les mesures compensatoires ainsi que les sauvegardes. Le Comité ne se penchera toutefois que sur les marchandises autres qu'agricoles dont l'accès aux marchés est discuté au chapitre suivant. Les mesures sanitaires et phytosanitaires s'y trouvent donc également. Comme le chapitre 4 traite des questions de facilitation du commerce, notamment des procédures douanières, les mesures à la frontière échapperont à notre analyse, du moins dans le présent chapitre.

Tarifs douaniers

Les tarifs douaniers occuperont de toute évidence une place importante dans les pourparlers sur l'accès aux marchés, peut-être même la plus importante pour ce qui est de la libéralisation du commerce dans les Amériques. Il faut toutefois replacer ce concept dans son contexte historique. À l'origine, les tarifs douaniers devaient permettre aux gouvernements de se procurer des revenus. La stratégie a toujours très bien fonctionné car elle ne soulève guère d'opposition de la part du public, la taxe étant cachée aux consommateurs, groupe non organisé, et ayant des effets bénéfiques sur la compétitivité de certaines entreprises nationales. Bien évidemment, on a peu prêté attention à ses répercussions sur la croissance économique, qui ne sont pas favorables. C'est aux Caraïbes que cet état de fait est le plus manifeste, les tarifs douaniers étant la principale source de revenus des États et l'économie étant retardataire. Les pays d'Amérique latine considéraient aussi les tarifs douaniers comme un moyen d'encourager l'investissement étranger direct (IED) dans le cadre de leur stratégie de remplacement des importations. Ils ignoraient que commerce et IED sont souvent complémentaires et que les tarifs douaniers ne peuvent que limiter les chances d'obtenir des investissements étrangers directs à plus long terme; c'est une leçon qu'ils ont apprise (voir le chapitre 13 et l'annexe 2).

Au cours des 30, et surtout des 10 dernières années, les pays développés, une fois devenus conscients des avantages profonds que présente la libéralisation des échanges pour l'économie, se sont entendus en nombre toujours plus grand pour réduire considérablement leurs tarifs douaniers de manière multilatérale. Par exemple, le tarif pondéré du Canada qui était légèrement supérieur à 4 p. 100, en 1987, est passé à un peu plus de 1 p. 100 en 1997. Au cours de la même période, le tarif pondéré appliqué aux importations passibles de droits de douane est tombé de 11,28 p. 100 à 5,03 p. 100. Le 1er janvier 1998, le Canada et les États-Unis ont éliminé tous les tarifs sur les produits industriels en vertu de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Aux termes de cet accord, le Canada et le Mexique effaceront la quasi-totalité des tarifs qu'ils s'imposent l'un à l'autre d'ici 2003. À cette date-là, le Canada et le Chili auront également éliminé tous les tarifs sur les produits industriels qu'ils s'imposent mutuellement en vertu de l'Accord de libre-échange Canada-Chili.

Par rapport à la plupart des pays des Amériques, le Canada a déployé de vigoureux efforts en matière de libéralisation des échanges. Le ministre du Commerce international n'a pas hésité à mentionner le déséquilibre en matière de tarifs douaniers qui existe dans les Amériques.

Il importe de signaler que nos exportateurs font toujours face à des barrières tarifaires relativement élevées dans la région, et c'est pourquoi il serait avantageux d'avoir un régime d'échanges libéralisé. Par exemple, dans le secteur automobile, nous faisons face à des tarifs conjoints du MERCOSUR de 70 p. 100; dans le secteur des équipements, à des tarifs de 20 à 25 p. 100 dans les principaux marchés sud-américains; dans le secteur du papier, à des tarifs de 12 à 16 p. 100 dans les économies du MERCOSUR; et dans le secteur des matières plastiques, à des tarifs de 14 à 18 p. 100 sur nos principaux marchés. La zone de libre-échange permettrait d'abaisser ces barrières pour nous étant donné qu'elles ont déjà été éliminées ailleurs. Les pays des Amériques et des Caraïbes bénéficient déjà de tarifs douaniers peu élevés au Canada et beaucoup ont droit à un tarif préférentiel général ou à un autre type de traitement tarifaire préférentiel. [Hon. Sergio Marchi, 24:1535]

L'Association canadienne des pâtes et papiers a voulu préciser la nature stratégique de la structure des taux tarifaires en Amérique latine et ses répercussions économiques sur le secteur des forêts canadien.

[L]es droits de douane demeurent très élevés en Amérique latine. Dans certains pays, ils sont supérieurs à 10 p. 100 et ils entraînent parfois une augmentation du coût des expéditions canadiennes pouvant atteindre 50 dollars la tonne. La plupart d'entre eux sont appliqués aux catégories de papier à valeur ajoutée, ce qui donne lieu à une progressivité tarifaire et empêche les producteurs canadiens de tirer un rendement économique optimal de leurs ressources papiers. [Joel Neuheimer, 30:1615]

Le Comité aimerait une fois de plus indiquer qu'il approuve la cible visée par un éventuel accord sur une Zone de libre-échange des Amériques, qui devrait mener à une élimination totale des tarifs sur les produits industriels au sein des Amériques, objectif visé ultimement. Il reste donc deux questions : 1) l'établissement d'une année de base pour le barème des tarifs et 2) le rythme auquel devront être éliminés les tarifs.

Pour ce qui est du premier point, le Comité estime que, pour que les réductions tarifaires soient effectives, il faudrait que l'année de référence précède les pourparlers officiels. Il serait ainsi possible de contrer les manipulations stratégiques de ceux qui voudront se ménager une plus grande marge de manoeuvre entre les barèmes actuels et la cible visée. Le Comité recommande donc :

15. Que le gouvernement du Canada établisse une année de référence à partir de laquelle tous les signataires d'un accord sur la Zone de libre-échange des Amériques baseront leurs réductions progressives des tarifs sur tous les produits industriels. Que cette année soit dans les meilleurs intérêts du Canada.

Un grand nombre de témoins ont conseillé au Comité de s'inspirer de l'ALENA pour déterminer la période d'élimination progressive des tarifs. Le Comité note un appel particulier :

[L]es négociations portant sur l'accord de libre-échange visent l'élimination progressive des droits tarifaires - comme cela a été prévu en vertu de l'Accord de libre-échange avec les États-Unis et de l'Accord de libre-échange nord-américain - ainsi que la mise en place d'un processus accéléré de réduction des droits tarifaires grâce auquel les signataires de l'accord sur une ZLEA en arriveraient à des droits zéro pour zéro sur une période déterminée et raisonnable, les deux accords cités permettant une certaine souplesse - sur une période de 10 ans - pour en arriver à une élimination complète des droits. [Gordon Peeling, 30:1610]

Le Comité a pris conscience du fait que le délai maximal de 10 années est devenu en quelque sorte un précédent à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et recommande donc :

16. Que le gouvernement du Canada cherche à faire établir un délai maximal de dix années au cours duquel les pays signataires d'un accord sur la Zone de libre-échange des Amériques réduiront progressivement tous les tarifs douaniers qu'ils appliquent à tous les produits industriels et qu'il fasse preuve, au cours des négociations, de la souplesse nécessaire à l'obtention de réductions accélérées des tarifs lorsque cela est possible.

Mesures antidumping

Les mesures antidumping sont l'une des formes d'obstacles non tarifaires au commerce qui soient permises, lorsqu'elles sont appliquées conformément à un ensemble de règles bien définies et approuvées par l'OMC. En règle générale, il y a dumping lorsque des exportateurs vendent leurs marchandises sur les marchés étrangers à un prix inférieur à celui auquel ils les vendent sur le marché intérieur (soit la « valeur normale ») ou à un prix inférieur au coût de production. L'Accord antidumping de l'OMC prévoit que les pays peuvent imposer des droits antidumping équivalant à la marge de dumping, s'il est déterminé, à la suite d'une enquête, que les importations causent ou menacent de causer un préjudice sensible à leurs producteurs dans la branche de production nationale en question. L'ALENA confirme les droits et obligations établis dans l'accord de l'OMC.

L'Accord antidumping de l'OMC s'applique à tous les membres de cet organisme, et la quasi-totalité des pays qui négocient actuellement une ZLEA disposent, ou disposeront bientôt, de lois antidumping compatibles avec l'accord de l'OMC. De plus, en cas d'union douanière, une mesure antidumping prise par un pays peut avoir des répercussions extraterritoriales dans toute la région visée par l'union douanière. Le Canada a en fait été le premier pays au monde à promulguer une loi antidumping (1904). Aujourd'hui, c'est la Loi sur les mesures spéciales d'importation de 1984 qui régit l'usage des mesures antidumping. Finances Canada est responsable de la formulation des lois et des politiques en la matière, Revenu Canada et le Tribunal canadien du commerce extérieur étant conjointement chargés de mener les enquêtes.

Dans les Amériques, un certain nombre de pays recourent fréquemment aux mesures antidumping, surtout ces dernières années. Les données relatives au nombre d'enquêtes menées par les divers pays au cours des 10 dernières années sont fournies par le Secrétariat de l'OMC. En voici quelques-unes : États-Unis (391), Canada (188), Mexique (188), Argentine (123), Brésil (97), Pérou (14), Venezuela (12), Chili (9), Costa Rica (5) et Guatemala (1).

Le Comité a reçu quelques commentaires sur l'état actuel des dossiers antidumping. Ces commentaires portaient en gros sur deux questions. La première concernait la possibilité de fusionner les modalités antidumping avec celles relatives à l'établissement de prix abusifs (voir le chapitre 15). La deuxième question portait sur le recours accru, depuis quelque temps, aux mesures antidumping en remplacement, apparemment, des réductions des barrières tarifaires et autres décidées lors du Cycle d'Uruguay. Il s'agit essentiellement de trouver de nouveaux moyens d'endiguer le flux de ces mesures protectionnistes, mais aucune recommandation concrète ou précise n'a été avancée.

Le ministre Marchi a affirmé clairement qu'il jugeait prioritaire, au cours des futures négociations à l'OMC, de limiter le recours abusif aux mesures antidumping, aux droits compensatoires et aux mesures de sauvegarde, notamment en raison de la prolifération de ces types de mesures. Tous s'accordent à dire qu'il ne s'agit en réalité que de nouvelles formes de protectionnisme, qui ont remplacé les anciens régimes tarifaires et qui coûtent en fait très cher au système commercial mondial. [Eugene Beaulieu, 125:855-900]

Le Comité estime également que les États-Unis et l'Union européenne sont les entités qui recourront le plus probablement à des mesures antidumping inquiétant tout particulièrement le Canada et que ce dernier ne pourra atteindre ses objectifs que s'il s'adresse à une tribune plus large que la table de négociation d'un accord sur une Zone de libre-échange des Amériques. Le Comité recommande :

17. Que le gouvernement du Canada s'emploie activement à préciser les procédures relatives aux mesures antidumping à l'échelle multilatérale afin de les améliorer.

Subventions et mesures compensatoires

L'Accord sur les subventions et les mesures compensatoires de l'OMC (Accord SMC) établit les disciplines relatives à l'utilisation de subventions. Il vise deux grands objectifs : 1) régir l'octroi de subventions par des gouvernements afin de neutraliser les distorsions que cela pourrait causer au chapitre du commerce international; et 2) établir des règles permettant aux pays d'imposer unilatéralement un droit spécial sous forme de mesures compensatoires afin de compenser les dommages que cause, à leur industrie nationale, l'importation de produits subventionnés.

Les règles de l'OMC régissant le recours aux mesures compensatoires sont analogues à celles concernant les mesures antidumping, à la seule différence ou presque que les enquêtes faisant suite aux mesures compensatoires portent sur le comportement des gouvernements, tandis que celles relatives aux mesures antidumping visent l'établissement de prix par des entreprises. L'OMC établit et définit trois types de subventions selon l'approche dite des « feux de circulation » : les subventions prohibées (feu rouge), comme les subventions à l'exportation (sauf celles appliquées aux produits agricoles); les subventions pouvant donner lieu à une action (feu orange), comme celles qui ont pour objet d'aider certaines entreprises; les subventions qui ne peuvent être contestées (feu vert), comme les subventions générales au titre de la recherche et du développement ou de l'aide régionale.

Les témoins qui se sont présentés devant le Comité ont, en général, appuyé les règles de l'OMC sur les subventions et les mesures compensatoires, bien que certains aient déploré le manque de clarté des définitions des catégories types de subventions.

En ce qui concerne l'Accord sur les subventions et les mesures compensatoires, le Canada devrait chercher essentiellement à améliorer et à clarifier les dispositions existantes sur la définition de la notion de subvention et sur les conditions qui permettent d'imposer des sanctions commerciales. [...] Pour faire l'objet de mesures compensatoires ou être assujetties à des sanctions commerciales, les subventions doivent être versées en regard d'un produit spécifique. Autrement dit, elles doivent être limitées à certaines entreprises ou industries sur le territoire de celui qui octroie la subvention. [Gilbert Gagné, 110:1355]

Étant donné le niveau de satisfaction général du public à l'égard des règles actuelles de l'OMC sur les subventions et les mesures compensatoires, le Comité recommande :

18. Que le gouvernement du Canada s'efforce d'établir, au niveau multilatéral, une structure de réglementation des subventions et des mesures compensatoires.

Obstacles techniques au commerce

Les mesures d'ordre normatif, auxquelles on recourt en général pour protéger l'hygiène publique, l'environnement ou les consommateurs, regroupent des règlements techniques obligatoires, des normes volontaires et des mesures d'évaluation de la conformité. En règle générale, que ce soit au Canada ou ailleurs, ces mesures ne peuvent servir à exercer une discrimination injustifiée contre les produits étrangers. L'Accord sur les obstacles techniques au commerce (Accord OTC) établit ainsi les droits internationaux et obligations des membres signataires en ce qui concerne ces mesures d'ordre normatif qui ont des effets sur le commerce. En gros, cet accord reconnaît le droit des pays à établir leurs propres normes, mais il exige de ces derniers qu'ils ne les appliquent pas plus rigoureusement sur les produits importés que sur leurs produits nationaux.

Le Canada a tiré parti de cet Accord, étant l'un des premiers à s'en réclamer, lorsqu'il a contesté devant l'OMC la réglementation française en matière d'étiquetage des pétoncles et l'interdiction par la France de l'amiante chrysotile, deux dossiers dans lesquels il a obtenu gain de cause.

Le Comité a traité de la question de façon approfondie sous le point de vue de l'environnement et, au chapitre suivant, sous celui des mesures sanitaires et phytosanitaires, mais il a également cherché à en savoir plus sur leur application générale.

[...] Le Canada dispose aussi d'une excellente occasion de se protéger contre la possibilité que des barrières non tarifaires viennent menacer son accès futur au marché de la région. Les barrières non tarifaires sont des exigences ou des règlements techniques pouvant occasionner un traitement discriminatoire des produits étrangers importés par rapport aux produits fabriqués dans le pays. S'appuyant sur les disciplines déjà convenues dans les accords de l'Organisation mondiale du commerce, le Canada devrait profiter de l'occasion et solliciter l'adoption de règles supplémentaires à l'égard, par exemple, de l'élaboration et de l'utilisation des normes pour que ces éléments ne puissent servir à des fins protectionnistes. [Joel Neuheimer, 30:1620]

et

Nous recommandons également que les négociations en vue d'un accord de libre-échange des Amériques portent sur la question des obstacles techniques au commerce qui peuvent entraver l'accès aux marchés. Toutes les mesures relatives aux obstacles techniques au commerce dans l'accord de libre-échange des Amériques doivent, à notre avis, être conformes aux règles de l'OMC et être justifiées par une évaluation scientifique des risques et l'étude d'options pour la gestion des risques. [Gordon Peeling, 30:1610]

Le Comité est du même avis et recommande :

19. Que le gouvernement du Canada s'efforce de mettre sur pied un accord sur la Zone de libre-échange des Amériques dans lequel les règles concernant les obstacles techniques au commerce soient compatibles avec nos obligations internationales.

Sauvegardes

Les sauvegardes sont des mesures commerciales temporaires qu'un État applique en cas d'urgence lorsque l'augmentation des importations d'une marchandise donnée cause, ou menace de causer, un dommage grave aux producteurs nationaux de marchandises similaires ou directement concurrentes. Ces mesures doivent être conformes aux exigences de l'article XIX du GATT de 1994 et de l'Accord sur les sauvegardes de l'OMC. Dans leur accord de libre-échange, le Canada et les États-Unis se sont engagés à s'exclure mutuellement des mesures de sauvegarde générales visées par l'article XIX du GATT, sauf si les importations de l'autre partie étaient substantielles et contribuaient de façon importante aux préjudices, réels ou potentiels, causés par une augmentation des importations. Cette norme a été incorporée à l'ALENA.

Le Comité a appris que les sauvegardes de l'OMC n'ont eu jusqu'ici que peu de répercussions sur les exportations canadiennes. Il recommande :

20. Que le gouvernement du Canada cherche à établir un accord sur la Zone de libre-échange des Amériques qui inclue des sauvegardes compatibles avec les normes établies dans l'Accord de libre-échange nord-américain.