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AGRI Rapport du Comité

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CHAPITRE 7 : SCIENCE ET INNOVATION


Le gouvernement dispose de toute une gamme d’outils pour y parvenir, notamment la production de savoir. En effet, d’où viendront les nouveaux produits qui doivent être mis au point? Ils proviendront de la recherche. Quatre-vingts pour cent de l’augmentation passée de la productivité a été alimentée par les investissements en recherche et en développement.

Le gouvernement devra établir un programme de recherche qui tiendra compte de l’intérêt public. Ces dernières années, on a vu des programmes de recherche alimentés plutôt par la possibilité de rentabilité des investissements plutôt que par la rentabilité des investissements dictée par l’intérêt public. On a vu des programmes de recherche alimentés par l’objectif de trouver de nouveaux gènes qui rapporteraient des millions ou de nouveaux pesticides qui assureraient la rentabilité. Désormais, il faudrait que le programme de recherche public ait à cœur l’intérêt public.

Dr Marc Fortin, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages no 56‑15:40, 1re session, 37e législature, St-Hyacinthe, 13 mars 2002.

Les travaux du Comité ont permis de constater que le besoin de recherche et de développement (R-D) en agriculture faisait l’unanimité. Peu importe le secteur ou le participant, tous ont reconnu que l’excellence de l’agriculture canadienne était le fruit de la R-D et que cette excellence perdurera en autant que la science et l’innovation se poursuivront. Il y a toutefois un point sombre concernant le rôle du gouvernement en recherche et le financement destiné à la recherche publique : les deux ont ralenti à un point jugé inquiétant par un grand nombre d’intervenants du milieu agroalimentaire. Bien que le partage des activités de recherche entre les secteurs public et privé puisse offrir une synergie efficiente, il demeure impératif pour le gouvernement de maintenir un programme de recherche qui tienne compte de l’intérêt public. Il y a une « masse critique » de recherche qui doit être le fruit du secteur public où le système de contrôle par les pairs pour l’octroi de subventions de recherche fondées sur le mérite est reconnu comme rigoureux. Or, dans ce domaine le niveau de financement fait défaut.

Il est de notoriété publique que la Direction de la recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada fait l’objet d’une restructuration importante, ce qui soulève une vive inquiétude dans le milieu agricole. Un pays qui vise l’excellence et qui base son développement sur la science et l’innovation ne peut se permettre d’accuser trop de retard en R-D, surtout dans le domaine de l’agriculture, qui se développe au rythme accéléré des découvertes en biotechnologie et d’autres innovations plus traditionnelles. Les membres du Comité ont fréquemment entendu des témoins prétendre que les progrès scientifiques et technologiques s’étaient accélérés à ce point qu’ils doutaient parfois de la capacité du gouvernement à bien évaluer l’impact des nouvelles applications.

Dans le Cadre stratégique pour l’agriculture, il est clairement reconnu que « le maillon « recherche » comprend les centres de recherche de l’État, les collèges et les universités ainsi que les laboratoires du secteur privé5 ». Le gouvernement reconnaît également qu’il est impératif de renforcer les liens entre les maillons et de « promouvoir un milieu d’affaires propice à la recherche et au développement qui encouragera le financement public et privé en recherche agricole ainsi que l’application rapide des résultats de la recherche6 ». L’énoncé de politique reste toutefois vague sur le rôle de leadership ou de maître d’œuvre que le gouvernement jouera. Une grande partie de la recherche doit demeurer du domaine public afin de satisfaire les intérêts publics, autant en recherche fondamentale qu’en recherche appliquée. Tout ce pan de la recherche doit de plus recevoir un financement adéquat. Conséquemment :

RECOMMANDATION 26

Considérant qu’il y a une masse critique de recherche qui doit viser l’intérêt public, le Comité recommande au gouvernement de jouer un rôle de leader et d’accroître les budgets destinés aux centres de recherche de l’État, aux collèges et aux universités.

De plus, comme la biotechnologie joue un rôle important en agriculture, mais qu’elle constitue aussi un sujet litigieux et d’inquiétude pour les agriculteurs et les consommateurs, le gouvernement devrait accroître son rôle dans ce secteur, à titre d’arbitre et, surtout, comme agent d’information. Dans la section sur l’agriculture biologique du présent rapport, il est fait état de la problématique concernant la pollinisation croisée entre les cultures biologiques et les cultures transgéniques. Cette question soulève également le problème de la biodiversité, qui est un volet important du Cadre stratégique pour l’agriculture. Comme la meilleure solution passe par une R-D spécifiquement ciblée :

RECOMMANDATION 27

Le Comité recommande au gouvernement d’axer une partie de sa stratégie en recherche et innovation spécifiquement sur les effets que les cultures transgéniques pourraient avoir sur l’environnement et sur la capacité du Canada à maintenir la biodiversité génétique des cultures. De plus, le gouvernement doit mieux informer le public sur les différents types de culture et sur le lien étroit qui unit biodiversité et agriculture.

Il y a un sujet particulièrement inquiétant concernant la science et l’innovation qui a marqué les débats du Comité. Trois des quatre doyens de facultés de médecine vétérinaire du pays se sont présentés devant le Comité pour soulever le problème de sous-financement qui a conduit à une dégradation des infrastructures à un point tel que deux de ces quatre facultés ne satisfont pas aux normes internationales et n’ont plus maintenant qu’un échéancier limité pour revenir à niveau.

Par conséquent, on est dans un contexte de risque, de très grand risque. Donc, ce qu’il faut faire, c’est se préparer. Il faut se préparer à faire face à ces choses-là. On a vu qu’en Angleterre, ils n’étaient pas tout à fait prêts. Cela leur a coûté des milliards de dollars. Par conséquent, il faut que le Canada mette tout de suite de l’avant des mesures pour protéger son cheptel et sa population.

Parmi ces mesures, il y en a qui peuvent être prises tout de suite, et je sais déjà qu’il y a des groupes qui se penchent sur cela. Mais d’autres mesures doivent être prises qui auront peut-être un impact à plus long terme, mais qui seront, d’après moi, des mesures durables. Une de ces mesures est d’appuyer le réinvestissement dans les infrastructures des facultés vétérinaires.

Dr Raymond Roy, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages no 56‑15:35, 1re session, 37e législature, St-Hyacinthe, 13 mars 2002.

Les doyens des différents collèges de médecine vétérinaire du pays, de concert avec l’Association canadienne des médecins vétérinaires, a proposé de garantir un investissement fédéral dans la mise en valeur du potentiel des collèges de médecine vétérinaire. Ce réinvestissement serait destiné à la mise en valeur du potentiel et au maintien de l’accréditation et du statut de profession la plus favorisée dans tout le pays. Il servirait aussi à améliorer la capacité d’intervention en cas de fièvre aphteuse par exemple, à encourager la recherche en santé animale pour les questions qui ne relèvent pas de l’Agence canadienne d’inspection des aliments et, bien sûr, à la formation de professionnels compétents.

Dr Timothy H. Ogilvie, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages no 59‑9:25, 1re session, 37e législature, Summerside, 20 mars 2002.

Il y a de graves conséquences au fait de ne pas être au même niveau d’agrément que celui des facultés vétérinaires américaines. Les écoles canadiennes de médecine vétérinaire jouent un rôle important dans la protection de l’approvisionnement en nourriture du pays, de la santé animale et de la santé publique en menant des travaux de recherche et en formant des vétérinaires et des professionnels possédant déjà des diplômes d’études supérieures qui fournissent des services spécialisés. C’est dans ces écoles que sont menés les principaux travaux de recherche en santé animale et pour l’avancement scientifique des services diagnostiques. Cependant, en raison maintenant d’une infrastructure défaillante, ces écoles disposent souvent de moyens insuffisants pour diagnostiquer, par exemple, la zoonose, mener des travaux de recherche en matière de sécurité alimentaire, élaborer des mesures de contrôle visant à protéger la santé des Canadiens et maintenir les échanges commerciaux à l’échelle mondiale dans le secteur agricole. Or, inutile de rappeler l’importance du commerce international pour les agriculteurs. Les questions d’éducation et de formation des vétérinaires relèvent certes des provinces, mais les services des vétérinaires touchent à de nombreux points critiques de l’infrastructure agricole et agroalimentaire, qui permettent à l’industrie de fournir des produits salubres et de qualité. Le sous-financement actuel des facultés de médecine vétérinaire a déjà des effets, et il en aura d’autres importants à plus long terme. Ne pas reconnaître ce fait comme prioritaire va à l’encontre de tout le volet sur la salubrité et la qualité des aliments du Cadre stratégique pour l’agriculture. En effet, si le Canada veut être « le chef de file mondial en matière de salubrité des aliments », il apparaît hautement stratégique et prioritaire que des services vétérinaires reconnus et adéquats soient en place. Pour cette raison :

RECOMMANDATION 28

Considérant que pour être un chef de file en matière de salubrité des aliments, le Canada a besoin d’un nombre adéquat de vétérinaires et du maintien de leur accréditation, le Comité recommande au gouvernement d’investir immédiatement dans les infrastructures des facultés de médecine vétérinaire les fonds nécessaires afin de mettre en valeur le potentiel de ces dernières et de maintenir leur agrément international.


5Agriculture et Agroalimentaire Canada, Cadre stratégique pour l’agriculture — Science et innovation, http://www.agr.gc.ca/cb/apf/innov_f.html (avril 2002).
6Ibid.