INST Rapport du Comité
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AVANT-PROPOS DE LA PRÉSIDENTE
En mars 2001, le Comité permanent de lindustrie, des sciences et de la technologie de la Chambre des communes a entrepris lexamen de ladministration et du fonctionnement, après quatre ans, de la Loi sur lenregistrement des lobbyistes. Le Comité a abordé ses audiences dans loptique dun mandat large, en laissant les préoccupations se dégager de la discussion elle-même. Bien que le ministre lui ait demandé de se pencher sur quelques éléments particuliers, le Comité ne sest pas limité à ceux-ci, mais a entendu des témoignages sur tout un éventail de dossiers. Ayant pour tâche de déterminer si le système denregistrement des lobbyistes fonctionne bien, il a traité la question dans le contexte des quatre principes énoncés dans le préambule de la Loi :
- lintérêt public présenté par la liberté daccès aux institutions de lÉtat;
- la légitimité du lobbyisme auprès des titulaires dune charge publique;
- lopportunité daccorder aux titulaires dune charge publique et au public la possibilité de savoir qui cherche à exercer une influence auprès de ses institutions;
- le fait que lenregistrement des lobbyistes rémunérés ne doit pas faire obstacle à cette liberté daccès.
Il sagissait donc pour le Comité de déterminer si, sur le plan concret, la Loi ménage un juste équilibre entre ces quatre principes? Notre enquête nous a souvent menés bien au-delà de la Loi sur lenregistrement des lobbyistes, notamment du côté de léthique au sein du gouvernement et des conflits dintérêts, du financement des élections, de la nature réelle de linfluence et, ce qui importe peut-être le plus, de la transparence.
Mais quest-ce que la « transparence »? Le terme désigne maintes choses différentes dans le contexte du gouvernement moderne : il signifie que le processus décisionnel du gouvernement doit être compris par les gens, leur être accessible et leur donner voix au chapitre, cest-à-dire leur permettre de sexprimer au sujet des lois qui régissent et influencent leur vie. En outre, la transparence veut dire que le public devrait pouvoir déterminer exactement qui parle au gouvernement, et à quel sujet. Ainsi, comprendre la transparence équivaut à ne pas limiter le débat à la quantité dinformation que les lobbyistes devraient être obligés de divulguer, même si cette discussion doit bien entendu avoir lieu. Il importe que le public sache ce qui se passe au gouvernement. Mais il importe encore davantage dexaminer la manière dont nous pouvons faire en sorte que tous les Canadiens ? pas seulement ceux qui travaillent dans un rayon dun kilomètre de la Colline du Parlement ? puissent contribuer véritablement au processus par lequel ils sont gouvernés.
Lun des éléments les plus importants à se dégager de nos échanges est peut-être la mesure dans laquelle Internet fait évoluer lélaboration des politiques et les modes de communication avec le gouvernement. Évidemment, les députés reçoivent déjà beaucoup plus de courrier de leurs électeurs par la voie électronique. Par ailleurs, le Comité a appris quà lheure actuelle, au moins un ministère offre dans son site Web un portail de « consultations » ? grâce à leur souris dordinateur, les citoyens peuvent maintenant communiquer leur point de vue, et pas seulement à leur député. Pour la première fois, et même sil en est seulement aux étapes initiales de son développement, Internet offre la possibilité dobserver clairement les rouages internes de ladministration et dintervenir : des sites Web fournissent des listes détaillées des employés dun ministère et indiquent leurs responsabilités, numéro de téléphone et adresse électronique; les sites Web des ministères contiennent des liens vers des textes de loi, des règlements, des lignes directrices, des manuels de politiques et même des documents de travail. Ce ne sont là que quelques exemples du degré de transparence qui peut être possible. La croissance dInternet va modifier la façon dont les gouvernements prennent leurs décisions, et les répercussions de ce changement seront encore plus fortes au cours des prochaines années. Les députés et les responsables des ministères peuvent donc sattendre à des contributions beaucoup plus directes et individuelles au processus délaboration des politiques.
En un sens, il est impossible de parler du système denregistrement des lobbyistes sans examiner le rôle dInternet. Dabord, il saute aux yeux que lenregistrement lui-même a lieu au moyen dInternet. Les lobbyistes senregistrent et mettre à jour leurs déclarations par voie électronique. Le registre est entièrement consultable et permet à quiconque de trouver en quelques clics qui sentretient avec le gouvernement, et à quel sujet. De même, Internet permet de savoir rapidement si des lobbyistes ne font pas les déclarations nécessaires.
La majorité des témoins ont exprimé lavis que le système fonctionne bien. Pour bien comprendre ce quil en est, il convient sans doute dexaminer les renseignements fournis par le système et ce quils révèlent des discussions qui ont lieu entre les lobbyistes et le gouvernement, des points de vue exprimés et de la nature de linformation échangée. On peut dire quil y a dans les quatre principes une reconnaissance implicite du rôle critique de linformation dans lélaboration des politiques. Linformation est lapport le plus précieux à ce processus, et lobtention de renseignements exacts et à jour constitue toujours une priorité pour les législateurs et les artisans des politiques. Cette information est communiquée par les parties prenantes, des gens ou des entreprises qui ont un intérêt dans les résultats du processus; des gens suffisamment préoccupés pour faire leffort de sexprimer et de sassurer que leurs voix sont entendues. Cest ce que font chaque année des milliers de Canadiens, en réalité, lorsquils écrivent à leur député. En outre, des particuliers et des entreprises peuvent conjuguer leurs énergies au sein de groupes de défense de lintérêt public ou dassociations commerciales ou industrielles afin dexaminer des dossiers et de discuter avec le gouvernement ? cest-à-dire faire du lobbying ? dune voix forte et unifiée.
On dépeint souvent le lobbying comme étant la chasse gardée de « lobbyistes puissants et influents », qui utilisent leurs « contacts » pour conclure des « marchés secrets ». Cette description est par trop simpliste. Dans une très large mesure, les décisions du gouvernement ? et, partant, les efforts de lobbying ? concernent non pas les législateurs ou la législation, pas même les ministres de lÉtat. La plupart des activités de lobbying se déroulent plutôt à un « échelon inférieur » et visent plusieurs niveaux de gouvernement.
Un autre facteur important dont il a été question est la mesure dans laquelle la prise de décisions par le gouvernement et le rôle des lobbyistes ont changé depuis ladoption de la Loi en 1989, et depuis les modifications majeures de 1995. On a conçu la Loi comme un antidote aux scandales liés à des conflits dintérêts et au trafic dinfluence qui ont accablé les gouvernements précédent. La solution nétait pas de réglementer le lobbying ? qui demeure une activité valable et légitime ?, mais plutôt de rendre le système transparent en exigeant des particuliers et des groupes quils divulguent leurs activités de lobbying. À ce chapitre, on sentend généralement pour dire que la Loi a donné de bons résultats : elle pourvoit exactement au genre de transparence envisagé au moment de son adoption, cest-à-dire que les lobbyistes déclarent effectivement leurs activités. Aujourdhui, en consultant le registre, on peut découvrir qui fait du lobbying auprès de quel ministère, et de quoi on discute exactement. Pourquoi est-il important de le savoir? Simplement parce quen sachant qui communique avec le gouvernement, le public (et, bien entendu, les autres lobbyistes) peut avoir une très bonne idée de linformation transmise et des options de politiques à létude. En fin de compte, le registre rend possible une véritable pluralité de vues sans un mécanisme de conformité trop onéreux.
Lobservation de la Loi est une autre question à laquelle le Comité sest arrêté. La Loi est-elle respectée? Des améliorations sont-elles possibles? Au moment dévaluer les nombreuses recommandations mises de lavant, le Comité a gardé à lesprit limportance détablir un équilibre entre deux objectifs importants : dabord, veiller à ce que la Loi exige la divulgation dune quantité de renseignements suffisante pour assurer la transparence, mais, en même temps, ne pas exiger des renseignements uniquement parce quils existent, au cas où ils « pourraient » indiquer quelque chose. La quantité nest pas nécessairement avantageuse, limportant étant dobtenir la bonne information. Réclamer davantage dinformation ferait grimper les coûts du système ? pour le gouvernement, le coût de la collecte, de lexamen et de la confirmation des renseignements; pour ceux qui les déclarent, le coût administratif que cela suppose. La difficulté est de trouver le degré de divulgation permettant duniformiser les règles du jeu, cest-à-dire de faire en sorte que tous les Canadiens aient accès au processus décisionnel.