INST Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
INTRODUCTION
Linnovation est incontestablement le maillon qui lie, dune part, la science et la technologie (S. et T.) et, dautre part, la qualité de vie et la croissance économique à long terme. Selon la majorité des témoins, lamélioration de notre bien-être économique sexplique essentiellement par la présence de nouveaux produits, services et modes de production dans léconomie.
Linnovation se définit, plus simplement, comme la création et ladoption de meilleurs produits, services et techniques de production sur le marché, ces dernières pouvant représenter une nouvelle méthode de traitement, de montage, de tenue des stocks, de distribution ou de gestion, selon le cas. Linnovation est essentiellement le fait dentreprises interagissant avec dautres dans le cadre du « système dinnovation » propre au pays, qui regroupe diverses composantes comme les universités, les centres de recherche, les laboratoires dÉtat, les établissements denseignement et de formation, les droits en matière de propriété intellectuelle et les régimes de protection de ces droits, les intermédiaires financiers et les réseaux de partage des renseignements et des résultats en S. et T.
Il est malheureusement plus difficile danalyser les rouages dun système dinnovation que de définir le système lui-même. Dans les conceptions modernes de linnovation (comment celle-ci survient, quelles sont les forces en jeu et comment ces dernières interagissent), on insiste en règle générale sur la nature cumulative et interactive du processus. Les spécialistes ont rejeté le modèle linaire traditionnel, selon lequel le progrès et la nouveauté ont pour point de départ la recherche fondamentale (travail expérimental ou théorique qui complète la connaissance fondamentale), laquelle aboutit à dautres travaux de recherche fondamentale ou appliquée avant de déboucher sur la création et la commercialisation de produits. Le modèle de rétroaction circulaire, qui prévaut aujourdhui, laisse entendre que le processus dinnovation est en fait beaucoup plus complexe quon ne le croyait au départ et que le modèle linaire ne lillustre. En effet, linnovation aurait plusieurs sources et peut survenir à nimporte quelle étape, de la recherche fondamentale à la commercialisation, en passant par la recherche appliquée, lélaboration du produit et la production.
Cette nouvelle vision de linnovation est beaucoup plus problématique sur le plan de lélaboration des politiques, car on ne peut savoir immédiatement quelles seront les principales retombées économiques de linnovation ni les institutions dont elles proviendront. En dautres termes, il ne suffit pas que le gouvernement sattache à financer les établissements voués à la recherche fondamentale (universités, établissements sans but lucratif, organismes dÉtat, etc.). Toute politique de S. et T. efficace suppose nécessairement que lÉtat participe aux recherches exclusives dans certains secteurs et laisse tomber la recherche générique dans dautres. De plus, il devient tout aussi important, si ce nest plus, de corriger les lacunes systémiques découlant des rigidités institutionnelles et dun manque de collaboration et dinteraction au sein du système que de remédier aux échecs du marché, comme lincapacité de linventeur de conserver lexclusivité de tous les bénéfices liés à son invention. Ce qui signifie quil ne suffit pas détablir un régime fort en matière de droits de propriété intellectuelle et de protection de ces droits. Les mécanismes dincitation ne doivent pas se limiter à la création de droits de propriété intellectuelle comme moyen de garder lexclusivité des retombées des innovations ou à loctroi de mesures fiscales devant inciter le secteur privé à entreprendre des activités de R. et D. Ils doivent consister en des réponses ciblées, comme des investissements publics dans linfrastructure et dans la formation de partenariats entre le secteur public et le secteur privé sous toutes ses formes, concernant des projets plus risqués et où une masse critique dexpertises se trouve ou devrait se trouver au Canada.
En définitive, léconomie étant axée sur le savoir, le Canada doit se doter dun système dinnovation plus global et fonctionnant mieux et plus efficacement. Il ne suffit pas de dégager des fonds; il faut établir avec soin les possibilités de profit les plus avantageuses pour les citoyens et les contribuables. Cest là lobjet du présent rapport. Le Comité cherche à influencer le programme que sest fixé le gouvernement fédéral en matière de politique dinnovation de manière à accroître lefficacité et lefficience du système dinnovation du pays, tout en veillant à ce que les deniers publics soient dépensés de façon juste et équitable, ce qui est lune de nos priorités nationales.
Le présent document porte sur ces préoccupations. Il comprend deux parties : la première, constituée de quatre chapitres, traite du système dinnovation canadien et des politiques propres à une société du savoir. Le chapitre 1 précise les caractéristiques dune économie fondée sur la matière grise, en particulier sa focalisation sur linnovation, et la contribution de la S. et T. Dans le chapitre 2, nous passons en revue les résultats de divers pays au chapitre de linnovation, essentiellement des pays membres de lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et établissons la position relative du Canada. Le chapitre 3 est consacré à une analyse détaillée du système dinnovation canadien, notamment ses principales composantes et ses liens avec les sciences naturelles et le génie. Le chapitre 4 décrit les traits marquants du cadre de la politique fédérale en matière dinnovation.
La deuxième partie, constituée de sept chapitres, traite des instruments de politique dont sest doté le Canada en matière de S. et T. Dans le chapitre 5, nous passons en revue certaines possibilités dinvestissement stratégique en S. et T. que présentent le plan à long terme pour lastronomie et lastrophysique au Canada, la biotechnologie, la génomique, la nanotechnologie, le centre canadien de neutrons et le projet de rayonnement synchrotron. Le chapitre 6 traite de loptimisation des ressources quassurent les programmes fédéraux en S. et T., comme le Programme daide à la recherche industrielle (PARI), le programme Partenariat technologique Canada (PTC) et le programme dincitatif fiscal concernant les activités de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE). Au chapitre 7 sont brièvement décrits quelques organismes fédéraux de recherche, dont le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), les Réseaux de Centres dexcellence (RCE) et lAgence spatiale canadienne (ASC). Le chapitre 8 est consacré à la Fondation canadienne pour linnovation (FCI) et aux trois conseils subventionnaires que sont le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Le Comité applaudit à leur travail et à leurs accomplissements, mais il voudrait éclaircir un certain nombre de points troublants relatifs à leurs processus décisionnels. Au chapitre 9, nous soulignons les faits saillants dans le domaine des droits de propriété intellectuelle et du régime canadien de protection de ces droits et indiquons les liens entre ceux-ci et la politique de concurrence. Le chapitre 10 porte sur le rôle que jouent et pourraient jouer les universités du pays et traite, en particulier, des coûts indirects de la recherche, du Programme des chaires de recherche du Canada et des possibilités de commercialisation des résultats des travaux de recherche universitaire. Quant au chapitre 11, il concerne les questions de financement des jeunes compagnies axées sur linnovation. Dans la conclusion, nous résumons notre situation actuelle et les perspectives davenir du Canada pour ce qui est de linnovation; nous énonçons lorientation quil y aurait lieu de donner, à notre avis, à la politique du Canada en la matière; et nous énumérons un certain nombre de points que le Comité entend traiter de façon plus détaillée dans ses prochains rapports.