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INST Rapport du Comité

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CHAPITRE 1 : LES PREMIÈRES RÉPERCUSSIONS
ÉCONOMIQUES DES ATTAQUES TERRORISTES
DU 11 SEPTEMBRE

    Même si l’économie se ralentissait auparavant, les attaques terroristes de septembre ont eu de nombreuses conséquences négatives directes et indirectes. Ces répercussions comprennent les pertes financières des transporteurs aériens, du fait que leurs appareils ont été cloués au sol; les pertes pour le secteur du tourisme et du transport aérien découlant de la diminution des voyages; les mises à pied et les frais accrus dans le secteur manufacturier à cause des délais à la frontière; et une baisse de la confiance des consommateurs et des investisseurs. Les incidences économiques des attaques terroristes du 11 septembre se sont fait sentir immédiatement dans certains cas, tandis que dans d’autres, elles mettront peut-être un certain temps. Les secteurs du tourisme et des transports ont été touchés dans les heures qui ont suivi les attaques, parce que les avions ont été cloués au sol en Amérique du Nord. Le secteur de la fabrication a été touché rapidement, quand les délais aux principaux passages frontaliers ont atteint jusqu’à 18 heures. Le secteur des ressources, qui comprend notamment les mines et les forêts, sera touché quand les commandes de matières premières baisseront à cause du ralentissement économique et de la difficulté de faire des affaires au-delà d’une frontière désormais moins poreuse et peut-être plus protectionniste. Le secteur du commerce de détail a lui aussi constaté une réduction de l’achalandage, mais surtout, et c’est plus important, une modification du comportement des consommateurs, notamment une plus grande sensibilité aux prix. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cette modification du comportement est attribuable aux craintes inspirées par les attaques terroristes plutôt qu’au ralentissement économique déjà amorcé. Chose certaine, ces forces menacent de faire tomber l’économie nord-américaine dans une récession.


Les événements du 11 septembre n’ont évidemment fait qu’aggraver l’effet négatif sur la confiance des consommateurs et cet effet cumulatif s’est greffé aux préoccupations existantes concernant la faiblesse de l’économie. [Robert J. Armstrong, Association des fabricants internationaux d’automobiles du Canada, 44:10:20]

L’économie des États-Unis et du Canada, qui était déjà fragile avant le 11 septembre, ralentira davantage à court terme. La perturbation de l’activité dans plusieurs secteurs nuira directement au PIB au troisième trimestre. De plus, l’accélération des mises à pied et l’instabilité des marchés boursiers saperont probablement la confiance des consommateurs et limiteront les dépenses…. Une économie américaine plus faible que prévu pèsera sur la demande de certaines exportations canadiennes, qui représentent 37 p. 100 de notre PIB. [Michael N. Murphy, Chambre de commerce du Canada, 45:15:21]

 

 

Le produit intérieur brut

Déjà affaiblies par le ralentissement économique qui avait débuté avant le 11 septembre, les attentes relatives à la croissance du produit intérieur brut (PIB) du pays se sont refroidies encore plus après les attaques. Le tableau 1.1 montre la croissance projetée du PIB entre le deuxième trimestre de 2001 et le quatrième trimestre de 2002. Les estimations actuelles sont fournies, ainsi que celles qui avaient été faites avant les attaques. Pour presque tous les trimestres, les prévisions actuelles sont inférieures à celles qui avaient été faites avant le 11 septembre. D’après ces prévisions, il faudra attendre la deuxième moitié de 2002 avant que la croissance du PIB dépasse ce qui était prévu avant les attaques.

Tableau 1.1

Prévisions de croissance du PIB réel pour 2001 et 2002

Avant et après le 11 septembre — Taux annualisé

2001

2002

T2

T3

T4

T1

T2

T3

T4

Perspectives actuelles

0,2

-0,2

1,4

2,3

2,7

4,0

4,6

Perspectives avant les attaques terroristes

0,2

0,8

1,9

2,5

2,8

4,0

4,4

Différence

0,0

-1,0

-0,5

-0,2

-0,1

0,0

0,2

Source: Economy.com

La seule consolation dans les prévisions actuelles vient des petites entreprises de secteurs autres que le tourisme, qui restent relativement optimistes face à l’avenir.

Je pense que nous voyons souvent ces manchettes effroyables à propos des grandes entreprises et des mises à pied. Ce sont des nouvelles graves et il ne faut pas les prendre à la légère. Mais nous aimerions recommander à votre Comité de les mettre en perspective, parce qu’environ la moitié de l’économie ne participe pas aux hauts et aux bas du marché boursier. Ces entreprises tiennent assez bien le coup et maintiennent leurs attentes générales. [Catherine Swift, Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, 45:15:45]

Le Comité ne peut qu’espérer que ce vent d’optimisme soufflera bientôt dans l’ensemble de l’industrie et que l’économie se remettra sur les rails.

Les marchés boursiers

Les incidences économiques se sont fait sentir également sur les marchés boursiers et financiers, mais pour plus de brièveté, le Comité se penchera uniquement sur le marché le plus important, sur celui qui domine au Canada, en l’occurrence la Bourse de Toronto (TSE). L’indice TSE a plongé immédiatement après la reprise des activités le 17 septembre. Le 10 septembre, il se situait à 7344,7 et le 17 septembre, il a terminé la séance à 6908,0, en baisse de 436,7 points, soit 6 p. 100. Depuis, l’indice a décliné davantage, mais à la fermeture le 15 novembre, il était remonté à 7292,9. Les statistiques de l’emploi pour octobre au Canada, et aux États-Unis, influeront probablement sur la valeur des actions canadiennes. De fait, les statistiques de l’emploi des États-Unis pour octobre pires que prévu l’ont emporté sur les statistiques canadiennes meilleures que prévu, et ont probablement exercé des pressions à la baisse sur l’indice TSE.

L’emploi

L’enquête la plus récente de Statistique Canada sur le marché du travail a révélé que le niveau de l’emploi n’a presque pas bougé en octobre, mais qu’il a baissé de 13 000 emplois depuis mai 2001, quand le marché du travail a commencé à s’affaiblir. Même si l’emploi global a peu bougé en octobre, une hausse des emplois à temps partiel (+28 000) a été annulée par une diminution semblable des emplois à plein temps (-26 000). Le taux de chômage s’est donc accru de 0,1 point de pourcentage, pour s’établir à 7,3 p. 100.

Les économistes interrogés par Reuters s’attendaient à ce que les statistiques révèlent, en moyenne, la perte de 26 400 emplois en octobre et un taux de chômage ayant monté à 7,4 p. 100, contre 7,2 p. 100 en septembre. Les prévisions allaient de 10 000 à 50 000 emplois perdus en octobre. Ces résultats étaient meilleurs que prévu, mais le dollar canadien n’en a pas moins poursuivi sa glissade à long terme par rapport au dollar américain. La ruée des cambistes vers la monnaie refuge qu’est le dollar américain a entraîné depuis le 11 septembre une suite de creux inégalés, le dollar clôturant à 0,6277 $US le 15 novembre.

Par contre, le taux de chômage aux États-Unis, en octobre, a été beaucoup plus élevé que prévu. Il a grimpé d’un demi-point de pourcentage, pour passer de 4,9 p. 100 en septembre à 5,4 p. 100 en octobre, ce qui représente une perte de 415 000 emplois. Il s’agit du taux le plus élevé depuis décembre 1996. De 25 à 30 p. 100 de ces pertes sont attribuables aux mises à pied massives chez les transporteurs aériens.

La confiance des consommateurs et des investisseurs

L’indice de confiance des consommateurs aux États-Unis a dégringolé après les événements du 11 septembre et il s’est situé à un moment donné à 85,5, comparativement à 114 en août. Il s’agit du plus bas niveau depuis février 1994.

Les perspectives économiques deviennent de plus en plus sombres et la confiance des consommateurs ne cesse de décliner. À cause des mises à pied massives et de la hausse du chômage, il ne faut pas s’attendre à un redressement prochain de la confiance. La saison des Fêtes approche et il n’y a pas vraiment de stimulant positif à l’horizon. [Lynn Franco, directrice du Centre de recherche sur les consommateurs du Conference Board du Canada]

L’indice de confiance des consommateurs constitue un indicateur économique important parce qu’il mesure la vigueur de la demande dans l’économie. Paul Krugman, économiste de l’Université Princeton et chroniqueur au New York Times, fait des comparaisons entre la Grande Crise et les effets des attaques terroristes de septembre sur l’économie américaine :

Dans la longue ascension vers la prospérité américaine, il y a eu quelques accidents de parcours. Dans le pire d’entre eux, de 1929 à 1932, le PIB a reculé de près du tiers. Les États-Unis n’étaient pourtant pas moins productifs ni moins avancés technologiquement en 1932 que trois ans plus tôt. Ce qui est arrivé, c’est que les gens ont cessé de dépenser et que les usines qui auraient pu produire ne trouvaient plus d’acheteurs pour leurs produits. Il s’agissait, en résumé, d’un problème de demande plutôt que d’offre.

Si vous demandez combien l’économie américaine est capable de produire au cours des prochains mois, la réponse dépend principalement des réalités concrètes — la capacité des usines, la largeur de bande des câbles de fibre optique, la taille de la population active. Si vous demandez combien les consommateurs vont consommer et les investisseurs vont investir au cours des prochains mois, la réponse dépend surtout des impressions — ce que John Maynard Keynes appelait « l’instinct animal ». Si les consommateurs effrayés décident de ne pas dépenser, leur nervosité peut freiner l’économie. [Paul Krugman, "The Fear Economy," New York Times, le 30 septembre 2001]

Même si les États-Unis ont affiché une baisse des voyages et de la confiance des consommateurs plus importante qu’au Canada ou en Europe, le même raisonnement s’applique à l’économie canadienne.

Les événements tragiques du 11 septembre et l’incidence sur l’économie ont transformé un ralentissement en un ralentissement accéléré de l’économie et de la demande de nos produits. [Gordon Peeling, Association minière du Canada, 45:17:00]

De plus, en raison du grand rôle que joue la demande américaine dans l’économie canadienne, les Canadiens devraient s’inquiéter de cette forte baisse de la confiance des consommateurs aux États-Unis :

À l’heure actuelle, 62 p. 100 de toute la production manufacturière du Canada est exportée aux États-Unis, de sorte que le marché américain est notre plus gros marché. La réaction au 11 septembre et la reprise éventuelle au cours des prochains mois dépendra de la conjoncture économique sur notre principal marché, les États-Unis. [Jayson Myers, Manufacturiers et Exportateurs du Canada, 45:15:35]

Ces durs coups économiques ont eu des répercussions au Canada et ont probablement annulé toutes les possibilités de hausses des exportations que pouvait favoriser la faiblesse du dollar canadien, car les investisseurs ont cherché refuge dans les titres libellés en dollars américains. Les dernières nouvelles sur le front de la confiance des consommateurs américains sont cependant encourageantes. L’indice de confiance des consommateurs ABC/Money, qui s’établit sur une échelle de -100 à +100, est monté à +1 le 3 octobre. Il se situait à -4 le 9 septembre, soit à son plus bas niveau depuis mars 1997. L’indice se fonde sur des évaluations de l’économie, des finances personnelles et de la conjoncture des achats. Le 3 octobre, 46 p. 100 des Américains avaient une vision positive de l’économie (le taux était de 43 p. 100 avant les attaques), 43 p. 100 avaient une vision positive de la conjoncture des achats (en hausse par rapport à 40 p. 100 avant les attaques terroristes) et 62 p. 100 avaient une vision positive de leurs finances personnelles (une légère augmentation depuis le 11 septembre). Ces modifications sont légères, mais significatives. D’ailleurs, cette enquête révèle qu’au début d’octobre, la confiance des consommateurs américains n’avait pas perdu de terrain par rapport au 11 septembre.

Le transport aérien et l’aéronautique

Les attaques terroristes du 11 septembre ont eu plusieurs conséquences économiques immédiates sur l’économie canadienne. Les transporteurs aériens ont été les premiers touchés, quand leurs appareils ont été cloués au sol immédiatement après les attaques. D’après Air Canada, la fermeture de l’espace aérien pendant deux jours lui a coûté 100 millions de dollars et les réservations ont baissé de plus de 30 p. 100. Les analystes s’attendent à ce que Air Canada déclare une perte de 100 millions de dollars au troisième trimestre et de 250 millions de dollars au quatrième, d’après Thomson Financial/First Call. John Lecky, président de Canada 3000 Inc., prévoyait que le deuxième transporteur au Canada pourrait se retrouver à court de liquidités à Noël s’il n’obtenait pas de garanties de prêts du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral avait offert 75 millions de dollars de garanties de prêts à Canada 3000, à condition que le transporteur aérien puisse démontrer sa solvabilité, afin que les contribuables canadiens ne courent pas de risques. L’offre a été mise en suspens jusqu’à ce qu’un plan d’affaires acceptable et réalisable soit présenté. Mais Canada 3000 a déclaré faillite depuis.

Un représentant de l’industrie a décrit ainsi au Comité la situation des transporteurs aériens :

Aujourd’hui, nous avons publié les statistiques sur le trafic pour le mois de septembre et elles sont franchement épouvantables. Tous les grands aéroports, Montréal, Toronto, Calgary, Vancouver, ont affiché une baisse du trafic de plus de 30 p. 100 en septembre. À Toronto, la dégringolade a été de 37 p. 100. Le trafic a été de 15 p. 100 à 25 p. 100 en deçà de la moyenne nord-américaine pour le même mois les années précédentes. Nous avons constaté un certain redressement pour le trafic intérieur, mais le trafic international et transfrontalier est encore extrêmement bas par rapport à la normale. Au Canada, nous avons déjà mis à pied plus de 11 000 personnes dans l’industrie et, malheureusement, je dois vous dire que ce n’est pas fini. [Cliff Mackay, Association du transport aérien du Canada, 47:9:15]

Les témoins ont expliqué au Comité les similitudes et les différences entre la situation actuelle et la situation il y a dix ans, pendant la guerre du Golfe. À ce moment-là, le trafic avait dégringolé en quelques semaines de près de 30 p. 100 par rapport au niveau considéré normal et il était resté à ce niveau pendant deux ou trois mois environ, avant de remonter. Cette fois-ci, cependant, « nous avons constaté le même genre de baisse abrupte, dans certains marchés plus que d’autres, mais nous ne voyons aucune reprise. Et nous ne savons pas combien de temps cela va durer » [Cliff Mackay, Association du transport aérien du Canada, 47:9:20].

Les effets sur l’industrie en aval sont tout aussi décourageants :

En septembre, les agences de voyage ont constaté une baisse de 40 p. 100 à 60 p. 100 de leur chiffre d’affaires. Nous projetons pour le dernier trimestre de 2001 une baisse du chiffre d’affaires de 20 p. 100 à 30 p. 100, si tout va bien. Dans la semaine qui a suivi le 11 septembre, au moment où le transport aérien commercial était suspendu en Amérique du Nord, les agences de voyage … ont perdu environ 20 millions de dollars de revenus, soit près de 16 millions de dollars en commissions, 3 millions de dollars en frais de service et environ 1 million de dollars en heures supplémentaires. [Randall Williams, Association canadienne des agents de voyages, 47:15:50]

Le ralentissement dans le secteur du transport aérien s’est déjà fait sentir sur le marché en amont, dans des entreprises comme Bombardier. Ce géant du transport a mis à pied 3 800 employés, dont 2 685 au Canada. Boeing a annoncé des licenciements à Winnipeg et à Arnprior, en Ontario, qui feront que 723 employés (ou environ le tiers de l’effectif actuel) perdront leur emploi d’ici la fin de 2002.

Le tourisme

Comme le transport aérien, le tourisme a été durement frappé par l’« économie de la peur ». Il y a un lien direct entre le ralentissement des réservations de billets d’avion et les réservations dans les hôtels canadiens. Un expert de l’industrie a décrit au Comité les incidences financières de la tragédie de septembre sur son secteur :

Entre le 11 et le 26 septembre, notre industrie a perdu 249 millions de dollars au Canada. D’ici au 31 janvier 2002, nous évaluons que nous perdrons encore 542 millions de dollars, soit un total de 791 millions de dollars d’ici la fin de janvier. Ces pertes sont énormes. Certaines secteurs ont été frappés plus durement que d’autres. Les hôtels de congrès dans les villes, les hôtels près des aéroports, les centres de villégiature, ce sont eux qui ont subi le choc de plein fouet. [Anthony Pollard, Association des hôtels du Canada, 46:15:30]

Les pertes ne se limitent pas aux hôtels et frappent également les restaurants, les bars, les centres de congrès et les agences de tourisme.

La fabrication

Les délais à la frontière occasionnés par l’intensification des mesures de sécurité ont coûté très cher aux entreprises qui dépendent du commerce avec les États-Unis. Au lendemain des attaques, les délais aux principaux postes frontaliers ont atteint jusqu’à 18 heures. À l’ère de la gestion des stocks en « juste à temps », presque n’importe quel délai inattendu peut avoir un coût pour les expéditeurs. Ainsi, l’usine de moteurs de Ford à Windsor, en Ontario, fournit des moteurs à une usine du Michigan. Quatre heures après avoir quitté la chaîne de montage à Windsor, le moteur est installé dans un véhicule au Michigan. En raison des longs délais au poste frontalier du pont Ambassador entre Windsor et Détroit, l’usine de moteurs de Windsor et l’usine de montage d’automobiles du Michigan ont dû être fermées.

Les conséquences financières des délais ont été mesurées comme suit :

Pendant les jours qui ont suivi le 11 septembre, la production des usines automobiles a été perturbée par les délais de livraison des pièces dont la circulation a été ralentie à la frontière canado-américaine. Cette perturbation a été ressentie de part et d’autre de la frontière. Les pièces détachées fabriquées au Canada ne pouvaient être livrées aux États-Unis et, pareillement, les pièces fabriquées aux États-Unis ne pouvaient parvenir aux usines canadiennes. Les chutes imprévues de production dues à la pénurie de pièces détachées coûtent environ 1 million à 1,5 million de dollars l’heure, soit environ 25 000 $ la minute, aux usines de fabrication. [Mark Nantais, Association canadienne des constructeurs de véhicules, 44:10:05]

On ne saurait trop insister sur l’importance du corridor Windsor-Détroit pour le secteur manufacturier, en particulier le secteur de l’automobile. En effet, 34 p. 100 des échanges entre le Canada et les États-Unis traversent le pont Ambassador. On évalue que des marchandises liées à l’automobile d’une valeur de 300 millions de dollars traversent l’un des trois postes frontaliers de la région tous les jours. Ce chiffre représente près du tiers du trafic quotidien à ces passages frontaliers. Les délais à la frontière peuvent donc avoir un effet néfaste sur le secteur de la fabrication :

Les délais continus à la frontière ont des contrecoups dans l’ensemble de l’industrie. Par exemple, une livraison de pièces retardée d’aussi peu que 20 minutes peut provoquer la fermeture des chaînes d’assemblage, retirer des camions de la route et entraîner des hausses de coûts, car il faut rediriger les camions ou transporter la marchandise par chemin de fer, par bateau ou par avion. Il y a eu des pertes de production et des pertes de millions de dollars pour les entreprises des deux côtés de la frontière. [Daniel J. Cherrin, Detroit Regional Chamber of Commerce, 47:12:15]

Ces problèmes et d’autres encore liés au 11 septembre ont aggravé le ralentissement cyclique déjà en cours, de sorte que les perspectives de la production et de l’emploi dans le secteur manufacturier pour le reste de l’année ne sont pas reluisantes.

Je vois dans ma boule de cristal pour le secteur manufacturier en 2001 que la production diminuera probablement de 7 p. 100 cette année et que 85 000 emplois seront perdus dans le secteur. Ce n’est certainement pas négligeable. [Jayson Myers, Manufacturiers et Exportateurs du Canada, 45:15:40]

De toute évidence, les effets continueront à moyen terme, si des menaces continuent de planer sur la sécurité humaine.

Le commerce de détail

Le commerce de détail est très sensible aux déclins de la confiance des consommateurs. En quelques mots, une baisse de la confiance des consommateurs signifie une baisse des dépenses et des ventes au détail. Il semble y avoir eu jusqu’ici une diminution générale des ventes au détail après le 11 septembre, même si les ventes non discrétionnaires sont vite revenues à la normale. Les dépenses discrétionnaires demeurent léthargiques et le secteur du commerce de détail ne sait pas quand la situation reviendra à la normale.

Le comportement relatif aux dépenses discrétionnaires est plus complexe que pour les dépenses non discrétionnaires. Le secteur du commerce de détail constate que les ventes de musique sont à la baisse mais que les ventes d’électroménagers vont bien. Les consommateurs achètent moins souvent, mais ils dépensent davantage à chaque fois. Toujours soucieux de faire des économies, les Canadiens cherchent maintenant davantage à profiter des soldes. Les détaillants comptent souvent que les clients qui entrent dans leur magasin pour acheter un article en solde achèteront également d’autres articles au prix régulier. C’est ce que faisaient les clients par le passé. Mais peut-être parce qu’ils envisagent l’avenir économique avec plus de prudence, les clients entrent de plus en plus dans les magasins uniquement pour acheter les articles en solde qui les intéressent.

Les perspectives du commerce de détail ne sont pas bonnes à court et à moyen terme :

Nos membres croient que la reprise sera lente. Ils pensent que la première moitié de 2002 sera stable et qu’il n’y aura qu’une lente reprise au deuxième semestre. Quand la confiance reviendra, l’économie se ressaisira. Les membres ne croient pas que la croissance sera forte en 2003. [Peter Woolford, Conseil canadien du commerce de détail, 49:16:50]

Les perspectives à long terme sont incertaines.