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FAIT Rapport du Comité

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Les crises humanitaires urgentes qui touchent l’Afrique subsaharienne et les obstacles sous-jacents qui en entravent la résolution et qui gênent le développement peuvent sembler insurmontables, laisser entrevoir un avenir sombre pour plusieurs régions du continent et réduire l’espoir d’accomplir de réels progrès dans la réalisation des objectifs de développement du millénaire. Mais il ne faut pas perdre de vue les énormes capacités et le potentiel humain de l’Afrique, ni ses grandes richesses naturelles. Comme l’a souligné Stephen Lewis dans son témoignage :

… j’espère que votre comité a conscience de toute la force de résistance de l’Afrique. C’est un continent où l’on rencontre une véritable somme de connaissances et beaucoup de capacité de résistance et de solidarité au niveau communautaire et familial, notamment parmi les femmes […]. C’est une chose qu’il ne faut jamais sous-estimer. C’est là une grande force pour l’Afrique. […] La capacité de résistance et la force de sa communauté y sont remarquables135.

Il faut donc se demander ceci : Que peut-on faire pour résoudre les crises humanitaires urgentes et nous attaquer aux causes sous-jacentes que sont la pauvreté endémique, la faiblesse des États et l’absence de démocratie, la violence politique, les conflits armés, la détérioration de l’environnement et l’épuisement des vastes ressources du continent? Et qu’est-ce que le Canada peut faire?

Certes, tous les témoins ont insisté pour dire que les crises humanitaires urgentes que connaît l’Afrique subsaharienne exigent une action immédiate, mais ils pensent aussi que nous ne devons pas perdre de vue les problèmes de développement à plus long terme. Comme l’a dit un haut fonctionnaire de l’ACDI dans son témoignage : «  L’aide humanitaire est la conséquence de l’échec du développement. Si le développement avait fonctionné, nous n’aurions pas besoin d’aide humanitaire. C’est là un point de départ important136  ».

Les crises actuelles sont l’occasion de nous attaquer aux problèmes à long terme et de réorienter le cheminement de l’Afrique subsaharienne vers un développement soutenu et durable, qui soit profitable à la population du continent, justement parce que ces crises menacent l’avenir du continent comme jamais. Malgré ses points faibles, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, conçu et appliqué par les dirigeants africains, peut constituer un véhicule capital pour la mise en place d’un changement réel en Afrique subsaharienne. Pour cela, toutefois, il faut que deux conditions soient réunies : les dirigeants africains doivent donner suite à leur engagement à l’égard des droits humains, de la démocratie et de la bonne gouvernance et appliquer des stratégies de développement qui profitent à tous; et les membres de la communauté internationale doivent faire le maximum pour appuyer un NPDA axé sur la réalisation du développement durable, en veillant à ce que leurs échanges internationaux et leurs politiques économiques et financières n’aillent pas à l’encontre de cette stratégie. Pour cela, ils doivent assurer un financement adéquat et mettre de côté les intérêts nationaux et les éléments de conflit entre pays riches, qui par le passé ont favorisé la désunion et même le conflit en Afrique subsaharienne, et qui se sont révélés être un obstacle à la prise de mesures opportunes et adéquates de la part de la communauté internationale face aux crises humanitaires urgentes et aux conflits dans la région.

Le Sous-comité estime que la solution réside dans un effort concerté, suffisamment soutenu financièrement, de la communauté internationale — y compris du Canada — des dirigeants africains et des organisations régionales, afin de répondre aux besoins immédiats des populations du continent et de surmonter les obstacles qui s’opposent au développement à long terme. Cet effort doit comporter une solide coordination entre les partenaires et une cohésion accrue des politiques et des interventions internationales, lesquelles influent sur les pays en développement en général et sur l’Afrique subsaharienne en particulier, dans le but d’en arriver à un développement authentique qui profite à tous les Africains.

Le Sous-comité note qu’il existe un large consensus international au sujet des objectifs de développement primaires : résolution de la crise sanitaire, réalisation d’une durabilité sociale et environnementale, promotion de systèmes politiques fondés sur des principes de bonne gouvernance, le respect des droits humains et la démocratie. Cette opinion consensuelle se traduit dans plusieurs déclarations internationales et elle a été mise de l’avant par l’ONU, l’OCDE, le NPDA et la Francophonie.

Le Sous-comité est convaincu que le Canada possède des connaissances et l’expérience et jouit, auprès de l’Afrique et de la communauté internationale, de la crédibilité qu’il faut pour agir comme chef de file dans la résolution des crises humanitaires urgentes qui affligent l’Afrique subsaharienne, et pour aplanir les obstacles au développement à long terme. Toutefois, pour y arriver, le gouvernement doit accroître considérablement sa capacité d’élaboration et de mise en œuvre en matière de politique étrangère. C’est dire qu’il doit accorder à l’Afrique subsaharienne une place encore plus grande dans sa politique étrangère; prendre en compte les ressources requises d’urgence dans chacune des trois dimensions de celle-ci (diplomatie, défense et développement), élaborer une action intégrée à l’égard de l’Afrique subsaharienne et «  faire en sorte que les politiques canadiennes qui touchent nos partenaires des pays en développement soient plus cohérentes  », comme l’affirme par exemple la politique de l’ACDI sur l’efficacité de l’aide137.

Le Sous-comité note également que plusieurs témoins de l’ACDI et du MAECI, ainsi qu’un certain nombre de représentants, actuels et anciens, du gouvernement, ont reconnu au cours des derniers mois l’effet négatif des réductions budgétaires des années 1990. Celles-ci ont eu des conséquences disproportionnées sur la politique du Canada en matière d’affaires étrangères, de défense et de développement, sur la capacité du Canada dans ces domaines et notamment sur l’aptitude de notre pays à participer à des interventions humanitaires ou à y jouer un rôle de chef de file.

Recommandations

6.1

Le Sous-comité exhorte le gouvernement à accroître immédiatement sa contribution aux actuelles opérations de secours visant à répondre aux crises humanitaires urgentes qui sévissent en Afrique subsaharienne.

6.2

La résolution des crises humanitaires urgentes en Afrique subsaharienne et la suppression des obstacles au développement à long terme exigent une politique étrangère mieux intégrée, dans laquelle la diplomatie, la défense et le développement soient étroitement liés. Le Sous-comité demande au gouvernement d’intensifier ses efforts à cet égard, en s’alignant par exemple sur les travaux de l’ACDI concernant les liens entre la sécurité et le développement.

6.3

En l’absence de moyens suffisants, toutefois, la réorientation des politiques ne pourra pas à elle seule apporter une réponse aux besoins de l’Afrique subsaharienne ni permettre au Canada de jouer un rôle beaucoup plus grand dans son développement à long terme. Le Sous-comité appelle le gouvernement à accroître encore de façon soutenue le montant consacré aux composantes majeures de la politique étrangère canadienne, à savoir la diplomatie, la défense et le développement. Le Sous-comité prend note des réserves exprimées au sujet des ressources consacrées à la diplomatie.

6.4

Le Sous-comité approuve à la fois la focalisation plus précise de l’aide canadienne et l’engagement du gouvernement à doubler son budget d’aide d’ici à 2010. Toutefois, il rappelle la prévision du Conseil canadien pour la coopération internationale, selon laquelle les augmentations prévues ne permettront pas au Canada d’atteindre l’objectif de 0,7 % du PNB fixé par l’ONU pour l’Aide publique au développement (APD) avant 2040, soit 25 ans après la date où beaucoup des Objectifs de développement du millénaire de l’ONU doivent être atteints. Il souscrit donc à la recommandation faite en 2002 par le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, à savoir que le Canada propose un calendrier réaliste pour la réalisation de l’objectif de 0,7 % fixé par l’ONU en matière d’APD et fasse pression sur ses partenaires du G8 pour qu’ils augmentent sensiblement leur APD en faveur de l’Afrique, afin de porter rapidement l’aide globale des pays du G8 au même niveau moyen que celle des pays donateurs non-membres du G8, soit 0,46 % du PNB.

6.5

Beaucoup des crises actuellement en cours en Afrique subsaharienne sont le résultat d’événements régionaux plus que nationaux. Le gouvernement devrait par conséquent envisager de donner une dimension plus régionale à ses programmes de développement en Afrique et d’intégrer une perspective régionale dans la coopération au développement qu’il exerce dans ses pays de concentration.


135Témoignages, séance no 4, le 1 avril 2003.
136Témoignages, séance no 5, le8 avril 2003.
137ACDI, «  Le Canada renforce son programme d’aide internationale  », communiqué de presse 2002-52,
le 24 septembre 2002, http://www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/ 852562900065549d85256228006b10c0/3d8bc7f60e32537385256c3e004587b2?OpenDocument.
La politique de l’ACDI sur l’efficacité de l’aide a été exposée en détail par la ministre Whelan et les membres du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international le 20 mars 2003 : Témoignages, CPAECI, séance n24.