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FAIT Rapport du Comité

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Alliance canadienne :
Opinion à ajouter au rapport du CPAECI sur le VIH-sida
et les crises humanitaires urgentes en Afrique subsaharienne

L’Alliance canadienne fait siennes la plupart des recommandations du rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international sur le VIH-sida et les crises humanitaires urgentes en Afrique subsaharienne. En général, le rapport exprime des vues compatibles avec la politique de l’Alliance canadienne; cependant, il ne formule pas de recommandations réalistes, pratiques et responsables concernant le financement de l’accroissement de l’aide à l’Afrique subsaharienne.

Précisons d’abord que l’ampleur du défi ne fait aucun doute.

Même si la tuberculose et le paludisme tuent beaucoup plus de gens en Afrique subsaharienne, c’est le VIH-sida qui attire ces derniers temps l’attention sur la région. À la fin de 2000, environ 36,1 millions de personnes à l’échelle mondiale — 34,7 millions d’adultes et 1,4 million d’enfants de moins de 15 ans — étaient atteintes du VIH-sida1. Plus de 70 % d’entre elles (25,3 millions) vivent en Afrique subsaharienne et 16 % (5,8 millions) en Asie du Sud et du Sud-Est. À l’échelle mondiale, environ un adulte âgé de 15 à 49 ans sur 100 est infecté par le VIH. En Afrique subsaharienne, environ 8,8 % des adultes de ce groupe d’âge sont infectés par le VIH. Dans 16 pays africains, la prévalence de l’infection au VIH parmi les adultes âgés de 15 à 49 ans dépasse 10 %. À l’échelle mondiale, il y a eu environ 5,3 millions de nouvelles infections au VIH en 2000, environ 15 000 par jour. Plus de 95 % d’entre elles se sont produites dans les pays en développement.

En Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest, il y aurait 1,5 million d’enfants et d’adultes atteints du VIH-sida et ils vivent plus longtemps depuis l’introduction des thérapies antirétrovirales2. Aux États-Unis, le taux de mortalité des personnes atteintes du VIH, qui a diminué de plus de 70 % en 1996–98, a encore diminué de près de 4 % en 19993. Le VIH-sida n’est plus rangé là-bas parmi les principales causes de décès : la mortalité due au VIH-sida a diminué de 26 % en 1996, de 48 % en 1997 et de 21 % in 1998. En Europe, les taux de mortalité parmi les personnes atteintes du HIV-1 diminuent depuis septembre 1995 et, au début de 1998, ils étaient plus de cinq fois moins élevés qu’auparavant. Cette réduction de la mortalité est attribuable en grande partie aux nouveaux traitements ou nouvelles combinaisons de traitements4.

Le contraste entre l’Afrique subsaharienne et le monde développé est frappant, mais heureusement il n’est pas absolu. Selon l’OMS, le nombre de ceux qui ont accès aux médicaments essentiels a doublé depuis 20 ans bien que l’accès ne soit pas complet pour la moitié de la population de l’Afrique5. Amir Attaran et Lee Gillespie-White font valoir que la protection par brevet n’est pas le principal facteur dans la crise du VIH-sida en Afrique subsaharienne6. Ils incriminent plutôt l’insuffisance du financement par les donateurs des programmes de traitement.

Si ces données fournissent une mesure de l’ampleur du défi, le Canada devrait répondre généreusement aux demandes de financement du Fonds mondial des Nations Unies de la lutte contre le VIH-sida, la tuberculose et le paludisme et du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NPDA).

C’est sur la source du nouveau financement que l’Alliance canadienne diverge des recommandations du Comité.

Au Sommet de Kananaskis en juin 2002, le premier ministre a annoncé que le Canada contribuerait pour 6 milliards de dollars sur cinq ans au Plan d’action pour l’Afrique du G-8. Ce montant se compose d’une aide immédiate de 500 millions de dollars sur trois ans, des 700 millions de dollars par an que l’ACDI dépense actuellement en Afrique et d’une somme supplémentaire de 75 millions de dollars en argent frais. Cette dernière somme correspond à environ la moitié de l’augmentation annuelle proposée du financement nécessaire pour atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement de doubler l’aide au développement entre 2000 et 2010.

Recommandations :

1.

L’Alliance canadienne propose que le gouvernement du Canada fasse de l’Afrique sa première priorité en matière d’aide dans le cadre de l’enveloppe de développement existante.


2.

Le Canada devrait maintenir à un niveau relativement constant ses dépenses d’aide au développement et affecter comme promis à l’Afrique 75 millions de dollars par an en argent frais.


3.

Pour pouvoir augmenter les fonds qu’il affecte à l’Afrique, le gouvernement devra réduire les dépenses dans d’autres secteurs.


4.

Même sans augmenter les fonds qu’il affecte à l’Afrique, le gouvernement devrait le faire immédiatement.

Depuis trop longtemps, les priorités de dépense du gouvernement et de l’ACDI cadrent avec un programme politique d’éparpillement des dépenses plutôt qu’avec un programme de développement à base de dépenses ciblées. On répartit l’argent dans plus de 120 pays en se préoccupant de fournir des communiqués à l’ambassadeur plus que de l’efficacité du développement. Le Comité d’aide au développement de l’OCDE a d’ailleurs critiqué cet éparpillement de l’aide canadienne dans son dernier examen7.

Il n’y a tout simplement pas de justification au maintien de l’aide à des pays en gradation (qui ont une croissance économique soutenue) qui engagent des dépenses militaires agressives.

Les milliards de dollars qu’on verse en subventions aux entreprises canadiennes qui opèrent à l’étranger sans exiger de comptes ou presque constituent une source de financement encore plus évidente. Les besoins légitimes comme les crédits d’achat peuvent être facilement satisfaits par les marchés de capitaux privés. En fait, les grandes banques et les compagnies d’assurance se plaignent depuis toujours d’être exclues de ces possibilités d’affaires par les organismes du gouvernement fédéral.

Le Canada pourrait envoyer un message fort en axant son programme de développement sur le développement et sur le développement seulement. L’ACDI devrait abandonner toutes les activités qui relèvent de la promotion des exportations et du soutien politique. Elle devrait se soucier d’efficacité de l’aide plutôt que de diplomatie publique. Les possibilités de conflits d’intérêts s’en trouveraient diminuées. Les crédits d’aide seraient affectés au développement plutôt que d’être dilués dans la poursuite d’objectifs qui pourraient être financés par le secteur privé ou d’autres secteurs de l’administration fédérale.

Le Canada peut augmenter l’aide à l’Afrique subsaharienne dans sa lutte contre le VIH-sida à l’intérieur de son actuel budget d’aide au développement. Un gouvernement de l’Alliance canadienne y veillerait.

Enfin, une gestion financière prudente dans la réaffectation de l’aide au développement en faveur de la région prioritaire de l’Afrique subsaharienne laisse intacte la flexibilité financière nécessaire dans l’éventualité d’une nouvelle crise.


1National Institutes of Health à http://www.niaid.nih.gov/factsheets/aidsstat.htm
2Voir la Avert Organization à http://www.avert.org/worldstats.htm
3Département de la Santé et des Services humaines des États-Unis à http://www.cdc.gov/nchs/releases/01news/declindea.htm
4A. Morcroft et al., ‘Changing Patterns of Mortality across Europe in Patients Infected with HIV-1’, Lancet, Vol. 352, no 9142 (novembre 1998), p. 1725-1730.
5Organisation mondiale de la santé, “The Impact of Essential Drugs” (L’impact des médicaments essentiels) à http://www.who.int/medicines/strategy/whozip16e/ch04.htm
6Amir Attaran et Lee Gillespie-White, ‘Do Patents for Antiretroviral Drugs Constrain Access to AIDS Treatment in Africa’, communication spéciale, Journal of the American Medical Association, vol. 286, no 15, p. 1886-1892, 17 octobre 2001. Voir également Amir Attaran et Jeffrey Sachs, "Defining and Refining International Donor Support for Combating the AIDS Pandemic", The Lancet, vol. 357, numéro 9249, 6 janvier 2001 p. 57.
7Accessible à www.oecd.org/dac/peerreviews