:
Monsieur le Président, les Canadiens sont privilégiés d'être des citoyens de ce magnifique pays, une nation enviée partout dans le monde. Rares sont les pays qui offrent à leurs citoyens un niveau et une qualité de vie si élevés.
Les Canadiens sont fiers, à juste titre, de leurs programmes sociaux qui sont une source constante de fierté et d'identité.
[Français]
Vous pouvez jeter un coup d'oeil sur pratiquement tous les indicateurs, qu'ils soient économiques ou sociaux, et il va de soi que nous sommes des leaders mondiaux. Le plus étonnant est que le Canada atteint des résultats sociaux aussi solides avec des dépenses relativement modestes bien qu'efficaces dans nos programmes sociaux.
[Traduction]
Les députés savent que nos électeurs ne se reconnaissent pas tous dans ce portrait agréable. Tout le monde ne profite pas également des richesses du pays et cette situation est inacceptable tant pour ceux qui n'ont pas atteint leur plein potentiel que pour l'ensemble des Canadiens.
Nous proposons donc dans le projet de loi C-22 un nouveau partenariat pour le Canada. Le pays doit avoir un sens profond des valeurs chères aux Canadiens: le bien de la collectivité, l'égalité et la justice, le respect de la diversité et la responsabilité mutuelle.
Les Canadiens veulent que leur gouvernement réponde à leurs besoins et respecte leurs priorités, et non l'inverse. Les Canadiens veulent prendre part aux décisions qui les concernent. Nous devons nous libérer du carcan des solutions traditionnelles et cesser de classer les gens selon des critères connus: familles, aînés, autochtones, Canadiens handicapés, étudiants et ainsi de suite.
Tous nous appartenons à des groupes différents. Pour les responsables des orientations politiques, le défi consiste à voir, au-delà des étiquettes, la vraie vie des vrais gens et à déterminer comment s'y prendre pour leur offrir davantage de soutien à l'avenir.
Sur le plan de la qualité de vie, nous sommes confrontés à des défis importants, dont bon nombre ne datent pas d'hier. Plus de 11 p. 100 des enfants canadiens et plus de 25 p. 100 des Canadiens ayant un handicap vivent sous le seuil de la pauvreté. Il n'y a aucun député, autant d'un côté comme de l'autre, qui est fier de ce bilan.
Trop de Canadiens sont exclus du courant dominant de l'économie et de la société. Ce sont surtout des personnes handicapées, des parents seuls, des immigrants de fraîche date, des Canadiens autochtones et des personnes seules d'âge moyen. Le vieillissement de notre société présente d'autres défis.
Les collectivités ont de plus en plus à résoudre des problèmes sociaux complexes sans nécessairement disposer des outils qu'il leur faudrait.
Pour ce qui est de rétablir la confiance des Canadiens en notre gouvernement, nous avons beaucoup de pain sur la planche. Les Canadiens sont frustrés par le manque de coordination et l'incohérence des programmes. Ils veulent pouvoir compter sur le fait que les programmes qui leur sont chers sont acquis et s'adapteront à l'évolution de leur situation personnelle.
Notre gouvernement reconnaît qu'il faut envisager la politique sociale autrement au Canada.
[Français]
Les jeunes parents souhaitaient davantage avoir le choix de décider selon leurs besoins concernant l'éducation et la garde des jeunes enfants. Les baby-boomers pris dans la génération sandwich, comme on le dit, veulent plus d'options lorsqu'il s'agit de leurs responsabilités de soignants. Tous les parents qui travaillent ont besoin de souplesse et d'un meilleur soutien pour atteindre l'équilibre entre le travail et la vie personnelle essentiel à la santé et au mieux-être des enfants. C'est un défi auquel j'ai moi-même fait face quand j'ai été élue alors que j'avais deux jeunes enfants.
C'est pourquoi nous avons présenté, entre autres, un programme de congés parentaux pour donner cette chance aux parents qui choisissaient de rester plus longtemps avec leurs jeunes enfants.
Les Canadiens s'attendent à ce que les aînés aient des occasions plus grandes de continuer à contribuer à l'économie et à la collectivité. Pour bon nombre d'entre eux, cela signifie la jouissance de la sécurité de revenu, de sorte que même les plus vulnérables sont en mesure de mener leur vie dans le confort et la dignité.
Une nombre grandissant de citoyens croient que cela peut également signifier que l'on donne aux gens l'option de travailler plus longtemps. Mon père a décidé de travailler longtemps; il a 75 ans et il continue de travailler à temps partiel.
[Traduction]
Certaine personnes souhaitent se retirer de la population active au milieu de leur vie, pour s'occuper d'affaires familiales en dispensant des soins, par exemple, pour poursuivre certains apprentissages ou pour une foule de raisons ayant rapport à leurs choix de vie. D'autres Canadiens veulent que les milieux de travail soient inclusifs, qu'ils accueillent les divers talents et les diverses compétences de Canadiens qui en sont souvent exclus. Comme je l'ai dit plus tôt, il s'agit d'autochtones, d'immigrants de fraîche date et de personnes handicapées. Il faut aller au-delà des mesures de soutien du revenu pour que cela se fasse.
Le grand nombre de Canadiens qui font leur effort pour relever les défis de notre société, les millions de bénévoles, par exemple, ainsi que les organisations communautaires qui fournissent des services à l'échelle locale, souhaitent que l'on valorise davantage leur apport et qu'on leur donne l'occasion d'en faire davantage.
L'un des véhicules les plus prometteurs est celui de l'économie sociale, dont le premier ministre m'a confié la responsabilité. J'en suis fort honorée, mais biens des gens se demandent ce que veut dire au juste cette notion d'économie sociale. Il m'est arrivé de répondre que c'était une façon d'extraire de la dépendance de l'État des groupe défavorisés de la société en les intégrant à l'économie. C'est la meilleure définition que je connaisse.
Les entrepreneurs sociaux, que l'on retrouve partout au Canada et qui font preuve de créativité et de sens de l'innovation dans leur engagement comme citoyens, adoptent une approche originale pour atteindre les mêmes objectifs de société que d'autres acteurs du secteur. Ils font des profits en vendant biens et services, mais ils réinvestissent ces profits pour satisfaire les besoins des gens les plus vulnérables dans leur milieu. Ce sont nos partenaires les plus importants, de mon point de vue. Leurs efforts complètent ceux des bénévoles et des groupes sans but lucratif, mais ils ne peuvent se substituer à ces derniers.
Un nouveau partenariat social nous permettra d'appliquer courageusement des approches nouvelles, y compris l'établissement d'un cadre national pour l'économie sociale, afin de résoudre certains de ces problèmes. Nous ne pouvons pas définir seuls la nouvelle vision du développement social. Nous devons établir et maintenir quatre partenariats essentiels reposant sur la consultation, la collaboration et l'engagement: avec l'ensemble des parlementaires, avec les acteurs principaux, avec les autres autorités publiques et avec les Canadiens en général.
Pourquoi avons-nous le ministère du Développement social? Parce que les Canadiens veulent une politique sociale tenant compte de la réalité que je viens de décrire, dans toute sa complexité. Voilà la raison d'être du ministère du Développement social. Ce nouveau portefeuille a été créé pour que l'État dispose d'un organe plus maniable pour répondre efficacement aux besoins et aux aspirations des Canadiens. On vise ainsi un partage plus égal des avantages de la citoyenneté canadienne. N'oublions pas que c'est un comité de la Chambre qui a proposé en premier de répartir les responsabilités entre les deux ministères de manière à ce que l'un s'occupe des ressources humaines et du développement des compétences et l'autre, du développement social.
Je viens tout juste de vous donner notre nouvelle définition du développement social. Le bien-être à l'échelle de la société, la jouissance des avantages de la citoyenneté et l'égalité des chances ne peuvent exister que si les citoyens peuvent profiter de notre système d'éducation, de notre système de santé, de notre système judiciaire, des organismes communautaires, du marché du travail ainsi que des programmes de l'État pour répondre à leurs besoins. Nous parlons beaucoup d'inclusion, mais cet idéal ne peut se réaliser que si tout le monde éprouve un véritable sentiment d'appartenance, que si tous les Canadiens peuvent acquérir les compétences nécessaires, se procurer les biens et les services dont ils ont besoin et disposer de l'argent et des mécanismes d'aide sociale voulus, de manière à s'assurer d'une bonne qualité de vie.
Notre notion de bien-être social reflète non seulement notre vision de nous-mêmes, mais notre façon de considérer nos familles, nos collectivités et notre pays. La création de notre nouveau ministère en tient compte. Compte tenu de tous les succès que nous avons remportés à titre de société, et il y en a plusieurs, nous devons faire davantage, comme je l'ai dit précédemment, pour réduire la pauvreté, nous attaquer à l'exclusion et permettre aux Canadiens d'assumer un plus grand contrôle sur leurs choix de vie individuels et d'ériger les collectivités fortes et les systèmes nationaux les meilleurs au monde dans des secteurs comme l'apprentissage et la garde des jeunes enfants.
Une société forte et dynamique ne se limite pas à un seul secteur. Elle dépend de tous les facteurs qui contribuent à la croissance sociale, soit une position financière solide, des bons systèmes de santé et d'éducation, une économie forte, un marché du travail actif, des programmes sociaux de qualité qui répondent aux besoins des Canadiens et les efforts individuels des gens de tous les secteurs qui travaillent de concert pour le bien commun. Elle dépend des décisions que nous prenons individuellement et des mesures que nous prenons collectivement pour empêcher les problèmes de se produire.
[Français]
Il s'agit de tout ce que nous faisons au sein de tous les ministères fédéraux, depuis nos investissements dans les enfants, le système de santé et le développement des compétences, jusqu'au système fiscal qui redistribue les revenus de manière à répondre aux besoins de base de chacun. Ce n'est pas seulement ce gouvernement, mais tous les gouvernements: fédéral, provinciaux, territoriaux, municipaux. Chacun fait de son mieux pour améliorer la qualité de vie des Canadiens. Il est certainement plus nécessaire aujourd'hui que par le passé de travailler ensemble.
[Traduction]
La mise sur pied d'une société forte et dynamique exige également l'appui et la participation des universitaires et des spécialistes de la recherche, des groupes de réflexion, de l'industrie, de la main-d'oeuvre, du secteur à but non lucratif et de tout ce qui s'y rapporte dans l'économie sociale.
Pour faire les choses différemment dans le domaine de la politique sociale, nous devons comprendre nos limites. Nous ne pouvons tout simplement pas plaire à tout le monde, comme nous ne pouvons pas non plus arriver à pondre une politique universelle qui pourra répondre aux attentes des Canadiens au XXIe siècle.
C'est là la base de l'approche de Développement social Canada à l'égard de la consolidation des fondations sociales du pays. À Développement social Canada, nous nous penchons sur les secteurs qui nous permettent de faire les plus grandes contributions. Nous réunissons également tous les autres intervenants ayant un rôle à jouer dans le domaine du développement social. En travaillant ensemble à la réalisation de notre programme social conjoint, nous pouvons adopter, à l'égard du développement social, une approche plus cohérente et intégrée qui est reliée aux réalités et aux attentes des Canadiens.
Une des choses les plus importantes que nous faisons à Développement social Canada, c'est de fournir les connaissances nécessaires pour sous-tendre l'élaboration de judicieuses politiques afin d'habiliter les Canadiens à juger si la société de leur pays atteint ses objectifs sociaux.
Une fois que nous savons de quoi nous avons besoin pour soutenir effectivement le bien-être des particuliers, des familles et des collectivités, nous élaborons des politiques, des programmes et des services davantage axés sur les citoyens, dans nos domaines de responsabilité, et ces outils répondent mieux aux exigences de nos compatriotes dans notre monde en évolution rapide.
Cela nous amène à une deuxième sphère d'activité, la plus importante d'un point de vue budgétaire, celle qui vise à réduire les risques d'exclusion et d'isolement en prodiguant la sécurité du revenu aux populations que nous desservons. Nous étudions les leviers qui sont à notre disposition, dont la prestation nationale pour enfants, le Régime de pensions du Canada et tous les autres régimes de pensions à l'intention des personnes handicapées et d'autres, puis nous déterminons la façon dont nous allons tirer parti des politiques et programmes des autres ministères, à caractère aussi bien social qu'économique, ainsi que des travaux en cours sur les plans provincial, territorial et communautaire, pour habiliter les gens à risques à s'épanouir pleinement.
[Français]
Nous tentons de relier les points, par exemple en démontrant que le fait de se pencher sur la pauvreté infantile et d'offrir aux familles des services de garde de qualité ouvre aux parents des possibilités de retourner à l'école ou d'acquérir de nouvelles compétences pour devenir employables. Dans bien des cas, il s'agit de familles dirigées par un seul parent et par des autochtones, des membres des minorités visibles ou des personnes handicapées, bref ceux qui courent le plus grand risque d'exclusion.
[Traduction]
En aidant les parents à atteindre leur plein potentiel au moyen de divers programmes, nous contribuerons aussi à faire en sorte que les enfants prennent un bon départ. Nous établissons des liens entre le fait de veiller à ce que les personnes handicapées obtiennent les soutiens financiers et autres dont elles ont besoin et leur capacité de s'intégrer à l'ensemble de la population, de sorte qu'elles puissent pallier certaines pénuries de compétences et de main-d'oeuvre que connaissent certains employeurs.
En donnant aux Canadiens en âge de travailler la possibilité de prendre du temps à mi-carrière pour s'occuper de parents âgés, nous les inciterons peut-être à travailler au-delà de l'âge actuel de la retraite.
En assurant la conciliation travail-vie, nous pouvons réduire des problèmes de revenu qui se posent aux personnes du troisième âge. Nous tentons de faire en sorte que les Canadiens ne soient pas pénalisés pour les choix de vie qu'ils font.
[Français]
Pour terminer, notre principal secteur d'influence découle de notre rôle de facilitateurs, alors que nous rassemblons les pièces et les joueurs pour voir de quelle manière les choses que nous faisons, ou ne faisons pas, agissent sur la situation dans son ensemble. De quelle manière les choix que nous faisons aujourd'hui en matière de politiques sociales toucheront notre qualité de vie collective et le niveau de vie de demain.
Ensemble, nous pouvons nous pencher sur la recherche empirique, en discuter et débattre de nouveaux concepts et de nouvelles idées mises de l'avant par les Canadiens de tous les horizons et de tous les coins du pays.
[Traduction]
Développement social Canada offre un nouveau moyen de mobiliser les gouvernements, les citoyens et les organisations et de les amener à contribuer au développement social du Canada. Nous voulons tous aller dans la même direction. Nous savons également qu'il faut éviter les chevauchements et maximiser nos investissements et activités afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles pour les Canadiens.
L'adoption du projet de loi C-22 rendra ce progrès possible. Cette mesure législative confie à Développement social Canada le mandat de servir de point de référence en matière de politiques sociales au sein du gouvernement du Canada.
[Français]
J'aimerais souligner le fait que c'était le rapport du Comité permanent des ressources humaines de la Chambre, déposé en juin 2000, qui recommandait quand même qu'il y ait une division des tâches.
Même si le ministère est expressément chargé de la promotion du mieux-être social et de la sécurité du revenu des Canadiens, sa nouvelle structure lui permettra de collaborer avec ses partenaires fédéraux.
Vu le caractère progressiste de la loi, nous pouvons aborder la politique sociale de façon globale, en établissant des relations avec les autres ministères et organismes fédéraux qui travaillent chacun de leur côté à améliorer la vie des enfants et des familles, des personnes âgées et des personnes handicapées du Canada.
[Traduction]
Cette approche axée sur la collaboration reconnaît le partage des compétences dans la plupart des secteurs sociaux. Le projet de loi donne au ministre du Développement social le pouvoir exprès de coopérer avec nos partenaires provinciaux et territoriaux pour fixer des objectifs, attribuer les ressources et conclure des ententes avec les provinces ou d'autres entités pour faciliter la mise en oeuvre de politiques ou de programmes appuyant le mandat de Développement social Canada.
Comme mes collègues le savent pertinemment, nous faisons déjà des percées considérables dans ce domaine. Je suis fière d'annoncer que nous avons réalisé des progrès énormes dans l'avancement de l'initiative concernant l'apprentissage précoce et la garde des jeunes enfants. Nous avons convenu avec nos homologues provinciaux et territoriaux d'élaborer, pour l'apprentissage et la garde des jeunes enfants, une vision à long terme comportant des objectifs mesurables, des principes communs et des mécanismes assurant une bonne reddition de comptes et offrant une certaine souplesse aux provinces et aux territoires. Il va sans dire qu'il faudra un certain temps et des discussions pour en arriver à une compréhension approfondie des principes communs, mais la détermination des deux paliers de gouvernement à faire avancer ce programme ne peut être remise en question.
L'adoption de ce projet de loi assurerait la poursuite du travail entrepris auprès des organisations internationales qui nous permettent de tirer profit de l'expérience des autres et de partager nos connaissances et nos expériences pour contribuer à l'amélioration des politiques et des programmes sociaux dans les autres pays.
Comme la Chambre le sait, nous collaborons avec l'OCDE. Nous pouvons aussi offrir un meilleur rendement sur les investissements des contribuables en partageant nos ressources avec nos collègues du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. La prestation de services simplifiés, automatisés et intégrés contribuera à assurer que les Canadiens puissent obtenir des services de qualité axés sur le citoyen lorsqu'ils en ont besoin et là où ils en ont besoin.
Le regroupement de nos fonctions de prestation de services généraux est tout aussi important car il permettra de réduire les coûts opérationnels et d'injecter davantage de fonds dans des programmes qui répondent aux attentes des Canadiens.
[Français]
Le projet de loi comporte un code sur la protection des renseignements personnels qui vise à régir de façon claire et cohérente la communication des renseignements personnels. Ce code se fonde sur les codes existants que l'on retrouve dans le Régime de pensions du Canada et dans la Loi sur la sécurité de la vieillesse. Ensemble, ces codes fourniront un cadre détaillé pour l'ensemble des activités des programmes actuels et futurs du ministère.
[Traduction]
Les trois codes sont conformes à la Loi sur la protection des renseignements personnels et ils se conjugueront à celle-ci pour représenter un juste équilibre entre la communication et la protection des renseignements personnels. La plupart des modifications corrélatives sont d'ordre administratif, et le projet de loi abroge aussi la Loi sur la réadaptation professionnelle des personnes handicapées.
Cette loi est devenue désuète en 1998 lorsque des ententes fédérales-provinciales plus modernes sont venues appuyer les programmes et les services destinés aux personnes handicapées, programmes et services élaborés en collaboration avec les provinces et les territoires.
[Français]
En conclusion, je crois fermement que tous les Canadiens partagent un sentiment de responsabilité collectif à l'égard du bien-être de tous les citoyens et citoyennes. La nature complexe des enjeux qui se posent à nous aujourd'hui confirme la sagesse qu'il y a à créer une nouvelle entité distincte qui s'occupera exclusivement de politique sociale.
[Traduction]
J'invite mes collègues à appuyer le projet de loi C-22 de manière à ce que nous puissions poursuivre dans la voie des progrès réalisés dans les 11 mois qui ont suivi la création de notre organisation.
Les Canadiens s'attendent à ce que les parlementaires travaillent ensemble en vue d'améliorer ce programme essentiel qui vise les Canadiens de la naissance à la mort.
:
Monsieur le Président, je me fais un plaisir de parler aujourd'hui du projet de loi C-22, Loi constituant le ministère du Développement social.
Bon nombre de mes électeurs connaissent les programmes qui relevaient de l'ancien ministère du Développement des ressources humaines, DRHC.
Bien qu'il soit tentant d'évoquer la mauvaise gestion et la gabegie en parlant de l'ancien ministère, je vais plutôt envisager l'avenir aujourd'hui.
À l'époque, je participais très activement aux travaux du Comité du développement des ressources humaines et j'ai été en mesure d'y constater que le changement institutionnel était le seul moyen de régler bon nombre des problèmes qui existaient au ministère. Même si on ne m' a jamais convaincue qu'il fallait complètement diviser, scinder et transformer le ministère, il est certain que nous ne pouvions nous permettre la répétition des gabegies du passé. Je ne suis pas certaine cependant que la mesure à l'étude nous épargne cette possibilité.
Habituellement, on fusionne des ministères pour économiser. On peut donc supposer que le fait de scinder le ministère va entraîner des coûts qu'on aurait pu éviter aux contribuables. Durant la séance d'information sur cette mesure, la question a été posée, mais aucune réponse n'a été donnée. Le gouvernement a peut-être une réponse maintenant. Combien ces changements vont-ils coûter de plus que ce qu'il en coûtait auparavant?
Malheureusement, le gouvernement libéral a amorcé la scission bien avant de présenter le projet de loi au Parlement. Il a effectivement mis la charrue devant les boeufs.
Si je devais m'opposer à ces dispositions législatives, annuler les changements déjà apportés coûterait probablement plus cher que les mener à bien. En fait, le gouvernement libéral a omis de consulter le Parlement au sujet des changements à DRHC et de la création du ministère du Développement social. Il est maintenant trop tard pour revenir en arrière.
Le premier ministre a encore une fois omis de donner au Parlement une occasion de participer de façon plus pertinente au processus démocratique. Au lieu de nous consulter, il nous traite comme une formalité. Cela est inacceptable, non seulement parce que cette attitude muselle les députés de la Chambre, mais aussi parce qu'elle écarte complètement les gens que nous représentons.
Heureusement, ce projet de loi n'est pas fait que d'erreurs et de superflu. Je constate avec plaisir l'importance accordée à la protection et à la sécurité des renseignements personnels. L'usurpation d'identité est un problème à la hausse au Canada et dans tous les pays développés. Les personnes qui sont le moins en mesure de régler elles-mêmes les problèmes d'usurpation d'identité ou de financer les batailles juridiques qui s'ensuivent sont souvent clientes de ce nouveau ministère. Ces gens comptent sur nous pour protéger les renseignements qui les concernent.
Je suis une députée de la Saskatchewan et je me souviens très bien de la peur et de l'incertitude entourant la diffusion accidentelle de renseignements personnels bancaires et financiers sur un vieil ordinateur. Les gens surveillaient leurs comptes comme des chiens de garde, terrifiés à l'idée de voir leurs économies s'envoler. Autant que je sache, aucun problème majeur n'a découlé de cette bévue, mais la situation aurait pu être désastreuse pour bien des familles.
J'appuie les mesures de protection accrue prévues par le projet de loi. Je demande seulement au gouvernement de surveiller la situation pour s'assurer d'imposer des normes plus rigoureuses aussitôt que les besoins se font sentir. Les Canadiens handicapés, ceux qui sont aux prises avec des difficultés et ceux dont le revenu est faible comptent sur nous pour les protéger.
Ceci m'amène à mon deuxième point. Je suis aussi en faveur du concept de « guichet unique » en matière de prestation de services. Le Canadien moyen est trop occupé pour se tenir au fait des complexités relatives aux compétences du gouvernement fédéral. Tout ce qu'il désire est un point de service unique auquel il peut s'adresser au sujet des programmes dont il a besoin.
Je voudrais prendre un instant pour faire connaître aux Canadiens un important site Web qui peut les aider à obtenir les prestations ou avantages auxquels ils peuvent avoir droit. Il énumère la quasi totalité des programmes fédéraux et provinciaux. Il comporte un mécanisme convivial qui aide l'utilisateur à trouver ce qui s'applique à lui. Il suffit de répondre à une douzaine de questions, et le site établit une liste plus courte de programmes. Tout le monde devrait prendre un stylo pour noter l'adresse.
Auparavant, je tiens à souligner que ce site répond à l'une des doléances que je reçois le plus souvent de ceux qui sont dans le besoin. Ils disent qu'il est trop difficile de trouver et de consulter les programmes qui existent déjà et de faire une demande. On peut trouver le site au moyen d'un lien proposé sur mon site Web, carolskelton.ca, ou en tapant directement canadabenefits.ca.
On sait que le gouvernement impose les pauvres, mais qu'il ne leur facilite pas la tâche lorsqu'il s'agit pour eux de récupérer leur argent péniblement gagné. On peut espérer que ce site Web et le système de guichet unique y changeront quelque chose.
Le nouveau ministère a un mandat très considérable et, inévitablement, tous les Canadiens seront touchés à un moment ou l'autre de leur vie.
Qu'il s'agisse de personnes âgées, d'enfants, de familles, de personnes handicapées, de bénévoles ou de gens qui participent à l'économie sociale, le nouveau ministère du Développement social les touchera, ainsi que la plupart d'entre nous. Même si nous n'avons pas besoin de demander l'aide de l'État, nos régimes de retraite seront administrés par ce ministère.
Comme toujours, je crains fort qu'un ministère aussi gros n'échappe rapidement à la maîtrise du gouvernement. Je crains qu'un ministère d'une pareille taille ne soit détourné de son rôle par une nouvelle grande initiative sociale. Les députés, les Canadiens et surtout les fonctionnaires de Développement social devront faire des efforts pour éviter que ces changements structurels radicaux ne déraillent et ne finissent par nous coûter des milliards.
Chaque dollar que le gouvernement gaspille pour un nouveau programme est un dollar de moins pour un programme déjà en place, qui est souvent sous-financé. Comme je l'ai déjà dit, j'espère que le gouvernement saura maîtriser les coûts liés à ce changement.
Le projet de loi contient de nombreuses modifications d'ordre juridique et administratif qui visent à l'harmoniser à la législation existante. C'est une bonne chose, mais cela met également en évidence une de mes inquiétudes antérieures. Le nouveau ministère est né de la scission du ministère du Développement des ressources humaines en deux entités, soit le ministère du Développement social et le ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. Le ministre et son personnel se sont évertués à me démontrer la coopération et la relation de symbiose entre les deux nouveaux ministères. Dans mon coin de pays, on appelle cela du double emploi et du chevauchement.
Comme je l'ai déjà dit, certains aspects précis de la prestation de services sont bons, mais je ne suis toujours pas certaine que ces changements sont les plus pertinents.
J'ai hâte que le ministre nous explique clairement pourquoi l'ancien ministère n'aurait pas pu faire ce que les nouveaux ministères feront et qu'il nous dise combien les Canadiens économiseront d'argent. J'ai l'impression qu'il n'y aura pas d'économies. Je ne peux pas m'imaginer que l'impression de nouveau papier à en-tête, l'achat de nouveaux systèmes informatiques et la préparation de nouveaux sites Web pourront nous faire économiser de l'argent. En fait, on retrouve déjà de l'information répétée inutilement dans les sites Web du ministère du Développement social et du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences. On se pose encore la même question toute simple: pourquoi ne suffirait-il pas d'un seul ministère?
Je vais laisser le gouvernement nous donner une réponse créative à cette question.
Mes collègues vont parler de ces sujets également. Ils se préoccupent comme moi des Canadiens dans le besoin. Le gouvernement doit s'assurer que les gens qui éprouvent des difficultés peuvent obtenir rapidement des services adéquats. Lorsqu'une personne entre dans un bureau de député pour demander de l'aide, elle agit souvent ainsi en dernier recours. Elle ne veut plus d'embêtements, de retards et d'excuses. Elle veut de l'aide.
J'espère seulement que ce remaniement de la bureaucratie aura vraiment pour effet de changer les choses pour le mieux à un coût raisonnable. Mais les antécédents du gouvernement libéral nous font craindre que ce ne soit pas le cas.
:
Monsieur le Président, le gouvernement propose le projet de loi C-22, Loi constituant le ministère du Développement social et modifiant et abrogeant certaines lois.
Le projet de loi constitue le ministère du Développement social qui est placé sous l'autorité du ministre du Développement social. Il définit également les attributions du ministre. Enfin, il édicte des règles pour la protection et l'accessibilité des renseignements personnels obtenus pour la mise en oeuvre ou l'exécution des programmes du ministère, autres que ceux qui sont gérés en vertu de codes similaires du Régime de pensions du Canada et de la Loi sur la sécurité de la vieillesse.
Nous avons donc un nouveau ministère, le ministère du Développement social, qui aura, on peut l'espérer, une mission claire. Le gouvernement a divisé par décret l'ancien ministère du Développement des ressources humaines en deux ministères. On s'attend maintenant à ce que le Parlement approuve une telle réorganisation. Les bureaucrates et leurs faibles disciples, les ministres libéraux, semblent oublier que le gouvernement peut proposer, mais que c'est au Parlement en tant qu'entité distincte qu'il revient en fin de compte de voter les crédits et d'approuver le projet de loi.
Nous approuvons maintenant ce projet de loi après coup. D'une certaine façon, c'est du chantage institutionnel. Beaucoup d'efforts, d'argent et de capital humain ont déjà été consacrés à ce ministère avant même la mise en oeuvre de cette loi et cela exerce des pressions déraisonnables sur les parlementaires qui doivent simplement accepter ce fait accompli. C'est déjà chose faite.
Ce qui importe, c'est de ne jamais oublier que le Parlement n'est pas le gouvernement, et c'est là où le gouvernement doit venir pour obtenir la permission d'imposer les Canadiens et de dépenser l'argent des contribuables, ainsi que pour faire approuver et adopter ses mesures législatives. Le gouvernement devrait être plus prudent avant de dépenser de l'argent pour lequel il n'a pas l'approbation du Parlement. Il devrait également respecter davantage le Parlement quand il essaie d'administrer d'une façon que le Parlement n'a pas encore approuvée. Même si ce n'est pas un modèle absolu dans tous les cas, le bilan des libéraux est, en général, marqué par ce type de mépris à l'égard de la Chambre. Ils l'ont fait dans le passé. La situation actuelle dans le cas de ce projet de loi est un exemple de plus.
Sous son nom de Développement social Canada, le nouveau ministère essaie de refléter la compréhension que se font les Canadiens d'une société compatissante. Le nouveau ministère est notamment chargé de s'occuper des personnes handicapées. Il est également responsable des enfants, des aînés et du secteur du bénévolat, qui ont tous des liens directs avec les handicapés. Les Canadiens veulent que les gens aient une chance d'avoir une vie pleine et remplie de défis. Il nous incombe en tant que Canadiens de voir comment nous respectons nos propres idéaux et de collaborer avec des entités officielles et informelles pour nous rapprocher de la réalisation de nos propres idéaux.
Dans le passé, le gouvernement fédéral a fait mieux au chapitre de l'emploi. Ces ententes conjointes relatives au marché du travail, qu'il a conclues avec les provinces et les territoires, ont servi de tremplins et ont mené au succès dans d'autres domaines. Néanmoins, selon moi, nous devons nous entendre sur la combinaison idéale de programmes et de mesures de soutien, et parvenir au bon équilibre entre emploi, revenu et assistance aux handicapés, domaines dans lesquels nous devrons continuer à oeuvrer ensemble pour les années à venir.
À cet égard, il ne me semble pas que les libéraux formulent de nouveaux projets extraordinaires. Ils semblent simplement patauger. Ils savent qu'ils doivent faire quelque chose. Les Canadiens le souhaitent, mais les libéraux ne sont pas sûrs de ce qu'ils devraient faire, alors ils réorganisent des ministères. Ainsi, ils donneront l'impression qu'il y a progrès et évolution.
Par contre, le Canada a bien travaillé au plan international, notamment à New York, aux Nations-Unies, où ses représentants en développement social ont négocié une nouvelle convention visant à protéger les droits des handicapés. Ces efforts visent à établir des normes, à créer des attentes et à favoriser l'action. Espérons que la fierté nationale amènera d'autres pays à rivaliser en matière de filet de sécurité sociale, de sorte qu'une concurrence amicale aboutisse à relever le seuil de chacun d'eux au profit de tous.
Le Canada, lui, doit oeuvrer de concert avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour déterminer les prochaines mesures permettant de faire progresser les intérêts des handicapés. De bonnes mesures ont été adoptées dans le passé, mais beaucoup d'occasions ont été ratées. De nombreuses ressources gaspillées auraient pu faire tant de bien si les libéraux ne les avaient pas investies à tort et à travers.
Nous devons nous tourner vers l'avenir. Quels objectifs devons-nous nous fixer? Comment pouvons-nous les atteindre? Quelles sont nos véritables priorités? Nous devons y réfléchir, puis les envisager concrètement. Si nous ne parvenons pas à les imaginer et à nous dire qu'elles ne sont pas impossibles à réaliser, nous ne progresserons jamais. Nous devons élaborer un programme d'action exhaustif en faveur des handicapés canadiens.
Nous ne pouvons jamais en faire trop ou agir trop vite si nous songeons aux personnes souffrant d'un grave handicap. Les questions relatives aux handicapés sont une priorité publique. Elles doivent devenir des priorités gouvernementales. Le défi consiste donc pour tous les paliers gouvernementaux, tout comme pour les organismes de bienfaisance et sans but lucratif, à créer des possibilités et des ouvertures pour ceux qui ont besoin d'aide, de perfectionnement et d'apprentissage, afin que tous puissent jouer un rôle dans la vie, et que personne ne soit oublié.
Désormais, le nouveau ministère du Développement social a le mandat de contribuer à consolider et à renforcer les fondements sociaux du Canada. Pour y parvenir, il doit venir en aide aux familles avec enfant, soutenir les handicapés et faire en sorte que les personnes âgées participent pleinement à la vie de leurs collectivités.
Le fédéral élabore les politiques, dispense les services et crée les programmes à l'intention des Canadiens qui ont besoin d'aide pour surmonter les difficultés qu'ils rencontrent dans leur vie et au sein de leurs communautés. Cette aide comprend notamment les programmes de sécurité du revenu comme le Régime de pensions du Canada. J'espère aussi que l'organisation de Développement social Canada sera toujours axée sur les clients, comme j'ai tenté de le faire valoir plus tôt auprès de la secrétaire parlementaire, et que ce ministère améliorera continuellement la prestation des services aux Canadiens.
L'énoncé de vision du ministère précise: « Un Canada pour tous, où chacun participe et joue un rôle actif ». Quant à sa mission, elle consiste à renforcer les assises sociales du Canada en contribuant au mieux-être des personnes, des familles et des collectivités, et tout en favorisant leur participation grâce à des politiques, des programmes et un service axés sur les citoyens. Le ministre affirme pouvoir atteindre ces objectifs en réduisant les obstacles et en facilitant l'accès aux possibilités, en investissant dans les gens et en renforçant les capacités des collectivités, en offrant un service transparent, novateur et adapté aux besoins des clients, tant à l'interne qu'à l'externe, en collaborant avec des partenaires fédéraux, d'autres gouvernements et les collectivités, en aidant nos employés et en servant les Canadiens avec intégrité et engagement. Voilà des objectifs ambitieux pour un gouvernement qui n'est pas connu pour sa grande efficacité et sa pratique de la compassion.
Le ministre du Développement social et député de York-Centre, de même que le ministre d'État responsable de la Famille et des Aidants naturels et député de Trinity—Spadina, ont une tâche considérable à accomplir, mais ils ont aussi l'occasion de faire de bonnes choses pour le pays. La sous-ministre, Mme Nicole Jauvin, semble être une personne compétente, et nous lui souhaitons bonne chance. Elle a déjà occupé le poste de solliciteur général adjoint du Canada. En outre, la secrétaire parlementaire du ministre du Développement social, et députée d'Ahuntsik, devrait grandement contribuer à maintenir le cap.
Les Canadiens moyens accordent une grande importance aux responsabilités relatives aux programmes. Ils comptent sur ces programmes, qui comprennent notamment la Sécurité du revenu, le Régime de pensions du Canada, la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, les Prestations internationales, l'aide aux personnes handicapées, la pension d'invalidité du Régime de pensions du Canada, le Programme de partenariats pour le développement social, ainsi que les initiatives du secteur du bénévolat. Et cette liste n'est pas exhaustive. Tous ces programmes sont très utiles et revêtent une grande importance.
On a dit du système de réglementation actuelle du Canada qu'il nous a bien servi, mais qu'il a été principalement conçu pour une économie industrielle, c'est-à-dire pour une autre époque. Le Canada doit maintenant se doter d'une réglementation moderne qui reflète les valeurs des Canadiens et les réalités de l'économie du savoir, et qui puisse s'adapter aux impératifs fluctuants du marché. En ce début de XXIe siècle, les pays examinent l'efficacité de leur architecture sociale. Ils doivent affronter les nouveaux risques sociaux engendrés par les changements de la structure familiale, le vieillissement de la population et l'évolution du marché du travail.
L'architecture sociale du Canada a été conçue de façon à parer aux risques sociaux qui se posent à l'ensemble de la population. Malheureusement, il y aura toujours des Canadiens dans le besoin, même si le contexte change. Aujourd'hui, de nouveaux risques sociaux se présentent à une population canadienne de plus en plus diversifiée et dans un contexte politique de déplacement des rôles des divers paliers de gouvernement. Ces nouveaux risques amènent des défis quant à l'élaboration d'une nouvelle architecture sociale pour le Canada et ces défis s'inscrivent dans un pays caractérisé par la diversité.
Il nous faut examiner certaines questions dont les suivantes. À quels risques les Canadiens sont-ils exposés aujourd'hui sur le marché du travail et comment ces risques influencent-ils les choix des Canadiens? Les nouvelles structures familiales posent-elles des défis aux familles canadiennes? Quels sont les risques actuels d'exclusion sociale au Canada? Serions-nous malencontreusement en train de créer de nouvelles élites en créant une stratification sociale imprévue et indésirable à cause des limites imposées à la formation scolaire? Le monde est en évolution et il en est de même des Canadiens. Nos institutions politiques et sociales seront-elles adaptées à l'architecture sociale émergente?
Nous avons de l'aide de diverses organisations, notamment des Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques et du Conseil canadien de développement social. Il faut amener les Canadiens de tous les secteurs de la société à échanger leurs points de vue dans le respect mutuel et sans que les initiés habituels et les tenants du pouvoir n'excluent qui que ce soit à l'avance. Il va sans dire que nous avons besoin de l'opinion des chercheurs en sciences sociales et de celle des décideurs et des intervenants des secteurs de la politique sociale et du bénévolat et de tous les citoyens concernés. Le changement commence par la reconnaissance de l'existence d'un problème.
Le gouvernement affirme reconnaître les défis et sa responsabilité de servir les Canadiens. Je lui souhaite bonne chance au moment où il s'apprête à apporter des améliorations mesurables destinées à ceux qui sont à l'extrémité de la chaîne des services. Espérons qu'il n'oubliera jamais pour qui il fait tout ce travail et pourquoi nous nous efforçons de le faire.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole ce soir sur la création de ce nouveau ministère, le ministère du Développement social. C'est un ministère que l'on pourrait percevoir comme le miroir aux alouettes pour tous les Canadiens, un miroir qui peut être déformant dans sa pratique. Pour le Québec, je pourrais élaborer sur plusieurs enjeux qui sont importants et où cela pourrait devenir un miroir déformant, où cela serait non constructif et non applicable.
Il y aura 12 000 fonctionnaires qui oeuvreront dans ce ministère qui bénéficiera de 53 milliards de dollars. De cette somme, 97 p. 100 seront investis pour répondre surtout aux attentes des personnes âgées, soit pour les prestations pour personnes âgées, la sécurité du revenu et le supplément de revenu garanti.
De cette somme de 53 milliards de dollars, on peut donc dire qu'on va mettre à peu près 3 p. 100 dans différents programmes pour aider la collectivité canadienne, ce qui veut dire tout au plus autour de 2 milliards de dollars.
On nous dit que le but avoué est de renforcer les assises sociales canadiennes. Si on soulève toute la question de la loi sur l'assurance-emploi, on peut largement critiquer la façon dont le gouvernement gère l'argent de ceux et de celles qui y cotisent. On sait comment le programme a commencé. Durant la Seconde Guerre mondiale, on avait décidé qu'il était préférable, vu l'effort collectif, que l'assurance-emploi soit gérée par le gouvernement fédéral pour répondre à l'ensemble de la population. Compte tenu du contexte d'urgence, on a laissé aller un pan de la juridiction du Québec et des provinces. Par la suite, nous n'avons jamais pu reprendre le contrôle de cette caisse d'assurance-emploi.
On sait très bien qu'on a réussi à subtiliser 45 milliards de dollars directement de la poche des contribuables, des employeurs et des employés. Le gouvernement fédéral avait aussi une saine intention de répondre aux attentes de la population. Il a demandé à ce qu'on le laisse gérer cette caisse, à ce qu'on lui en laisse la responsabilité. Par la suite, ce qui est arrivé, c'est qu'on a fait ce qu'on voulait bien faire de la caisse de l'assurance-emploi. On a donc exclu des milliers de travailleurs et travailleuses qui ne sont plus admissibles en raison de la Loi sur l'assurance-emploi. On a resserré les critères et on a réduit le nombre de semaines auxquelles les travailleurs et les travailleuses avaient droit en termes de prestations.
Vous pouvez comprendre la position du Bloc québécois. Depuis 1993, nous avons mené une lutte, qui se poursuit encore aujourd'hui, pour que cette caisse d'assurance-emploi soit gérée par ceux et celles qui y cotisent. Il y a d'ailleurs un projet de loi dont l'étude est en cours concernant la Commission de l'assurance-emploi où on ne veut pas élargir cette commission à plus de deux personnes, comprenant un sous-ministre et un sous-ministre adjoint.
Comment pouvons-nous leur faire confiance? Comment pouvons-nous être enthousiastes par rapport à ce projet de loi? Pourtant, nous aussi nous avons le coeur à gauche, nous sommes solidaires envers les familles, les enfants et les gens les plus démunis de la société. J'en suis. J'avais même fait une réflexion sur l'amincissement du filet de sécurité sociale, le programme minceur du gouvernement fédéral, comme on pourrait le nommer.
Cela m'amène aussi à parler du supplément de revenu garanti. Là aussi, on voulait aider les personnes qui étaient davantage en difficulté. Il y avait donc un supplément de revenu garanti qui s'ajoutait au revenu des personnes âgées. On s'est aperçu qu'il y avait quand même 270 000 personnes au Canada, dont 68 000 personnes au Québec, qui y avaient droit mais qui n'avaient jamais pu y avoir accès.
Cela veut dire que le gouvernement du Canada gardait dans ses poches une somme de 3,2 milliards de dollars. Pour le Québec, cela voulait dire 800 millions de dollars parce qu'on a pu découvrir que les personnes ne s'en prévalaient pas.
Le Bloc québécois a fait toute une opération pour informer la population de personnes âgées qu'elles pouvaient y avoir droit. On a donc pu retrouver 25 000 personnes qui y avaient droit. C'est sûr qu'on n'a pas pu toucher toutes les personnes qui y avaient droit, mais quand même, on peut féliciter le Bloc québécois pour cela.
On ne peut dire oui pour que le gouvernement fédéral envahisse encore les champs de compétence au lieu de s'attaquer au vrai problème de déséquilibre fiscal au sujet duquel on ne veut rien savoir. J'espère que dans le reste du Canada, c'est la même chose, et que chaque député de l'opposition fait son travail pour expliquer les incidences du déséquilibre fiscal.
Nous, au Québec, commençons à faire des avancées. En effet, les gens, les organisations, les leaders sociaux, politiques et économiques commencent à comprendre maintenant le jeu que joue le gouvernement ici, à Ottawa. Lors des dernières élections, il y a eu le scandale des commandites. Toutefois, je peux vous dire qu'il y a autre chose aussi. Il y a la manière dont le gouvernement répond aux attentes du Québec.
En outre, quant à la création de ce ministère, l'Assemblée nationale fait l'unanimité tous partis confondus. Quand le gouvernement fédéral dit qu'il veut négocier avec le parti fédéraliste au Québec, je peux leur répondre que ce dernier n'est pas d'accord avec la création de ce ministère, parce qu'il sait très bien quelles embûches le gouvernement veut nous tendre, d'autant plus que nous n'avons pas signé l'Entente sur l'union sociale de 1999.
La réputation du gouvernement fédéral quant à ses intentions est déjà faite en ce qui concerne le respect des compétences. Je vous rappellerai d'abord la Loi sur les jeunes contrevenants. Vous savez qu'on a fait une bataille. Je me souviens des envolées oratoires de notre collègue de Berthier—Montcalm concernant la Loi sur les jeunes contrevenants qu'on voulait justement adopter ici. Ce projet de loi contrevenait à la manière de faire au Québec, compte tenu de notre souci de réhabiliter de jeunes délinquants qui avaient commis un acte qu'on ne pouvait pas accepter et qui était condamnable.
Toutefois, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Quand un jeune commet un acte répréhensible, on sait très bien qu'il va revenir dans la société. Au lieu de l'incarcérer avec des criminels endurcis et de le faire comparaître devant un tribunal pour adulte, il fallait que le tribunal pour jeunes adolescents puisse dès lors, au moment de son arrestation, l'engager dans une démarche de réhabilitation. Par conséquent, on venait contrecarrer ainsi la compétence du Québec en matière d'accompagnement de jeunes contrevenants.
Les bourses du millénaire sont un autre exemple. Nous avons fait une bataille épique pour qu'au Québec, on puisse conserver notre système de bons et de prêts. On savait donc que les bourses du millénaire, c'était un système de prêts. On a perdu du temps, de l'argent et des énergies à faire comprendre au gouvernement fédéral qu'il allait dans la mauvaise direction concernant le Québec. Là encore, ce fut une autre bataille épique.
Je pose beaucoup de questions ici en cette Chambre au nouveau ministre du Développement social ou encore au ministre qui a la responsabilité du dossier des congés parentaux, en l'occurrence le ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, prochainement, qui nous dit: « On va respecter le Québec. »
C'est plus que du respect, et cela se dit en quelques petits mots. En effet, cela s'appelle « retrait avec pleine compensation ». C'est ce que cela veut dire, quand on parle de respecter les provinces. Toutefois, chaque fois que je lui demande de répondre à ma question, il a toujours de la difficulté à dire « respect avec pleine compensation ». Par conséquent, on dit: « Oui, on va vous respecter », mais en même temps, on oublie les principes.
Aujourd'hui, on veut encore nous faire accroire au miroir aux alouettes avec les congés parentaux, les garderies. Maintenant, ce sera aussi avec l'économie sociale.
Vous comprenez donc la position du Bloc québécois envers ce projet de loi qui vise à créer un nouveau ministère qui va justement grossir la fonction publique fédérale pour gérer ses programmes. C'est tout cela aussi.
Ce n'est pas uniquement un ministère, mais c'est tout le suivi sur certains programmes et certaines dépenses du gouvernement fédéral. D'ailleurs, ce dernier a accru de façon assez fulgurante les dépenses de fonctionnement dans chaque ministère.
Le développement social relève du gouvernement du Québec et de celui des autres provinces. Celles-ci pourront bien faire ce qu'elles veulent, mais pour notre part, nous allons défendre avec acharnement notre spécificité et notre gouvernance par rapport aux différents dossiers. Que ce soit dans le domaine de la santé, de l'éducation ou des affaires municipales, on sait très bien que nous avons des institutions fortes. C'est pour cette raison que nous luttons pour ne pas les fragiliser. On sait que tout le problème du déséquilibre fiscal vient fragiliser ces institutions qui sont essentielles pour nous.
Quand la communauté n'est pas contente de son gouvernement à Québec, elle peut le changer. Elle peut décider de donner le pouvoir à d'autres élus. Or, elle n'a pas nécessairement cette possibilité quand elle n'est pas contente d'Ottawa. Nous sommes bien tranquilles ici depuis 1993. Où sont les grandes manifestations devant le Parlement qui feraient trembler ce gouvernement et le feraient changer de direction? C'est peut-être pour cette raison que le gouvernement libéral, élection après élection, n'arrive jamais à changer son tir; c'est parce qu'il n'est pas dérangé par la population.
Je vois sourire la secrétaire parlementaire, qui est membre de notre Comité permanent du développement des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Je peux dire qu'elle est mieux d'écouter ce que j'ai à lui dire. Quand nous, de l'opposition, sommes à écouter les témoins qui viennent comparaître devant le comité, bien souvent, ils nous disent qu'on va dans la mauvaise direction avec certains programmes. Par contre, ce qui arrive, c'est qu'on ne les écoute absolument pas. On sourit et on a l'air de penser qu'ils sont des hurluberlus; ainsi, les témoins se disent qu'on n'a pas envie de les entendre.
Ce sont de nouvelles structures inutiles pour le Québec. C'est là un reflet de l'ingérence. J'appelle cela des tentacules sur le développement social, des tentacules dont le Québec n'a pas besoin pour continuer à faire son propre développement social.
On n'a qu'à envoyer de l'argent à Québec, puisque la pensée existe à cet égard. Que ce soit sur les congés parentaux, les garderies ou l'économie sociale, nous serions capables de faire du développement beaucoup plus rapidement que ce n'est le cas en ce moment.
Le ministère du Développement social coordonnera aussi toutes les activités du ministre d'État—un nouveau ministre d'État—qui sera responsable des familles et des aidants naturels. Encore là, cela relève du domaine de la santé. Beaucoup d'initiatives qui seront prises par le gouvernement se situent dans le domaine de l'éducation, du développement de la petite enfance et de l'itinérance. Il est sûr que si l'on donne un bonbon et qu'on en a justement besoin pour avoir une fin de journée plus agréable, on va dire oui. Par contre, cela ne veut pas dire que cela réglera le problème pour le restant de la journée. C'est un peu ainsi que cela se passe avec les politiques du gouvernement fédéral.
Quant à la création de programmes, on dit que ce sera axé sur le citoyen et que cela favorisera le mieux-être des personnes. Disons qu'il y a un dossier que la vérificatrice générale a soulevé, soit toute la question des autochtones. Nous avons un porte-parole en matière d'affaires autochtones et nous sommes en train de monter tout le dossier du suivi du fédéral. C'est une de ses compétences et de ses responsabilités, cependant il n'est même pas capable de répondre aux attentes de la communauté autochtone. Je me dis qu'il doit d'abord faire ses devoirs dans les compétences sous sa juridiction, laisser aux autres provinces leurs propres juridictions et arrêter de créer des programmes dans lesquels on investit beaucoup d'argent pour le suivi.
On a également fait un enjeu électoral de la question des personnes handicapées. On sait que le Bloc québécois a aussi travaillé très fort pour qu'il y ait un crédit d'impôt pour les personnes handicapées. Tout ce qui est crédit d'impôt, nous ne pouvons pas être contre, parce que cela va directement dans la poche de ceux et celles capables de s'attendre à des mesures concrètes et faciles à suivre.
L'intervention du gouvernement auprès des organismes communautaires constituera aussi un autre dada du gouvernement fédéral, un saupoudrage de fonds, une intrusion dans les champs de compétence. Je pourrais soulever toute la question des sans-abri. On a créé un nouveau programme où l'on a versé des montants. Maintenant, on n'a pas encore dit ce qu'on allait faire pour la reconduction de ce programme. C'est 56 millions de dollars pour le Québec, alors que pour répondre aux attentes de la collectivité pour les itinérants, il faudrait arriver à 100 millions de dollars dans la prochaine entente. Toutefois, on ne sait toujours pas ce qui va arriver.
Ce n'est pas moi qui le dis. Nous tenons aussi des consultations auprès d'organismes sociaux au Québec. On nous dit que le fédéral met sur rail un programme qui dure trois ou quatre ans et ensuite, il disparaît parce qu'il a décidé que ses priorités étaient ailleurs. Il n'y a aucun suivi, aucune politique intégrée permettant de savoir où s'en va le gouvernement fédéral.
Souvent, c'est très difficile. Le Québec, en l'occurrence, a une politique intégrée pour la famille. Il veut avoir une politique intégrée en ce qui concerne toute la problématique de l'itinérance, mais il manque d'argent pour pouvoir aller de l'avant.
Le fédéral a peut-être décidé de venir aussi aider un peu avec ses normes nationales, mais souvent elles alourdissent le fonctionnement de nos collectivités. Il faut que les organismes demandent à la fois au fédéral et au provincial. Bien souvent, ils abandonnent durant le processus d'attente pour avoir droit à une subvention. Souvent, ils arrivent trop tard ou l'argent est déjà dépensé. De fait, souvent, les sommes sont tellement minimes, trop minimes, que c'est mieux de les envoyer sur quelque chose qui est déjà sur le rail plutôt que de faire un programme trop minime auquel les organismes n'ont même pas droit.
Cela vous fait peut-être une belle jambe de lancer un programme et cela vous donne peut-être l'impression d'avoir le coeur à gauche, mais en même temps, ce n'est pas le cas sur le plan pratique. En effet, un des objectifs de ce ministère, c'est d'avoir une meilleure gestion. J'ai bien hâte de voir tout cela. Ce qu'on voit, pour l'instant, ce n'est pas une meilleure gestion dans les différents programmes dont le gouvernement fédéral est le maître d'oeuvre.
Il y a aussi le programme Nouveaux Horizons pour aider la clientèle âgée dans leur collectivité. Cela s'adresse aux organismes. Ils auront à déposer des projets. Il y aura une table de concertation, un peu comme dans le cas de la table sur l'itinérance. Il y a aussi l'initiative sur le secteur bénévole.
Par la suite, il y a toutes les autres politiques concernant la famille et les enfants. Le gouvernement ratisse très large. On peut parler des congés parentaux. Je parle de politique familiale et cela me ramène à cela. Qu'a fait le ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences au lendemain de l'élection fédérale? Il est arrivé ici et il a accepté le renvoi à la Cour suprême du Canada de la décision rendue par la Cour d'appel du Québec concernant les congés parentaux. Cette décision disait qu'il s'agissait d'un empiètement dans les champs de compétence du Québec et que c'était une intrusion. En vertu de la Constitution de 1867, les congés parentaux sont de la responsabilité du Québec.
Au lieu d'accepter la décision de la Cour d'appel du Québec et de dire que oui, ils allaient respecter cela et autoriser un retrait avec pleine compensation, ils ont renvoyé la question à la Cour suprême du Canada. Ils voudraient qu'on les croit quant à leur honnêteté de vouloir respecter les champs de compétence des provinces. Le ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences nous donne un exemple très concret des intentions du fédéral.
Concernant la politique de la famille et des enfants, on sait très bien qu'il y a un consensus au Québec. On nous parle d'un nouveau projet de garderies, mais c'est embryonnaire pour le moment. Là encore, est-ce qu'on va respecter le Québec pas seulement sur un point. Un retrait avec pleine compensation, c'est ce dont le Québec a besoin. Cela coûte présentement 1,7 milliards de dollars au Québec pour implanter le programme. Donc, 1,7 milliard de dollars c'est beaucoup quand eux mettent cinq milliards de dollars sur cinq ans. Des experts nous disent que cela coûtera 10 milliards de dollars sur 10 ans pour pouvoir implanter le programme à travers le Canada.
Donc, il faut aussi être réalistes et savoir où on met les pieds. Je n'ai pas beaucoup d'espoir dans le fait que ce nouveau ministère puisse, de façon concrète, changer la vie quotidienne des gens. Ce sont des beaux principes, je l'avoue, et je les partage avec vous soyez en certains.