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Monsieur le Président, je propose que le premier rapport du Comité permanent des finances, présenté le mercredi 20 octobre, soit adopté.
Je prends cette mesure plutôt inhabituelle pour attirer l'attention de la Chambre sur le fait que l'industrie canadienne du vêtement est en crise et a besoin de l'attention de la Chambre des communes. Il y a une solution très simple proposée dans le premier rapport du Comité des finances. On demande au ministre des Finances d'offrir un allégement à cette industrie en crise et plus particulièrement, d'un point de vue plus personnel, aux 43 fabricants de vêtements établis dans la circonscription de Winnipeg-Centre. Les intéressés m'ont dit que c'était une question urgente qui devait être réglée au cours de cette session du Parlement. Je soulève également cette question, car nous approchons rapidement d'une date limite à partir de laquelle la possibilité d'offrir cet allégement disparaîtra.
Il serait sage de ma part de remonter un petit peu en arrière pour expliquer précisément en quoi consiste ce premier rapport du Comité des finances et quelles mesures nous demandons que le ministre des Finances prenne pour les fabricants de vêtements de ma circonscription et, en fait, de Montréal, de Toronto, de Vancouver et d'ailleurs où cette industrie essentielle est établie.
Le problème est simple. À l'heure actuelle, des décrets de remise des droits aident l'industrie du vêtement à faire face aux pressions du commerce international et de la mondialisation qu'elle subit depuis quelques années. Ces décrets de remise des droits permettent à ces entreprises de rester ouvertes en dépit de la situation extrêmement difficile dans laquelle ce nouveau marché mondial les place et en dépit aussi de certaines mesures prises par le gouvernement, dont je parlerai plus tard. Ces décrets doivent venir à expiration le 31 décembre.
Le 1er janvier 2005, ces fabricants de vêtements ne profiteront plus de cette remise de droits accordée par le gouvernement. Je peux dire aux députés sans hésitation ou sans crainte d'être contredit que sitôt que ces décrets de remise de droits expireront, ces entreprises fermeront leurs portes les unes après les autres. Dans ma circonscription, à Montréal, à Toronto, à Vancouver et dans toutes les villes où nous avons une industrie du vêtement, ces entreprises feront faillite, ce qui entraînera la suppression d'emplois. Je ne dis pas cela pour vous attendrir ou pour faire de l'effet. Je me contente d'exposer les faits.
Si je soulève cette question aujourd'hui à la Chambre et si je perturbe de façon inhabituelle l'ordre du jour, c'est parce que ces fabricants de vêtements ont tout tenté pour faire comprendre au ministre des Finances l'urgence de leur message. Ils ont fait toutes les pressions possibles sur le ministre. Ils ont demandé à des députés de tous les partis de faire pression sur le ministre des Finances, ce que nous avons fait consciencieusement au cours des mois précédant la situation d'urgence dans laquelle nous sommes maintenant plongés.
Les délais sont écoulés. Le 31 décembre arrive à grands pas. Le Parlement ajournera dans quelques semaines et aucune prorogation des décrets de remise des droits n'a été signée. Sans cette prorogation, bon nombre d'entreprises fermeront leurs portes. Ce dossier est sur le bureau du ministre des Finances, prêt à être signé. Un rapport unanime du Comité permanent des finances lui a indiqué, deux fois plutôt qu'une, de le signer.
En avril 2004, pendant la dernière législature, le Comité permanent des finances s'est penché sur cette question. Il a écouté les réclamations de l'industrie de la fabrication de vêtements, a pris en note ses inquiétudes et a fait une recommandation dans son rapport indiquant que le ministre des Finances devrait signer la prorogation des décrets de remise des droits dont l'échéance est le 31 décembre. Le ministre n'a rien fait. Puis, les élections ont été déclenchées.
La situation est devenue de plus en plus urgente en juillet, en août et en septembre, jusqu'à ce qu'un nouveau Comité permanent des finances soit finalement mis sur pied. Le premier point à l'ordre du jour de chaque réunion du comité était de se pencher sur cet important dossier. Le temps filait. Le comité a présenté de nouveau un rapport à la 38e législature. Je l'ai justement ici. Je n'embêterai pas les députés avec les détails, mais je vais lire la première recommandation. Voici ce qu'elle dit:
Que le gouvernement fédéral proroge immédiatement de sept ans l’échéance des décrets de remise des droits visant le secteur du vêtement, prévue le 31 décembre 2004.
Le ministre des Finances devrait considérer cette recommandation comme une directive. Il devrait y voir quasiment un ordre courant et non une quelconque suggestion à laquelle on peut passer outre. J'ignore qui il écoute au juste, mais ce n'est certes pas les travailleurs de l'industrie du vêtement. Il n'est pas à l'écoute de ceux qui représentent les travailleurs de ce secteur qui risque de perdre des milliers d'emplois.
Dans ma circonscription, Winnipeg-Centre, on a déjà perdu 400 emplois en raison de l'ingérence du fédéral et de son refus de signer les décrets de remise des droits de douane. Il s'agit là de 400 emplois syndiqués bien rémunérés assortis d'avantages sociaux. On ne parle pas d'ateliers clandestins à l'image stéréotypée du secteur du vêtement d'autrefois. Il s'agit ici de lieux de travail éclairés, propres et modernes, dotés d'une garderie et d'une cafétéria et offrant de bons emplois à salaire moyen assortis d'avantages. Or, ces emplois ont disparu. Imaginez un instant ce qu'il faudrait faire pour attirer 400 emplois du genre dans une circonscription. Il faudrait paver nos rues d'or. On a volontairement et en toute connaissance de cause laissé disparaître ces emplois de ma circonscription.
Ce cas n'est pas unique. Ce que je viens de décrire ne concernait que la Western Glove. Je pourrais également parler de Gemini Fashions et de Richlu Sportswear. Ma circonscription compte 43 entreprises spécialisées dans la confection de vêtements. Je peux dire sans hésitation et sans détour qu'elles tomberont l'une après l'autre comme des dominos, si le ministre des Finances n'agit pas avant le 31 décembre.
Je prie mes collègues de m'excuser de détourner ainsi l'ordre du jour aujourd'hui, mais la situation est réellement urgente. Ce sont là de vraies affaires dont la Chambre des communes doit s'occuper. Il ne s'agit pas d'un débat ésotérique abstrait, mais bel et bien d'une situation réelle.
L'industrie du vêtement fonctionne en temps réel, non en temps gouvernemental, et elle ne peut attendre que des bureaucrates se penchent à nouveau sur la question. Encore une fois, je ne sais pas qui conseille notre ministre des Finances, mais il ne reçoit pas de judicieux conseils. Il devrait écouter les vraies autorités en la matière. Il devrait écouter les confectionneurs de vêtements qui veulent garder leurs emplois au Canada, mais qui sont forcés de recourir à l'impartition parce que le gouvernement ne veut pas reconnaître la très grande importance de cette industrie.
Dans d'autres secteurs, il semble qu'il suffit d'un appel pour que des chèques de 100 millions de dollars soient émis. Je ne critiquerai aucun secteur en particulier ni les mesures que prend le gouvernement pour aider un secteur, mais pour l'amour du ciel aidons le secteur du vêtement aujourd'hui avant qu'il ne soit trop tard.
Je soulève cette question avec émotion et passion parce que ma circonscription au centre-ville de Winnipeg vient au troisième rang des circonscriptions les plus pauvres du pays. Le secteur du vêtement est la principale source d'emploi. Il représente le moyen par lequel les nouveaux Canadiens peuvent commencer à participer à l'économie courante, car ce sont essentiellement des Philippins, Laotiens, Cambodgiens ou Érythréens qui travaillent dans ce secteur aujourd'hui. Tous les groupes d'immigrants qui s'installent dans ma circonscription trouvent leur premier emploi dans l'industrie du vêtement plus souvent qu'autrement. Leurs enfants pourront devenir des infirmières, des médecins et des avocats, mais eux débuteront, et c'est un bon début, dans le secteur du vêtement. Nous ne pouvons fournir ces emplois sans un peu d'aide du gouvernement.
J'exhorte mes collègues d'examiner le premier rapport du Comité permanent des finances. Il ne compte que cinq pages. Il est extrêmement important et précieux. Il décrit l'ampleur des décrets de remise de droits de douane et leur valeur monétaire. Il ne s'agit pas d'un montant considérable, mais de seulement environ 40 millions de dollars à l'échelle nationale. Certains pourraient dire que l'industrie pourrait sûrement assumer cette perte relativement minime et s'adapter en conséquence, mais les gens doivent comprendre que c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Il fait face et s'adapte à des forces du marché incroyables et à une situation défavorable depuis au moins une décennie, en fait 15 ans, car ces décrets de remise de droits de douane ont été pris afin d'aider l'industrie à composer avec l'accord de libre-échange et l'ALENA. Je vous l'accorde, il s'agissait de mesures provisoires.
Je ne crois pas que ces décrets de remise de droits de douane devraient rester éternellement en vigueur. Il s'agit toujours de mesures provisoires qui doivent être appliquées jusqu'à ce que nous puissions établir un plan d'action afin d'aider l'industrie à faire face à la situation de manière plus permanente, par exemple, en augmentant la productivité, ou en prenant toute autre mesure qui aidera l'industrie à survivre. Pour l'instant, on ne peut tout arrêter d'un seul coup. Nous sommes au bord d'un précipice et les événements menacent de nous faire tomber d'un moment à l'autre. Construisez une rampe de sorte que ces décrets de remise de droits de douane puissent éventuellement être retirés de manière progressive, mais ne faisons pas de saut aussi soudain.
Je peux dire à tous que l'industrie du vêtement doit bénéficier d'un préavis. Elle a déjà planifié sa production pour l'an prochain et elle l'a fait neuf mois à l'avance, en tenant pour acquis que le ministre des Finances l'écouterait et prolongerait ces décrets de remise de droits de douane.
Toutes les compagnies et les usines dont je parle ont fait leur planification pour 2005, en fonction des assurances qu'elles avaient reçues selon lesquelles ces décrets seraient prolongés. Pourtant, les mois se suivent, ils ne sont pas signés et il n'y a que de cette façon que le ministre des Finances peut agir.
Voila pourquoi nous faisons cette démarche inhabituelle aujourd'hui. Ils appellent, mais on ne retourne pas leurs appels. Ils n'obtiennent pas de rencontre avec le ministre des Finances. On les aiguille vers quelque sous-fifre, quelque bureaucrate qui a un parti pris contre ce genre de décrets de remise de droits de douane parce que ces gens conseillent au ministre de ne pas les signer, en dépit de preuves écrasantes qui montrent à quel point ils sont nécessaires d'un océan à l'autre.
Il n'y a pas que ma circonscription de Winnipeg-Centre qui subira des répercussions catastrophiques si ces décrets ne sont pas signés; il y a aussi le centre-ville de Montréal, qui a un secteur du vêtement riche et trépidant dont le destin ne tient qu'à un fil. Mon collègue me rappelle que la circonscription de Vancouver-Est a un secteur du vêtement fort actif qui a aussi été victime d'une conjoncture difficile.
Il faut rendre hommage au dynamisme de ces Canadiens nationalistes, propriétaires de ces entreprises, qui ont réussi à maintenir leurs emplois au Canada jusqu'à aujourd'hui. En réalité, c'est presque un miracle. Toutes les données, toutes les raisons et la logique leur commanderaient de renoncer et de faire fabriquer leurs produits à l'étranger, certes de les concevoir ici et de tenir leur comptabilité ici, mais de tout faire fabriquer à l'étranger, simplement parce qu'ils y gagneraient.
Ils ont le mérite d'avoir été créatifs et ingénieux. Ils ont tout fait pour conserver ces emplois au Canada. Nous refusons de leur venir en aide pour quelque 40 malheureux millions de dollars. Je ne dis pas ça pour être désinvolte. Je sais qu'il s'agit d'une somme importante. Mais cette somme est étalée sur l'ensemble de l'industrie. Comme dit le poème, « Faute d'un clou, on a perdu un sabot; faute d'un sabot, on a perdu un cheval. » Faute d'investir cette petite somme par une intervention gouvernementale, nous sommes sur le point de perdre cette industrie. Je l'affirme aux députés, cette industrie ne reviendra pas. Ce ne sera pas une fermeture d'usines temporaire. Une fois ces entreprises parties, elles ne reviendront pas.
Les députés peuvent se rendre compte au ton de ma voix que je suis frustré. Je le suis, parce que des représentants de presque chaque parti ont tenté personnellement d'amener le ministre des Finances à la raison, d'abord par des lettres, puis par des appels téléphoniques, enfin en l'interpellant dans les corridors, au gymnase, partout où nous l'avons croisé. Nous le prions, l'implorons et le supplions de signer ce document qui dort sur son bureau et de sauver cette industrie.
Ce seul geste est le plus important qu'il puisse poser pour sauvegarder des emplois canadiens au cours de la présente session parlementaire, à savoir signer les décrets de remise de droits de douane mentionnés dans le premier rapport du Comité permanent des finances. S'il a besoin d'autres raisons, il n'a qu'à appliquer la même recommandation que lui fait le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce. Nous avons en main deux rapports du Comité permanent des finances et un rapport du Comité sénatorial des banques et du commerce qui, tous, demandent au ministre de signer ces décrets. Quelle est sa réaction? Un silence assourdissant. Que faut-il pour que ces gens réagissent? Nous sommes en situation d'urgence.
Personne ne saurait sans doute mieux l'exprimer qu'un représentant du secteur même. L'entreprise Gemini Fashions of Canada Limited vient tout juste de fermer une usine qui employait 150 personnes de ma circonscription. Cette entreprise se trouve à un pâté de maison de mon bureau de circonscription.
Le propriétaire a dit ce qui suit: « Monsieur le Ministre, Gemini Fashions est une compagnie basée à Winnipeg, très fière de sa longue tradition dans le secteur vestimentaire au Canada. Nous n'avons eu d'autre choix que de fermer notre usine très moderne de fabrication de vêtements d'extérieur située avenue Notre Dame à Winnipeg. Nos installations employaient 150 ouvriers qualifiés. Cette fermeture est une conséquence directe de l'initiative du premier ministre Chrétien en faveur des pays les moins développés, qui permet l'accès au Canada, en franchise de droits et hors quota, des produits d'importation venant de 48 pays. »
C'était là une décision unilatérale et arbitraire que l'ancien premier ministre a prise sans consulter l'industrie, pour permettre aux pays les moins développés d'exporter leurs produits au Canada en franchise de droits. Le problème c'est que tout le monde était au courant. Les entreprises multinationales ont simplement relocalisé leur production dans les pays les moins développés et elles sont maintenant en mesure de faire entrer leurs produits au Canada en franchise de droits. C'était donc une mauvaise idée. Ils avaient pourtant été avertis.
Le propriétaire de Gemini Fashions a fait remarquer que: « Cette mesure a été prise sans tenir compte du secteur du vêtement au Canada et a eu pour effet de rendre un grand nombre de biens de fabrication canadiens inutiles et pratiquement sans valeur. Ceux qui ont le plus été touchés par cette mesure unilatérale du gouvernement n'ont eu droit à aucune considération réelle ou significative et notre industrie n'a même pas eu droit à des consultations dignes de ce nom. Nous ne pouvons revenir en arrière, mais vous pouvez encore faire quelque chose. Vous pouvez donner force de loi au rapport unanime du Comité permanent des finances, en date du 31 mars 2004, que vous trouverez ci-joint pour information. »
Il s'agit là d'un fabricant de vêtements qui vient de fermer sa manufacture, son entreprise familiale, et de mettre à pied 150 ouvriers qualifiés, et qui prie le ministre, dans une lettre datée d'avril dernier, de mettre en oeuvre les recommandations du Comité permanent de l'époque. C'était il y a six mois. La situation était alors urgente. La situation est maintenant désespérée, car nous ne disposons que de deux semaines avant l'ajournement des fêtes pour essayer de faire entendre raison au ministre des Finances, pour l'implorer encore une fois, publiquement, de bien vouloir signer ces décrets de remise de droits de douane, ce qui permettrait à ce secteur d'activité de se redresser et de continuer le combat.
C'est ce que nous demandons. Nous demandons au ministre d'accorder un pardon à l'industrie; quel autre mot...
Une voix: Une réhabilitation.
M. Pat Martin: Oui, une réhabilitation. Nous demandons au ministre de faire preuve d'indulgence, si c'est ce qu'il faut. Si j'y étais autorisé et si cela pouvait aider, je le demanderais à genoux. Je me mettrais à genoux pour demander au ministre de signer ces décrets de remise de droits de douane, car je ne vois aucun autre moyen efficace: ni la raison, ni la logique, ni les pressions politiques, non plus que les recommandations du Comité permanent des finances n'ont donné de résultats.
Lorsqu'un comité fait des recommandations unanimes, pourquoi n'y donne-t-on pas automatiquement suite? Des députés ministériels ont participé à la rédaction de ce rapport unanime du comité permanent. Beaucoup, parmi eux, partagent mon point de vue parce qu'ils représentent des circonscriptions de Montréal et de Toronto. J'ignore combien de députés libéraux, bien qu'il y en ait certainement, comptent des fabricants de vêtement dans leurs circonscriptions, mais ils ont l'obligation morale de défendre les intérêts de ces fabricants. Il est de leur devoir de défendre ces intérêts, et non pas uniquement le parti pris idéologique de certains fonctionnaires de ce ministère contre ce programme.
Je suis le premier à reconnaître que le programme n'est pas parfait. Les fabricants de vêtements eux-mêmes l'admettent, mais je demande néanmoins au gouvernement de ne pas les laisser tomber sans leur procurer un filet de sécurité. C'est notre recommandation. Nous devons assurer un filet de sécurité à l'industrie, afin de conserver ces emplois canadiens dans ma circonscription.
En terminant, l'industrie du vêtement a joué un rôle crucial dans la diversification de ma circonscription. Cette industrie peut jouer le même rôle au Manitoba, afin d'assurer la vigueur de son économie, comme peuvent le faire l'industrie de l'aérospatiale, l'industrie de l'autocar et l'industrie du vêtement dans ma circonscription. Ces industries sont des compléments de l'industrie agroalimentaire qui fait la réputation du Manitoba.
L'industrie du vêtement constitue pour les nouveaux Canadiens un point d'accès crucial qui leur permet de faire leur place dans leur pays d'adoption. Ce sont de bons emplois, des emplois canadiens, et l'industrie fait tout ce qu'elle peut pour les conserver au Canada. J'implore les députés de demander au ministre des Finances de nous aider à conserver ces emplois au Canada, pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de faire ma première intervention dans le débat sur la motion. J'éprouve un certain sentiment de paternité dans ce dossier, puisqu'en avril 2004, j'ai eu le grand honneur de présider le Comité permanent des finances lors des audiences sur la remise et l'élimination des droits de douane sur les intrants textiles. Nous avons rédigé un rapport qui a été présenté à la Chambre.
Puis, des élections générales ont eu lieu au Canada et, avec la dissolution du Parlement, le rapport est resté lettre morte. Cependant, le nouveau président, c'est-à-dire mon collègue de Saint-Léonard—Saint-Michel, ainsi que les autres membres du nouveau Comité permanent des finances, ont endossé le rapport et l'ont présenté de nouveau après avoir modifié légèrement une recommandation voulant qu'on réalise une étude sur les coûts et les avantages.
Mais la recommandation concernant la remise et l'élimination des droits de douane n'a pas été modifiée dans le rapport présenté à la Chambre par le nouveau comité. Or, le député de Winnipeg-Centre est d'avis que la Chambre des communes devrait avaliser ce rapport, y compris les recommandations qu'il contenait.
Je dois dire que des arguments très persuasifs nous ont été présentés, en avril, au Comité permanent des finances de la Chambre des communes. Nous sommes en présence ici de deux secteurs d'activité différents, bien que liés l'un à l'autre, celui des textiles et celui du vêtement.
Si nous devions retourner à l'époque de l'accord de libre-échange et de l'ALENA, chacun, à n'en pas douter au Québec et peut-être d'un bout à l'autre du Canada, aurait dit qu'avec l'entrée en vigueur de l'ALE et de l'ALENA, le secteur des textiles au Canada était voué à disparaître et qu'il n'avait plus d'avenir depuis longtemps parce qu'il ne pouvait pas soutenir la concurrence de certains énormes fabricants de textiles aux États-Unis et à travers le monde.
Or, ce que nous avons constaté, c'est que le secteur des textiles au Canada est parvenu à se réorienter et à mettre l'accent sur certaines compétences de base. Ce qui s'est passé, en gros, c'est qu'au fil des ans, il s'est éloigné de certaines de ses activités traditionnelles, dans le secteur du vêtement et les secteur connexes, et a commencé à s'intéresser aux produits industriels: fabrication de tapis, d'accessoires pour voitures et de tout ce qui était lié aux textiles sur le marché industriel. Le secteur des textiles a donc pu survivre et prospérer.
Nous avons également entendu dire que le secteur du vêtement ne pourrait survivre dans le cadre de l'ALE ou de l'ALENA, mais il a connu de grands succès. Une entreprise de Montréal portant le nom de Vêtements Peerless Inc. a comparu devant notre Comité permanent des finances. Nous avons tous félicité cette entreprise du travail remarquable qu'elle avait accompli. Elle a réussi à se tailler un créneau sur le marché américain des complets pour hommes et à enregistrer un chiffre d'affaires de plusieurs millions de dollars.
Toutefois, le monde continuer de changer. Il change dans le sens où il existe maintenant des entreprises, en Chine, par exemple, et dans d'autres régions d'Asie, où les coûts de la main-d'oeuvre sont très bas. Ces entreprises jouent maintenant le jeu de la concurrence sur une très grande échelle. En fait, l'Organisation mondiale du commerce, des députés à notre Chambre et des membres des secteurs du vêtement et des textiles appuient des mesures prises par notre gouvernement et d'autres dans le monde visant à supprimer une partie de la protection tarifaire qui existe actuellement ou a existé. Ils veulent que les pays les moins avancés aient l'occasion de commercialiser leurs produits à travers le monde, ce qui créerait des emplois, des débouchés commerciaux et du développement économique dans ces pays les moins avancés.
Nous avons appris au comité que l'industrie du textile et du vêtement a appuyé l'initiative de l'OMC visant à réduire les tarifs de façon générale pour donner aux pays les moins développés la chance de réaliser leur plein potentiel dans le domaine du textile et du vêtement.
Tout cela soulève de nouveaux défis. Au niveau de la compétitivité sur le plan des prix, par exemple, il est très difficile pour les compagnies canadiennes qui versent un salaire décent à leurs employés de soutenir la concurrence des pays asiatiques, du Bangladesh ou de la Chine. Le gouvernement a donc mis sur pied des programmes et des initiatives en vue de venir en aide à ces industries.
Dans le cas de l'industrie du vêtement, la principale initiative prévoit la remise des droits de douane. Il y aurait semble-t-il quelque 200 compagnies au Canada qui bénéficient de ce programme dans le cadre duquel les compagnies qui fabriquent des vêtements au Canada peuvent obtenir une remise des droits de douane sur certains des vêtements qu'ils importent au pays.
Ce programme coûte de 26 à 30 millions de dollars par année au gouvernement. Environ 200 compagnies canadiennes en tirent profit. La liste de ces compagnies a été établie au cours des années 1980. On pourrait se demander ce qui a permis à certaines compagnies de se retrouver sur la liste alors que d'autres n'ont pas réussi, mais, si je comprends bien les critères établis, toute compagnie qui fabrique des vêtements au Canada a eu droit à la remise de droits.
Si le gouvernement ne fait rien, le programme de remise de droits viendra à échéance à la fin de décembre. L'industrie du vêtement affirme que ses membres se trouveront alors dans une situation bien difficile si ce programme n'est pas reconduit à la fin de cette année.
On peut soutenir que l'industrie du vêtement a appris, lors du renouvellement du décret de remise des droits de douane, il y a sept ans, qu'il ne serait pas renouvelé. On pourrait lui reprocher de ne pas s'être adaptée à la nouvelle réalité qu'est la concurrence. Or, elle a peut-être tenté de s'y adapter. Par exemple, je connais une entreprise de la région de Toronto qui bénéficie d'une remise et qui a reçu près de 4 millions de dollars par année. Cette société fabrique une grande quantité de chemises au Canada et compte beaucoup d'employés.
Il n'y a pas d'entreprises du secteur du vêtement ou du textile dans ma circonscription. J'ai été saisi de ce dossier lorsque je présidais le Comité permanent des finances, mais j'ai pris davantage conscience de quelques-unes de ces questions lorsque les représentants de ce secteur ont comparu devant le comité. Quelques-unes de ces entreprises comptent sur la remise des droits de douane pour demeurer concurrentielles. La question très légitime qu'il faut se poser, c'est si l'industrie canadienne du vêtement peut être concurrentielle à moyen ou à long terme. J'estime qu'il s'agit là d'une question valable du point de vue de la politique d'intérêt public.
Je ne prétends pas avoir la réponse à cette question. Je ne connais pas assez le dossier pour dire que ces entreprises n'ont peut-être pas été assez dynamiques dans le rajustement de leurs coûts ou l'accroissement de leur productivité. Je n'en sais pas assez pour l'affirmer catégoriquement. Je n'en sais pas assez non plus pour dire qu'elles ont épuisé tous les moyens d'accroissement de leur productivité qu'elles pourraient employer et que, partant, elles ne peuvent toujours pas soutenir la concurrence.
Je crois que nous devons examiner la question. Pour ma part, je préférerais qu'on attende un peu. Je ne pense pas que nous devrions mettre fin à la remise des droits de douane dès le 1er janvier. J'estime que cela aurait des répercussions sur les emplois. Cela aurait des conséquences pour l'économie et pour ceux qui travaillent actuellement dans les usines de fabrication du vêtement.
Je propose que le gouvernement renouvelle le décret de remise pour sept autres années, comme le Comité des finances l'a recommandé. Je sais que le Comité permanent des finances peut faire des recommandations, et le gouvernement y donne habituellement suite, mais je dirai en toute justice que le comité examine des dossiers en particulier. Or, le ministre des Finances et le gouvernement doivent examiner toutes sortes de demandes concurrentielles en matière de ressources pour élaborer un budget et un plan financier.
J'aimerais que l'on remanie le programme de remise des droits de douanes. La prorogation de sept ans, au plein niveau des droits, est une question à laquelle le ministre des Finances devrait réfléchir. Je ne suis pas dans le secret de toutes demandes concurrentielles qui visent les ressources financières du gouvernement.
Cependant, je crois que ce serait une erreur de laisser tomber la remise des droits de douanes le 1er janvier. J'aimerais que le gouvernement proroge l'échéance des décrets de remise de ces droits d'une manière ou d'une autre. Cette question pourrait faire l'objet d'une très bonne étude au sein d'un comité ou d'un comité conjoint de la Chambre. Celui-ci pourrait ainsi aborder la question des industrie du textile et du vêtement, de leurs rapports entre elles, de leur position concurrentielle à moyen et à long terme et de l'intervention la meilleure de la part du gouvernement.
Il y a des programmes dans l'industrie du textile, notamment le programme CANtex. Le ministère de l'Industrie a alloué des fonds au programme CANtex il y a un an ou deux afin d'aider l'industrie du textile. Certes, il faut du temps pour mettre au point et lancer de tels programmes. Toutefois, des intervenants des industrie du textile et du vêtement me disent qu'ils n'ont pas encore vu les retombées de ce programme.
Il est vrai qu'ils ont leur propre cause et leurs propres intérêts économiques à défendre, mais en tant que politiciens, nous devons nous faire une opinion et prendre position sur certaines questions. Nous ne pouvons pas toujours nous contenter de croire un intervenant ou un autre, ou encore le gouvernement.
On m'a dit que l'on n'avait pas véritablement tiré profit de ce programme. Il faut peut-être plus de temps pour voir des résultats, mais l'industrie estime que le programme CANtex ne remplace pas la remise des droits ou tout autre allégement tarifaire qu'elle recherche.
Bon nombre de mes collègues et des députés des autres partis qui siégeaient au Comité des finances ont été saisis de cette question, mais je voudrais souligner en particulier le travail de ma collègue d'Ahuntsic, à Montréal, qui mène une véritable croisade. Une grande partie des confectionneurs canadiens tiennent boutique sur la rue Chabanel, qui est située dans sa circonscription, ce qui explique sa croisade.
Mon collègue de Beauce suit de près ce dossier et tient à ce que le problème soit résolu. Mon collègue de Guelph s'intéresse de près à la question, comme bien d'autres députés de ce côté-ci. Je félicite le député de Winnipeg-Centre pour l'initiative qu'il propose, mais je rappelle que cette option a également été débattue et appuyée par de nombreux députés de ce côté-ci de la Chambre. Ce n'est rien de nouveau. On entend parler de ce problème depuis déjà un certain temps.
Le secrétaire parlementaire du ministre des Finances a mentionné à quel point le problème est complexe. Cela ne devrait pas entraver les choses, même s'il faut reconnaître la grande complexité du problème, en raison notamment de l'interdépendance du secteur des textiles et de l'industrie du vêtement. Si nous donnons un coup de pouce à l'industrie du vêtement, cela avantagera-t-il le secteur des textiles? Si nous donnons un coup de pouce au secteur des textiles, cela avantagera-t-il l'industrie du vêtement? Ou encore, notre intervention peut-elle être bénéfique aux deux? Ce n'est pas facile.
La deuxième recommandation formulée dans le rapport du Comité permanent des finances porte sur l'élimination des droits de douane. Je cite:
Que le gouvernement fédéral élimine immédiatement les droits de douane sur les intrants qui ne sont pas produits au pays. Il faudrait obliger les producteurs de textiles qui cherchent à conserver la protection tarifaire à établir qu’ils vendent leur production à des fabricants canadiens de vêtements.
Certains représentants de l'industrie du textile affirment qu'il est impossible de déterminer, à un moment précis, quels textiles sont produits au Canada. En effet, les textiles produits localement aujourd'hui ne sont pas les mêmes que ceux qui seront produits localement la semaine prochaine. On pourrait contourner le problème par voie réglementaire: on établirait une liste qu'on modifierait en fonction de la situation. Par ailleurs, l'industrie du textile vend des matières premières à l'industrie du vêtement. Toute mesure ayant une incidence sur une industrie aura donc une incidence sur l'autre.
J'aimerais que la Chambre des communes se familiarise davantage avec l'industrie. En attendant, j'aimerais qu'on fasse quelque chose au sujet de la remise des droits de douane. Je ne pense pas que nous devrions y mettre fin du jour au lendemain. J'aimerais que le gouvernement donne suite à la deuxième recommandation d'une façon ou d'une autre
Certaines personnes croient, à tort, que si la Chambre des communes adopte le rapport, le gouvernement sera obligé d'en mettre en oeuvre les recommandations. Mais ce n'est pas le cas. Cela veut simplement dire qu'elle appuie le rapport, ce qui devrait constituer un message clair au gouvernement qu'elle aimerait qu'il y donne suite.
Ceci dit, le gouvernement n'est pas tenu d'être d'accord avec tous les aspects des recommandations. Il doit prendre une décision. Il a la responsabilité de gouverner le pays au nom de tous les Canadiens. Il peut choisir certains éléments et s'en servir de fondement pour élaborer une politique qui traitera des questions qui ont été soulevées, sans pour autant mettre en oeuvre chacune des recommandations du Comité des finances.
Voici ce qui devrait nous préoccuper. Les industries du vêtement et du textile emploient de nombreux Canadiens. Nous avons envers ces derniers l'obligation de mener une étude approfondie de la question. Je ne crois pas que nous l'ayons fait jusqu'à maintenant. Certains collaborateurs l'ont peut-être fait, mais nous, à la Chambre, nous n'avons pas étudié la question en profondeur comme cela s'impose. J'aimerais qu'un comité mixte du Parlement examine ces secteurs plus en profondeur. Entre temps, nous pouvons adopter des mesures en réponse aux recommandations énoncées dans le rapport.
Je connais mieux l'industrie du vêtement. C'est un secteur fort à Toronto, mais peut-être pas aussi important qu'à Montréal. À Winnipeg, il y a une vaste industrie du vêtement. Si l'on supprime du jour au lendemain la remise des droits de douane, certaines entreprises de ce secteur risquent fort de devoir examiner les choix qui s'offrent à elles. Ainsi, elles pourraient décider de déménager leurs usines au Mexique ou dans un autre pays où elles pourraient bénéficier d'avantages sur le plan de la productivité ou des coûts, pour une raison ou une autre. Ce serait une honte de perdre ces usines et ces emplois au profit d'un autre pays, faute d'avoir agi au moment opportun.
C'est une industrie importante pour le Canada. Si l'on examine les chiffres, on constate que le secteur du vêtement procure quelque 97 000 emplois au Canada. Quant à celui du textile, il emploie environ 47 000 personnes. Ce sont des industries importantes pour notre pays. Les emplois dans l'industrie du vêtement sont surtout concentrés à Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver. Les emplois dans le secteur du textile sont principalement concentrés dans de petites villes des régions rurales du Québec et de l'Ontario.
J'espère que le gouvernement va agir. Je sais que les députés de ce côté-ci de la Chambre ont été sensibilisés au problème. Je félicite le député de Winnipeg-Centre d'avoir proposé à la Chambre d'en débattre. J'espère que le gouvernement donnera suite aux recommandations et je l'encourage à le faire; il ne les respectera pas nécessairement à la lettre, ce qui serait très bien, mais j'espère qu'il agira de manière très dynamique et proactive à l'égard de ces secteurs. À court terme, ils ont besoin de l'aide du gouvernement. Nous devons mieux comprendre ces industries afin de pouvoir déterminer où les ressources devraient être appliquées dans l'avenir.
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Monsieur le Président, je tiens d'abord à dire que le Parti conservateur appuie cette motion qui propose l'adoption du premier rapport du Comité permanent, dont nous avons discuté ce matin,
La remise et l'élimination des droits de douane sur les intrants textiles: l'industrie canadienne du vêtement J'aimerais apporter quelques précisions à ce sujet car, en tant que porte-parole de mon parti en matière de revenu et de douanes, j'ai été très actif au moment où nous avons travaillé fort pour préparer ce rapport. Le Comité des finances a été pour la première fois saisi de cette question pendant la troisième session de la 37e législature, après avoir entendu des témoignages sur les amendements au projet de loi C-21, Loi modifiant le Tarif des douanes. Comme je l'ai mentionné, j'étais responsable du dossier à l'époque. La question concernait les remises de droits de douane qui soutiennent l'industrie canadienne du vêtement et qui doivent arriver à expiration le 31 décembre, comme nous venons de l'entendre.
Le projet de loi C-21 ne tenait pas compte de l'ensemble de la structure tarifaire ou des importations de textile au Canada. C'est pourquoi nous avons décidé d'aller plus loin. Nous avons dit que nous nous occuperions de la remise des droits, mais seulement après avoir examiné l'ensemble des droits afin de déterminer ce que le Comité pourrait faire pour collaborer avec l'industrie, avant de nous saisir d'un autre problème de ce secteur d'activité, à savoir le sexisme.
C'est ce que je vais faire. Je vais vous lire rapidement les recommandations. Nous nous sommes attardés très longuement sur la première ce matin, mais je pense que les deux autres sont tout aussi importantes.
La première recommandation dit ce qui suit:
Que le gouvernement fédéral proroge immédiatement de sept ans l'échéance des décrets de remise des droits visant le secteur du vêtement, prévue le 31 décembre 2004.
La deuxième recommandation dit:
Que le gouvernement fédéral élimine immédiatement les droits de douane sur les intrants qui ne sont pas produits au pays. Il faudrait obliger les producteurs de textiles qui cherchent à conserver la protection tarifaire à établir qu'ils vendent leur production à des fabricants canadiens de vêtements.
Enfin, la troisième recommandation prévoit ce qui suit:
Que le gouvernement fédéral entreprenne immédiatement une étude sur les mesures d'adaptation temporaires en vue de rehausser la compétitivité, ainsi que sur les coûts et les avantages de la suppression des droits s'appliquant aux importations de textiles utilisés dans le secteur du vêtement au Canada, les types et les quantités de tissus produits par l'industrie canadienne du textile et la différenciation tarifaire des tissus en fonction de leur utilisation finale. Les résultats de cette étude devraient être présentés au Parlement au plus tard le 31 janvier 2005.
C'est ce que le rapport initial disait. D'après ce que je comprends, il pourrait y avoir eu une recommandation ou un amendement au sujet de cette dernière date.
Monsieur le Président, je voudrais simplement vous rappeler que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de Cambridge.
Comme nous pouvons le voir, toutes ces recommandations sont très claires. Je le répète, je pense qu'elles ont obtenu l'accord de tous les députés et on a beaucoup réfléchi à la nécessité de les structurer de façon à ne pas causer des problèmes au ministère des Finances, surtout en ce qui concerne la prorogation de l'échéance de ces décrets de remise des droits entre-temps.
Ces décrets existent depuis pas mal de temps. Ils ont été pris pour la première fois autour de 1997. Il existe des décrets de ce genre pour divers textiles. Plus particulièrement, il y avait pour les chemises un décret de remise de droits qui apportait à leurs fabricants l'aide de transition dont ils avaient besoin pour rester actifs dans ce secteur au Canada. Des programmes de remise analogues sont également envisagés pour les fabricants de vêtements de dessus, de blouses et dechemisiers pour femmes. Les tissus pour chemises et les tissus pour vêtements de dessus appartiennent à des sous-secteurs qui bénéficient actuellement d'une remise de droits. Cela signifie que les droits dans ces secteurs textiles particuliers seront réduits.
Les remises de droit permettront aux fabricants canadiens de compléter leur production intérieure, ce qui permettra de continuer de stimuler la production canadienne. Comme dans le cas des fabricants de chemises, ces remises aideront les fabricants de textiles et de vêtements, des secteurs qui sont vulnérables aux importations, à s'adapter à l'intensification de la concurrence. Cette recommandation demande de proroger de sept ans l'échéance des décrets de remise des droits. Le comité n'a eu aucun mal à prendre cette décision qui a fait l'unanimité, je le répète.
Ce qui est surprenant à ce sujet, comme je l'ai mentionné dans une question adressée au secrétaire parlementaire, c'est que le gouvernement n'a pas bougé même si de nombreux fonctionnaires du ministère des Finances ont dit eux-mêmes qu'une intervention était nécessaire dans ce dossier et que nous approchions de l'échéance. Pourquoi ne s'est-on pas occupé de savoir quelle aide était nécessaire pour que notre industrie demeure concurrentielle? Pourquoi ne s'est-on pas occupé de la structure fiscale et de la structure du tarif douanier?
Mon collègue de Peace River est même allé jusqu'à demander si le Canada devrait imposer des droits de douane sur ces produits étant donné que beaucoup d'entreprises les importent et qu'ils ne sont pas produits ici. Elles ont ainsi un désavantage par rapport à leurs concurrents étrangers. Si le gouvernement avait agi à l'époque, nous aurions peut-être donné le coup de pouce qu'il fallait à l'industrie, et la Chambre ne serait pas en train d'étudier cette motion très importante à la veille de cette échéance.
Voici ce que nous dit le comité à ce sujet:
[...] les décrets de remise des droits sont de par leur nature un moyen ponctuel incomplet de répondre aux besoins de l’ensemble du secteur canadien du vêtement pour ce qui est des coûts des intrants: certains textiles et sous-secteurs sont visés alors que d’autres ne le sont pas. Qui plus est, nous signalons que [...] la date d’expiration des décrets de remise des droits, soit le 31 décembre 2004, approche à grands pas et que les entreprises doivent passer des commandes et prendre des décisions d’emploi dans l’immédiat. Par conséquent, il est essentiel que le gouvernement fédéral prenne des mesures immédiates afin, à tout le moins, de maintenir le système actuel.
On ne le dira jamais trop au gouvernement. J'espère que le message se rendra au ministre des Finances et que l'on agira sans tarder.
Je vais consacrer le temps qui me reste aux deux dernières recommandations.
Dans la deuxième partie du rapport, on décrit en détail le méli-mélo bureaucratique par lequel le gouvernement détermine ce qu'est un tissu de fabrication canadienne et ce qui n'en est pas. En bref, cette recommandation propose une simplification du processus qui permet de déterminer si un tissu est fabriqué au Canada ou non. S'il ne l'est pas, il ne devrait pas avoir droit à la protection tarifaire, ce qui en augmente le coût d'importation au Canada. S'il l'est, alors il faut vérifier si le tissu est utilisé au Canada ou s'il n'est pas tout simplement produit à cause de mesures de protection tarifaires désuètes. On estime que cette initiative fera économiser à l'industrie du vêtement environ 9 millions de dollars en droits inutiles par année.
Comme je l'ai dit, la mesure favoriserait tout particulièrement les entreprises canadiennes sur le plan des intrants. Certains de ces produits ne sont pas disponibles au Canada. Évidemment, nous devrions le savoir et en tenir compte. Dans le cas de produits que nous ne produisons pas au Canada, nous devrions réduire les droits tarifaires pour que les entreprises canadiennes y aient plus facilement accès. On a soumis au comité un bon exemple à cet égard, celui du lycra et d'autres tissus polysynthétiques qui ne sont pas produits ici. L'importation de ces produits est très coûteuse.
Enfin, la troisième recommandation avait trait à l'utilisation finale des tissus importés au Canada, et tout particulièrement au sexisme implicite dont j'ai parlé. Lorsqu'un importateur de textile importe un tissu, il doit en déclarer l'utilisation finale. Par exemple, si on importe de la soie pour fabriquer des cravates pour hommes, les droits de douane ne sont pas élevés, ils relèvent d'un tarif préférentiel. Par contre, si on importe de la soie pour produire des blouses pour dames, alors les droits de douanes sont plus élevés. Par conséquent, les blouses pour dames coûtent plus cher parce que l'importation du tissu coûte plus cher.
Il est vraiment bizarre que ce genre de différence existe aujourd'hui. Nous du Parti conservateur considérons qu'il n'est pas raisonnable que les libéraux favorisent ce genre de sexisme dans notre société d'aujourd'hui. Cela n'a pas de sens. Cette simple recommandation permettrait de supprimer le sexisme.
Dans le peu de temps qui me reste, j'aimerais bien faire valoir aux députés, comme je l'ai fait durant la période de questions et observations, que cette question traîne depuis déjà beaucoup trop longtemps. Notre industrie en subit les conséquences partout au pays.
Dans le passé, le comité a reçu un certain nombre de propositions et il a aussi étudié la question en détail. Ce n'est pas comme si elle était restée en veilleuse, surtout en ce qui a trait à la prolongation de la remise des droits de douane. Je pense que cela est clair. Le comité a exprimé son appui unanime. Il semble qu'il en a été de même à la Chambre, si on se fie à ce que nous avons entendu de la part de l'ancien président du comité et des membres du NDP. Je suis certain que nous entendrons également cela du Bloc. Il me semble que le ministre devrait nous indiquer s'il entend donner suite à cette prolongation particulière des décrets de rémission.
Cela a vraiment laissé l'industrie en plan. Je dois le rappeler avec insistance aux députés. J'ai parlé à certaines personnes de l'industrie. Elles planifient pour l'an prochain. Elles essaient d'être concurrentielles et veulent continuer à employer des Canadiens, mais elles essaient d'agir dans le cadre d'une structure très désuète et qui ne leur permet pas de répondre aux défis auxquels ils font face.
J'abonde dans le sens du secrétaire parlementaire, qui dit qu'il revient au ministre des finances de se prononcer, qu'il n'est pas tenu d'adopter toutes les recommandations du rapport. Très bien. Nous nous occuperons de ces autres recommandations très bientôt, j'en suis certain, mais il est clair que nous devons prolonger ces décrets de remise afin que notre industrie se sente suffisamment confiante pour qu'elle puisse continuer ses activités dans notre pays, continuer à employer des Canadiens tout en restant concurrentielle.
Je voudrais encore une fois rappeler au ministre des Finances qu'il ne doit pas attendre encore sept ans avant d'agir sur cette question. Voyons ce que nous devons faire avec la structure du tarif douanier. Faisons en sorte que nos industries demeurent concurrentielles ici au Canada. Ne traînons plus les pieds.
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Monsieur le Président, j'appuie la motion dont la Chambre est saisie ce matin. La malheureuse vérité, c'est que cette motion doit se retrouver devant la Chambre parce que le gouvernement n'a pas agi. Il n'a pas agi en temps opportun en dépit de demandes répétées, en dépit du fait qu'il en avait amplement le temps, et en dépit des instructions qu'il avait reçues de la Chambre et du Sénat.
Les remises de droits de douane, qui aident le secteur canadien du vêtement à régler des problèmes antérieurs créés par des droits de douane inéquitables, doivent prendre fin le 31 décembre 2004. La Chambre a traité de cette question à maintes reprises. Le gouvernement a montré un manque total d'intérêt, d'où la nécessité de l'action que prend la Chambre aujourd'hui. Le gouvernement n'a pas agi. Je ne saurais dire si cela résulte d'un manque d'intérêt, d'une totale incapacité à saisir la complexité de cette question ou, peut-être, d'une conjugaison de tous ces facteurs.
Cette situation ajoute certainement foi au vieil adage selon lequel si le gouvernement était propriétaire d'un restaurant McDonald, la préparation d'un Big Mac demanderait trois semaines. Franchement, la motion dont la Chambre est saisie est simple. Elle incarne la solution simple d'un problème simple. Cette solution a été unanimement soutenue, discutée et mise aux voix au sein d'un comité composé de représentants de tous les partis. Le Comité des finances a formulé trois recommandations plutôt brillantes relativement à ce qui semble être une débâcle résultant de questions soulevées antérieurement par le gouvernement et de tentatives précédentes de remédier aux erreurs.
Que fait le ministre? Le ministre des Finances en discute avec ses hauts fonctionnaires, il examine d'autres choses et se penche sur d'autres solutions. Cela est très bien, c'est même nécessaire, mais le secteur a besoin d'une aide dès maintenant. Le ministre a pris sur lui d'aller dans une direction différente. Dans quel but? Il a reçu des directives. La Chambre et le Sénat lui ont donné des instructions. S'il existe d'autres solutions, et il faudra qu'il y en ait pour remédier à ce gâchis de la bureaucratie gouvernementale, alors nous pouvons les étudier aussi. Cela ne fait aucun doute, mais s'il vous plaît, attaquez-vous à cette question dès aujourd'hui.
La bureaucratie est aussi ahurissante dans ce secteur que dans tous les autres secteurs où le gouvernement intervient. Mis à part les études, ou une enquête comme dans le cas de ce régime, le gouvernement dépense beaucoup trop de deniers publics dans des programmes qui ne semblent pas nécessaires. Je rappelle aux députés que ce même gouvernement dépense 20 000 $ pour en donner 3 500 $. Tout ce programme tarifaire croule sous le même genre de bureaucratie.
Peut-on logiquement concevoir que de la soie importée pour fabriquer des cravates coûterait moins cher que la même soie si elle était utilisée pour fabriquer des chemisiers de femmes? L'injustice envers les femmes est manifeste partout au sein de ce gouvernement. Le ministre a peut-être l'intention de remédier aussi à ce gâchis, ce qu'il devrait d'ailleurs faire, mais cela peut attendre. Ce n'est pas le cas du problème actuel. Le premier ministre, lorsqu'il était ministre des Finances, avait proposé la même solution en 1997, et elle n'avait pas eu de répercussions mondiales, ni d'effets négatifs.
Il y a quelques mois, les propriétaires de l'usine John Forsyth, dans ma circonscription, Cambridge, m'ont appelé pour me dire que la situation durait depuis déjà trop longtemps et que l'échéance approchait. Ils ne parvenaient pas à comprendre pourquoi une solution apparemment aussi simple n'avait pas encore été mise en oeuvre, surtout que le député qui représentait alors ma circonscription occupait une banquette ministérielle. Comment se fait-il que la moitié des usines se trouvent dans des circonscriptions représentées par des députés d'en face? Comment se fait-il que c'est presque toujours aux députés de l'opposition de faire le travail?
J'ai proposé aux représentants de l'usine John Forsyth de les rencontrer immédiatement. En fait, j'ai proposé de les rencontrer le lendemain même, parce que je prenais la question très au sérieux. Depuis, j'ai rencontré personnellement les propriétaires, le directeur et les employés. Lorsque je suis entré dans l'usine John Forsyth, à Cambridge, j'ai entendu le bruit rythmé de machines à coudre parfaitement synchronisées et de coûteuses machines capables de couper avec précision plus de 100 morceaux de tissus en même temps, mais j'ai aussi vu une industrie qui est restée à l'avant-garde. Qu'il s'agisse de Hathaway, à Guelph ou de Miller Shirts, à Montréal, cette industrie fait tout ce qu'elle peut pour demeurer concurrentielle.
J'ai également aperçu, sur des babillards, des photos de pique-unique et de fêtes d'employés. J'ai vu, piquées sur un carreau de liège, des épinglettes des divers pays d'origine de ces braves travailleurs canadiens. Ce qui m'a le plus frappé, toutefois, ce sont les travailleurs eux-mêmes et l'équipe de gestionnaires qui se préoccupaient grandement du sort de leurs employés. J'ai vu un propriétaire qui s'inquiétait vivement non seulement de son avenir, mais de ses employés qu'il avait appris à connaître au fil des ans. J'ai vu 200 travailleurs qui ont des familles, des enfants, des versements hypothécaires à faire et des études à payer.
J'ai vu des travailleurs canadiens qui étaient rongés par l'inquiétude. Bon nombre d'entre eux avaient les larmes aux yeux. J'ai également vu un gouvernement insouciant qui laisse ces gens se morfondre inutilement pendant des semaines et se diriger vers la ruine pendant que le ministre réfléchit, pense et discute mais semble ne rien faire.
J'ai écrit au ministre, je l'ai appelé, je lui ai envoyé des courriels et je lui ai même posé de nombreuses questions à la Chambre pour l'inciter à agir, mais il n'a pas bronché. J'ai envoyé une lettre à tous les députés qui ont ce genre d'usines dans leur circonscription pour les aviser du problème et leur signaler la simplicité de la solution proposée. Je les ai tous appelés, les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes et, bien sûr, mes collègues conservateurs, pour leur demander de se joindre à moi afin d'exhorter le ministre à prendre la mesure qui s'impose et à agir maintenant, non pas dans quelques semaines, ce qui prolongerait le calvaire de ces travailleurs et empêcherait les gestionnaires et les propriétaires des usines touchées de planifier leurs activités et d'établir des prévisions, mais bien maintenant.
Dans ma circonscription, 200 travailleurs et leur famille sont dévastés parce que le gouvernement est incapable d'agir ou s'y refuse. Au lieu de se déplacer en avion pour faire campagne dans tout le pays, le premier ministre aurait dû demeurer sur place et s'attaquer aux insuffisances de ses ministères. Il y a quelques semaines, à la Chambre, il s'est vanté et s'est attribué le mérite des emplois que le ministre des Finances soutient que son gouvernement a créé. Or, toute personne sensée accorderait au moins la même attention aux emplois qui existent déjà.
Parlons du ministre, qui chante ses propres louanges. Le 5 novembre, lorsqu'il a répondu à ma question au sujet de ce dossier, le ministre s'est vanté à la Chambre que le gouvernement a créé des milliers d'emplois. Le fait est que, l'année dernière, seulement près de 40 p. 100 des emplois ont été créés dans le secteur public, que nos impôts servent à payer. Sur les emplois créés dans le secteur privé dont il s'est vanté, environ 60 000 ont été classés comme étant occupés par des travailleurs indépendants, qu'on définit comme ceux qui gagnent un sou ou plus.
En outre, les statistiques pour la période pendant laquelle le ministre s'est vanté de la création d'emplois révèlent que 10 000 travailleurs de plus, dont 6 000 dans le secteur manufacturier, se sont retrouvés en chômage. Il s'agit d'emplois qui ont été perdus. C'est exactement la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui. Nous sommes ici, encore une fois, pour parler de l'incapacité du gouvernement à agir et à descendre de ses grands chevaux, à demeurer en contact avec les Canadiens, et pour mettre l'accent sur son incapacité à trouver des idées qui n'entraînent pas plus de dommages indirects que ceux qu'elles visent à réparer.
De ce côté-ci de la Chambre, nous nous soucions de tous les Canadiens, qu'ils viennent d'arriver ou non au Canada, qu'ils aient des diplômes ou non. Nous nous soucions de ceux qui ont des emplois et de ceux qui n'en ont pas. Dans l'intérêt de la localité de Cambridge et, bien sûr, de tout le pays, j'appuie cette motion.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps avec le député de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup.
C'est un plaisir pour moi de participer à ce débat. D'abord, je dois vous dire que le Bloc québécois appuiera la motion du député de Winnipeg-Centre. Ensuite, nous trouvons que l'attitude du gouvernement est totalement incompréhensible relativement à cette motion ou au rapport du Comité permanent des finances.
D'ailleurs, l'intervention du député de Etobicoke-Nord ne m'a pas du tout convaincu. En général, il nous a dit qu'en effet, le comité avait adopté ce rapport à l'unanimité, mais que maintenant le gouvernement n'était pas obligé de l'appliquer intégralement. C'est vrai, mais la Chambre pourrait au moins quand même en disposer pour inciter le gouvernement à agir.
Cette position est d'autant plus incompréhensible que le problème est incontournable. Nous savons tous qu'à la suite d'une décision qui a été prise au GATT et à l'OMC il y a maintenant 10 ans, le 31 décembre prochain, les quotas vont disparaître et les tarifs vont commencer à diminuer. Cela pose un problème sérieux pour notre industrie du vêtement, un problème qui se vit déjà dans l'industrie du textile.
Le rapport qui est déposé devant nous est un rapport adopté à l'unanimité par les membres. J'étais au Comité permanent des finances qui a adopté ce rapport en avril 2004. Les libéraux avaient voté en faveur de celui-ci, tout comme le Nouveau Parti démocratique et le Parti conservateur. Par conséquent, c'est d'autant plus incompréhensible, le problème est tellement incontournable que cet après-midi même, le Sous-comité aux différends commerciaux et aux investissements va se pencher sur la question.
On avait alors une contribution d'un comité qui n'avait pu déposer son rapport parce qu'on est allés en élection, qui est une première marche vers une solution d'un problème qu'on ne pourra pas éviter. Il y aura des effets et il y a déjà des effets à la libéralisation des échanges dans les secteurs du vêtement et du textile.
Dans le secteur du vêtement, on a déjà les effets de la décision que nous avions appuyée, d'éliminer unilatéralement les tarifs sur les vêtements des 40 pays les plus pauvres. Cette baisse de tarif sur les vêtements des pays les moins avancés a eu des effets. D'après les gens qui avaient témoigné à ce moment-là au comité, il semblait par exemple qu'en 2003, les importations provenant des pays comme le Bangladesh et le Cambodge avaient augmenté de façon impressionnante.
Néanmoins, j'aimerais revenir sur le fond de la question. On appuie la motion présentée par le député du NPD. On ne comprend toutefois pas la position du gouvernement, parce qu'il faut revenir aux recommandations que le comité faisait à l'époque. Ces recommandations, vous le verrez, reflètent tout à fait le gros bon sens dans la situation actuelle. Elles sont insuffisantes, et tout le monde en conviendra, parce que le problème est beaucoup plus profond et structurel. Toutefois, elles constituent quand même des étapes incontournables dans la solution des problèmes structuraux que rencontrent le textile et le vêtement.
La première recommandation voulait que le gouvernement fédéral proroge immédiatement de sept ans l'échéance des décrets de remise des droits visant le secteur du vêtement, prévu le 31 décembre 2004. De quoi s'agit-il? Le député de Berthier—Maskinongé et moi-même avons eu l'occasion de visiter la Chemiserie Empire qui est la plus vieille chemiserie au Canada: elle fabrique des chemises depuis plus de 100 ans, et on a bien pu comprendre la situation. C'est-à-dire que sur les volumes que les importateurs-fabricants de vêtements importaient en 1995, le gouvernement fédéral a décidé de leur remettre les droits de douane.
C'est avec cet argent qu'ils ont été en mesure d'investir pour pouvoir garder leur usine concurrentielle. Cela fait qu'actuellement, cette entreprise qui a plus de 100 ans compte encore une centaine d'employés. Si elle n'avait pas eu accès à ces remises de douane, probablement que l'entreprise serait soit en fermeture soit au bord de la fermeture, et probablement aussi que la disparition des quotas, le 31 décembre prochain, aurait signé son arrêt de mort.
Toutefois, grâce à la remise des droits de douane, cette entreprise a été en mesure d'investir, d'améliorer sa technologie et de faire aussi des soumissions incluant une partie de chemises importées et une partie de chemises fabriquées à Louiseville. Cela lui a permis d'avoir des contrats non seulement au Québec, mais partout au Canada et aux États-Unis. Ce sont des contrats provenant d'entreprises, que ce soient des entreprises publiques, certains corps policiers ou encore des chaînes de magasin ou de fast-food.
Par conséquent, les remises de droits ont été consenties par le gouvernement en 1995. On a toute la série dans le document touchant lesdites remises. Cette entreprise, et j'imagine que c'est le cas de plusieurs entreprises, s'est adaptée aux nouvelles règles du jeu.
La question est donc la suivante. Pourquoi le gouvernement laisserait-il tomber ces remises de droits le 31 décembre prochain, alors que les tarifs ne disparaissent pas? Le 31 décembre prochain, les quotas d'importation de vêtements de Chine, d'Inde et autres tomberont, tandis que les autres pays moins avancés étaient déjà couverts par la décision unilatérale prise il y a déjà quelques années. Cependant, les tarifs ne disparaîtront pas du jour au lendemain.
Ainsi, mon entreprise Chemise Empire à Louiseville continuera à payer des droits de douane. Peut-être que ces droits de douane seront réduits sur trois, cinq ou sept ans. Je n'ai pas les détails; je les aurai cet après-midi quand nous rencontrerons les fonctionnaires des ministères concernés. Sur les droits de douane payés, ces entreprises doivent s'attendre à avoir des remises de droits pour les volumes pour lesquels le gouvernement fédéral les avait déjà consenties. Sinon, ce qui arrivera, c'est que ces entreprises non seulement feront face à l'ouverture des frontières concernant les quotas, mais seront obligées d'assumer sur les importations de chemises ou de vêtements des droits de douane sans remises de droits. À ce moment-là, évidemment, leur compétitivité sera remise en question.
Je vous parle d'un cas, mais je suis convaincu que dans l'ensemble de l'industrie, ces remises de droits de douane sont une base pour être capable de faire face à la nouvelle situation.
C'était là la première recommandation. Je suis convaincu qu'on est maintenant d'accord avec le fait qu'il s'agit du gros bon sens.
La deuxième recommandation est la suivante:
Que le gouvernement fédéral élimine immédiatement les droits de douane sur les intrants qui ne sont pas produits au pays. Il faudrait obliger les producteurs de textiles qui cherchent à conserver la protection tarifaire à établir qu’ils vendent leur production à des fabricants canadiens de vêtements.
Je vous donne ici un cas. Un textile est produit en Chine et acheté par une entreprise au Bangladesh. La chemise ou le vêtement produit au Bangladesh entre au Canada sans droits de douane, parce qu'on a consenti cette élimination de façon unilatérale. Comme je le mentionnais, le Bloc québécois est d'accord avec cela. Par contre, ce qui est incompréhensible, c'est qu'un fabricant canadien ou québécois qui importera le même textile, le même tissu de Chine, paiera ces droits. Non seulement on a consenti d'abaisser unilatéralement les droits tarifaires sur les vêtements provenant du Bangladesh, mais en plus, on pénalise nos fabricants canadiens et québécois pour le même type de vêtement. Être plus masochiste que cela est difficile à concevoir. Il faut remarquer que ce n'est pas le seul dossier où le masochisme semble être la règle.
Ce que demande cette recommandation, ce n'est pas de libéraliser complètement le secteur du textile. Au contraire, ce qu'on demande, c'est que sur les textiles que nous ne produisons pas et qui sont utilisés par des fabricants canadiens, on lève immédiatement les droits de douane, pour donner une possibilité à nos entreprises d'ici de concurrencer les produits qui viennent des pays du Tiers-Monde.
Encore une fois, je le répète, nous étions d'accord avec l'abolition unilatérale de ces droits. Ce que nous demandons, c'est tout simplement que pour les textiles qui ne sont pas produits au Canada, on supprime immédiatement les droits de douane, pour donner à nos entreprises une chance égale de concurrencer les produits provenant des autres pays.
Maintenant, la troisième recommandation est la suivante:
Que le gouvernement fédéral entreprenne immédiatement une étude sur les mesures d'adaptation temporaires en vue de rehausser la compétitivité, ainsi que sur les coûts et les avantages de la suppression des droits s'appliquant aux importations de textiles utilisés dans le secteur du vêtement au Canada, les types et les quantités de tissus produits par l'industrie canadienne du textile et la différenciation tarifaire des tissus en fonction de leur utilisation finale. Les résultats de cette étude devraient être présentés [...]
Je suis d'accord avec l'ancien président du Comité permanent des finances à l'effet que les deux recommandations sont une base nécessaire mais non suffisante pour régler le problème de notre industrie du vêtement et du textile afin qu'elle puisse faire face à la concurrence. Ce qui est proposé, ce sont des mesures d'adaptation.
Je peux dire qu'il se fait énormément de recherche et de développement actuellement dans le vêtement et le textile, mais ces efforts de recherche et de développement ne sont pas reconnus par le gouvernement fédéral comme ils le sont dans d'autres industries, que ce soit l'aéronautique ou l'automobile. En fait, ce n'est qu'une question de justice.
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Monsieur le Président, quel beau nom de comté! J'interviens aujourd'hui dans le débat sur cette motion et je félicite le député qui l'a proposée.
On fait référence à un rapport qui a été produit par le Comité permanent des finances en avril 2004, dans lequel on lançait un cri du coeur pour dire que dans l'industrie du vêtement, comme dans celle du textile au Canada—mais il est question plus particulièrement de l'industrie du vêtement dans ce rapport—, il y a vraiment des changements structurels importants qui sont le résultat des accords du GATT. En effet, le 31 décembre les quotas vont disparaître, les tarifs vont commencer à diminuer. Il reste que cette industrie aura à surmonter un défi extraordinaire et très difficile et elle le vit déjà de par la situation actuelle.
Évidemment, à partir du moment où on sait que ces choses sont mises en place, il y a des choix d'investissements qui sont faits. L'industrie du vêtement au Canada est quand même le dixième secteur manufacturier en importance au Canada. Ce sont 93 000 employés qui travaillent dans 3 900 établissements. On dit que cela représente 2 p. 100 du produit intérieur brut canadien de l'ensemble du secteur manufacturier, 4 p. 100 des investissements qui sont faits et 4,4 p. 100 des emplois dans ce secteur.
On parle donc d'un domaine important. C'est aussi un domaine où on emploie des gens dont c'est souvent le premier emploi lorsqu'ils arrivent de l'extérieur, en tant qu'immigrants, et qu'ils s'installent ici. Également, les gens qui travaillent dans ce domaine n'ont souvent pas nécessairement eu une très grande scolarité au départ et ils ont développé une expertise dans ce domaine. À présent, ils risquent de se retrouver face à rien.
Dans le rapport on demande si, devant la tempête qui s'en vient, on ne pourrait pas mettre de l'avant un certain nombre de mesures. C'est le résultat de la consultation qui a été faite dans le secteur industriel.
La première mesure serait la remise des droits de douane. Il s'agit d'une exemption des droits de douane, conditionnelle ou inconditionnelle, en tout ou en partie, aux droits d'importation ou aux taxes sur les produits importés.
Par exemple, des décrets avaient été émis pour différents produits comme: les chemises à col façonné, les tissus écrus pour vêtements de dessus, les tissus pour chemises, les vêtements de dessus, les chemisiers, les coordonnés pour femmes, les tissus pour vêtements. Donc, ce sont toutes sortes de vêtements produits de façon concrète qui, dans le passé, se sont vus accorder ces remises de douane, notamment lorsqu'on a adopté des accords comme l'Accord de libre-échange.
Maintenant, on arrive à une nouvelle période. La nouvelle réalité sera vécue à partir du 31 décembre 2004. Les milieux nous demandent de vouloir au moins leur donner une chance de se préparer, de passer correctement à travers cela. En prolongeant les remises de douane de plusieurs années pour qu'ils soient capables de continuer à recevoir les revenus sur ces produits, ce qui contribuerait à aider l'industrie.
Comme le disait mon collègue tantôt, évidemment, ce n'est qu'une partie d'un programme beaucoup plus général qu'on devrait retrouver à l'intérieur de l'action du gouvernement.
Aujourd'hui, la Chambre va envoyer comme message au gouvernement qu'il faut qu'il y ait une intervention beaucoup plus structurée que celle qui existe présentement, ne serait-ce que pour la troisième recommandation de ce rapport.
Cette recommandation dit qu'il faudrait entreprendre immédiatement une étude sur les mesure d'adaptation temporaires en vue de rehausser la compétitivité ainsi que les coûts et les avantages de la suppression des lois s'appliquant aux importations de textiles utilisés dans le secteur du vêtement au Canada. Ce sont des choses qui auraient dues être faites déjà depuis un bout de temps. Cependant on se rend compte qu'elles n'ont pas été faites correctement.
Particulièrement, en tant que porte-parole en matière d'industrie, je me suis rendu compte qu'il y avait comme une volonté de laissez-faire à l'intérieur du ministère de l'Industrie, de ce côté. La vraie raison de l'inaction du gouvernement vient de là.
Le gouvernement fédéral, dans sa stratégie face aux différents secteurs de commerce international, a fait des choix. Il a accepté de sacrifier des secteurs. L'esprit qui a servi à déterminer ces secteurs continue de s'appliquer, mais il y a des secteurs qui mériteraient d'être soutenus de façon particulière.
Tantôt le secrétaire parlementaire nous parlait du programme CANtex. Oui, c'est quelque chose d'intéressant, mais les quantités d'argent qui sont là sont insuffisantes. Également, il y a des gestes concrets, à court terme, qui devraient être posés et qui ne le sont pas, comme les mesures contenues au rapport devant nous.
Ne s'avérerait-il pas pertinent que les députés de cette Chambre acceptent qu'on demande au gouvernement de répondre au rapport? Le secrétaire parlementaire avait une question, à savoir si nous étions en faveur de la recommandation no 2. Il est certain que c'est un domaine où il y a beaucoup de choix complexes. Il faut regarder les conséquences de nos actes.
Toutefois, la recommandation qui est faite est logique en un sens. Elle permet à notre industrie du vêtement de pouvoir avoir accès à des textiles sans qu'elle soit pénalisée, alors que l'octroi qu'on a donné au reste du monde, soit l'entrée sur le marché canadien, donne cet accès sans paiement de tarif. La situation actuelle est inacceptable. En effet, les gens qui produisent des vêtements à l'intérieur du Canada ne peuvent pas avoir les mêmes avantages que les gens qui produisent des vêtements à l'extérieur du pays. Il y a donc là quelque chose à corriger.
Faudrait-il en venir à des précisions dans l'analyse du détail de la recommandation? Relativement aux tissus qui sont importés, il faut être très clair et très net à savoir qu'il ne s'agit pas de rivaliser avec des productions qui sont ici à l'intérieur du pays. À mon avis, ces choses peuvent être précisées.
Néanmoins, aujourd'hui, l'industrie du vêtement et celle du textile se sont senties abandonnées par le gouvernement fédéral qui a pratiqué une volonté de laisser-faire qui ne s'applique pas correctement à ce secteur et qui aura des conséquences très néfastes relativement aux emplois qui sont touchés.
En effet, même dans une économie comme la nôtre qui fonctionne bien présentement—en Amérique du Nord et sur la planète en général, il y a quand même une croissance—il y a des secteurs névralgiques comme celui-là. Cela a souvent des conséquences importantes sur des communautés.
On s'est rendu compte que, dans la répartition des industries dans les secteurs du textile et du vêtement, il y avait soit des municipalités complètes qui étaient un peu dépendantes du maintien de l'emploi d'une entreprise, soit des secteurs de certaines grandes villes, comme à Montréal, qui sont aussi dépendants. Il est donc important que des mesures soient prises par le gouvernement fédéral.
On a accepté le fait qu'il y aura finalement un libre marché. On a vu les bénéfices qu'il pouvait y avoir pour les pays en voie de développement. On a accepté tout cela. On le souhaite. On est prêts à travailler en ce sens.
Ce qu'on trouve inacceptable, c'est que le gouvernement fédéral, de l'autre côté, place ses propres producteurs dans des situations moins compétitives que celles de l'étranger pour vendre des produits sur les marchés québécois et canadien. C'est ce qui nous apparaît inacceptable.
Évidemment, le Bloc québécois appuie ce rapport et souhaite qu'il puisse être adopté par la Chambre et que le gouvernement ait à y répondre le plus tôt possible. De toute façon, le gouvernement fédéral devrait, dans ce secteur comme dans d'autres, pouvoir rendre publique sa stratégie industrielle le plus vite possible pour que l'industrie sache à quoi elle a à faire face, et que ce ne soient pas tout simplement des programmes à la pièce qu'on voit apparaître.
À mon avis, c'est le message que les députés de cette Chambre doivent envoyer en adoptant ce rapport.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de discuter de cette motion.
[Traduction]
Je suis heureux de pouvoir répondre aux questions concernant le premier rapport du Comité permanent des finances intitulé La remise et l'élimination des droits de douane sur les intrants textiles.
Comme les députés le savent sans doute, le Comité permanent des finances a décidé, le 19 octobre dernier, de réactiver son quatrième rapport de la 37e législature pendant la présente session et de le soumettre à la Chambre en demandant au gouvernement de déposer une réponse globale.
Ce rapport soulève d'importantes questions concernant l'industrie canadienne du textile et du vêtement. Je peux donner à la Chambre l'assurance que le gouvernement souhaite examiner en priorité et le plus rapidement possible les recommandations du comité.
L'Industrie canadienne du textile est l'une des plus anciennes industries manufacturières de notre pays. Elle a évolué au rythme des innovations et de la modernisation pour devenir un joueur clé dans la production de textiles et de fibres spécialisés, cela, dans un marché international hautement concurrentiel.
Établie il y a plus de 150 ans dans de petites localités qui offraient un approvisionnement en main-d'oeuvre stable et des cours d'eau parfaitement adaptés à la production d'électricité, à la teinture et à la finition, cette industrie a d'abord reposé sur la fabrication de fils et de tissus de fibres naturelles.
Actuellement, cette industrie est surtout présente au Québec et en Ontario. C'est un secteur d'activité hautement capitalistique qui utilise des fils et des fibres naturels et manufacturés. Il approvisionne plus de 150 industries et autres clients au Canada et dans le monde entier.
Même si j'ai dit que cette industrie était surtout concentrée au Québec et en Ontario, elle est aussi présente ailleurs. Windsor Wear est encore en activité à Windsor, en Nouvelle-Écosse. Dans cette province, il existe encore des usines à Truro. Malheureusement, deux usines de ma circonscription, la Dominion Textile, qui a été en activité pendant plus de 150 ans, et la Britex, qui l'a été, je crois, pendant 40 ans, ont fermé leurs portes. Il en reste une autre, la Bonda, qui est encore en activité, même si elle ne fonctionne plus à la même cadence qu'autrefois.
Ces trois exemples, dans ma circonscription, de compagnies très anciennes et très prospères qui sont disparues, illustre la fragilité de l'industrie. Il est important que nous prenions toutes les mesures possibles pour protéger cette industrie et lui permettre de réussir.
Il faut sérieusement étudier le comportement du marché et celui de l'industrie au fil de temps et se demander comment il est possible d'en assurer la durabilité par des formules d'aide à court terme ou d'aide ponctuelle, comme celle qui est proposée ici.
J'ai hâte d'entendre la réponse du ministre et de voir quelles mesures sont prises. J'ai siégé au comité qui a appuyé ces motions à l'origine. Si d'autres mesures sont aussi bonnes, voire meilleures, il serait important de les examiner. Néanmoins, j'ai hâte d'entendre la réponse.
Tel que le note l'Institut canadien des textiles, au cours des 22 à 25 dernières années, l'industrie textile s'est transformée au moyen de dépenses d'équipement substantielles et soutenues. Ces investissements ont rendu l'industrie moderne, efficiente et ont fait en sorte que ses activités sont de plus en plus à haute intensité de capital. L'industrie textile est un grand utilisateur de haute technologie et un fournisseur d'emplois de qualité pour des milliers de Canadiens.
En procédant de cette façon, le secteur a clairement montré le rôle que les politiques économiques progressistes du gouvernement fédéral ont joué au cours de la dernière décennie afin d'encourager l'innovation et l'investissement nécessaires pour que les industries canadiennes puissent soutenir la concurrence dans l'économie mondiale du XXIe siècle. Toutefois, il ne faut jamais oublier ce que j'ai dit précédemment au sujet des industries qui n'ont pas réussi et pour lesquelles nous aurions peut-être pu mettre en oeuvre d'autres mesures d'aide. Il faut examiner toutes les façons dont nous pouvons aider les entreprises qui pourraient se trouver dans des situations similaires à l'avenir.
Le rapport du comité permanent reflète les observations des témoins de l'industrie du vêtement au sujet des tarifs et des droits de douane actuels. Je rappelle à la Chambre que six des décrets de remise de droits de douane visant les textiles et les vêtements, dont le comité a fait mention dans son rapport, ont été mis en oeuvre à la fin des années 90.
Les entreprises admissibles en vertu de ces décrets peuvent importer certains textiles et vêtements sans avoir à payer de droits de douane pour ces importations. Ces décrets ont été conçus comme mesures transitoires pour aider les fabricants de textiles et de vêtements à s'adapter à l'intensification de la concurrence. Ces six décrets arrivent à échéance le 31 décembre 2004.
Le gouvernement reconnaît que les industries du textile et du vêtement évoluent dans un marché mondial concurrentiel. La concurrence à l'exportation venant des pays en développement où les salaires sont bas, notamment la Chine, le Bangladesh et l'Inde, s'accroîtra en 2005 lorsque tous les pays lèveront les contingents sur les importations de vêtements et de textile. L'accord visant à éliminer les quotas a été conclu en 1994 sous les auspices de l'Organisation mondiale du commerce.
Le rapport du comité permanent recommande le prolongement immédiat des décrets de remise des droits de douane pour contrebalancer la concurrence accrue venant des pays en développement où les salaires sont bas. Le rapport recommande également l'élimination des droits sur les textiles fabriqués ailleurs qu'au Canada et la tenue d'une étude sur les coûts et les avantages de la suppression des droits actuels qui s'appliquent aux importations de textiles.
Je tiens à donner aux députés l'assurance que le gouvernement prendra en considération les recommandations du Comité permanent des finances et qu'il continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider ce secteur important.
Cela étant dit, je manquerais à mon devoir si je ne mentionnais pas les progrès que le gouvernement a déjà accomplis en travaillant avec le secteur du vêtement et du textile au pays. Nous nous sommes déjà engagés à poursuivre les efforts en vue d'un marché nord-américain intégré pour les vêtements et les produits textiles canadiens et à prendre en considération toutes les propositions élaborées conjointement par les industries du vêtement et du textile en ce qui concerne le développement de nouveaux marchés par l'entremise d'une initiative de perfectionnement passif. Nous nous sommes engagés à protéger l'industrie nationale contre le transbordement illégal de vêtements et de produits textiles importés et à utiliser les outils existants de façon à pouvoir régler les plaintes concernant les éventuelles augmentations subites d'importations.
J'ai écouté attentivement l'exposé du député du Nouveau Parti démocratique. Il me semble raisonnable de croire que le NPD devrait être d'accord avec les motions proposées au sujet des mesures à prendre pour aider les pays en voie de développement et les personnes les plus exposées. Nous devons nous assurer de protéger ces motions afin que personne ne puisse contourner nos efforts et nuire à notre industrie. Cela exige de la vigilance. Nous devons voir si nous en faisons assez à cet égard.
Nous nous sommes engagés à améliorer le programme de l'assurance-emploi afin que nous puissions continuer de répondre aux besoins des travailleurs qui s'adaptent à l'évolution de l'industrie et faire en sorte que les employés, grâce à l'appui continu aux conseils sectoriels des ressources humaines, obtiennent les compétences nécessaires pour relever les défis d'un marché du travail en rapide évolution.
Le programme canadien des industries du vêtement et du textile a été mis sur pied le 27 juin 2002 afin d'augmenter le caractère concurrentiel des secteurs de la fabrication de vêtements et du textile au Canada. Pour ce faire, le programme appuie la mise en oeuvre de nouvelles technologies, élabore de meilleures stratégies de mise en marché, détermine créneaux disponibles et diversifie les produits.
Bon nombre d'entreprises canadiennes du secteur de la fabrication de vêtements et de textile sont déjà concurrentielles sur les marchés mondiaux. En ciblant et en mettant de l'avant les stratégies et les meilleures pratiques de ces entreprises, le programme canadien des industries du vêtement et du textile aidera d'autres entreprises à acquérir les outils nécessaires pour obtenir et conserver un avantage concurrentiel.
Britex, qui se trouvait dans ma circonscription, est un exemple d'entreprise de ce genre: marché à créneaux, haute technologie, très bonne main-d'oeuvre, mais obligation de soutenir un important investissement en capital. Nous y reviendrons plus tard. Nous devrions nous inspirer de l'exemple de Britex, afin qu'aucune autre entreprise, aucune autre collectivité n'ait à subir ce que cette collectivité a subi. Des gens qui n'avaient travaillé nulle part ailleurs et qui comptaient sur cette entreprise pour faire vivre leur famille l'ont vu disparaître. Espérons que certaines mesures entraîneront une reprise des activités ou la prise de contrôle sur une partie des biens de manière à assurer la poursuite de l'exploitation des entreprises dans ces collectivités.
Par ailleurs, nous nous sommes engagés à faciliter l'accès aux 6,5 millions de dollars restants dans la composante « entreprises » du Programme des industries canadiennes du textile et du vêtement, pour les entreprises qui adoptent des mesures en prévision de l'élimination des quotas pour le textile et le vêtement, prévue pour le 1er janvier 2005 le cas échéant. Nous demandons au ministre d'étudier attentivement cette question ainsi que les recommandations du rapport.
Nous nous sommes engagés à identifier et à abaisser les droits de douane sur les intrants textiles importés par l'industrie canadienne du vêtement, afin de rendre plus concurrentiels les coûts de cette industrie. Cette mesure procurera quelque 26,7 millions de dollars à cette industrie au cours des trois prochaines années. Cette réduction des droits de douane générera une réduction permanente des droits payés au-delà des trois premières années.
Nous nous sommes engagés à améliorer la compétitivité des entreprises canadiennes du textile grâce à une nouvelle mesure d'amélioration de la productivité d'une valeur de 26,7 millions de dollars sur trois ans. Ce programme est en cours de mise en oeuvre par Industrie Canada.
De plus, nous devons continuer à agir par la composante « mesures nationales » du Programme des industries canadiennes du textile et du vêtement, afin de répondre aux besoins de ces industries en matière de soutien technologique, de développement d'images de marque, d'expansion du commerce et de cybercommerce.
Toutes ces mesures répondent à la question soulevée par le député du Bloc québécois relativement à ce que nous devrions faire pour moderniser notre industrie, assurer sa compétitivité et celle de notre main-d'oeuvre, ainsi que la sécurité des emplois.
Ces mesures et ces investissements demeurent essentiels à la réussite future de ces industries dans le contexte du marché mondial, et à leur apport constant à la santé de l'économie canadienne. C'est pourquoi il importe également de mentionner certaines des mesures adoptées par le gouvernement qui ont contribué à la renaissance spectaculaire de ces secteurs et en ont fait des innovateurs concurrentiels et à la fine pointe de la haute technologie.
Un système fiscal concurrentiel est essentiel si l'on veut encourager les investissements commerciaux au Canada. Les investissements stimulent la croissance économique et la création d'emplois. L'industrie canadienne du textile et du vêtement a clairement montré que les travailleurs sont plus productifs avec des équipements plus abondants, meilleurs, à la fine pointe de la technologie. L'accroissement des investissements et une plus grande productivité des travailleurs se traduisent par un niveau d'emploi plus élevé, des salaires plus élevés et un niveau de vie plus élevé.
L'importance d'un système fiscal plus concurrentiel a été soulignée ces dernières années par des réductions des taux d'imposition des sociétés dans bon nombre de pays qui sont nos principaux partenaires commerciaux. À l'heure actuelle, le gouvernement canadien prend des mesures afin de renforcer l'avantage fiscal de notre pays pour les entrepreneurs et les entreprises. Ces mesures donnent suite au plan quinquennal de réduction des impôts lancé en 2000, la réduction d'impôt la plus considérable de l'histoire du pays, qui visait à promouvoir les investissements et l'entreprenariat au Canada.
Il demeure essentiel d'appuyer nos entreprises avec des réductions d'impôt et d'autres mesures si l'on veut créer un marché de classe internationale. Le gouvernement canadien fait une promotion énergique de l'entreprenariat avec son système fiscal concurrentiel qui vise à appuyer les entreprises de toutes sortes, petites, moyennes et grandes.
Dans le budget de 2004, le gouvernement a désigné les petites entreprises comme la source clé d'innovation et de création d'emplois et il a annoncé des mesures d'appui à ce secteur essentiel de notre économie. On a prolongé à dix ans la période de report prospectif des pertes en capital, ce qui permet aux nouvelles entreprises de surmonter les premières années d'existence, qui sont les plus difficiles. Le gouvernement collabore aussi avec les entreprises, dans le cadre d'un système électronique d’appels d’offres du gouvernement, afin d'améliorer et de réduire les coûts encourus par les soumissionnaires aux marchés publics.
Enfin, le gouvernement enseigne aux entreprises comment réduire la paperasse et agir correctement du premier coup afin d'éviter les chevauchements. En ce qui concerne les grandes entreprises dont les revenus dépassent la limite de la déduction d'impôt applicable aux petites entreprises, le plan quinquennal ramène le taux d'imposition des sociétés de 28 p. 100 en 2000 à 21 p. 100 en 2004.
Je voudrais rappeler à la Chambre que le taux d'imposition fédéral-provincial des sociétés au Canada est inférieur de plus de 2 pour cent au taux fédéral-état aux États-Unis. Les entreprises canadiennes peuvent s'attendre à l'élimination complète de l'impôt fédéral en 2008 au plus tard. Comparativement aux États-Unis, le Canada accorde aux petites entreprises des taux d'impôt des sociétés qui sont nettement plus bas qu'aux États-Unis sur les revenus supérieurs à 50 000 dollars américains, soit environ 60 000 dollars canadiens.
Le traitement réservé aux immobilisations est un domaine où le système d'imposition a un impact important sur les nouveaux investissements, en particulier dans les secteurs à forte capitalisation comme l'industrie du textile. Les entreprises utilisent les immobilisations depuis un certain nombre d'années. Le système de déductions pour amortissement détermine la partie du coût d'acquisition d'une immobilisation qui peut être déduite pendant une année donnée. Les déductions pour amortissement sont généralement déterminées en établissant un taux applicable à une classe d'immobilisations, pour ensuite appliquer ce taux au solde non déprécié de cette classe pour déterminer la déduction acceptable pour l'année d'imposition.
En principe, le taux de déduction pour amortissement devrait refléter la vie utile des immobilisations, reconnaissant ainsi le coût en capital à sa juste valeur. L'alignement du taux de déduction pour amortissement sur la vie utile des immobilisations peut augmenter la productivité et la qualité de vie par le biais d'une ventilation plus efficace des investissements entre différentes classes d'immobilisations.
Peut-être à la recherche d'un lien, le gouvernement a annoncé, dans le budget de 2004, deux changements au taux de déduction pour amortissement qui ont amélioré l'environnement nécessaire aux investissements au Canada. Premièrement, il est maintenant plus facile pour les entreprises d'acquérir du matériel informatique, car nous avons porté de 30 à 45 p. 100 le taux de DPA applicable à ce type d'équipement. Deuxièmement, nous avons porté de 20 à 30 p. 100 le taux applicable aux infrastructures d'accès internet à large bande et autres types de réseaux de données.
Comme nous le savons, l'utilisation d'une technologie avancée permet d'accroître la productivité et la compétitivité, ce qui entraîne une demande accrue pour les biens et services et la création de nouveaux emplois, autrement dit, un plus grand avantage concurrentiel. Ces changements permettront aux entreprises de déduire ces investissements plus rapidement, de façon à ce que le système d'imposition engendre un environnement favorable à l'investissement. Au Canada, grâce à un environnement attrayant pour les investissements des entreprises, l'industrie canadienne du textile a investi plus de 300 millions de dollars par année dans des équipements et des installations de pointe dans ce domaine. En dix ans, cela a représenté des investissements de 3,1 milliards de dollars dans notre pays.
Ces dépenses en capital ont contribué à améliorer la productivité de la main-d'oeuvre de ce secteur dans les années 90. Bien que le Canada ne fabrique pas de machines à textile, nos fabricants, qui doivent continuellement réinvestir pour demeurer concurrentiels sur les marchés internationaux, ont aisément accès à l'équipement le plus moderne fabriqué dans le monde.
Je puis assurer aux députés que le gouvernement accorde une grande importance, à l'heure actuelle, aux préoccupations des industries du textile et du vêtement. D'ailleurs, le ministre des Finances a récemment rencontré un certain nombre de représentants de l'industrie du vêtement. Le gouvernement est conscient que l'intensification de la concurrence étrangère pose un sérieux défi aux industries canadiennes du textile et du vêtement. C'est pour cette raison que nous collaborons étroitement avec elles, afin de les aider à s'adapter à la mondialisation de leurs marchés respectifs.
Le gouvernement est déterminé à soutenir l'entrepreneuriat et les entreprises par un régime fiscal concurrentiel et des stratégies claires visant à assurer des avantages concurrentiels, comme le montre la priorité accordée aux industries du vêtement et du textile au Canada. La réponse du gouvernement au rapport du Comité des finances viendra certainement appuyer nos efforts pour faire en sorte que ces industries demeurent des leaders mondiaux.
J'ai parlé de l'énergie que nous avons investie dans la création de programmes en vue d'aider l'industrie à rester concurrentielle dans l'avenir. Nous devons aussi nous rappeler les échecs et les entreprises perdues. Je me souviens de la fermeture de l'usine Domtex, de la Dominion Textile, à Yarmouth. Quelque 500 emplois avaient été perdus, ce qui représentait un coup très dur pour cette collectivité. Nous devons réduire le risque que cela ne se reproduise ailleurs.
Britex a assuré sa compétitivité et développé son produit de haute technologie, qu'elle a livré à des fabricants partout dans le monde. Des gens qui avaient consacré toute leur vie à cette industrie ont perdu leur emploi. Les conséquences ont été dévastatrices pour les collectivités touchées. La Bonda Textiles a vu sa compétitivité réduite comparativement à l'ensemble des importations dans le monde.
Aucun programme gouvernemental ne peut garantir la réussite d'une industrie ou d'une entreprise. Toutefois, nous devons faire le nécessaire pour leur assurer le plus de succès possible et leur donner les moyens de survivre. C'est pourquoi je pense que le ministre examinera les recommandations du comité avec sérieux, et j'ai d'ailleurs l'intention de l'encourager à le faire. J'ai moi-même participé à la rédaction de ces recommandations. J'encouragerai le ministre à leur donner suite ou même à prendre d'autres mesures encore plus avantageuses pour l'industrie.
:
Monsieur le Président, nous remercions le député d'avoir présenté la motion. Comme son collègue vient de le dire, elle arrive à point nommé.
Le député qui m'a précédé a dit qu'elle arrivait à point nommé, mais que nous devions prendre tous les autres aspects en considération. Je n'arrive toutefois pas à comprendre pourquoi le gouvernement n'a pas donné suite aux trois recommandations qui, si j'ai bien compris, ont été adoptées à l'unanimité. Les députés du parti ministériel les ont appuyées et il en a été fait rapport par le député qui est maintenant secrétaire parlementaire de la ministre de la Sécurité publique. Il a fait un travail incroyable. Je ne comprends vraiment pas pourquoi le gouvernement n'a pas donné suite au rapport.
Nous appuyons la mise en oeuvre de ces recommandations et je vais les lire à l'intention de ceux qui suivent le débat.
La première recommandation dit ceci:
Que le gouvernement fédéral proroge immédiatement de sept ans l'échéance des décrets de remise des droits visant le secteur du vêtement, prévue le 31 décembre 2004.
D'où la nécessité d'agir immédiatement.
La deuxième recommandation dit ceci:
Que le gouvernement fédéral élimine immédiatement les droits de douane sur les intrants qui ne sont pas produits au pays. Il faudrait obliger les producteurs de textiles qui cherchent à conserver la protection tarifaire à établir qu'ils vendent leur production à des fabricants canadiens de vêtements.
Cette recommandation a elle aussi été appuyée par le Parti conservateur.
La troisième recommandation, qui est d'une portée un peu plus large, dit ceci:
Que le gouvernement fédéral entreprenne immédiatement une étude sur les mesures d'adaptation temporaires en vue de rehausser la compétitivité, ainsi que sur les coûts et les avantages de la suppression des droits s'appliquant aux exportations de textiles utilisés dans le secteur du vêtement au Canada, sur les types et les quantités de tissus produits par l'industrie canadienne du textile et sur la différenciation tarifaire des tissus en fonction de leur utilisation finale. Les résultats de cette étude devraient être présentés au Parlement au plus tard le 31 janvier 2005.
Là encore, on voit pourquoi cette motion a un caractère urgent et en quoi on peut dire qu'elle arrive à point nommé. Cela s'explique par l'importance de cette industrie et par le fait que cette question doit être réglée très rapidement. Le rapport a été déposé à la Chambre en avril 2004 et on n'y a pas encore donné suite. Le ministre des Finances dit qu'il est en pourparlers avec les gens du secteur, ce qui est une bonne chose; il n'en demeure pas moins que le gouvernement devrait donner suite au rapport que ses propres députés ont appuyé. Étant donné l'importance de l'industrie, il doit agir.
Le secteur du vêtement est au dixième rang des industries manufacturières au Canada: 93 000 travailleurs répartis dans plus de 3 900 établissements; 2 p. 100 du produit intérieur brut du Canada provenant du secteur manufacturier; 4 p. 100 de l'investissement dans la fabrication et 4,4 p. 100 de l'emploi dans le secteur manufacturier.
Le porte-parole de notre parti pour l'industrie a parcouru le pays tout entier et il a rencontré divers conseils du secteur manufacturier, dont le Manufacturing Council of Edmonton. Ce qu'on lui a dit et répété à satiété, c'est que le gouvernement fédéral doit prendre conscience des difficultés que les industries, et le secteur manufacturier en particulier, doivent affronter. À Edmonton, un tour de table a permis de constater que ces entreprises sont implantées dans la région depuis 45 à 47 ans en moyenne. C'est dire qu'elles ont de profondes racines dans leur milieu et qu'elles y investissent. Elles sont vraiment intéressées par la façon dont notre pays est dirigé, tant du point de vue gouvernemental qu'économique. Nous devons en prendre conscience et fournir aux industries un climat qui leur permettra de croître et de prospérer.
Je tiens à profiter de l'étude de la motion pour attirer l'attention sur d'autres difficultés de l'industrie du vêtement. Elle nous a fait part de beaucoup d'inquiétudes avant les élections. Pour y donner suite, j'ai écrit au ministre de l'Industrie le 21 mai 2004, mais nous n'avons pas eu de réponse. Plutôt normal, vu les élections. Nous espérons tout de même que le ministère s'occupera de la question.
Dans cette lettre, j'abordais certains des autres problèmes de l'industrie, en dehors des décrets de remise. L'un des problèmes soulevés par l'industrie portait sur le programme du gouvernement permettant l'importation de vêtements des pays les moins développés. Je signale ce problème parce que l'industrie appuie cette initiative. Le gouvernement fédéral permet à 48 des pays les moins développés d'exporter chez nous sans aucun droit ni contingentement des textiles et des vêtements.
L'industrie approuve l'esprit et l'objectif du programme, et elle croit que l'initiative est excellente, mais elle estime que les modalités d'application sont injustes et lui ont causé un grave préjudice. Le programme a non seulement aidé les pays qui sont vraiment les plus pauvres, ce que l'industrie approuve, mais il a aussi procuré un avantage comparatif à des pays qui ont un grand secteur manufacturier.
Je devrais, à ce stade-ci, monsieur le Président, vous informer que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de Kildonan—St. Paul.
Sur la question des pays les moins avancés, je dirai que, aux termes des règles d'origine, jusqu'à 75 p. 100 du prix à l'usine des vêtements fabriqués dans les pays les moins avancés peut être relié à des matériaux ne provenant pas de pays les moins avancés, mais de pays profitant du Tarif de préférence général. Le problème c'est que ces derniers pays comprennent la Chine, la Corée et l'Inde. Comme nous le savons tous, ces pays deviennent des puissances économiques et deviendront nos principaux concurrents.
Lorsque j'étais à Beijing en novembre 2002, j'ai remarqué plus de grues qu'on ne pourrait imaginer, au moins 20 grues de chaque côté de la rue. La Chine a une économie extrêmement dynamique et en pleine croissance. Elle est compétitive et selon notre parti, elle ne devrait pas être dans la même catégorie que les pays les moins avancés.
Nous croyons qu'il est injuste que des pays comme la Chine, la Corée et l'Inde, qui ont des industries du vêtement et du textile énormes et sophistiquées, reçoivent du Canada une aide qui leur permettra de concurrencer nos propres industries.
En raison des règles d'origine, les investisseurs étrangers ne sont pas encouragés à établir des usines textiles dans les pays les moins avancés, ce qui donnerait des emplois à long terme et des possibilités d'avancement pour les gens qui en ont le plus besoin. On ne réalise donc pas l'objectif du programme, qui était d'établir des usines dans les pays les plus pauvres pour qu'ils puissent se sortir eux-mêmes de la pauvreté.
Les règles relèguent également les pays les moins avancés à la confection de vêtements, et seulement tant qu'ils demeureront la source la moins chère de main-d'oeuvre dans le monde en versant les salaires les plus bas du monde, ce qui est injuste. Ce n'est pas l'objectif du programme non plus. Ce qui se passe, c'est qu'on va installer une usine là-bas tant que les salaires restent les plus bas, mais lorsqu'ils augmenteront un petit peu, on transfère la production dans un pays où les salaires sont encore plus bas. Le plus petit dénominateur commun n'est évidemment pas l'objectif du programme.
Nous avons demandé en mai 2004 au ministre de modifier les règles d'origine touchant les pays les moins avancés pour exiger que les produits fabriqués dans ces pays ne soient admissibles aux avantages au titre du programme que s'ils sont fabriqués à partir d'intrants venant de pays les moins avancés ou du Canada. De plus, nous avons recommandé la mise sur pied d'un mécanisme approprié et efficace de protection pour faire face aux augmentations subites des importations provenant des pays les moins avancés.
Nous avons demandé au gouvernement de répondre à cela en mai, mais il ne l'a pas encore fait. La principale préoccupation soulevée par notre collègue néo-démocrate était le fait que l'industrie avait besoin d'une réponse et que le rapport unanime renfermant trois recommandations fermes devrait être mis en oeuvre maintenant.
La troisième recommandation permet d'entrevoir certains problèmes plus généraux au sein de l'industrie, notamment la question des pays les moins avancés. Toutefois, il y a seulement deux ou trois autres éléments de la problématique sur lesquels nous pensons que le gouvernement peut agir. Il s'agit par exemple d'insister auprès des États-Unis pour que les signataires de l'ALENA ne soient pas exclus des accords commerciaux en cours de négociation avec d'autres pays. Je crois que c'est, de la part de cette industrie, une demande raisonnable et équitable dans le cadre de l'ALENA. J'espère que le premier ministre en parlera aujourd'hui au président et qu'il insistera sur l'importance de cette industrie.
Une autre recommandation vise à mettre en oeuvre un programme de traitement à l'extérieur pour que les entreprises canadiennes du textile s'efforcent activement d'exporter, ce qui serait un stimulant, et pour que l'on adopte une approche judicieuse concernant les droits de douane sur les textiles, de manière à ne pas nuire à l'industrie. C'est ce que le comité recommande.
J'espère que le gouvernement donnera suite au rapport de ce comité.
Je me permets une digression pour dire que je suis vraiment étonné que le gouvernement, qui est minoritaire, ne donne pas suite aux rapports de comité autour desquels il y a consensus. Par exemple, ce rapport sur l'industrie du textile a reçu l'aval des partis en avril 2004, et le gouvernement du Canada serait en mesure de lui donner suite. C'est donc ce qu'il devrait faire.
Cependant, il y a d'autres problèmes. Le Comité de l'industrie a préparé un rapport il y a plus de deux ans sur les règles limitant les investissements étrangers dans les entreprises de télécommunication et de câblodistribution. À l'époque, les libéraux étaient d'accord avec ce rapport, de même que les deux partis qui se sont fusionnés pour former le Parti conservateur actuel. Il y a 135 libéraux et 99 conservateurs dans cette enceinte, ce qui est amplement suffisant pour adopter n'importe quelle motion.
Dans un contexte de gouvernement minoritaire et dans l'esprit du dynamisme qui anime la présente législature, j'encourage le gouvernement à collaborer avec les autres partis aussi souvent qu'il le peut dans des dossiers comme celui-ci, où il est facile de trouver un terrain d'entente. Le gouvernement devrait agir sans tarder. L'industrie a besoin qu'on prenne le taureau par les cornes et qu'on lui donne des réponses dès maintenant, et non après le 31 décembre, lorsque les décrets de remise des droits arriveront à échéance. J'encourage le ministre des Finances à donner suite aux recommandations faites par le Comité des finances.
:
Monsieur le Président, pendant les deux minutes qu'il me reste, je répéterai que j'appuie la motion du député de Winnipeg-Centre. Je suis heureuse que tous les partis appuient cette motion. Maintenant, nous devons tous travailler ensemble, bien sûr, pour convaincre le ministre des Finances de faire ce qu'il convient.
La question des employés, que d'autres députés ont soulevée aujourd'hui, me préoccupe. Comme je l'ai dit plus tôt, nous avons mis sur pied un programme destiné aux travailleurs âgés parce que nous devons collaborer avec les provinces, par exemple, et je donne un exemple bien précis de la situation dans ma circonscription. On y trouve maintenant surtout une industrie de haute technologie qui n'est pas à forte intensité de main-d'oeuvre. Pourtant, on y trouve quand même des immigrants nouvellement arrivés au Canada qui travaillent dans le secteur du vêtement.
Nous devons donc avoir deux programmes, dont un pour ceux qui ne peuvent plus se recycler. À mon avis, le PATA que le gouvernement a mis sur pied doit s'appliquer à des travailleurs moins âgés, comme je l'ai dit. Par ailleurs, comme l'industrie devient encore plus une industrie de pointe, nous devons déterminer quels autres types de programmes nous allons mettre sur pied pour les travailleurs récemment arrivés au Canada qui ne possèdent peut-être pas les compétences voulues. J'ai soulevé cette question auprès du ministre du Travail du Québec. Nous devons nous doter de programmes.
Je donne un autre exemple aux députés. En ce qui concerne la haute technologie, beaucoup d'entrepreneurs de ma circonscription ont besoin d'employés ayant reçu une formation. Il existait un programme de formation en haute technologie, particulièrement dans le secteur du vêtement. Malheureusement, aucun des élèves qui terminent leurs études secondaires et qui ne désirent pas fréquenter des établissements professionnels ne participe à ce programme. Nous devons encourager cette participation et collaborer avec le Textile Resource Institute pour que les jeunes aient de l'avenir dans cette industrie. Il est bien d'avoir des machines, mais si personne ne peut les programmer, il n'y aura pas d'avenir dans cette industrie.
Il me reste quelques secondes, et je tiens à dire que j'ai travaillé longtemps avec cette industrie, comme l'ont fait le gouvernement, le ministre des Finances et les anciens ministres des Finances. C'est pour aider l'industrie que l'ancien ministre des Finances, devenu le premier ministre, a établi l'échéance de sept ans pour les décrets de remise des droits. Selon moi, nous devons faire de même.
Permettez-moi de dire aussi que le 22 novembre, j'ai eu le plaisir d'annoncer conjointement avec le ministre de l'Agence de développement économique du Canada le lancement du programme CANtex, un programme d'aide à l'industrie textile. Des mesures sont prises et d'autres doivent être prises dans le cadre d'une approche multidimensionnelle.
Cette approche doit aussi ouvrir l'accès à de nouveaux marchés, comme je l'ai dit. Pour ce qui est des travaux du Comité du commerce international aujourd'hui, des représentants des industries du vêtement et du textile lui présenteront des recommandations relativement à l'aide dont ils ont besoin pour percer de nouveaux marchés avec nos produits. Nous avons d'excellents produits concurrentiels. Selon moi, nous devons être davantage protectionnistes à l'égard de notre industrie, comme le sont les Américains, et encourager un type de marché nord-sud plutôt que de rechercher des débouchés en Europe et en Asie, où nous ne faisons pas le poids.
Nous devons aider les ministres, surtout le ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, à réaffecter des fonds pour les travailleurs les plus anciens qui vont perdre leur emploi du fait que cette industrie est de plus en plus pointue. Par ailleurs, comme je l'ai dit, pour aider l'industrie, nous devons savoir de quels outils elle aura besoin.
Mon temps est écoulé. J'appuie la motion du député. Je continuerai de travailler avec mes collègues de la Beauce et de Scarborough-Centre ainsi qu'avec le ministre concerné.