:
Monsieur le Président, je remercie tout d'abord la Chambre de me permettre d'intervenir.
Je tiens aujourd'hui à soutenir la motion de notre collègue de Haldimand—Norfolk, qui demande au gouvernement de supprimer le dépôt exigé dans le cadre du PCSRA et de respecter les engagements qu'il a pris à l'égard des producteurs canadiens.
Bon nombre des députés qui vont intervenir connaissent beaucoup mieux que moi les aspects techniques de la question. Permettez-moi simplement de mettre toute cette question en contexte. Le fait est que, depuis une douzaine d'années, un gouvernement libéral est au pouvoir et, durant toute cette période, le revenu familial disponible au Canada n'a pratiquement pas augmenté même si le gouvernement s'est constamment vanté de ses réalisations financières et économiques.
Tout au cours de cette période, le plus grave problème a été souvent, à la suite notamment de la négligence du gouvernement, la baisse du revenu disponible constatée dans tout le Canada rural et dans de nombreux secteurs de l'économie rurale. Les familles ont été durement touchées et il est probable que ce sont les familles faisant fonctionner des exploitations agricoles qui l'ont été le plus.
Selon nous, l'exploitation agricole familiale a non seulement été une institution essentielle dans le passé de notre pays, mais on peut espérer qu'elle le demeurera à l'avenir, car aucune autre institution ne représente aussi bien toutes les valeurs sur lesquelles repose notre pays: le travail acharné, l'esprit d'entreprise, la coopération, l'esprit communautaire et, bien entendu, l'esprit familial.
Je sais que ce ne sont pas des valeurs libérales, ce ne sont pas les véritables valeurs libérales, mais ce sont celles des citoyens ordinaires et je le rappelle constamment au gouvernement.
Depuis deux ans maintenant, en plus de faire face à une baisse du revenu agricole, notre secteur agricole est décimé par une série de crises très profondes et sans précédent. Manifestement, il y a l'ESB dans le secteur de l'élevage, qui a des répercussions non seulement sur d'autres ruminants, mais en particulier sur le secteur laitier. Les producteurs de grains et de graines oléagineuses dans l'Ouest du Canada ainsi que dans d'autres régions de l'Est du Canada ont été confrontés à de terribles sécheresses prolongées. Bien entendu, il continue d'y avoir une guerre internationale des subventions dans laquelle nos agriculteurs obtiennent en proportion peu d'aide.
Prenons le secteur de l'élevage. Les éleveurs et les producteurs de grains ont, dans le passé, exigé très peu d'aide de la part du gouvernement. Ils ont réussi à être florissants sur des marchés libres, mais à cause de circonstances qui échappent à leur contrôle, ils ont maintenant besoin d'aide.
Les répercussions économiques de l'ESB sont catastrophiques. D'innombrables éleveurs de bétail se sont fait saisir leur exploitation. Certains se sont complètement retirés en sauvant ce qu'ils pouvaient. Nous avons connu cette situation même dans ma propre famille. D'autres font face à la faiblesse de la valeur des terres et ne peuvent se résigner à arrêter les frais.
[Français]
Toute l'industrie agricole canadienne est frappée durement par ces crises, y compris la crise de l'ESB. Toutes nos régions, toutes nos communautés agricoles ont besoin d'aide, sous une forme ou une autre.
Récemment, le président de l'Union des producteurs agricoles a souligné que les répercussions de la crise de l'ESB sont énormes au Québec, où 25 000 entreprises agricoles sont touchées, soit plus de la moitié des fermes québécoises.
Nous avons présentement un gouvernement qui ne pense qu'aux grandes villes, où il croit avoir de meilleures chances électorales. C'est un gouvernement qui est insensible aux problèmes du monde des régions. On l'a vu dans le refus méprisant du gouvernement, représenté par le ministre des Transports, de rendre justice aux expropriés de Mirabel, même après la fermeture complète de l'aéroport aux passagers et même après près de 40 ans d'injustice, d'incompétence et d'insensibilité.
[Traduction]
Partout où je vais dans le Canada rural, j'entends la même chose. Je l'ai entendue maintes et maintes fois. Je n'arrive pas à comprendre comment le gouvernement peut ne pas l'entendre. Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole ne fonctionne pas.
Ce programme a de très nombreux défauts. Il est compliqué. Il nécessite une armée de comptables pour des gens qui peuvent à peine surnager dans toute la paperasse gouvernementale. Il accuse des retards. Les chèques n'arrivent jamais. Il ne paie pas. Il est comme tant d'autres promesses que le gouvernement a faites aux agriculteurs.
Le programme a un problème structurel encore plus fondamental. Ce problème est très simple. On ne peut pas efficacement combiner un programme de stabilisation du revenu agricole et un programme d'aide en cas de catastrophe. C'est ce qui explique que ce programme ait si mal fonctionné et qu'il continue d'empirer depuis deux ou trois ans. Nous approchons rapidement du point de rupture.
Je dirai aux députés ministériels qu'ils devront trouver une meilleure solution à long terme. Ce programme ne fonctionnera pas. Je sais qu'il y en a certains au sein du gouvernement qui favorisent un examen du programme, mais cela ne suffira pas. Il faudra prendre de vraies mesures.
Je crois que la motion apporte une bonne solution. Elle réclame l'élimination, pour cette année, du dépôt exigé par le programme.
En plus des problèmes que nous connaissons déjà, nous verrons d'autres problèmes surgir à mesure que la saison des semences approche. Il faut régler le problème dès maintenant. La motion nous offre le moyen le plus rapide et le mieux indiqué en l'occurence.
Il nous faudra trouver une solution à plus long terme. Les députés de notre caucus, sous la direction de notre porte-parole pour les questions d'agriculture, le député de Haldimand—Norfolk, et d'autres députés, dont le député de Brandon, le député de Battlefords, vice-président du comité, ainsi que les députés de Lethbridge et de Swift Current et bien d'autres encore, réfléchissent déjà depuis un certain temps à ce qui pourrait remplacer le PCSRA.
Un gouvernement conservateur mettrait en oeuvre un régime complet d'assurance-production agricole fondé sur une moyenne des prix et des coûts de production d'un produit, calculée sur dix ans. Le programme serait financé à trois, le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les producteurs en payant chacun un tiers.
Nous proposerions aussi un deuxième niveau de soutien, mais celui-là n'entrerait en jeu que dans des circonstances extraordinaires comme dans le cas de la crise de la vache folle, lorsque l'accès aux marchés normaux devient complètement fermé. Notre programme inclurait pour les producteurs primaires une composante de risques commerciaux négociable en banque qui serait financée principalement par le gouvernement fédéral. Contrairement au PCSRA, ce deuxième niveau de soutien ne nécessiterait aucune mise de fonds de la part des producteurs.
Pour la majorité des producteurs, le PCSRA n'est pas, et n'a certes pas été, une source d'espoir et de réconfort. En fait, il fait maintenant partie des causes de l'angoisse et de l'incertitude ressenties par la communauté agricole. La fiabilité et l'accessibilité financière du programme sont les deux plus importantes sources d'inquiétude. Le PCSRA n'est ni fiable ni financièrement accessible.
Bien honnêtement, je crois qu'un programme si dépendant de l'apport des producteurs, quand les circonstances sont déjà très difficiles, et dont ils reçoivent si peu ne fait que nuire aux producteurs qui tentent de demeurer concurrentiels à l'échelle mondiale, alors que d'autres gouvernements sont bien plus généreux que le notre pour leur secteur agricole.
Tout importante que soit cette motion, permettez-moi de conclure en disant qu'il reste beaucoup à faire avant que la prévisibilité, la stabilité et la rentabilité à long terme ne soient rétablies dans l'industrie agricole canadienne. Le secteur dont les besoins sont les plus criants est évidemment celui de l'industrie bovine en raison des ravages causés par la crise de l'ESB.
Je l'ai dit à de nombreuses reprises au cours des derniers mois et je le répète, même si cela ne fait pas partie de la motion: à mon avis, nous avons toujours besoin d'un programme pour les vaches de réforme. Peu importe que la frontière soit rouverte ou non—nous nous croisons les doigts pour qu'elle le soit—, notre cheptel âgé est énorme et c'est un problème dont nous devrons nous occuper. Je ne peux croire que les libéraux aient voté contre ce projet en décembre.
[Français]
Avant Noël, les libéraux ont voté contre un programme de réduction des vaches de réforme. Toutefois, le problème existe toujours, et le gouvernement devra prendre ses responsabilités.
[Traduction]
Ce qui manque cruellement à tant de secteurs ruraux, pas seulement à l'agriculture, mais aussi au bois d'oeuvre et aux pêches, c'est une volonté politique et, franchement, une perspective politique équilibrée de la part du gouvernement. L'agriculture et l'agroalimentaire, les pêches, les mines et les forêts sont des secteurs économiques dont dépendent un grand nombre de Canadiens et de collectivités du Canada. Le Canada rural contribue toujours de façon notable au PIB et représente 40 p. 100 des exportations.
Je rappelle à la Chambre que les valeurs du Canada rural—solidarité, famille, honnêteté et dur labeur—sont maintenues et léguées de génération en génération. Ces industries et ces collectivités ont gagné le respect et l'admiration des Canadiens. Aujourd'hui, elles méritent que leur Parlement et leur gouvernement les aident. J'exhorte tous les députés, y compris ceux du parti ministériel, à appuyer cette motion.
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Madame la Présidente, je me réjouis d'apprendre que nous aurons aujourd'hui l'occasion de parler d'agriculture. J'ai bien hâte.
J'aimerais cependant adresser quelques questions au chef de l'opposition, car certaines choses ont besoin d'être éclaircies.
Depuis le début de cette législature, depuis l'entrée en fonction de ce gouvernement minoritaire, le chef de l'opposition a insisté sur l'importance de la collaboration, en particulier lors du débat sur le discours du Trône. Il a surtout fait valoir cet argument relativement au libellé des modifications apportées au discours du Trône. Tout aurait été bien, selon lui, si ces discussions avaient eu lieu au préalable afin d'arriver à une entente collective.
Ce qui est bon pour l'un est bon pour l'autre. Il veut donc parler de l'agriculture et il présente une motion que nous pouvons examiner, mais sans aucune consultation préalable pour déterminer s'il est possible de parvenir à une entente collective.
Une voix: Nous vous le demandons depuis des mois.
Une voix: Des années même.
L'hon. Andy Mitchell: Les députés de l'autre côté piaillent parce que je leur fait remarquer que, quel que soit le cas, ils ne font même pas ce qu'ils réclament des autres.
Allons donc droit au coeur de la question. Comme le chef de l'opposition l'a dit en commençant, et à ma grande satisfaction, d'autres personnes possèdent de meilleures connaissances techniques. Je comprends et apprécie cela, mais j'ajouterai qu'en proposant cette motion comme une sorte de solution, il se garde bien de dire que le PCSRA n'est pas un programme fédéral, mais bien un programme fédéral-provincial et qu'il est impossible de le modifier simplement par une résolution de la Chambre. Il faut pour ce faire que sept des dix provinces représentant 50 p. 100 des recettes à la ferme en prennent la décision collectivement. De plus, comme il s'agit d'une affaire à trois, il faut l'accord du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux et des producteurs et non pas uniquement une directive autoritaire comme celle que suggère le chef de l'opposition.
Si le chef de l'opposition pouvait nous dire pourquoi la Chambre est saisie d'une motion qui prétend régler un problème, mais sans présenter ce problème d'une façon susceptible de donner lieu à une action, je suis sûr que tous les Canadiens et tous les producteurs aimeraient savoir comment il compte s'y prendre pour que cette initiative se concrétise.
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Madame la Présidente, en ma qualité de porte-parole officielle de l'opposition en matière d'agriculture, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur la motion de notre parti qui demande au gouvernement libéral de lever les exigences concernant le dépôt en espèces du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, le PCSRA, ainsi que d'honorer les engagements qu'il a déjà pris à l'endroit des agriculteurs canadiens.
Cependant, avant de poursuivre, je tiens à remercier notre chef, le député de Calgary-Sud-Ouest, et mes collègues du caucus conservateur de l'appui qu'ils m'ont manifesté en reconnaissant l'ampleur de la question et en déposant cette importante motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je dois avouer qu'il peut sembler un peu étrange de demander au gouvernement libéral de voter sur une motion qui lui demande, entre autres, d'honorer ses engagements. On sait que les libéraux ne sont pas très forts dans ce domaine. Pensons à l'ALENA, à la TPS et à leur engagement de préserver la définition traditionnelle du mariage. La liste des promesses brisées pourrait prendre tout mon temps de parole aujourd'hui. Je dirai simplement que les producteurs agricoles qui ont traversé des périodes difficiles en raison de l'ESB, de la grippe aviaire, de la sécheresse ou du gel dans les Prairies en ont assez des vaines promesses d'aide du gouvernement.
Cette semaine, j'ai reçu une lettre d'un autre agriculteur qui attend toujours son paiement anticipé de 2003 dans le cadre du PCSRA. C'est tout simplement inacceptable. Comment les agriculteurs peuvent-ils garantir aux créanciers qui leur demandent de rendre des comptes qu'ils auront bientôt de l'argent si le gouvernement ne leur donne aucune garantie quant au moment où ils recevront ces fonds?
Nous avons appris dernièrement que beaucoup de producteurs de céréales et d'oléagineux devront peut-être attendre jusqu'en janvier 2006 pour recevoir un dédommagement pour leurs pertes attribuables à la chute des prix en 2004. Comme si l'attente interminable pour recevoir des fonds dans le cadre du PCSRA ne suffisait pas, le gouvernement continue d'insister pour que les producteurs inscrits au PCSRA fournissent un dépôt onéreux afin de commencer à recevoir des paiements.
De nombreuses banques refusent même de consentir des prêts aux agriculteurs qui offrent en gage les rentrées de fonds qu'ils toucheront, car les banques n'ont aucune confiance quant au montant d'argent qui sera réellement versé ou au moment du versement.
Les exigences concernant le dépôt en espèces du PCSRA ont été rejetées par tous les producteurs du pays, car c'est une politique qui porte préjudice aux producteurs. L'argent et les dépôts des producteurs qui auraient pu servir à acheter de l'équipement agricole nécessaire ou à payer d'autres dépenses liées à la ferme se trouvent gelés.
Les agriculteurs du pays, qui luttent déjà contre des conditions extrêmes sur lesquelles ils n'ont aucune prise, pourraient bien se passer d'un autre fardeau financier pour veiller à ce que les paiements de secours leur parviennent. C'est pourquoi je demande au ministre de l'Agriculture d'annuler immédiatement le programme de dépôt d'espèces requis par le PCSRA.
La situation est grave. Je ne doute pas que nombre de Canadiens seraient consternés s'ils savaient que le revenu agricole net réalisé des producteurs canadiens a été négatif dans l'ensemble du pays en 2003. C'est exact: un revenu négatif. En outre, pendant que les exportations agricoles du pays augmentent constamment, les revenus agricoles baissent rapidement.
Par exemple, selon la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, en 1981, nos agriculteurs touchaient seulement 5 cents par dollar de flocons de maïs vendus au consommateur. Maintenant, une vingtaine d'années plus tard, nos agriculteurs n'obtiennent que 3 cents par dollar, et c'est sans tenir compte de l'inflation. C'est inacceptable.
Les producteurs canadiens sont désavantagés par rapport à leurs concurrents étrangers. En effet, nombre de leurs concurrents profitent de riches subventions intérieures qui prennent la forme de paiements directs ayant pour effet d'accroître le revenu agricole et non pas simplement de soutenir les producteurs en cas de pertes. Et, surtout, leurs programmes sont gratuits et ne les obligent pas à faire des dépôts ou à payer des frais d'avance. Ces dépôts ou frais payés d'avance pour le filet de sécurité ne font que désavantager encore plus les producteurs canadiens sur la scène internationale.
Même le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture a admis que le PCSRA n'a jamais été conçu pour accorder de l'aide en cas de désastre ou de différends commerciaux. Il ne devait que fournir un soutien du revenu dans le cours normal des affaires. On le comprend. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de programmes conçus spécialement pour les désastres, les différends commerciaux, etc. Tout est ponctuel. Il n'y a pas de plan. Il n'y a pas d'argent. Même quand des fonds sont promis, ils ne sont jamais versés.
Prenons le cas de l'argent promis dans le cadre du programme de retrait des bovins d'abattage qui a été annoncé à Calgary au mois de septembre dernier. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons appris que le gouvernement de l'Alberta n'avait encore rien reçu de la part du gouvernement fédéral. C'est inacceptable.
En ce qui concerne le programme de réserve pour pertes sur prêts,dont on a fait grand cas et qui visait à stimuler les investissements destinés à accroître la capacité d'abattage, un besoin urgent, on nous a dit que les formulaires de demande ne seraient pas publiés avant trois mois. Cinq mois se sont écoulés, et les formulaires se font toujours attendre. Il n'y a pas de fonds. C'est inacceptable.
Qu'en est-il des tabaculteurs de l'Ontario et du Québec, dont les deux tiers se trouvent dans ma circonscription, celle de Haldimand—Norfolk? Trois jours avant le déclenchement des élections, le printemps dernier, on leur a promis un programme d'aide en vertu duquel ils devaient recevoir des chèques au plus tard en octobre. Ils n'ont encore rien reçu. Le gouvernement vient maintenant de changer les règles du jeu: il leur offre une aide réduite en leur disant que c'est à prendre ou à laisser. Cela aussi est totalement inacceptable.
J'ai entendu bien des gens dire: « Les agriculteurs se lamentent toujours. De quoi se plaignent-ils? Les gouvernements n'arrêtent pas d'annoncer de l'aide, mais les agriculteurs ne sont jamais contents. » Ce qu'on ne sait pas, c'est que les mêmes montants sont annoncés plusieurs fois. Il y a des annonces et des promesses, mais jamais de résultats.
Je peux affirmer avec assurance que nos produits agricoles sont parmi les meilleurs au monde. Ils sont sains et on peut s'y fier. Toutefois, leurs production coûte de plus en plus cher parce que les agriculteurs doivent passer beaucoup de temps et dépenser beaucoup d'argent pour se conformer à des lois et règlements sans cesse plus lourds et demander l'aide des programmes de soutien.
Ces derniers temps, j'ai discuté avec plusieurs comptables qui s'occupent d'entreprises agricoles. Même les plus brillants d'entre eux admettent avoir du mal à comprendre le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole et ses calculs. Si, avec toute leur expérience, ils trouvent que le programme est un casse-tête, comment un agriculteur peut-il s'y retrouver tout seul? La réponse est claire: impossible.
La complexité inutile et stérile de ce programme oblige les agriculteurs qui en ont le plus besoin, ceux qui ont du mal à s'en tirer, à dépenser de l'argent dont ils peuvent difficilement se départir non seulement pour verser un dépôt, mais aussi pour se faire aider par des comptables et des avocats à faire leurs demandes. Le système est si mauvais que je connais un agriculteur qui a carrément abandonné l'agriculture en disant que ce programme était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.
Il crève les yeux que, devant la diminution du revenu agricole, le gouvernement actuel continue de faire faux bond aux agriculteurs, car il offre des programmes de soutien du revenu insatisfaisants à des producteurs aux prises avec des problèmes qui échappent à leur maîtrise. Nos agriculteurs doivent affronter les droits imposés par l'étranger et les subventions accordées sur le marché international. Il y a aussi les maladies et le gel, cadeau de la nature. Maintenant, ils luttent pour leur survie. Ils ne devraient pas avoir à lutter contre leur propre gouvernement.
Le statu quo est inacceptable. J'exhorte le ministre de l'Agriculture à garantir à nos agriculteurs l'aide dont ils ont besoin en temps réel, et non une aide fantôme, des fonds illusoires.
L'élimination du dépôt exigé pour participer au PCSRA serait un soulagement immédiat pour des milliers de producteurs, à un moment où ils ont le plus besoin de secours. J'exhorte le ministre de l'Agriculture à écouter l'appel que lui lancent les producteurs d'un bout à l'autre du pays et à éliminer immédiatement cette exigence. Je prie instamment tous les députés d'appuyer la motion proposée aujourd'hui.
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Madame la Présidente, je suis ravi d'intervenir dans le débat sur la motion de l'opposition.
Comme ma question au chef de l'opposition l'indiquait, je ne souscris pas à tous les éléments de la motion de l'opposition, pour diverses raisons. Toutefois, quelques éléments de cette motion me semblent importants, notamment le fait que nous devrions revoir les programmes du revenu agricole de manière à fournir aux producteurs une aide en temps utile et de la façon la plus efficace qui soit. D'ailleurs, je m'y emploie depuis que j'ai été nommé ministre, en juillet. Je ne le fais pas de la manière préconisée par la députée, c'est-à-dire de façon arbitraire, mais plutôt dans le sens de la Constitution.
L'agriculture est une responsabilité fédérale-provinciale, si bien que je collabore avec mes collègues des provinces et, ce qui me paraît essentiel, avec l'industrie.
Tentons de comprendre le but de la motion. Celle-ci ne vise pas à aider les producteurs. Si c'était le cas, elle offrirait des solutions, ce qu'elle ne fait pas. Elle ne vise pas l'adoption de mesures car, si c'était le cas, l'opposition aurait proposé un processus dans ce sens. Elle ne le fait pas. La motion préconise l'impossible.
Pourquoi l'opposition propose-t-elle l'impossible? Elle tient un discours qui n'a rien à voir avec l'aide aux producteurs ni avec l'engagement du gouvernement à cet égard, engagement que nous montrons chaque jour, elle tient un discours bêtement politique. D'abord, il est faux de dire que nous n'aidons pas les producteurs. Je le démontrerai clairement.
À propos des options relatives au PCSRA, il est ridicule de prétendre que rien n'avait été fait, que, tout d'un coup, l'opposition s'est réveillée et s'est rendue à la Chambre pour en discuter et mettre fin au problème. En vérité, de ce côté-ci de la Chambre, nous nous occupons des choses que nos producteurs trouvent importantes, et ce, jour après jour. C'est un fait.
M. Gary Goodyear: Ça marche bien? Non ça ne marche pas. On est soit leader, soit suiveur.
L'hon. Andy Mitchell: Écoutez-les glousser en face, madame la Présidente. Ils ont l'air bien agités.
Les années 2003 et 2004 ont été difficiles pour les producteurs canadiens et ils méritent plus que les jeux politiques auxquels l'opposition se livre aujourd'hui.
Essentiellement, le problème est que l'opposition ne comprend tout simplement pas. Il va sans dire que nos producteurs ont besoin de notre aide, et c'est pourquoi, en 2003, le gouvernement leur a offert 4,8 milliards de dollars. C'est la première fois dans l'histoire du Canada que nos producteurs reçoivent de telles sommes. Les députés de l'opposition ne veulent pas l'admettre. Ils ne veulent pas en parler. Ils ne veulent pas faire face à la réalité parce qu'ils devraient se rendre à l'évidence que le gouvernement appuie bel et bien nos producteurs.
Au cours de l'exercice financier actuel, nous avons déjà fourni plus de trois milliards de dollars; une fois de plus, ils ne veulent pas l'admettre. Ils ne veulent pas en parler parce que ça ne cadre pas avec leur objectif principal, qui est aujourd'hui de marquer des points politiques faciles plutôt que d'aider les producteurs, conformément à leur habitude.
Le problème, c'est que les députés de l'opposition ne comprennent pas. Le succès dans ce domaine ne peut se mesurer en fonction de l'aide financière accordée. Nous consentons des sommes importantes et nous devons les verser, mais elles ne constituent pas la mesure du succès. Ce qui importe, c'est les mesures que nous adoptons pour créer un climat qui permet aux producteurs d'obtenir sur le marché un rendement équitable pour leur travail et leur investissement. Voilà l'erreur que commettent ces députés et l'aspect au sujet duquel ils ne proposent absolument rien.
Je félicite mon secrétaire parlementaire pour le travail qu'il a accompli. Qu'a fait le leader parlementaire, en regard de la somme de travail abattue par mon secrétaire parlementaire au sujet de la chute à long terme des revenus agricoles dans certains secteurs de production? Il faisait uniquement grand cas de la place qu'occupait le secrétaire parlementaire à la Chambre, en se répandant en plaisanteries à ce sujet. Or, il n'y a pas de quoi rire. En effet, il n'y a pas matière à rire lorsqu'il s'agit de l'assistance à apporter aux producteurs. Je suis absolument dégoûté de l'attitude de l'opposition dans cette affaire.
Parlons un peu de l'assistance que reçoivent les producteurs. Les députés de l'opposition évoquent expressément le PCSRA. D'après eux, ce programme n'a donné lieu à aucun paiement, n'aide aucun producteur et tourne à vide.
Or, à ce jour, plus de 700 millions de dollars ont été versés aux producteurs, les paiements ayant atteint près de 1,5 milliard de dollars en 2003 et un montant semblable en 2004. Cela donne une bonne idée des défis qu'ont à relever les producteurs ces années-ci.
Puis les députés de l'opposition ont affirmé qu'aucun autre programme et qu'aucune autre mesure ne s'attaquaient spécifiquement au problème. Je me dois donc de rappeler à la Chambre et aux producteurs certains des programmes qui ont été mis en place à leur intention de même que les sommes qui leur ont été versées. Les Canadiens s'intéressent à cette question et je suis heureux de pouvoir leur en parler, même si, je le sais, l'opposition préférerait que je ne le fasse pas.
Nous avons versé 830 millions de dollars dans le cadre du PATI, 444 millions dans le cadre du programme de redressement de l'industrie bovine à la suite de la crise de l'ESB, puis 106 millions de dollars dans le cadre du Programme relatif aux animaux de réforme. Nous versons au printemps et à l'automne littéralement des millions de dollars en avances pour aider nos producteurs dans leur exploitation. Enfin, nous procurons une assurance-production d'une valeur de 1,7 milliard de dollars pour certains produits.
Je reconnais qu'il est important d'évaluer continuellement tout ce que nous faisons et de tenter par tous les moyens de faire mieux. Je sais que les députés de l'opposition aiment à penser qu'ils ont toujours la bonne réponse, mais il n'en est rien. Nous devons tous constamment réévaluer des choses. Cependant, il est tout à fait ridicule et absolument faux de prétendre qu'il n'y a pas un engagement ferme à l'égard des producteurs, que ces derniers ne reçoivent pas d'aide financière et surtout, que nous ne concentrons pas nos efforts sur les problèmes à long terme auxquels les agriculteurs sont confrontés.
L'opposition oublie une autre chose tout à fait essentielle. Dans le domaine de l'agriculture, il est important de comprendre que ce secteur s'appuie sur trois piliers et pas seulement sur le gouvernement fédéral. Il ne s'agit pas pour le gouvernement fédéral de se dérober à ses responsabilités. Nous les assumons, comme nous le devons, mais pour que cela fonctionne, il faut que les trois piliers soient là, faute de quoi tout l'édifice s'effondrera. Ainsi, ce n'est pas simplement le gouvernement fédéral qui doit agir, mais également le gouvernement provincial et les producteurs. Depuis sept mois, nous consultons les autres parties pour élaborer et améliorer les programmes que nous mettons en place.
Notre vis-à-vis a parlé un instant du Programme de redressement de l'industrie dans le sillage de l'ESB qui a été annoncé en septembre et qui visait notamment à faire en sorte que les prix reviennent à un niveau acceptable pour les animaux d'engraissement et les animaux engraissés. Notre collègue a oublié de dire que les prix pour ces animaux ont remonté par rapport à ce qu'ils étaient en juillet et, comme nous l'avons dit, c'était justement l'objet du programme. Les prix sont-ils aux niveaux que nous souhaiterions? Non, mais ils ont remonté.
Les producteurs sont les meilleurs gens d'affaires du monde. Nos producteurs canadiens offrent les meilleurs produits du monde. Ils ne vont pas accepter ce que l'opposition prétend, à savoir que tout va mal, que rien ne fonctionne et qu'il n'y a aucune aide. Ils vont par contre soutenir un gouvernement qui comprend les défis, qui leur offre de l'aide et qui travaille avec eux pour améliorer encore davantage le soutien apporté.
J'ai dit à de multiples reprises que le PCSRA aide les producteurs. Il a été mis en oeuvre depuis peu. Nous allons nous pencher sur ce programme pour veiller à y apporter les modifications nécessaires. Ce n'est pas comme si rien n'avait été fait depuis la mise en oeuvre du PCSRA. On a modifié la couverture des marges négatives. Les députés de l'opposition affirment que rien n'a été fait. Je suppose que cela signifie qu'ils s'opposent à la couverture des marges négatives.
M. Gary Goodyear: Nous en avons contre le fait que le programme soit un échec.
L'hon. Andy Mitchell: Le député vient tout juste de dire qu'il en a contre les marges négatives.
Nous avons relevé le plafond. Nous avons augmenté le montant total qui peut être versé dans le cadre du PCSRA. Nous réagissons face aux besoins. Leur dépôt a été modifié depuis que le PCSRA a été mis en place et, effectivement, il y a lieu de s'occuper de cet aspect particulier du programme.
En septembre dernier, un député de l'opposition a dit que l'avance de fonds spéciale destinée aux producteurs bovins ne fonctionnerait jamais parce qu'elle était liée au PCSRA, que les producteurs ne recevraient pas un sou et que cette initiative n'aboutirait jamais à rien. C'est ce que l'opposition disait. La réalité, c'est qu'aujourd'hui une somme de 115 millions de dollars a été versée aux producteurs bovins, à court terme, au moyen de ces avances spéciales dans le cadre du PCSRA.
Je mentionne ce point pour illustrer le fait que, lorsque les députés de l'opposition disent que quelque chose ne va pas se produire, ce n'est tout simplement pas vrai. La réalité est différente. Je dis cela respectueusement, parce que, comme je l'ai mentionné à plusieurs reprises, je crois aussi à l'importance d'évaluer continuellement les mesures que nous prenons et d'être toujours prêts à s'adapter aux nouvelles réalités.
Au cours du débat d'aujourd'hui, nous allons beaucoup parler des diverses composantes du secteur agricole. Je suis heureux de participer à ce débat, parce qu'il y a des questions importantes et de grande envergure sur lesquelles il faut se pencher. Cela dit, il faut, selon moi, accepter et comprendre certaines réalités.
La première de ces réalités c'est que le gouvernement se soucie des producteurs. Il en a toujours été ainsi, comme on peut le constater dans un certain nombre de secteurs, notamment en ce qui a trait aux programmes que nous avons déjà mis en place et aux mesures que nous allons prendre dans l'avenir. Telle est la réalité.
Il ne sert pas à grand-chose d'utiliser des motions de l'opposition pour faire de la politicaillerie. Je conviens avec la députée d'en face qu'il y a du travail à faire. Oui, il sera important que nous tenions ces discussions à la Chambre. Comme je le disais au chef de l'opposition lorsqu'il faisait ses interventions plus tôt, s'il croyait vraiment ce qu'il a affirmé, à savoir qu'il veut que le gouvernement minoritaire collabore avec tous les partis pour qu'ils s'entendent sur les questions cruciales, il aurait suivi les conseils qu'il a lui-même donnés au gouvernement au début de la session: que les partis devraient s'entendre et élaborer ensemble des propositions qui seraient présentées à la Chambre et qui bénéficieraient d'un large appui.
Le fait est que les députés d'opposition refusent de le faire. Le fait qu'ils refusent de participer à ces discussions avec le gouvernement montre clairement qu'ils font purement et simplement de la politicaillerie. Ils cherchent à se faire du capital politique à bon marché, à un moment où cela est totalement injustifié.
Ce qu'il faut faire en ce moment, c'est aider les producteurs. Il faut comprendre que l'enjeu porte sur des gens, sur les hommes et les femmes qui travaillent chaque jour à la sueur de leur front dans l'intérêt de tous les Canadiens. Le travail de nos producteurs est crucial pour les Canadiens, qu'ils habitent dans les régions rurales ou dans les grands centres. Le travail de nos producteurs est crucial pour la population, qu'elle habite au Canada ou dans des dizaines d'autres pays qui dépendent de la capacité du Canada de produire des denrées et de les exporter dans le monde entier.
C'est cela qui revêt une importance cruciale dans ce débat. C'est l'engagement qu'a pris le gouvernement. Notre bilan montre clairement que nous avons honoré cet engagement au cours des dernières années. C'est ce que nous continuerons de faire, en nous efforçant de collaborer avec les provinces, l'industrie, les producteurs et les Canadiens.
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Madame la Présidente, faut-il encore le rappeler pour que le gouvernement le comprenne bien: les producteurs québécois font face à une crise du revenu importante.
Selon les dernières données de Statistique Canada, en 2003, sous le règne des libéraux, le revenu agricole a atteint son point le plus bas en 25 ans.
En 2003, le revenu net, soit la différence entre les recettes et les dépenses d'exploitation d'un agriculteur, a dégringolé de 39,1 p. 100 par rapport à 2002 et s'est établi à 4,44 milliards de dollars.
Selon l'UPA, l'endettement des fermes a progressé en moyenne de 207 p. 100 depuis 1993. De 1996 à 2001, le nombre de fermes a diminué de 10 p. 100 au Québec pour s'établir à 32 000. Au Québec, deux fermes disparaissent chaque semaine.
Le problème est que les producteurs sont laissés à eux-mêmes par Ottawa, soit par le parti au pouvoir.
Peu de pays ont autant délaissé leur secteur agricole comme le Canada l'a fait, alors que l'actuel premier ministre était ministre des Finances. Aujourd'hui plus que jamais, les producteurs agricoles sont moins bien soutenus, et ce, en pleine crise agricole causée par l'effondrement des prix et la crise de la vache folle. En plus, quand Ottawa intervient, c'est pour mettre en place des mesures pancanadiennes qui ne répondent pas aux besoins des producteurs du Québec. On ne cesse de le répéter: l'agriculture québécoise et l'agriculture canadienne sont différentes, elles sont organisées différemment et n'ont pas les mêmes besoins.
Selon les données de l'OCDE, en l'an 2000, le soutien du gouvernement du Canada au revenu agricole se chiffrait à 182 $ américains par habitant. Tandis qu'aux États-Unis les revenus se situaient à 378 $ américains par habitant, à 276 $ américains en Europe et à 289 $ américains en moyenne dans les pays de l'OCDE.
Récemment, on a vu le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture consulter afin de connaître les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs. Le secrétaire parlementaire n'avait qu'à nous écouter. On ne cesse de lui répéter, depuis l'ouverture de la Chambre. Je suis bien placée pour vous le dire: en octobre dernier, j'ai moi-même fait mon baptême de feu lors du fameux débat d'urgence sur la crise de la vache folle.
Notre parti et l'ensemble du monde agricole le répètent aux libéraux depuis des mois. Les problèmes et les solutions sont connus. Cependant, ils n'écoutent pas. Il suffit tout simplement qu'ils fassent preuve de volonté publique.
Les libéraux ne cessent de nous le répéter avec leurs excédents budgétaires. L'argent est là, mais à qui sert-il? Qui en profite? Si les agricultrices et les agriculteurs de ce pays faisaient partie de leurs amis, il y aurait peut-être de l'argent pour eux, qui sait?
L'an dernier, le gouvernement a accumulé des surplus de 9 milliards de dollars. Je m'en souviens et nos agriculteurs s'en souviennent aussi.
Le PCSRA est un outil inadapté. En effet, il ne suscite pas l'enthousiasme des producteurs. D'ailleurs, le 22 janvier 2004, le président de l'UPA disait dans La Terre de chez nous: « Le PCSRA, faut-il le rappeler, nous a été imposé par le fédéral, qui menaçait Québec de couper les vivres s'il ne signait pas. » Belle solidarité! Malgré la rigidité du fédéral, le Bloc québécois a obtenu que ce programme soit administré par la Financière agricole.
Cela permet au moins que ce programme soit arrimé aux autres programmes de gestion des risques administrés par la Financière.
Le PCSRA offre une ouverture de base minimale qui ne permet pas d'englober tous les types de risques, lesquels varient beaucoup d'une production à l'autre ou encore d'une région à l'autre.
Si le PCSRA faisait l'affaire, comment expliquer que sept programmes différents ont été créés pour répondre à diverses crises? Cela ressemble à un programme mal ficelé.
Le PCSRA a été inutile pour le problème de la vache de réforme. Cela n'a rien donné.
D'ailleurs, laissez-moi vous citer le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec:
Je tiens également à mentionner que les producteurs laitiers ne sont pas admissibles au PCSRA. Pour que le producteur laitier y soit admissible, il doit encourir des pertes d'au moins 30 p. 100 au cours des trois dernières années de référence retenues. Dans notre cas, même si nos vaches de réforme étaient vendues à zéro dollar, nous ne pourrions même pas nous qualifier pour le volet du programme PCSRA portant sur les situations de catastrophe, le seul auquel nous sommes admissibles.
Laissez-moi donner un seul exemple. Selon la Fédération canadienne de l'agriculture, la gestion des dépôts coûte en frais administratifs 14 millions de dollars, alors que ceux-ci ne rapportent que 34 millions de dollars. Si l'on postule un taux d'intérêt de 6 p. 100, vous admettrez que c'est cher pour des frais d'administration.
Regardons maintenant la motion de ce matin présentée par le Parti conservateur du Canada.
Le 8 février, les ministres de l'Agriculture se réuniront pour discuter entre autres du PCSRA. Nous espérerions que le gouvernement fédéral n'arrivera pas les mains vides. C'est justement pour cela qu'il ne s'est pas présenté au dernier congrès de l'UPA. La Fédération canadienne de l'agriculture a demandé encore une fois cette semaine que l'on abolisse les dépôts initiaux obligatoires. C'est cette mesure qui fait l'objet de la présente motion. Elle est appuyée par l'UPA et par diverses organisations agricoles.
Cette mesure est, somme toute, marginale, puisqu'elle ne représente qu'un manque à gagner annuel de 34 millions de dollars au niveau canadien. Mes collègues et moi appuyons cette mesure, qui devrait cependant être entièrement financée par le gouvernement fédéral.
Regardons les choses en face. Il faut comprendre que le dépôt obligatoire est un irritant majeur pour les producteurs agricoles. Il n'est pas normal que des producteurs pris à la gorge soient obligés d'emprunter pour effectuer leur dépôt. Voyez-vous, la question fondamentale avec le PCSRA est la suivante: qui veut-on aider? Est-ce les producteurs agricoles ou les banquiers?
Le temps presse. Il faut aller beaucoup plus loin. Nous reconnaissons que la proposition du Parti conservateur permet d'accorder un petit répit aux producteurs agricoles, mais cette proposition est nettement insuffisante. Il nous apparaît essentiel de lancer rapidement une réflexion sur l'efficacité du PCSRA. Le comité qui devait étudier l'efficacité et la gestion du programme ne s'est toujours pas réuni, et il n'y aura pas de changement important avant 2006.
Le ministre devrait aussi s'inquiéter du faible nombre d'inscriptions des producteurs québécois à ce programme, et ce, même en temps de crise. Cela en dit long. Le faible taux de participation des producteurs au programme s'explique par le fait que celui-ci ne répond pas à leurs besoins, un point, c'est tout.
Permettez-moi maintenant de citer le dernier mémoire de l'UPA, qui a récemment présenté quatre propositions au gouvernement fédéral. Premièrement, il lui faut augmenter substantiellement son budget destiné au programme de sécurité du revenu. Deuxièmement, il devrait offrir au Québec et aux provinces une plus grande flexibilité sur la gestion des fonds alloués à la sécurité du revenu. Les aides fédérales et provinciales doivent être décloisonnées pour répondre aux besoins spécifiques de chacune des régions et des productions. Troisièmement, il faut proposer des aménagements qui réduiraient la lourdeur administrative du programme, notamment en ce qui a trait à l'établissement des marges de référence. Enfin, il faut évaluer annuellement l'impact des subventions internationales afin d'ajuster les marges de référence de façon juste et équitable.
Voilà ce que le Bloc québécois croit qu'il faut faire pour améliorer le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Je tiens à rappeler que ce gouvernement, administré par son ancien ministre des Finances, ne cesse de découvrir des surplus budgétaires année après année, comme par magie, depuis déjà belle lurette. Si ce gouvernement souhaitait vraiment se faire de nouveaux et vrais amis, il se tournerait vers ceux qui nous permettent de manger tous les jours et qui se retrouvent aujourd'hui dans une situation qui dépasse la crise depuis, justement, belle lurette.
Nos gens, eux, vivent de sérieux problèmes depuis que ce parti est revenu au pouvoir. Rappelons le déséquilibre fiscal, qui a fait un mal épouvantable à ceux et celles qui souhaitent obtenir de vrais soins de santé, tant au Québec que dans les provinces canadiennes.
Pensons aux agriculteurs qui sont forcés de vendre leur ferme en raison d'un manque d'espoir, d'une mauvaise gestion des deniers publics de la part de ce gouvernement, et des pratiques sanitaires déficientes pratiquées par des personnes soi-disant responsables, qui auraient tout à leur avantage de s'inspirer des méthodes sanitaires pratiquées au Québec.
Il est encore temps de venir en aide à ceux et celles qui nous donnent à manger quotidiennement. Il faut tout simplement les écouter, cesser d'essayer de trouver des solutions dans des tours d'ivoire à Ottawa ou ailleurs, se retrousser les manches et véritablement faire avancer les choses. C'est faisable. Le gouvernement d'en face en est-il capable? Jusqu'à maintenant au Québec, il n'a pas prouvé grand-chose.
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Madame la Présidente, comme toujours, c'est un honneur de prendre la parole devant la Chambre. Je commence à avoir l'impression que je suis un figurant dans le film
Un jour sans fin. Chaque fois que je me réveille, je suis à la Chambre des communes avec le ministre assis en face de moi qui parle de la même chose. Comme dans ce film, à la fin de la journée, rien n'a changé.
Cette question nous occupe depuis trop longtemps. Chaque jour, nous posons les mêmes questions et nous obtenons les mêmes réponses. Rien ne change sauf une chose. Chaque jour qui passe, le gouvernement n'agit pas et ne met en oeuvre aucun plan adéquat, ce qui entraîne des agriculteurs dans la misère.
J'ai parlé du cas d'un agriculteur au ministre et à son personnel. Il avait 1 000 têtes de bétail et l'un des plus grands ranchs de ma circonscription. Sa demande dans le cadre du PCSRA a été totalement rejetée. Il a reçu une lettre impersonnelle le remerciant d'avoir déposé son argent et lui indiquant qu'il aurait à emprunter l'argent nécessaire ainsi qu'à payer son comptable, sans l'aide du PCSRA, auquel il n'était pas admissible.
J'ai parlé du problème au ministre. Il m'a renvoyé à ses collaborateurs, ce dont je le remercie. Tout comme dans le scénario d'Un jour sans fin, j'ai téléphoné jour après jour, mais rien n'a changé jusqu'à la veille de Noël.
La veille de Noël, je me trouvais avec l'éleveur dans le bureau du banquier, en train de l'implorer pour que l'exploitation soit épargnée. La banque allait la saisir pour obtenir le remboursement d'un prêt de 70 000 $. Il n'y avait que trois mois de retard, mais la banque estimait qu'il était temps de mettre fin à une exploitation d'un million de dollars. J'ai supplié la banque d'attendre. Que pouvais-je dire? Le producteur n'a jamais reçu de chèque du PCSRA. S'il en avait reçu un, il n'aurait pas été réduit à cette situation déplorable.
Il importe de situer dans un contexte beaucoup plus vaste la discussion sur le PCSRA et le dépôt. Les conservateurs nous ont rendu service en soulevant la question du dépôt. Le ministre sait fort bien ce que les agriculteurs pensent de ce dépôt. La question a été soulevée à maintes reprises. Lorsque nous discutons avec les responsables du programme, ils disent que, effectivement, ils entendent l'opinion des agriculteurs, qu'ils prennent leurs préoccupations au sérieux, qu'ils examinent la question, que l'examen va se terminer. Quand nous posons enfin la grande question, c'est-à-dire quand l'examen sera terminé, ils disent que ce sera en juin ou en juillet. C'est bien après la date où les agriculteurs doivent emprunter pour participer de nouveau au programme, s'ils veulent continuer à le faire. La motion à l'étude arrive à point nommé, mais elle montre bien qu'il existe un problème plus vaste.
Le PCSRA aurait peut-être pu avoir des résultats positifs en temps normal, mais dans le secteur bovin, il a lamentablement échoué. Cela ne fait aucun doute. On ne parle pas d'aide en cas de désastre, mais bien de désastre pur et simple. Je connais des agriculteurs qui ont versé environ 10 000 $ à ce programme. Certains ont reçu un chèque de 900$, et ce malgré le fait qu'ils sont quasiment acculés à la faillite. Ils me disent de plus qu'ils devront probablement verser plus d'argent pour regarnir le compte du PCSRA. Le gouvernement reprendra ainsi toutes les sommes qu'il a versées.
Cela ne touche pas uniquement le secteur bovin. Dans tous les secteurs agricoles, dans le secteur céréalier par exemple, les producteurs de cultures industrielles sont acculés à la faillite. Cette industrie est au bord du gouffre. J'ai parlé à un agriculteur hier soir. Il m'a affirmé qu'en Ontario, le secteur agricole avait maintenant franchi le point de non-retour. Je crois pouvoir dire que la situation est la même partout au Canada. Il m'a dit qu'il ne savait vraiment pas comment il pourrait arriver à gagner de nouveau sa vie sur la ferme. Il m'a dit qu'il abandonnerait son exploitation agricole aujourd'hui même s'il pouvait obtenir 500$ pour chacune de ses vaches et que tous ses voisins agriculteurs en feraient autant. C'est réellement une situation déplorable.
Je sais que la position du ministre en ce qui a trait aux dépôts au compte du PCSRA est très difficile. Je ne crois pas qu'il lui suffira de dire au Cabinet que nous avons besoin d'un milliard de dollars de plus pour les agriculteurs. Nous devons avoir une idée de la réponse du gouvernement et du Cabinet et savoir s'ils seront prêts à sauver les régions rurales du Canada et pas seulement l'agriculture. C'est ce sur quoi porte la discussion à l'heure actuelle.
Si le gouvernement n'a pas de plan, il serait alors temps de faire preuve d'honnêteté et de dire qu'il a fait la promotion de la dégénérescence. Si les Canadiens peuvent acheter leur nourriture à meilleur prix que ce qu'il en coûte aux agriculteurs pour la produire, et bien tant pis. À mon avis, ce n'est ni juste, ni acceptable, mais c'est peut-être là la position du gouvernement. Je préférerais qu'on dise aux agriculteurs de conseiller à leurs fils et à leurs filles de ne pas se lancer dans l'agriculture et de ne pas les encourager dans cette voie. Nous devons pouvoir compter sur une définition claire. Consacrerons-nous les fonds nécessaires pour remettre les régions rurales du Canada sur pied ou les abandonnerons-nous à leur sort?
Un autre agriculteur à qui j'ai parlé m'a dit: « Nous sommes entièrement laissés à nous-mêmes. Nous sommes en concurrence avec le reste du monde et nous ne bénéficions d'aucune assistance. Nous savons que les Européens soutiennent à fond leurs agriculteurs. Les Américains aussi. Nous sommes loin d'avoir le soutien nécessaire. Lorsque tout va bien, nous pouvons faire face à la concurrence, mais les périodes où tout va bien sont de plus en plus rares. » Ce qui nous amène au PCSRA et à toute la question des marges.
Tel que le problème se pose actuellement, particulièrement pour la production bovine, après deux années désastreuses, nos agriculteurs ont vu leurs marges réduites à néant. Pour l'année qui vient, la plupart d'entre eux ne seront pas en mesure de présenter une réclamation dans le cadre du programme. La plupart n'ont pas pu le faire parce qu'il ne leur reste plus assez d'argent. Les 10 000 $ ou 30 000 $ qu'ils ont dû emprunter pour participer au programme, et qu'ils ne peuvent ravoir, leur auraient permis de préserver leur exploitation. Ils auraient pu employer cet argent à rembourser leurs prêts et empêcher que les banques ne saisissent leurs biens. Malheureusement, cet argent est bloqué et ne sert pas aux fins prévues.
La dernière fois que nous nous sommes vus, j'ai demandé au ministre de m'amener n'importe où au Canada, sur n'importe quelle route rurale, à la maison de son choix et de me faire frapper à la porte pour demander si le PCSRA y avait donné des résultats. Nous n'avons vu aucun résultat jusqu'à maintenant. Je continue de frapper à la porte d'exploitations agricoles et de demander aux agriculteurs: « Dites-moi que j'ai tort. Dites-mois que le PCSRA fonctionne. » J'adorerais qu'on me démentisse. Je serais heureux de proclamer de mon siège: « Quel programme fantastique! Dieu merci, notre gouvernement a fait quelque chose pour les agriculteurs ». Mais je n'ai rien vu de tel jusqu'à ce jour.
Si l'un des députés du Québec connaît une route rurale où il souhaiterait m'amener pour que je frappe aux portes, je le ferai; le PCSRA n'a donné aucun résultat et il est temps que nous l'admettions. En réalité, d'une semaine à l'autre, d'un mois à l'autre, nous avons perpétué l'espoir illusoire que, tôt ou tard, la crise actuelle--pas seulement dans l'industrie bovine, mais dans toute l'industrie agricole--s'estomperait et que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nous savons que ce n'est pas le cas. En raison de la dette qu'ont accumulée les agriculteurs, et les producteurs bovins en particulier, au cours des deux dernières années, ils sont incapables de se remettre à flot.
Je crois que nous devons examiner les pressions qui s'exercent sur le monde agricole au Canada. En Ontario, les programmes de gestion des rejets agricoles qui ont été mis en place ont acculé beaucoup de petites exploitations à la faillite. Celles-ci ne pouvaient tout simplement pas supporter tout le poids de la réglementation qui pesait sur elles. Je ne dis pas que je suis contre une solide réglementation rigoureuse et efficace de l'eau potable et de la viande, cela est très important, mais je tiens à dire au ministre que je suis sérieusement préoccupé de la manière dont les règlements sont appliqués.
Pour revenir à notre sujet, c'est-à-dire la capacité d'abattage, nous nous répétons sans cesse. Il y a, dans ma circonscription, de petits abattoirs qui ont voulu aider les agriculteurs de l'Abitibi-Témiscamingue parce qu'ils sont voisins. On parle ici d'agriculteurs voisins, même, de parents, mais ceux de ma circonscription ne peuvent même pas abattre les vaches de l'Abitibi-Témiscamingue. Je sais que deux abattoirs seront fermés pour cette raison. Qui ferme ces abattoirs? C'est le gouvernement fédéral, qui interdit à ces gens de s'entraider pendant une crise grave. C'est la pire crise que le monde agricole ait connue dans toute l'histoire du Canada et l'ACIA vient dire aux abattoirs de ma province qu'ils ne peuvent pas aider leurs voisins québécois, qu'ils doivent les laisser se débrouiller eux-mêmes. Je trouve que c'est une sombre farce.
Lorsque nous assistons aux audiences et que nous cherchons des moyens de traverser la crise, j'ai l'impression d'assister au film Un jour sans fin. Jour après jour, nous parlons aux fonctionnaires de l'ACIA ou au personnel du ministre et il semble que ces gens-là ne se rendent pas compte qu'il y a une crise. Il y a une crise. Des gens perdent leur exploitation agricole. Le Canada rural est en faillite.
Je demanderai donc au ministre d'accepter de voir la vérité en face. Pendant notre débat, nous pouvons parler du dépôt du PCSRA et ce sera un bon débat, mais sommes-nous prêts à faire ce qui est nécessaire ou allons-nous continuer de foncer droit dans un mur?
Ce matin, je lisais les journaux de mon coin de pays et j'y ai vu une lettre magnifique dans le journal de Kirkland Lake signée par Tom Petricevic, qui s'adressait aux agriculteurs de l'Ontario. Il écrivait qu'il lui était difficile de croire que la Fédération de l'agriculture de l'Ontario s'attendait à recevoir de l'aide du gouvernement en 2005. Il déclarait:
N'ont-ils pas encore compris que le gouvernement du Canada les a sacrifiés sur l'autel du « marché mondial » [...] À moins que les Canadiens n'élisent un gouvernement qui sera prêt à reconquérir notre souveraineté, la course vers le mur se poursuivra et nous en ferons tous les frais [...]
Un exemple de ce nivellement par le bas est le fait que nous faisons maintenant fabriquer nos propres drapeaux à l'étranger. Par conséquent, j'imagine qu'il est difficile de s'attendre à ce que le gouvernement se tienne debout et dise que les agriculteurs canadiens ont le droit d'obtenir des prix justes pour leurs bêtes et leurs cultures. Nous sommes en droit d'attendre du gouvernement qu'il dise que le Canada rural a une valeur, qu'il y existe une infrastructure qui mérite d'être protégée et que ce n'est pas juste un petit machin qu'on peut expédier à l'étranger, même si certains intervenants dans le secteur du commerce pensent probablement que ce serait là une très bonne solution.
Le fait d'avoir une identité rurale forte a de la valeur. Cette identité est bien définie aux États-Unis et le gouvernement américain se bat pour ses agriculteurs. Elle est bien définie dans toute l'Europe et ce continent se bat pour ses agriculteurs. Cette identité est très bien définie au Québec et le gouvernement québécois se bat très fort pour ses agriculteurs. Par contre, le gouvernement fédéral continue sur la voie du laisser-aller, en espérant que la frontière sera réouverte.
Ma plus grande crainte c'est qu'en adoptant une telle attitude le gouvernement parvienne à faire abstraction du fait que les agriculteurs ont des milliards de dollars de dettes qu'ils ne seront jamais capables de rembourser. Je pense que c'est une situation inacceptable.
Alors, est-ce que le Nouveau parti démocratique appuie la suppression immédiate du dépôt exigé dans le cadre du PCSRA? Oui. Nous appuyons tous les partis qui continuent de se battre pour assurer une nouvelle viabilité aux régions rurales du Canada, mais notre parti est d'avis qu'il est essentiel d'avoir un meilleur plan. Il est essentiel de ne pas limiter le débat aux oreilles du ministre. Il est clair que c'est sur lui que nous nous acharnons ce matin, et c'est ce que nous faisons pratiquement aux deux semaines.
En fait, le ministre est dans une position intenable car le problème ne concerne plus uniquement le ministère de l'Agriculture. Il est essentiel que le gouvernement du Canada ait une vision claire: qu'il prenne les mesures qui permettront d'insuffler une nouvelle vitalité dans les régions rurales du Canada et qu'il indique que nous nous opposerons à l'OMC si elle s'en prend à nos agriculteurs, ou à l'ALENA pour la même raison. D'autres gouvernements le font, pourquoi ne le ferions-nous pas?
Il reste à savoir si la suppression du dépôt exigé dans le cadre du PCSRA va changer la perception de l'OMC à notre égard. Cela importe peu étant donné que L'OMC s'en prendra à nous pour la moindre mesure que nous instaurerons en vue de protéger nos agriculteurs. Nous devons nous y attendre. Soit, mais nous devons affirmer que nous prendrons les mesures qui s'imposent pour protéger notre économie rurale et nos agriculteurs. Si nous devons nous battre pour des enjeux commerciaux, allons-y! L'OMC continue de nous harceler sur des questions commerciales, et cela cause des préjudices, surtout dans le secteur du blé. Nos secteurs du porc et du boeuf sont touchés de la même façon. Il est temps que nous montions le ton.
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Madame la Présidente, les suggestions sont les bienvenues dans le débat. Je suis très heureux d'apprendre l'existence d'un plan horizontal pour le Canada rural, mais le seul plan horizontal que je connaisse, c'est lorsqu'un cercueil est posé sur la table de cuisine et que tous parents viennent dire qu'ils s'excusent de n'être pas venus voir le défunt avant son décès. Cela me semble être le cas avec notre plan horizontal pour le Canada rural.
En fait, dans le temps de Noël, j'ai rencontré des producteurs bovins chez moi, et laissez-moi vous dire qu'ils ne veulent même plus en parler. C'est le désespoir, un désespoir profond.
Nous parlons de l'argent qui a été investi. Nous parlons des grandes déclarations faites en septembre et selon lesquelles des fonds seraient versés immédiatement aux agriculteurs. Il doit y avoir des agriculteurs qui sont pas mal riches parce que tous les agriculteurs que je connais n'ont jamais vu la couleur de cet argent.
Puis nous parlons de la façon dont nous allons revitaliser l'économie rurale du Canada et de la capacité d'abattage. Toutes les fois que nous parlons des chiffres en hausse, il me semble qu'ils viennent toujours de deux ou trois grands abatteurs qui poursuivent leur croissance et l'élargissement de leur mainmise sur le secteur de l'élevage bovin au Canada. Entre-temps, il n'y a pas le moindre investissement qui soit fait dans l'élargissement de la capacité des petits abattoirs ruraux et régionaux. Il y a des garanties de pertes sur prêts, mais il n'y a pas de fonds qui sont avancés. C'est de l'argent qui est en l'air et qui ne parvient pas à ces entreprises.
Le dépôt du PCSRA pose divers problèmes. J'ai commencé par dire que le PCSRA aurait pu fonctionner. En effet, dans d'autres circonstances et avec une plus forte présence sur le terrain pour assurer l'administration et l'adaptation, on aurait peut-être eu de meilleurs résultats. Mais les problèmes n'ont pas été résolus. On dormait au gaz. Du moins en Ontario, d'après ce que j'ai pu voir, il n'y avait même personne pour prendre connaissance des problèmes des agriculteurs. C'est l'impression que nous avons eue. Au numéro d'urgence du député pour le PCSRA, j'ai pu moi-même constater que personne ne répondait.
Je poserais au ministre la question suivante. Comment répondrait-il à 13 000 demandes si l'organisation bureaucratique n'était prévue que pour en traiter 5 000 ou 6 000? Il en rejetterait 100 p. 100 tout en espérant que pas plus de 30 p. 100 ou 40 p. 100 des intéressés feraient appel. C'est ce qui se passe au PCSRA, semble-t-il.
Et que ferait le Nouveau Parti démocratique? Nous aurions affecté des gens sur le terrain pour régler ce genre de problème. Les agriculteurs ont fait état de graves problèmes liés au PCSRA et personne ne les a réglés. Ils s'interrogeaient sur leurs stocks, sur le fait que le gouvernement continuait à surévaluer leurs stocks invendus et à en déduire la valeur de leurs marges.
Tout programme doit comporter des objectifs à long terme très bien définis. Le programme du CSRN n'était pas mauvais. Le PCSRA ne répond pas aux besoins du secteur de l'élevage bovin. Je pense que le personnel du ministre affecté au PCSRA abonderait dans le même sens. Devant le Comité de l'agriculture, les fonctionnaires ont fini par dire que le PCSRA n'était pas conçu pour une urgence comme celle qui a touché le secteur de la viande de boeuf. Si c'est le cas, pourquoi est-il en vigueur?
La crise dure depuis presque deux ans et elle n'est pas terminée. Or nous n'avons aucun plan d'action pour la régler.
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Madame la Présidente, ça recommence. Le ministre est ici aujourd'hui et je me réjouis de sa présence. Il est très contrarié que nous l'ayons pris ainsi au dépourvu. Je tiens à rappeler au ministre que cette situation existe depuis 12 à 15 ans.
Les premières rencontres auxquelles j'ai assisté lorsque j'ai commencé dans l'agriculture au début des années 70 portaient sur les mêmes problèmes. Les agriculteurs ne peuvent obtenir une juste part du marché, si c'est ainsi que le gouvernement veut dire les choses, mais le fond de la question, c'est que les coûts de nos intrants nous étouffent. Il en est de même du fret. Il y a un certain nombre de mesures que le gouvernement peut prendre demain pour alléger un peu les pressions, au lieu de faire toutes ces études et de s'employer constamment à gérer des crises.
Madame la Présidente, je voudrais aussi mentionner que je partagerai mon temps avec le député de Cypress Hills—Grasslands.
Il y a deux choses que le parti ministériel ne semble jamais saisir dans le débat sur l'agriculture. Quelle est la réalité? Le dernier intervenant a parlé de passion. Il a parfaitement raison. Tous les ministres d'en face auxquels je me suis mesuré parlent de dossiers, de chiffres, de programmes, etc. Nous sommes en rapport avec des êtres humains , des familles. Il y a là une énorme différence. Nous commençons à comprendre la passion dont le député du Québec a parlé. On m'a reproché la virulence de mes critiques envers le gouvernement, mais je ne suis pas le seul à penser ainsi.
Moi qui étais autrefois un producteur et qui suis maintenant un parlementaire censé trouver certaines réponses, je vis des moments très frustrants. Le secrétaire parlementaire a lancé la charge il y a une trentaine d'années. C'est lui qui a lancé du blé au premier ministre Trudeau et qui a jeté deux poulets du haut de la tribune à l'Assemblée législative de l'Alberta pour faire valoir ses arguments. Il était beaucoup plus efficace alors qu'il ne l'est maintenant pour ce qui est du lobby agricole. Il a certainement une forte voix, mais elle défend le manque de mesures positives prises par le gouvernement.
Il est facile de faire des promesses. Le ministre nous a sorti une longue liste de chiffres, promettant 10 milliards de dollars par-ci, 100 milliards de dollars par-là. Cependant, s'il n'a pas l'intention de tenir ses promesses, les chiffres sont sans conséquence. Les libéraux se doivent de comprendre cela. Les chiffres n'ont absolument aucune importance. Le seul chiffre que nous devons retenir pour 2003, la pire année de l'histoire, est 11 000, le nombre de producteurs primaires qui ont quitté le secteur de l'agriculture. C'est le seul chiffre qui compte. Les chiffres qu'on nous donne pour ces programmes sont sans intérêt parce que les programmes ne fonctionnent pas.
Rien n'est plus important que la conformité avec l'OMC. Nous sommes si occupés à nous conformer que nous acculons les agriculteurs à la faillite. Quand nous nous réveillerons ou quand les autres pays adopterons la liste de l'OMC—en tant qu'élèves modèles, nous sommes toujours là les premiers—il ne restera plus de producteurs canadiens à défendre.
Commençons par défendre nos agriculteurs et agricultrices plutôt que les producteurs brésiliens. Nous parlons d'un marché en plein essor, mais une ferme là-bas occupe 490 000 acres. Ils ont 170 millions de têtes de bétail. Comment allons-nous leur faire la concurrence s'ils ont dix fois plus de bovins que nous? Ce n'est pas pensable, et ce n'est pas parce que nos producteurs ne sont pas prêts à relever le défi. C'est parce qu'ils sont surtaxés et qu'ils doivent se conformer à une série de règlements pour répondre aux souhaits de notre gouvernement. Ils ne peuvent pas faire face à la concurrence d'autres producteurs qui ne sont pas assujettis à autant de règlements. C'est là une partie du problème.
Le gouvernement cherche des solutions à long terme. Ce matin, nous avons appris que le ministre examine la question du dépôt au compte du PCSRA depuis le mois de juillet. On était censé créer un comité en décembre. Nous sommes en février et il n'y a toujours pas de comité. Certaines provinces n'ont toujours pas soumis leur liste. Arrêtons de perdre notre temps.
J'ai des documents ici. J'ai demandé d'avoir accès à l'information sur le Comité d'examen des programmes de protection du revenu auquel trois des ministres ont eu recours dernièrement. Ils s'intéressent au dossier depuis le début du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, aussi désigné PCSRA. Ils ont posé toutes ces questions que nous soulevons aujourd'hui en disant que ce programme n'est pas susceptible d'être financé. Ces ministres se penchent sur le dossier depuis près de quatre ans et on ne les écoute toujours pas. Ce sont les représentants des producteurs.
Le ministre se cache en invoquant la nécessité d'avoir une approbation des provinces. Il devrait faire preuve de leadership. Tout ce que les provinces veulent c'est que le ministre verse sa part du financement. Les provinces ne se préoccupent pas vraiment des critères du programme. Elles veulent appuyer les agriculteurs. J'ai parlé aux ministres provinciaux. Ils demandent seulement que le gouvernement fédéral fasse preuve du leadership nécessaire. Or, ce n'est pas du tout ce que nous avons vu.
C'est frustrant. Cette question suscite la colère ici. Le PCSRA devait être une réussite. Le troisième essai doit être probant pour le gouvernement libéral parce que les deux premiers programmes, en l'occurrence l'ACRA et le PCRA, ont été des échecs.
Le gouvernement a édifié le PCSRA sur les mêmes fondations déficientes. Au lieu de réussir à la troisième tentative, nous sommes éliminés. Or, ce que nous voyons c'est la mine des gens et des familles affectés, ce ne sont pas les dossiers et les chiffres derrière lesquels le ministre se cache. Ce n'est pas une telle attitude qui fera changer les choses. Le ministre doit intervenir directement et faire bouger les choses.
L'augmentation du prix du lait par l'industrie laitière a énormément retenu l'attention des médias dernièrement. Tant mieux pour l'industrie si elle a réussi à faire absorber ses coûts. Le reste d'entre nous n'a pas réussi à trouver la solution miracle. En conclusion, cette situation est attribuable au fait que le PCSRA n'a pas servi les intérêts de l'industrie non plus. Cette dernière a le choix, avec son secteur à offre réglementée, de s'orienter dans une autre direction.
La différence dans l'établissement du prix a peut-être été de 4 ou 5 p. 100 et le marché va l'absorber. À part les doléances de l'association des restaurateurs qui, de toute façon, ne refilerait jamais cette augmentation aux consommateurs, je n'ai reçu aucune plainte téléphonique à ce sujet. Les consommateurs n'obtiennent certainement pas leur juste part. Si une personne va prendre un petit déjeuner de 10 dollars au restaurant, l'agriculteur obtient quant à lui moins que le pourboire que touche la serveuse. Tant mieux pour la serveuse et pour le restaurateur qui reçoivent leur juste part, mais qu'en est-il de la part de l'agriculteur?
Le ministre dit que nous avons besoin d'une solution à long terme, d'une liste, et il nous demande de lui faire part de nos suggestions. En voici quelques-unes. Le prix des intrants est composé à pratiquement 50 p. 100 de taxes. Cela comprend l'essence, les engrais, les produits chimiques, les pièces d'équipement agricole et ainsi de suite. La moitié des prix de l'essence, des engrais et des produits chimiques est constituée de taxes. Cela cause des problèmes aux gens dont la situation financière est serrée. Le gouvernement a établi un lien entre l'assurance-récolte ou l'assurance-production—il en a changé le nom pour la rendre plus attrayante puisque « assurance-récolte » ne fonctionnait pas—et le PCSRA, sous la bannière des meilleures pratiques agricoles.
Si je n'indique pas ma moyenne historique d'engrais, de produits chimiques et tout le reste, lorsque je présente une demande de paiement en vertu de l'assurance-production ou du PCSRA, le gouvernement m'envoie une lettre disant: « Conformément aux meilleures pratiques agricoles, vous n'avez pas procédé selon nos règles, alors nous ne vous donnerons que la moitié de l'argent ». Cela signifie que je n'ai pas l'argent nécessaire pour payer mes intrants.
L'an dernier encore, nous avons été paralysés dans mon coin de pays après deux ans de sécheresse; l'argent est un luxe dont nous ne disposons pas. Il n'est même pas possible pour nous d'aller à la banque et de parler de marges de crédit: ces gens-là nous rient au nez lorsque nous leur disons que nous allons recevoir un certain montant du PCSRA. Ils savent bien que cet argent ne viendra jamais.
Les marges de crédit et les mouvements de fonds sont nuls. Lorsque je vais voir mes fournisseurs pour faire porter quelque chose à mon compte, ils refusent en disant qu'il y a encore 1, 2 ou 3 millions de dollars d'achats en souffrance. Que ceux qui croient que 2003 a été une année difficile attendent de voir les chiffres pour 2004 et 2005. Les choses ne font que s'aggraver. Nous devons faire quelque chose tout de suite, pas en juillet prochain quand les rapports seront déposés et pas en janvier prochain quand les producteurs de grains recevront enfin de l'argent du PCSRA. Il faut commencer dès aujourd'hui. Nous pourrions avancer des fonds. Peu importe la méthode, il faut agir.
Nous discutons d'un programme complètement différent qui serait fondé sur les moyennes décennales et qui tiendrait compte des coûts de production, de la valeur marchande des produits et de différents aspects des programmes qui ont déjà fonctionné, mais la volonté politique et les fonds n'ont jamais été à la hauteur pour que ce programme soit mis en branle.
On a dit plus tôt aujourd'hui, et je l'ai répété à maintes reprises, que l'agriculture fournit de 250 000 à 300 000 emplois au pays. L'effet d'entraînement est incroyable. Nous l'avons vu avec la crise de l'ESB.
Il y a un moment, le ministre nous a signalé avec enthousiasme, en réponse à une question, qu'environ 115 millions de dollars avaient été versés aux producteurs de bétail. C'est beaucoup d'argent. L'industrie a perdu 2 milliards de dollars. Une contribution de 5 p. 100 ne suffira pas. Les besoins ne seront pas comblés. L'argent était disponible. Nous l'avons entendu annonce après annonce. Les libéraux ont un « A » pour les annonces et un « D » pour l'exécution, ce qui laisse à désirer, quelles que soient les normes qu'on applique.
Ils ne changent rien. Ils disent qu'ils vont s'occuper de ceci et de cela, qu'ils effectueront une étude et examineront la question. Les gens font faillite pendant qu'ils tergiversent. Ils doivent lancer le processus hier. Nous ne pouvons pas attendre.
Les producteurs sont engagés sur une pente très glissante. Nous livrons concurrence sur un marché international. L'Union européenne parle de rétablir les subventions et le ministre dit que ce n'est pas juste. Tout le monde sait cela.
Une voix: Que faites-vous à ce sujet?
M. Gerry Ritz: Que fera le gouvernement à ce sujet? Voilà la question.
Notre marché pourrait être ouvert ou non le 7 mars. Mike Johanns, le nouveau secrétaire américain à l'Agriculture, témoigne en ce moment devant un comité sénatorial pour appuyer l'ouverture de la frontière. Où est l'appui du Canada? Nous sommes ceux qui payons le prix et nous comptons sur lui pour nous défendre. Nous avons des alliés là-bas que nous n'utilisons même pas. Nous restons ici rongés par l'inquiétude en nous disant: « Bon sang, espérons que cette frontière s'ouvre. »
Où se trouve la capacité de transformation dont nous avons besoin, particulièrement pour les animaux de réforme, et la réserve pour les pertes sur prêts? Il faut faire faillite pour récupérer 40 p. 100. Ce n'est pas cela qui va stimuler le secteur de la transformation.
Le gouvernement a fait des annonces et promis de l'argent qu'il n'a pas l'intention de donner. C'est la pire des hypocrisies. Les agriculteurs avaient confiance et espoir. Ils n'ont plus confiance dans le gouvernement et perdent rapidement espoir.
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Monsieur le Président, je voudrais exprimer ma satisfaction à l'égard du bon travail qu'effectue mon collègue de Battlefords—Lloydminster et des arguments qu'il a formulés ici. Non seulement le Parti de l'Alliance réformiste a-t-il tenu à l'époque une série d'assemblées publiques dans tout le pays, mais le Comité de l'agriculture a fait de même au cours de la dernière législature. Nous avons déposé un rapport que nous estimions équilibré. Il avait l'appui de tous les partis. Ce rapport proposait un certain nombre de solutions aux problèmes de l'agriculture. Nous n'avons plus rien entendu à ce sujet. Ce rapport a été jeté dans un tiroir quelque part.
Ce matin, j'ai eu une autre déception. Je ne suis à Ottawa que depuis 2000, mais il y a déjà eu trois ministres de l'Agriculture. Apparemment, on ne sait trop pourquoi, les libéraux pensent qu'ils impressionnent plus les agriculteurs en faisant toujours plus de tapage et en remuant toujours plus d'air. Ils ne comprennent pas que cela n'impressionne pas les agriculteurs. C'est la production qui les impressionne, et il n'y en a pas du côté du gouvernement.
Il y a vingt minutes, j'ai parlé au téléphone à un producteur qui m'avait appelé au sujet du PCSRA. Il était vraiment hors de lui. Il a dit qu'il avait envoyé sa demande et versé beaucoup d'argent à un comptable pour que la demande soit faite correctement. Il l'a envoyée et elle lui a été renvoyée. Il m'a dit qu'il y manquait un tiers du versement qui aurait dû y figurer.
Il m'a expliqué la situation. Ceux qui reçoivent les demandes ont regardé certains chèques. La Commission canadienne du blé fait des versements provisoires et définitifs, et ils ont confondu les deux. Les versements définitifs auraient dû être pris en considération, et il les avait inclus. Il avait donné une explication à ce sujet. Ils ont renvoyé sa demandé et lui ont dit qu'ils ne s'appliquaient pas.
Le producteur a dit que tout était en ordre. Le comptable avait vérifié que tout était en ordre. Ils lui ont envoyé un chèque pour un montant inférieur à la somme prévue. Il a dit à quel point c'était frustrant. Il a dit que, lorsqu'il appelle et essaie de parler à quelqu'un au sujet de ce programme, il a chaque fois une personne différente au bout du fil. Personne en particulier ne travaille sur tel ou tel dossier. Et ce n'est pas tout: ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ils ne comprennent rien à l'agriculture.
Il a demandé quand ils pourraient se pencher sur ce problème, mais ils n'ont pas de date butoir pour faire ce qu'ils veulent faire. Il a dit qu'il était très difficile d'avoir l'heure juste sur l'application de ce programme.
Ce programme est en cours de développement depuis trois ans. Si le gouvernement était honnête à ce sujet, nous devrions avoir la possibilité de l'examiner. Quand cette question a été soulevée au Comité de l'agriculture, on nous a dit que cet examen commencerait l'été prochain et que, selon les lignes directrices du programme, nous devrions y participer. Le programme n'est même pas encore au point. Il cause beaucoup de difficultés.
Les producteurs m'appellent pour me dire qu'ils ont fait parvenir leurs dépôts et leurs demandes, mais qu'ils n'ont rien reçu en retour, alors qu'un de leurs voisins, qui n'a même pas versé son dépôt, a déjà reçu un chèque du programme.
Certains ont déjà déboursé jusqu'à 4 000 $ en honoraires de comptables pour essayer d'éclaircir la procédure d'inscription à ce programme tordu et complexe. Comme je l'ai déjà dit, certains fonctionnaires ne le comprennent même pas. Les agriculteurs sont enlisés dans une bourbier bureaucratique. Ils attendent leur argent. Le programme est censé distribuer l'argent, mais rien n'en sort.
Comme notre porte-parole en matière d'agriculture, la députée de Haldimand—Norfolk, l'a si bien dit ce matin, les agriculteurs ne devraient pas être obligés de se battre contre leur propre gouvernement. Depuis le début de ce programme, c'est pourtant ce qu'ils doivent faire. Comme mon collègue vient de le dire, ce programme comporte de graves lacunes et nous le savions depuis le début. Le gouvernement refuse d'écouter ceux qui le lui disent.
Honnêtement, je ne pense pas que l'abolition de l'obligation pour les producteurs de verser un dépôt, telle que nous l'avons demandée aujourd'hui, suffise en soi à corriger ce programme. Pour les agriculteurs qui ne sont pas admissibles, cela ne change pas les critères d'exclusion, même si un grand nombre d'entre eux devraient justement être admissibles.
Le PCSRA n'est pas le seul problème que connaissent ces agriculteurs. Comme nous l'avons dit plus tôt, l'ESB est aussi un problème. Le gouvernement n'a pas trouvé de solutions pour venir en aide aux producteurs. Notamment, il n'a pas réussi à trouver une solution avec les États-Unis.
Le ministre affirme avoir participé à des douzaines de réunions et avoir discuté longuement avec les Américains. Les producteurs canadiens ne sont pas au courant. Le gouvernement libéral n'a médiatisé aucune de ses activités à Washington.
D'ailleurs, c'est au moment où R-CALF a obtenu sa première injonction que le gouvernement a commis sa première bévue. Il n'a même pas réagi. Chose intéressante, R-CALF aurait réussi à obtenir une audience pour l'injonction au début de mars. Il serait intéressant de voir si le gouvernement envisage même d'y participer afin de voir ce qui se passe, s'il a l'intention de faire une demande et de défendre les intérêts des producteurs de l'ouest, en particulier, et des producteurs canadiens, en général.
Nous sommes impuissants en ce qui concerne la frontière, et non seulement à propos de l'ESB; notre impuissance s'est manifestée ailleurs. J'aimerais apporter une différente dimension à la question.
Pas plus tard que la semaine dernière, l'Union européenne a annoncé qu'elle envisageait de subventionner ses exportations de grain. C'est la première fois en deux ans que l'Union européenne autorise des subventions à l'exportation. La dernière fois, c'était en 2002. L'Union européenne avait subventionné 10 millions de tonnes de blé à environ 11 euros la tonne. Sauf erreur, il s'agit d'environ 17 $ la tonne.
À nouveau, des négociants sont invités à présenter des soumissions pour deux millions de tonnes qui pourront faire l'objet de subventions à l'exportation. J'ignore si quelqu'un d'autre a entendu le gouvernement réagir à cette annonce; personnellement, je n'ai rien entendu. Encore une fois, dans le domaine des échanges commerciaux, le gouvernement ne fait pas son travail.
Selon l'Union Kingdom Home-Grown Cereals Authority, l'UE agit ainsi parce que le blé en provenance de l'Ukraine et de certains pays de l'ex-Union soviétique était vendu en Afrique du Nord à des prix inférieurs de 10 ou de 15 $ aux prix mondiaux estimés.
Mais le gouvernement ne réagit jamais à de telles situations. Je ne vois aucune raison justifiant que l'Union européenne s'en tire ainsi. Si elle produit de façon excédentaire et si, en plus, elle est autorisée à subventionner de telles ventes, cela ne fait que susciter l'accroissement de la production. Le problème se trouve ainsi aggravé et non pas atténué. Que fait notre gouvernement à ce sujet? Il est muet, comme d'habitude. Pourquoi ne réagit-il pas?
Voyons maintenant comment fonctionne l'octroi de subventions aux États-Unis. Il y a environ un mois, on y a publié un rapport énumérant les organismes les plus subventionnés par les contribuables américains. En 2003, ceux-ci ont accordé 16,4 milliards de dollars en subventions directes aux agriculteurs. Il s'est agi là d'une augmentation de 27 p. 100 par rapport à 2002. Là encore, nos agriculteurs n'ont droit à rien de comparable.
J'aimerais maintenant souligner certaines des entreprises bénéficiaires de ces subventions; c'est important pour nous aider à comprendre. Riceland Foods, de Stuttgart, en Arkansas, le plus gros producteur de riz aux États-Unis, a reçu presque 70 millions de dollars en subventions. Rice Mill, le deuxième producteur, a reçu 51 millions de dollars. Farmers' Rice Co-op s'est vu accorder 17 millions de dollars. Pilgrim's Pride, le plus gros producteur de volailles de ce pays, a obtenu 11 millions de dollars. Enfin, fait assez intéressant à noter, Ducks Unlimited, la cinquième entreprise de la liste, authentique producteur agricole, s'est vu accorder 7,1 millions de dollars en subventions directes par les contribuables américains.
Le gouvernement reste silencieux devant tous ces faits. La loi agricole américaine contrevient sans cesse aux règles commerciales, mais notre gouvernement jamais ne dénonce ni ne conteste ces pratiques. Nos producteurs attendent toujours d'être protégés. Leur situation est telle qu'ils en sont réduits à réclamer du gouvernement une assistance qu'ils n'obtiennent jamais. Je sais que nos agriculteurs en ont assez de cette situation. Pourquoi le gouvernement se mure-t-il dans le silence?
Je suis heureux que l'opposition ait proposé aujourd'hui de bonnes solutions aux problèmes.
On a dit plus tôt dans cette enceinte que nous avions une proposition en deux volets pour aider à résoudre ces problèmes, mais je pense qu'elle est en trois volets. Notre collègue de Battlefords—Lloydminster a parlé plus tôt de tout le programme d'assurance-production agricole que nous voudrions mettre en oeuvre. C'est le premier volet. C'est un programme d'assurance-production qui serait fondé sur des choses comme la valeur moyenne sur dix ans en tenant compte des coûts de production.
Le deuxième volet serait un programme d'aide en cas de catastrophe. Ce programme a été en fait recommandé par le comité de la Chambre des communes au cours de la dernière législature. Je vois mon collègue d'en face, le député de Miramichi, qui a présidé avec compétence le comité qui a soumis cette recommandation. J'ignore si le député a obtenu une réponse du gouvernement à cette recommandation, mais cela n'a certes pas été notre cas. Nous avons réclamé un fonds d'urgence en cas de catastrophe pour protéger l'agriculture.
Le troisième volet que nous proposons, et ce, depuis des années, c'est l'obligation pour le gouvernement fédéral d'atténuer les pressions commerciales auxquelles les producteurs agricoles sont soumis. C'est une chose importante qui doit être faite, selon nous.
Nous avons soumis trois bonnes suggestions au gouvernement. Le ministre a dit plus tôt qu'il voulait entendre parler d'un processus, mais nous allons proposer des solutions plutôt que de parler d'un processus permettant de régler des problèmes. Tout d'abord, nous proposons un programme d'assurance-production auquel les producteurs peuvent participer. Ensuite, nous recommandons un deuxième niveau d'aide par l'entremise d'un fonds d'urgence en cas de catastrophe. Enfin, il est important que le gouvernement fédéral indemnise les producteurs qui subissent des préjudices commerciaux.
L'agriculture est une industrie absolument essentielle pour le Canada et pour ma circonscription. Je suis heureux de voir que nous en discutons aujourd'hui. L'opposition défend une fois de plus les producteurs en essayant d'amener le gouvernement à écouter ce qu'ils ont à dire et en tentant de mettre en place des programmes qui leur seront utiles. Nous essayons également de motiver le gouvernement à agir sur la scène internationale pour qu'il commence à protéger nos producteurs à ce niveau-là aussi.
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Monsieur le Président, je voudrais remercier la députée de Haldimand—Norfolk d'avoir soulevé la question du soutien au secteur agricole. Cela me donne l'occasion d'intervenir de nouveau pour résumer les programmes et l'aide que le gouvernement a dispensés à l'intention des agriculteurs du Canada.
La circonscription que je représente dans le nord de l'Ontario est un peu agricole, mais pas autant que celles du sud de l'Ontario ou de l'Ouest canadien; l'agriculture y joue néanmoins un rôle important. Dans l'île Manitoulin, dans la région de Thessalon, sur la rive nord et même dans le secteur de la route 11 compris entre Smooth Rock Falls, Kapuskasing et Hearst, il y a des éleveurs de bovins et certains producteurs laitiers. La région de la ceinture d'argile dans le nord de l'Ontario, d'où proviennent certains de nos dirigeants agricoles tant de l'Ontario que du Canada, est très productive. Là-bas, comme partout ailleurs au Canada, les agriculteurs s'inquiètent de leur avenir. Ils sont préoccupés par les subventions américaines et européennes. Ils craignent les désastres, comme tout un chacun, quel que soit le secteur d'activité où il évolue. Ils s'inquiètent de l'avenir de leur exploitation agricole familiale et de ce qu'ils légueront.
Le gouvernement est absolument déterminé à créer un climat qui permettra à nos producteurs de bien gagner leur vie. C'est une priorité. Voilà pourquoi nous avons aidé les agriculteurs, ces dernières années, en leur accordant une aide gouvernementale sans précédent. Le gouvernement a consenti un montant record de 4,8 milliards de dollars aux producteurs agricoles en 2003 et, même si tous les chèques n'ont pas encore été émis, les paiements versés par le gouvernement ont atteint 3 milliards de dollars pour 2004.
Les députés d'en face veulent parler du PCSRA. Pourquoi pas? Jusqu'à maintenant, plus de 31 000 producteurs ont reçu plus de 563 millions de dollars pour l'année 2003 du programme. Un montant supplémentaire de près de 152 millions de dollars a été versé sous forme de paiements provisoires, et environ 150 millions de dollars en avances spéciales aux producteurs bovins ont été versés à plus de 25 000 d'entre eux pour l'année 2004 du programme.
Pourquoi, toutefois, se limiter au PCSRA? Voyons les autres programmes et paiements que le gouvernement a dispensés à l'intention des producteurs ces dernières années. Le PCSRA n'est qu'un exemple de l'engagement du gouvernement à l'égard du monde agricole, des exploitations agricoles familiales et de l'évolution adéquate et durable de l'agriculture au Canada.
Le gouvernement a pris des mesures énergiques pour aider les éleveurs de ruminants à faire face à la crise de l'ESB. En mars dernier, le premier ministre annonçait qu'une aide se chiffrant à près d'un milliard de dollars serait fournie, et ce pour la seule année 2004.
Je tiens à féliciter le ministre pour le soutien incroyable qu'il apporte à l'agriculture, pour sa volonté d'aider les agriculteurs et les organismes agricoles chaque fois que c'est possible, pour son ouverture et sa franchise relativement aux défis et aux difficultés qui confrontent l'industrie, et pour son message portant que le gouvernement se soucie de ce secteur et qu'il prendra les décisions qui s'imposent, au fur et à mesure que des problèmes surgiront.
En septembre, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a annoncé une nouvelle stratégie de 488 millions de dollars pour repositionner l'industrie du boeuf et du bétail au Canada en aidant les producteurs à faire face à leurs problèmes de liquidités et de flux de trésorerie et en élargissant l'accès aux marchés d'exportation du boeuf.
Les députés d'en face aiment se plaindre, mais ils devraient écouter ce que les gens de cette industrie ont dit au sujet du programme.
La première citation est une déclaration de Stan Eby, président de la Canadian Cattlemen's Association. Celui-ci a dit:
La stratégie en quatre points annoncée aujourd'hui [par le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire] correspond étroitement à nos propositions [...] Cette mesure témoigne d'un engagement solide d'appliquer un plan d'ensemble à long terme qui tienne compte de la nouvelle stratégie qui a été adoptée pour l'industrie et proposée par la CCA [...]
À mon avis, c'est là un appui très fort à notre programme et à nos efforts, par le groupe même que nous nous efforçons d'aider.
Qu'est-ce que la Fédération canadienne de l'agriculture qui, soit dit en passant, est la plus grande organisation agricole au pays, a pensé de la stratégie de repositionnement de notre industrie bovine? On peut lire dans un communiqué de presse de la FCA, qu'elle:
[...] félicite le gouvernement fédéral d'avoir écouté les groupes de l'industrie et d'avoir reconnu le besoin de mettre en place immédiatement une stratégie pour appuyer l'industrie des bovins et des ruminants [...]
Bob Friesen, président de la FCA, a dit:
Nous sommes très encouragés d'entendre [de la part du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire] qu'un engagement a été pris afin de continuer à travailler de concert avec l'industrie pour assurer l'efficacité de ces programmes et, au besoin, apporter les correctifs nécessaires.
Il semble que nous soyons sur la bonne voie. Voyons quelques autres programmes.
Voyons le Programme d'aide transitoire à l'industrie, le PATI. En vertu de ce programme, le gouvernement fédéral a versé plus de 830 millions de dollars aux producteurs, la majeure partie de cette somme au cours de l'année 2004. Près de 600 millions de dollars ont été versés en paiements directs pour le bétail et près de 230 millions de dollars ont été versés en paiements généraux.
Qu'en est-il du programme relatif aux animaux de réforme? Le gouvernement fédéral a versé plus de 106 millions de dollars aux producteurs, dont la majeure partie encore une fois en 2004. Il y a ensuite les paiements au titre de l'assurance-production. Selon nos estimations, le total des indemnités pour la campagne agricole de 2004 va dépasser 734 millions de dollars. En 2003, les producteurs ont reçu plus de 1,7 milliard de dollars en indemnités.
Je ne veux pas citer une longue série de chiffres et de faits, ce serait un peu aride et nous pourrions perdre de vue le fait que nous parlons d'êtres humains, de familles et des collectivités où ils vivent. Comme le ministre de l'Agriculture nous le rappelle souvent, l'agriculture c'est d'abord et avant tout des gens. Ce sont des hommes, des femmes, leurs familles et les gens qui vivent dans les collectivités qui les soutiennent. L'agriculture, ce sont aussi les Canadiens qui dépendent de ce que font et de ce que produisent les agriculteurs. Cela inclut indéniablement des milliers de petites entreprises.
Par conséquent, il est essentiel que nous comprenions ce que veulent les producteurs, pourquoi ils pensent ce qu'ils pensent de certains programmes, et nous devrions répondre à leurs préoccupations. Parfois, cela veut dire renoncer à nos anciennes façons de faire les choses et c'est ce que le gouvernement a fait.
Le PCSRA en est un exemple. Pour la première fois, les agriculteurs canadiens disposent d'un programme permanent et stable qui les couvre en cas de catastrophe et qui est fondé sur les besoins. Les provinces, les territoires et les intervenants ont tous participé à l'élaboration du PCSRA. Ce programme est-il parfait? Non, pas encore. Peut-être ne le sera-t-il jamais, mais, en tant que gouvernement, nous voulons continuer sans cesse de l'améliorer pour les agriculteurs à qui il s'adresse. C'est que nous essayons de faire. Depuis sa création, le programme a été amélioré, notamment par la simplification des exigences rattachées aux dépôts, par l'augmentation du maximum des paiements, par la couverture de la marge négative et par l'établissement d'un lien avec l'assurance-production. Le programme est beaucoup mieux que ce qu'il était au moment de sa création et, de plus, son budget a été augmenté. Nous continuons de l'améliorer.
Nous nous sommes engagés envers nos agriculteurs à trouver des solutions efficaces. Si nos programmes ne servent pas leurs intérêts, nous allons les revoir. Nous allons les examiner en collaboration et en consultation avec les provinces et avec les intervenants. Comme le dit le ministre, la collaboration entre les instances fédérale, provinciales et l'industrie constitue le trépied sur lequel repose le succès. Si une des pattes fait défaut, le trépied s'écroule.
Nous réagissons fermement aux pressions immédiates, comme en fait foi l'élaboration de notre programme visant l'ESB, mais nous poursuivons aussi la mise en oeuvre d'une vision et d'une stratégie gouvernementale visant la rentabilité et la durabilité à long terme du secteur agricole et agroalimentaire, au moyen d'une stratégie nationale entièrement intégrée entre les paliers fédéral et provincial et l'industrie.
Notre feuille de route est explicite. Nous avons fourni un montant d'aide record pour faire face à une crise agricole sans précédent. Dans le passé, nous avons aidé les agriculteurs canadiens, nous le faisons encore aujourd'hui et nous continuerons certainement de le faire dans l'avenir.
À Whitehorse, en juin 2001, les ministres de l'Agriculture du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires ont convenu d'un nouveau cadre stratégique en matière d'agriculture. Ce cadre a pour objet d'aider notre secteur agricole et agroalimentaire à soutenir efficacement les pressions liées aux activités agricoles dans le contexte du XXIe siècle, et d'en assurer la rentabilité et la prospérité.
Le cadre stratégique en matière d'agriculture contribue à éloigner notre secteur agricole et agroalimentaire d'un cycle de gestion de crise et à faire du Canada un chef de file mondial au chapitre de la production de produits agroalimentaires variés, sûrs, novateurs et de haute qualité, dans un contexte de durabilité environnementale. Ce cadre stratégique est également suffisamment souple pour qu'il soit possible de modifier les politiques au besoin, de façon que le secteur s'adapte aux nouveaux défis et saisisse les occasions d'affaires qu'offre l'économie du XXIe siècle, de plus en plus axée sur le savoir. Rappelons-nous que ce cadre vise à répondre aux besoins des agriculteurs.
Les crises comme celles de l'ESB et de la grippe aviaire ont démontré toute l'efficacité du CSA. Grâce au CSA, Agriculture et Agroalimentaire Canada, en collaboration avec ses partenaires provinciaux et territoriaux et l'industrie, a été en mesure de réagir à ces crises de façon rapide, coordonnée et efficace.
Il est important de noter que nous devrions aborder les défis agricoles de la même façon que nous devrions nous attaquer aux problèmes du pays, dans un contexte plus large, avec planification et cohérence. Grâce au CSA, nous pouvons promouvoir les intérêts de nos communautés agricoles et de nos producteurs et de leurs familles d'un océan à l'autre.
Je ne saurais trop insister sur l'importance du Cadre stratégique pour l'agriculture. Notre secteur agricole et agroalimentaire est l'un des moteurs de l'économie canadienne. Il s'agit en fait du cinquième secteur économique en importance et d'un secteur qui influe de façon marquée sur le produit intérieur brut. Un emploi sur huit relève de ce secteur au Canada. Il contribue également à la qualité de vie de tous les Canadiens tout en assurant la bonne gérance de l'environnement.
Le secteur agricole génère environ 130 milliards de dollars de ventes chaque année, dont 30 milliards de dollars d'exportations, ce qui ajoute en moyenne 7 milliards de dollars à la balance des paiements du Canada. Le Canada, avec sa population d'un peu plus de 30 millions d'habitants, se classe au quatrième rang mondial sur le plan des exportations dans le domaine de l'agriculture et de l'agroalimentaire, derrière les États-Unis, l'Union européenne et le Brésil. Il s'agit d'un secteur qui mérite qu'on lui consacre temps, argent et attention.
Une somme sans précédent de 5,2 milliards de dollars a été engagée afin de veiller à ce que le Cadre stratégique pour l'agriculture soit un succès. Grâce à cet investissement, les cinq éléments du CSA, soit la gestion des risques d'exploitation, la salubrité et la qualité des aliments, l'environnement, le renouveau, la science et l'innovation, se sont concrétisés par le truchement de programmes mis en oeuvre partout au Canada, et nous pouvons être fiers des résultatsobtenus.
Il ne faut pas sous-estimer la nature mondiale de l'agriculture. Pour cette raison, le CSA comprend, en plus des cinq éléments que j'ai mentionnés plus tôt, une composante internationale permettant d'aborder les questions de marchés mondiaux et de commerce.
Depuis trois ans, nous réussissons dans une large mesure à atteindre nos objectifs dans notre secteur agricole et agroalimentaire. Nous redéfinissons les programmes de gestion des risques de l'entreprise pour nous assurer que nos agriculteurs demeurent solvables et que nos deniers publics sont utilisés de façon judicieuse. Nous nous assurons également que les agriculteurs et les familles agricoles sont toujours à la fine pointe de la technologie dans leurs méthodes agricoles. Enfin, nous veillons à relever le défi des progrès scientifiques qui font entrer ce secteur dans une nouvelle ère. En fait, nous déployons d'énormes efforts pour créer un secteur qui est un chef de file de l'agriculture mondiale. Comme toujours, ce travail est effectué de concert avec nos homologues provinciaux et avec les intervenants de l'industrie afin qu'ensemble, nous puissions établir pour l'avenir un secteur agricole et agroalimentaire rentable et stable. Ce travail va se poursuivre. Le monde est en évolution et l'agriculture doit également évoluer.
Dans un avenir réaliste, au cours des trois prochaines années, Agriculture et Agroalimentaire Canada continuera de mettre à profit ses expériences jusqu'à maintenant de la mise en oeuvre du Cadre stratégique pour l'agriculture pour améliorer les politiques et les programmes reliés à ce cadre.
Le secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire réussit fort bien. Il joue un rôle important dans la société canadienne et il contribue énormément à la qualité de vie de tous les Canadiens. Sa réputation dans le monde entier est de contribuer à la sécurité de nos approvisionnements alimentaires et de répondre aux attentes des consommateurs au sujet de la salubrité des aliments, de la qualité des denrées et du respect des normes environnementales. Les producteurs canadiens offrent les produits les meilleurs et les plus sûrs du monde.
Le secteur est soumis à des pressions reliées à un éventail de risques naturels. J'ai mentionné l'ESB et la grippe aviaire. Les conditions du marché et la complexité du système commercial créent des pressions supplémentaires. Face à de telles pressions, notre secteur demeure solide, car les producteurs canadiens ont recours à des méthodes garantes d'une exploitation durable et le gouvernement est bien décidé à offrir, par l'entremise du Cadre stratégique pour l'agriculture, un climat favorable à la stabilité et au succès de ce secteur.
Le Cadre stratégique pour l'agriculture a été élaboré par les gouvernements et l'industrie pour permettre de relever les défis sans précédent auxquels l'industrie était soumise. C'est exactement ce qu'il fait et continuera de faire. Ces défis sont difficiles, mais pas insurmontables. La clé du succès réside dans un engagement continu de la part des producteurs et du gouvernement à l'égard du bon fonctionnement de ce cadre. Cet engagement est ressorti tout récemment des rencontres que notre collègue, le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, a eues avec les agriculteurs dans tout le pays. Il faut ajouter à cela les grands efforts que notre ministre déploie également avec les intervenants pour garantir le meilleur niveau de coopération possible à l'avenir.
Nous pouvons sans aucun doute compter avec confiance sur un secteur canadien de l'agriculture et de l'agroalimentaire solide et dynamique dans le futur.
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Monsieur le Président, le député a demandé comment le gouvernement a l'intention de régler cette question. Il a soulevé divers aspects et je considère qu'il m'autorise à les commenter tous.
Je signale au député qu'il y a effectivement des agriculteurs dans ma circonscription, comme je l'ai dit d'entrée de jeu. Peut-être mon vis-à-vis était-il en coulisse ou devant le téléviseur. Dans ma circonscription du Nord de l'Ontario, il y a des producteurs laitiers, un petit nombre d'aviculteurs et un nombre assez considérable d'éleveurs de bovins. Pour ce qui est de mon discours, je serais tout à fait à l'aise de faire les mêmes commentaires devant une assemblée dans ma circonscription, n'en déplaise à mon collègue.
C'est peut-être le fait de se faire rappeler certaines vérités qui indispose. En effet, si je pense à mes campagnes électorales de 1993, 1997 et 2000 et aux programmes successifs des réformistes, des alliancistes, et plus tard des conservateurs, j'ai pu constater que l'idée de faire quoi que ce soit pour soutenir les collectivités horripilait le ou les partis de droite du pays. Nous parlons d'un parti qui s'oppose à la gestion de l'offre. Pour ma part...
Une voix: Ce n'est pas le cas.
M. Brent St. Denis: Je peux montrer aux députés des déclarations où il est écrit noir sur blanc que les conservateurs, autrefois alliancistes et auparavant réformistes, annuleraient les programmes de développement économique régional au Canada. Or, ce sont des programmes utiles pour les régions rurales, et notamment pour nos collectivités agricoles.
Je sais que FedNor dans le Nord de l'Ontario--de fait, le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire était le ministre responsable de FedNor à ce moment--appuyait les fédérations agricoles d'Algoma et de Manitoulin dans des travaux de recherche sur l'état de l'agriculture à l'avenir. Les agriculteurs ont pu faire une bonne planification grâce aux excellentes recherches qui ont été faites.
En fait, le Nord de l'Ontario, comme je l'ai déjà dit, a produit un nombre disproportionné de leaders dans le secteur agricole canadien. Pensons à Ron Bonnett, l'actuel président de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, l'ancien président de la FCA, qui est aussi originaire de la région du Clay Belt dans le Nord de l'Ontario, et bien d'autres.
En tant que gouvernement, nous comprenons que l'agriculture fait partie intégrante du Canada rural. Je soulignerai qu'à mon avis la vérité choque: nous sommes intervenus de façon importante. Notre ministre, son secrétaire parlementaire et son équipe, ainsi que tout le gouvernement et le premier ministre, côte à côte, ont pris le temps d'essayer de comprendre et de regarder vers l'avenir. Nous devons cesser de passer de crise en crise. Les agriculteurs savent que ce n'est pas une façon de vivre, ce n'est pas une bonne façon de vivre et de vivre heureux.
Nous devons agir par rapport aux niveaux des subventions accordées aux États-Unis. J'espère que les conservateurs, qui estiment que leur position correspond tellement bien à celle de leurs homologues américains, pourront au moins faire semblant d'avoir un peu d'influence sur ces conservateurs du sud de la frontière, et leur faire un peu lâcher prise, afin d'apporter un peu de bon sens à l'approche américaine en matière d'agriculture. Il y a une telle balkanisation aux États-Unis, un tel esprit de clocher, que le système est presque dysfonctionnel. Il est très politisé. Au moins dans notre pays, il ne l'est pas. Au moins dans notre pays, nous réagissons aux vrais défis qui se posent au secteur agricole.
Des pressions incroyables sont exercées sur les États-Unis pour qu'ils fassent quelque chose au sujet des subventions. En fait, lorsque des gens envoient des troupes en Irak et dépensent des centaines de milliards de dollars en disant qu'ils agissent pour le mieux en Irak, la conséquence inévitable est qu'ils devront faire quelque chose au sujet de leur propre déficit budgétaire, qui tourne autour de quatre cent milliards de dollars chaque année, et cela pourrait entraîner indirectement une diminution des subventions aux États-Unis. Je suppose donc que, ne fût-ce qu'à cet égard, l'administration américaine a droit à nos remerciements; elle sera peut-être obligée de faire quelque chose au sujet des subventions agricoles en raison des sommes gaspillées pour une guerre inutile en Irak.
Je dirai en terminant que je suis très fier de ce qu'a accompli le gouvernement pour soutenir l'agriculture. Nul gouvernement n'est parfait, mais je peux dire que nous sommes déterminés, et que le ministre est déterminé, chaque jour, chaque semaine et pour chaque problème, à améliorer l'action du gouvernement et l'intervention du Canada ainsi que l'appui qu'il donne à l'agriculture canadienne.
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Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député de Lethbridge.
Je voudrais remercier le chef de l'opposition officielle de nous avoir donné l'occasion de débattre de l'agriculture, un sujet trop souvent éclipsé par le badinage auquel nous nous livrons à la Chambre au fil de nos discours. Les nombreux dossiers dont nous débattons nous font souvent perdre de vue l'importance de l'agriculture au Canada. Je voudrais remercier notre porte-parole en matière d'agriculture d'avoir présenté la motion grâce à laquelle nous pouvons débattre du PCSRA, un programme qui sert mal les producteurs du pays.
Je suis agriculteur. L'économie de la circonscription que je représente repose sur l'agriculture. Mon bureau de député a reçu un déluge de plaintes. Les producteurs cherchent des solutions aux problèmes qu'ils éprouvent concernant le PCSRA. Depuis l'annonce du programme, il n'y a eu que des retards. Les gens attendent encore leurs avances de 2003.
En parlant avec les administrateurs du programme, nous avons appris qu'au départ, on espérait que les demandes seraient traitées dans un délai de 60 jours. Puis, ce délai est passé à 90 jours. Maintenant, nous entendons dire que le délai est plutôt de 120 jours, si tout va bien. S'il y a des problèmes, par exemple des questions qui subsistent ou des données qui ne correspondent pas à celles qui figurent sur la déclaration de revenus du producteur, le délai est encore plus long. C'est totalement inadmissible.
Les producteurs sont extrêmement frustrés par le programme. Lorsqu'ils parlent au téléphone aux gens du PCSRA, ils obtiennent continuellement des réponses qui varient d'une fois à l'autre. L'absence d'information fiable crée tellement de confusion que les producteurs ne savent plus à quel saint se vouer. Et d'un producteur à l'autre, les problèmes rencontrés dans leurs conversations téléphoniques avec les gens du PCSRA sont les mêmes. Il n'y a pas de cohérence, ce qui fait que le programme ne marche pas. Il est dysfonctionnel.
L'autre plainte que nous entendons est que la marche à suivre est trop compliquée. Il faut pouvoir compter sur les conseils d'un expert en comptabilité pour remplir les formulaires. Les producteurs paient des comptables pour faire leurs demandes au PCSRA. Les frais varient entre 500 et 2000 dollars, selon la taille de l'exploitation, argent qu'il aurait mieux fallu laisser entre les mains des agriculteurs. Le programme ne devrait plus s'appeler le PCSRA, mais bien le PSRCA, c'est-à-dire le programme de stabilisation du revenu des comptables agréés. Les comptables sont très bien servis par ce programme.
Parallèlement, il en coûte beaucoup d'argent au gouvernement pour administrer le programme, parce que le traitement des demandes est très long et parce que cela nécessite des administrateurs supplémentaires, parce que cela exerce une ponction sur le budget du programme. Il aurait été plus efficace de se servir de cet argent pour répondre aux besoins des producteurs.
L'autre problème dont nous entendons parler concerne les évaluations des stocks. Les stocks sont fixés à la fin de l'année en vertu d'une norme très rigide qui ne traduit pas leur valeur réelle dans l'exploitation agricole. Je connais des producteurs qui ont du bétail, dont la valeur réglementée ne correspond pas à la valeur réelle. Certains de ces chiffres nous ont même causé des problèmes.
En voici un exemple: à la fin de l'année, les prix des bouvillons et des génisses pour 2003 étaient mêlés. Le prix des génisses s'établissait à celui des bouvillons et le prix des bouvillons était tombé à celui des génisses, et cela a semé la confusion dans les évaluations des bêtes de la catégorie des 800 livres. Cela a créé tout un problème. Au moins, on a reconnu son existence, mais il avait déjà eu des effets pour beaucoup de producteurs et s'ils ne s'apercevaient de l'écart, ils y perdaient au change.
Des complications se posent aussi pour les producteurs qui ont des fins d'exercice qui ne coïncident pas avec l'année civile. Si leur fin d'exercice survient au milieu de la campagne agricole, les récoltes rentrées et les cultures sur pied provoquent encore une fois la confusion dans les inventaires. Cela occasionne vraiment de grandes difficultés aux producteurs, particulièrement quand les agriculteurs ont leurs bovins au pâturage et que les génisses se nourrissent à l'herbe et, encore une fois, lorsqu'ils n'ont pas une évaluation fidèle de la façon dont ces inventaires fonctionnent.
Nous sommes ici pour parler de l'abolition du programme de dépôt, ce qui est plein de bon sens. Depuis l'annonce du programme, les exigences en matière de dépôt et les règles changent sans arrêt. Tout d'abord, les producteurs devaient avancer l'argent tout de suite. Ils pouvaient prendre leurs fonds dans le CSRN et les transférer pour que le montant corresponde au dépôt qu'ils ont versé au titre du PCSRA. Puis, on leur a dit qu'il suffisait qu'ils versent le tiers et on leur reverserait les deux tiers. Ces règles ont changé sans cesse.
La façon la plus aisée de procéder, surtout dans le cas de personnes qui ont versé des fonds du CSRN et qui souhaitent récupérer cet argent pour payer leurs impôts à la fin de l'année lorsqu'elles ont reçu le remboursement des deux tiers, est d'annuler complètement l'obligation de verser un dépôt. Rendons les choses beaucoup plus simples.
Les producteurs devraient pouvoir garder cet argent. Il n'est pas du tout à leur avantage que ces fonds soient versés au compte du PCSRA. Compte tenu des besoins actuels criants dans le secteur de l'agriculture, je suis d'avis que nous devons laisser cet argent aux producteurs, ce qui les aiderait à payer certaines factures, à acheter des semences, à investir pour les récoltes à venir, à acheter des engrais et du carburant et à se préparer pour l'an prochain.
Il n'y a pas que l'opposition qui est de cet avis. Les Keystone Agricultural Producers ainsi que le président de la Fédération canadienne de l'agriculture ont également annoncé qu'ils aimeraient qu'on élimine ces dépôts. Compte tenu de la situation actuelle dans le domaine agricole, cela n'est pas très logique.
Le chef de l'opposition a dit entre autres aujourd'hui que la partie du PCSRA qui porte sur l'aide en cas de catastrophe n'aurait pas dû adopter une approche agricole globale. Ce programme devait permettre d'étaler les revenus selon la situation globale. Dans les cas de catastrophes comme l'ESB ou une importante chute des prix des produits agricoles en raison de sanctions commerciales, nous devons traiter ces problèmes à part et ne pas les inclure dans le PCSRA. Le processus est trop lent. Les producteurs ont besoin d'aide tout de suite. Les programmes d'aide devraient constituer un troisième niveau et ils devraient être offerts par le gouvernement à l'appui de l'industrie. C'est une chose à laquelle nous croyons fermement.
Je me rends compte qu'au moment où on ne savait trop comment indemniser les victimes de l'ESB, l'industrie avait conseillé au gouvernement d'avoir recours au PCSRA. À titre de membre de la Canadian Cattlemen's Association et de producteur, je suis réellement déçu que cette recommandation ait été faite. C'était vraiment une erreur de planification.
Je sais bien que le ministre de l'Agriculture n'est en poste que depuis sept mois et qu'il a hérité de ce dossier de ses prédécesseurs. Toutefois, il a le pouvoir d'apporter les changements nécessaires pour mettre en oeuvre un programme qui permettrait d'appuyer l'industrie agricole et viendrait en aide aux exploitations agricoles familiales. Comme nous l'avons entendu ici aujourd'hui, les exploitations agricoles familiales font face à de graves problèmes.
Ma famille adore l'agriculture. Mes enfants, mon frère et ses enfants veulent tous pratiquer l'agriculture pendant longtemps. Nous devons nous assurer d'élaborer des programmes et de soutenir l'industrie pour qu'elle puisse prendre de l'essor et continuer de faire notre fierté. Notre famille se battra pour que les générations à venir aient cette possibilité. Il est temps que le gouvernement agisse, qu'il prenne le taureau par les cornes, comme on dit, et qu'il apporte les changements nécessaires.
Les fonds et le soutien que le gouvernement a accordés à l'industrie ont suscité de nombreux commentaires. J'ai déjà dit à la Chambre que les pertes que j'ai subies dans mon exploitation agricole en raison de la crise de l'ESB se sont élevées à près de 400 $ par tête de bétail. L'aide que j'ai reçue jusqu'ici du gouvernement s'est chiffrée à 45 $ par tête.
Il s'agit là d'une perte énorme qui n'est aucunement attribuable à des problèmes de gestion ou de marché. Les mesures commerciales ont tout chamboulé à cause d'une vache, bien qu'il y en ait maintenant trois, à cause d'une maladie qui n'est pas forcément évaluée à partir de données scientifiques. J'espère que nous ferons des progrès et que nous prendrons les mesures nécessaires pour que toutes les décisions et toutes les règles qui ont été mises en oeuvre tiennent compte des données scientifiques et du vrai problème causé par l'ESB.
En guise de conclusion, il est fantastique que nous puissions débattre d'un sujet aussi important que l'industrie agricole au Canada aujourd'hui.
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Monsieur le Président, nous sommes ici aujourd'hui pour débattre une motion présentée par l'opposition officielle. La motion porte sur le PCSRA et sur la nécessité de donner aux agriculteurs l'aide financière dont ils ont besoin pour pouvoir fonctionner. Je veux soulever d'autres questions qui ont été portées à mon attention ces derniers mois au sujet du secteur des céréales et des oléagineux de notre industrie agricole.
Nous n'avons qu'à regarder les faits pour comprendre ce qui se passe. Au cours des 30 dernières années, on a observé une diminution constante des recettes agricoles. L'agriculture est passée d'une situation enviable, il y a une trentaine d'années, où les recettes annuelles se chiffraient à plus de 4 milliards de dollars à un moment où la dette accumulée des agriculteurs était très peu élevée, à une situation l'an dernier où l'ensemble du milieu agricole a en fait perdu de l'argent alors que sa dette accumulée est devenue absolument énorme.
Cette tendance caractérisée par une augmentation de la dette et une diminution des recettes montre bien qu'il y a un problème qui dure depuis un certain temps et que rien n'a encore été fait pour aider à corriger la situation.
J'aimerais mentionner la question de l'ESB. La crise de l'ESB dans le secteur de l'élevage bovin a fait perdre au Canada et aux producteurs primaires des centaines de millions de dollars, et c'est de l'argent que nous ne récupérerons jamais. Lorsque la frontière sera réouverte et que les choses reviendront à la normale dans ce secteur, les affaires reprendront comme avant, mais ces recettes perdues au cours des deux dernières années sont perdues à jamais.
Je veux mentionner l'ACIA. Les fonctionnaires de cette agence nous ont donné hier une séance d'information sur les mesures qu'ils ont prises jusqu'à maintenant en ce qui concerne les enquêtes et les analyses relatives à l'ESB. Je crois toutefois qu'ils doivent être très prudents dans leur façon d'agir. Les producteurs canadiens écoutent attentivement tout ce que les gens de l'ACIA disent parce que cela a une incidence sur les marchés. Et il y a aussi les producteurs américains qui écoutent, ceux qui travaillent pour que la frontière reste fermée. J'ai signalé aux fonctionnaires de l'agence hier qu'ils devraient faire très attention à ce qu'ils disent et au moment choisi pour le dire.
Cette semaine, la National Cattlemen's Beef Association tient sa réunion annuelle à San Antonio. Elle se penchera sur la question de l'ouverture de la frontière aux bovins canadiens le 7 mars. Jusqu'à maintenant, la position de l'association nous a été favorable, et j'espère qu'il continuera d'en être ainsi. Ses représentants sont venus au Canada et ont étudié nos systèmes. Ils ont visité nos exploitations. Ils ont vu ce que nous avons fait ici pour interdire certains aliments du bétail, pour traiter notre bétail et assurer le dépistage et ils ont constaté que notre réglementation sanitaire est irréprochable. Ils savent donc que rien, sur le plan scientifique, ne peut justifier le maintien de la fermeture de la frontière. J'espère que l'association s'en tiendra aux arguments d'ordre scientifique.
On m'a soulevé un aspect auquel je n'étais pas tout à fait sensibilisé, qui a rapport à la Commission canadienne des grains. Nous connaissons tous la question du cautionnement, mais c'est l'aspect du classement que je veux aborder.
Lorsque les producteurs vendent leurs céréales par l'intermédiaire d'un négociant cautionné titulaire d'une licence, la Commission canadienne des grains a la responsabilité de veiller à ce que l'entreprise dispose d'une caution à la hauteur du risque du producteur qui vend les céréales. Or, ce n'est pas ce qui se produit.
Un certain nombre de sociétés céréalières de ma circonscription ont fait faillite et, conséquemment, les producteurs concernés ont du assumer la réduction de valeur de leur produit. Dernièrement, certains d'entre eux ont dû se contenter de 25¢ pour chaque dollar qui leur était dû. Le quart de ce qui leur revenait, c'est tout simplement insuffisant. Voilà donc un autre problème qu'affrontent les producteurs. Ils avaient l'impression d'être protégés en matière de cautionnement puisque la Commission devait contrôler la situation, mais il s'avère qu'ils ne l'étaient pas.
L'autre aspect que je voulais aborder est celui du classement. Je crois savoir que le classement des céréales ne se fait plus comme il se faisait autrefois. Au cours du processus de transformation et de boulangerie, semble-t-il, les céréales du producteur perdent du galon au classement, ce qui, dans certains cas, se répercute par une baisse de valeur pouvant atteindre 80¢ à 1 $ le boisseau. Pour n'importe quel exploitant, c'est la différence entre la rentabilité et son contraire. Il faut régler cette question, et la chose est assez facile.
Je crois savoir que la Commission envisage de modifier ses pratiques en matière de cautionnement d'acheteurs et de vendeurs de céréales titulaires d'un permis. L'initiative est valable mais il faut agir sans tarder. Ceux qui, à l'heure actuelle, ne sont pas rémunérés comme il se doit pour leurs céréales sont fort malchanceux. Nous devons faire sans tarder les modifications qui s'imposent afin de protéger les producteurs.
Pour ce qui est du classement, si un producteur voit ses recettes diminuer en raison d'un changement dans le classement, il faut arrêter immédiatement cette pratique et attribuer au producteur le meilleur classement possible.
J'ai aussi mentionné au ministre ce matin le fait que l'Union européenne allait recommencer à subventionner fortement sa production de céréales. Deux millions de tonnes de blé recevront des subventions à l'exportation, et des subventions seront données pour accroître la production. Cela crée un effet de distorsion sur la production et sur le marché mondial et fera baisser les prix que pourront obtenir nos producteurs.
Quand ces gens se présentent à nous en notre qualité de parlementaires et affirment qu'ils ne voient aucune issue, c'est là où ils en sont. Ils ont examiné toutes les options. Ils ont regardé l'avenir et examiné différents produits et différentes pratiques agricoles. Ils ont tout essayé, mais les profits du milieu agricole continuent de dégringoler. Les chiffres le montrent, et aucune mesure prise à ce jour n'a renversé la tendance.
Par ailleurs, l'Union européenne et les États-Unis concluent des ententes bilatérales entre eux. Si cela se poursuit, le Canada restera à l'écart et ne pourra intervenir. Le milieu agricole avait misé sur le cycle de Doha de l'OMC, car si les pays étaient forcés d'éliminer leurs subventions à l'exportation et leurs subventions nationales qui ont un effet de distorsion sur la production, le marché des céréales pourrait revenir à la normale, mais ce ne sera pas le cas. Comme les États-Unis et l'Union européenne vont à contre-courant des travaux de l'OMC, il n'y a aucune chance que nos producteurs touchent davantage pour leurs produits. Tous les espoirs que nous avions dans ce sens, en ce qui concerne l'OMC, se sont évanouis, selon moi, parce que cette dernière commence à s'écrouler.
Notre gouvernement, nos négociateurs et le ministre de l'Agriculture doivent se montrer très convaincants dans leurs rapports avec ces grandes organisations commerciales afin que nous puissions obtenir ce dont nous avons besoin pour maintenir nos producteurs en activité. Nous n'avons pas fait cela jusqu'à présent. Si nous nous montrons plus convaincants à la table de négociation, nous aurons déjà fait beaucoup pour aider à stabiliser l'industrie.
Le ministre a parlé du Cadre stratégique pour l'agriculture, et de la manière dont il est censé aider les milieux agricoles à long terme. Nous avons entendu des interventions au sujet du repositionnement de l'industrie du bétail. Les discussions se poursuivent et le secrétaire parlementaire a parcouru tout le Canada pour recevoir des idées. Pour moi, tout ça n'est que paroles vides, qui n'ont produit aucun des résultats nécessaires.
Je crois que la proposition que nous avons faite aujourd'hui est un geste concret qui peut être fait immédiatement afin d'injecter quelques liquidités dans un secteur qui en a bien besoin. Il s'agit de l'argent des agriculteurs, et nous disons qu'il ne faut pas le leur retirer. Il faut le leur laisser.
Certaines de ces questions peuvent sembler banales à beaucoup, mais elles ne le sont pas pour les six ou sept jeunes producteurs de céréales et d'oléagineux avec qui j'ai parlé. Ils avaient entre quarante et cinquante ans, ce qui est un jeune âge dans nos milieux agricoles. Ils m'ont dit que le CP a dépassé son plafond de revenus de quelques 300 000 $ cette année, et que tôt ou tard il devra les rendre et payer une pénalité, mais ils sont versés à la Fondation de recherches sur le grain de l'Ouest. Ces gens m'ont dit que cet argent devrait être rendu aux producteurs et que, lorsqu'ils vendent leur grain, s'ils ne veulent pas voir une déduction automatique sur leurs ventes de grain imposée au profit de cette fondation de recherches, il existe un droit de refus. Ils doivent aviser le commissaire aux grains ou la Commission canadienne du blé qu'ils ne veulent pas payer; sans avis, ils doivent payer. Il ne s'agit pas de gros dollars, mais voilà où ces gens en sont; pour travailler et rester sur leur ferme, ils doivent gratter chaque sou.
L'autre question est celle du paiement initial. Il faut essayer d'obtenir que la Commission canadienne du blé augmente ce paiement versé aux céréaliculteurs lorsqu'ils vendent leur grain par son entremise. Les céréaliculteurs veulent que les paiements soient effectués plus rapidement et que les pourcentages soient plus élevés afin d'avoir davantage de liquidités.
Les céréaliculteurs ont également des inquiétudes au sujet des frais de transport. Dans les Prairies, quiconque vend du grain par l'entremise de la Commission canadienne du blé reçoit un chèque où figure une déduction de plus du tiers du montant total au titre du transport jusqu'à la côte. Les producteurs parlent de nouveau du tarif du nid-de-Corbeau. Ce tarif n'existe plus, mais il faut peut-être envisager autre chose. Y a-t-il une autre façon de faire en sorte que davantage d'argent reste où il doit rester?
Les céréaliculteurs n'attendent ni des programmes ni d'aide financière de la part du gouvernement. Ils demandent que celui-ci leur permette de garder davantage de ce qu'ils ont gagné. Autrement dit, qu'une plus grande proportion du prix du grain se retrouve dans leurs poches. Il va sans dire que le prix du grain doit être plus élevé pour que cela soit durable. À l'heure actuelle, si le grain se vend à 3 dollars le boisseau, les céréaliculteurs affirment avoir besoin d'une portion plus substantielle de ce 3 dollars pour poursuivre leurs activités.
J'ai hâte d'entendre la suite du débat aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, j'apprécie que le chef de l'opposition et que notre porte-parole en matière d'agriculture aient donné à la Chambre l'occasion de se pencher sur la question de l'agriculture.
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Monsieur le Président, d'abord, je veux vous informer que je partagerai le temps qui m'est alloué avec la députée de Laurentides—Labelle.
Les conservateurs ont lancé le débat sur l'incapacité du gouvernement fédéral d'accorder une aide financière aux agriculteurs québécois et canadiens en difficulté.
Ma collègue, la députée de Châteauguay—Saint-Constant et porte-parole du Bloc québécois en matière d'agriculture, est intervenue ce matin sur le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole et a souligné l'urgence d'abolir le dépôt obligatoire.
En effet, les agriculteurs sont contraints d'utiliser leurs crédits d'exploitation pour faire ce dépôt, alors que plusieurs d'entre eux s'interrogent, à savoir s'ils auront assez d'argent pour financer la vitalité de leur ferme agricole. Ce dossier, comme plusieurs autres, nous démontre comment le gouvernement libéral a délaissé le secteur agricole. Aujourd'hui plus que jamais, les producteurs agricoles sont moins bien soutenus, et ce, en pleine crise agricole causée par l'effondrement des prix et la crise de la vache folle.
Le gouvernement libéral devrait abolir ce dépôt obligatoire et mettre en place des mesures urgentes au Québec, afin d'aider l'ensemble des agriculteurs qui crient au secours. Comme député de Berthier—Maskinongé, je représente une circonscription où l'agriculture occupe une place importante. Les productions agricoles sont très diversifiées. Les productions laitières, porcines, bovines, céréalières et du tabac accaparent près de 75 p. 100 des recettes agricoles. Malgré cela, on ne retrouve pas moins de 28 productions différentes, tant dans les productions animales que végétales.
Plusieurs productions sont en émergence, souvent en réponse aux changements dans les goûts des consommateurs ou encore en fonction des nouvelles exigences dans le mode de production, comme dans l'agriculture biologique. Toutefois, chez nous, le nombre de producteurs agricoles a chuté de manière dramatique.
Par exemple, dans la MRC de Maskinongé, une partie de mon territoire, il y avait en 1957 plus de 955 fermes agricoles. Aujourd'hui, il n'y en a que 788. Bien sûr que la baisse des revenus agricoles et le vieillissement de la population agricole expliquent cette chute. Cependant, il ne faut pas oublier non plus le manque de relève dans ce secteur d'activités. En effet, selon l'analyse du Profil de la relève agricole au Québec, publiée en 2002, plus de 200 fermes n'ont pas identifié de relève familiale et se retrouvent susceptibles d'être reprises par une relève non apparentée.
Le Bloc québécois propose des solutions concrètes pour améliorer la situation à l'égard de la relève agricole au Québec. Par exemple, afin d'augmenter le bénéfice de transférer une ferme plutôt que de la démanteler, le Bloc québécois propose d'accroître le montant admissible à la déduction pour gain en capital pour biens agricoles de 500 000 $ à 1 millions de dollars, et ce, seulement pour les transactions à la suite desquelles il y aurait maintien de l'exploitation.
Nous proposons également d'étendre la règle du roulement à d'autres transferts que ceux parents-enfants. Le Bloc québécois suggère d'étendre la règle du transfert à d'autres membres de la famille immédiate, âgés de moins de 40 ans, par exemple des frères et des soeurs, des neveux et des nièces, et le reste.
De plus, nous favorisons la constitution d'un régime d'épargne-transfert agricole permettant aux producteurs d'accumuler un fonds de retraite à l'abri de l'impôt. Les gouvernements pourraient y apporter une contribution comme pour le Régime enregistré d'épargne-études. Cette contribution serait conditionnelle au maintien de la ferme lors du transfert.
La troisième proposition du Bloc québécois est que nous favorisons d'assouplir les règles du régime d'accession à la propriété pour permettre aux jeunes producteurs d'obtenir, en tout ou en partie, une plus grande part d'une résidence détenue par une société et d'utiliser leur REER pour faire l'acquisition d'une entreprise.
Enfin, dans notre dernière proposition, nous voulons que le gouvernement fédéral transfère une enveloppe récurrente au gouvernement du Québec pour favoriser la relève agricole.
À titre d'illustration seulement, le gouvernement du Québec pourrait étendre l'accessibilité de la prime à l'établissement, bonifier la protection des taux d'intérêt et hausser les plafonds d'admissibilité.
Comme vous pouvez le constater, nous avons des propositions intéressantes et adaptées aux besoins des agriculteurs québécois et quelquefois canadiens. Il suffit tout simplement de faire preuve de volonté politique. Or, le gouvernement libéral ne bouge pas.
Je veux parler d'un autre dossier où le gouvernement démontre un manque de volonté politique, à savoir le programme fédéral destiné aux producteurs de tabac du Québec. Tout comme pour mon collègue député de Joliette, qui est porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international, de mondialisation et d'institutions financières internationales, ce secteur d'activité est très important pour notre région.
Le 23 novembre 2004, le gouvernement fédéral annonçait, avec beaucoup de fierté, les modalités et les échéanciers du programme d'aide destiné aux producteurs de tabac afin de leur offrir des compensations pour l'abandon de la production de tabac au Québec et en Ontario. Cependant, une semaine plus tard, nous apprenions que le programme visant la vente publique des quotas était retardé et qu'aucun nouvel échéancier n'était précisé. Or, selon les producteurs de tabac jaune du Québec, la situation en Ontario laisserait croire qu'il n'y aurait pas d'entente sur ce dossier. Par conséquent, la situation déjà difficile que connaissent les producteurs québécois risque de s'aggraver.
En conclusion, ce dossier, comme plusieurs autres, nous démontre comment l'inaction et l'attentisme du gouvernement libéral menacent la survie des entreprises agricoles québécoises. Quand ce gouvernement intervient, c'est pour mettre en place des mesures pancanadiennes qui ne répondent pas aux besoins des producteurs du Québec. En effet, l'agriculture québécoise et celle canadienne sont organisées différemment et ne présentent pas les mêmes besoins.
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Monsieur le Président, tout d'abord, permettez-moi de saluer toute la collectivité agricole de ma circonscription, Laurentides—Labelle. C'est en son nom et par esprit de solidarité que je joins aujourd'hui ma voix à celle de mes collègues du Bloc québécois pour dénoncer l'inertie et l'insensibilité que démontre actuellement ce gouvernement. J'aimerais également en profiter pour dénoncer l'incompétence du ministre face à la crise alarmante que vivent de façon tragique les agriculteurs québécois.
C'est avec désolation que l'on apprend que chaque semaine, deux fermes québécoises disparaissent, faute d'intervention du ministre. De 1996 à 2001, le nombre de fermes a diminué de 10 p. 100 au Québec, pour s'établir à 32 000.
Les producteurs font face à une importante crise du revenu. Selon Statistique Canada, le revenu agricole a atteint en 2003 son niveau le plus bas en 25 ans. En 2003, le revenu net comptant, soit la différence entre les recettes et les dépenses d'exploitation d'un agriculteur, chutait de 39,1 p. 100 par rapport à 2002. Selon l'UPA, l'endettement des fermes a progressé, en moyenne, de 207 p. 100 depuis 1993.
C'est avec honte et tristesse que l'on constate que les producteurs sont laissés à eux-mêmes par Ottawa. Peu de pays ont autant délaissé le secteur agricole que le Canada ne l'a fait alors que l'actuel premier ministre était ministre des Finances.
Les producteurs agricoles sont aujourd'hui encore moins bien soutenus que jamais, et ce, en pleine crise de la vache folle causée par l'effondrement des prix. L'agriculture québécoise et celle canadienne sont différentes, sont organisées différemment et ne présentent pas les mêmes besoins. Quand Ottawa intervient et met en place des mesures pancanadiennes, c'est avec frustration que l'on constate que celles-ci ne répondent pas aux besoins des producteurs du Québec.
On nous dit que le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture consulte afin de connaître les défis auxquels sont confrontés les agriculteurs. Manifestement, certaines personnes dans ce gouvernement éprouvent des difficultés à être branchées sur les réalités du vrai monde, parce qu'il y a belle lurette que les producteurs et les gens du monde agricole connaissent les problèmes de même que les solutions.
Le gouvernement a accumulé un surplus de plus de 9 milliards de dollars l'an dernier. L'argent est là; il suffit tout simplement de faire preuve de volonté politique.
Une motion présentée par nos collègues du Parti conservateur, et à laquelle le Bloc québécois est plus que favorable, demande:
Que, compte tenu des nombreuses catastrophes qui ont récemment touché les collectivités agricoles du Canada et l'incapacité du gouvernement d'accorder une aide financière en temps utile aux agriculteurs en difficulté, que ce soit par l'entremise du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole (PCSRA) ou d'autres programmes, la Chambre demande au gouvernement de supprimer le dépôt exigé dans le cadre du PCSRA et de respecter les engagements qu'il a pris à l'égard des producteurs [québécois].
Il faut comprendre que pour participer à ce programme, le dépôt en question est obligatoire et, par conséquent, devient un irritant majeur pour les producteurs agricoles. Il n'est pas normal que des producteurs pris à la gorge soient obligés, en plus, d'emprunter pour effectuer ce dépôt.
Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole est, en outre, inadapté aux besoins et aux réalités du monde agricole. D'ailleurs, ce programme ne suscite pas du tout l'enthousiasme des producteurs. À cet effet, je cite les propos du président de l'Union des producteurs agricoles du Québec, qui disait, le 22 janvier 2004, dans la revue La terre de chez nous: « Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, faut-il le rappeler, nous a été imposé par le fédéral qui menaçait le Québec de couper les vivres s'il ne signait pas. »
Voilà à nouveau une belle démonstration de l'incompétence du gouvernement fédéral. Le problème avec ce programme est qu'il n'offre qu'une couverture de base minimale qui ne permet pas d'englober tous les types de risques, lesquels varient beaucoup d'une production à l'autre ou encore d'une région à l'autre.
Le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole a été inutile pour le problème de la vache de réforme. D'ailleurs, laissez-moi à nouveau citer le président de la Fédération des producteurs de lait du Québec:
Je tiens également à mentionner que les producteurs laitiers ne sont pas admissibles au PCSRA. [...] Pour que le producteur laitier y soit admissible, il doit encourir des pertes d'au moins 30 p. 100 au cours des trois années de référence retenues. Dans notre cas, même si toutes nos vaches de réforme étaient vendues à zéro dollar, nous ne pourrions pas nous qualifier pour le volet du programme PCSRA portant sur les situations de catastrophe, le seul auquel nous soyons admissibles. [...]
On convient plutôt que le programme est devenu un cauchemar de bureaucratie. Laissez-moi vous donner un seul exemple: la gestion des dépôts coûte en frais administratifs, selon la Fédération canadienne de l'agriculture, 14 millions de dollars alors que ceux-ci ne rapportent que 34 millions de dollars si l'on postule un taux d'intérêt de 6 p. 100.
Le 8 février prochain, les ministres de l'Agriculture se rencontreront pour discuter, entre autres, du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Nous espérons grandement que, lors de cette rencontre, le gouvernement fédéral n'arrivera pas avec les mains vides, comme il l'aurait fait s'il avait daigné se présenter au dernier congrès de l'UPA.
Encore cette semaine, la Fédération canadienne de l'agriculture a demandé que l'on abolisse les dépôts obligatoires. L'UPA supporte également cette mesure ainsi que diverses organisations agricoles. Est-ce que le gouvernement demeurera insensible et continuera à faire la sourde oreille face à ces demandes? Mes collègues du Bloc québécois et moi-même appuyons aussi cette mesure qui devrait entièrement être financée par le gouvernement fédéral.
En terminant, ma principale préoccupation est sans aucun doute face à l'attitude du gouvernement, face à son manque de volonté et son incompétence d'agir dans ce dossier. Ma question est simple: qui veut-on aider avec le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole? Les producteurs ou les banquiers?
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Monsieur le Président, j'ai le grand plaisir, après beaucoup de préparation, de contribuer à ce débat cet après-midi. J'en profite également pour féliciter l'honorable ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire qui travaille d'arrache-pied pour aider les agriculteurs canadiens depuis qu'il est en poste. On connaît bien les intentions de ce ministre, et on sait qu'il a travaillé très fort. Personnellement—je l'ai mentionné il y a deux jours—, je lui souhaite toute la chance possible afin qu'il obtienne davantage d'aide du ministre des Finances dans le prochain budget de sorte qu'il puisse continuer et même améliorer l'aide qu'il offre aux agriculteurs.
Je dois ajouter que j'ai écouté attentivement, tout à l'heure, les propos des députés du Bloc. On les entend souvent dire que notre approche doit être faite en collaboration avec les gouvernements provinciaux. Même que certains bloquistes se plaisent de temps à autre à inventer des vérités, prétendant que le gouvernement du Canada ne collabore pas toujours avec les provinces quand, bien sûr, c'est toujours—ou à peu près toujours— le cas.
Cela dit, les députés du Bloc appuient aujourd'hui la motion des conservateurs visant à offrir une aide unilatérale pour remplacer un programme qui a été fait conjointement avec les provinces. Je ne comprends donc pas tellement bien pourquoi les bloquistes, tout à coup, deviennent centralisateurs comme les conservateurs. Cela fait peut-être des séparatistes centralisateurs, en quelque sorte. Toutefois, on verra sans doute plus tard, dans les propos des députés bloquistes, s'ils préciseront davantage leur position vis-à-vis de cette centralisation qu'ils épousent dorénavant en appuyant cette motion, qui veut qu'on remplace des programmes faits en collaboration, comme on le fait d'habitude, par un programme unilatéral, imposé comme le souhaite aujourd'hui le Parti conservateur.
Maintenant, en ce qui a trait au Parti conservateur, il vaut au moins la peine, dans les quelques minutes qui me restent, de préciser à la Chambre les origines de ce parti et ce qu'il préconise pour l'agriculture.
[Traduction]
Monsieur le Président, vous et moi, nous nous souvenons fort bien de l'époque où l'actuel chef de l'opposition dirigeait la tristement célèbre National Citizens' Coalition, qui n'a évidemment rien de national et qui n'est pas une coalition de citoyens, mais qui en a simplement le nom. Lorsqu'il était à la tête de cette organisation, en février 1998, dans le magazine Bulldog, titre qui en dit long sur la nature sensible de cette organisation, le chef de l'opposition a décrit le système de gestion de l'offre, que nous appuyons tous de ce côté-ci de la Chambre, comme un « cartel de fixation des prix parrainé par le gouvernement ».
Je suis curieux de savoir, et lorsque nous passerons plus tard aux questions et observations, je suis certain qu'un député conservateur se lèvera et nous l'expliquera, à quel moment précis le chef de l'opposition s'est ravisé et a cessé de décrire comme un « cartel de fixation des prix parrainé par le gouvernement » la gestion de l'offre qu'il a tout à coup découverte le jour où il est devenu le chef de l'opposition.
Nous voulons savoir si le chef de l'opposition a changé d'avis au même moment, des semaines avant ou peut-être un peu après. À quel moment s'est-il ravisé? Le chef de l'opposition a été élu sous la bannière du Parti réformiste en 1993 et ce parti, dont ont d'abord fait partie un certain nombre de députés actuels, voulait réduire l'aide aux agriculteurs. Il est très important que nous connaissions tous un peu la vérité au sujet des positions du Parti conservateur.