Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
— Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je vous avise que je partagerai mon temps d'intervention avec le député de .
La question que le Bloc québécois soumet à cette Chambre aujourd'hui est en fait une motion qui permettra aux parlementaires de reconnaître que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Il s'agit de la reconnaissance d'un simple état de fait.
Nous avons formulé cette motion de façon à ce qu'elle soit acceptable pour tous. Ainsi, nous n'avons pas lié la reconnaissance de la nation québécoise à d'autres considérations. Aucune condition n'est liée à cette reconnaissance. De même, nous n'avons pas formulé notre motion de telle façon qu'elle puisse être interprétée comme la reconnaissance d'un pays souverain, ce que le Québec n'est pas; du moins, pas encore. Nous déposerons donc une motion respectueuse de chacun, sans assujettir la reconnaissance de la nation québécoise à des conditions partisanes.
Hier, le premier ministre a fait exactement le contraire. Il a déposé une motion qui reconnaît la nation québécoise en imposant une condition — une condition partisane. C'est absurde. On voit bien que le premier ministre n'essaie que de sauver la face. La seule attitude respectueuse envers les Québécois et les Québécoises est de les reconnaître pour ce qu'ils sont: une nation qui ne cesse pas de l'être si elle ne fait plus partie du Canada, à l'évidence même, une nation sans condition.
Ce n'est pas au premier ministre de décider quelle option les Québécois choisiront. Ce n'est pas à un parti plus qu'à un autre de décider l'option que les Québécois choisiront. L'avenir du Québec n'appartient qu'aux Québécois et aux Québécoises, point à la ligne. Ce sont les Québécois et les Québécoises, en vertu des règles de l'Assemblée nationale, qui décideront de leur propre avenir.
Je le répète: les Québécois forment une nation, non pas à condition de rester dans un Canada supposément uni; ils forment une nation, non pas à condition de devenir un pays. Ce sont là des options politiques, toutes deux respectables parce que démocratiques toutes les deux. Dans un cas comme dans l'autre, jamais on ne doit soumettre l'existence de la nation québécoise à l'action que l'on privilégie, à l'option que l'on défend.
Nous sommes une nation parce que nous sommes ce que nous sommes, peu importe l'avenir que la nation québécoise choisira. La reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes est plus qu'une question symbolique et certainement plus qu'une question partisane. Il s'agit en fait de la question la plus fondamentale qui soit pour le Québec. Il s'agit aussi d'une question fondamentale pour le Canada.
C'est l'évidence même, en raison du débat que cela soulève ici et que cela soulève dans l'ensemble de la population, tant au Québec qu'au Canada et dans les médias. Cette question accapare beaucoup d'énergie.
Depuis des années, les élus du Canada veulent éviter cette question dérangeante et la glisser sous le tapis. Or, depuis quelques temps, cette question a resurgi, notamment à la suite de l'adoption, par l'aile québécoise du Parti libéral du Canada, d'une résolution allant en ce sens. Elle a également resurgi à la suite de l'adoption d'une déclaration, par le NPD, lors de son congrès tenu en septembre dernier à Québec, et encore plus à la suite de la motion du Bloc et à celle du premier ministre, hier. On ne peut pas ignorer cette question quand il y a tant de gens qui en parlent, et c'est normal.
On a vu beaucoup de commentateurs et d'élus du Canada se braquer contre la reconnaissance de cette évidence, soit que les Québécois et les Québécoises forment une nation. Plusieurs sondages indiquent qu'une grande majorité de Canadiens rejetaient l'idée de reconnaître officiellement la réalité, à savoir que les Québécoises et les Québécois forment effectivement une nation, pas meilleure ni inférieure à la nation canadienne, mais certainement différente. Ce refus de reconnaître le Québec pour ce qu'il est fait en sorte que le Québec n'est pas signataire de la Constitution. C'est aussi ce refus de reconnaître la nation québécoise qui explique que le Québec soit considéré comme une province, exactement comme les autres et non pas comme le lieu où vit une nation.
En ajoutant son appendice à la motion du Bloc québécois, le tente « maladroitement », pour employer ses mots, d'endormir ses concitoyens. Au Québec, à l'Assemblée nationale, souverainistes comme fédéralistes s'entendent pour dire que les Québécois et les Québécoises forment une nation. Et la motion qui a été adoptée à l'Assemblée nationale en 2003 est respectueuse envers les Québécois et les Québécoises. Je vous la lis. Elle dit exactement: « QUE l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois forme une nation. » Cette motion a été adoptée unanimement. Souverainistes comme fédéralistes reconnaissent cela.
Cette motion ne soumet pas notre identité à une option politique ou à une autre. Si le est de bonne foi quand il affirme qu'il reconnaît la nation québécoise, il va appuyer et voter en faveur de la motion du Bloc québécois. S'il s'y refuse, tous comprendront que pour le premier ministre, les Québécoises et les Québécois forment une nation soumise au Canada. Tous comprendront que ce qui l'intéresse vraiment, c'est la joute partisane. Puisqu'il ne vote pas en faveur de cette motion — qui est semblable en tout point, je le rappelle, à celle adoptée par l'Assemblée nationale — c'est que pour lui, la nation québécoise n'est pas libre de décider de son avenir. Si c'est le cas, la déclaration du premier ministre hier n'était que des mots creux. J'espère que ce n'est pas le cas. J'espère qu'il aura le courage de reconnaître franchement la nation québécoise.
Ce que nous voulons, en déposant cette motion, c'est que les élus de cette Chambre cessent de glisser cette question sous le tapis et qu'ils se prononcent sur cette question fondamentale. Il n'est pas question de poser des conditions à cette reconnaissance. Il ne s'agit pas de dire qu'on reconnaît la nation québécoise à condition que le Québec demeure au sein du Canada, ni d'ailleurs de dire que le Québec forme une nation seulement s'il devient un pays souverain. Nous sommes ce que nous sommes, point final. C'est tout. Et c'est cela, la question qui est posée.
Il se trouve que, par le dépôt de cette motion, le Bloc québécois a forcé le jeu et obligé chacun à se regarder dans le miroir.
Ce matin, dans les médias du Canada, on peut lire différents points de vue. Certains sont en accord avec la position du premier ministre. D'autres frôlent la consternation, se disant que c'est impossible de reconnaître la nation québécoise.
J'invite les parlementaires de cette Chambre à aller au bout de leur logique, à dénouer les chaînes psychologiques qui les empêchent de reconnaître la nation québécoise tout simplement, sans artifice, sans arrière-pensée, et surtout sans partisanerie mesquine.
J'invite les Québécoises et les Québécois à suivre attentivement les débats et à prendre acte du vote de chacun des élus de cette Chambre.
:
Monsieur le Président, la motion qui est devant nous est claire, simple et limpide. Elle dit ce qu'elle veut dire. Elle dit ce que les députés de l'Assemblée nationale du Québec, fédéralistes comme souverainistes, ont déjà dit de façon unanime. Elle rappelle un fait que personne ne devrait contester ou songer à contester, et elle le dit de façon tellement claire qu'elle ne laisse pas de place, à mon avis, à l'interprétation et aux ajouts inconsidérés de différentes conditions quelles qu'elles soient.
Les Québécoises et les Québécois sont un peu étonnés ce matin de constater qu'en cette Chambre, le gouvernement conservateur et certains députés qui proviennent du Québec n'acceptent pas spontanément de reconnaître que le Québec, les Québécoises et les québécois, forment une nation.
Le a tenté hier de déposer sa propre motion, ajoutant des éléments de considération politique partisane, faisant référence à l'option du fédéralisme ou à l'option de la souveraineté, disant que ce serait à l'intérieur d'un Canada uni. Le comportement du gouvernement dans ce dossier est tellement étonnant que je me permettrai de vous expliquer quelque chose.
Dans toute l'histoire du Canada, j'arrive en deuxième place quant au nombre d'années d'expérience en tant que leader parlementaire ayant siégé en cette Chambre. Habituellement, lorsqu'il y a une déclaration ministérielle, le gouvernement la transmet à l'opposition. Les gens comprendront pourquoi on le fait. En effet, cela permet aux partis d'opposition de réagir à la déclaration faite en Chambre. Toutes les fois que les ministres ont fait des déclarations en cette Chambre, les informations ont été transmises, tantôt quelques heures, tantôt 15 minutes, ou même 10 à 12 minutes à l'avance. Cependant, hier, quelque chose d'exceptionnel est arrivé en cette Chambre et je voudrais le mentionner dans le débat d'aujourd'hui.
Depuis 13 ans, le gouvernement a toujours transmis à l'opposition une copie de la déclaration du . Or, probablement pour la première fois de l'histoire, cette copie était un faux, une déclaration qui ne contenait pas l'élément le plus important du discours du premier ministre dont parlent aujourd'hui tous les médias du Canada, c'est-à-dire sa proposition.
Le a non seulement manqué d'égards à l'endroit du Bloc québécois et des autres partis de cette Chambre, mais à l'endroit de tous les Québécoises et Québécois. Ces derniers sont humiliés. Je vois que le ministre des Transports, député du Québec, a l'air de s'amuser du fait que son premier ministre et son gouvernement aient trompé avec fourberie toute la population du Québec en trompant les représentants que nous sommes.
Pour la première fois en cette Chambre, le gouvernement fédéral, parce qu'il s'agit du Québec et de la nation du Québec, a transmis une déclaration tronquée et fausse, qui ne contenait pas l'essentiel de ce que le a déclaré en cette Chambre. Je laisse aux Québécoises et aux Québécois le soin de juger des tactiques de ce gouvernement. Nous avions connu, à une époque pas si lointaine, la nuit des longs couteaux au cours de laquelle le Québec a été trahi dans des discussions constitutionnelles. Nous venons de connaître un après-midi noir, un après-midi où les représentants du Québec et le peuple du Québec ont été trompés sciemment par le premier ministre du Canada, que j'accuse de nous avoir transmis un faux.
Aucune raison ne justifie qu'on utilise des techniques comme celle-là. On devrait honnêtement et franchement, en tant que parlementaires de toutes les options politiques, comme cela doit se faire dans un Parlement, pouvoir discuter de ces questions et de juger une motion comme la nôtre au mérite.
On devrait être capables de s'attendre de la part du gouvernement, des députés d'autres régions du Canada et surtout des députés du Québec membres du gouvernement à une certaine ouverture, un goût pour la discussion, pour la confrontation des idées, et, objectivement, ensemble, travailler pour rendre justice au peuple québécois. Il semble que cela ne soit pas possible.
Le gouvernement conservateur s'est comporté exactement de la même façon que l'ancien gouvernement libéral à l'époque où Jean Chrétien avait tramé son propre complot dans le dos du Québec. C'est ce que je trouve absolument effrayant. Quelqu'un va-t-il me dire pourquoi, dans cette Chambre, nous ne sommes pas en mesure de dire tout simplement ce qu'on pense sur une motion aussi claire: « Que la Chambre des communes reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation. » Pourquoi est-ce si compliqué de se prononcer là-dessus.
Avant de terminer, je me permettrai d'amender cette motion de la façon suivante:
Je propose, avec le consentement du député de et appuyé par la députée de , l'amendement suivant:
Que la motion soit amendée par adjonction, après le mot « nation », de ce qui suit:
« actuellement au sein du Canada »
Aux termes de cet amendement, la motion se lira donc comme suit:
Que la Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation actuellement au sein du Canada.
:
Monsieur le Président, en dépit de mon jeune âge, j'ai moi-même eu le privilège de servir à l'Assemblée nationale avec le député de , et avec la députée de , au conseil de deux municipalités différentes et maintenant à la Chambre des communes. Je veux vous confier que j'ai aussi entendu des choses qui m'ont surpris au cours de ma carrière. Toutefois, j'ai l'obligation de vous avouer que la résolution que nous demande d'appuyer aujourd'hui le Bloc québécois, même amendée, figurera à mon temple de la renommée personnel comme une des interventions parlementaires les plus mémorables que j'aurai jamais entendues.
Voici qu'une formation politique, qui se dévoue exclusivement et de façon obsessive à cette cause de la séparation du Québec du Canada, supplie le Parlement du Canada de reconnaître qu'elle est sur la bonne voie. Le chef du Bloc, en quelque sorte, réclame une résolution sur la clarté. En fait, le revirement politique, c'est assez spectaculaire, même pour les bloquistes.
Voici, en effet, qu'un des co-chefs fondateurs de la cause indépendantiste demande au Parlement du Canada: « Qui acceptez-vous que nous soyons? Que voulez-vous que nous devenions? » Jamais un député québécois ayant obtenu le privilège de siéger dans cette enceinte ne s'est senti obligé de demander à ses pairs pourquoi il était là. Ni Papineau, ni Cartier, ni Laurier, ni Trudeau, ni Mulroney, ni aucun leader québécois n'a jamais demandé à ses collègues des autres provinces: « Qui suis-je? ».
Non. Ils ont dit à tour de rôle, à des époques différentes: « Voici qui nous sommes, voici ce que nous voulons pour nous-mêmes et ce que nous pouvons faire ensemble pour nos concitoyens et nos concitoyennes ».
[Traduction]
Je ne pense pas que, au cours d'une législature canadienne, qui que ce soit ait dicté aux représentants du Bas-Canada, de l'Est du Canada ou du Québec, leur identité et ait dit qu'ils seraient considérés en fonction de celle-ci.
[Français]
Depuis 1792, quand le premier Parlement du Canada s'est réuni à Québec, jusqu'à nos jours, nous nous sommes appelés Canadiens puis Canadiens français et maintenant Québécois. Mais ce ne sont pas les autres qui nous ont nommés. Nous n'avons jamais demandé à nos partenaires des autres provinces qui nous étions.
Je n'ai, pour ma part, aucun problème à reconnaître que les Québécois et les Québécoises constituent une nation puisque nous partageons une langue, une culture et une histoire communes.
Je l'ai déjà dit et je n'ai aucune difficulté à le redire aujourd'hui, je suis en fait, comme Québécois de souche irlandaise, très fier de faire partie de la nation québécoise, comme le sont d'ailleurs des milliers d'autres Québécois dont les origines ne sont pas les mêmes que celles de la majorité. Mais je suis tout aussi fier de ma citoyenneté canadienne. Il n'y a aucune contradiction dans ce sentiment. En fait, je pense que la nation québécoise que veut tellement célébrer le Bloc n'existerait peut-être pas aujourd'hui si la langue, la culture française et nos institutions juridiques n'avaient pas été protégées au sein de nos constitutions successives. La meilleure garantie que cette nation québécoise pourra continuer de s'épanouir vient de notre participation à l'ensemble canadien.
Le l'a bien compris quand il nous a proposé d'appuyer une résolution reconnaissant que les Québécois constituent une nation au sein du Canada uni. Ces cinq petits mots « au sein du Canada uni », contiennent toute notre histoire comme société, comme peuple et, oui, comme nation. Nous fêterons bientôt ensemble le 400e anniversaire de la fondation de Québec, ma ville natale et la ville où des générations de Cannon et de Power, mes ancêtres, ont pu réaliser leurs rêves et leurs aspirations.
Je souhaite sincèrement que cet anniversaire rappelle à tous les Canadiens et les Canadiennes, d'où qu'ils viennent, que depuis quatre siècles, des générations successives d'hommes et de femmes parlant français ont fondé ici, en terre d'Amérique, un pays qui leur permet encore aujourd'hui d'affirmer leur fierté et leur solidarité à la face du monde. Ils n'ont pas que demandé la reconnaissance des autres, ils ont bâti un pays à leur image, à la sueur de leur front et à la grandeur de leur ambition. Ce pays est toujours leur pays et il le demeurera aussi longtemps qu'il y aura des francophones en Amérique.
Il est vrai que, à certaines époques, les Québécois et les Québécoises ont pu souffrir d'un fédéralisme paternaliste, antagoniste même, mais le a prouvé qu'il voulait et pouvait appliquer un nouveau fédéralisme d'ouverture qui permettra à la nation québécoise d'exprimer toute la richesse de sa personnalité et d'exploiter tout son potentiel dans une relation de respect avec nos partenaires. Ce n'est pas ce que le Bloc québécois veut.
Un autre premier ministre conservateur, Brian Mulroney, s'est dévoué corps et âme, il n'y a pas longtemps, pour faire reconnaître le Québec comme société distincte au sein du Canada. Après des années d'efforts héroïques, ce grand projet n'a pu être réalisé. Et qui retrouvions-nous parmi les ultimes saboteurs de l'accord du Lac Meech? Il y avait là le futur père fondateur du Bloc québécois, Lucien Bouchard, qui a été assez conséquent avec ses principes pour se rendre à Québec et prendre la direction du Parti québécois. Il y avait aussi Jacques Parizeau qui a tout fait, avec Bernard Landry, pour torpiller le gouvernement de Brian Mulroney. Ils l'ont fait pour la raison même qui motive le chef actuel du Bloc québécois. Les souverainistes craignent une chose par-dessus tout, c'est que la nation québécoise continue de s'affirmer au sein du Canada. Mais c'est la nation elle-même qui a choisi son avenir et c'est pour cela que, lors des deux référendums déclenchés par les tenants de la séparation, une majorité de Québécois et de Québécoises a choisi de demeurer au sein du Canada, dans leur pays.
Si le Parti québécois de René Lévesque a été élu il y a 30 ans, c'est avant tout parce qu'il promettait un bon gouvernement et non la séparation immédiate. On ne peut pas reprocher à un citoyen d'une nation d'être nationaliste. Comme une majorité de mes concitoyens et de mes concitoyennes francophones, sans doute, je considère que je suis nationaliste. Le nationalisme ne signifie pas indépendantisme. On peut aimer le Québec sans vouloir la fin du Canada et c'est pourquoi la majorité des Québécois et des Québécoises, quand ils ont senti que leur appartenance au Canada était en jeu, ont voulu la maintenir et l'affirmer. Bien sûr, les Québécois ont déjà élu des gouvernements péquistes et des députés bloquistes, mais ils n'ont jamais renié leur appartenance au Canada, le pays qu'ils ont imaginé, inventé, et qu'ils continuent d'améliorer.
Il ne faut pas se tromper, la véritable intention du chef du Bloc québécois et de ses députés, comme l'a dit hier le premier ministre, n'est pas de faire reconnaître ce que les Québécois et les Québécoises sont, mais ce qu'eux voudraient qu'ils soient. Pour eux, la nation veut dire séparation. Ce débat est réglé.
L'Assemblée nationale du Québec a réaffirmé récemment que les Québécois et les Québécoises formaient une nation. Le premier ministre du Canada vient de le faire et j'espère que tous les députés de cette Chambre le feront aussi, en appuyant la résolution qu'il a proposée.
Comment oublier l'attitude empreinte de dignité, de lucidité et de résolution de Robert Bourassa — que j'ai eu l'honneur de servir aux côtés de la députée de Westmount—Ville-Marie —, quand il a déclaré, dans un moment extrêmement important et critique de notre histoire:
[...] quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement.
Car ce n'est pas tout de vouloir donner des noms aux choses. On reconnaît ceux et celles qui contribuent au progrès de la société québécoise à ce qu'ils réalisent. Et les Québécois veulent des actions et des réalisations, pas seulement des paroles et des proclamations.
Le Bloc québécois, qui veut nous plonger encore dans un débat existentiel, existe depuis 1990. Qu'a-t-il réalisé de concret, de durable pour les Québécois et Québécoises depuis ce temps? De quelle façon a-t-il fait avancer la nation québécoise qu'il prétend représenter et servir? Il n'a rien fait parce qu'il ne peut rien faire, sauf parler.
Bien sûr, il a provoqué de grands débats comme celui-ci, mais a-t-il fait adopter une seule loi en cette Chambre, réalisé un projet? Non, bien sûr, parce que le Bloc n'est pas et ne sera pas au gouvernement. Il ne le sera jamais. En revanche, en quelques mois seulement, le nouveau gouvernement du Canada a respecté la quasi-totalité des grandes priorités annoncées pendant l'élection.
Nous avons surtout ouvert un meilleur avenir à la nation québécoise en définissant un nouveau fédéralisme d'ouverture, qui donne déjà des fruits. Nous travaillons à régler le déséquilibre fiscal, un sujet dont le Bloc aime beaucoup parler depuis des années. Cependant, le Bloc va-t-il régler le problème du déséquilibre fiscal? Non, c'est le gouvernement actuel qui va le faire.
Nous avons aussi permis au Québec de participer pleinement aux travaux de l'UNESCO, comme il le souhaitait depuis longtemps.
Nous nous sommes engagés à respecter fidèlement l'esprit de la Confédération canadienne en respectant le partage des compétences provinciales et fédérales. Nous mettrons fin à l'abus du pouvoir fédéral de dépenser.
Le Bloc dénonce et tente de démolir tous les gouvernements qui ne prônent pas la séparation, mais notre gouvernement maintient des relations suivies et fructueuses avec le gouvernement du Québec; des relations qui débouchent sur des ententes et des réalisations.
La division n'a jamais servi la nation québécoise. « Cessons nos luttes fratricides », comme le disait, il y a plus de 100 ans, le grand Honoré Mercier, qui a voulu unir tous les Québécois, bleus, rouges ou cailles, pour faire avancer la seule société française en Amérique.
J'invite, en terminant, le chef du Bloc québécois à réfléchir à tout ce que nous pourrions accomplir comme nation au sein du Canada uni, si nous cessions de nous déchirer ainsi.
:
Monsieur le Président, c'est en tant que Québécoise et Canadienne que je suis fière de prendre la parole aujourd'hui en cette Chambre au sujet de la nation québécoise et de l'unité du Canada. Car il s'agit vraiment d'une question qui est au coeur même de l'identité québécoise. On ne niera pas que c'est une question d'une grande importance. Selon moi, l'identité d'un peuple ne doit jamais faire l'objet de jeux politiques. Malheureusement, c'est exactement ce que le Bloc québécois tente de faire.
Il est important de se demander pourquoi, au mois de novembre 2006, le Bloc québécois a déposé cette motion à la Chambre des communes. Quelle peut être la motivation d'un parti souverainiste pour déposer une telle motion à la Chambre des communes? Je pense qu'il vaut la peine d'y réfléchir.
Le Bloc québécois ne s'en est jamais caché, il prône ouvertement la séparation du Québec. C'est lui maintenant qui demande à la Chambre des communes, donc à des représentants de partout au Canada, de reconnaître le Québec comme une nation. Qu'on me permette de dire que la situation est quand même assez ironique. Les Québécois savent très bien qui ils sont. Ils connaissent très bien leur histoire.
Plus tôt, mon collègue de a même rappelé des souvenirs de quand nous siégions ensemble sous le leadership de M. Bourassa, qui avait réaffirmé très clairement que le Québec était une société distincte, capable de faire ses choix. Pourquoi le Bloc québécois demande-t-il ici, à tous les représentants du peuple canadien, d'adopter cette résolution? Je pense qu'il est assez facile de conclure qu'en déposant cette motion aujourd'hui, tout ce que le Bloc québécois tente de faire, c'est de nous diviser ici, dans cette Chambre. C'est assez clair. C'est une autre astuce pour essayer de nous faire mal paraître et pour pouvoir ensuite proclamer au Québec et aux Québécois que l'ensemble des parlementaires canadiens n'a pas voulu accepter cette réalité. Cela m'apparaît être la conclusion évidente: c'est la seule motivation du Bloc québécois. Si ce n'est pas le cas, pourquoi un mouvement, un parti souverainiste qui veut la séparation du Québec, viendrait-il demander à la Chambre des communes de définir ce que sont les Québécois? C'est un non-sens.
C'est le même parti qui, en 1995, je vous le rappelle, avait voté contre la société distincte au sein du Canada. Soyons clair, l'idéologie du Bloc québécois, et il le dit clairement, est la séparation pure et simple du Québec, point final. Bien que le chef du Bloc québécois dise toujours que le Canada peut continuer à fonctionner comme il l'entend, il est clair que le Québec fait partie du Canada. Quand il apporte de telles motions qui cherchent à diviser les gens, j'en conclus qu'il ne veut pas que le Canada fonctionne bien.
Je trouve que le Bloc joue un jeu très dangereux qui ne mène nulle part. Le Bloc a tendu un piège à l'ensemble des parlementaires. Comme par hasard, il s'est pris lui-même le pied dans le piège. Dans cette Chambre, il y a des parlementaires d'expérience. Il y en a qui sont des spécialistes en termes de stratégie parlementaire, je dirais même de tactique parlementaire. C'est exactement ce que le Bloc a essayé de faire, mais il n'a pas réussi.
Au fond, encore une fois, en essayant de s'approprier ce débat, les bloquistes tentent de nous dire qu'ils sont les seuls à défendre les intérêts québécois. Je n'en peux plus d'entendre cela en cette Chambre. Cela fait plus de dix ans que j'entends cela. Ils osent dire, quand ils se lèvent en cette Chambre pour défendre quelque dossier que ce soit, quelque programme ou quelque législation: « Nous le faisons au nom des Québécois ». Excusez-moi, mais je suis aussi Québécoise. Le député de Bourassa est Québécois, le député de Pontiac est Québécois. De quel droit peut-on affirmer une telle aberration? Il en est ainsi depuis que le Bloc siège à la Chambre des communes. Il croit parler pour l'ensemble de presque 7 millions de Québécois, mais ce n'est pas le cas.
Il y a aussi des fédéralistes en cette Chambre qui représentent aussi des Québécois. Le Bloc a de la difficulté à accepter qu'il y ait ici des fédéralistes qui défendent les intérêts du Québec, mais qui s'engagent aussi à en faire la promotion au sein de notre grand pays. C'est cela la différence fondamentale.
Les bloquistes ont peut-être de la difficulté à le croire, mais il y a aussi des fédéralistes à l'Assemblée nationale du Québec. J'en étais une et mon collègue de Pontiac en était un également et, aujourd'hui, il y a le Parti libéral du Québec qui dirige la province, qui est un parti fédéraliste qui défend les intérêts du Québec, tout en faisant la promotion du pays.
Il faudrait peut-être que le Bloc admette cette réalité qui existe au sein du Québec à l'effet que plusieurs personnes, en tant qu'élues, représentent des parties de la population québécoise et ont à coeur ce pays. En plus, je comprends bien que le Bloc ait peut-être également de la difficulté à penser qu'il y a des fédéralistes au sein de mon propre parti, le Parti libéral du Canada, qui ont à coeur de défendre aussi les intérêts du Québec au sein du Canada.
Je ne peux pas passer sous silence le fait que cette motion qui vient de nous arriver en novembre 2006, comme par hasard, suit les débats qui ont lieu présentement au Québec au sein de ma propre formation politique. Donc, je voudrais vraiment dire aux députés de cette Chambre de ne pas oublier que les militants du Parti libéral du Canada au Québec sont vraiment ceux qui ont ouvert ce débat et que nous n'avons, au sein de notre parti, jamais craint de débattre de questions importantes et d'idées différentes pour finalement arriver à des consensus.
C'est vraiment le signe d'un parti qui écoute sa base militante. Cette base militante est issue de toutes les régions du Québec.
Ce matin, je veux saisir l'occasion de rendre hommage à ces femmes et à ces hommes du Parti libéral du Canada au Québec, qui ont eu l'audace, depuis plusieurs semaines, de remettre à l'avant-scène ce débat sur la nation. Il fallait de l'audace. Ils l'ont fait et ils méritent qu'on le souligne aujourd'hui. Je crois que ces fédéralistes québécois ont démontré qu'il s'agit d'une question importante qui peut nous aider à continuer à moderniser notre fédération et à faire du Canada un pays encore plus uni. Ils ont écouté les Québécois et les Québécoises partout, lors de consultations, et ils ont soulevé le débat. Ils ont donc su concrétiser cette initiative de la main tendue.
Qu'ont en commun tous ces fédéralistes québécois? C'est ce que le Canada représente pour eux. Pour eux, tant dans la vie de tous les jours que dans leur coeurs, ils expriment légitimement l'attachement qu'une majorité de Québécois ressentent pour le Canada.
Les fondateurs de ce pays ont cherché à créer un pays où deux langues et plusieurs cultures et religions se côtoient pacifiquement. Je crois fermement que la présence des francophones dans ce pays, à cause de l'attachement à leur langue et à leur culture et de la détermination des Québécois à défendre leur identité, a permis à ce pays de reconnaître la différence. Non seulement de la reconnaître et de la respecter, mais même de la célébrer. C'est à cause de cette réalité de la présence des francophones au Canada, des Québécois qui ont défendu leur identité, que ce pays s'est ouvert à d'autres cultures. Finalement, nous avons accepté que des citoyens du monde entier viennent s'ajouter à notre citoyenneté. Aujourd'hui, les autres pays de monde nous regardent en se demandant comment on a pu réussir ce succès au Canada.
Je crois que la contribution la plus importante des francophones et des Québécois à l'édification du Canada est d'avoir permis que nous ayons maintenant ce pays ouvert à toutes les cultures et à toutes les dimensions. C'est pour cette raison que nous avons un pays original, comparativement à d'autres pays du monde entier, et que les yeux sont tournés vers nous.
Il est assez évident que le Bloc essaie de remettre en cause tout cet acquis que nous avons obtenu au fil des ans. Pourtant, les fédéralistes québécois ont vécu deux référendums. On ne parlera pas de la clarté inexistante de la question. En effet, j'ai fait campagne durant ces deux référendums. Je dois avouer qu'en faisant du porte à porte lors du dernier référendum — et je suis sûr que le député de Bourassa et de Pontiac diront la même chose — et en essayant d'expliquer cette question aux gens, certains Québécois nous disaient: « On va voter pour le oui, mais on sera toujours citoyens Canadiens ».
Il y avait une confusion totale. Toutefois, on a dit non deux fois. Pourquoi a-t-on dit non deux fois? Pourquoi le Bloc et le Parti québécois essaient-ils de nous demander de choisir entre nos deux identités? Moi, je suis une fière québécoise et une fière canadienne. Pourquoi nous demander de choisir entre nos identités? Pourquoi?
La réponse était « non, merci ». Non, merci, nous sommes fiers d'avoir plusieurs identités. Je suis une fière Montréalaise, une fière Québécoise et une fière Canadienne.
Les bloquistes ont toujours eu du mal à accepter cette réalité. Ils refusent toujours d'admettre que, pour une majorité de Québécois, le Canada représente un pays d'avenir, et qu'ils ont toujours l'intention de continuer à le construire. Pour moi, il est très clair que le Canada ne serait pas tel qu'il est aujourd'hui sans le Québec, et à l'inverse, le Québec ne serait pas ce qu'il est sans la participation des autres Canadiens à ce projet collectif.
Je pense à mon expérience depuis que je suis en politique. Je me rappellerai toujours qu'avant de me lancer en politique, le ministre de la Justice du Québec de l'époque, M. Herbert Marx, m'avait dit que si je décidais d'entrer en politique, il me faudrait faire avancer les idées étape par étape. Quand on essaie de brusquer les choses et de ne pas suivre leur évolution, on risque de subir des échecs. C'est ce qui se passe. Étape par étape, nous faisons avancer, au Canada, la reconnaissance de la place du Québec.
Je suis arrivée en politique fédérale en 1995, en cette Chambre même. Vous étiez peut-être là monsieur le Président. Je pense que oui, car vous êtes un député de longue expérience. À ce moment-là, nous avons voté dans cette Chambre à l'effet que le peuple du Québec était une société distincte au sein du Canada. Ne soyons pas surpris que le Bloc ait encore une fois voté contre, naturellement.
Je me souviens que sous le leadership du député de , nous avons fait avancer moult dossiers pour reconnaître la différence du Québec. Le Québec avait la possibilité de mettre sur pied son propre congé parental, et nous avons reconnu l'initiative assez innovatrice du système de garderies québécois. D'abord et avant tout, il y a eu la volonté — et je veux saluer la résolution très ferme dont le député de LaSalle—Émard a fait preuve à ce moment-là en tant que premier ministre —, de faire inscrire dans une entente le concept de fédéralisme asymétrique dans ce pays.
On voit que cela se fait étape par étape. Le député de LaSalle—Émard avait même dit, en réponse au chef du Bloc durant le débat des chefs, qu'il avait toujours reconnu, lui, que le Québec était une nation.
Que se passe-t-il aujourd'hui? Pourquoi le Bloc dépose-t-il cette motion? C'est vraiment la question que nous devons nous poser, et nous ne devons pas tomber dans le piège. Je répète que je suis fière que la base militante du Parti libéral du Canada ait eu l'audace de ramener ce débat à l'avant-scène. Je suis fière de voir que les parlementaires fédéralistes de cette Chambre ne sont pas tombés dans le piège du Bloc québécois. Mais surtout, en tant que Québécoise, je suis très fière de voir que mes collègues parlementaires de partout au pays sont prêts à reconnaître la spécificité du Québec. Cela fait vraiment chaud au coeur à l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
C'est pour cette raison-là que je demande au Bloc d'accepter le sous-amendement suivant à l'amendement qu'il a été déposé.
Par conséquent, si le parrain de la motion y consent, en vertu du l'article 85 du Règlement, je propose: « Que l'amendement soit modifié en supprimant le mot « actuellement » et modifié par adjonction, après les mots « au sein », de ce qui suit: « un Canada uni ».
:
Monsieur le Président, je ne me perdrai pas, pour le moment, dans les dédales des amendements, des sous-amendements et des jeux politiques. En réalité, je suis très fière de me lever aujourd'hui pour parler en faveur d'une nation québécoise forte au sein du Canada. C'est la réalité. Elle est actuellement au sein du Canada. Le NPD et moi allons continuer à nous battre pour que le Québec reste au Canada.
Je suis moi-même une francophone de souche québécoise et acadienne, née à Saint-Boniface, au Manitoba. J'ai habité Ottawa pendant de nombreuses années. J'ai aussi habité à Montréal et à Calgary. J'ai suis devenue conseillère municipale dans ma ville actuelle de Victoria, en Colombie-Britannique. Alors, je sais à quel point le Canada est un beau pays diversifié. C'est cette diversité qui fait partie intrinsèque de notre identité comme Canadiens.
Je crois fortement dans la fédération canadienne. Je suis fédéraliste jusqu'à la moelle des os. Je suis entrée en politique, d'une part, pour que les priorités et les voix de ma communauté soient entendues et prises en considération par le gouvernement fédéral, et d'autre part, pour que le gouvernement fédéral soit un agent non pas centralisateur mais unificateur et protecteur des droits sociaux, culturels et environnementaux de tous les Canadiens.
Quand je me suis lancée en politique, c'était aussi pour l'importance que j'accorde à une présence forte des deux cultures dans un pays uni. J'apprécie fortement la contribution du peuple québécois au tissu social de notre pays, d'hier à aujourd'hui. J'apprécie la culture et la langue québécoises, son sens de l'humour, sa musique, sa littérature et sa politique. Ce sont des éléments intégraux de ce que cela signifie que d'être Canadiens.
Cela dit, je ne peux parler à la place des Québécois. Je crois que le peuple québécois se définit lui-même comme il l'entend. L'Assemblée nationale du Québec a proclamé, à l'unanimité, comme cela a été dit ce matin, que les Québécois forment une nation. C'est la raison pour laquelle j'appuie de tout coeur la reconnaissance du NPD selon laquelle le peuple québécois forme une nation. Selon moi, il s'agit de reconnaître un simple fait, une évidence. Mes conversations avec des membres québécois de notre parti et mes amis québécois m'ont convaincue que bon nombre de Québécois croient fermement que la nation québécoise peut réaliser son énorme potentiel, sa destinée, dans un Canada uni.
Ils croient que le peuple québécois peut être maître chez lui tout en faisant partie de la nation québécoise. Ils ne sont pas d'accord avec l'option du Bloc québécois qui souhaite un Québec séparé.
[Traduction]
De même, je crois que la grande majorité des Canadiens à l'extérieur du Québec veulent que la langue française et la culture québécoise soient protégées et florissantes dans la province. Nous ne formons pas le même pays sans les Québécois. On n'a qu'à penser au trop grand nombre d'inscriptions, par exemple, dans les écoles d'immersion sur la côte Ouest, à Vancouver et Victoria, où les parents doivent camper à l'extérieur, à l'automne, au moment des inscriptions pour veiller à ce que leurs enfants puissent apprendre le français. Il s'inscrivent même à des loteries, là encore pour veiller à ce que leurs enfants aient la possibilité de devenir bilingues.
Le contexte culturel de la Colombie-Britannique est favorable au français au point que j'ai été en mesure d'enseigner à mes propres enfants à parler le français et je vois maintenant mes petits-enfants apprendre le français. Il y a de nombreuses associations francophones. La musique et les spectacles francophones sont appréciés et cela fait également partie de la contribution du Québec au reste du pays.
La réaction des Canadiens de toutes les régions du pays en octobre 1995 a été une manifestation extraordinaire d'amour. Elle reflétait le sentiment de la plupart des Canadiens, pour qui perdre le Québec serait perdre une partie de nous-mêmes, en ce sens que le Québec sert à définir le Canada. Je crois que nous pouvons, en tant que fédéralistes, définir notre pays comme bon nous semble.
Le soir de ce référendum historique, j'étais vraiment triste à la pensée de perdre le Québec, car je croyais alors que le Canada serait un pays à la dérive sans le Québec. Je n'ai pas pensé en tant que francophone que ma seule solution était de quitter l'Ouest du pays pour vivre au Québec, car j'ai besoin des deux parties du Canada pour vraiment me sentir Canadienne. Comment pouvons-nous être le Canada sans ses parties intrinsèques, sans le Québec? C'est tout simplement impossible.
[Français]
Je me réjouis que le ait finalement reconnu le Québec comme nation. Pendant les dernières élections, il s'est fait prier tant et plus d'en reconnaître le fait. Il avait du mal à prononcer ces paroles. Ce n'est que les gains politiques et l'opportunisme politique qui l'ont poussé à le faire hier. Mais je le félicite tout de même. Les libéraux aussi, comme il leur est habituel, ont décidé de suivre le défilé.
Je crois qu'il est important, dans ce débat, de dénoncer le manque de vision du Parti libéral qui nous a menés directement au scandale des commandites. Tout comme le référendum, des programmes imprégnés de corruption ont mis notre pays en danger. Ils ont endommagé le fédéralisme au Québec.
Cependant, d'autres tendances actuelles sont inquiétantes pour l'avenir de notre pays. Comme le dit bien Roy Romanow dans un article paru dans The Walrus:
[Traduction]
Récemment, le Conseil canadien des chefs d'entreprises, un groupe de pression influent qui représente les plus grosses sociétés du Canada, a laissé entendre que le gouvernement fédéral devrait accorder aux provinces des pouvoirs accrus en matière d'imposition et cesser de verser des paiements de transfert qui sont utilisés depuis toujours pour veiller à ce que des normes nationales soient appliquées dans tout le pays dans le cadre de programmes socioéconomiques. À part quelques rôles très restreints surtout dans les domaines de la défense et des affaires étrangères, quelles fonctions reste-t-il au gouvernement fédéral dans ce cas-là?
Il est évident pour moi qu'il y a de nombreuses façons de détruire un pays, que ce soit par la corruption, ou par la mise en oeuvre de politiques néo-conservatrices notamment. Je m'oppose à l'affaiblissement du tissu social du Canada par un gouvernement qui remplace la politique sociale par des réductions d'impôt, qui se décharge de ses responsabilités sur les provinces et qui veut que le gouvernement fédéral ne soit responsable que de la défense et des affaires étrangères.
[Français]
Nous devons donc être vigilants, tout en accommodant nos différences, de ne pas compromettre ce qui nous rend un pays unique dans le monde. Pour sa part, le NPD reconnaît l'importance de bâtir le pays, d'investir dans ce qui nous rend unique, d'investir dans le postsecondaire, dans certains programmes sociaux, dans nos institutions publiques. Le NPD reconnaît depuis longue date la spécificité du Québec, son caractère national, et l'a d'ailleurs réitéré lors de notre convention dans la Déclaration de Sherbrooke:
[...] ce caractère national du Québec repose notamment, mais non exclusivement, sur:
1. Une société à majorité francophone dont le français est reconnu comme langue de travail et langue commune de l'espace public.
2. Une culture spécifique, unique en Amérique, qui s'exprime par un sentiment d'identité et d'appartenance au Québec.
3. Une histoire spécifique.
4. Un système de lois spécifiques.
5. Des institutions économiques, culturelles et sociales propres.
Nous proposons depuis longue date une vision qui permet au Québec de rester avec fierté au sein du Canada. Ce que nous entrevoyons, nous, c'est un Canada qui respecte le Québec. Nous proposons des solutions et une vision qui feront que les Québécois voudront rester et bâtir un pays progressiste avec ses alliés au Canada anglais.
C'est parce que nous croyons avant tout qu'une société égalitaire et coopérative doit accommoder et fêter les différences et non pas les aplanir, que nous appuyons la notion d'un Québec en tant que nation au sein du Canada. L'unité n'est pas nécessairement l'uniformité.
Il s'ensuit que l'État fédéral canadien ainsi que les Canadiens hors du Québec reconnaissent que le Québec doit avoir des pouvoirs spécifiques, une marge de manoeuvre particulière afin de faire épanouir sa culture et sa langue qui sont si fondamentales non seulement à l'identité québécoise, mais aussi à l'identité canadienne. Le NPD reconnaît donc le fait historique que les Québécois forment une nation, une nation — je dis bien — au sein du Canada.
[Traduction]
Nous ne faisons que reconnaître un fait qui demeure peu importe qui soumet la proposition. Nous savons que le Bloc manigance autour de cette idée, mais nous n'en faisons rien. Nous ne nous prêterons pas à ces jeux.
[Français]
Le peuple québécois, je l'espère, sait bien que dans ce débat, il s'agit de beaucoup plus que d'un simple mot. C'est la reconnaissance du peuple québécois, de sa culture, de son histoire particulières, de ses institutions, d'une société bien unique non seulement au Canada, mais dans le monde entier — qui fait d'ailleurs l'envie dans le monde entier.
[Traduction]
Le NPD reconnaît que le Québec forme une nation, mais lorsqu'il est question de la séparation du Québec du reste du Canada, le NPD choisit le Canada. Il a toujours choisi le Canada, tout comme les Québécois d'ailleurs. Nous sommes un parti fier d'être fédéraliste. Nous sommes fiers que notre fédération comprenne le Québec.
[Français]
L'objectif du Bloc au Parlement est clair. Il veut voir le Québec quitter la grande famille canadienne. Nous nous opposons à leur option.
[Traduction]
Dans un monde où le sectarisme est très répandu, nous devons bâtir des ponts et non les détruire.
[Français]
Au NPD, nous croyons que les Québécois et les Québécoises ordinaires seront mieux servis en demeurant au sein du Canada. C'est pourquoi nous croyons que, malgré nos différences entre fédéralistes, il faut travailler ensemble pour créer activement et concrètement les conditions gagnantes pour le Canada au Québec. Nous proposons hâtivement une vision de coopération, de reconnaissance, d'égalité, de respect, de flexibilité, de transparence et d'honnêteté. Nous demandons aux Québécois et aux Québécoises de se joindre à nous.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de .
Je ne m'attendais pas de venir parler à la Chambre des communes lorsque j'ai décidé la semaine dernière de venir ici aujourd'hui pour me familiariser à nouveau avec cette Chambre des communes où j'ai déjà passé beaucoup de temps et où j'ai toujours la fierté de représenter les citoyens et citoyennes de La Pointe-de-l'Île. Je suis ici aujourd'hui et ce débat m'interpelle profondément. Je vais essayer d'en traiter dans le court délai que j'ai, et je vous prie de me le dire, monsieur le Président, quand il me restera une minute.
Je veux essayer de rappeler que les Québécoises et les Québécois forment une nation depuis très longtemps et que, malheureusement, le Canada dans son ensemble n'a jamais accepté de reconnaître ce fait. Aujourd'hui, je suis stupéfaite d'entendre certains arguments venant de parlementaires que je respecte beaucoup par ailleurs, parlant de ce piège que le Bloc québécois tendrait au Parlement en déposant cette motion aujourd'hui.
D'abord, les Québécoises et Québécois forment une nation depuis longtemps. Mon premier métier était l'histoire. Dans ce temps-là, on parlait de l'histoire du Québec et du Canada. On peut penser — et on a des citations à cet effet — que dès le régime français, avant la conquête britannique, les Canadiens — parce que les Québécois du temps s'appelaient les Canadiens pour se distinguer des Français — formaient déjà une nation. Comme les Américains se sont développés un pays, ils ont fait l'indépendance, mais même s'ils n'avaient pas fait l'indépendance, ils auraient été différents des Britanniques. Ils étaient Américains. C'était la nation américaine. De la même manière, les Canadiens du temps, ce Canada qui était une colonie française, se distinguaient et déjà il y avait cette différence. Il y avait cette nation qui était là.
Inutile de dire que la conquête britannique — le fait que la très grande majorité des colons se soient installés, par la volonté des gouverneurs britanniques, du côté de l'Ontario d'une part, et des Cantons-de-l'Est de l'autre —, la forte natalité canadienne du temps, qui est devenue canadienne française plus tard, ont encore ancré davantage ce sentiment de différence. Je pourrais en parler longtemps.
Je voudrais rappeler que quand Lord Durham — de sinistre mémoire au Québec — est venu après les insurrections de 1837-1838, parlant du Québec, parlant de ce qui était alors le Bas-Canada après les insurrections, il a dit — et je l'ai appris de mon professeur, passant une session sur Lord Durham —: « I found two nations warring in the bosom of a single state ».
Lord Durham, à la suite de ce rapport, allait conclure que ce qui était le plus urgent, c'était de mettre en minorité ces Canadiens. Par la suite, plus tard, on pourrait donner le gouvernement responsable. De là a découlé l'union forcée de ce que sont aujourd'hui l'Ontario et le Québec qui, plus tard, devint le Canada. Mais avant de donner la capacité à la colonie de s'autogouverner, ce qui était le germe de l'indépendance, Lord Durham disait: « Il faut mettre ces Canadiens en minorité ».
Cette nation québécoise, dont on dit aujourd'hui que la reconnaître est un piège, n'a fait que s'exprimer et grandir de façon différente. Elle est. Elle n'est pas parce que le Canada est uni. Elle est.
Je voyage souvent et il existe des pays multinationaux, des pays qui comptent plusieurs nations — la Belgique se reconnaît comme tel. Une nation comme la nation québécoise, qu'elle forme un pays ou non, est une nation. Alors, dire que ce serait un piège que de la reconnaître, est pour le moins extrêmement surprenant.
Il est aussi surprenant aussi que, pendant tout ce temps, depuis la conquête britannique jusqu'à maintenant, avec toute l'évolution canadienne et l'image d'autosatisfaction que les Canadiens projettent souvent, on n'ait jamais voulu reconnaître la nation québécoise comme une nation, comme un groupe de personnes unies par l'histoire, la langue, la culture et un ensemble de lois. C'est aussi vrai en anglais qu'en français. Bien sûr, ce n'est pas un pays. C'est pour cette raison que le Québec ne peut pas faire partie des Nations Unies.
Pourquoi, pendant tout ce temps, le Canada a-t-il eu tant de difficulté à la reconnaître? On n'a qu'à penser à la saga que plusieurs d'entre nous et moi-même avons vécue, la saga de la reconnaissance de la société distincte et le contenu de l'accord de Charlottetown. Pourquoi avoir tant de difficulté à reconnaître les caractéristiques de cette nation quel que soit son avenir? Encore une fois, je suis étonnée qu'on dise qu'il s'agit d'un piège ou d'une astuce. Pour ma part, le texte que j'ai lu est bien davantage une astuce. J'ai lu ce texte puisque je n'étais pas présente hier, pour des raisons dont je pourrai vous parler dans les corridors. J'ai donc lu ce que le a dit:
La vraie question est simple: les Québécoises et les Québécois forment-ils une nation au sein d'un Canada uni? La réponse est oui. Les Québécois et les Québécoises forment-ils une nation indépendante du Canada? La réponse est non, et elle sera toujours non.
S'il y a une astuce quelque part, c'est dans le sens que l'on veut donner à: « Canada uni ». C'est pour cette raison que le chef du Bloc québécois s'est levé tout à l'heure pour dire qu'il serait d'accord avec un amendement qui dirait: « actuellement au sein d'un Canada uni ». On veut dire ce qui est. Les Québécois et les Québécoises sont ce qu'ils sont dans le Canada d'aujourd'hui, c'est vrai, et notre motion le dit.
C'est pourquoi nous ne pourrions pas comprendre — du moins, moi, je ne pourrais pas comprendre — que l'ensemble de ce Parlement ne soit pas d'accord avec notre motion telle qu'amendée, puisque nous avons fait justement l'effort de faire admettre la reconnaissance de la nation québécoise telle qu'elle est aujourd'hui. Cependant, on ne peut pas accepter de se faire dire en même temps:
Les Québécois et les Québécoises forment-ils une nation indépendante du Canada? La réponse est non, et elle sera toujours non.
Nous ne voulons pas, dans notre motion, présumer de l'avenir.
Pourquoi faut-il que, dans la motion du , que tout le monde a saluée, on présume de l'avenir?
On accepte la reconnaissance de la nation québécoise, parce qu'on s'assure de l'avenir.
Non. Nous disons qu'il faut reconnaître aujourd'hui...
:
Monsieur le Président, j'interviens avec plaisir dans le débat sur cette motion présentée par le chef du Bloc québécois, une motion qui, vous le comprendrez, revêt toute son importance.
Étant donné que le débat tourne autour de la notion de nation québécoise, il pourrait être pertinent de définir ce qu'on entend par « nation ». Le terme « nation » peut se rapporter à deux choses différentes: lorsqu'il s'applique à un État ou à un territoire, il peut être synonyme de pays. C'est ce qu'on entend lorsqu'on parle des Nations Unies, organisation dont le Québec ne peut malheureusement pas être membre puisqu'il n'est pas souverain.
Ainsi, si la motion telle que libellée stipulait que le Québec était une nation, certains pourraient prétendre qu'elle veut dire que le Québec est un pays. Or, ce n'est pas ce que la motion dit. La motion demande à cette Chambre de reconnaître que les Québécoises et Québécois forment actuellement une nation au sein du Canada, selon le dernier amendement qui a été présenté par mon collègue de . Toutefois, lorsqu'il s'applique à des personnes, le terme « nation » n'est pas synonyme de pays. À ce sujet, les dictionnaires représentent une mine incroyable d'informations. À mon avis, on n'y réfère pas assez souvent.
Selon le Petit Larousse, le terme « nation » désigne une « [G]rande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte ».
Que nous dit le Petit Robert? Il définit le terme « nation » comme un « [G] roupe humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun ».
C'est exactement le sens de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
On a remarqué qu'aucune de ces définitions ne renvoie à l'origine. On parle de « volonté de vivre en commun », de culture commune et de territoire commun.
Pour ceux qui voudraient prétendre que le terme « nation » ne signifie pas la même chose en français qu'en anglais, nous avons vérifié dans l'Oxford English Dictionary. Ce dictionnaire nous dit:
[Traduction]
Un groupe important de personnes unies par l'ascendance, la culture ou la langue, habitant un État ou un territoire donné.
Fin de la citation.
[Français]
C'est exactement la même chose qu'en français. Peu importe de quelle façon on retourne cette question, il est clair que les Québécois et les Québécoises forment une nation.
Le Canada, et c'est le sens de la motion, est-il disposé à reconnaître cette évidence, et ce, contrairement à la motion présentée par le premier ministre, sans y poser de condition? Parce que le mot « uni » ajouté à la motion du premier ministre est en plein une condition que fixe le gouvernement fédéral.
Il y a un large consensus au Québec sur le fait que les Québécoises et les Québécois forment une nation, et ce depuis plusieurs années. Je vous rappellerai que le 30 octobre 2003, et mon chef y a fait référence, l'Assemblée nationale du Québec adoptait à l'unanimité la motion suivante:
Que l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois forme une nation.
Et à l'unanimité, qu'est-ce que cela veut dire? Le 30 octobre 2003 à l'Assemblée nationale du Québec, cela veut dire que c'est exactement la même législature qui siège présentement. Il y a un gouvernement majoritaire du Parti libéral du Québec, il y a une opposition officielle formée par le Parti québécois et il y a un troisième parti non reconnu en raison du nombre de députés qui se trouvent au sein de cette formation mais qui, soit dit en passant, a voté en faveur de la motion, soit l'Action démocratique du Québec. Ce sont trois partis qui, à l'unanimité à l'Assemblée nationale, aussi bien des députés d'allégeance souverainiste que fédéraliste, ont voté en faveur de cette motion.
La motion ne dit pas que les Québécois forment une nation si le Canada reste ce qu'il est ou que le Québec est une nation s'il opte pour la souveraineté. Je mets au défi la présidence et tous les députés en cette Chambre de trouver à quel endroit, dans la motion dont on discute actuellement, ces conditions sont spécifiées. La motion qui est devant nous dit que le peuple québécois forme une nation, point. Ce n'est pas pour rien que l'Assemblée nationale spécifiait l'existence de la nation québécoise. Vous comprendrez que lorsque j'ai fait référence à l'Assemblée nationale qui réaffirmait que le peuple québécois était une nation, c'était en regard de la motion qui a été adoptée à l'unanimité le 30 octobre 2003 par l'Assemblée nationale.
Référons-nous à ce que Maurice Duplessis disait en avril 1946:
La Confédération canadienne est un pacte d'union entre deux nations.
Voyons ce que Jean Lesage disait en novembre 1963:
Le Québec ne défend pas le principe de l'autonomie des provinces seulement parce qu'il s'agit de principes, mais bien plus parce que l'autonomie est pour lui la condition concrète non pas de sa survivance qui est désormais assurée, mais de son affirmation comme peuple et comme nation.
Le temps va me manquer, mais j'aurais aussi une déclaration de Daniel Johnson père en février 1968, de René Lévesque en juin 1980, de Jacques Parizeau en décembre 1994 et finalement de Lucien Bouchard en octobre 1999. Ce sont tous des premiers ministres qui ont réaffirmé au fil des ans que les Québécoises et les Québécois, que le peuple québécois, forment une nation.
Le voudrait que les Québécois ne forment une nation qu'à l'intérieur d'un Canada uni. C'est un peu ridicule, et ma collègue de la l'a quelque peu soulevé. Il s'adonne que les Québécois formaient une nation bien avant que le Canada n'existe. Le temps va me manquer, puisqu'il s'agit d'un court exposé de 10 minutes. Toutefois, on pourrait référer à ce que l'intendant Talon disait dès 1667, à ce que le navigateur français Louis-Antoine de Bougainville disait en 1756 ou encore même à ce que lord Durham disait, commentant la révolte des patriotes en 1838. Cela vaut la peine de citer le constat de lord Durham: « Je m'attendais à trouver une lutte entre un gouvernement et un peuple, j'ai trouvé deux nations en conflit au sein d'un même État. »
Je veux terminer en référant concrètement à ce que le chef du Bloc québécois soulignait hier:
[...] jamais je n'imposerai que les Québécois forment une nation à la condition d'avoir un pays et jamais je n'accepterai que la seule condition pour être une nation, c'est de faire en sorte de reconnaître que l'on doive rester dans le Canada.
Nous sommes une nation, parce nous sommes ce que nous sommes, peu importe l'avenir que l'on choisira.
Il est donc important de bien relire le libellé de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, je débuterai aujourd'hui en citant ce qu'a dit un Père de la Confédération lors des débats concernant la Confédération en 1864:
Soyons fermes et unis...
Un pays, un drapeau pour nous tous:
Unis, nous serons forts de notre liberté...
Divisés, nous tomberons, tous tant que nous sommes.
Hier, le du Canada a proposé la motion suivante:
[Français]
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
[Traduction]
Je prends la parole dans cette Chambre à titre de Canadien de l'Ouest. L'histoire de notre pays et l'avenir que nous partageons ensemble m'intéressent passionnément.
Durant les années que j'ai passées au service du public, j'ai eu le privilège de visiter ce pays remarquable en long et en large et de connaître chaque région. À titre de ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, j'ai exploré les endroits les plus éloignés de ce pays remarquable et attachant, et j'y ai voyagé en compagnie de Canadiens extraordinaires qui font partie de nos Premières nations.
[Français]
Je me lève aussi en Chambre aujourd'hui en tant que francophile, en tant que Canadien qui reconnaît, qui respecte et qui embrasse la langue, la culture et l'histoire des Québécois. Je discute de cette motion aujourd'hui en tant que Canadien fier de tout son pays et de la diversité qui prévaut au sein de ses frontières.
[Traduction]
Le sujet du débat qui intéresse la Chambre a été bien campé. Le du Canada a fait preuve d'esprit de décision et de courage en proposant une motion qui constitue une réaction opportune aux intentions malveillantes du Bloc québécois. Dans une démarche constructive, la motion reflète la volonté des Canadiens de constituer un pays uni, tout en reconnaissant le rôle fondateur des Québécois comme l'une des nations qui composent le Canada.
Le chef du Bloc et ses collègues séparatistes ne souhaitent pas une définition des Québécois dans l'optique d'un Canada uni. C'est ce qui nous distingue, nous les fédéralistes de la Chambre des communes, de ceux qui voudraient nous diviser, nous séparer et nous diminuer. Leur souci n'est pas de définir les Québécois, ni de promouvoir les particularités des Québécois que sont la langue, la culture, les traditions et l'histoire, dans le cadre de notre pays, le plus remarquable de la planète. Ils laisseraient plutôt libre cours à un débat qui diviserait l'opinion au Canada aussi bien qu'au Québec. Le gouvernement actuel ne veut pas suivre cette voie.
[Français]
Le Bloc québécois continue de vouloir soulever la question de sympathie. Il veut briser le Canada. La mission du Bloc québécois est de défendre et promouvoir ses propres intérêts, non ceux des Québécois et des Québécoises. Nous sommes en désaccord. Les Québécois et les Québécoises ainsi que les autres Canadiens et Canadiennes sont tous les bâtisseurs de notre pays. Ce gouvernement et ce premier ministre vont protéger l'unité de notre pays que nous avons tous contribué à bâtir.
[Traduction]
Le et le nouveau gouvernement souhaitent suivre la voie tracée par de grands premiers ministres et de grands partis qui ont voulu construire notre nation, comme sir John A. Macdonald, accompagné en cela par George-Étienne Cartier, et aussi comme Laurier, Trudeau et Mulroney.
À titre de conservateurs, nous affirmons et nous reconnaissons que les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
[Français]
Nous, les conservateurs, choisissons de bâtir un Québec plus fort au sein d'un Canada meilleur. La population québécoise souhaite des résultats tangibles et concrets, ce que le Bloc ne pourra jamais offrir.
[Traduction]
Notre pays est immense. Il se distingue par sa diversité et par la richesse ethnologique, linguistique et culturelle qui définit la mosaïque canadienne. En tant que Canadien de l'Ouest, je chéris cette mosaïque dynamique et colorée.
Il est important de reconnaître que plusieurs peuples fondateurs ont créé le Canada, mais qu'il a depuis bénéficié de l'apport de nouveaux Canadiens des quatre coins du globe. En lisant les discours entourant la Confédération, j'ai souvent été frappé du fait que les Pères de la Confédération avaient pour plan de favoriser l'immigration et le peuplement de l'Ouest.
Je dirais, en passant, que les Premières nations du Canada, les peuples autochtones, y compris les Inuit et les Métis, ont dès le départ contribué au Canada d'aujourd'hui.
Nous avons fait tout cela en devenant un modèle pour le monde. Nous avons réussi à bâtir un pays qui fait l'envie de tous, compte tenu de notre prospérité, des libertés dont nous jouissons et du respect, de la tolérance et de la civilité dont nous faisons preuve les uns envers les autres.
Le Bloc veut mettre un terme à tout cela. Le Bloc veut ériger des murs entre nous. Le Bloc veut nous séparer. Nous ne devons jamais oublier que c'est sa raison d'être. C'est sa mission et sa plus grande ambition.
[Français]
Monsieur le Président, tel qu'énoncé par le , hier, la véritable intention du chef du Bloc et du camp souverainiste est parfaitement claire: ils veulent séparer, diviser et briser le Canada. Mais nous devons affirmer l'unité canadienne. Nous devons défendre l'unité nationale. Ce premier ministre et ce gouvernement défendent le Canada, ce qui pour nous inclut un Québec fort, confiant et fier, un Québec plus fort au sein d'un Canada meilleur.
En effet, nous sommes tous fiers de vivre dans ce pays appelé le Canada.
[Traduction]
Nous pouvons tous être fiers de vivre au Canada.
L'édification du Canada m'a toujours émerveillé. Comment avons-nous pu réussir à créer un pays aussi merveilleux?
Pour tenter de répondre à cette question, il m'est arrivé de consulter les débats entourant la Confédération et les propos tenus par les Pères de la Confédération au moment de la création de notre merveilleux pays. Les Pères de la Confédération ont choisi une forme de gouvernement bien adaptée pour exprimer et respecter la diversité régionale, linguistique et religieuse. Le principal exemple de cette diversité est incontestablement l'existence de deux groupes linguistiques importants.
[Français]
Avec notre diversité linguistique, nous faisons l'envie de plusieurs pays qui n'arrivent toujours pas à résoudre leurs différences culturelles.
[Traduction]
Un des principaux facteurs qui ont mené à la création du Canada en tant que fédération a été la présence du Québec. Les fondateurs de notre pays voulaient bâtir une nation qui embrassait notre diversité.
Il est incontestable que, au coeur de notre pays et de tout ce que nous avons réalisé, se trouve le contrat qui a été défini par les Pères de la Confédération. Ce contrat reposait sur la reconnaissance des Québécois comme nation, du caractère spécifique de leur langue, de leur culture, de leurs traditions et de leur histoire.
Rien de cela n'a été mis en doute à l'époque de la Confédération, car les provinces de l'Amérique du Nord britannique se sont unies librement, de plein gré et avec la ferme intention de protéger et de faire progresser ces caractéristiques. La notion de Confédération est demeurée la même: les Québécois et les autres Canadiens seraient plus forts en étant unis que divisés.
Le Canada reposait sur cette notion. Non seulement ce respect, cette tolérance et cette acceptation sont au coeur de notre pays, mais ils imprègnent entièrement le caractère et la philosophie de ce que nous avons créé.
Pour illustrer mon propos, je cite H. L. Langevin, dont l'immeuble d'en face porte le nom. Il a déclaré:
On nous dit que nous souhaitons créer une nouvelle nationalité. Comprenons bien ce terme[...] Ce que nous désirons et souhaitons, c'est défendre les intérêts généraux d'un grand pays et d'une nation puissante par un pouvoir central. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas renoncer à nos différentes coutumes, traditions et lois; au contraire, ce sont précisément ce que nous désirons protéger le plus possible par la Confédération.
George-Étienne Cartier était au coeur des débats sur la Confédération. À l'époque, on le décrivait comme étant le meilleur homme d'État en Amérique du Nord. Son éloquence a donné le ton lors des conférences qui ont abouti à la Confédération. En 1864, il a posé cette question:
Était-il étonnant que certaines personnes cherchaient des obstacles à la formation d'une union en raison de l'existence de différentes races et religions? » Il a répondu: « J'ai déjà évoqué les éléments nécessaires à la constitution d'une nation.
En 1867, en parlant de la Confédération, Cartier a dit:
Nous avons scellé notre pacte sans effusion de sang et sans exploitation des faibles par les forts. Il a suffi d'un peu d'équité et de justice et de certains compromis de part et d'autre.
Les paroles prononcées au moment de la naissance de notre pays sont également vraies aujourd'hui. Mon ami Jean Charest, actuellement premier ministre du Québec, a dit:
Reconnaître la différence du Québec, reconnaître notre histoire, reconnaître notre identité, n'a jamais voulu dire affaiblir le Québec et n'a jamais menacé l'unité nationale.
[Français]
Voici la nature du pays que nous avons construit. Le Canada est renforcé par les nouveaux arrivants ainsi que par les premières nations, créant un des plus beaux pays diversifiés au monde, un pays où se trouvent de grandes opportunités pour tous et chacun.
[Traduction]
Un pays a été créé en 1867 par la volonté des Québécois et de leurs concitoyens des provinces anglophones et, par conséquent, oui, les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
Le Bloc, par contre, prétend que le Québec en soi forme une nation et que cette nation existe indépendamment du Canada. L'entité politique qu'est le Québec n'est pas une nation indépendante et, si les choses se passent comme l'ont voulu Cartier, Langevin et leurs successeurs et si, nous les Canadiens, nous gouvernons avec bonne volonté, ouverture d'esprit et générosité, le Québec ne sera jamais une nation indépendante.
De tous les traits distinctifs du Canada, le plus déterminant et le plus important pour notre identité, c'est le respect avec lequel nous nous traitons les uns les autres. Nous sommes au-dessus des divisions, des distinctions de race, de religion, de sexe ou de couleur, et l'humanité et la compassion qui nous inspirent prévaudront toujours.
La motion présentée par le ne reconnaît pas le Québec en tant que nation. Elle reconnaît plutôt que les Québécois, la population du Québec, forment une nation au sein d'un Canada uni. La différence est capitale.
[Français]
Le Bloc québécois aspire au démantèlement de ce pays. Nous, par contre, défendons l'unité nationale — nous défendons le Canada. Nous défendons un Canada fort. Ensemble, nous avons accompli ce que nous sommes.
[Traduction]
Comme le l'a déclaré, nous illustrons de manière éloquente l'humanité que l'on peut atteindre par le respect et la tolérance, par notre volonté de respecter la langue, la culture et l'histoire les uns des autres, par la reconnaissance de l'histoire, de la langue et de la culture des Québécois.
Aujourd'hui, le Canada est un pays prospère et politiquement stable parce que nous avons voulu que la diversité soit un atout plutôt qu'un problème. Les Canadiens sont donc capables de faire des choix démocratiques fondés sur le respect des droits humains et, aujourd'hui plus que jamais, nous comprenons que l'acceptation du pluralisme n'est pas seulement une nécessité politique, mais une source de fierté et d'enrichissement qui reflète les valeurs canadiennes.
Notre capacité de nous adapter en tant que société et de construire des institutions qui répondent aux exigences de nos citoyens nous a très bien servis. Le fédéralisme est un moyen naturel de gouverner un pays immense, où la population est variée et où les régions sont différentes les unes des autres. Avec dix provinces, trois territoires, six fuseaux horaires et trois océans, la diversité des régions du Canada tombe sous le sens.
Notre diversité se reflète également dans les deux langues officielles. Presque tous les Canadiens parlent anglais ou français et un Canadien sur cinq parle aussi une langue autre. À Terre-Neuve-et-Labrador, l'anglais est la langue maternelle de 98 p. 100 de la population tandis qu'au Québec, le français est la langue maternelle de 81 p. 100 de la population. Au Nunavut, 79 p. 100 de la population parle inuktitut, une langue parlée par moins de un Canadien sur 1 000.
Sir John A. Macdonald, qui fut le premier premier ministre du Canada a dit haut et fort:
Je ne souscris aucunement au désir exprimé dans certains milieux de tenter, par tous les moyens, d'opprimer une langue et de la rendre inférieure à l'autre. Je crois que ce serait impossible si on essayait de le faire et qu'il serait insensé et mauvais de le faire si la chose était possible.
On ne cherche pas à faire cela dans le Canada actuel.
Notre société est pluraliste, non seulement en raison de sa diversité linguistique, culturelle ou régionale, mais, ce qui est plus important encore, parce que nous avons compris que ces différences enrichissent notre pays et notre identité. Dans ce sens, les Canadiens sont un symbole d'espoir dans un monde précaire et divisé.
Le Bloc veut la séparation du Canada, ce que notre parti et notre gouvernement n'accepteront jamais. Le actuel s'y opposera toujours d'emblée, sans équivoque et avec fermeté.
D'aucuns se demandent si la Chambre des communes est l'endroit approprié pour tenir ce débat. C'est le Bloc qui a saisi la Chambre de cette question. Son but initial était peut-être malicieux, mais le nouveau gouvernement et le nouveau résoudront sans hésiter la question en faveur des Québécois et en faveur d'un Canada uni.
L'intégrité des autres partis fédéraliste à la Chambre me touche beaucoup. Leur détermination à mettre de côté la partisanerie et à appuyer le qui a agi en homme d'État me touche. Le premier ministre puise sa sagesse dans celle des pères fondateurs de notre pays qui ont su mettre de côté leurs différences lors de leurs débats.
Permettez-moi de reprendre les paroles prononcées par le grand Sir John A. Macdonald le 1er septembre 1864 lors de la conférence de Charlottetown. Au sujet des Québécois et des autres partenaires fondateurs de la Confédération, il a dit ceci: « Nos coeurs ne font qu'un. Ce fut le cas dans le passé et ce l'est encore plus aujourd'hui. »
En tant que fédéralistes à la Chambre des communes, nous devons continuer de nous protéger les uns les autres et de protéger les peuples et les nations qui constituent le Canada. Méfions-nous cependant de ceux qui voudraient nous séparer, qui voudraient semer la division et qui chercheraient à détruire l'unité que nos peuples ont façonnée.
Je terminerai en citant un de mes concitoyens albertains, Ian Tyson, qui a écrit en collaboration avec Peter Gzowski une chanson intitulée Song For Canada, dont les paroles nous rappellent l'unité de notre nation. Voici:
Un seul grand fleuve qui coule vers la mer
Un seul fleuve qui coule vers l'éternité
Deux nations dans ce pays bâti sur ses rives
Mais un seul fleuve qui ondule librement
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je signale que je partagerai mon temps avec le député d'.
Je suis extrêmement fier de prendre la parole au sujet de la motion qu'a déposé le Bloc québécois et qui, je le rappelle, se lit comme suit.
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécois et les Québécoises forment une nation actuellement au sein du Canada.
Je crois que c'est un fait reconnu depuis longtemps par les Québécois et les Québécoises eux-mêmes. C'est aussi un fait réaffirmé à plusieurs reprises par l'Assemblée nationale du Québec, tous partis confondus, fédéralistes ou souverainistes. La volonté du Bloc québécois, en déposant cette motion, était de donner à cette Chambre la chance de pouvoir reconnaître cette réalité que le Canada a toujours refusé de reconnaître. On a donc déposé une motion qui se voulait la plus neutre et la plus objective possible, soit de reconnaître tout simplement que les Québécois et les Québécoises forment une nation.
Malheureusement, le premier ministre a voulu jouer sur les mots en déposant sa motion hier après-midi. Il est venu pervertir le débat et le détourner de ses réelles intentions afin d'introduire une notion — ce qui n'était pas du tout dans l'intention du Bloc québécois — sur l'avenir constitutionnel, l'avenir comme nation des Québécois et des Québécoises.
Je crois véritablement qu'il y a eu une manoeuvre que je qualifierais de carrément malhonnête. On détourne le véritable débat. Dans l'intervention du, cela est manifeste. Ce n'est pas un débat pour savoir si on veut la souveraineté ou le maintien de la nation québécoise à l'intérieur de l'espace politique canadien. Il s'agit tout simplement de savoir si le Canada, une fois pour toutes, est capable de reconnaître que les Québécois et les Québécoises forment une nation. Manifestement, cela n'est pas possible puisqu'on fait dévier le débat. On n'est pas capable de nous dire ce que représente cette notion de nation reconnue par la Chambre des communes et par le Canada.
La tactique ou manoeuvre du , que je qualifie de malhonnête, évite encore une fois que cette reconnaissance soit réelle, formelle et claire. Dans les discours que j'ai entendus depuis ce matin, on confond toutes ces choses.
Le Bloc québécois, dans un esprit de bonne volonté, a amendé sa propre motion pour être encore plus objectif et plus neutre. C'est pour cette raison que l'on a mentionné: « [...] les Québécois et les Québécoises forment une nation actuellement au sein du Canada ». C'est une réalité. Nous formons une nation et on est encore à l'intérieur du Canada. Je verrais donc mal comment les conservateurs, les libéraux et le NPD ne voteraient pas en faveur d'une motion qui ne fait que constater la réalité.
Par contre, ce qui est faux, c'est ce que l'on retrouve dans la motion du quand il dit que les Québécois et les Québécoises forment une nation au sein d'un Canada uni. Ce n'est pas vrai. Ce ne sont pas les faits. C'est une imagination. C'est peut-être ce qu'il désire ou ce dont il rêve, mais ce n'est pas le cas.
Si l'on remonte au début de la Confédération et au début de l'histoire du Canada et du Québec, le Canada n'a jamais été ni une nation, ni encore plus, uni. Depuis 1982, on le sait, aucun gouvernement au Québec, fédéraliste ou souverainiste, n'a accepté de signer la Constitution de 1982, rapatriée unilatéralement par le gouvernement libéral de l'époque, dirigé par Pierre Elliott Trudeau. Ce n'est pas pour rien que depuis ce temps, les Québécois et les Québécoises n'élisent plus une majorité de libéraux à Ottawa. Ils ont élu, pendant quelques mandats, des conservateurs sous la direction de Brian Mulroney. Depuis que ce dernier n'est plus là, les Québécois et les Québécoises ont décidé d'élire le Bloc québécois après l'échec de l'Accord du lac Meech.
Le fait que le ait inclus dans sa déclaration la mention « Canada uni » est non seulement contraire à la réalité, mais il est même tout à fait méprisant à l'égard des positions qu'ont prises l'Assemblée nationale et les différents gouvernements du Québec depuis 1982. En effet, en manœuvrant de cette façon, en incluant dans sa motion le mot « uni » après le mot « Canada » pour reconnaître supposément la nation québécoise, il a banalisé les décisions prises par l'Assemblée nationale et les gouvernements qui ont refusé de signer la Constitution.
Ils se ferment les yeux devant la réalité canadienne dont le système politique est actuellement en crise, et cette Chambre en est bien le reflet. Ce n'est pas sans raison que depuis deux mandats, nous avons un gouvernement minoritaire. C'est parce que le Canada est en crise. Le fait que les fédéralistes canadiens, en particulier à l'extérieur du Québec, refusent de reconnaître cette réalité n'arrange pas les choses, loin de là.
Le Bloc québécois a déposé une motion qui se voulait objective et neutre, ce qui aurait permis à la Chambre des communes de reconnaître la réalité une fois pour toutes, c'est-à-dire l'existence d'une nation québécoise au sein de l'espace politique canadien. Malheureusement, on est tombé dans de petites manoeuvres, et, malheureusement, nous ne pourrons probablement pas clore cette discussion, à moins que cette Chambre n'adopte la motion déposée par le Bloc, une motion qui ne fait que refléter la réalité, rien de plus.
Je rappelle encore une fois qu'il ne s'agit pas, par l'adoption de la motion du Bloc, de disposer de l'avenir de la nation québécoise, mais de laisser les avenues complètement ouvertes. Moi et mes collègues du Bloc, comme une bonne partie de la population québécoise, avons déjà tiré les conclusions de ce que devrait être cet avenir, mais le débat n'est pas clos. Cela n'a rien à voir avec le débat qui se fait ici, parce que de toute façon ce seront les Québécois et les Québécoises — la nation québécoise — qui décideront seuls de leur avenir, selon les règles décidées démocratiquement à l'Assemblée nationale.
Tout ce qu'on peut se contenter de faire ici, en cette enceinte, c'est de reconnaître la nation québécoise et le rôle particulier de l'État québécois. Évidemment, cette Chambre et les gouvernements qui siègent ici à Ottawa peuvent aussi donner les outils à cette nation québécoise pour qu'elle se développe, particulièrement dans ce qui est son identité la plus profonde. Ce n'est manifestement pas la direction que nous prenons avec la motion du premier ministre. Par contre, si la motion du Bloc québécois était adoptée, cela créerait une ouverture.
Je rappelle qu'à l'intérieur des espaces politiques que sont les États et les pays, il peut exister et coexister plusieurs nations. Le Canada en est un exemple. Il y en a d'autres dans le monde. La Russie, l'Espagne et la Grande-Bretagne en sont des exemples. Mais pour que ces pays puissent se développer harmonieusement, il faut une reconnaissance mutuelle et respectueuse. Le ministre l'a dit, mais ce n'est pas la réalité. Il n'y a pas de respect envers la nation québécoise. La motion déposée par le premier ministre en est encore un exemple.
Ce n'est pas le fait qu'on reconnaisse la nation québécoise qui pose problème. C'est le fait de ne pas la respecter. J'aurais souhaité — et j'imagine que mes ancêtres l'auraient également souhaité — qu'à l'intérieur de cet espace politique qu'est le Canada — qui regroupe en fait les anciennes colonies britanniques d'Amérique du Nord —, la reconnaissance de la nation québécoise se fasse beaucoup plus tôt. J'aurais également souhaité qu'on s'entende pour reconnaître qu'il y a une nation canadienne, une nation acadienne et des Premières nations, et surtout pour reconnaître que ces nations doivent disposer, par le biais de gouvernements, d'autorités ou d'administrations, d'instruments particuliers pour promouvoir leurs intérêts. Cela a toujours été refusé. Encore aujourd'hui, le gouvernement le refuse malheureusement.
Ce n'est pas que je le souhaite, mais il me semble que cette Chambre se dirige, encore une fois, vers l'irrespect de la réalité québécoise.
À l'intérieur d'un pays, on aurait très bien pu imaginer — il est trop tard, selon moi, mais peut-être pas pour tout le monde au Québec — qu'à travers ce respect mutuel, on développe une solidarité et que le Canada ait une existence réelle. Ce n'est pas le cas. Malheureusement, l'histoire nous démontre que ce n'est pas possible. C'est du moins la conclusion que nous en avons tirée. C'est pourquoi, en toute amitié, nous voulons faire la souveraineté du Québec et avoir des relations les plus harmonieuses possibles avec nos voisins du Canada.
En conclusion, ce n'est pas l'objet du débat d'aujourd'hui. Nous demandons à cette Chambre de reconnaître l'existence de la nation québécoise, une nation civique dont font partie la minorité anglophone et toutes les vagues d'immigration qui ont déferlé avec joie sur le Québec; de reconnaître que cette nation a une langue commune — cela n'empêche pas les gens de parler la langue de leur choix chez eux ni la minorité anglo-québécoise d'avoir ses propres institutions, mais la langue commune, dans l'espace politique, au sein de la nation québécoise, c'est le français; de reconnaître que nous avons une histoire commune qui, bien qu'en relation avec l'histoire du Canada, en est distincte; de reconnaître que nous avons une culture particulière qui est un carrefour et qui est notre vision à nous de ce qui se véhicule un peu partout dans le monde.
La culture québécoise n'est pas une culture fermée à l'apport des autres. Il est évident que les traditions française, britannique, autochtone et de tous ceux qui sont venus et ont contribué à enrichir cette culture québécoise font partie de notre vision originale du monde. Telle est la culture québécoise. Voilà ce que nous demandons à cette Chambre de reconnaître.
Si, malheureusement — je ne le souhaite pas — la Chambre contestait la motion du Bloc, nous conclurions que, encore une fois, le Canada n'a pas voulu réellement reconnaître l'existence de la nation québécoise.
:
Monsieur le Président, je félicite mon collègue de pour son excellent exposé. Cela me permet d'ajouter mon mot relativement à cette motion déposée par le Bloc québécois.
Je vais revenir sur la motion originale, parce que nous avons proposé un amendement. Le Parti conservateur en a même fait une motion indépendante. Tout cela pour vous dire que tout le monde cherche toutes sortes d'intentions au Bloc québécois, alors qu'il est toujours logique avec lui-même. Il veut faire reconnaître que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Ce n'est pas la première fois que le Bloc québécois dépose en cette Chambre une motion à ce sujet.
Cela me surprend et me surprendra tout le temps. Je suis ici depuis l'an 2000, et évidemment je n'ai pas connu l'épisode de la Loi sur la clarté référendaire. Toutefois, je peux constater aujourd'hui la position des partis politiques fédéralistes par rapport au Québec et la façon dont on a pu composer avec cela à l'époque de la Loi sur la clarté référendaire. En effet, à la lecture de la première motion déposée par le Bloc québécois, on s'aperçoit qu'elle était d'une clarté « limpide ». Excusez la redondance, mais il n'y avait pas plus clair que cela:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
C'était la motion du Bloc québécois. Le Bloc québécois n'a pas écrit cela un bon matin en se disant que, puisque ces mots étaient beaux et rimaient, il allait écrire cette motion. Au contraire, tout est important. C'est pourquoi nous avons choisi « que les Québécoises et les Québécois forment une nation »; nous n'avons pas choisi « que le Québec forme une nation ». C'est simple. Les dictionnaires nous donnent des définitions du mot « nation ». Lorsqu'il s'agit d'un État ou d'un territoire, on peut utiliser le mot « nation » comme tel. Par exemple, le mot « nation » dans « le Québec est une nation » serait synonyme de « pays ».
Or, le Bloc québécois n'a pas voulu piéger la Chambre des communes. Justement, il a voulu démontrer son ouverture en n'embarquant personne dans une bataille partisane en demandant de reconnaître que le Québec est une nation. Au contraire, il propose de reconnaître que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Tout simplement, selon la définition du dictionnaire Larousse, le mot « nation », lorsqu'il s'applique à des personnes, signifie:
« [G]rande communauté humaine le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte.
Pour en contenter certains, je peux utiliser un dictionnaire anglais, l' Oxford English Dictionary:
A large body of people united by common descent, culture and language inhabiting a particular state or territory.
La motion que le Bloc québécois a déposée en cette Chambre était d'une telle clarté et d'une telle limpidité, justement pour ne pas qu'il y ait de partisanerie politique.
Les conservateurs n'ont pas choisi de déposer ou de demander au motionnaire un amendement; ils ont tout simplement pris la motion du Bloc québécois et imposé leur propre motion qui, elle est partisane, en utilisant les mots « au sein d'un Canada uni ». C'est le choix du Parti conservateur.
Évidemment, je ne peux m'empêcher de sourire lorsque des partis fédéralistes ayant appuyé la Loi sur la clarté référendaire nous disent aujourd'hui que le Bloc québécois n'est pas clair, lorsqu'ils repoussent notre motion pour en déposer une qui est beaucoup plus partisane que celle que nous avons proposée. J'aurai tout vu. Des collègues en cette Chambre ont dit qu'ils avaient tout vu; moi, aujourd'hui, j'ai tout vu.
Je n'ai pas participé au débat portant sur la Loi sur la clarté référendaire. Cependant, je participe aujourd'hui au débat sur la motion du Bloc québécois qui représente depuis toujours les intérêts du Québec, qui ne s'est jamais défendu et caché de dire qu'il voulait que cette Chambre reconnaisse les Québécoises et les Québécois comme une nation. Ce n'est pas la première fois, mais la troisième fois que le Bloc québécois dépose une motion. Peu importe les circonstances. Nous sommes quand même logiques avec nous-mêmes. Nous déposons une motion qui se veut la plus claire possible, mais qui n'a pas été assez claire pour le Parti conservateur, qui a voulu rajouter une position partisane.
Or, aujourd'hui, nous essayons de clarifier notre situation et de bien faire comprendre aux conservateurs, aux libéraux et aux néodémocrates que nous ne voulons vraiment pas les embarquer dans une guerre idéologique ou politique. Nous défendons une option souverainiste. Et un jour les Québécoises et les Québécois trancheront la question démocratiquement. Il y a eu deux référendums, et soyez assuré qu'il y en aura un troisième. Ce sera le choix des Québécoises et des Québécois. Ce n'est pas ce que nous voulions imposer au Parlement canadien.
Je relis la motion, parce que plus tôt, j'entendais le nous expliquer que, finalement, on voulait que le Québec soit reconnu comme une nation, par conséquent cela voulait dire qu'il est un pays. Non, excusez-moi. Qu'on lise bien la motion déposée par le Bloc québécois. Je la relis à l'intention des collègues en cette Chambre, pour leur démontrer notre bonne foi:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
Pour clarifier notre position, nous avons ajouté « actuellement au sein du Canada ». Oui, actuellement, les Québécoises et les Québécois sont au sein du Canada. C'est ce que nous disons peut-être en toute candeur. Vous croyez que nous avons des arrière-pensées par rapport à ce que nous voulons, soit la reconnaissance.
D'autres partis ont des problèmes en cette Chambre, d'autres partis ont des problèmes politiques. Tout ce que nous souhaitons, c'est simplement que la Chambre des communes reconnaisse ce que l'Assemblée nationale du Québec a reconnu et adopté le 30 octobre 2003, quand elle a réaffirmé que le peuple québécois forme une nation.
Les députés de cette assemblée n'ont pas utilisé le mot « Québec ». L'Assemblée nationale a utilisé les mots « peuple québécois ». De notre côté, nous avons utilisé les mots « Québécoises et Québécois ». Cela revient au même, c'est la population.
Revenons à la définition du dictionnaire. Je trouve aberrante la position des conservateurs et des autres députés de cette Chambre. Le Dictionnaire Larousse dit que lorsqu'il s'applique à des personnes, le mot « nation » désigne une « grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle et économique plus ou moins forte [...] »
Vous ne pouvez pas reprocher aux Québécois de ne pas former une grande communauté humaine. Sept millions cinq cent mille habitants, cela représente à mon avis une grande communauté humaine.
Bien que ce ne soit pas l'objet du débat, je dirai tout de même que si le Québec devenait un pays, sa population se classerait 95e sur 230 pays dans le monde.
On ne peut pas dire que le Québec n'est pas une grande communauté humaine et que les Québécoises et les Québécois, en tant que nation, ne sont pas une grande communauté humaine avec 7,5 millions d'habitants. La définition dit aussi « [...] le plus souvent installé sur un même territoire [...] ». Eh oui, les Québécoises et les Québécois vivent sur un même territoire. Encore une fois, cela ne fait pas l'objet du débat d'aujourd'hui et je ne veux pas faire de partisanerie, mais advenant le cas où le Québec deviendrait un pays, il serait le 18e plus grand territoire du monde sur 230 pays.
Vous ne pouvez pas nous reprocher de dire que nous ne sommes pas sur un même territoire ou qu'il ne s'agit pas d'un territoire qui possède une unité historique. Certains députés fédéralistes ont même fait référence à l'histoire du Québec. Le Québec a son histoire linguistique . J'utilise toujours la définition du dictionnaire Larousse, qui mentionne « qui possède une unité historique, linguistique ». Vous ne pouvez pas être contre le fait que le Québec est français. C'est le territoire francophone le plus important d'Amérique du Nord. Il n'y a rien à redire sur ce fait linguistique. Au plan culturel, vous ne pouvez pas reprocher aux Québécoises et aux Québécois d'avoir leur propre structure culturelle. Nos artistes rayonnent partout à travers le monde, qu'on pense au Cirque du Soleil, à Céline Dion et aux autres. La définition parle aussi d'unité économique plus ou moins forte. Si jamais le Québec était un pays, ce serait le 20e pays en termes de produit intérieur brut sur 230 pays.
Le but et l'objectif du Bloc québécois ne sont pas de faire un débat partisan sur la souveraineté du Québec. L'objectif du Bloc québécois, c'est que la Chambre des communes règle, une fois pour toutes, le dossier de la nation. C'est pourquoi la question était aussi limpide et aussi claire. La première motion qui a été déposée par le Bloc, et à cause de laquelle les conservateurs ont présenté une motion afin d'essayer d'avoir complètement un nouveau débat, était libellée de cette façon:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
C'était aussi simple que cela. On tendait la main aux fédéralistes qui avaient beaucoup de difficultés à reconnaître les Québécoises et les Québécois comme une nation. Je peux les comprendre. Reconnaître le Québec comme une nation, c'est, selon les définitions du dictionnaire, comme de reconnaître le Québec comme s'il était un pays. Je le dis: la motion du Bloc québécois a été étudiée et analysée. On a utilisé les bons termes.
C'est le Parti conservateur qui a décidé — encore une fois ceux qui ont voté pour la Loi sur la clarté référendaire — de prendre cette motion claire, de l'éliminer complètement et de déposer sa propre motion. Les conservateurs voulaient dire: « Regardez, eux n'ont pas raison ».
J'espère qu'ils comprendront que c'est au Québec de choisir une question pour son référendum, ce n'est pas aux conservateurs de décider cela. Encore une fois, en cette Chambre, ils ne sont pas capables d'accepter la position claire d'une motion très claire et très limpide du Bloc québécois, une motion portant sur la nation québécoise, à savoir que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
J'espère que mes collègues conservateurs évolueront un peu et comprendront qu'il n'y avait pas d'intention maligne dans la position du Bloc québécois, sauf pour faire comprendre aux fédéralistes du reste du Canada que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Je veux prendre part au débat portant sur la motion proposée par le chef du Bloc et visant à ce que la Chambre reconnaisse que les Québécois forment une nation. Je suis consciente qu'il s'agit d'une question chargée d'émotivité pour certains. Toutefois, nous devons débattre les questions graves, voire difficiles, dans une atmosphère de respect et de tolérance.
Ma position relativement à la motion du Bloc est claire et sans équivoque. Je vais voter contre. Pour reprendre les propos tenus hier par le chef de l'opposition officielle, comment pouvons-nous appuyer une motion sur le Québec qui a été proposée par un parti qui n'a aucun attachement envers le Canada et qui ne veut pas voir les grandes choses qui s'offrent aux Québécois à l'intérieur du Canada?
De nombreux Québécois croient fermement au Canada et veulent participer pleinement à la société canadienne en plus de profiter de tous les avantages associés au fait de vivre dans l'un des meilleurs pays au monde. Le Québec ajoute à la richesse et au dynamisme du Canada; je suis donc très fière de prendre la parole pour expliquer pourquoi je m'oppose à la motion, même si je viens de la circonscription de dans le Sud de l'Ontario.
Je sais que la dualité du Canada remonte aux deux nations fondatrices, aux cultures différentes et aux deux religions. Ces éléments ont rendu le Canada incroyablement riche et tolérant et cela, je crois, se répercute dans la vie de tous les Canadiens. Aux yeux du reste du monde, le Canada est un flambeau d’espoir, la preuve qu'on peut vivre ensemble en paix, et non seulement tolérer la différence, mais la célébrer.
Il y a beaucoup de fédéralistes et même de nationalistes au Québec qui croient au Canada et qui souscrivent à l'idée d'un Québec fort dans un Canada fort et uni. Les libéraux ont toujours cru que le Québec, avec toutes ses ressources, peut prospérer et réaliser tous ses rêves dans un Canada uni.
Hier, à la Chambre, le chef du Bloc, et député de , a dit ceci durant la période des déclarations ministérielles:
Le débat sur l'avenir du Québec se pose donc ainsi: il y a ceux qui pensent que le Québec est mieux à même de se développer et de s'épanouir en demeurant au sein du Canada [...] et il y a ceux qui pensent comme moi que la souveraineté permettra au Québec de se développer pleinement.
Le chef du Bloc l'admet clairement: son parti veut détruire le Canada. Son parti estime que la seule façon pour le Québec de se développer pleinement, c'est de se séparer du Canada.
Il va sans dire que, comme tous mes collègues députés, je respecte les opinions qui sont exprimées dans cette enceinte. Toutefois, en ce qui a trait à la question dont nous sommes saisis aujourd'hui, je suis en profond désaccord avec mon collègue du Bloc. Comme bon nombre de Québécois, je suis d'avis que le Québec peut développer son plein potentiel au sein d'un Canada uni.
Je serai toujours prête à me battre pour un Canada uni, fondé sur la tolérance, le respect et l'inclusion. À deux reprises, les Québécois se sont prononcés contre la séparation de leur province dans le cadre d'un référendum. Même avec des questions biaisées, les Québécois ont choisi de continuer d'être des partenaires à part entière dans un Canada uni.
Pourquoi le Bloc a-t-il délibérément choisi d'ignorer tous ces Québécois qui ont rejeté à deux reprises la proposition qui leur avait été faite de quitter le Canada? Si le Bloc prétend parler au nom des Québécois, pourquoi donc ignore-t-il la majorité d'entre eux qui à deux reprises ont refusé de quitter le Canada?
C'est l'opinion de la majorité de ces Québécois que je défends aujourd'hui. Les libéraux ont toujours cru que si on leur posait un question claire afin de déterminer s'ils veulent continuer de faire partie du Canada ou non, les Québécois choisiraient toujours de rester.
Le député de a proposé un amendement à la motion déposée par son chef dans laquelle il laisse entendre que le Québec se séparera un jour du Canada en raison de l'ajout des termes « actuellement au sein du Canada » après le mot « nation ». Il est donc clair que pour le Bloc, ce n'est qu'une question de temps.
Nous devons rejeter l'idée que si le Canada est uni maintenant, les choses pourraient changer dans l'avenir. Je n'appuierai pas un amendement qui laisse entendre, dans son ensemble ou en partie, que le Canada pourrait un jour ne plus être uni.
Mon parti, le Parti libéral du Canada, et moi continuerons de travailler très fort pour maintenir l'unité et la force de notre pays. Je suis d'avis qu'un Québec fort peut prospérer dans un Canada fort.
En décembre 1995, la Chambre a voté sur une résolution présentée par le Parti libéral qui reconnaissait que le Québec constitue une société distincte au sein du Canada. Je suis fière que mon parti soit intervenu à la Chambre pour reconnaître que le Québec constitue une société distincte au sein du Canada.
Les députés bloquistes qui étaient présents ce jour-là à la Chambre ont voté contre cette résolution reconnaissant que le Québec constituait une société distincte au sein du Canada. C'est exact. Lorsque les députés du Bloc ont eu l'occasion de se prononcer à la Chambre en faveur de la reconnaissance du Québec en tant que société distincte, ils ont voté contre.
Il faut se demander quelle est la raison d'être de la motion qui nous est présentée aujourd'hui. Les partis présents à la Chambre s'entendent largement pour dire que les Québécois forment une nation, et je pense qu'hier, nous en avons eu la preuve. C'était un jour historique, probablement l'un des plus marquants que j'aie vécus au Parlement. Les motifs du Bloc deviennent suspects lorsqu'on voit l'amendement qu'il a présenté aujourd'hui. Manifestement, le Bloc a pour but de démembrer le Canada.
Bientôt, le Canada tout entier célébrera le 400e anniversaire de la fondation de Québec par Champlain. C'est une ville dont la riche histoire fait partie de l'histoire du Canada. Pour ma part, je vais célébrer avec fierté ce 400e anniversaire, comme tous les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
J'aimerais prendre un moment pour faire quelques réflexions supplémentaires sur un sujet soulevé aujourd'hui par ma collègue, la députée de , lorsqu'elle a pris la parole au sujet de la motion. Elle a parlé des motifs du Bloc. Que peuvent-ils être? Que cherche le Bloc? Selon elle, le Bloc essaie de diviser les fédéralistes. Les députés du Bloc veulent non seulement diviser les fédéralistes et ceux qui croient en un Canada fort et uni, mais ils continuent de semer la division parmi les Québécois en refusant d'admettre que, pour la majorité des Québécois, le Québec peut réaliser son plein potentiel au sein du Canada.
Comme mon chef l'a dit hier, la raison d'être du Bloc est le démembrement du Canada. La motion qui nous est présentée est une fois de plus une tentative de diviser plutôt que d'unir. C'est de la politique à l'état pur. Ces tactiques et ces tentatives du Bloc doivent être rejetées. Nous assistons simplement à une autre démonstration du petit jeu auquel se livre le Bloc, et je refuse de m'y laisser prendre.
Pour terminer, je dirais qu'il est important de s'élever au-dessus des considérations partisanes et politiques. Il faut défendre les intérêts de tous les Canadiens, y compris les intérêts des Québécois qui ont rejeté à deux reprises l'idée de quitter le Canada. Il est également important d'adopter une solution permettant à tous de réaliser leur plein potentiel, une solution qui respecte le Québec et les Québécois et qui leur ouvre les perspectives d'un avenir prospère dans notre magnifique pays.
Ne nous laissons pas berner par les manoeuvres politiques des députés du Bloc québécois. Ils ne cherchent pas du tout à définir ce que sont les Québécois. Leur objectif est de faire sortir le Québec du Canada.
[Français]
Je suis certaine que les Québécoises et les Québécois choisiront toujours un Québec fort dans un Canada uni. C'est mon objectif et mon devoir. Je veux m'assurer que les Québécoises et les Québécois peuvent s'épanouir pleinement au Canada.
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Monsieur le Président, en participant à ce très important débat, je voudrais commencer par souligner les propos irréfutables du chef et de madame le chef adjoint de l'opposition, les députés de et de , qui, dans les dernières 24 heures, ont parlé si éloquemment du Canada ainsi que du rôle vital et dynamique des Québécois au sein d'un Canada uni et prospère.
Ils ont parlé d'inclusion et de cohésion, de force, d'espoir et de croissance. Ils ont dit que les Québécois doivent être fiers et convaincus de leur identité québécoise et tout aussi fiers et convaincus de leur identité canadienne.
Au contraire, l'argument séparatiste du Bloc aujourd'hui sous-entend que ces deux identités doivent, par définition, s'exclure l'une l'autre, que les Québécois devront en choisir une seule, et qu'ils ne pourront pas avoir les deux, et cela est vraiment une honte.
Ainsi, la motion du Bloc entraîne fondamentalement des divisions. Elle est aussi délibérément incomplète. Elle peut causer de la confusion et être mal interprétée. Le chef du Bloc a essentiellement confirmé ses intentions malveillantes dans ses observations d'aujourd'hui à la Chambre.
Comme cela est son objectif avoué, le Bloc saisit toutes les occasions pour susciter un climat propice à la réalisation de la séparation, et cette motion fait partie de cette stratégie.
Nous nous rappelons également des paroles de l'ancien premier ministre Parizeau, qui a déclaré que son plan pour parvenir à la séparation était de faire en sorte que les Canadiens aient le sentiment que les relations avec le Québec sont comme une éternelle visite chez le dentiste. Nous ne devons pas nous laisser prendre par cette stratégie, qui consiste à semer la division et à nous rendre la vie difficile.
Nous devons nous concentrer plutôt sur la façon d'offrir ce qu'il y a de mieux aux Québécois et à tous les Canadiens, y compris les Québécois. Nous devons démontrer notre talent historique unique et la capacité que nous avons de respecter les gens, de les inclure et de leur offrir des accommodements dans notre vaste pays. C'est peut-être le plus beau cadeau que tous les Canadiens, y compris les Québécois, puissent faire au monde. En fait, c'est probablement dans une large mesure la présence de Québécois au sein de notre pays qui nous a forcés à développer ce talent et cette capacité de vivre, de grandir et de réussir dans la diversité.
Dans un monde divisé et secoué par des troubles, où les conflits, les dissensions et l'angoisse sont trop répandus, c'est certes une réalisation extrêmement importante, un modèle très important que cette réussite du Canada en matière d'inclusion. Les Québécois ont toujours fait partie intégrante de cette réussite. Cela n'aurait pas été possible sans le rôle et l'expérience des Québécois. Ensemble, nous ne devons pas abandonner.
Notre pays a une très grande superficie. Il s'étend sur la partie septentrionale d'un vaste continent; c'est le deuxième pays en importance sur le plan de la superficie, avec cinq grandes régions et six fuseaux horaires. Nous pouvons compter sur une géographie et une topographie magnifiques qui nous émerveillent et nous stimulent dans toutes les régions du pays.
Nous avons toutes les caractéristiques du continent nord-américain qui a tendance à s'étendre dans le sens nord-sud, alors nous essayons de bâtir ensemble un pays d'est en ouest. Nous avons un climat difficile et parfois très mauvais, alors que notre pays va du pôle Nord jusqu'à la même latitude que la Californie. Toute cette étendue nous appartient à tous.
Nous avons une population petite, mais très complexe. Tout a commencé avec les Autochtones, puis les explorateurs et colons français qui ont précédé les explorateurs et colons anglais qui ont été suivis eux-mêmes par des vagues d'immigration très enrichissantes. Nous en sommes maintenant rendus au point où le Canada comprend toutes les couleurs, toutes les croyances, toutes les origines ethniques, toutes les religions, tous les antécédents politiques et, surtout, deux langues officielles, de nombreuses cultures, qui englobent littéralement toute la diversité du monde non pas dans un creuset des civilisations, mais dans une mosaïque diversifiée. Et tous ces gens sont éparpillés ici et là le long des 4 000 milles de frontières qui nous séparent des États-Unis.
Il est difficile d'imaginer un ensemble de circonstances moins favorables à l'édification d'un pays, mais nous en avons quand même bâti un, et il fait l'envie du monde entier.
Comment y sommes-nous parvenus? À force de travail acharné et en partie grâce à la chance. Mais je crois que c'est principalement par notre respect fidèle de certaines valeurs et caractéristiques typiquement canadiennes, comme l'équité et la justice, la générosité, la compassion, la tolérance, le partage, l'ouverture de coeur et d'esprit et la fierté que nous procure notre grande diversité. Notre talent pour l'art créatif de la conciliation profite à l'ensemble de la société.
Nous sommes toujours disposés à nous écouter les uns les autres, à nous entraider, à aller au-delà de nos différences et à faire de notre mieux pour nous comprendre mutuellement. Et lorsque nous avons écouté et compris, nous, les Canadiens, sommes toujours prêts à nous entraider, non pas parce que cela répond aux intérêts restreints d'une majorité confortable, ni parce que nous y sommes obligés, mais parce que nous le voulons et que c'est la seule façon d'agir qui convienne au pays juste, respectable et magnifique auquel nous aspirons.
Voilà comment on bâtit une nation. Bâtir le Canada, c'est un perpétuel processus. Le Canada est et sera toujours un précieux ouvrage en évolution. Nous devons nous engager fermement à continuer de bâtir notre grand pays et à unir à jamais nos efforts à cette fin.
Les possibilités de faire croître constamment le succès des Canadiens et des Québécois et les perspectives d'avenir du Canada n'existeraient pas sans les aptitudes et les valeurs indispensables des Québécois. Ces aptitudes et ces valeurs font partie de notre tissu national depuis plus de 400 ans. Elles nous enrichissent aujourd'hui et elles enrichiront les générations de demain.
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Monsieur le Président, je suis honorée de pouvoir m'exprimer dans ce débat sur la nation québécoise. C'est une des raisons principales qui a fait que je me suis portée candidate pour le Bloc québécois en 2004. J'ai omis de vous dire au départ que je partagerai mon temps avec la députée de .
Selon moi, le concept de nation est très important. Ce n'est pas un mot abstrait qui n'intéresse pas vraiment les gens, comme l'avait affirmé la ministre de la Coopération internationale et de la Francophonie le 23 juin dernier. Reconnaître l'existence de la nation québécoise, c'est plus qu'un geste symbolique, ce n'est pas seulement une étiquette.
C'est certain que les nations ont des droits, et en particulier le droit à l'autodétermination, c'est-à-dire le droit d'orienter elles-mêmes leur développement.
Deux anciens premiers ministres du Québec, un fédéraliste et un souverainiste, soit Robert Bourassa et René Lévesque, s'entendaient sur cette question. En effet, René Lévesque disait:
Possédant tous les attributs d'une communauté nationale distincte, le Québec jouit d'un droit inaliénable à l'autodétermination. C'est le droit le plus fondamental que possède la collectivité québécoise.
Quant à Robert Bourassa, un fédéraliste, il disait ceci par rapport à ce droit à l'autodétermination:
Le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, le Québec est aujourd'hui et pour toujours une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.
Le droit à l'autodétermination des peuples est aussi codifié et balisé à l'ONU. Ainsi, la résolution 26.25, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1970, est celle qui le décrit le mieux.
Pour sa part, la Commission Bélanger-Campeau, qui a été créée au Québec suite à l'échec de l'Accord du Lac Meech et qui a été présidée par un fédéraliste et un souverainiste, allait dans le même sens. Certaines de ses conclusions sont malheureusement toujours d'actualité, car on n'a pas vraiment pu dénouer les impasses de nos problèmes entre fédéralistes et souverainistes. La Commission Bélanger-Campeau disait:
Le consensus exprimé dans le cadre des travaux de la commission est clair: des changements profonds au statut politique et constitutionnel du Québec s'imposent.
Ce qui n'est pas fait. Elle disait aussi:
Dans la redéfinition de son statut, deux voies seulement s'offrent au Québec. D'une part, une nouvelle et ultime tentative de redéfinir son statut au sein du régime fédéral et, d'autre part, l'accession à la souveraineté.
Bref, dès qu'on admet que les Québécois forment une nation, seules deux options s'offrent à nous. Au moment où on présente cette motion disant qu'on forme une nation, le Bloc québécois ne dit pas qu'il faut réaliser la souveraineté. Ce qu'on dit, c'est qu'il faut un renouvellement en profondeur du fédéralisme sur de nouvelles bases ou qu'il faut la souveraineté. Donc, deux options se chevauchent. Mais le fédéralisme peut-il vraiment être réformé? Quarante ans de lutte m'en font vraiment douter.
Actuellement, toutes ces avenues nous semblent bloquées. La seule porte vers l'avenir qui demeure, pour les Québécois du moins et pour nous, du Bloc québécois, c'est la souveraineté.
Parce que les Québécois forment une nation, ils doivent pouvoir s'exprimer sur la scène internationale, mais dans leurs champs de compétence. Tous les gouvernements du Québec, depuis plus de 40 ans, ont demandé de pouvoir conduire eux-mêmes directement et en leur propre nom leurs relations internationales dans les champs de compétence que la Constitution accorde au Québec. Depuis plus de 40 ans maintenant, nous avons peu avancé dans tous ces débats. Le seul endroit où le Québec participe à une organisation internationale est l'Organisation internationale de la Francophonie. Le Québec ne le doit pas au gouvernement fédéral, mais grâce à l'insistance de la France et notamment du général de Gaulle.
Lors de la dernière campagne électorale, le premier ministre avait promis que le Québec aurait un siège à l'UNESCO selon le modèle du Sommet de la Francophonie. Ce qu'on voit, c'est que le Québec s'est retrouvé sur un strapontin plutôt qu'un siège, et depuis plus de six mois, depuis cette signature théâtrale, rien de concret ne s'est encore réalisé.
Le premier ministre avait aussi promis que, sur le plan international, le Québec ainsi que les autres provinces, bien qu'elles en voient moins l'utilité, pourront avoir une voix au chapitre sur des questions qui affectent leurs propres compétences. On a vu à Nairobi, au Kenya, lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, ce que valait sa promesse. Le Québec n'a pas eu voix au chapitre. Il a fallu qu'une ministre européenne parle du plan québécois pour que les progressistes en entendent parler.
Et encore, le gouvernement conservateur l'a accusée de s'ingérer dans les affaires internes canadiennes.
Le a aussi promis de reconnaître des responsabilités culturelles et institutionnelles spéciales au gouvernement du Québec. Nous attendons toujours l'entente asymétrique qui permettra au Québec de parler en son propre nom dans sas champs de compétence.
Le avait promis ce qui suit:
Je suis prêt à discuter des mécanismes pour permettre aux provinces de prolonger leurs compétences sur la scène internationale.
En combien d'occasions, depuis l'élection de ce nouveau gouvernement, le Québec a-t-il pu exercer lui-même et librement sur la scène internationale les compétences qui sont pourtant les siennes?
Le Bloc québécois tient à affirmer trois principes. Le gouvernement ne pourra pas prétendre avoir respecté ses promesses en ce qui les concerne.
Premièrement, le Québec n'est pas une province comme les autres, mais le foyer de la nation québécoise. Pour cette raison, il a besoin de plus d'autonomie que les provinces, y compris sur la scène internationale.
Deuxièmement, à l'intérieur des champs de compétence que lui accorde la Constitution, le Québec est pleinement souverain. Il doit pouvoir exercer ses compétences de A à Z, y compris dans les relations internationales.
Troisièmement, lorsqu'il négocie sur la scène internationale dans un domaine qui affecte un champ de compétence législative du Québec, le gouvernement fédéral ne peut prétendre représenter le Québec que si ce dernier lui en a donné l'autorisation.
Par ailleurs, il y a beaucoup de désavantages à la subordination. C'est un frein au plein développement, au plein épanouissement du potentiel de la nation québécoise. Il n'est ni normal ni souhaitable que la nation québécoise soit la province d'une autre nation. Juridiquement, le Québec doit être l'égal des autres pays. C'est ce que le Bloc québécois prétend.
Bien sûr, la motion du Bloc québécois ne demande pas à la Chambre de décider si le Québec devrait ou non choisir la souveraineté. Mais nous demandons plutôt de reconnaître que les Québécoises et les Québécois forment une nation. Quant à l'avenir politique du Québec, la décision se prendra au Québec, à la suite d'un référendum dans les plus pures traditions démocratiques, comme le Québec a toujours su bien le faire.
Qu'on me permette toutefois, pour le bénéfice des souverainistes très nombreux dans mon comté, de parler des avantages de la souveraineté. Pourquoi opter pour la souveraineté du Québec et pourquoi y travailler avec toute cette force et cette vigueur? Nous désirons être des êtres libres et responsables, tant sur le plan personnel que collectif, puisque les Québécoises et les Québécois forment une nation. Pour notre part, nous voulons affronter nos problèmes internes et externes, les résoudre nous-mêmes et en tirer expérience, dynamisme et richesse d'être et ce, dans un esprit de saine collaboration avec nos voisins que nous respectons, mais sans le blocage stérile qui existe depuis trop longtemps entre le dynamisme normal du Québec et le frein du gouvernement à Ottawa.
Je veux payer, pour ma part, mes taxes et mes impôts au gouvernement du Québec qui se réunit à l'Assemblée nationale du Québec. Je veux que l'Assemblée nationale du Québec fasse les lois gouvernant le pays du Québec. Je veux que des représentants du Québec puissent s'asseoir aux tables internationales pour débattre et signer les ententes et les traités qui vont influencer la vie des Québécoises et des Québécois.
Les Québécois ont les moyens d'un peuple souverain et ils en ont les devoirs. Deux voisins qui ont chacun leur maison s'entendent mieux que ceux qui doivent partager des locaux aux limites floues. Un Québec souverain voisin d'un Canada souverain contribuera davantage au bien-être des deux parties.
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Monsieur le Président, la motion que nous, Québécois et Québécoises membres du Bloc québécois, déposons en Chambre aujourd'hui est la suivante:
Que la Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation.
Ce dont nous voulons débattre, c'est la reconnaissance du fait qu'au Québec, nous sommes une nation, ni plus, ni moins. Le a jugé bon d'accoler la mention « dans un Canada uni ». Nous acceptons d'apporter un amendement qui dirait « actuellement au sein du Canada ». Effectivement, nous reconnaissons que nous sommes à l'intérieur du Canada et qu'actuellement, le Canada forme un pays. Comme on le sait, nous, les Québécois, voulons autre chose. Lorsque nous disons que nous voulons qu'on reconnaisse que le Québec est une nation, c'est ce caractère du Québec que nous voulons faire reconnaître. Cela ne met pas en doute les caractéristiques de l'autre nation; cela ne met pas fin à quoi que ce soit. C'est simplement une question de reconnaissance. Il faudrait qu'on accepte cette question avec un peu plus de respect que ce que nous avons eu jusqu'ici.
Le se rend-il compte qu'en voulant ajouter: « dans un Canada uni », il fera surgir des questions sur l'unité du Canada? Nous considérons que le Québec est une nation, et quoi qu'on en dise, c'est notre réalité. Il faudrait que les autres partis essaient de comprendre cela. Pour moi, il s'agit là d'une manoeuvre. Le peuple ne sera pas dupe de cette manoeuvre.
Le et les autres partis interprètent l'intention que nous avions en proposant cette motion. Dans son allocution, hier, le premier ministre a dit:
[...] la véritable intention de la motion du chef du Bloc et du camp souverainiste est parfaitement claire. Ce n'est pas de faire reconnaître ce que sont les Québécoises et les Québécois, mais ce que les souverainistes voudraient qu'ils soient.
Il me semble, à cet égard, que nous sommes les seuls à pouvoir préciser quelles sont nos intentions. Le premier ministre ne peut vraiment pas le savoir, et en présentant les choses de cette façon, il tente de nous enfermer dans une vision qui n'est pas la nôtre. Nous avons le droit de considérer que le Québec est une nation, avec ou sans le Canada.
Au Québec, il y a consensus sur le fait que les Québécois forment une nation et ce, depuis des années. Le 30 octobre 2003, l'Assemblée nationale du Québec adoptait à l'unanimité la motion suivante:
QUE l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois forme une nation.
La motion ne dit pas que nous formons une nation si nous restons dans le Canada. Elle ne dit pas non plus que nous formons une nation si nous sortons du Canada. Elle dit que c'est une nation, un point c'est tout. L'Assemblée nationale spécifie qu'elle réaffirme l'existence de la nation québécoise. En effet, cette résolution répétait ce que tous les gouvernements du Québec disent depuis des décennies. Je vous lirai quelques-unes des citations des gouvernements du Québec.
En avril 1946, Maurice Duplessis disait:
Je crois fermement que la Confédération canadienne est un pacte d’union entre les deux grandes races.
En novembre 1963, Jean Lesage disait:
Le Québec ne défend pas le principe de l’autonomie des provinces seulement parce qu’il s’agit d’un principe, mais bien plus parce que l’autonomie est pour lui la condition concrète non pas de sa survivance qui est désormais assurée, mais de son affirmation comme peuple.
Pour sa part, Daniel Johnson père disait, en février 1968:
Que cette constitution ne doit pas avoir uniquement pour objet de fédérer des territoires, mais aussi d'associer dans l'égalité deux communautés linguistiques et culturelles, deux peuples fondateurs, deux sociétés, en d'autres termes, deux nations au sens sociologique du terme.
Plus loin, René Lévesque disait:
[...] le Canada est composé de deux nations égales entre elles ; le Québec constitue le foyer et le point d’appui d’une de ces nations et, possédant tous les attributs d’une communauté nationale distincte, il jouit d’un droit inaliénable à l’autodétermination. [...] Ce droit de contrôler soi-même son destin national est le droit le plus fondamental que possède la collectivité québécoise.
Jacques Parizeau, que le a cité hier, disait en décembre 1994:
À ce jour, la loi fondamentale du Canada ne reconnaît les Québécois ni comme une nation, ni comme un peuple, ni même comme une société distincte.
C'est un triste constat.
Finalement, Lucien Bouchard, en octobre 1999, disait:
Le Québec est, sur le continent nord-américain, la seule société majoritairement francophone disposant d’une assise territoriale bien définie et d’institutions politiques qu’elle contrôle. Le peuple du Québec jouit de tous les attributs classiques d’une nation. […] Le peuple québécois adhère à la conception démocratique d’une nation francophone par la langue, plurielle dans sa culture et largement ouverte à l’immigration internationale […]
Je suis issue de l'immigration. Je suis donc une de ces Québécoises qui ont été accueillies sur la terre du Québec, en tant que Québécoises à part entière. Je suis arrivée ici en 1967. À ce titre, je peux reprendre à mon compte la fin de la citation de M. Bouchard et confirmer que le peuple québécois dont je fais partie avec fierté « adhère à la conception démocratique d'une nation francophone par la langue, plurielle dans sa culture et largement ouverte à l'immigration internationale ».
Cela confirme que le Québec, depuis très longtemps, forme une nation. Il ne s'agit pas pour nous de former une nation à condition que nous soyons à l'intérieur du Canada. Nul ne saurait forcer un peuple à rester sous un système dont il ne veut pas. Cela va se faire démocratiquement. Cependant, ce que nous voulons, aujourd'hui, c'est une reconnaissance pleine et entière de ce que nous sommes, ni plus ni moins.