propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, je suis heureux d'amorcer les travaux d'examen, en deuxième lecture, du projet de loi qui modifie le cadre législatif régissant les institutions financières actives au Canada.
[Traduction]
Ce projet de loi est important pour différentes raisons.
Tout d'abord, il contribuera pour beaucoup à améliorer l'avantage entrepreneurial du Canada, l'un des cinq avantages au coeur du nouveau plan économique à long terme, intitulé Avantage Canada, que le gouvernement a dressé à l'intention du pays.
Avantage Canada vise à procurer différents avantages à notre pays : un avantage fiscal, un avantage financier, un avantage du savoir, un avantage infrastructurel et, comme je l'ai mentionné, un avantage entrepreneurial pour les familles, les étudiants, les travailleurs et les personnes âgées du Canada.
Pour obtenir un avantage entrepreneurial, nous devons mettre en place un environnement commercial plus concurrentiel en réduisant la réglementation inutile et les tracasseries administratives et en améliorant les services aux clients. Ce projet de loi est donc important pour une tout autre raison. Il aura une incidence positive sur un des principaux moteurs de notre économie, c'est-à-dire le secteur des services financiers. Ce secteur est l'un des principaux fondements sur lequel repose notre économie, comme toute économie industrielle moderne d'ailleurs.
De façon plus générale, ce secteur important joue un rôle unique en assurant la stabilité financière, en protégeant les économies et en encourageant la croissance qui est essentielle au succès de l'économie canadienne.
De plus, le secteur des services financiers joue un rôle important dans la vie quotidienne des Canadiens. Outre les services qu'elle offre, cette industrie permet à environ 700 000 Canadiens de gagner leur vie dans des emplois bien rémunérés. Elle représente environ 6 p. 100 du PIB du Canada et est un chef de file dans l'utilisation de la technologie de l'information.
Nous pouvons tous comprendre qu'on se doit de faire en sorte que le cadre qui régit ce secteur important et influent soit à jour et efficace.
C'est précisément ce que le nouveau gouvernement du Canada s'est engagé à faire à l'aide des propositions que contient ce projet de loi dont la Chambre est saisie aujourd'hui.
Avant d'exposer les propositions contenues dans le projet de loi, j'aimerais parler brièvement du processus de consultation qui a conduit à l'examen des lois sur les institutions financières et au projet de loi à l'étude aujourd'hui.
[Français]
De nombreux intervenants formant un groupe représentatif ont fait part de leurs commentaires au sujet de l'examen de 2006 sur les lois qui régissent le secteur financier.
[Traduction]
Dans l'ensemble, les intervenants se sont généralement entendus pour dire qu'aucune refonte majeure ne s'impose, mais bon nombre estiment, tout comme nous, que des mesures pourraient être prises pour améliorer le cadre législatif.
Les intervenants ont également présenté des propositions précises pour que des modifications de forme soient apportées. Les observations présentées lors des consultations ont donné lieu à un livre blanc que le ministère des Finances a rendu public en juin dernier et qui s'intitule « Examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières — Propositions pour un cadre législatif efficace et efficient pour le secteur des services financiers ».
Le livre blanc constitue en grande partie le fondement du projet de loi , qui renferme les propositions du gouvernement en vue de modifier le cadre législatif à l'intention des institutions financières. Ces propositions visent trois objectifs clés: améliorer le service offert aux consommateurs, accroître l'efficacité législative et réglementaire, et adapter le cadre législatif aux nouvelles réalités.
Ensemble, ces objectifs contribueront à offrir au secteur financier un cadre moderne et concurrentiel dans lequel les entreprises de toutes les tailles et les consommateurs de toutes les régions du pays continueront d'être bien servis.
Je vais maintenant décrire brièvement la teneur des trois objectifs que renferme le projet de loi .
Le premier est l'amélioration du service offert aux consommateurs.
Les consommateurs assument une plus grande part de responsabilité dans leurs affaires financières. Par ailleurs, en raison de l'ampleur et de la complexité accrues des produits financiers, des fournisseurs de services et des moyens de prestation des services, les consommateurs ont manifestement plus de choix. En même temps, il devient plus difficile pour eux de faire des choix éclairés sur le marché.
C'est pourquoi le nouveau gouvernement du Canada agit pour veiller à améliorer les services et à bien protéger les consommateurs. Le gouvernement estime que la meilleure approche pour améliorer les services offerts aux consommateurs repose sur la concurrence et la divulgation.
D'une part, la concurrence assure davantage de choix aux consommateurs et elle leur permet de trouver des produits et des services financiers qui correspondent le mieux à leurs besoins et à leurs objectifs personnels, à des prix concurrentiels. D'autre part, la divulgation fait en sorte que les consommateurs et les entreprises disposent de l’information pertinente dont ils ont besoin pour prendre les meilleures décisions face aux choix qui leur sont offerts.
Comme nous le savons tous, pour avoir vu les annonces dans les journaux et à la télévision, l’éventail des services et des produits financiers offerts aux consommateurs continue d’évoluer. Pour aider les consommateurs à faire des choix, le régime de divulgation de notre cadre législatif à l'intention des institutions financières doit demeurer à jour pour tenir compte des différents types de produits et de services offerts sur le marché.
Les modifications proposées au cadre que renferme ce projet de loi tiennent compte de ce principe.
L'une des mesures de protection des consommateurs que propose le projet de loi a trait à la divulgation en ligne. Nous le savons, les institutions financières assujetties à la réglementation fédérale sont tenues de divulguer, dans leurs succursales, l'information sur les produits et services qu'elles offrent à leurs clients et au public. De nos jours, beaucoup de Canadiens utilisent Internet pour réaliser leurs transactions bancaires, car c'est pratique. Toutefois, les exigences actuelles en matière de divulgation ne s'étendent pas au monde électronique.
Pour garantir que les consommateurs reçoivent l'information nécessaire, le projet de loi propose, premièrement, d'harmoniser les exigences de divulgation dans les succursales et celles en ligne. Cela permettra aux consommateurs de comparer les produits plus facilement. Deuxièmement, le projet de loi prévoit une divulgation adéquate de l'information aux clients qui font des transactions en ligne.
L'objectif de cette mesure est de fournir aux consommateurs les renseignements dont ils ont besoin pour prendre des décisions éclairées.
[Français]
Le deuxième grand objectif du projet de loi est d'accroître l'efficience des lois et des règlements régissant le secteur financier canadien.
[Traduction]
L'examen régulier des lois visant le secteur financier permet au gouvernement de modifier le cadre au besoin afin que les lois et règlements demeurent efficaces et efficients.
Afin d'accroître l'efficacité des dispositions légales et réglementaires, le projet de loi donne suite à un certain nombre de points clés cernés durant l'examen.
Parmi les domaines qui sont très pertinents pour de nombreux Canadiens, il y a les prêts hypothécaires résidentiels. Il y a plus de 30 ans, on a rendu obligatoire l'assurance pour les prêts hypothécaires à rapport prêt-valeur élevé. Il s'agissait d'une mesure de prudence destinée à protéger les prêteurs contre les fluctuations de la valeur des propriétés et contre les défauts de paiement connexes des emprunteurs.
Bien entendu, le marché a évolué depuis. Entre autres, les pratiques de gestion des risques des prêteurs se sont améliorées sensiblement et on a renforcé de manière notable le cadre de surveillance des institutions financières assujetties à la réglementation fédérale. Ainsi, certains propriétaires paient peut-être plus cher en assurance hypothèque que ce qu'ils auraient besoin de payer.
Les modifications proposées réduisent le coût des hypothèques de certaines familles en faisant passer de 75 p. 100 à 80 p. 100 le rapport prêt-valeur exigeant une assurance hypothèque. Cette mesure fera baisser le versement initial que les consommateurs devront faire pour éviter que la loi n'exige l'achat d'une assurance hypothèque. Cette proposition offrira une occasion de réaliser des économies liées à l'hypothèque et permettra à plus de jeunes familles de réaliser leur rêve et d'avoir leur propre maison.
Un autre point important soulevé dans le cadre de la révision législative porte sur la nécessité d'améliorer le régime d'approbation. À l'heure actuelle, il faut une autorisation ministérielle pour toute une gamme de transactions du secteur financier qui ont trait à l'entrée sur le marché, à la structure et à la concurrence ainsi qu'à la propriété des institutions financières.
Il y a toutefois des transactions pour lesquelles l'approbation du ministre constitue une formalité et ne soulève pas de question importante au niveau politique. Le projet de loi propose des mesures qui permettront de rationaliser le régime pour assurer le traitement rapide de ces transactions.
Comme nous le savons bien, le rythme du changement s'est grandement accéléré au cours des dernières années dans le secteur financier. Les institutions financières doivent être en mesure de faire face aux nouvelles tendances dans le domaine de la mondialisation, de la convergence, de la consolidation et de l'innovation technologique. Cette adaptation aux changements dans les marchés se traduit souvent par la création de nouveaux produits et services et la mise au point de façons innovatrices de faire des affaires.
Le gouvernement doit voir à ce que le cadre de réglementation des institutions financières soit à jour pour que ces dernières soient en mesure de faire face à ces changements, d'évoluer et de croître. Le gouvernement tient également à protéger adéquatement les consommateurs et les petites entreprises tout en assurant la sûreté et la solidité du système financier.
Le projet de loi permet de faire cela et plus encore.
Ce projet de loi améliorera entre autres notre système financier en permettant l'imagerie des chèques par voie électronique au Canada. À l'heure actuelle, les banques traitent environ un milliard de documents papier, pour la plupart des chèques, d'un montant évalué à plus de trois billions de dollars par année.
Le processus de compensation des chèques prévoit la livraison physique du chèque à l'institution financière émettrice ou payeuse qui doit ensuite décider si elle désire effectuer ou non le paiement. Compte tenu des développements technologiques auxquels nous avons maintenant accès, ce processus prend trop de temps et exige de trop de ressources, tant en argent qu'en main-d'oeuvre.
Ce projet de loi propose de permettre l'imagerie des chèques par voie électronique, ce qui fera réaliser des gains importants en matière d'efficience par rapport au temps et aux ressources actuellement consacrés au transport des chèques. Cette mesure permettra aux banques de maintenir leurs coûts d'opération à un niveau raisonnable, un avantage qui devra être transmis aux consommateurs pour que les économies réalisées grâce à l'imagerie des chèques profitent à tous les usagers du système de paiement.
Ce projet de loi prévoit aussi une disposition sur la période de retenue des chèques. Dans la plupart des grandes banques, les chèques déposés peuvent être retenus pour une période de dix jours. Le gouvernement reconnaît l'importance de cette période de retenue, à des fins de gestion du risque, mais sa durée demeure une préoccupation du point de vue des clients. Cette période de retenue dérange non seulement les consommateurs, qui doivent avoir accès à leurs fonds pour payer leurs comptes, mais aussi la petite et moyenne entreprise, qui doit payer ses employés et faire rouler le commerce avec les fonds déposés.
Comme le projet de loi faciliterait l'imposition d'une limite à la période de retenue des chèques, le gouvernement conclut l'entente avec l'industrie bancaire. L'entente réduira immédiatement la période de retenue à sept jours, puis à quatre jours dès que l’imagerie des chèques par voie électronique sera disponible à grande échelle.
Cette modification sera une grande amélioration par rapport à la période de retenue actuelle, qui est de dix jours ou même plus. Pour les consommateurs et les entreprises, c'est un grand pas en avant. Cela accroîtra l'efficacité et libérera l'argent plus rapidement, ce qui aura des répercussions bénéfiques sur l'ensemble de l'économie canadienne.
[Français]
En résumé, les mesures proposées dans ce projet de loi modifieront le cadre législatif régissant les institutions financières, afin que celui-ci contribue à l'atteinte de trois objectifs clés.
[Traduction]
Le projet de loi propose d'abord et avant tout des mesures d'amélioration des services pour les consommateurs. Ensuite, le projet de loi accroîtrait l'efficacité de la législation et des règlements et contribuerait à la mise en place d'un cadre permettant aux institutions financières de croître et de prospérer sur le marché mondial. Troisièmement, les modifications proposées dans le projet de loi C-37 permettraient aux institutions financières de s'adapter aux nouvelles tendances de l'industrie dans un cadre moderne et, surtout, dynamique.
J'exhorte tous les députés à accorder au projet de loi toute l'attention qu'il mérite.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi .
En juin dernier, le ministère des Finances a rendu public un livre blanc dont s'est largement inspiré le projet de loi. C'est le précédent gouvernement libéral qui a commandé ce livre blanc en prévision de l'examen quinquennal de la Loi sur les banques prescrit par la loi.
Ce livre blanc était intitulé Examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières -- Propositions pour un cadre législatif efficace et efficient pour le secteur des services financiers.
[Français]
Comme il s'est largement inspiré du livre blanc, le gouvernement a rédigé un projet de loi qui suit de près la politique libérale. Ainsi, le livre blanc précise que la concurrence et la divulgation de renseignements constituent les meilleurs moyens de protéger les intérêts des consommateurs.
Par conséquent, nous sommes témoins de mesures positives dans ce domaine.
[Traduction]
Le projet de loi verrait à ce que les institutions financières communiquent, en temps opportun et dans une plus grande mesure, de l'information aux consommateurs à propos, entre autres, des produits de placement par dépôt et des procédures de traitement des griefs.
Cette mesure veillerait donc à ce qu'un client qui ouvre un compte de chèques ou d'épargne dispose de toute l'information nécessaire pour prendre une décision éclairée. Rien n'est plus important pour les consommateurs que de faire en sorte qu'ils aient l'information nécessaire concernant le type de produits qu'ils achètent.
Le projet de loi apporterait aussi des modifications d'ordre administratif, modifications qu'il faut faire après un certain nombre d'années. Un parfait exemple de cela est l'ajustement du seuil de capitaux dont on se sert pour déterminer la taille d'une institution financière. Quand la Loi sur les banques a été revue en 2001, il a été déterminé que les grandes institutions financières sont celles dont les capitaux propres totalisent plus de 5 milliards de dollars.
Les temps changent, cependant, et par conséquent, le projet de loi propose de faire passer ce seuil à 8 milliards de dollars pour refléter la croissance du secteur et l'accroissement du coût de la vie et de l'inflation, même s'il est faible.
De surcroît, il fixerait un nouveau seuil pour les institutions de taille moyenne. Il propose que ces dernières soient celles qui détiennent entre 2 milliards et 8 milliards de dollars en capitaux propres. Comme je l'ai déjà dit, ce sont des mises à jour d'ordre administratif qui, toutefois, sont importantes.
Une autre section du projet de loi porte sur l'imagerie des chèques par voie électronique, ce que nous avions réclamé dans le livre blanc. Les banques et institutions financières seraient obligées d'échanger des images de chèques plutôt que des chèques en tant quel tels. Essayons d'imaginer cinq millions de chèques envoyés d'une institution financière à l'autre tous les jours, parfois d'un bout à l'autre du pays.
Grâce à de récents progrès technologiques, ce long processus pourrait être évité. Les chèques peuvent maintenant être numérisés, captés et transmis de façon sécuritaire d'une banque à l'autre. Cela économise du temps et réduit le fardeau administratif. Plusieurs institutions financières se servent déjà de cette méthode avec beaucoup de succès.
[Français]
Cette mesure sera très avantageuse pour les consommateurs et les entreprises, puisque les chèques passeront plus rapidement. D'ailleurs, dès que l'imagerie des chèques par voie électronique sera généralisée, les chèques ne pourront plus être gelés pendant plus de quatre jours.
[Traduction]
Le gouvernement libéral précédent était constamment à l'affût de nouvelles technologies pour améliorer l'efficacité des entreprises et du gouvernement. Par exemple, l'an dernier, l'Agence du revenu du Canada a amorcé une transition en vue d'adopter un système de codage par code à barres 2D pour les déclarations de revenus des sociétés. Ce système permettrait au logiciel d'impôt de générer un code à barres qui pourrait être apposé à la déclaration d'une entreprise. Lorsque la déclaration arriverait au centre de traitement de l'Agence du revenu du Canada, celle-ci n'aurait qu'à balayer le code à barres et toutes les données renfermées dans la déclaration seraient transmises électroniquement à ses ordinateurs. Cette façon de faire permettrait non seulement de réduire le temps de traitement, mais aussi de réduire sensiblement le nombre d'erreurs humaines commises lorsque des données sont entrées manuellement.
Ce n'est là qu'une brève digression, mais cet exemple illustre le fait qu'il faut être au courant des nouvelles technologies et saisir les possibilités qu'elles nous offrent. Je suis heureux que les conservateurs suivent notre exemple dans ce domaine.
J'appuie aussi l'article du projet de loi visant à faire en sorte qu'il soit plus facile pour les caisses populaires d'établir des associations coopératives de crédit pour accroître leurs possibilités d'affaires. À l'heure actuelle, la Loi sur les associations coopératives de crédit exige un minimum de 10 caisses populaires pour créer une association coopérative de crédit. Ce seuil relativement élevé empêche un grand nombre de caisses de former des associations coopératives. Je suis donc heureux de voir que le nombre minimum requis sera réduit.
Lorsque notre gouvernement a effectué une étude du secteur financier, en 2001, nous avons pris des initiatives clés lorsqu'on a constaté que le phénomène des fusions bancaires se profilait à l'horizon. Nous avons voulu nous assurer que, si des fusions bancaires étaient proposées et qu'elles étaient perçues comme étant dans l'intérêt public, il y aurait une plus grande compétitivité et un plus grand choix de produits, de services et d'options pour les Canadiens auprès des caisses populaires et des banques étrangères.
Plus tôt, lorsque j'ai posé des questions au ministre, j'ai fait allusion au fait que les banques étrangères, même si elles ont intérêt à faire des affaires au Canada, comme le ministre l'a mentionné, connaissent du succès dans certains secteurs. La majorité de leurs efforts sont concentrés dans les services bancaires de gros, parce que les banques à charte du Canada dominent au niveau des succursales de détail. Toutefois, j'appuierais toute mesure dans le projet de loi qui créerait plus de possibilités pour les banques étrangères de jouer un rôle plus important dans le marché bancaire canadien. Cela permettrait aux consommateurs canadiens d'avoir plus de choix et plus de possibilités d'aubaines relativement à diverses options, ce qui serait une bonne chose pour eux et pour l'économie canadienne.
Je me réjouis de voir que le ministre cherche également à régler la question des coopératives de crédit. C’est une excellente occasion de donner plus de choix aux consommateurs. Le ministre a dit, je le sais, que la tendance n’est pas, en ce moment, aux fusions bancaires ou interpiliers et je crois que c’est une bonne décision. Cela rend certainement les choses plus claires pour les institutions financières et c’est ce qu’elles souhaitaient.
Néanmoins, si les banques reviennent à la charge à un moment donné, ce serait important, car si les coopératives de crédit devaient se défaire de certaines succursales, par exemple, il se pourrait alors que des banques étrangères ou d'autres institutions soient en mesure de les acquérir. En fait, cela pourrait donner plus de choix aux consommateurs et je crois donc important d’essayer de consolider ces institutions au Canada afin que les Canadiens aient plus de choix et aient davantage accès à différents produits et services.
Le ministre a dit que le projet de loi propose de réduire le coût des prêts hypothécaires, pour certains emprunteurs, en relevant à 80 p. 100 du prêt le seuil au-dessus duquel il faut souscrire obligatoirement une assurance hypothécaire. Le seuil actuel est de 75 p. 100. Étant donné les changements dans les pratiques de gestion des risques et les exigences de la réglementation, le livre blanc que nous avons fait préparer lorsque nous étions au pouvoir formulait précisément cette recommandation. Je me réjouis de la voir incluse dans le projet de loi.
Une chose qui me préoccupe et à laquelle on n’a pas accordé suffisamment d’attention dans ce projet de loi, c’est la protection du consommateur. À part l’exigence que j’ai mentionnée plus tôt qui oblige les institutions financières à divulguer, en temps opportun, davantage de renseignements aux consommateurs dans des domaines comme les produits d’investissement de type dépôt, on ne parle pas vraiment d’aider les autres types de consommateurs. Le projet de loi ne semble pas offrir le même genre de protection aux Canadiens qui souscrivent un prêt hypothécaire, par exemple.
[Français]
Le livre blanc de juin recommandait que le gouvernement modifie les lois visant les institutions financières afin que ces dernières soient tenues de rendre public leur processus de traitement des plaintes de manière à ce que tous les consommateurs y aient accès en tout temps, tant dans les succursales qu'en ligne.
[Traduction]
Pour protéger les consommateurs, il est essentiel de leur fournir l’information requise pour qu’ils choisissent le bon produit au départ, ainsi que l’information nécessaire pour porter plainte et demander un dédommagement si le produit est défectueux. Néanmoins, le projet de loi n’a pas vraiment tenu compte de cette recommandation du livre blanc.
Je ne pense pas que la majorité des Canadiens savent vraiment quelle est la procédure de plaintes dans leur banque locale et il aurait donc été souhaitable d’exiger, dans la loi, que des renseignements soient fournis à cet égard. Dans ma circonscription comme, j’en suis sûr, dans la circonscription d’un grand nombre de mes collègues, des gens se plaignent au sujet des banques, des frais de service et de bien d’autres questions. Il y a un ombudsman des services bancaires qui est, en fait, un super ombudsman. C’est un mécanisme très utile.
Je serais prêt à parier qu’un grand nombre de Canadiens ne savent même pas qu’ils peuvent s’adresser à l’ombudsman des services bancaires s’ils ont épuisé tous les autres recours. L’ombudsman des services bancaires et son bureau font un bon travail. J’ai travaillé avec eux à plusieurs reprises. J’aurais aimé que la loi exige des banques qu’elles fournissent des renseignements au sujet des services de l’ombudsman afin de les rendre vraiment accessibles.
Le livre blanc recommandait que le processus d'approbation ministérielle soit simplifié. À l'heure actuelle, une vaste gamme d'importantes transactions se rapportant à l'accès au marché, aux structures, à la concurrence et à la propriété des institutions financières nécessitent une approbation ministérielle. À cela s'ajoutent de nombreuses transactions courantes qui exigent une foule de signatures ministérielles. Cela pourrait se faire de façon plus efficace, ce que garantirait le projet de loi.
Le projet de loi contient également des éléments qui ne se trouvaient pas dans le livre blanc. On y propose, par exemple, de réduire le nombre requis de résidents canadiens siégeant au conseil d'administration d'institutions financières appartenant à des intérêts canadiens. Il faut actuellement que les deux tiers des administrateurs soient des résidents du Canada. Le projet de loi ramènerait cette exigence à seulement plus de la moitié des administrateurs.
Je sais que la question est soulevée lorsque des institutions financières établies au Canada cherchent à acquérir des biens ou à participer à une fusion aux États-Unis, entre autres. Dans le cas d'une fusion, l'entreprise américaine accepte souvent de fusionner, moyennant une représentation plus nombreuse au conseil d'administration. J'encourage nos institutions financières à prendre de l'expansion dans l'axe Nord-Sud. Cela leur ouvrira plus de possibilités que les fusions interpiliers au Canada. C'est une bonne chose.
[Français]
La limite de deux tiers était une bonne mesure dans le passé, mais de nos jours, nos institutions financières ont ajouté une importante dimension internationale à leurs activités. L'assouplissement des contraintes favorisera la croissance et la compétitivité des institutions canadiennes sur la scène économique mondiale.
[Traduction]
J'ai abordé avec le la question du traitement de données effectué à l'extérieur du Canada. Ce qu'on propose dans le projet de loi , c'est d'éliminer la nécessité d'obtenir à cette fin l'approbation du surintendant des institutions financières. Je sais gré au ministre de ses observations, mais je pense que cela relève de la compétence de la commissaire à la protection de la vie privée.
Si une institution financière établie au Canada projetait d'impartir une certaine part du traitement de ses données à l'extérieur du Canada, il serait probablement sage de maintenir l'exigence relative à l'approbation du surintendant des institutions financières parce que celui-ci s'informerait sans doute pour savoir si la commissaire à la protection de la vie privée a été consultée et si les transactions en question protègent les intérêts des Canadiens en cette matière. Je suis certain que le surintendant et le ministre des Finances ne cherchent pas à se décharger de leur responsabilité pour sortir d'une situation délicate. Je suis certain que là n'est pas leur intention.
En tout cas, le gouvernement, et peut-être un comité aussi, devrait chercher à déterminer s'il est avisé de procéder ainsi, compte tenu de situations récentes où certaines activités de traitement de données effectuées aux États-Unis ont été assujetties à la Patriot Act. Il se peut que les renseignements confidentiels concernant des Canadiens aient été compromis.
Comme je l'ai dit plus tôt, en 2001, notre gouvernement avait apporté des modifications au cadre législatif pour le secteur financier afin d'élaborer le processus selon lequel toute proposition de fusion bancaire devrait être soumise à l'examen d'un comité parlementaire pour qu'il détermine si elle était ou non dans l'intérêt public. Il s'agissait là d'une bonne initiative.
Cependant, au cours de cette période, le Comité des finances de la Chambre des communes n'a pas examiné les fusions interpiliers. Un exemple de fusion interpiliers serait celui d'une banque canadienne qui désirerait fusionner avec une société d'assurances canadienne. Le ministre a signalé qu'il ne désire pour l'instant examiner aucune proposition de fusions interpiliers, mais s'il devait le faire un jour, il faudrait que le critère de l'intérêt public et le cadre visant les fusions bancaires éventuelles soient examinés par le Comité permanent des finances de la Chambre des communes, car cet examen n'a pas été fait en ce qui concerne les fusions interpiliers.
Malheureusement, je n'en suis pas au stade où j'aurais pu proposer des modifications à la Loi sur les banques, mais cela viendra peut-être un jour. Il faut juste que je travaille plus longuement à ce dossier.
Un secteur qui m'intéresse concerne les paris sur Internet. La piste de courses Woodbine se trouve dans ma circonscription, , et elle prend de l'expansion à un rythme effréné. Dans le cadre de cette expansion, on prévoit introduire le concept Woodbine Live, qui comprendra des salles de spectacle, des hôtels, des boutiques, etc. Une des questions très importantes pour l'entreprise Woodbine, c'est l'augmentation des paris sur Internet, qui la prive d'une part de son marché. Paradoxalement, les paris sur Internet sont illégaux, mais personne ne semble vouloir entamer de poursuites. En tant qu'entreprise de courses, Woodbine est réglementée de très près par les gouvernements provincial et fédéral. Elle serait heureuse de se lancer dans les paris sur Internet si tout le monde en faisait autant, mais elle hésite à le faire en raison du régime de réglementation visant ses activités. Elle risquerait de perdre son permis.
J'ai examiné la question sous divers angles. J'ai tenté de faire intervenir la GRC et la Police provinciale de l'Ontario. Personne ne semble vraiment vouloir engager des poursuites dans ce secteur. Une solution consisterait à suivre l'exemple des États-Unis, où il est illégal pour les banques d'accepter des chèques ou des cartes de débit ou de crédit pour faire des paris sur Internet.
Hier, nous avons débattu un projet de loi parrainé par mon collègue, le député de , portant sur les appareils de loteries vidéo dans les bars et les restaurants. De jeunes personnes pourraient développer une dépendance. C'est le cas pour de nombreuses personnes, pas seulement des jeunes. Il y a des gens qui, dans le confort de leur maison, vont sur Internet et jouent au poker sur des sites tels que poker.com, et ainsi de suite. Je ne l'ai jamais fait moi-même, mais je me suis laissé dire que, pour accéder à ces sites, il faut utiliser une carte de crédit ou de débit pour montrer que l'on a accès à du crédit.
Si la Loi sur les banques était modifiée de sorte que les banques ne puissent accepter les cartes de crédit ou de débit associées aux paris sur Internet, cela pourrait être un moyen de freiner certaines de ces activités. Cela ferait en sorte que les règles du jeu seraient les mêmes pour les organisations de ma circonscription, comme l'hippodrome Woodbine, qui jouit d'une excellente réputation au Canada. Cet hippodrome est l'hôte de la Queen's Plate chaque année. C'est une grande institution dont je suis très fier.
En conclusion, tous les partis peuvent s'entendre sur le fait que ce projet de loi contient des mises à jour fort nécessaires de nos lois régissant les institutions financières. Personnellement, je ne crois pas que le projet de loi contienne quoi que ce soit de particulièrement litigieux. Je serai heureux de l'appuyer, à la condition qu'il soit renvoyé à un comité afin d'étudier les questions que j'ai soulevées aujourd'hui.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre part à ce débat qui peut sembler technique, mais qui est extrêmement important, en particulier pour les consommateurs et l'ensemble de nos concitoyens. Nous faisons affaire tous les jours avec les institutions financières, particulièrement les banques et les quasi-banques. Ainsi, même si ce sont des entreprises privées, il s'agit pratiquement de services publics.
Le projet de loi vise à introduire certaines adaptations au régime bancaire, tout en assurant sa stabilité. Le gouvernement a l'obligation d'entreprendre des consultations à tous les cinq ans, afin de réviser les lois qui régissent les institutions financières. Le 24 octobre dernier marquait l'échéance de cette consultation sur la législation régissant les institutions financières, mais le gouvernement a prolongé l'application de ces lois jusqu'au 24 avril prochain, afin de permettre au Parlement de se pencher sur la question de manière plus approfondie.
Ainsi, le projet de loi fait suite à la publication en juin 2006 d'un document intitulé Examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières -- Propositions pour un cadre législatif efficace et efficient pour le secteur des services financiers. Il fait également suite à un document intitulé Avantage Canada, récemment publié par le gouvernement lors de la mise à jour de l'énoncé économique et financier. Il y a donc eu du travail qui a mené à cette législation. Le projet de loi vise à mettre en place de nouveaux mécanismes, afin d'améliorer l'efficacité du système financier canadien. Ce projet de loi est divisé en trois axes. Comme je le disais plus tôt dans ma question au ministre, il vise à promouvoir les intérêts des consommateurs, à accroître l'efficacité des lois et des règlements concernant le secteur bancaire et à adapter le cadre réglementaire aux nouveaux développements. Il s'agit d'un secteur qui, au cours des dernières décennies, a connu énormément de développements à tous points de vue, sur les plans technologique et financier comme sur le plan des services.
Globalement, nous accueillons ce projet de loi avec beaucoup de satisfaction, car il répond à un besoin réel. Il est évident qu'un certain nombre de choses mériteront d'être débattues en comité. J'aurai l'occasion d'en faire part lors de mon discours. Nous voterons donc en faveur du projet de loi en deuxième lecture, mais nous nous réservons la possibilité de le bonifier avec la collaboration des autres partis en cette Chambre, afin qu'il réponde davantage à ses objectifs, que le a notamment mis de l'avant un peu plus tôt.
J'ai parlé pus tôt de trois axes. Le premier axe est de promouvoir les intérêts des consommateurs. Ce premier axe comprend trois éléments essentiels. Le premier élément vise à améliorer le régime de divulgation des informations aux consommateurs; le deuxième vise à modifier le cadre réglementaire pour permettre l'installation de l'imagerie numérique dans le traitement des chèques; le troisième élément vise à diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions bancaires.
Le premier élément de ce premier axe propose d'améliorer le régime de divulgation des informations aux consommateurs. Comme le ministre l'a dit, il s'agit évidemment de permettre aux consommateurs, en leur donnant des informations plus précises, plus nombreuses et plus facilement accessibles, de faire des choix éclairés dans leurs décisions touchant les véhicules de placement. Le gouvernement propose donc de hausser les standards concernant la divulgation des charges et les obligations des pénalités liées aux différents comptes et véhicules de placement. De plus, il obligera les institutions à divulguer clairement ces renseignements par l'entremise de l'Internet. Aujourd'hui, beaucoup de nos concitoyens utilisent ce véhicule pour leurs activités financières et bancaires, payant des comptes et allant chercher de l'information. Évidemment, cet outil n'est pas encore disponible dans tous les foyers. Cette information sera non seulement disponible dans l'Internet, mais elle le sera également, par écrit, dans toutes les succursales. Ainsi, toute personne qui en fait la demande pourra y avoir accès.
Le deuxième élément, toujours dans ce premier axe pour promouvoir les intérêts des consommateurs, consiste en la modification du cadre règlementaire pour permettre l'instauration de l'imagerie numérique dans le traitement des chèques.
Le projet de loi nous propose de mettre en place un cadre législatif permettant un recours à l'imagerie électronique afin de faciliter et diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions financières. Je crois, évidemment, que les progrès technologiques auxquels je faisais référence plus tôt, en particulier sur le plan de l'ensemble de la gestion financière, permettent d'utiliser ce nouveau moyen.
Le troisième élément de ce premier axe pour promouvoir les intérêts des consommateurs permet aussi de diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions financières.
Comme on le sait, à la suite de la publication de l'examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières, le gouvernement s'était engagé à diminuer le temps de retenue des chèques afin de faciliter la vie à tout le monde, en particulier les PME et les citoyens.
C'est toujours extrêmement difficile, lorsque notre chèque est retenu. En effet, quand on reçoit un chèque, on le dépose, et on a des responsabilités à assumer quant au paiement des factures et au remboursement des dettes. Or on constate que notre argent ou notre actif est retenu. Il est gelé, comme on dit en langage courant, par la banque pendant 10 jours, alors qu'il s'agit parfois même de chèques de grandes entreprises ou du gouvernement. La solvabilité de l'émetteur du chèque n'est donc absolument pas en cause. Toujours est-il que, pour des raisons de solvabilité et de sécurité, ces chèques sont actuellement retenus pendant 10 jours.
Grâce au projet de loi , on conférera au surintendant le pouvoir de fixer les temps de retenue des chèques. Dans le livre blanc, je rappelle qu'on proposait de ramener ce temps de retenue à sept jours maximum, et à cinq jours, une fois que le traitement numérique par imagerie, dont je parlais précédemment, serait complété.
Les retenues de chèques touchent non seulement les consommateurs qui ont besoin d'avoir accès à leurs fonds pour payer leurs factures, rembourser leurs dettes ou tout simplement pour effectuer leurs achats de tous les jours, mais aussi pour les petites et moyennes entreprises qui n'ont pas souvent une marge de manoeuvre très importante au chapitre des liquidités. Elles ont besoin de ces liquidités pour payer leurs fournisseurs, leurs employés et pour faire fonctionner au quotidien leur entreprise. Cela se fait souvent à même les fonds qu'elles déposent quotidiennement dans leur compte en banque.
À mon avis, c'est un élément que tout le monde accueillera avec beaucoup de satisfaction. Comme je le mentionnais plus tôt, cette retenue de 10 jours maximum des chèques déposés est une source d'irritation dans presque tous les milieux.
De plus, le gouvernement aimerait que les gains d'efficience réalisés grâce à l'initiative de l'Association canadienne des paiements, consistant à modifier le système de paiements afin de faciliter l'imagerie des chèques par voie électronique, profitent à tous les utilisateurs du système de paiements, y compris les consommateurs.
Évidemment, nous ne pouvons pas être défavorables à ce premier axe et aux éléments qu'on y retrouve, mais selon nous, cela ne va pas assez loin.
Actuellement, je suis convaincu que plusieurs de mes collègues de tous les partis en cette Chambre reçoivent régulièrement, tout comme moi, des lettres de consommateurs qui se disent victimes de pratiques par des institutions bancaires, des grandes banques en particulier, et qui se sentent complètement dépourvus. En effet, entreprendre une bataille juridique contre une institution financière plusieurs fois milliardaire est quelque chose d'inaccessible pour la plupart de nos concitoyens. Il faudra trouver des mécanismes, en ce sens, afin que les recours des consommateurs contre les institutions financières soient facilités.
Tout à l'heure, je proposais la mise en place d'un ombudsman ayant davantage de pouvoirs pour qu'il puisse, sur la base d'un dossier, mener une bataille juridique au nom de consommateurs qui ont été — ou qui pensent l'avoir été —, lésés par des pratiques bancaires, sans qu'eux-mêmes soient dans l'obligation d'avoir recours à leurs propres deniers pour se défendre.
Je crois que nous aurons à réfléchir en comité sur les moyens d'augmenter, finalement, le pouvoir des consommateurs au regard des institutions financières, pour ce qui du respect du droit bancaire, mais aussi de leurs droits comme consommateurs.
J'ajoute que la réponse du ministre à ma question ne m'a pas satisfait. Ce n'est pas simplement en augmentant le nombre d'informations que l'on favorisera des choix tout à fait éclairés de la part des consommateurs.
Les institutions financières ont une meilleure connaissance des rouages du système financier et du marché monétaire que les consommateurs. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a mis en place des droits particuliers pour protéger les consommateurs parce que le vendeur a toujours plus d'informations que l'acheteur sur ce qu'il vend.
Je pense que le comité aura un travail important à accomplir sur ce plan. Je le mentionnais tout à l'heure: nous voterons en faveur du projet de loi en deuxième lecture justement pour nous permettre de faire ce travail. J'ai pu, au cours des derniers jours, assurer certains de mes concitoyens de cette volonté de la part du Bloc québécois.
Le deuxième axe a trait à l'accroissement de l'efficience législative. Évidemment, personne ne peut s'opposer à la vertu. Dans ce cadre, on a trois éléments. Le premier consiste à alléger le fardeau réglementaire des banques étrangères afin de faciliter leur accès au marché canadien et de stimuler la concurrence; le deuxième vise à rationaliser le régime d'approbation réglementaire; le troisième vise à assouplir le cadre fédéral régissant les coopératives de crédit.
Si je m'intéresse au premier élément du deuxième axe, soit d'accroître l'efficience législative, on constate que cette mesure, qui vise à alléger le fardeau réglementaire, fait suite aux préoccupations énoncées lors des consultations portant sur la révision de la loi régissant les institutions financières.
Le marché canadien, on le sait, est extrêmement concentré et dominé par cinq grandes banques. Toute législation qui vise à favoriser la concurrence est, à notre avis, souhaitable.
Je sais que, dans le passé, on a adopté des lois pour favoriser la concurrence, mais il faut bien reconnaître qu'il y a eu peu de résultats jusqu'à maintenant.
D'ailleurs, c'est ce qui avait amené le Comité permanent des finances — je ne me rappelle pas exactement le mois où il l'a fait —, dans son rapport sur la question des fusions bancaires en 2004, à être extrêmement réticent à lever le moratoire sur les fusions bancaires. En effet, un marché déjà concentré, avec une fusion entre deux grandes banques parmi les cinq plus importantes, mènerait encore une fois à une concentration plus forte. Or, qui dit concentration dit oligopole et, face à un oligopole, les consommateurs sont extrêmement dépourvus.
C'est actuellement le cas dans le système bancaire canadien. Je donnerais l'exemple de ma région. Dans la région de Joliette, il y a relativement peu de banques présentes; aussi y est-on plus ou moins à la merci de celles qui sont en place. On n'a pas un choix illimité.
Une mesure qui favoriserait l'introduction de banques étrangères dans le marché canadien est donc bienvenue. Pour cela, comme je le mentionnais, le projet de loi vient clarifier les mesures s'appliquant aux banques étrangères oeuvrant en territoire canadien en recentrant le cadre réglementaire sur les banques à part entière, excluant du même coup les quasi-banques.
Je n'ai pas besoin de définir les quasi-banques mais, à l'intention de nos auditeurs, je précise que ce sont des entreprises qui offrent des services financiers à caractère bancaire. À la différence des banques à charte, les quasi-banques ne peuvent cependant modifier leur masse monétaire de base, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent emprunter ou prêter de l'argent à la Banque du Canada pour effectuer de nouveaux dépôts ou prêts.
C'est donc une mesure intéressante. On verra plus exactement, lors du travail en comité, la portée de ces mesures visant à accroître la concurrence sur le marché canadien. Comme je le mentionnais, les législations précédentes n'ont pas donné beaucoup de résultats.
Le deuxième élément consiste à rationaliser le régime d'approbation réglementaire. Cette mesure vise à alléger le processus par lequel sont encadrées certaines transactions courantes n'ayant pas d'incidence sur les politiques publiques. Ainsi, le projet de loi veut transférer du ministre au surintendant des institutions financières le pouvoir d'approuver ou de refuser certaines opérations ou transactions.
Il s'agit d'un des éléments du projet de loi sur lequel nous voudrons nous pencher en comité, et donc procéder à une étude approfondie, parce qu'il faut s'assurer que seules les décisions n'ayant pas d'impact sur les politiques publiques, comme on le prévoit dans la loi, soient remises entre les mains du surintendant. De ce point de vue, les critères et les caractéristiques vont être extrêmement importants. Comment définit-on une transaction ou une opération qui n'a pas d'incidence sur les opérations publiques?
Nous, du Bloc québécois, ne laisserons donc pas le ministre dépolitiser des opérations qui auront des impacts sur les politiques publiques. Cela doit rester entre ses mains et, donc, être aussi l'objet d'un débat démocratique.
Le troisième élément consiste à assouplir le cadre fédéral régissant les coopératives de crédit. C'est une demande qui a été faite à plusieurs reprises par le Comité permanent des finances. Afin de faciliter l'entrée en scène de nouvelles coopératives de crédit, le gouvernement abaisserait à deux le nombre d'établissements requis pour se constituer en coopérative de crédits. À l'heure actuelle, au moins 10 coopératives de crédits sont nécessaires pour former une association aux termes de la Loi sur les associations coopératives de crédit.
Cependant, à la lumière des nouvelles possibilités commerciales offertes par les associations de détail et de la consolidation continue dans le système des coopératives de crédit, l'exigence actuelle impose un seuil d'accès trop élevé. Une exigence moindre assouplirait le cadre fédéral pour le système des coopératives de crédit, accroîtrait sa capacité à s'adapter aux nouveaux développements et permettrait de mieux servir les consommateurs et les PME. En effet, comme je le disais plus tôt, les grandes banques sont en train de quitter plusieurs régions du Québec et du Canada, et ce sont généralement des coopératives qui prennent la relève. Au Québec, nous sommes bien servis, mais ce n'est pas le cas dans l'ensemble des provinces canadiennes.
Le dernier axe comprend l'ensemble des autres mesures, et il y en a trois. La première vise à relever de 75 à 80 p. 100 le ratio prêt-valeur auquel une assurance est obligatoire pour les prêts hypothécaires résidentiels. La deuxième vise à réajuster les seuils de capitaux propres qui permettent la participation unique ou forcent la participation partagée dans une banque. La troisième consiste à augmenter la limite, de un tiers à une minorité, du nombre de membres étrangers siégeant aux conseils d'administration des banques canadiennes.
Je détaillerai rapidement ce qu'on retrouve dans ces mesures, tout en faisant part de ce qu'en pense le Bloc québécois. Nous sommes d'accord avec la première mesure qui consiste à relever de 75 à 80 p. 100 le ratio prêt-valeur auquel une assurance est obligatoire pour les hypothèques résidentielles. Le marché hypothécaire a beaucoup changé. Ce marché est maintenant beaucoup mieux connu. L'assurance obligatoire pour les prêts hypothécaires dont le ratio prêt-valeur est élevé a été instaurée depuis 30 ans à titre de mesure de prudence, afin d'assurer la protection des prêteurs contre les fluctuations de la valeur des propriétés et les défauts de paiement des emprunteurs qui en résultaient. Ce seuil a été modifié une première fois en 1965, à la suite des travaux de la Commission Porter. Il avait été porté de 66,7 p. 100 à 75 p. 100. Cependant, le marché a évolué depuis. Les pratiques des prêteurs en matière de gestion des risques se sont sensiblement améliorées. Des exigences réglementaires de fonds propres fondées sur les risques ont été mises en oeuvre. Les marchés financiers ont changé et se sont stabilisés. Le cadre de surveillance des institutions financières sous réglementation fédérale a été considérablement renforcé. Également, on connaît mieux les fluctuations du marché immobilier.
Il apparaît ainsi que la restriction ne joue plus le même rôle de prudence. En conséquence, une exigence légale selon laquelle les emprunteurs devraient souscrire une assurance hypothécaire à un ratio fixé à 75 p. 100 pourrait vouloir dire que certains consommateurs paient plus pour leur hypothèque que nécessaire sur le plan de la prudence. C'est aussi une mesure qui empêche un certain nombre de nos concitoyens d'avoir accès à la propriété alors qu'ils en auraient les moyens si on augmentait le ratio à 80 p. 100.
La deuxième mesure réajuste les seuils de capitaux propres qui permettent la participation unique ou forcent la participation partagée. Je rappelle qu'en 2001, un nouveau régime de propriété fondé sur la taille a été mis en oeuvre. Sous le nouveau régime, le seuil de capitaux propres au-dessus duquel une banque est tenue d'avoir une participation multiple — je reviendrai à cette définition — a été fixé à 5 milliards de dollars, de manière à englober les plus grandes banques dont un échec éventuel entraînerait les répercussions les plus profondes sur l'économie et le système financier canadiens. C'est d'ailleurs une autre crainte qu'avait exprimée le Comité permanent des finances dans son rapport concernant les fusions bancaires.
Si une très grande banque faisait faillite au Canada, dans un marché aussi concentré, quels seraient les effets sur l'ensemble de l'économie canadienne? Poser la question, c'est y répondre. Ce serait désastreux. Il faut donc s'assurer que ces banques ont les reins extrêmement solides.
Dans le régime de 2001, les banques de taille moyenne dont les capitaux propres oscillent entre 1 et 5 milliards de dollars peuvent avoir une participation restreinte, mais au moins 35 p. 100 de leurs actions avec droit de vote doivent être cotées en Bourse, sauf dans le cas d'une exemption que le ministre pourrait accorder. Il y a quand même une certaine distribution de l'actif. Cela permet de s'assurer que si un des actionnaires est en difficulté, l'institution financière, elle, peut surmonter cette difficulté. De plus, le seuil applicable aux petites banques qui peuvent appartenir exclusivement à un actionnaire avait été fixé à 1 milliard de dollars, de manière à favoriser l'entrée de nouveaux participants.
Avec le projet de loi , on vient changer les seuils de capitaux propres afin de tenir compte de la nouvelle réalité de la croissance importante du secteur bancaire depuis 2001. Ainsi, le seuil de capitaux propres permettant la propriété unique, donc un seul actionnaire, sera haussé à 2 milliards de dollars. D'autre part, les banques dont les capitaux propres oscillent entre 2 et 8 milliards de dollars plutôt qu'entre 1 et 5 milliards de dollars devront dorénavant avoir un minimum de 35 p. 100 de leurs actions avec droit de vote coté en bourse. Finalement, les banques dont les capitaux propres dépassent 8 milliards de dollars plutôt que 5 milliards de dollars, comme en 2001, devront opter pour une gestion à participation multiple. Évidemment, je ne vous apprends rien, mais encore une fois, pour les gens qui nous écoutent, une participation multiple est un régime où aucun actionnaire ne peut détenir la majorité des actions avec droit de vote.
Finalement, afin de tenir compte de la réalité du fait que les banques canadiennes achètent de plus en plus de banques étrangères, on augmenterait jusqu'à une minorité, c'est-à-dire que la majorité votante au conseil d'administration demeurera de citoyenneté canadienne, pas nécessairement de nationalité, mais de citoyenneté canadienne.
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Monsieur le Président, voilà un débat intéressant pour les Canadiens. Il porte sur un projet de loi qui concerne un secteur d’importance stratégique et qui appelle un examen approfondi et une sérieuse discussion.
Je tiens d’abord à dire que, de notre côté de la Chambre, nous n’avons pas l’intention de précipiter le processus d’examen de ce projet de loi. L’étude du projet de loi représente pour nous tous un exercice d’importance capitale. Elle marque le point culminant d’un examen de nos institutions financières qui revient tous les cinq ans. C’est pour nous tous l’occasion de vraiment réfléchir sur l'efficacité de notre Loi sur les banques, sur les problèmes auxquels il faudrait remédier dans le secteur concerné ainsi que sur les améliorations qu’il nous serait encore possible d’y apporter.
Il ne s’agit pas d’un exercice purement administratif. Il ne s’agit pas d’effectuer un survol rapide de cette question, ni de résoudre quelques problèmes en suspens. C’est l’occasion privilégiée qui nous est donnée d’examiner comment les choses se déroulent dans le milieu bancaire et de nous demander quels correctifs pourraient y être apportés. Quels changements s’imposent? Comment faire pour améliorer le système en prenant en considération les souhaits des Canadiens?
Nous sommes ici aujourd’hui pour parler des Canadiens et pour nous demander si notre Loi sur les banques répond ou non à leurs besoins, pour établir s’ils sont bien servis ou non par les institutions financières. Et laissez-moi dire aux députés que, venant d’une région qui a vu en moins de dix ans la plupart de ses banques l’abandonner sans crier gare, je suis à même d’affirmer que les Canadiens ne s’estiment pas bien servis à cet égard.
Nous voyons dans ce processus et dans cet examen législatif une occasion d’apporter les changements qui s’imposent. C’est pourquoi la première chose que je tiens à faire aujourd’hui, c’est de prendre un peu de temps pour vous entretenir de certaines des situations dont mes collègues et moi-même avons été témoins et sur lesquelles nous nous devons de nous pencher. Je dois dire dès le départ que, même si certaines mesures proposées dans ce projet de loi peuvent être nécessaires et qu’il se peut que nous les appuyions, la question que je me pose est, tout comme dans le cas du dernier projet de loi, qu’en est-il des autres mesures qui devraient être apportées?
Quel cas fait-on dans le projet de loi des problèmes que les Canadiens ont soulevés? Où y trouve-t-on les solutions aux problèmes que les Canadiens ont pointés du doigt? Pourquoi sommes-nous si lents à intervenir dans un domaine aussi essentiel à la qualité de vie de toutes nos collectivités et à la santé et au bien-être des Canadiens?
Ce débat ne devrait pas donner lieu à un examen ennuyeux, austère et aride autour de détails techniques. Il devrait plutôt nous amener à nous demander si le projet de loi s’attaque vraiment aux problèmes que les Canadiens ont signalés au gouvernement et si le gouvernement est réellement prêt ou non à tenter de remédier une fois pour toutes à certaines situations très graves.
Nous sommes à un moment où les Canadiens ont le sentiment qu’on attache tout simplement aucune importance à leurs besoins et à leurs préoccupations et que tout ce que veut le gouvernement actuel, comme d’ailleurs le précédent, c’est défendre les grandes banques, les grosses institutions financières et leurs profits.
Puisque nous parlons de profits, examinons les profits des banques au dernier trimestre de cette année. On peut constater que, en moyenne, toutes les grandes banques ont réalisé des profits records. En examinant certaines statistiques, je m'aperçois que les profits de la Banque royale ont été, sauf erreur, de 1,4 milliard de dollars au cours du dernier trimestre.
C'est terrible.
Oh, mon collègue libéral demande d'un air moqueur si ce n'est pas terrible.
Personne n'affirme qu'il est terrible de réaliser des profits. Il s'agit plutôt de savoir si ces profits servent alors aux Canadiens. Les libéraux souhaitent sûrement enfin servir les Canadiens. N'ont-ils pas eu leur leçon aux dernières élections? N'ont-ils pas compris, après avoir été si malmenés, qu'il était temps de commencer à écouter les Canadiens et de cesser de faire fi de leurs besoins quotidiens, dans toutes les régions du pays?
Je ne m'attends pas à grand-chose de leur part. J'ai essayé à la Chambre à de nombreuses reprises d'amener l'ancien secrétaire parlementaire du ministre des Finances à écouter ces préoccupations, afin qu'il puisse en faire part à l'ancien ministre des Finances, mais c'était impossible. Nous avons essayé à bien des reprises d'inciter l'ancien gouvernement à s'attaquer à la question des énormes profits qui s'accompagnaient d'une négligence totale au niveau communautaire, mais en vain.
Nous repartons à neuf. Nous espérons que les conservateurs comprennent cette question. Je ne vais pas abandonner simplement parce que les conservateurs et les libéraux semblent si souvent être pareils. Je ne vais pas abandonner, car les enjeux sont trop grands. Il est question de la santé et du bien-être de collectivités qui ont désespérément besoin d'avoir accès à des services financiers.
Mes collègues libéraux semblent se réjouir de l'énormité des profits des banques. Si je ne m'abuse, les profits totaux de la Banque royale pour cette année sont de plus de 4 milliards de dollars. Nous demandons simplement s'il est possible de conserver une part de ces profits au Canada.
Pourquoi une partie si importante de ces profits finit-elle par aboutir dans des paradis fiscaux, à la Barbade, où les banques n'ont pas à verser un sou d'impôt? Nous venons de tenir un débat à ce sujet. Pourquoi les banques ne réinvestissent-elles pas une partie de ces profits dans les collectivités qui leur ont été loyales au fil des ans, au lieu de les abandonner à leur sort?
J'ignore si les députés qui sourient et même qui rient durant ce débat comprennent ce que vit une collectivité qui perd toutes ces banques et qui voit dix succursales bancaires fermer en l'espace de dix ans. Cela ne s'est pas produit que dans une seule circonscription, j'en suis certaine. Je peux cependant parler en connaissance de cause et exposer le point de vue des gens de , un secteur qui comprend de vieux quartiers défavorisés du centre-ville.
C'est un territoire considérable. Pour ceux qui connaissent Winnipeg, ce secteur s'étend des voies ferrées au boulevard Inkster dans le nord de la ville et de la rivière Rouge à la rue McPhillips. Ceux qui connaissent Winnipeg comprendront que je parle d'un vaste secteur habité qui compte de nombreuses petites entreprises, beaucoup de familles pauvres et de personnes âgées qui ne sont pas riches, qui n'ont pas de voitures pour aller en banlieue, qui peuvent avoir de la difficulté à prendre l'autobus et qui n'ont pas d'ordinateurs dans leurs petits appartements. Certains des résidants de ma circonscription n'ont même pas le téléphone, ils ont donc vraiment besoin d'avoir accès à une succursale bancaire. C'est un besoin fondamental de la vie courante et du travail.
Les banques ont quitté d'autres collectivités comme le nord de Winnipeg. Je veux que ce projet de loi aborde cette question. Je veux que le gouvernement se préoccupe de cette situation. J'aimerai qu'on porte attention à ce problème.
Voilà notre chance.
En 2000, avec le projet de loi qui a institué l'examen quinquennal permettant d'apporter des changements au besoin, nous avons créé l'Agence de la consommation en matière financière du Canada. Cet organisme avait pour but de surveiller les opérations financières du point de vue des consommateurs, de protéger les intérêts des consommateurs et d'intervenir au besoin. Les consommateurs pouvaient soumettre leurs doléances à cette agence qui avait un certain pouvoir de contrôle sur les décisions des banques d'ouvrir et de fermer des succursales.
Nous nous sommes rendu compte au fil des fermetures de succursales bancaires qu'en réalité, le projet de loi que nous avions approuvé à l'époque ne fournissait pas à l'Agence de la consommation en matière financière du Canada les instruments dont elle aurait eu besoin pour obliger les banques à agir démocratiquement envers les populations qu'elles servaient. Ces populations avaient été loyales aux banques pendant des décennies, parfois pendant plus de 100 ans, et les banques n'hésitaient pourtant pas à les abandonner. Lorsque la dernière succursale bancaire a fermé ses portes dans le secteur de ma circonscription qu'est le Nord de Winnipeg, la population devait agir.
J'aimerais dire que l'une des grandes banques a laissé une succursale ouverte à la limite du secteur en question, et il s'agit de la Banque de Nouvelle-Écosse. Nous continuons de collaborer avec cette banque pour nous assurer que de solides liens soient maintenus entre la banque et la population, de manière à nous protéger contre une décision arbitraire prise au siège social, à Toronto, qui entraînerait la fermeture de cette succursale également.
Pour tout ce secteur, il n'y a aucune banque. Aucune succursale. Lorsque la population a pu prendre conscience de cette solution de rechange, elle a fait le bon choix. Elle s'est dit que si les banques n'étaient pas loyales envers les gens, les gens n'avaient pas à se montrer loyaux et pouvaient prendre leurs affaires en main. Grâce à la détermination, à la persévérance et à l'esprit communautaire que nous avons pu observer au cours des dernières années, un centre communautaire de services financiers a vu le jour.
Cela s'est fait il y a à peine quelques semaines et le service communautaire a officiellement ouvert ses portes le 16 novembre. C'est une des solutions que notre communauté a trouvées pour réagir à l'abandon par les grandes banques. Je tiens tout d'abord aujourd'hui à féliciter les gens de ma communauté qui ont rendu cette initiative possible et à souligner que le gouvernement n'a joué aucun rôle à cet égard. Cette réussite n'est pas attribuable à la générosité du gouvernement ou du milieu des affaires, mais bien au fait que les gens de l'endroit ont décidé de se battre. Ils se sont battus jusqu'à ce qu'ils obtiennent des résultats. Ce n'est peut-être pas une panacée, mais c'est une solution qui permettra de remplacer toutes ces banques.
Je tiens à saluer toutes ces personnes qui ont travaillé d'arrache-pied pour l'ouverture de ce centre et il me semble essentiel de le souligner dans le cadre de cette étude de la Loi sur les banques. C'est grâce à des gens comme Jerry Buckland, de la Winnipeg Inner-City Research Alliance, à son travail et à ses études dans ce domaine si le centre a vu le jour. M. Buckland a inlassablement répété les mêmes propos et produit plusieurs études dans ce sens, notamment The Rise of Fringe Financial Services in Winnipeg's North End, Fringe Banking in Winnipeg's North End et There Are No Banks Here: Financial & Insurance Exclusion in Winnipeg's North End.
Ces études démontrent clairement que lorsque les banques ont quitté les lieux, les sociétés de prêts sur salaire ont pris leur place et les gens ont été livrés à la merci d'un secteur non réglementé. Heureusement, je crois et j'espère que le gouvernement prévoit des dispositions législatives pour supprimer l'échappatoire qui permet aux prêteurs sur salaire et autres services financiers marginaux d'envahir notre marché. Toutefois, il convient de souligner que, pour les gens qui ont été laissés en plan par les institutions financières, il n'y a toujours pas beaucoup de solutions de rechange.
Il est important de reconnaître le travail d'une collectivité comme la mienne qui se bat et remporte des victoires. Je tiens donc à souligner le travail de Jerry Buckland qui a aidé à préparer toutes ces études et celui de Nancy Barbour, qui est malheureusement décédée depuis, et pour qui nous avons énormément de reconnaissance.
Nous aurions espéré que la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui propose des modifications afin de renforcer les pouvoirs de l'organisme chargé de surveiller les intérêts des consommateurs. Cela ne semble toutefois pas être le cas.
Nous nous serions attendus à ce que le gouvernement se rende compte de l'importance d'adopter une loi semblable à celle adoptée aux États-Unis. Nous critiquons souvent ce que font nos voisins du sud, mais dans ce cas, il s'agit d'une mesure dont nous devrions nous inspirer fortement, et je parle bien sûr de la loi américaine sur le réinvestissement communautaire. Cette loi oblige les grandes banques qui décident de quitter une collectivité à y réinvestir les profits qu'elles y ont réalisés afin de contribuer à son développement économique et social.
C'est une proposition innovatrice que nous devons sérieusement envisager dans notre pays. Nous devons mettre en place un système quelconque afin de garantir que ces banques redonneront à la collectivité ce qu'elles lui ont pris au fil des nombreuses années durant lesquelles elle leur a fourni une clientèle loyale qui leur a permis de faire des profits faramineux.
Toutes les études qui ont été effectuées à ce sujet parlent des intérêts des consommateurs. J'aimerais citer un passage d'un discours prononcé par Murray Cooke, du Centre for Social Justice. Il a dit:
En matière de finances, nous devons faire en sorte non seulement que les entreprises aient accès à des capitaux, mais aussi que tous les Canadiens, y compris ceux des collectivités rurales et des villages, ainsi que les groupes défavorisés, peu importe où ils habitent, aient un accès raisonnable à du financement et à des services financiers de base. Bien qu'il s'agisse d'une question de justice sociale, je pense que vous comprendrez que le fait d'encourager la population à être active sur le plan économique, plutôt que de rester en marge de l'économie, comporte de grands avantages économiques.
À ce sujet, il importe de rappeler les répercussions de la décision du gouvernement de fermer des bureaux de Condition féminine Canada et d'abolir des programmes qui étaient utiles dans ce domaine. Je fais référence à un programme intitulé « Money & Women », organisé par le North End Women's Centre de Winnipeg, au coeur de ma circonscription. Dans le cadre de ce programme, on travaille quotidiennement avec les femmes afin de leur fournir les connaissances et les renseignements financiers nécessaires pour qu'elles puissent s'occuper elles-mêmes de leurs transactions bancaires et accéder à des services bancaires au lieu de devenir dépendantes des prêts sur salaire.
Il s'agissait d'un service utile qui n'est plus offert en raison des compressions cruelles du gouvernement. Il s'agissait d'un programme au titre duquel les deniers publics aidaient une collectivité à s'aider elle-même. Il s'agissait d'un cas où les fonds allaient à un programme et à une organisation qui aidaient les femmes directement à gérer leurs finances et qui les mettaient dans une meilleure position financière.
Comment diable peut-on décrire cela comme des fonds utilisés pour la bureaucratie et à des fins administratives? Cet argent servait directement aux femmes et le gouvernement vient d'enlever totalement cette possibilité aux femmes. Il devrait avoir honte d'avoir imposé ce genre de réductions cruelles et dégoûtantes qui touchent à l'âme même de la collectivité et au désir des gens de jouer un rôle significatif dans la société d'aujourd'hui.
Les résidants de ma collectivité et de partout ne veulent pas être un fardeau pour la société. Ils ne veulent pas continuer à bénéficier de l'aide sociale si ce n'est pas nécessaire. Ils ne veulent dépendre de personne. Ils veulent être indépendants et gérer leurs affaires eux-mêmes. Assurément, la chose la plus importante que le gouvernement peut faire est d'offrir les ressources nécessaires pour que les gens puissent s'aider eux-mêmes; il peut leur offrir des outils par le truchement de programmes d'alphabétisation, de projets bancaires et d'initiatives bénévoles qui aident les gens à s'aider eux-mêmes.
Je ne vois absolument aucune raison, du point de vue de la société civile ou même d'une société civilisée, expliquant pourquoi le gouvernement éliminerait ce programme. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement veut revenir à la loi de la jungle ou à la survivance des plus aptes. Je pensais qu'il ne voulait pas que les gens dépendent du bien-être social et de l'État. Je pensais que le gouvernement voulait donner aux gens les outils dont ils ont besoin pour se débrouiller tout seuls. Pourtant, il leur retire ce dont ils ont besoin pour participer entièrement à l'économie et ainsi trouver un emploi, payer des impôts et contribuer au pays. Cela dépasse l'entendement.
Revenons à la Loi sur les banques. Une des principales préoccupations des gens en ce qui concerne la Loi sur les banques porte sur la divulgation. Elle porte sur l'accès à l'information, la responsabilité et la transparence. Je sais que le projet de loi tente de répondre à certaines des questions qui ont été soulevées dans les nombreux mémoires qui ont été déposés pendant l'élaboration du livre blanc.
Le projet de loi n'est pas à la hauteur des attentes. Il ne répond aucunement aux réelles préoccupations des Canadiens. N'oublions pas que nous parlons d'un monde très complexe dans lequel les citoyens disposent d'une gamme étourdissante de produits, de choix et de services, et pourtant, nous ne faisons rien pour veiller à ce qu'ils aient toute l'information dont ils ont besoin.
Certaines suggestions très importantes ont été faites à ce sujet. Je pense notamment au rôle de Démocratie en surveillance. Je pense au rôle des groupes de protection des consommateurs et autres qui essayent de convaincre le gouvernement actuel, comme le gouvernement précédent, d'envisager de faire appel aux citoyens, à des commissions de citoyens, pour veiller à ce que l'échange d'information entre les grandes institutions financières et les groupes de consommateurs, les particuliers, permette à ces derniers de savoir ce qui se passe et d'avoir leur mot à dire quand vient le temps de prendre des décisions.
Le projet de loi ne donne pas aux Canadiens ce qu'ils sont en droit d'attendre dans plusieurs domaines importants. Il faut que nous prenions le temps de penser à ce qui ne figure pas dans le projet de loi, à ce que les Canadiens ont entendu au cours du processus et aux façons d'améliorer le projet de loi.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir aujourd'hui de m'adresser à cette Chambre à propos du projet de loi, dont nous sommes saisis.
Comme à chaque fois qu'il doit se prononcer sur un projet de loi, le Bloc québécois examine sa valeur pour les citoyens du Québec. Si ce projet de loi offre de réels bénéfices, il l'appuie; s'il est négatif, il s'y oppose.
Dans le cas du projet de loi , nous avons fait un certain nombre de vérifications et, après avoir pesé le pour et le contre, nous sommes arrivés à la conclusion que nous en appuierons au moins le principe.
Quels sont ces éléments sur lesquels nous nous sommes penchés dans notre analyse? Il y en a plusieurs. Le premier, c'est que le projet de loi va instaurer des mécanismes de transmission de l'information aux consommateurs, ce qui leur permettra d'effectuer des choix plus éclairés en matière de services bancaires. Le deuxième, c'est que le projet de loi va mettre en place un cadre réglementaire permettant l'utilisation de données numériques dans le traitement des chèques, d'où la réduction du délai de retenue des chèques par les institutions, réglant un problème souvent désigné par nos citoyens. J'y reviendrai plus loin.
Le troisième, c'est que ce projet de loi va diminuer le fardeau réglementaire auquel sont soumises les banques étrangères, les coopératives de crédit et les compagnies d'assurance, afin de rendre plus efficace le mécanisme d'application de la réglementation.
Nous avons déterminé un autre point: le projet de loi va modifier la réglementation en matière de prêts hypothécaires, afin de permettre à un plus grand nombre d'individus de bénéficier de ce véhicule financier. C'est aussi intéressant.
Finalement, le gouvernement va hausser de 1 milliard à 2 milliards de dollars le seuil de capitaux propres qui permet la détention d'une banque par un seul actionnaire, ce qui favorisera l'arrivée de nouveaux joueurs sur le marché et accentuera la concurrence.
Le Bloc québécois est donc favorable au principe de ce projet de loi. Toutefois, nous mettrons évidemment un bémol. Comme membres du Comité permanent des finances, mon collègue de et moi-même allons travailler pour nous assurer d'un certain nombre de choses.
Nous allons d'abord nous assurer qu'il y a des modifications à la réglementation, et nous veillerons à ce que ces modifications ne permettent pas la reprise des fusions et des acquisitions sauvages dans le secteur bancaire, comme on a pu en connaître par le passé.
Nous continuerons de réclamer que toute modification au moratoire sur les fusions bancaires se fasse toujours dans le plus grand intérêt des citoyens, pas seulement pour satisfaire le marché financier. Pour y parvenir, le Bloc québécois va s'assurer que le Comité permanent des finances entendra les témoins pertinents. De plus, nous proposerons les amendements nécessaires en vue de l'adoption de ce projet de loi.
Enfin, le Bloc québécois accentuera la pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il mette en place les éléments nécessaires afin d'assurer la protection des épargnants, notamment en nommant un ombudsman fédéral dans le secteur financier. Cet ombudsman aura les pouvoirs nécessaires pour défendre les citoyens sur la base du droit bancaire canadien et ainsi permettre aux citoyens canadiens de faire valoir leurs droits sans avoir à subir d'interminables et fastidieuses batailles juridiques que les institutions financières déploient. Nous croyons donc que c'est une lacune qu'il faut combler, et nous travaillerons en vue d'amener le gouvernement fédéral à créer ce poste d'ombudsman.
Il s'agit donc de notre prise de position sur le projet de loi qui est présenté. Néanmoins, il serait peut-être pertinent de faire une mise en contexte et de se rappeler pourquoi nous sommes saisis aujourd'hui de ce projet de loi.
Afin de permettre une certaine adaptabilité du régime bancaire tout en assurant sa stabilité, le gouvernement, tous les cinq ans, doit entreprendre des consultations afin de réviser la législation régissant les institutions financières.
Le 24 octobre dernier marquait la date d'échéance des lois régissant les institutions financières. Le gouvernement a prolongé l'application des lois jusqu'au 24 avril prochain afin de permettre au Parlement de se d'approfondir la question.
Le projet de loi fait suite à la publication, en juin 2006, d'un document intitulé « Propositions pour un cadre législatif efficace et efficient pour le secteur des services financiers », ainsi qu'au document Avantage Canada, publié par le gouvernement lors de la dernière mise à jour économique et financière. Ce document ne comporte malheureusement rien sur le déséquilibre fiscal. On aura compris, évidemment, que ce n'est pas le sujet du débat d'aujourd'hui. Toutefois, je pouvais difficilement passer sous silence cette grave lacune de la dernière mise à jour économique.
Le projet de loi vise à mettre en place de nouveaux mécanismes afin d'améliorer l'efficacité du système financier canadien. Ce projet de loi se divise en trois principaux axes. Un axe vise à promouvoir les intérêts des consommateurs, un autre vise à accroître l'efficacité des lois et des règlements, et le dernier axe vise à adapter le cadre règlementaire aux nouveaux règlements.
Procédons à l'analyse du projet de loi plus en détail. Je vais reprendre, on l'aura compris, les trois axes que j'ai énumérés.
Le premier axe vise à promouvoir les intérêts des consommateurs. Ce projet de loi apporte série de mesures, dont la première est d'améliorer le régime de divulgation des informations aux consommateurs.
Afin de permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés parmi leurs véhicules de placement, le gouvernement haussera les standards concernant la divulgation des charges, des obligations et des pénalités liées aux différents comptes et véhicules de placement. C'est important puisque des citoyens nous font souvent ce commentaire, ainsi que des épargnants qui font des choix. Plus tard, lorsqu'ils réalisent les conséquences, les charges et les pénalités qui sont associées à leur choix, ils sont souvent fâchés et ont l'impression d'avoir été trahis par leur institution financière. En effet, ils n'ont pas été en mesure d'avoir le détail complet de l'information qui leur aurait permit de faire les bons choix.
Le gouvernement obligera les institutions à divulguer clairement ces renseignements par l'entremise d'Internet, dans toutes les succursales, et par écrit à toute personne qui en fait la demande.
Toujours dans ce même axe, il y a une deuxième mesure. Celle-ci vise à modifier le cadre réglementaire pour permettre l'instauration de l'imagerie numérique dans le traitement des chèques.
Ce projet de loi mettra en place un cadre législatif afin de permettre le recours à l'imagerie électronique pour faciliter et diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions bancaires.
C'est un bon exemple — j'en parlais plus tôt —, de la nécessaire évolution de la Loi sur les banques. On comprendra qu'avec l'avènement des nouvelles technologies, il faut faire évoluer le cadre réglementaire afin que l'on puisse utiliser l'imagerie numérique pour traiter les chèques. Pour ce faire, on aura un cadre financier juridique grâce à ce projet de loi.
Une autre mesure consiste à diminuer le temps de retenue des chèques par les institutions bancaires. À la suite de la publication de l'examen de 2006 de la législation régissant les institutions financières, le gouvernement s'était engagé à diminuer le temps de retenue des chèques afin de faciliter la vie aux PME et aux citoyens.
Le projet de loi confère au surintendant le pouvoir de fixer les temps de retenue des chèques. Le livre blanc proposait de ramener sur-le-champ à sept jours la période maximale de retenue, et à cinq jours, une fois le système de traitement numérique des chèques mis en place.
Les retenues de chèques touchent non seulement les consommateurs qui ont besoin d'avoir accès à ces fonds pour payer leurs factures, mais aussi les petites et moyennes entreprises qui doivent payer leurs employés et continuer à faire fonctionner leur entreprise à même les fonds qu'elles déposent.
De plus, le gouvernement aimerait que les gains d'efficience réalisés dans le cadre de l'initiative de l'Association canadienne des paiements, consistant à modifier le système de paiements afin de faciliter l'imagerie des chèques par voie électronique, profitent à tous les utilisateurs du système de paiements, y comprend, bien évidemment, les consommateurs.
À mon avis, ce besoin d'avoir un traitement des chèques plus rapide se manifeste de façon très concrète par l'explosion de petites entreprises d'encaissement rapide de chèques qui pullulent un peu partout dans nos villes et villages. Cela démontre bien qu'il y a un besoin et que les gens veulent utiliser rapidement des fonds qui sont à leur disposition, mais qu'ils ne le peuvent pas dans des institutions bancaires classiques, parce que leurs fonds sont gelés pendant plusieurs jours.
Probablement que tout le monde a déjà vécu ce genre de situation. Il m'est personnellement arrivé de faire un retrait et que ce retrait soit puisé dans ma marge de crédit plutôt que sur mon compte régulier, alors que les fonds étaient dans mon compte. Ils étaient tout bêtement gelés en attendant que les vérifications nécessaires soient faites. C'est un peu frustrant de voir qu'on paie des intérêts sur des fonds qui sont déjà dans notre compte bancaire. C'est une problématique qui est réelle et, si on peut diminuer ces délais, cela va être au plus grand profit du consommateur. Je parlais donc du premier axe ayant trait aux consommateurs.
Dans un deuxième temps, on parle d'accroître l'efficacité législative. Dans cette section, une première mesure consiste à alléger le fardeau réglementaire des banques étrangères afin de faciliter leur accès au marché canadien et stimuler la concurrence. Cette mesure fait suite aux préoccupations énoncées lors des consultations portant sur la révision de la loi régissant les institutions financières. Le marché canadien est déjà passablement ouvert à la concurrence étrangère dans le domaine bancaire. Toutefois, certains problèmes ont été soulevés en ce qui a trait à la réglementation entourant les banques étrangères faisant affaire sur le marché canadien.
Le projet de loi vise à clarifier les mesures s'appliquant aux banques étrangères oeuvrant sur le territoire canadien en recentrant le cadre réglementaire sur les banques à part entière, excluant du même coup les quasi-banques. Les quasi-banques sont des entreprises qui offrent des services financiers bancaires. À la différence des banques à charte, les quasi-banques ne peuvent pas modifier leur masse monétaire, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent pas emprunter ou prêter de l'argent à la banque du Canada pour effectuer de nouveaux dépôts ou de nouveaux prêts.
Toujours dans la même section, une deuxième mesure vise à rationaliser le régime d'approbation réglementaire. Cette mesure vise donc à alléger le processus par lequel certaines transactions courantes, n'ayant pas d'implication pour les politiques publiques, sont encadrées. Ainsi, on transférera du ministre au surintendant des institutions financières le pouvoir d'approuver ou de refuser certaines opérations ou transactions.
Le Bloc québécois est réellement préoccupé à ce sujet et c'est une partie du projet de loi qui méritera une étude approfondie en comité afin de s'assurer que seules les décisions n'ayant pas d'impact sur les politiques publiques soient remises dans les mains du surintendant. Autrement dit, nous n'accepterons en aucun cas que le ministre laisse se dépolitiser des opérations qui auront des impacts sur les politiques publiques.
La troisième mesure vise à assouplir le cadre fédéral régissant les coopératives de crédit. Afin de faciliter l'entrée en scène de nouvelles coopératives de crédit, le gouvernement abaissera à deux le nombre d'établissements requis afin de se constituer en coopératives de crédit.
À l'heure actuelle, il faut 10 coopératives de crédit pour former une association aux termes de la Loi sur les associations coopératives de crédit. Cependant, à la lumière des nouvelles possibilités commerciales offertes par les associations de détail et de la consolidation continue dans le système des coopératives de crédit, l'exigence actuelle impose un seuil d'accès trop élevé. Une exigence moindre assouplira le cadre fédéral pour le système de coopératives de crédit, accroîtra sa capacité à s'adapter aux nouveaux développements et permettra de mieux servir les consommateurs et les PME.
Cela concernait le deuxième axe.
Dans le troisième axe, il y a une série d'autres mesures. La première consiste à relever de 75 p. 100 à 80 p. 100 le ratio prêt-valeur au sujet duquel une assurance est obligatoire pour les prêts hypothécaires résidentiels.
L'assurance obligatoire pour les prêts hypothécaires, dont le ratio prêt-valeur est élevé, a été instaurée il y a plus de 30 ans — cela fait dont passablement longtemps — à titre de mesure de prudence afin d'assurer la protection des prêteurs contre les fluctuations de la valeur des propriétés et les défauts de paiement potentiels des emprunteurs.
Originalement, le seuil avait été fixé à 66,7 p. 100, donc un ration de deux tiers. Il a été ensuite haussé à un ration de trois quarts, soit 75 p. 100, dans la foulée des travaux de la Commission Porter en 1966. Or, évidemment, le marché a continué à évoluer depuis, et on note, d'une part, que les pratiques des prêteurs en matière de gestion des risques se sont sensiblement améliorées et, d'autre part, que les exigences réglementaires de fonds propres fondées sur les risques ont été mises en oeuvre. Les marchés financiers ont changé et se sont stabilisés, et le cadre de surveillance des institutions financières sous réglementation fédérale a été considérablement renforcé.
Il apparaît donc que la restriction ne joue plus le même rôle de prudence que précédemment et, en conséquence, une exigence juridique selon laquelle les emprunteurs devraient souscrire à une assurance hypothécaire à un ratio prêt-valeur fixé à 75 p. 100 pourrait vouloir dire que certains consommateurs payeraient plus pour leur hypothèque que cela n'est nécessaire au chapitre de la prudence.
Je le sais parce que, cet été, j'ai acheté une résidence à Verdun —, sûrement un des plus beaux endroits au Québec et même au Canada, c'est bien connu.
Des voix: Oh, oh!
M. Thierry St-Cyr: Tous mes collègues ne sont pas d'accord, mais on pourra en discuter.
J'ai ainsi pu apprivoiser un peu plus le marché hypothécaire. De plus en plus, on constate qu'on permet aux gens d'avoir des hypothèques à taux de plus en plus bas —, 5 p. 100, 10 p. 100 de mise de fonds, même moins dans certains cas. C'est donc facile d'obtenir des prêts hypothécaires. On se demanderait pourquoi l'assurance serait obligatoire — jusqu'à une mise de fonds de 25 p. 100 —, alors qu'on propose de la ramener à 20 p. 100. C'est une évolution normale à cet égard.
La deuxième mesure de ce bloc vise à réajuster les seuils de capitaux propres qui permettent la participation unique ou forcent la participation partagée. En 2001, un nouveau régime de propriété fondé sur la taille a été mis en oeuvre. Sous le nouveau régime, le seuil de capitaux propres au-dessus duquel une banque est tenue d'avoir une participation multiple a été fixé à 5 milliards de dollars, de manière à englober les plus grandes banques dont un échec éventuel entraînerait les répercussions les plus profondes sur l'économie et le système financier canadien.
Les banques de taille moyenne, dont les capitaux propres oscillent entre 1 et 5 milliards de dollars, peuvent être en participation restreinte, mais au moins 35 p. 100 de leurs actions avec droit de vote doivent être cotées en Bourse, sauf dans le cas d'exemption accordée par le ministre. Le seuil applicable aux petites banques qui peuvent appartenir exclusivement à un seul actionnaire a été fixé à 1 milliard de dollars, de manière à favoriser l'entrée de nouveaux participants.
Donc, le projet de loi change les seuils de capitaux propres afin de tenir compte de la nouvelle réalité et de la croissance importante du secteur bancaire depuis 2001. Ainsi, le seuil de capitaux propres permettant la propriété unique sera haussé à 2 milliards de dollars, il sera donc doublé.
Les banques dont les capitaux propres oscillent entre 2 et 8 milliards de dollars devront dorénavant avoir un minimum de 35 p. 100 de leurs actions avec droit de vote cotées en Bourse, et les banques dont les capitaux propres dépassent 8 milliards de dollars devront opter pour une gestion à participation multiple. Par cela, on entend un régime où aucun actionnaire ne peut détenir la majorité des actions avec droit de vote.
La dernière mesure qui figure dans ce bloc consiste à augmenter la limite, qui est d'un tiers, à une minorité du nombre de membres étrangers sur les conseils d'administration des banques canadiennes. Comme annoncé dans le document intitulé « Avantage Canada » — qui ne contient malheureusement à peu près rien sur le déséquilibre fiscal, je tiens à le rappeler, mais ce n'est pas le sujet de mon intervention aujourd'hui —, le projet de loi modifie la Loi sur les banques en mettant en avant une nouvelle mesure qui permettra dorénavant de soumettre les conseils d'administration des banques canadiennes à un nouveau quota canadien.
Présentement, les banques canadiennes doivent compter un minimum de deux tiers de résidants canadiens au sein de leur conseil d'administration. Toutefois, avec le projet de loi , on abaissera ce seuil à une simple majorité.
Pour justifier cette mesure, les conservateurs arguent que cette nouvelle norme favoriserait la création de liens internationaux et l'ouverture du secteur bancaire canadien sur le monde. Suite au moratoire sur les fusions bancaires au Canada, les banques canadiennes ont entrepris un processus d'acquisition des banques étrangères afin de favoriser leur croissance. Ainsi, la présence d'un nombre plus important d'étrangers au sein de leur conseil d'administration permettra aux banques de continuer à progresser dans cette avenue.
En conclusion, le Comité permanent des finances a encore beaucoup de travail à faire à cet égard. Le Bloc québécois fera ce travail. Pour l'instant, nous appuierons le principe du projet de loi.
:
Monsieur le Président, je suis très heureux d'avoir l'occasion de participer au débat sur le projet de loi . Je remercie le député pour avoir répondu à mes questions et pour avoir clarifié le point de vue du Québec sur certains aspects.
Il s'agit d'un projet de loi assez volumineux apportant des modifications corrélatives à de nombreuses lois. On me contredira peut-être, mais un premier survol du projet de loi me fait craindre qu'il ne calme pas notre plus grande préoccupation au sujet des institutions financières et bancaires, soit l'accès à des services financiers de base pour tous les Canadiens.
Je représente une circonscription où les salaires sont bas, au coeur de la ville de Winnipeg. Je peux affirmer qu'il y a eu une fuite des capitaux du coeur de la ville de Winnipeg. Le député de , dans la question qu'il a posée tout à l'heure, nous a dit qu'il était difficile d'avoir accès à des services financiers de base dans les régions rurales et isolées du Nord du Canada. C'est un problème complexe qui n'est pas un simple inconvénient.
Au coeur de ma circonscription, , 15 succursales de banques ont été fermées ces cinq dernières années. Ces succursales étaient là depuis 10 à 50 ans. La banque où mes parents faisaient leurs transactions depuis 1948, lorsqu'ils se sont mariés et ont acheté leur première maison, a aussi fermé ses portes. C'est là l'expression d'une méfiance envers le coeur de la ville.
Je rappelle à la Chambre que nos banques à charte ont obtenu le monopole exclusif de certaines transactions financières très lucratives, comme l'émission des cartes de crédit, en échange de la mise en place de services de base accessibles à tous les Canadiens, même là où ce n'est pas particulièrement rentable pour elles de le faire. Nous leur avons accordé leur charte à cette condition.
Le gouvernement du Canada devrait revoir ces chartes pour s'assurer que nos partenaires s'acquittent de leurs obligations. À une époque où elles réalisent des profits records, je mets les banques au défi d'expliquer pourquoi elles ferment des succursales à tous les coins de rue dans le coeur de Winnipeg. Ma collègue de , qui est intervenue dans le débat avant moi, a dit que 13 succursales de banques avaient été fermées dans sa collectivité.
et sont des circonscriptions vénérables où il y a des vieux quartiers habités par beaucoup de travailleurs. Ces personnes sont toujours allées encaisser leurs chèques à la banque au coin de la rue, année après année. C’est une chose du passé. J’estime que leur confiance a été trahie. Les banques ont rompu leur contrat avec les Canadiens parce qu’elles enregistrent des profits records tous les trimestres. Chaque fois que nous jetons un coup d’œil sur les pages financières des journaux, nous voyons que les banques réalisent des profits records. Dans les journaux communautaires, nous lisons que les banques ferment leurs portes dans les bas quartiers de certains grands centres urbains ou dans les régions rurales du pays.
À New Westminster aussi.
M. Pat Martin: À New Westminster aussi, nous dit ma collègue de New Westminster—Coquitlam.
Je ne sais pas si le projet de loi répond suffisamment à un sérieux problème que connaissent les Canadiens, celui de l’accès aux services bancaires. Cette situation a entraîné la prolifération des prêteurs sur salaire. Chaque fois qu’un emplacement devient vacant dans les centres commerciaux du pays, il est aussitôt occupé par un Money Mart, Payday Loans, etc. Pourquoi? Parce qu’ils peuvent faire payer 1 000 p. 100 ou 10 000 p. 100 d’intérêt par année. Citez-moi une autre entreprise commerciale qui rapporte 1 000 p. 100 d’intérêt. Même la vente de cocaïne ne rapporte pas 1 000 p. 100 d’intérêt. La prostitution et les autres activités illégales ne rapportent pas 1 000 p. 100 d’intérêt.
La province du Manitoba a fait une étude des prêteurs sur salaire de ma circonscription,. On a pu constater que l’intérêt exigé sur certains prêts a atteint 10 000 p. 100 par année à la suite d’une série de frais supplémentaires et de reports. Pas étonnant que les Hells Angels se livrent à ce commerce. Pas étonnant que les terroristes se tournent vers ce genre d’activité pour blanchir de l’argent. J’attribue directement ce phénomène aux banques qui ne s’acquittent plus de leurs obligations de fournir des services financiers de base. En se soustrayant à leurs obligations, elles ont cédé la place à ces exploiteurs.
Sans trop m’attarder sur les activités de ces entreprises répréhensibles de ma circonscription, je dirai simplement qu’elles font payer pour encaisser des chèques. Si les gens connaissaient leurs droits bancaires et si les banques à charte respectaient leurs obligations, les gens sauraient que les banques ont l’obligation de leur ouvrir un compte. Si vous avez une pièce d’identité, même si vous n’avez pas d’argent, une banque doit vous ouvrir un compte. C’est prévu dans la Loi sur les banques.
Pourtant, les gens pauvres et à faible revenu ne le savent pas. Par conséquent, s’ils touchent un chèque du gouvernement, ils n’ont pas d’endroit où aller l’encaisser, parce qu’ils n’ont pas établi de relations avec une banque, simplement parce que la banque a abandonné leur communauté. Ils se retrouvent chez un prêteur sur salaire qui leur fait payer 3 p. 100 ou 4 p. 100 du montant de leur chèque d'aide sociale pour l’encaisser. Il est illégal de faire payer pour encaisser un chèque du gouvernement. C’est une autre chose que les gens ignorent à propos de leurs droits bancaires, et les gouvernements actuels et précédents n’ont fait aucun effort pour les informer.
Les gouvernements ont laissé cette mini-industrie en plein essor exploiter la misère des pauvres gens en prélevant une partie de leur maigre chèque de paie pour leur fournir des services financiers de base. Je n’exagère pas en disant qu’il est répréhensible, sur le plan moral et éthique, d’exploiter une entreprise de prêts sur salaire. Le gouvernement fait preuve de négligence en ne réglementant pas ce secteur et en ne poursuivant pas quiconque enfreint les dispositions du Code criminel concernant les taux usuraires en faisant payer 1 000 p. 100 d’intérêt par année. Il faudrait mettre ces gens en prison. Il faudrait aller leur mettre les menottes. Il faudrait les faire monter dans un fourgon, les jeter en prison et jeter la clé bien loin, car il n’y a rien de plus vil, à mon avis, que d’exploiter la misère humaine des pauvres et des gens désespérés de nos quartiers défavorisés.
Je ne suis pas un admirateur des grandes banques. Les grandes banques de notre pays n'ont pas besoin qu'on fasse une collecte publique pour les aider, mais nous devons les surveiller de près et veiller à ce qu'elles respectent leurs obligations fondamentales en vertu de la Loi sur les banques.
Le projet de loi aurait pu constituer une occasion de rappeler ces obligations aux banques à charte. Dans les quartiers centraux de Winnipeg, où je vis, et au coin des rues Portage et Arlington, où se trouvait mon bureau de campagne pour deux élections d'affilée, dans deux différents immeubles vacants, on trouve six prêteurs sur salaire à moins d'un pâté de maison de cette seule intersection, quelle que soit la direction qu'on prenne, et ils sont ouverts en tout temps.
Comme ces commerces sont établis dans le quartier depuis près de dix ans, les personnes à faible revenu de ma circonscription ont leur carte de l'un de ces commerces dans leur portefeuille, comme si c'était une carte d'identité. C'est la carte de crédit des gens pauvres, de nos jours. En fait, c'est plutôt un permis d'escroquerie. Ce n'est pas une carte de crédit. Ce n'est même pas une carte de guichet automatique que les gens peuvent utiliser pour retirer de l'argent. C'est leur pièce d'identité, parce que les prêteurs sont avisés. Ils ont de beaux locaux très propres et bien éclairés. Ils traitent leurs clients avec beaucoup d'égards, mais c'est pour mieux les escroquer. Les gens se font littéralement vider, mais autrefois, c'était le genre de service que les banques offraient légalement aux collectivités. Il s'agissait de gros bâtiments qui paraissaient bien, où les gens pouvaient aller avec leur chèque de paie et où ils savaient qu'ils seraient traités dignement. Mais cette époque est révolue.
Nous devons rappeler à nos banques à charte que, si on leur a accordé le monopole sur certaines transactions financières très lucratives, il y avait une raison. C'était pour qu'elles offrent les services de base partout, que ce soit à Plum Coulee, au Manitoba, ou à New Westminster, en Colombie-Britannique, ou encore au coeur du centre-ville de Toronto, et partout où l'on avait besoin de ces services.
Une voix: Tuktoyaktuk.
M. Pat Martin: N'oublions pas Tuktoyaktuk.
Ces banques ne devaient pas demeurer en exploitation à la seule condition d'être rentables. Offrir des services financiers de base devait faire partie des coûts qu'elles devaient assumer dans le cadre de leurs activités générales. Il me semble que les banques ne veulent plus s'embarrasser de clients ordinaires. Elles les renvoient aux caisses de crédit.
Les gens de droite, les conservateurs, les néo-conservateurs de la Chambre ont une idée en tête. Les néo-conservateurs de droite se sont mis en tête de privatiser les profits et de socialiser les pertes. Il semble que ce soit leur doctrine de base. Ils voudraient privatiser tous les profits, laisser les grandes banques conserver toutes les activités extrêmement lucratives, et elles devraient renvoyer les services moins rentables, comme les hypothèques et les services bancaires de base, aux caisses de crédit. Le secteur sans but lucratif pourrait prendre toutes ces activités non rentables et les banques pourraient rationaliser leurs activités.
Qu'on nationalise les banques.
De meilleurs profits pour les banques.
M. Pat Martin: De meilleurs profits. Les banques ne font jamais assez de profits.
Un des conservateurs de droite a dit que nous devrions nationaliser les banques. Quel point de vue extrême. Je vais reprendre cela dans mes annonces au cours de la prochaine campagne électorale.
Il y a un enchaînement intéressant entre le dernier projet de loi que nous avons débattu, au sujet des refuges fiscaux à l'étranger, et celui que nous débattons actuellement, à propos des banques à charte et des institutions financières du Canada, car il n'y a pas de pires coupables d'évitement fiscal et d'évasion fiscale que les grandes banques qui abandonnent les quartiers défavorisés de Winnipeg. Elles abandonnent les quartiers défavorisés de Winnipeg pour s'installer à la Barbade, aux Îles Caïmans et dans n'importe quel autre endroit où elles pourront éviter de payer leur juste part d'impôts dans notre pays.
Une voix: Elles sont expertes en la matière.
M. Pat Martin: Elles sont expertes en la matière. Elles ont à leur service des centaines d’avocats-fiscalistes qui s’emploient à trouver des moyens de leur éviter de payer leur juste part des impôts. Je les appelle les évadées fiscales qui se cachent dans les paradis fiscaux. Chose certaine, elles ne respectent pas leurs engagements envers les bonnes gens de la circonscription que je représente. Elles nous ont abandonnés, et je ne le leur pardonnerai jamais. Je vous le dis franchement, je ne ferai jamais plus affaire avec une grande banque au Canada, et il m’importe peu qu’on le sache, quoique je me doute que tout le monde le sait déjà.
Bien des mesures auraient pu être proposées dans ce projet de loi pour tenter d’imposer une certaine équité dans notre régime d’institutions financières. Je me souviens du temps où l’ancien chef du NPD, l’actuelle députée de , et moi-même avions l’habitude de nous présenter sans y avoir été invités aux réunions d’actionnaires des grandes banques. Nous avions neuf résolutions que nous proposions à chacune de ces réunions. Deux de ces propositions ont failli être adoptées.
Dans le cas d’une des résolutions que j’ai proposées à une réunion de la Banque de Montréal, il manquait moins de 1 p. 100 des voix pour qu’elle soit adoptée. En fait, le résultat a été de 49,6 contre 50,4 p. 100. Je m’en souviens parce qu’il s’agissait du même écart qu’au référendum québécois, 49,6 contre 50,4. Cette résolution proposait la parité hommes-femmes au sein du conseil d’administration de la banque. Nous sommes donc alors venus à un cheveu de forcer cette banque à s’adapter vraiment aux exigences du XXIe siècle. Les actionnaires tenaient résolument à moderniser le système bancaire, car ils en étaient à 0,5 p. 100 près de voter en faveur de la parité hommes-femmes au sein de leur propre conseil d’administration. Nous avons été très fiers de ce résultat.
L’autre résolution qui a failli être adoptée, et qui a presque fait faire une crise cardiaque au PDG de la banque, proposait que le salaire du PDG ne puisse être supérieur à 20 fois le salaire moyen des employés. C’aurait été quand même 20 fois ce qu’un humain ordinaire gagnait, mais les PDG gagnaient jusqu’à 200 et 300 fois le salaire moyen des employés. C’est triste à dire, mais cette résolution n’a pas été adoptée.
Cela vous donne une idée de la somme de travail qu’il nous faudra faire si nous voulons instaurer des règles équitables pour régir nos institutions financières, ne serait-ce que pour offrir à tous les Canadiens un accès raisonnable à des services bancaires. Qu’une personne ait ou non de l’argent, elle mérite d’avoir droit — et, en réalité, la loi lui confère ce droit — à des services bancaires de base. Même si quelqu’un n’a pas d’argent, s’il veut ouvrir un compte de banque, la banque est tenue par la loi de lui en ouvrir un. Les Canadiens en sont-ils conscients?
Nous priverions les prêteurs sur salaire de leur marché. Ceux qui ont des relations avec les banques et ont besoin d’emprunter 100 $ de plus en attendant le chèque de paie suivant pourraient simplement se servir de leur découvert comme mes collègues et moi pouvons le faire, quitte à acquitter des frais de quelques dollars, au lieu d’avoir à payer des frais qui débutent à un taux de 1 000 p. 100. Certaines de ces institutions exigent un taux de 10 000 p. 100 sur un simple prêt. Dans les prêts sur titres, ces entreprises prêtent 1 000 $ et exigent du client qu’il cède en garantie le titre de propriété de sa maison. S’il ne peut rembourser, il risque la confiscation de sa maison.
Incroyable, dans une société civilisée.
M. Pat Martin: C’est incroyable dans une société civilisée, comme le dit ma collègue de .
J’ignore pourquoi les libéraux et les conservateurs refusent de s’attaquer à ces injustices élémentaires dans le secteur financier. Autrefois, ils faisaient largement appel aux grandes banques pour financer leurs partis politiques. C’est désormais interdit. Grande nouvelle : ils n’ont plus à craindre les banques. Elles ne peuvent plus donner d’argent aux partis politiques.
Les banques faisaient toujours la queue avec de l’argent à profusion. Elles donnaient un montant égal aux libéraux et aux conservateurs. Mais les lois ont changé. Nous n’avons plus à craindre les grandes banques. N’importe qui peut exiger des services des grandes banques sans compromettre son avenir politique. Il est très libérateur de pouvoir dire la vérité sur les banques sans avoir à craindre que les sources de dons vont se tarir. C’est ce qu’il y a de magnifique dans les modifications apportées aux dispositions sur le financement des élections.
La question s’impose: quel est désormais l’obstacle? Si ce n’est plus l’argent, pourquoi n’obligeons-nous pas les banques à honorer leurs obligations aux termes de la Loi sur les banques? Pourquoi ne modifions-nous pas cette loi pour l’améliorer dans le sens des intérêts bien compris des Canadiens?
D’accord.
M. Pat Martin: Mon collègue conservateur de la Nouvelle-Écosse est d’accord avec moi. J’ai remarqué que, de temps à autre, ce député conservateur a un éclair de lucidité. Il se peut que, dans sa localité d’origine, il ait subi le même affront que moi, que les banques aient fermé leur succursale et aient abandonné la localité. Elles plient bagage. Elles ont plus d’investissements à l’étranger que dans nos propres collectivités. Nous leur accordons une charte qui leur donne le droit d’exister, nous leur donnons un monopole qui leur permet de faire fortune sur certaines opérations financières, et elles refusent d’honorer leurs obligations. Voilà ce contre quoi j’en ai. Le petit client n’a pas droit à un traitement juste de la part des grandes banques.
Nous créons nos propres coopératives de crédit et nous nous retrouvons avec les services bancaires les moins profitables dont personne ne semble vouloir. Nous semblons pourtant connaître du succès. Nous réussissons dans le secteur sans but lucratif grâce à un réseau de coopératives de crédit dynamiques à l'échelle du pays, mais cela n'excuse rien. Nous ne pouvons combler tous les trous laissés par les banques, nous ne pouvons tout simplement pas. Aucune coopérative de crédit ne peut y arriver.
Imaginez-vous comment vous vous sentiriez si vous représentiez un vieux quartier bien établi comme le mien et que vous voyiez quinze succursales bancaires fermer leurs portes. Les banques omettent aussi de respecter un autre de leur engagement. Aux termes de la Loi sur les banques, les établissements bancaires qui souhaitent fermer des succursales doivent tenir des assemblées publiques. Elles doivent remédier aux inconvénients que subissent leurs clients de longue date. Elles doivent les aider à trouver d'autres services bancaires à une distance raisonnable. Une des banques a même été obligée de fournir une navette pour transporter les personnes âgées de leur succursale à la nouvelle succursale à l'autre bout de la ville. Ce service a été offert pendant quatre mois. La navette a disparu ensuite et les personnes âgées du Blue Bird Lodge au centre-ville de Winnipeg ont été laissées pour compte. Ça ne fonctionne tout simplement pas.
Je suis ici pour annoncer que l'actuelle Loi sur les banques ne sert pas les intérêts des Canadiens. Pendant toute la durée du scandale Enron, le vérificateur attitré de la Banque du Canada a été Arthur Anderson. Je n'ai pas confiance dans ce système.
Toutefois, je crains fort que le projet de loi ne soit une occasion perdue, parce que ce que je signale comme des besoins urgents des collectivités dont j'ai fait mention, ne figure nulle part dans les centaines d'amendements complexes apportés à des lois complexes.
J'exhorte le gouvernement à revenir à l'essentiel et à écouter ce que disent les Canadiens. Ils sont dégoûtés. Il faut reprendre contact avec les citoyens. Faisons ce qui est le mieux pour les Canadiens ordinaires pour faire changement, non pour tous ceux qui sont touchés.
Faisons ce qui s'impose.
M. Pat Martin: Ma collègue de Surrey nous dit de faire ce qui s'impose. Quelle meilleure façon de présenter la raison pour laquelle nous avons été envoyés ici. Ma collègue de affirme que c'est ignoble et ma collègue de suggère que nous fassions les choses comme il faut.
Je ne pense pas que ce soit trop demander. On nous a envoyés ici pour faire état des points de vue, des besoins et des préoccupations des gens que nous représentons. Au centre-ville de Winnipeg, une des principales préoccupations des citoyens est l'absence totale et l'insuffisance absolue de services financiers de base. Les gens sont forcés de recourir à des prêteurs sur salaire qui, à mon avis, exercent une activité moralement et éthiquement répréhensible. Il n'y a pas d'animal plus vil que celui qui profite de la misère humaine et qui aggrave la pauvreté des gagne-petits, qui vole les pauvres pour donner aux riches.
La dernière chose que je signale c'est que si nous voulons vraiment neutraliser le crime organisé, il faut lui enlever la capacité de blanchir de l'argent. J'affirme sans hésitation, sans aucune crainte de me tromper que les agences de prêt sur salaire de ma circonscription et de toutes les circonscriptions du Canada servent entre autres à blanchir de l'argent et des gains obtenus illégalement. Si le gouvernement souhaitait sérieusement contrer cette vague et étouffer la capacité de servir le crime organisé, ce serait une mesure importante qu'il devrait prendre.