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LANG Rapport du Comité

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Opinion complémentaire

Bloc Québécois

Avant toute chose, le Bloc Québécois tient à remercier l’ensemble des témoins qui se sont présentés devant le Comité des langues officielles tant lors de la tournée que lors des audiences tenues à Ottawa.

Le Bloc Québécois appuie de façon générale les objectifs visés par le présent rapport et salue la préoccupation de l’ensemble des parlementaires quant à l’avenir des communautés de langue officielle minoritaire, en particulier de langue française, au Canada.

La situation de la minorité anglophone au Québec ne peut -et ne doit pas- être comparée à celle des communautés francophones canadiennes qui font face aux dangers de l’assimilation et dont la langue d’usage est mise en péril au fil des ans. On peut d’ailleurs constater que la minorité anglophone du Québec est devenue presqu’aussi importante que l’ensemble des communautés francophones à l’échelle du Canada.

Les défis auxquels font face ces deux communautés sont tellement différents qu’il devient erroné d’élaborer des recommandations qui feraient fi de ces différences. En outre, la communauté anglophone du Québec compte sur un réseau scolaire complet incluant trois universités, un réseau d’établissements de santé et services sociaux à part entière, un très grand choix de canaux de télévision anglophones alors que tel n’est pas le cas pour les francophones dans le Canada anglais. De fait, selon nous, l’adoption de la loi 101 au Québec a amené une sensibilité particulière quant au traitement de la minorité linguistique au Québec. Il est ainsi entendu que la langue publique est le français mais que les droits de la minorité anglophone seront respectés et protégés. Les communautés francophones ont des défis autrement plus importants.

Les leçons du dernier recensement

A cet égard, les données du dernier recensement sont particulièrement révélatrices. Dans l'ensemble des provinces, à l'exception du Québec, le nombre de personnes ayant le français comme langue d'usage à la maison est plus faible que celui ayant le français comme langue maternelle. Cet écart résulte des transferts linguistiques des francophones qui utilisent l'anglais au foyer plutôt que le français ainsi que de la faible attraction du français sur les immigrants.

Selon le Recensement de 2006, 4,1 % de la population a le français comme langue maternelle à l'extérieur du Québec, proportion en baisse par rapport à celle observée en 2001 (4,4 %). Il s’agit là d’une tendance qui se poursuit depuis plus de cinquante ans. L'effectif des francophones s'élève à 975 000 personnes, comparativement à 980 000 en 2001, une baisse attribuable, pour l'essentiel, aux échanges migratoires avec le Québec. Quant aux personnes qui font un usage prépondérant du français à la maison, leur part relative était également à la baisse, passant de 2,7 % en 2001 à 2,5 % en 2006. Le nombre de personnes qui parlent le français le plus souvent au foyer est inférieur de près de 400 000 à la population de langue maternelle française.

Ces constatations contrastent avec la vitalité de la communauté anglophone du Québec. Elles illustrent ce que le Bloc Québécois argue depuis longtemps : un réel Plan d’action pour les langues officielles doit se faire strictement en fonction des communautés francophones en situation minoritaire.

Respect de la Charte de la langue française

Il est impossible de travailler activement à rehausser la place du français au Canada sans contribuer à raffermir la place du français au Québec. Du coup, le Bloc Québécois est d’avis que le gouvernement doit se désengager de la politique linguistique québécoise en respectant la Charte de la langue française, d’où le projet de loi C-482. Le Québec a d’ailleurs une législation efficace et progressiste sur cette question que le reste du Canada ne semble pas comprendre, comme le soulignait il y a quelques années le philosophe Charles Taylor.

« Le Québec a un sentiment d'identité nationale très fort mais très déconcertant pour la plupart des anglophones nord-américains : un sentiment d'identité nationale relié à une langue nationale et, qui plus est, une langue menacée. En raison de cette menace, la préservation de cette langue sera toujours l'un des objectifs principaux des Canadiens francophones. Ce qui veut dire qu'on attachera toujours de l'importance à la langue comme moyen d'expression de toutes les activités qui définissent la civilisation moderne : la politique, la technologie, l'art, la gestion de l'économie, les moyens de communication, etc.

« Dans le reste du Canada, la langue ne joue pas ce rôle et on trouve étrange qu'on discute et légifère tant à son sujet, comme on le fait au Québec. L’anglais étant pratiquement aujourd'hui la langue prépondérante dans le monde, il est difficile pour ceux qui le parlent de comprendre les sentiments de quelqu'un qui voit sa langue menacée. Au lieu de considérer leur langue comme une source indispensable d'expression et de réalisation de soi, les Nord-Américains anglophones ne voient en elle qu'un simple moyen de communication. Cette attitude est renforcée par le fait que le Canada anglais et les États-Unis sont des sociétés d'immigration, qui ont reçu et intégré au sein de la culture dominante une foule d'immigrants de cultures et de langues très différentes. »1

Le Bloc Québécois croit que la façon de faire québécoise contribue davantage en renforcement du français sur le territoire canadien que tout Plan d’action sur les langues officielles fédéral. Dans ce contexte, le Bloc Québécois entend rappeler en toute occasion deux principes simples et fondamentaux.

La communauté anglophone québécoise n’est pas en péril au Québec et la Charte de la langue française la protège adéquatement.

Le Plan d’action sur les langues officielles ne doit pas être en contradiction avec la politique linguistique québécoise.

  Nous profiterons donc de toutes les occasions que nous offre ce comité pour réitérer notre demande de voir le gouvernement fédéral et ses Sociétés respecter sur le territoire québécois la Charte de la langue française.



[1] Le Québec. Quel Québec ? Dialogues avec Charles Taylor, Claude Ryan et quelques autres sur le libéralisme et le nationalisme québécois. (2001)