RNNR Rapport du Comité
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CHAPITRE 3 — QUEL AVENIR POUR L’INDUSTRIE CANADIENNE DES PRODUITS FORESTIERS? Nul doute que l’industrie forestière canadienne est aujourd’hui au cœur d’une période d’adaptation majeure. Cependant, les défis auxquels elle fait face ne sont pas insurmontables. Il s’agit d’une industrie qui s’enorgueillit d’un long bilan de réussites et qui continue à présenter un potentiel remarquable de croissance durable. Les témoins qui ont comparu devant nous insistent sur ce point : notre industrie forestière n’est pas condamnée. Elle survivra à la tourmente actuelle. Il s’agit, après tout, d’une industrie cyclique. À moyen et à long terme, une foule de nouvelles possibilités économiques se présenteront à elle. C’est à l’industrie, de concert avec les gouvernements, les populations locales et les autres intervenants, de se positionner pour pouvoir en profiter. Les occasions se présenteront tant sur les marchés nouveaux que sur les marchés traditionnels. Même si l’économie américaine est présentement frappée d’un ralentissement, la plupart des analystes prévoient qu’elle retrouvera sa vigueur, et que la demande pour la construction résidentielle reprendra. Le premier marché des produits forestiers du Canada est présentement affaibli, mais il serait étonnant que cette faiblesse dure encore plusieurs années. Du côté des pâtes et papiers, le Comité s’est laissé dire que la demande mondiale de papier, aiguillonnée par les économies émergentes d’Asie, croît chaque année d’une quantité égale à toute la production canadienne. Le Canada peut et doit prendre les mesures nécessaires pour profiter davantage du marché mondial. Au marché traditionnel du bois et des pâtes et papiers s’ajoutent aujourd’hui des marchés totalement nouveaux pour la fibre ligneuse. Les préoccupations mondiales à l’égard de l’environnement, notamment au sujet du changement climatique, devraient stimuler la demande pour la fibre de bois (et d’autres ressources renouvelables), qui peut servir de source d’énergie à faibles émissions de carbone, et de substitut au combustible fossile. Alors que la demande pour la fibre ligneuse augmente partout dans le monde, en particulier dans les pays en cours d’industrialisation, les terres destinées à sa croissance sont de plus en plus détournées vers d’autres usages, comme l’agriculture et la production de biocarburants. Le prix des aliments et des productions végétales servant au biocarburant, comme le maïs et le soja, a fortement augmenté ces dernières années, en réponse à l’accroissement de la demande dans les économies émergentes, aux États-Unis et en Europe. Don Roberts, des Marchés mondiaux CIBC, a dit au Comité que les pays d’Asie et d’Amérique latine ne pourront peut-être pas continuer à augmenter leur production de bois et de papier car leurs plantations forestières sont de plus en plus en concurrence avec l’agriculture et les biocarburants pour les terres et l’eau qui sont en quantité limitée[15]. Selon M. Roberts, les superficies disponibles dans le monde pour produire de la fibre de bois vont diminuer au fur et à mesure que les terres d’Asie et d’Amérique latine seront converties aux productions agricoles destinées à l’alimentation et au carburant. Au même moment, la Russie, qui dispose de forêts immenses et fournit environ 40 p. 100 des grumes dans le monde, devrait frapper ces grumes d’une taxe substantielle à l’exportation. M. Roberts a indiqué que cette mesure pourrait influer sur l’offre mondiale de produits forestiers, car la Russie est encore dépourvue de la capacité nécessaire pour traiter ce bois brut[16]. Ces changements sont avantageux pour le Canada. Nous disposons des terres, de l’eau et de l’énergie en quantité suffisante pour devenir un leader mondial dans le secteur des produits forestiers. Les nouvelles possibilités qui découlent de ce que M. Roberts appelle la convergence des marchés pour le carburant, les aliments et la fibre feront augmenter la valeur des forêts canadiennes et aideront nos producteurs à devenir plus concurrentiels dans le monde. Après plus de dix ans d’érosion de notre compétitivité, le pendule pourrait revenir de l’hémisphère Sud à l’hémisphère Nord. Le fait que les marchés recherchent de plus en plus des produits forestiers écologiques est également à l’avantage du Canada. Les États‑Unis, tout comme l’Union européenne, ont pris certaines mesures pour réduire l’importation de produits forestiers d’origine illégale. L’abattage illégal est répandu, notamment dans les pays tropicaux comme l’Indonésie, et entache la valeur du bois obtenu sur les marchés sensibilisés à l’exploitation durable. Quand les marchés demanderont davantage de produits forestiers provenant d’exploitations durables, le Canada pourra profiter de son leadership en matière d’environnement et répondre à cette demande. Avec nos vastes forêts, nos compétences techniques et notre leadership reconnu en aménagement forestier durable, nous sommes bien placés pour profiter d’une augmentation de la demande de fibre ligneuse. En outre, l’innovation technologique dans le domaine des matériaux composites et des bioproduits offre de nombreuses nouvelles possibilités intéressantes sur les marchés. Le Canada doit tabler sur ses forces. Comme un témoin nous l’a dit, notre avantage premier, c’est que « nous avons la meilleure fibre au monde. Personne ne peut nous enlever cela[17]. » Il appartient à l’industrie de se restructurer afin de pouvoir saisir ces possibilités nouvelles. Comme le note l’Association des produits forestiers du Canada dans son mémoire au Comité, notre pays est en situation privilégiée pour en profiter : « Il existe peu d’endroits sur Terre qui bénéficient d’un territoire comme celui du Canada, et qui peuvent répondre aux besoins croissants en fibre de bois. Il y en a encore moins, et peut-être même aucun, qui ont aussi les connaissances et le réseau d’établissements requis pour s’assurer que cette fibre est produite et transformée d’une façon responsable au plan social et environnemental. Si le Canada ne réussit pas à exploiter le potentiel que ses ressources forestières lui offrent au XXIe siècle, ce sera par manque de volonté ou d’imagination. Ce ne sera pas par manque de potentiel[18]. » Les gouvernements, dont celui du Canada, ont un grand rôle à jouer, par l’établissement d’une politique d’appui. Le reste du rapport offre donc des recommandations permettant au gouvernement fédéral, avec les provinces, les territoires et les entreprises, d’aider l’industrie forestière à miser sur ces possibilités et, du même coup, à offrir des avantages à long terme aux travailleurs forestiers et aux collectivités qui vivent de la forêt, y compris les Premières nations. [15] Don Roberts, Marchés mondiaux CIBC, Témoignages du Comité, 4 mars 2008. [16] Ibid. [17] Emilio Rigato, témoignant à titre personnel, Témoignages du Comité, 28 février 2008. [18] Association des produits forestiers du Canada, mémoire présenté au Comité. |