Que la Chambre réaffirme tous ses privilèges et immunités bien établis, particulièrement en ce qui a trait à la liberté de parole;
que, afin de clarifier et garantir ces privilèges, le paragraphe 3(3) du Code régissant les conflits d'intérêts des députés, qui forme l'Annexe 1 du Règlement de la Chambre des communes, soit modifié par adjonction, après l'alinéa b), de ce qui suit:
« b.1) qui ont trait au fait d'être partie à une action en justice relative à des actes posés par le député dans l'exercice de ses fonctions; »;
que, conformément au paragraphe 28(13) du Code régissant les conflits d'intérêts, la Chambre renvoie le rapport de l'enquête Thibault au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour nouvel examen, en fonction de la modification apportée au Code;
que la Chambre affirme sa confiance à l'endroit du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
-- Monsieur le Président, cette question traîne depuis deux ou trois mois. Le libellé de la motion peut donner à croire qu'il s'agit d'une question banale ou de nature administrative. D'ailleurs, il peut même sembler un peu inhabituel de faire de cette question l'objet d'une motion de l'opposition. Cependant, nous sommes nombreux à la Chambre à penser qu'il s'agit d'une question très importante, car elle concerne ma capacité et la capacité de tous mes collègues d'intervenir à la Chambre aujourd'hui ou demain pour faire notre travail de députés.
Cette question a une incidence directe sur le rôle de la Chambre en tant que lieu de débat et sur le rôle des députés qui consiste à débattre de questions d'intérêt public à la Chambre, aux comités, dans les circonscriptions et même dans la rue.
Le monde a bien changé depuis l'institution des parlements. Nous vivons maintenant dans un monde de médias, un monde de communication, de télévision et de messagerie texte. Bien entendu, le monde est beaucoup plus vaste que la Chambre.
Il n'y a pas si longtemps, la presse prenait place en haut, juste au-dessus d'où vous êtes, monsieur le Président. D'ailleurs ces bancs sont toujours là et les journalistes y prenaient place pour rapporter aux Canadiens ce qui se passait à la Chambre.
Bien des choses ont changé. Il est rare maintenant de voir des journalistes là-haut, car ils peuvent nous écouter à la télévision. Ils utilisent les installations de communication de la Chambre. De fait, dans le cadre d'ententes spéciales et d'arrangements constitutionnels spéciaux, ce qu'ils font pour nous est assez particulier.
Nous permettons même aux médias de régner sur une partie de la cité parlementaire. En effet, la presse canadienne dirige l'Amphithéâtre national de la presse en bas. C'est la presse qui en assume la direction, non les partis politiques ou le Président de la Chambre, et il existe une entente écrite à cette fin.
Ce que je veux dire, c'est que, dans le monde des communications actuel, notre travail en tant que députés ne se restreint pas seulement à ce que nous disons à la Chambre. Ce que nous ne faisions autrefois qu'à la Chambre s'est maintenant étendu aux points de presse et dans les médias électroniques.
Je crois, et je pense que la plupart des députés seront d'accord avec moi, que nous devons lire un énoncé de principe sur lequel nous nous fondons. C'est ce que je ferai. Il provient du premier rapport du Comité spécial sur les droits et immunités des députés, publié en 1977:
Le droit de loin le plus important qui soit accordé aux députés est celui de l’exercice de leur liberté de parole dans le cadre des délibérations parlementaires. On l’a décrit comme: « […] un droit fondamental, sans lequel ils [les députés] ne pourraient remplir convenablement leurs fonctions. Cette liberté leur permet d’intervenir sans crainte dans les débats de la Chambre, de traiter des sujets qu’ils jugent pertinents et de dire tout ce qui, à leur avis, doit être dit pour sauvegarder l’intérêt du pays et combler les aspirations de leurs électeurs. »
Cela s'applique à ce qui est dit à la Chambre, et, par extension, dans les réunions des comités. Cela ne s'applique pas nécessairement, et peut-être techniquement, à ce que l'on dit à l'extérieur de la Chambre et des comités. Nous nous penchons aujourd'hui sur ce qui est dit à la Chambre et dans les comités.
La motion dont nous sommes saisis aujourd'hui ne porte pas sur les communications à l'extérieur de la Chambre et des comités. Les règles qui visent ces communications existent encore. La motion porte sur la capacité d'un député de parler librement et de voter à la Chambre des communes.
Cette série d'événements a commencé il y a environ 20 ou 25 ans. Il y a eu du lobbying dont on a parlé en termes généraux et qui a fait l'objet de deux dossiers distincts. L'un d'eux est celui d'Airbus, et l'autre, celui de Thyssen ou de Bear Head; ce sont deux dossiers distincts, mais ils sont liés à certains égards.
Compte tenu du lobbying considérable qui s'exerçait il y a une vingtaine d'années, il va sans dire que beaucoup d'argent a changé de mains. La question qui se pose maintenant est de savoir si les règles que nous avions à l'époque étaient appropriées pour guider les titulaires de charges publiques et les aider à accueillir, à rejeter ou à gérer ce genre de dossiers liés aux lobbyistes.
Le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique a entrepris une étude et il a fait de l'assez bon travail. Il a présenté un rapport à la Chambre. Tous les problèmes n'ont pas été réglés, mais, cette série d'événements a permis de soulever bon nombre de questions d'intérêt public.
Dans ce contexte, un membre du comité a fait à l'extérieur de la Chambre une déclaration contre laquelle s'est insurgé un témoin ayant participé à l'étude du comité. Ce témoin, un ancien premier ministre, a intenté une poursuite en diffamation qui n'est toujours pas réglée. Elle n'était pas directement liée à ce que nous faisons à la Chambre, du moins nous ne le pensions pas.
Une autre série de faits suscitent actuellement des frictions. Il s'agit entre autres de la décision de la Chambre d'adopter des règles de conduite et un Code régissant les conflits d'intérêts, décision qui a été judicieuse. Le code est maintenant en place et la commissaire à l'éthique nous aide à l'interpréter et à l'appliquer. À ce jour, cela a assez bien fonctionné, mais je me rappelle que, lorsque le code a été mis en place, les choses se sont passées assez rapidement. Un ensemble complexe de questions ont été soulevées.
La plupart des députés sont assez heureux et fiers du fait qu'il y a maintenant un poste de commissaire à l'éthique et un code d'éthique. Toutefois, ces deux éléments entrent en conflit quand la commissaire à l'éthique les utilise pour traiter une plainte concernant le député qui a prétendument tenu des propos diffamatoires. La commissaire, de façon assez professionnelle, s'est penchée sur le code et elle a tenté d'établir si le député a le devoir ou l'obligation d'intervenir à la Chambre suite à ce qui s'est produit à l'extérieur de cette enceinte.
La commissaire souligne que l'article 3 du Code régissant les conflits d'intérêts des députés contient une disposition selon laquelle les députés ne doivent pas favoriser leurs intérêts personnels à la Chambre, mais qu'ils sont libres de faire ce qu'ils veulent à l'extérieur de celle-ci. En tant que parlementaires, toutefois, nous ne devons pas favoriser nos intérêts personnels dans le cadre de nos travaux à la Chambre et en comité.
En déterminant ce que sont des intérêts personnels, la commissaire à l'éthique a examiné l'alinéa 3(2)b) du Code régissant les conflits d'intérêts des députés, qui stipule que sont considérés comme des intérêts personnels les actes d'un député qui ont pour effet « de réduire la valeur de son passif ou d'éliminer celui-ci ». C'est très bien.
Le député de fait l'objet d'une poursuite suite à des déclarations qu'il a faites à l'extérieur de la Chambre. Avait-il donc des intérêts personnels? La commissaire à l'éthique a jugé qu'il n'était en apparence pas clair qu'une poursuite pour des propos tenus à l'extérieur de la Chambre constituait un passif. Elle a donc décidé d'inclure l'expression « passif éventuel » dans la définition de passif.
La commissaire à l'éthique a inclus « passif éventuel » dans nos définitions parce que cette expression figure dans les dictionnaires de droit, et non parce nous l'avons inscrite dans notre code. Le passif sur lequel elle se concentre est donc selon moi un passif potentiel, et non éventuel, qui pourrait découler de cette poursuite.
Par conséquent, comme le député fait l'objet d'une poursuite qui pourrait entraîner un jugement qui, d'après la commissaire, pourrait constituer un passif éventuel, cela tomberait sous la règle selon laquelle il ne faut pas favoriser les intérêts personnels. Elle croit que le député pourrait favoriser ses intérêts personnels, ce passif éventuel, ce passif potentiel susceptible de découler de la poursuite, grâce à quelque chose qu'il pourrait faire ou ne pas faire en votant ou en prenant la parole à la Chambre. Cela nous amène au coeur du principe d'aujourd'hui. La commissaire a jugé que ce concours de circonstances devait, selon nos règles, restreindre le droit de parole du député à la Chambre et en comité, et non seulement son droit de parole, mais aussi son droit de vote.
Cette interprétation est fallacieuse. Ce n'était certainement pas le résultat escompté. Je ne peux imaginer qu'un député utilise pareille logique pour empêcher un collègue de voter ou de prendre la parole à la Chambre ou en comité sur ce sujet précis. Je le répète, c'est inacceptable.
Conformément à notre Constitution, le député de est totalement libre de dire tout ce qu'il veut à l'extérieur de la Chambre dans les médias, lors des points de presse, dans sa circonscription, chez lui, devant son conseil municipal et partout ailleurs. Par contre, selon le raisonnement de notre commissaire à l'éthique, à l'intérieur de la Chambre, il ne peut pas parler librement.
Dans tout le Canada, en vertu de droits reconnus par la Constitution qui datent de centaines d'années, la Chambre est censée être l'endroit où les députés jouissent d'une liberté d'expression absolue. Pourtant, le député s'est fait priver de ce droit. Si on suit le raisonnement de la commissaire à l'éthique, le député a enfreint la règle et ne peut donc ni s'exprimer, ni voter dans ce dossier.
À mon avis, ce n'était pas du tout le résultat visé à la suite de cette interprétation fallacieuse du Règlement. Je ne dis pas que la commissaire à l'éthique a fait une gaffe monumentale; elle a interprété les règles de façon un peu mécanique, un peu comme un exercice d'école de droit, un syllogisme selon lequel deux et deux font quatre. Elle a tiré une conclusion, mais elle a complètement fait abstraction du droit constitutionnel fondamental à la liberté d'expression reconnu à tous les députés.
De plus, la Loi sur le Parlement du Canada, qui a été édictée il y a environ 140 ans, stipule à l'article 5 que les privilèges parlementaires sont si fondamentaux qu'à l'extérieur de cette enceinte, dans le monde réel, personne n'a à les faire valoir devant un tribunal, parce que tous les tribunaux du pays sont tenus par la loi de les inscrire dans les connaissances d'office. Ce sont des droits fondamentaux que nous tenons généralement pour acquis, alors que nous ne le devrions peut-être pas.
En l'occurrence, la commissaire à l'éthique ne l'a pas saisi. Nous aurions peut-être dû définir nos privilèges un peu plus explicitement dans le Code d'éthique, mais nous avons simplement pris celui-ci pour acquis, sans prendre la peine d'en faire une interprétation. Elle a consulté les dictionnaires de droit pour trouver la définition de « passif éventuel », mais elle a omis de prendre connaissance des droits et privilèges fondamentaux dont nous jouissons dans cet endroit. Elle n'est pas allée jusqu'au bout. Dans un certain sens, je dirais qu'elle aurait dû le faire, mais je ne lui en tiens pas rigueur car, lorsque nous avons rédigé les règles, nous les avons écrites en prenant bien des aspects pour acquis. En fait, nous avons peut-être rédigé les règles un peu trop rapidement, mais nous les avons rédigées et c'était dans un but louable.
Qu'allons-nous faire maintenant? Nous devons aider la commissaire à l'éthique à clarifier sa décision et à modifier nos règles. Elle a créé ce qu'on pourrait appeller la crainte du libelle.
Il y a une semaine ou deux, j'ai demandé ce qui arriverait si quelqu'un décidait d'intenter des poursuites contre tous les députés du Nouveau Parti démocratique ou du Bloc québécois à la suite de propos ou de gestes présumément méchants et venimeux de leur part. Est-ce que tous les membres du caucus sous le coup d'un passif éventuel en vertu de ces règles et de cette interprétation seraient alors empêchés de prendre la parole ou de participer aux votes à la Chambre? Selon la commissaire à l'éthique, ce serait le cas si sa décision était prise à la lettre. On ne peut rien conclure d'autre.
Nous devons clarifier la règle. Ce faisant, je dois parler du contexte actuel à la Chambre. Le gouvernement est minoritaire et la plupart d'entre nous conviendront que le débat et les échanges à la Chambre ont été relativement désobligeants, excessivement partisans et peut-être en-deçà des normes que nous voudrions appliquer dans nos circonscriptions. En fait, la plupart d'entre nous entretenons d'excellents rapports avec les autres députés dans nos circonscriptions. À la Chambre, c'est moins harmonieux. Je demande instamment aux députés, pendant l'examen de cette motion, de mettre toute partisanerie de côté.
Il faut reconnaître qu'il serait normal que, lorsqu'un parti politique, qui a une position donnée, participe à un débat au sujet de ce qu'un autre parti a mis en avant, il veuille avoir recours à toutes les règles ou tous les moyens à sa disposition pour réfuter, écarter, mettre de côté tout ce qui est allégué et dit, et s'en défendre. C'est le propre d'un débat.
Il est possible que certains députés disent que cette règle du code d'éthique est bonne parce qu'elle empêche les gens de dire de telles choses. Bon nombre diront peut-être que nous devrions nous en remettre à la décision de la commissaire à l'éthique pour empêcher les gens ou une personne en particulier de dire certaines choses parce que nous n'aimons pas ce qu'ils disent. J'exhorte les députés des deux côtés à prendre du recul afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble.
Je sais que nous avons tous entendu l'adage « Je n'aime pas ce que cette personne dit, mais je défendrai jusqu'à la mort son droit de le dire », qui existe depuis si longtemps que je ne sais pas qui en est l'auteur. Je ne propose pas d'aller aussi loin. Je propose rien de plus que le respect de notre droit fondamental ici, à savoir que nous avons le droit de dire dans cette enceinte des choses que nous n'avons pas nécessairement le droit de dire à l'extérieur de celle-ci.
On peut intenter des actions en justice à tout bout de champ à l'extérieur, mais ici et aux comités, nous jouissons d'un droit d'expression absolu. J'exhorte les députés des deux côtés de la Chambre à examiner objectivement cette question et à réaffirmer notre droit fondamental de débattre, de parler et de respecter les traditions et conventions constitutionnelles que nous avons toujours eues et qui sont maintenant compromises par cette décision. Nous devons modifier cette règle et redonner au député de Nova-Ouest le droit de débattre tous les dossiers.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur la motion proposée par le député de .
La motion réaffirmerait nos privilèges et immunités parlementaires. Elle modifierait le Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Elle renverrait le rapport concernant le député de au commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour un nouvel examen. La motion réaffirmerait la confiance de la Chambre à l'endroit du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Ce qui me préoccupe dans la motion, c'est qu'elle modifie le Code régissant les conflits d'intérêts. Je suis contre l'approche que le député privilégie pour modifier le Code régissant les conflits d'intérêts. Je crains que les députés n'aient pas assez de temps pour voir si les modifications proposées sont nécessaires et si elles ont été rédigées convenablement.
Il y a plus de 35 ans, les parlementaires ont fait un examen approfondi du Code régissant les conflits d'intérêts. C'était en 1973, lorsque le gouvernement Trudeau a déposé un livre vert sur le sujet. Depuis, les parlementaires se sont penchés sur de nombreuses initiatives visant l'élaboration d'un code de conduite.
Par exemple, en 1978, le gouvernement Trudeau a présenté la Loi sur l'indépendance du Parlement. En 1988, le gouvernement Mulroney a présenté la Loi sur les conflits d'intérêts chez les parlementaires. En 1993, le gouvernement Mulroney a proposé la Loi sur les conflits d’intérêts chez les titulaires d’une charge publique.
Un comité mixte spécial créé en 1995 et coprésidé par le Président actuel et le sénateur Oliver a eu pour mandat d'élaborer un code d'éthique. Ce comité a recommandé un code de déontologie parlementaire dans son rapport de 1997.
Le gouvernement Chrétien a déposé l'ébauche d'un code pour les parlementaires en 2002, fondé sur le rapport du comité mixte de 1997. Cette ébauche d'un code a été renvoyée au Comité de la procédure à la suite d'une étude attentive par les parlementaires.
Le Comité de la procédure a examiné le code et tenu des consultations approfondies avec les députés. Il a déposé un rapport reflétant les observations de ses membres aussi bien que celles des députés de la Chambre.
Dans son rapport, le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a déclaré:
Nos consultations et notre étude intensive ont produit, selon nous, un document dans lequel tous les députés peuvent avoir confiance. Nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un pas très crédible vers l'autorégulation de la Chambre.
Ce rapport a été adopté en 2004 et constitue la base du code sur les conflits d'intérêts qui existe aujourd'hui.
Si j'ai pris la peine de faire ce bref historique, c'est pour rappeler aux députés que la rédaction du code a été le fruit d'études et de consultations attentives de la part des députés durant un grand nombre d'années. Ses dispositions ne doivent pas être prises à la légère. Il est nécessaire que le code soit efficace pour garantir que les Canadiens aient toute la confiance possible dans le Parlement et ses députés. Parallèlement, il faut veiller à ce que le code ne limite pas indûment les privilèges des députés.
Compte tenu de l'importance du code, il n'est pas étonnant que les parlementaires aient délibéré longuement avant de lui donner sa forme finale. Il en ressort que toute modification du code ne doit se faire ni dans la précipitation, ni sans les examens et les consultations qui s'imposent.
Même les changements mineurs peuvent avoir des conséquences inattendues. Compte tenu des répercussions que peut avoir le code sur les députés, toute modification doit être évaluée attentivement avant d'être adoptée par la Chambre.
Tout au contraire, le député de propose de faire adopter une modification au code après quelques heures seulement de débat à la Chambre. À mon avis, il conviendrait davantage que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre entende des experts sur la question, y compris la commissaire à l'éthique elle-même.
Une des questions que devrait se poser le Comité de la procédure, c'est si le changement proposé permettrait d'atteindre les objectifs du député. Par exemple, la modification proposée parle des « actes posés par le député dans l'exercice de ses fonctions ». Quels sont les actes posés par un député dans l'exercice de ses fonctions?
Je ne crois pas que le député de fasse allusion ici aux délibérations du Parlement, puisque le privilège parlementaire protège adéquatement les députés à cet égard. Par exemple, un député ne peut pas faire l'objet d'une action en justice pour des déclarations qu'il a faites à la Chambre ou au comité, ce que le député de Scarborough—Rouge River a d'ailleurs mentionné. J'en conclus donc qu'il fait allusion aux actes posés par les députés à l'extérieur de la Chambre.
Quels sont les actes posés par un député dans l'exercice de ses fonctions à l'extérieur de la Chambre? Comment faire la distinction entre les actes que pose un député à titre de simple citoyen et ceux qu'il pose dans l'exercice de ses fonctions? Quelles déclarations faites aux médias par un député constituent des actes posés par ce député dans l'exercice de ses fonctions?
À cet égard, il n'est pas certain que cette modification permettrait d'atteindre les objectifs visés par le député de . Dans le cas du député de , l'action intentée contre lui fait suite à des déclarations qu'il a faites aux médias à l'extérieur de la Chambre. Je ne suis pas certain que le député de Nova-Ouest exerçait ses fonctions lorsqu'il a fait ces déclarations aux médias puisque toute activité qui se passe à l'extérieur de la Chambre ne fait pas partie des délibérations du Parlement.
En fait, très peu de fonctions exercées par un député en dehors de la Chambre ou des comités peuvent être considérées comme des fonctions parlementaires. Par exemple, dans la deuxième édition de l'ouvrage de Joseph Maingot intitulé Le privilège parlementaire au Canada, on peut lire ce qui suit à la page 86:
Il convient de faire une distinction entre ce que fait un député dans l'exercice de ses fonctions — lorsqu'il participe, entre autres, aux « délibérations du Parlement » — et ce qu'il fait parce qu'il est député: ces dernières activités sont beaucoup plus vastes et ne sont pas nécessairement protégées.
Plus loin, à la page 105, on peut lire ceci:
Les déclarations diffamatoires faites par un membre du Parlement à un journaliste à l'extérieur du Parlement ne sont pas protégées par un privilège absolu.
En fin de compte, c'est à la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique qu'il incombera d'interpréter le changement proposé. Nous ne pouvons spéculer sur la façon dont elle appliquerait cette disposition. Par ailleurs, il aurait fallu que le Comité de la procédure ait l'occasion de demander à la commissaire son point de vue sur ce changement, et qu'il obtienne son avis quant aux modifications, le cas échéant, qui devraient être apportées au code.
Au lieu de cela, on demande aux députés d'apporter aujourd'hui un changement au code, sans avoir pu bénéficier d'une telle consultation. Je signale aussi que le député de a présenté, au Comité de l'éthique, un libellé différent afin de modifier le Code régissant les conflits d'intérêts.
Dans la motion qu'il a présentée au Comité de l'éthique, le député a parlé d'exclure des intérêts personnels définis dans le code, le fait d'être désigné comme défendeur dans une action en justice concernant une affaire dont le Parlement ou un de ses comités a été saisi. Cette motion avait au moins le mérite d'être plus précise que celle dont nous sommes saisis aujourd'hui.
La motion à l'étude exclurait un député qui est une partie à une action en justice. Cette exclusion pourrait s'appliquer au cas où un député a entrepris l'action en justice à titre de demandeur, et il va de soi qu'un demandeur est une partie à une action en justice. Par conséquent, cette exclusion permettrait à un député d'intenter une action en justice, puis de participer aux travaux parlementaires portant sur l'objet de l'action, et d'en profiter pour promouvoir sa cause, et même intimider la partie qu'il poursuit.
Cette situation illustre la nécessité pour nous, à titre de parlementaires, d'étudier cette question de façon beaucoup plus approfondie, et de ne pas la régler au terme d'un court débat d'une journée tenu hâtivement. Elle montre aussi qu'il y a d'autres façons de modifier le code, si c'est nécessaire. Il conviendrait donc que le Comité de la procédure étudie ces questions d'une façon plus poussée.
Des députés pourraient rétorquer que le Comité de la procédure ne se réunissant pas ces temps-ci, la motion de l'opposition d'aujourd'hui est le seul moyen à la disposition de la Chambre pour répondre au rapport du Comité de l'éthique. Cependant, le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre ne se réunit pas en raison de la tyrannie de la majorité des membres de ce comité, qui ont renversé une interprétation sensée de la présidence et ont fini par éjecter le président du comité. C'est un exemple des situations auxquelles le Président faisait allusion le 14 mars dernier, lorsqu'il a déclaré: « les comités [...] se sont trouvés dans des situations qui frisent l'anarchie. »
Je reconnais qu'il faut trouver une solution à l'impasse où se retrouve le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre et je crois que cette solution est simple. Lorsqu'un président de comité rend une décision sensée sur une question de procédure et que le greffier du comité lui donne raison, le comité doit respecter cette décision. Tous les députés devraient se plier aux règles et au Règlement.
Si les députés estiment que le rapport du Comité de l'éthique nécessite une attention urgente, ils devraient alors accepter de travailler constructivement au sein de ce comité et de respecter les règles du Parlement. De cette manière, le comité pourrait examiner le rapport de la commissaire à l'éthique et recommander toute mesure qu'il jugerait nécessaire.
Ce n'est pas la première fois que l'opposition tente de contourner nos procédures normales pour mettre en oeuvre un changement qui n'a pas été bien réfléchi au Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Par exemple, les députés de l'opposition membres du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique ont tenté de ne pas tenir compte du Règlement en déposant un report recommandant une modification au code. Le Président a déclaré avec raison qu'il était irrecevable puisque la mesure dépassait clairement le mandat du comité.
Le député de a également soulevé la question de privilège à ce sujet, mais a décidé de présenter sa motion sans attendre la décision du Président. Celui-ci a déclaré le 15 mai dernier: « À mon avis, il existe d'autres moyens pour débattre et régler la question en cause. » À cet égard, je rappelle à tous les députés que le paragraphe 28(10) du code permet à un député de proposer une motion d'acceptation d'un rapport. Je constate que le député de a déjà fait inscrire au Feuilleton une motion conforme à cette disposition. On peut alors présumer que la Chambre pourrait modifier la motion pour exprimer son opinion sur le rapport de la commissaire à l'éthique.
De plus, aux termes du paragraphe 28(13) du code, la Chambre peut renvoyer le rapport du Comité de l'éthique au commissaire afin qu'il l'examine à nouveau, avec instructions. Puisque la Loi sur les conflits d'intérêts contient déjà des dispositions permettant à la Chambre de répondre au rapport du commissaire, je pense qu'il est malavisé de modifier le Code régissant les conflits d'intérêts à l'heure actuelle.
Je fais également remarquer qu'il n'y a aucun besoin urgent de modifier promptement le code. Dans son rapport, la commissaire affirme:
Des craintes ont été soulevées concernant l'utilisation des poursuites, plus particulièrement des poursuites en libelles diffamatoires, pour compromettre la capacité des députés de s'acquitter de leurs fonctions parlementaires. Je ne peux prédire si effectivement ceci deviendra un problème bien que j'espère que ce ne sera pas le cas.
En affirmant qu'elle ne peut prédire si cela deviendra un problème à l'avenir, la commissaire laisse entendre que l'utilisation des poursuites n'est actuellement ni problématique, ni un obstacle considérable à la capacité des députés de s'acquitter de leurs fonctions parlementaires.
Je signale également que les députés faisant l'objet de poursuites ont des recours juridiques. Si un député estime qu'une poursuite est frivole ou vexatoire, il peut demander au tribunal de rendre un non-lieu. Le tribunal lui offre toute une gamme de recours dont, la plus importante, le non-lieu, ainsi que le recouvrement des coûts des dommages, ce qui rendrait passible de sanctions disciplinaires tout avocat représentant la partie ayant intenté une poursuite frivole ou vexatoire contre un député, surtout si l'objectif était d'interférer avec les devoirs ou privilèges d'un député.
Cependant, c'est aux tribunaux de faire de telles déterminations. Si un tribunal trouve qu'une poursuite est admissible, les députés ne devraient pas pouvoir profiter de leur privilège parlementaire pour solidifier leur position juridique. Il n'est donc pas pressant de modifier le code à l'heure actuelle. Il serait utile, cependant, de demander au Comité de la procédure de se pencher sur la question pour déterminer s'il y a effectivement un problème et, si oui, comment corriger la situation.
De fait, dès l'adoption du code, le Comité de la procédure a reconnu la nécessité d'en évaluer périodiquement l'efficacité. Voici ce que dit le rapport du comité à ce sujet:
Nous sommes bien conscients qu'un document comme le code proposé est toujours perfectible. Nous comptons bien sur le temps et l'expérience pour découvrir les changements à apporter: nous avons prévu à la fois un suivi continu de la part de notre comité et une révision complète du code tous les cinq ans.
Ainsi, l'article 33 du code exige du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre qu'il entreprenne un examen complet de ses dispositions et de son fonctionnement dans les cinq ans de son entrée en vigueur. Or, le code est entré en vigueur au début de la 38e législature, le 4 octobre 2004. Un examen complet doit donc avoir lieu d'ici octobre 2009. Il serait opportun que le Comité de la procédure profite de l'occasion pour se pencher sur les implications du rapport récent de la commissaire.
Bref, le Code sur les conflits d'intérêts des députés a été élaboré à l'écart de la partisanerie, avec le consensus de tous les partis. Compte tenu de son importance, les parlementaires ont mis des années à étudier attentivement ses dispositions et à effectuer les consultations voulues avant de leur donner leur forme finale. Au moment de déposer une ébauche de code de conduite, voici ce qu'a déclaré le vice-premier ministre John Manley à la Chambre le 23 octobre 2002:
Un code s'appliquant aux députés doit être apolitique; il doit servir tous les députés de tous les partis. Le code Milliken-Oliver, qui sert de base au présent document, a été préparé par un comité mixte représentant tous les partis.
Par la suite, il a ajouté:
Le premier ministre a déclaré que le gouvernement est disposé à se pencher sur tous les changements proposés qui n'altéreront pas l'efficacité du code et seront dans l'intérêt des députés et de leurs électeurs. Nous avons donc déposé ces documents en version préliminaire afin que le comité puisse avoir une meilleure marge de manoeuvre à cet égard.
Je me réjouis de travailler avec le comité et tous les parlementaires sur ces importantes questions.
Le député de a fait partie du gouvernement qui a reconnu la nécessité d'assurer la participation des parlementaires et de bâtir un consensus dans l'élaboration du code sur les conflits d'intérêts. Je me demande donc pourquoi l'opposition a changé d'approche aujourd'hui sur ces questions.
Compte tenu des autres moyens possibles de répondre au rapport de la commissaire à l'éthique et du fait que rien n'oblige à agir dans l'immédiat, je ne comprends pas pourquoi les députés de l'opposition voudraient consacrer à ce sujet l'une des rares journées de l'opposition dont ils disposent. Je ne comprends pas non plus pourquoi l'opposition ne veut pas accepter que le Comité de la procédure s'en tienne au Règlement de la Chambre, de telle sorte que le rapport de la commissaire à l'éthique puisse être étudié comme il se doit.
Plutôt que de d'effectuer des changements qui n'ont pas fait l'objet d'une réflexion suffisante, j'invite les députés à s'opposer à la motion et à permettre au Comité de la procédure d'effectuer son travail en conformité avec le Règlement.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir d'intervenir sur cette motion à l'occasion de la journée d'opposition du Parti libéral.
D'entrée de jeu, j'indique à mes collègues libéraux que le Bloc québécois sera favorable à cette motion.
J'ai écouté le dernier intervenant du Parti conservateur, le député de , qui a parlé de la tyrannie de la majorité et qui a fait référence à de nombreuses reprises au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, dont je suis le vice-président. C'est un comité — je ne vous apprends rien — qui est dans les faits inopérant. Faute de président, il ne peut se réunir. Ce n'est pas le but principal de mon propos, mais j'aurai l'occasion, s'il me reste du temps à la fin de mon discours, de corriger les inepties formulées par le député conservateur.
Cette motion, présentée aujourd'hui par le Parti libéral, touche ce qui est au coeur même de notre travail parlementaire. Il est question de privilège parlementaire. Le privilège parlementaire découle du droit parlementaire britannique, qui est notre droit de référence, parce que ce Parlement est d'inspiration britannique, comme le Parlement de chacune des provinces, incluant l'Assemblée nationale du Québec.
À travers les siècles, le privilège parlementaire a dû être protégé à plusieurs reprises de certaines attaques. Il y a eu certaines attaques de la part de tribunaux, certaines attaques de la part de députés, certaines attaques de la part de divers groupes de pression qui n'acceptaient pas que les députés puissent bénéficier d'un privilège parlementaire. Toutefois, le privilège parlementaire est capital, en ce sens que nous, comme députés, si nous n'avons pas de privilège parlementaire, nous pourrions être à la merci de n'importe quelle ingérence, nous pourrions être privés de notre droit de parole, de notre liberté de parole, de notre liberté de circulation dans l'enceinte du Parlement sans aucune menace et sans aucune agression.
En ce sens, j'ai eu l'occasion par le passé de faire valoir mon privilège parlementaire. Il y a quelques années, j'étais porte-parole du Bloc québécois en matière de transport et alors qu'on étudiait la fusion entre Air Canada et Canadian Airlines. À la fin des audiences du Comité des transports, j'avais littéralement un peu brassé un témoin, M. Schwartz, qui voulait procéder à la fusion d'Air Canada et de Canadian Airlines, ce qui pouvait entraîner le transfert du siège social d'Air Canada qui se trouve à Montréal. C'est pourquoi le Bloc québécois avait un préjugé favorable. Heureusement, les faits ont fait en sorte que c'est Canadian Airlines qui a été fusionnée à Air Canada et non le contraire. On avait eu un échange assez musclé, assez viril, mais courtois.
Monsieur le Président, vous avez appris à connaître mon style. Je suis un exemple de patience et de bon caractère ici en cette Chambre. Si tout le monde avait un aussi bon caractère que moi, probablement que ça irait beaucoup mieux.
À la fin des audiences, un lobbyiste de Canadian Airlines a commencé à m'invectiver. Il a commencé à questionner la façon que j'avais interrogé Gerald Schwartz, qui avait des intérêts dans Canadian Airlines. J'avoue que le lobbyiste de Canadian Airlines a eu l'occasion de savoir ce qu'était que le privilège parlementaire. Je suis allé voir le président du comité et je suis allé voir le sergent d'armes qui était alors M. Cloutier. Le lobbyiste de Canadian Airlines a vu son accès à l'enceinte parlementaire, à l'édifice du Centre où on tenait nos réunions de comité, lui être refusé. Il a été empêché de continuer à venir parce qu'il avait exercé une contrainte à l'endroit un parlementaire.
Lorsque j'interviens ici, personne ne peut m'en empêcher, dans la mesure où je ne dis pas des choses contraires au Règlement ou à l'ordre public. Comme parlementaire — tout comme chacun et chacune d'entre nous — j'ai le droit de m'exprimer librement.
Je délaisse le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités et je reviens à ce qu'a fait le député de . Ce dernier s'est exprimé, mais, à l'évidence, certaines personnes n'ont pas aimé ses propos. Il faut certes replacer cela dans le contexte: il a tenu ces propos à l'émission de Mike Duffy, probablement ici, dans le foyer de la Chambre.
Toutefois, le geste posé par le député conservateur qui est intervenu plus tôt vise manifestement à priver le député de de son privilège parlementaire. Et cela, on ne peut pas l'accepter, que cela vienne de n'importe qui ou de n'importe quel côté de la table. Je ne suis pas un fan du député de Nova-Ouest ni d'aucun député du Parti libéral, mais je suis par contre un démocrate et je respecte ces députés parce qu'ils ont été élus démocratiquement.
Dès lors, je leur demande aussi de m'accepter pour la même raison. Chez nous, personne n'est allé voté avec un revolver ou une mitraillette dans le dos. Si j'ai été élu cinq fois, c'est parce que des gens de ma population ont décidé qu'ils voulaient que je porte leur parole en cette enceinte. C'est le cas du député de .
La tactique du Parti conservateur voulant que l'on bâillonne un député parce que ses propos ne sont pas à son goût est dangereuse pour la société. Est-ce le genre de Canada que les Canadiens veulent avoir? Est-ce le genre de Québec que nous voulons avoir? Non, nous voulons que les parlementaires puissent s'exprimer.
Je conviens — et force est de constater — que la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a donné raison au député conservateur. Ne pas le mentionner serait modifier les faits et essayer de camoufler des choses. Toutefois, malgré tout le respect que j'ai pour la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mme Dawson, il s'agit d'une mauvaise décision. Elle a erré, d'où le sens de cette journée de l'opposition et de cette motion que l'on adoptera ce soir, si les trois partis de l'opposition se tiennent.
J'en profite pour parler de la tyrannie de la majorité qu'a soulevée le député. Celui-ci devrait se rendre compte qu'en janvier 2006, la population, les électeurs et les concitoyens du Canada et du Québec ont décidé — nous n'avons rien décidé individuellement — que ce prochain gouvernement devrait être minoritaire.
J'ai connu le gouvernement minoritaire du député de en 2004. Encore une fois, les libéraux traînent un passé. Je ne veux pas défendre les libéraux, mais de 2004 à 2006, ils ont pris fait et cause: le gouvernement était minoritaire.
Avec respect, j'affirme que le Parti conservateur, bien que l'on soit au milieu de 2008, ne l'a pas encore compris. En réalité, les conservateurs ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent, car l'opposition est majoritaire. Le chef du Parti conservateur ou le a nommé des ministres conservateurs: c'est la démocratie. Ce parti devrait reconnaître que le gouvernement est minoritaire et qu'il ne peut donc pas faire ce qu'il veut.
Soit dit en passant, les gens de chez nous sont bien heureux que les conservateurs ne soient pas majoritaires. S'il fallait qu'ils le soient, qu'est-ce que ce serait? Cela n'aurait pas de bon sens.
Les députés de l'opposition ont présenté, au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, une résolution qu'ils ont réussi à faire adopter. Par contre, on a vu que les conservateurs s'y sont opposés. Ils ont soulevé le Règlement à la Chambre et, en raison d'un détail de procédure, le Président de la Chambre leur a donné raison. Cependant, le fond de la question demeure.
Quelle est la dominante du Parti conservateur? C'est un gouvernement qui cherche à bâillonner. C'est pour cela que je suis bien heureux qu'on ait des gardiens, des remparts à la volonté des conservateurs de museler tout ce qui ne suit pas leur idéologie et qui ne pense pas comme eux.
Qu'on demande aux représentants de la presse parlementaire s'ils se sentent muselés. Le avait dit qu'il répondrait aux points de presse si on lui envoyait les sujets des questions à l'avance. Qu'il se réveille! Cela ne fonctionne pas de cette façon. Les journalistes peuvent faire leur travail libres de toute pression. Je n'ai jamais été journaliste, je ne connais pas cela. Je réponds à l'occasion à leurs questions, mais je ne commence pas à leur demander qu'ils m'envoient un préavis de leurs questions. Qu'est-ce que cette affaire? Cela ne s'est jamais vu.
Qu'on demande à la presse parlementaire si elle se sent muselée. Qu'on demande aux femmes de différents groupes, qui ne sont pas entendues ni respectées par ce gouvernement, si elles se sentent muselées. Qu'on le demande aux groupes minoritaires, aux francophones hors Québec et aux autres groupes minoritaires qui se sont vu couper les possibilités d'avoir du financement grâce au Programme de contestation judiciaire. Qu'on leur demande s'ils se sentent muselés.
Cette poursuite et les gestes qui en découlent font encore une fois la démonstration que le gouvernement, non content d'avoir muselé certains groupes de la société, tente maintenant de museler l'opposition.
On pourrait rappeler que, dans la foulée de l'affaire Cadman, le avait menacé de poursuites le Parti libéral, son chef, son chef adjoint et son leader parlementaire. En fin de compte, il a poursuivi uniquement le parti. Cela illustrait toutefois sa volonté de bâillonner l'opposition, encore une fois.
Voilà que le temps me manque; je veux garder quelques minutes pour répondre à des questions. Donc, pour toutes ces raisons, je réitère que le Bloc québécois sera favorable à la motion.
On devrait y penser à deux fois avant d'accepter, entre nous, de réduire le privilège parlementaire. Le privilège parlementaire garantit la liberté de parole de chacun des députés, peu importe son allégeance, peu importe son appartenance à un parti politique, peu importe ses valeurs internes. Les 308 personnes qui ont été élues ici sont toutes légitimes. On devrait y penser sérieusement avant de défaire cette motion importante.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer à cet important débat. Il y a lieu d'interrompre nos travaux courants et de prendre un peu de recul pour nous assurer que les règles de base sont en place afin de nous permettre de mieux nous acquitter de nos responsabilités courantes.
Nous avons une situation où un de nos collègues en particulier, mais nous tous de façon générale, pourrions être empêchés de faire notre travail du mieux que nous le pouvons, et de nous acquitter de nos obligations, suite à la décision rendue par la commissaire à l'éthique au sujet du député de , dans le contexte de l'enquête sur l'affaire Mulroney-Schreiber et sur Airbus.
La motion présentée aujourd'hui renferme quatre points. Elle est très complète et elle est bien formulée. Elle débute par une déclaration catégorique dont nous devrions tous prendre note:
Que la Chambre réaffirme tous ses privilèges et immunités bien établis, particulièrement en ce qui a trait à la liberté de parole;...
Le député de a fait l'historique des événements qui nous ont menés là, et il a parlé de l'importance de cette notion pour le Parlement. Il a mentionné que cette notion datait de la Déclaration des droits de 1689 au Royaume-Uni, qui forme une partie de la Constitution canadienne.
Le deuxième point mentionné dans la motion très complète de l'opposition est le suivant:
que, afin de clarifier et garantir ces privilèges, le paragraphe 3(3) du Code régissant les conflits d'intérêts des députés, qui forme l'Annexe 1 du Règlement de la Chambre des communes, soit modifié par adjonction, après l'alinéa b), de ce qui suit:
Je vais paraphraser l'alinéa en question. Il devrait être très clair dans le Règlement, qui régit la conduite des députés, que des députés ne sont pas en conflit d'intérêts du seul fait qu'ils ont intenté une action en justice, ou qu'une action en justice a été intentée contre eux. En soi, cette situation ne place pas automatiquement les députés en position de conflit d'intérêts. Tel est l'objet du changement important dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Je vais traiter individuellement de ces points, une fois que je les aurai tous présentés.
Dans le paragraphe suivant, on poursuit en disant que la Chambre devrait renvoyer le rapport de l'enquête Thibault à la commissaire à l'éthique pour nouvel examen, compte tenu du changement au Code régissant les conflits d'intérêts qui est proposé dans le paragraphe précédent.
Enfin, et il est important de le signaler, la motion de l'opposition dont nous sommes saisis aujourd'hui demande:
que la Chambre affirme sa confiance à l'endroit du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique.
Autrement dit, aucun des propos que nous tenons aujourd'hui dans le cadre du débat ne doit être considéré comme une déclaration de méfiance à l'endroit de la commissaire à l'éthique.
La plupart d'entre nous conviennent que la commissaire à l'éthique a pris la seule décision qu'elle pouvait prendre compte tenu du libellé actuel du Code régissant les conflits d'intérêts, qui fait partie du Règlement de la Chambre. Elle-même s'est rendu compte que sa décision risque de susciter de grandes inquiétudes.
J'aimerais commencer mon analyse de la motion d'opposition en citant un extrait des observations finales du rapport, à la dernière page, où Mme Dawson dit:
Des craintes ont été soulevées concernant l’utilisation des poursuites, plus particulièrement des poursuites en libelles diffamatoires, pour compromettre la capacité des députés de s’acquitter de leurs fonctions parlementaires. Je ne peux prédire si effectivement ceci deviendra un problème bien que j’espère que ce ne sera pas le cas. S’il appert, toutefois, que cette situation engendre une sérieuse crainte pour les députés, le Code pourrait être réajusté pour exclure les poursuites en libelles diffamatoires de l’application du terme « intérêt personnel » aux fins des articles 8 et 13. Cette étape ne semble pas être nécessaire, en tout cas, pour ce qui est de la divulgation sous l’article 12.
De toute évidence, elle comprend que sa décision, aussi correcte soit-elle, risque d'éveiller l'attention des députés sur le fait que le Code régissant les conflits d'intérêts peut — quoiqu'il n'ait pas été rédigé à cette fin — porter atteinte à leur privilège de s'exprimer librement à la Chambre des communes au sujet des questions qui les préoccupent.
J'aimerais prendre un peu de recul avant d'exposer la position du NPD à ce sujet.
J'indique aux députés que le député de et moi-même sommes les vice-présidents du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
L'enquête menée par la commissaire à l'éthique découle d'une plainte qu'il a déposée pour savoir si on devrait interdire au député de d'interroger les témoins dans le cadre de l'affaire Mulroney-Schreiber étant donné que Brian Mulroney avait intenté une poursuite contre M. Thibault pour des propos qu'il avait tenus à l'extérieur de la Chambre et du comité parlementaire.
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Monsieur le Président, je suis désolé. Je m'efforçais vraiment de ne pas utiliser de noms personnels. Je constate cependant que vous écoutez mon discours et je suis flatté, d'une certaine façon, que vous ayez pu me corriger ainsi.
Le député de a été accusé de tenir des propos diffamatoires à l'endroit du premier ministre Brian Mulroney. Ce dernier l'a d'ailleurs poursuivi en justice.
Ce qui s'est produit au comité — Madame Dawson a relaté ces événements dans le rapport d'enquête qu'elle a déposé à la Chambre — et les déclarations du député de revêtent de l'intérêt pour nous à mon avis. Quand mon collègue de a invoqué le Règlement pour signaler que le député de Nova-Ouest ne devrait peut-être pas participer à l'étude en cours à cause d'un conflit d'intérêts potentiel, la première réaction du député de Nova-Ouest, avant que des recherches ne soient effectuées, coïncidait exactement à la mienne. Il a dit:
Quant à l'existence alléguée, supposée, proposée [...] d'une action personnelle [dont il n'était pas au courant selon ce qu'il a dit] contre un membre du comité [...] il y aurait très rapidement quelque 308 poursuites à la Chambre des communes, intentées contre tous les députés pour des questions mineures, des questions dilatoires, dans le but d'essayer d'empêcher les députés de débattre de questions d'intérêt public parce qu'un membre du public préférerait qu'ils ne participent pas à un tel débat.
Voilà qui résume bien la situation. Je n'ai pas besoin de faire un discours de 20 minutes pour expliquer en quoi l'état actuel des choses pourrait être désastreux.
Pour ma part, j'ai déjà fait des déclarations audacieuses au sujet de l'industrie pharmaceutique. J'ai allégué que cette industrie fixe les prix et pratique des prix beaucoup trop élevés alors qu'elle n'a pas vraiment besoin de le faire et que les mesures de protection des prix s'appliquant aux brevets de médicaments servent à exploiter les Canadiens.
Il s'agit là de mots plutôt percutants. Pourtant, je ne crois pas qu'ils soient diffamatoires. Ils n'ont pas à l'être. Les grandes sociétés pharmaceutiques pourraient prétendre que j'ai tenu des propos diffamatoires. En vertu de ces règles, je ne pourrais plus dire un mot au sujet de ces sociétés avant l'aboutissement de la poursuite, ce qui serait un terrible désavantage pour moi. Si les grandes sociétés pharmaceutiques étaient convoquées au Comité de la santé pour témoigner sur les lois relatives aux brevets sur les médicaments, je ne pourrais leur poser aucune question à ce sujet, même si le dossier m'intéresse énormément. Les grandes sociétés pharmaceutiques auraient alors facilement réussi à faire taire l'un de leurs critiques les plus embarrassants, simplement en intentant une telle poursuite. Même en sachant parfaitement que leur poursuite n'aboutirait pas deux ans plus tard, elles auraient réussi à me faire taire, en vertu de l'interprétation stricte et littérale de la décision relative au député de . Nous devons faire en sorte que cela ne se produira pas.
Certains des arguments évoqués par le député de semblent raisonnables. Nous devrions tenir ce débat. Par contre, je n'irais pas jusqu'à dire comme lui que le processus comporte des lacunes. Il dit que la Chambre n'est pas l'endroit approprié pour débattre d'une modification aussi importante du Code régissant les conflits d'intérêts des députés. Je pense exactement le contraire. En effet, si nous confions cette tâche à un petit sous-comité du Parlement, par exemple le Sous-comité de la procédure et des affaires de la Chambre, ces règlements ne pourront pas faire l'objet d'un débat auquel participeraient tous les parlementaires. Cet examen serait obligatoirement aussi étroit que ce comité dysfonctionnel qui n'a pas siégé depuis des mois. La Chambre est donc l'endroit approprié pour tenir ce débat et pour soulever la question de cet avertissement que représente la décision de Mme Dawson.
Je me fais le porte-parole du député de , puisqu'il n'a pas le droit de prendre la parole lui-même. Cela devrait être clair. Il pourrait faire cet exposé lui-même s'il n'en était pas empêché par ce bâillon. Si Brian Mulroney et ses avocats n'avaient pas ainsi réduit le député de Nova-Ouest au silence, je n'aurais pas à intervenir en son nom comme je le fais actuellement.
Par estime pour mon collègue, je vais citer abondamment ses commentaires au sujet du rapport de Mme Dawson. Selon le député de :
Par conséquent, dans l’intérêt de la démocratie, monsieur le Président, et de la tradition parlementaire, j’espère que vous allez examiner sérieusement la suggestion grotesque qu’a faite [le député de Dufferin—Caledon].
La deuxième question que je me pose est la suivante: comment [le député de Dufferin—Caledon] peut-il être au courant de l’existence d’une poursuite juridique alors que moi-même je ne suis pas au courant d’une telle poursuite?
En d'autres termes, avant même qu'une personne reçoive les documents lui signifiant que des poursuites seront intentées contre elle, il lui est apparemment interdit de parler de l'affaire. Si la plainte vient d'être déposée à la cour, avant même que la personne en soit avisée, il semble qu'il lui est interdit d'en parler.
Le député de a déclaré: « Il demeure néanmoins que le député de a un intérêt pécuniaire dans cette affaire. La poursuite dont il fait l’objet porte sur une somme d’argent importante. » Là encore, le député de n'était pas encore au courant de la poursuite. D'une manière ou d'une autre, Brian Mulroney l'a dit au député de avant de le dire au député de Nova-Ouest. Le député de a dit:
Cela s’appelle un intérêt pécuniaire. Il est dans son intérêt que la réputation du demandeur dans cette poursuite soit compromise. Je ne pense pas qu’il devrait avoir le droit de voter à ce comité, ni celui de voter au Parlement.
Le député de recommande que le député de soit non seulement réduit au silence, mais aussi dépouillé de son droit de vote sur ces questions. Cela touche au coeur même du privilège parlementaire d'un député. S'il y avait quelque doute que ce soit quant à l'empiètement sur le privilège parlementaire, il y en a certainement un pour mon collègue à l'origine de cette plainte.
Il existe une tradition de longue date parmi les militants. J'estime en être un. Ayant été dirigeant syndical, je me suis retrouvé sur beaucoup de lignes de piquetage et j'ai manifesté pour bien des causes. Il existe une tradition de longue date dans le monde des entreprises que l'on appelle les poursuites-bâillons. Lorsque quelqu'un ennuie quelqu'un d'autre, disons, par exemple, que Greenpeace ennuie Exxon, on peut le faire taire en intentant des poursuites-bâillons contre lui. Habituellement, la grande entreprise est en bien meilleure posture que le petit groupe de militants pour soutenir une longue bataille juridique.
Les poursuites-bâillons constituent un moyen efficace depuis le mouvement en faveur de l'interdiction de la bombe atomique, à la fin des années 1950 et dans les années 1960. Lorsque nous devenons trop efficaces et que nous commençons à énerver une grande entreprise, nous nous exposons à des poursuites même si nous savons très bien que nous avons raison et que l'entreprise a tort. Les entreprises peuvent faire traîner les choses pendant des années devant les tribunaux et épuiser ainsi nos ressources. Cela nous réduit au silence ou, à tout le moins, nous handicape sérieusement ou nous paralyse.
C'est ce qui se passe ici aujourd'hui. Nous avons affaire au gouvernement qui est probablement le plus prompt à intenter des poursuites de l'histoire du Canada. Je n'ai jamais entendu parler d'un si grand nombre de poursuites par un gouvernement minoritaire. Dans une cause, le gouvernement poursuit le . J'ai constaté que celui-ci ne pose plus directement de questions sur l'affaire Cadman, même si le Parti libéral estime qu'il s'agit d'un dossier critique qui doit être discuté sur la place publique. Je présume que cette poursuite est la raison qui explique pourquoi le chef de l'opposition officielle évite le sujet. Cette situation est du même ordre que les poursuites-bâillons.
Le gouvernement pourrait faire la même chose avec toutes les questions qui l'embêtent. Il le peut et il le fait. Je prédis, comme je l'ai déjà déclaré, que les poursuites entre députés deviendront monnaie courante.
La première chose que fait la commissaire à l'éthique, c'est consulter les parties et recueillir leurs déclarations. Je suis prêt à prendre le parti du député de et à le défendre dans ses propres mots. Il a écrit une lettre à la commissaire à l'éthique:
Il est effectivement grotesque de laisser entendre qu’une action en justice -- qu’elle soit réelle ou qu’elle constitue une simple menace -- contre un député au sujet d’une question relevant du domaine public soit automatiquement considérée comme une source possible de profits ou de pertes personnels en vertu du Code, et prive ainsi le député de la possibilité de s’exprimer au sujet de cette question d’intérêt public. À la limite, un citoyen qui souhaiterait réduire au silence un député n’aurait qu’à retenir les services d’un agent publicitaire pour annoncer qu’il intente une poursuite contre ce même député. En conclusion, je crois que la position [du député de Dufferin—Caledon] relève d’une interprétation abusive du Code, dont l’objectif n’est pas et n’a jamais été de faciliter les tentatives de bâillonnement ou d’intimidation à l’endroit des députés.
Cela a un certain côté pervers, j'en conviens. On n'a jamais pensé que le code serait interprété de cette façon. Maintenant que nous avons cette interprétation, il nous incombe de corriger la situation immédiatement. Je félicite mes collègues du Parti libéral d'avoir choisi de se servir de leur journée de l'opposition pour saisir la Chambre des communes d'une motion à cet égard.
Nous ne pouvons pas permettre que cela continue ainsi, sinon je serai le prochain à faire l'objet d'une action en justice, ou bien mon collègue, le député de . Il n'a pas peur de dire ce qu'il pense et a des idées bien arrêtées sur beaucoup de sujets. Je n'ai aucun doute qu'on intentera, tôt ou tard, une action contre lui pour tenter de le bâillonner.
Cette motion de l'opposition est complexe. Elle comporte quatre éléments distincts: deux d'entre eux sont axés sur des mesures concrètes, mais pas les deux autres. L'un est que la Chambre affirme sa confiance à l'endroit du commissaire à l'éthique et un autre est que la Chambre réaffirme tous ses privilèges et immunités bien établis, particulièrement en ce qui a trait à la liberté de parole. Je suppose qu'on ne peut pas s'opposer à ces deux éléments. Tous les députés savent que nous ne pouvons pas fonctionner sans ces droits fondamentaux.
Je ne comprends pas pourquoi le député de prétend qu'il y a deux classes de gens dans notre pays si les députés ont des privilèges que les autres Canadiens n'ont pas. Il y a des raisons très valables et bien établies qui justifient la grande liberté de parole dont jouissent les députés. Il y a également des mécanismes de freins et contrepoids en place en ce sens que ce qu'un député dit ici ne peut pas être répété ailleurs de toute façon.
L’affirmation du député, selon laquelle le député de aurait bénéficié d’un avantage sur l’autre partie dans la poursuite judiciaire parce qu’il a pu parler de la poursuite au comité permanent, est boiteuse car des propos tenus devant le comité permanent ne peuvent être utilisés par la suite dans une autre procédure judiciaire. Ces propos n’existent pas en pratique. Si un tribunal était saisi cette action pour libelle, le juge rendrait sa décision en se fondant sur les éléments de preuve qui lui auront été présentés et non sur des propos tenus devant un comité parlementaire, parce que n’importe quel avocat compétent se lèverait pour dire que c’est inadmissible. Ce que le député a dit au comité permanent à l’autre partie dans cette poursuite judiciaire n’aurait aucune utilité ni aucune valeur.
Ce qui semble être un avantage spécial est annulé par une restriction correspondante. En d’autres termes, c’est une des raisons pour lesquelles la personne qui témoigne devant un comité permanent n’a pas le droit de garder le silence. La raison saute aux yeux, mais le mécanisme de protection, ce qui fait équilibre, c’est que la personne doit répondre à la question qui lui est posée, mais sa réponse ne peut être utilisée contre elle dans une procédure judiciaire ultérieure. En fait, c’est même le fruit d’un arbre pourri en termes de preuve. Pour accuser la personne en rapport avec la même affaire, il faudrait trouver d’autres renseignements non liés au témoignage qu’elle a fait devant le comité. Je pense franchement que c’est brillant. Il nous aura fallu un millénaire à peu près pour y parvenir, mais c’est une des règles du privilège tel qu’il se rapporte au Parlement que nous considérons maintenant comme fondamentales.
Il est important parfois d’oublier le train-train quotidien au Parlement et de réfléchir un moment, premièrement, pour constater la magnifique institution qu’il représente et l’efficacité de son fonctionnement, et, deuxièmement, pour se demander comment veiller à ce que cette institution ne soit jamais dégradée ou minée et son efficacité, réduite petit à petit par de pareilles interprétations. Cette institution doit rester fluide, tout comme la Constitution canadienne doit rester flexible et adaptable. Elle n’est pas statique, mais dynamique. Il doit en aller de même du Parlement et des règles qui le régissent.
Nous avons butté sur une question sur laquelle il faut se pencher et il est opportun de le faire dans une situation de gouvernement minoritaire. En cette fin de session parlementaire, je pense que notre temps sera bien employé si nous décidons maintenant de jeter des bases solides qui nous permettront de travailler d’une manière plus efficace dans une voie sans entrave.
Nous approuvons cette motion proposée en cette journée d’opposition et nous allons nous prononcer en sa faveur. Je remercie le député du Parti libéral d’avoir parrainé cette motion.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un grand plaisir d’intervenir à la Chambre pour participer au débat sur la motion de mon collègue, qui est aussi parfois un mentor, le député de . Il est un éloquent défenseur des droits et privilèges parlementaires sans égard à l’allégeance à un parti ou à quoi que ce soit d’autre. Il est loyal envers l’institution parlementaire. Je suis tout à fait persuadé que cette motion découle de sa conviction qu’il y a eu un préjudice et qu’il faut le réparer.
Le député de peut donner l’impression de voler à la défense du député de . Sauf erreur, c’est un député du Bloc qui a dit tout à l’heure – et je paraphrase les propos qu’il a tenus en français – qu’il n’est pas un grand admirateur des libéraux, mais qu’il tient à défendre le droit de tous les parlementaires de représenter son milieu et de s’exprimer.
Je suis un admirateur du député de , je n’hésite pas à le dire, mais il est très important d’analyser la question et de dire très clairement que notre parti n’est pas là seulement pour défendre le député de Nova-Ouest. L’affaire concerne tous les députés, le Parlement dans son ensemble, leurs droits et privilèges comme représentants des Canadiens.
Nous sommes ici pour défendre l’institution. Pour paraphraser le célèbre rabbin Hillel, si je ne me porte pas à la défense du Parlement et si nous ne nous défendons pas, qui le fera? Et si nous ne le faisons pas maintenant, quand le ferons-nous?
Chose très paradoxale, cependant, il s’agit ici d’une déclaration qui a été faite à l’extérieur de la Chambre au sujet d’une question qui se rattachait tout à fait aux travaux de la Chambre, qui se prolongent dans ses comités. Elle portait sur l’affaire Mulroney-Schreiber. La déclaration concernait l’ancien premier ministre Brian Mulroney. En près de deux heures de débat jusqu’ici, il n’a pas été question de Brian Mulroney, de ce qu’il a fait, de ce qui s’est dit et des raisons pour lesquelles nous sommes ici.
N’est-ce pas la preuve la plus convaincante de la frilosité qui caractérise la Chambre, lorsqu’il s’agit d’aborder directement les enjeux, de parler du pouvoir, pour ainsi dire? Je donnerai peut-être l’impression de m’exprimer comme un néo-démocrate, si vous voulez bien me pardonner, monsieur le Président. Lorsqu’il s’agit de parler carrément des enjeux dont nous sommes saisis, nous ne le faisons pas du tout à cause de cette frilosité qui règne à la Chambre.
Cela veut dire que, pendant ces deux heures de débat, nous n’avons pas parlé du fait que Brian Mulroney a accepté de l’argent lorsqu’il était toujours député, ni de la déclaration faite par le député de , c’est-à-dire qu’il croyait que Brian Mulroney avait accepté l’argent lorsqu’il était titulaire d’une charge publique. Or, les témoignages nous ont appris que M. Mulroney a rencontré Schreiber lorsqu’il était premier ministre et qu’il a reçu de l’argent par la suite. Ce n’est pas tiré par les cheveux. Je voudrais bien connaître l’issue de ces poursuites, si jamais elles aboutissent.
N’est-ce pas là un autre exemple de crainte de poursuites en diffamation? Ne s’agit-il pas d’une frilosité qui paralyse l’expression démocratique? La crainte des poursuites en diffamation paralyse l’expression démocratique, empêche l’exercice du droit de citoyens de compter sur le député de et les autres députés pour intervenir et aborder des questions importantes pour le bien-être de notre démocratie.
Je dois revenir sur la crainte des poursuites en diffamation. La diffamation correspond à quelque chose d’écrit. Dans ce cas-ci, ce qu’on allègue est une forme de diffamation qu’on appelle la calomnie. En common law, il existe bien des moyens de se défendre contre les poursuites en diffamation. Le premier et le principal, c’est bien sûr la vérité. La deuxième catégorie de moyens, ce sont les diverses défenses fondées sur le privilège qualifié, entre autres.
Je suis issu du milieu municipal. Dans les conseils municipaux au Canada, il n’y a rien de semblable au privilège et à l’immunité parlementaires, mais il y a tout de même un privilège qualifié pour les élus, pour ceux qui s’expriment sur des enjeux publics.
Je citerai une décision rendue en 1974 à la Chambre des lords, au Royaume-Uni, qui résume bien l'importance de permettre aux élus de s'exprimer. J'espère n'offenser personne. La décision a trait aux membres de conseils municipaux qui s'expriment en termes colorés sur des questions ou des personnes à l'occasion d’une réunion du conseil ou d’un de ses comités.
La raison d'être de l'immunité relative accordée aux élus qui ne sont pas des parlementaires est la suivante:
[...] ceux qui représentent les électeurs de l’administration locale devraient pouvoir s’exprimer librement et franchement, avec audace et sans ménagements, sur toute question qu’ils croient toucher les intérêts ou le bien-être des citoyens. Ils peuvent être influencés par des préjugés politiques solidement ancrés, faire preuve d’opiniâtreté ou d’entêtement, être stupides ou bornés; mais l’électorat les a choisis pour s’exprimer sur des questions d’intérêt local et, dans la mesure où ils le font en toute honnêteté, ils ne courent pas le risque de se rendre coupables de diffamation à l’égard de ceux qui font l’objet de leurs critiques.
Cela ne résume-t-il pas notre vision réelle de la démocratie? On n'élit pas des gens au conseil municipal ou à la Chambre parce qu'ils surveillent leur langage et ne tiennent jamais de propos choquants; nous formons une entité au sein de laquelle chacun a le droit de rapporter ce que la population pense. Cela donne parfois des déclarations pour le moins intéressantes.
Les principes posés dans la common law à l'égard des conseillers municipaux s'inspiraient sûrement de la déclaration des droits de 1689, laquelle a coûté sa tête à un roi et a servi de point de départ à l'évolution de l'immunité parlementaire au fil des siècles, tant et si bien que ce qui se passe ici, au Parlement du Canada, est régi par la règle en matière de privilège qui existait avant l'avènement de notre Confédération en 1867 et avant la Loi constitutionnelle de 1982, bien sûr, et que la tribunaux ont déclarée exclue du champ d'application de la Charte dans presque tous les cas.
Il existe des exceptions en ce qui concerne le Président. On pense, par exemple, à l'embauche et au congédiement d'employés et à la prise de mesures disciplinaires à leur endroit et à une foule de questions administratives relatives aux droits des particuliers en regard de l'immunité parlementaire, mais, dans l'ensemble, et cela ne plaira probablement pas à mes amis d'en face, tel est l'état du droit. L'immunité parlementaire est exclue du champ d'application de la Charte des droits. Son existence est indépendante des lois en vigueur dans le reste du pays.
Je peux penser à un certain nombre de pays du monde dans lesquels il est possible de bloquer la démocratie en intentant ou en menaçant d’intenter des poursuites. Je ne crois pas que le Canada veuille figurer sur la liste de ces pays. À Singapour, par exemple, il était de rigueur pour les dirigeants politiques au pouvoir de menacer les députés de l’opposition de poursuites pour diffamation au point où ils étaient obligés de démissionner et de trouver un travail rémunéré pour pouvoir se défendre devant les tribunaux. Ce n’est pas le genre ou le véhicule de démocratie que nous voulons pour notre pays.
Je voudrais revenir sur le point soulevé par le député de . Je vais parler de son parti car c’est lui qui a abordé la question. Son parti s’en prend souvent à certains groupes ou à certaines catégories d’entités. Je pense à tous les grands discours concernant les grandes sociétés pétrolières et leurs énormes bénéfices dans cette période de hausse des prix de l’essence. Si cette décision ou cette interprétation du Code sur les conflits d’intérêts est maintenue et si nous ne faisons rien, les grandes sociétés pétrolières pourraient poursuivre en justice le chef du Nouveau Parti démocratique ou n’importe quel autre député néo-démocrate qui aurait dit que ces sociétés font des profits excessifs, à un moment où les gens connaissent des difficultés à cause du prix élevé de l’essence.
Si c’était le cas, si chacun des députés du Nouveau Parti démocratique était poursuivi et que le Comité des ressources naturelles ou celui de l’environnement et du développement durable tienne des audiences sur les bénéfices pétroliers et les prix de l’essence, aucun député néo-démocrate ne pourrait siéger au comité, voter ou poser des questions.
Le député du Bloc a dit qu’il n’était pas un admirateur du Parti libéral. Je suppose que je pourrais dire, en toute franchise, que je ne suis pas un admirateur du Nouveau Parti démocratique, mais cela ne m’empêcherait pas de défendre à mort son droit d’intervenir dans une affaire qu’il juge importante et que je juge moi-même importante, du point de vue de tous les Canadiens, à savoir, le prix de l’essence.
Ce n’est pas une idée bizarre. Ce n’est pas une chose dont les députés de l’opposition peuvent dire qu’elle n’arrivera jamais, surtout si l’on tient compte de tout ce que nous ont dit aujourd’hui les députés d’en face.
Gardons à l’esprit le fait que, d’après le Code sur les conflits d’intérêts, si un député a un intérêt privé ou un conflit d’intérêts, il doit s’abstenir d’intervenir dans une affaire dont un comité ou le Parlement est saisi. Cela semble très clair.
Les difficultés découlent de l’interprétation de l’intérêt privé et du conflit d’intérêts et de la question de savoir si une poursuite est fondée ou non.
Le député de , qui a une grande expérience de la Chambre, s’est occupé de procédure et d’affaires parlementaires pendant assez longtemps pour ne pas être taxé de naïveté. Personne ne lui a dit de faire cette déclaration. Il y croit. Il a dit que si un procès légitime mettant en cause un intérêt pécuniaire est intenté contre un député, celui-ci doit se récuser.
Avec tout le respect que je dois au député ainsi qu’à tous les autres, je voudrais demander en quoi consiste un procès légitime. N’importe qui peut aller au tribunal déposer un avis de poursuite et payer un droit de 120 $. L’action est considérée légitime si la demande est acceptée par le tribunal et porte son sceau.
Mon collègue de , qui est l'autre pilier du raisonnement en face, a dit qu'il existait des solutions à cet égard puisque la personne qui fait l'objet de la poursuite peut faire appel à un tribunal et faire annuler la poursuite. Il voudrait faire croire à la Chambre et aux Canadiens qu'il suffit de téléphoner à un juge et de lui dire, en prenant un café chez Tim Hortons, que cette poursuite vexatoire devrait être abandonnée. Ce n'est pas aussi simple.
Mon collègue a oublié de mentionner que dans certains cas, il a fallu des années uniquement pour déterminer si la demande introductive d'instance justifiait une poursuite ou non, et le seuil n'est pas très élevé. Pour qu'une poursuite suive son cours, il suffit de démontrer qu'il existe un semblant de cause d'action, qui pourra par la suite être prouvé ou non. Pour ce qui est de la « légitimité d'une poursuite », je n'ai aucune idée de ce que cela peut vouloir dire. À mon avis, lorsqu'une action est déposée et signifiée et qu'elle est confiée à un tribunal, on peut parler de poursuite.
On s'est également demandé à quoi correspondait un « intérêt privé ». Lorsqu'on poursuit une personne pour obtenir de l'argent, je crois qu'on peut dire qu'il s'agit d'un intérêt privé. Le député de fait l'objet d'une poursuite de 2 millions de dollars, ce qui doit représenter un très gros intérêt privé.
Permettez-moi de revenir à un sujet dont nous ne pouvons parler, soit celui de Brian Mulroney. Il a intenté des poursuites de plusieurs millions de dollars et n'a finalement jamais reçu d'argent. Sa poursuite contre le gouvernement du Canada s'est réglée par le simple remboursement des frais judiciaires. Il n'en a pas tiré un sou. Peut-on alors parler d'intérêt privé? S'agissait-il d'une poursuite légitime? Cela aurait-il pu le placer dans une situation de conflit d'intérêts?
Je suis d'avis que l'interprétation des conservateurs soulève bon nombre de questions quant à la définition d'une poursuite légitime et de l'intérêt privé.
Enfin, les conservateurs sont-ils prêts à reconnaître que la commissaire, Mary Dawson, a outrepassé ses pouvoirs et mal interprété le code? À titre de mandataire du Parlement, elle a droit à son opinion. Elle a le droit de consulter toute la documentation et la jurisprudence ainsi que les pratiques et les précédents de la Chambre avant de prendre une décision. Elle a établi que selon la règle de droit immuable du Code régissant les conflits d'intérêts, le terme « passif » englobe aussi le passif éventuel.
On doit toutefois se demander ce que cela veut dire, comme l'a souligné le député de . Qu'est-ce qu'un passif éventuel? Cela équivaut-il à une poursuite légitime? Ou, dans le cas de la remarque du député de , devrons-nous maintenant inclure les conflits d'intérêts possibles?
Les députés qui s'opposent à ces modifications, auxquelles les députés des autres partis semblent souscrire, le font-ils parce qu'ils croient que dans le cas d'une poursuite légitime où il existe un risque de conflit d'intérêts, tous les députés devraient se récuser sur les questions dont la Chambre est saisie, peu importe le plaideur?
Je ne puis souscrire aux motifs pour lesquels le député de a demandé à la Chambre, le 7 mai, si l'identité du plaideur avait de l'importance. Voici ce qu'il a dit, et je cite:
Oui, j'ai soulevé cette question au comité, et, oui, j'ai pensé que c'était inapproprié. Lorsqu'un ancien premier ministre de ce pays entame une poursuite de 1 million de dollars contre un député, celui-ci n'a pas le droit de participer aux travaux de ce comité.
Qu'en serait-il s'il s'agissait d'une autre personne qu'un « ancien premier ministre »? Si l'auteur de la poursuite de 1 million de dollars était Fidel Castro ou quelqu'un pour qui nous avons peu d'estime, collectivement ou individuellement, le député n'aurait pas le droit de participer aux travaux du comité?
La vive réaction des conservateurs à cette motion me semble découler de leur désir de défendre l'ancien régime. Tous les députés devraient vouloir un code qui soit acceptable pour tous. La façon de voir la situation, c'est de se mettre dans la peau de la personne visée et de se dire, « ce qui lui est arrivé aurait pu m'arriver à moi aussi ».
Il pourrait arriver un jour qu'un député conservateur, qui aurait tenu des propos controversés n'ayant rien à voir avec les questions dont la Chambre est saisie, soit poursuivi pour ses propos par un groupe de témoins comparaissant devant un comité. Ce député voudrait alors présenter une défense dans l'action en justice, même s'il était allégué qu'il a tenu les propos en question. Le député pourrait décider de régler l'affaire à l'extérieur. Il pourrait décider qu'il n'a pas besoin du commissaire à l'éthique ou du code de conduite pour lui dire qu'il ne peut pas représenter ses électeurs. Là est toute la question, celle de savoir si nous représentons les Canadiens.
Nous sommes délégués ici à titre d'individus pour représenter les intérêts de la population et nos privilèges et immunités découlent du fait qu'ils correspondent à l'objectif de protéger les intérêts de la population. Ils ne servent pas à protéger les individus bien mis, bien logés ou bien sympathiques que nous sommes. Ils existent parce que les Canadiens de ma circonscription, par exemple, m'ont délégué ici pour que je sois leur porte-parole sur des questions qui leur importent. On me jugera, comme on jugera tous les députés au moment des élections, sur la qualité et la pertinence de mes interventions.
Cependant, nous voici en train de proposer des sujets et d'en discuter. Le fait d'empêcher un député de participer à un comité, de voter ou d'intervenir sur une question à la Chambre revient à priver du droit de parole les personnes qui l'ont délégué. C'est ce qui explique la réticence symbolique du Président qui vient d'être élu à s'approcher du fauteuil et la réticence symbolique d'un nouveau député arrivant à la Chambre. Par le passé, en effet, on craignait que le souverain ne fasse un mauvais parti à toute personne qui se ferait le porte-parole du Commonwealth, à savoir de la population, et qui ferait valoir ses intérêts.
Voici ce que disait dans son premier rapport à ce sujet le Comité spécial des droits et immunités des députés, en 1977:
[...] un droit fondamental, sans lequel ils ne pourraient remplir convenablement leurs fonctions. Cette liberté leur permet d'intervenir sans crainte dans les débats de la Chambre, de traiter des sujets qu'ils jugent pertinents et de dire tout ce qui, à leur avis, doit être dit pour sauvegarder l'intérêt du pays et combler les aspirations de leurs électeurs.
Il me semble que, si cette proposition est contestée et rejetée, nous devons nous demander si nous allons défendre l'institution vénérable qu'est le Parlement ou céder nous-mêmes à la tendance à la mode qui consiste à dénigrer cette institution. Tel semble être l'essentiel du débat.
J'aimerais citer quelques extraits du livre de David Smith au sujet de la démocratie parlementaire, ouvrage qui s'intitule The People's House of Commons. Il me semble que, dans certains cas, si on s'en prend aux privilèges, à des déclarations faites à la Chambre, c'est parce que, selon ce qui est écrit à la page 23 de ce livre, « tous sont moins convaincus qu'avant de [la] suprématie » de l'immunité parlementaire. « Dans ce contexte, certains slogans, celui du déficit démocratique, par exemple, ont la cote, tant pour tous les partis à la Chambre que, à l'extérieur, pour la presse, la population et les milieux universitaires. »
Il y a tout de même une note encourageante. En 2005, la Cour suprême a rendu sa décision dans l'affaire de la Chambre des communes contre Vaid. Comme je l'ai dit plus tôt, la Cour suprême du Canada a affirmé que le Parlement avait une certaine immunité, que lui confère le privilège parlementaire, contre la Charte des droits et libertés. Au fil du temps, un certain flou est apparu concernant les affaires relatives à des particuliers lorsque les droits de ces derniers entrent en conflit avec le privilège parlementaire.
Dans cette décision, la cour a statué que la fonction fondamentale du Parlement est de « demander des comptes au gouvernement » et c'est à cette fin précise, en plus de ses fonctions législatives et délibératives, que le Parlement jouit de droits, de pouvoirs et d'immunités qui mettent certains aspects des activités du Parlement et des députés à l'abri des tribunaux.
C'était la première fois que la Cour suprême du Canada reconnaissait que demander des comptes au gouvernement est une fonction dont sont issus les privilèges parlementaires.
Cela semble indiquer que cette reconnaissance a renforcé l'importance de cet aspect des privilèges et des immunités. Il reste à voir si la Cour suprême s'ingérera dans les fonctions des mandataires du Parlement, tels que la vérificatrice générale, qui tombent en disgrâce selon le gouvernement, ou si Élections Canada, par exemple, organisme qui a été malmené récemment, franchement, survivrait à une telle ingérence.
En résumé, je suis heureux d'appuyer la motion parce qu'elle sert les intérêts de tous les parlementaires. Exception faite de la formulation actuelle et des modifications au Code d'éthique, dont le député de a parlé presque tout le temps, je crois que la majorité de députés s'entendent pour dire que Mary Dawson a peut-être commis une erreur en ajoutant les mots « passif éventuel ».
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier tous mes collègues pour leurs interventions d'aujourd'hui. Je crois qu'il s'agit d'un débat très important et je suis heureux d'y prendre part.
Cependant, avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais faire une observation. Il me semble très intéressant que les députés d'en face, qui sont du Parti libéral, présentent une motion pour remettre en question une décision prise en toute indépendance par un mandataire du Parlement. Je trouve ça intéressant parce qu'ils ont beaucoup critiqué le gouvernement lorsque nous avons agi de la même manière.
Comme on le sait, un différend nous oppose actuellement à Élections Canada concernant de la publicité faite en vue des élections de 2006 et les coûts de cette publicité. Le directeur général des élections du Canada a pris une décision. Nous pensons que c'est une mauvaise décision et nous avons entrepris une démarche devant la justice parce que nous croyons que le juge nous donnera raison et que notre interprétation de la loi électorale est la bonne.
Voyant que nous avions entrepris cette démarche devant la justice, les députés du parti d'en face nous ont beaucoup critiqué et ont dit à de nombreuses occasions que la décision du directeur général des élections devait nécessairement être la bonne. Lorsqu'Élections Canada interprète la loi, son interprétation doit être juste. Pourtant, lorsque la commissaire à l'éthique prend une décision que les députés libéraux n'aiment pas, ils entreprennent eux aussi de la contester. Ils ne s'adressent pas aux tribunaux pour infirmer la décision, mais ils essaient de changer les règles dans le Code régissant les conflits d'intérêts.
Il me semble qu'on fait preuve d'une certaine hypocrisie actuellement si la position du Parti libéral est bel et bien que Mme Dawson a pris une mauvaise décision. Les libéraux ont certainement le droit de faire comme bon leur semble pour infirmer la décision ou corriger ce qu'ils considèrent comme une erreur, mais nous avons aussi ce droit.
Ce que je viens de dire me semble important. Dans un débat, sachons faire preuve d'équité. Il faut comparer les pommes aux pommes et les oranges aux oranges quand vient le temps de critiquer les autres partis politiques.
Je voudrais d'abord revenir un peu en arrière pour les gens qui regardent le présent débat et qui se demandent peut-être de quoi il est question exactement. J'aimerais décrire le contexte dans lequel cette motion a été présentée et expliquer pourquoi le présent débat a lieu.
Il y plusieurs mois, comme nous le savons tous, le Comité de l’éthique, qui est un comité permanent de la Chambre, a décidé de faire une enquête et de tenir des audiences au sujet de ce qu’on appelle l’affaire Mulroney-Schreiber. Inutile d’entrer dans les détails de cette affaire. Tous les Canadiens, ou en tout cas tous les députés, sont certainement au courant des tractations qui ont eu lieu il y a un certain nombre d’années entre M. Mulroney et M. Schreiber. Quoi qu’il en soit, le Comité de l’éthique a décidé de tenir des audiences pour mieux se renseigner sur la question.
Pendant la période qui a précédé les audiences et pendant la première partie de ces audiences, l’un des membres du comité, le député libéral de , a tenu à l’extérieur de la Chambre des propos que M Mulroney a jugés diffamatoires. M. Mulroney a ensuite intenté des poursuites contre le député.
Cela fait, un autre membre du Comité de l’éthique, le député conservateur de , a invoqué le Règlement et demandé au député de Nova-Ouest de se récuser parce que, affirmait-il, il y avait un intérêt personnel en cause. Comme le député de Nova-Ouest était poursuivi par M. Mulroney, il ne devrait pas avoir la possibilité d’interroger M. Mulroney, il ne devrait pas pouvoir faire partie du comité qui mène l’enquête, puisqu’il y aurait conflit d’intérêts.
Le député de ne s’est pas récusé. Le député de a donc écrit une lettre de plainte à la commissaire à l’éthique, lui demandant d’intervenir, de donner son interprétation et de rendre une décision: le député de Nova-Ouest devait-il, oui ou non, se récuser?
La commissaire à l’éthique a fait une enquête rapide et a produit un rapport disant que, comme le député de l’avait soutenu, le député de devrait se récuser, qu’il ne devrait pas pouvoir participer aux audiences et qu’il ne devrait pas pouvoir interroger ou contre-interroger M. Mulroney parce qu’il y avait nettement un conflit d’intérêts.
Voilà où nous en sommes aujourd’hui. C’est là la genèse de la motion à l’étude.
Le Parti libéral est nettement en désaccord sur la décision de Mme Dawson et il veut modifier les règles qui nous régissent pour que, à l’avenir, les députés qui sont visés par des poursuites puissent parler de ces poursuites ou des questions qui s’y rapportent.
Voilà la question dont nous sommes saisis. Le code de conduite, le code d’éthique actuel est-il acceptable ou faudrait-il le modifier? Avec le plus grand respect pour tous les députés d’en face, je dirais que, à mon avis, il ne faut pas adopter la motion proposée, et cela pour un certain nombre de raisons.
Permettez-moi de présenter mon argumentation en parlant d’abord de la teneur du code actuel et en expliquant pourquoi il est ainsi conçu.
Le code actuel dit en somme que les intérêts du grand public doivent l’emporter sur les intérêts privés des députés. Autrement dit, nous avons été élus pour servir le bien commun et non pour défendre nos intérêts personnels ni même peut-être ceux de notre parti.
Deuxièmement, le code dit que le député ne doit jamais se trouver en situation de conflit d’intérêts. Il est parfois difficile de l’éviter, mais la règle est très facile à interpréter.
À l'article 8, le code interdit de manière générale aux députés d'agir de façon à favoriser leurs intérêts personnels, que ce soit volontairement ou involontairement.
Il précise plus loin, à l'article 13, et je crois qu'il s'agit là de l'article clé, qu'un député ne peut participer, à la Chambre ou aux comités, à un débat sur une question dans laquelle il peut avoir un intérêt personnel.
Voilà ce que le code prévoit. Il n'y a, à mon avis, aucune matière à confusion. De plus, il ne fait aucun doute que Mme Dawson a rendu la bonne décision, car le député de a très clairement un intérêt personnel dans le dossier en question.
Comme je l'ai dit plus tôt, le député de fait l'objet d'une poursuite de la part d'un particulier, un ancien premier ministre du pays, Brian Mulroney. Par conséquent, il ne doit être partie à aucune discussion sur cette poursuite ou sur des éléments de cette poursuite.
Pourquoi donc? Pourquoi ces dispositions se trouvent-elles dans le code de conduite? Elles s'y trouvent clairement pour une très bonne raison. Comme l'a signalé un peu plus tôt un de mes collègues, le député de , étant donné que le député de ne s'est pas retiré lui-même et qu'il a pu contre-interroger M. Mulroney durant les audiences du comité, il a pu recueillir des renseignements qui pourraient lui être utiles dans la poursuite. Le code de conduite dit clairement que cela ne doit pas être permis, car le député favorise ainsi ses intérêts personnels.
Il est vrai, comme d'autres députés l'ont signalé, que les renseignements recueillis dans les audiences des comités ne peuvent être utilisés dans une poursuite, mais il n'en demeure pas moins que le député de a pu obtenir des renseignements qui lui seront utiles dans la poursuite dont il fait l'objet. Il n'a pas à se servir de son contre-interrogatoire. Il n'a pas à déposer le témoignage de M. Mulroney comme preuve au procès. Le simple fait qu'il ait pu obtenir de l'information en interrogeant M. Mulroney lui a été profitable.
Deuxièmement, cette affaire a suscité beaucoup d'intérêt au sein de la population. Elle a été amplement couverte par les médias. Puisque les audiences du comité ont été télédiffusées, tous les renseignements provenant de ces audiences sont devenus du domaine public. Les Canadiens d'un océan à l'autre voyaient des bulletins de nouvelles quotidiens sur les témoignages entendus.
Les Canadiens qui s'intéressaient de près à ces audiences pouvaient allumer leur téléviseur et les suivre en direct. Beaucoup de membres du comité, y compris son président, le député de , participaient très souvent aux émissions d'affaires politiques.
Il est tout à fait ridicule d'affirmer que le témoignage lui-même ne pourrait pas être utilisé devant un tribunal et ne serait par conséquent d'aucune utilité au député de . Tous les Canadiens qui se sont intéressés à cette affaire ont pu en suivre le déroulement au jour le jour. Certains suivaient même les délibérations du comité en direct.
Le code de conduite a été adopté pour empêcher un député de participer à des discussions sur des poursuites judiciaires dont il est l'une des parties visées, car cela pourrait le favoriser. Cela est donc expressément défendu par notre code de conduite.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, je prends très au sérieux toutes les règles qui régissent nos activités. À titre de députés, nous devrions aussi être très conscients du fait que cette motion pourrait créer un précédent très dangereux. Je dis cela parce que nous avons un bon nombre de règles, si je peux employer ce mot, qui nous guident et qui régissent nos activités quotidiennes. Nous avons la bible de la procédure et des pratiques, c'est-à-dire l'ouvrage de Marleau et Montpetit, le Règlement de la Chambre et des codes de conduite.
Il va de soi que, si nous décidons de modifier des articles du Règlement, ou des dispositions du Code de conduite, nous serons tous touchés par ces changements, qui auront des conséquences. C'est pourquoi, avant d'apporter des changements, notre institution a toujours mené des consultations étendues et poussées, non seulement auprès des députés, mais aussi auprès d'autres intervenants qui s'intéressent aux affaires parlementaires et qui ont des connaissances et des compétences dans ce domaine.
Je suppose que la motion est présentée en toute objectivité. Je ne pense pas que le député de ait proposé sa motion en étant animé par des considérations partisanes, pour le bénéfice du Parti libéral du Canada. Je crois plutôt qu'il a présenté sa motion parce qu'il est d'avis que le code doit être modifié. Toutefois, je fais valoir que, si la motion était adoptée, les ramifications et les conséquences du changement nuiraient considérablement aux activités de tous les députés à la Chambre.
Permettez-moi de donner quelques exemples. Certains diront peut-être que ce sont des cas extrêmes, mais certaines de ces situations pourraient se produire, et en fait se produiraient fort probablement.
Si les changements proposés sont apportés au code, si la motion est adoptée, les députés pourront s'exprimer librement relativement à toute action en justice dont ils peuvent être partie. Autrement dit, si de simples citoyens décident de poursuivre des députés en justice pour quelque raison que ce soit, ces députés pourraient se servir de la Chambre pour intimider ces citoyens et s'exprimer sur l'affaire, sans craindre de subir des conséquences. Ils pourraient, dans le cadre d'un débat, au comité, ou au cours de la période des déclarations des députés — s'ils le voulaient et suivant l'objet du litige —, s'exprimer très librement, c'est-à-dire faire valoir leurs intérêts personnels et leurs arguments, avant la tenue du procès.
À mon avis, il ne faut pas permettre que cela se produise, parce que les députés jouiraient alors d'un avantage indu. Les intérêts personnels d'un député auraient préséance sur les intérêts du public.
Deuxièmement, j’entends constamment des députés d’en face et des députés qui participent à ce débat dire que le code actuel ouvre la porte aux menaces de poursuites en diffamation. Ils parlent de procès frivoles et vexatoires intentés pour entraver le débat.
Il est vrai, aussi bien ici qu’ailleurs, que des personnes intentent des procès frivoles et vexatoires pour essayer d’empêcher le débat ou pour faire taire quelqu’un qui veut faire connaître la vérité. J’estime que nous n’avons pas à modifier le code pour régler ce problème. Les tribunaux sont les meilleurs juges de ce qui est frivole et vexatoire.
Nous avons vu cela à maintes reprises. Quand une personne intente un procès frivole, le défendeur se présente au tribunal et demande au juge une interprétation. Voilà comment nous pouvons régler le problème des procès frivoles. Nous n’avons pas à modifier le code si nous pensons qu’il y aura à l’avenir une avalanche d’actions frivoles destinées à entraver le débat. Il existe de nombreuses solutions juridiques pour remédier à cette situation.
Toutefois, si ce que j’appelle un procès légitime, c’est-à-dire un procès que les tribunaux et les juges n’estiment pas frivole et vexatoire, est intenté par un membre du public contre un député, celui-ci ne devrait pas être autorisé à user de son privilège parlementaire pour prendre le dessus. Pourquoi serait-il autorisé à le faire?
Le code actuel est tout à fait fondé. Si nous le modifions, nous nous retrouverons sur une pente très glissante, et pas seulement dans ce cas. Je sais que c’est un exemple étroitement défini. La question a évidemment été soulevée parce que le député de ne croyait pas qu’il était indiqué d’empêcher le député de de parler de l’affaire Mulroney-Schreiber.
Qu’arriverait-il d’une façon générale si cette motion était adoptée? En fait, cela pourrait arriver aujourd’hui, mais je crois qu’un précédent serait établi. Toutefois, si un gouvernement, quel qu’il soit, obtient la majorité à la Chambre et n’aime pas une disposition du Règlement ou d’un code ou encore s’il n’accepte pas l’interprétation d’un fonctionnaire indépendant du Parlement, il pourrait simplement modifier les règles. En toute franchise, je n’aimerais pas du tout que cela se produise.
Je serais très malheureux qu’un gouvernement majoritaire puisse se servir de sa majorité pour modifier un article du Règlement qui ne lui convient pas pour des motifs partisans. Je crains que le changement proposé dans la motion n’établisse un précédent très dangereux. Les modifications du Règlement ou de toute règle régissant la Chambre et les députés n’ont jamais été faites de cette manière dans des conditions normales. Elles ont toujours fait l’objet d’un processus consultatif, ordinairement au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Un certain nombre de députés ont parlé du fait que ce comité ne siège pas. C’est vrai. Étant membre du comité, je sais très bien pourquoi il ne siège pas. À mon avis, si le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD s’entendaient pour que le comité reprenne ses travaux pour s’occuper de cette seule question, tous les députés seraient probablement d’accord.
Malheureusement, le comité est actuellement saisi d’une motion qui, selon son président et son greffier, dépasse le cadre de son mandat. Voilà le motif de l’impasse. La majorité des membres du comité s’étaient opposés à la décision du président et du légiste de la Chambre et s’étaient débarrassés du président. C’est la raison pour laquelle le comité ne siège pas.
Je crois que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre est le mieux placé pour discuter de l’opportunité de modifier le Code sur les conflits d’intérêts. Le code ne devrait pas être modifié ici, de cette façon, après un débat d’un jour. Il faudrait recourir à un processus consultatif au sein du comité, entendre des témoins experts et tenir un débat complet avant de prendre une décision. J’ai donc l’intention de m’opposer à la motion.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à cet important débat sur la motion présentée par le député de . Je dois admettre que, chaque fois que la Chambre est saisie d'une question complexe, ayant trait par exemple à l'interprétation de notre Règlement ou encore à nos procédures et à nos pratiques, le député participe toujours activement au débat et a toujours de sages propos à soumettre à la Chambre.
D'après les remarques du Président concernant la question de privilège soulevée antérieurement par le député, je crois que ce dernier a eu raison de dire qu'il y a d'autres façons de procéder. Nous avons entendu certaines suggestions. Pourquoi ne renvoyons-nous pas la question au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui pourrait l'examiner?
La dernière fois que le comité a eu à examiner une question de conflit d'intérêts, il a créé un sous-comité. Il a renvoyé la question au sous-comité, je crois que c'était en novembre 2006, et nous n'avons pas eu le rapport avant juin 2007. À mon avis, quels que soient les critères, l'examen d'une question claire nécessitant une décision urgente de la Chambre ne devrait pas prendre plusieurs mois.
J'ai écouté le débat. On a beaucoup parlé de l'importance de la liberté de parole, qui est clairement l'enjeu ici. Les auteurs de la Constitution du Canada et de nos lois qui font maintenant partie de la Constitution ont accordé des privilèges extraordinaires aux députés. En gros, ces privilèges comprennent notamment la liberté de s'exprimer librement à la Chambre et de représenter les intérêts des électeurs sans crainte d'avoir à répondre de déclarations faites ici devant une autre instance, par exemple devant un tribunal, comme l'a dit un député.
La décision d'accorder ces privilèges aux parlementaires a été mûrement réfléchie et a été prise parce que l'intérêt du public ne peut être servi que si les députés ont cette liberté de parole, que s'ils ont le droit de s'exprimer librement et franchement, de dire les choses telles qu'elles sont parce qu'il est important que les vrais débats aient lieu ici. C'est ici que nous devons aller le plus loin possible, que nous devons faire valoir des arguments de façon très ferme.
Ce n'est peut-être pas toujours beau à voir, mais c'est conforme à nos pratiques et à nos traditions parlementaires. Il ne s'agit pas de se donner en spectacle pour quelque raison ésotérique. Il s'agit de se battre pour défendre ce que les députés croient être la vérité et la justice dans les lois du Canada.
Nous avons un extraordinaire privilège et nous sommes maintenant confrontés à une situation où une chose extraordinaire, les privilèges des parlementaires, a été mise en péril par un geste très ordinaire, le simple déclenchement d'une poursuite. Dans le cas qui nous intéresse, il s'agit d'une poursuite pour diffamation.
Dans une entrevue qu'il a accordée à l'extérieur de cette enceinte, alors que le privilège parlementaire ne s'appliquait pas, le député de a affirmé qu'un ancien premier ministre avait accepté de l'argent lorsqu'il était premier ministre. M. Mulroney soutient qu'il a accepté l'argent à titre de député seulement lorsqu'il n'était plus premier ministre. C'est pourquoi il a intenté une poursuite de 2 millions de dollars et a indiqué que cette somme serait versée à des oeuvres de bienfaisance.
Tout cela est bien beau, mais pendant les audiences concernant l'affaire Mulroney-Schreiber, il y a eu de nombreux témoignages. Nous ne savons pas encore au juste si l'on a versé ou promis de l'argent à l'ancien premier ministre lorsqu'il était toujours premier ministre.
Il aurait pu faire certaines choses en tant que premier ministre en acceptant d'être payé seulement à l'issue de son mandat. Or, puisqu'il y a un passif éventuel, si les députés veulent utiliser ce terme, il pourrait aussi y avoir un actif éventuel. Ce serait pour contourner les règles de cet endroit ou encore une loi canadienne, et je songe en particulier à la Loi sur le Parlement du Canada, qui traiterait des jeux d'influence.
En l'occurrence, donc, une question extraordinaire est occultée, voire exclue, par une question ordinaire.
On a fait valoir qu'il faut procéder ainsi. On a fait valoir que le député de doit se récuser et donner son assurance qu'il ne participera pas au débat, qu'il ne votera pas et qu'il ne posera pas de questions car, comme l'a dit un de nos collègues, un député pourrait se servir de son privilège pour faire avancer sa cause. Il pourrait abuser de son privilège pour favoriser ses propres intérêts personnels.
Si les députés souhaitent continuer de plaider leur cause et essayer de régler leur problème, ils peuvent le faire à l'extérieur du Parlement, à l'extérieur de notre enceinte et des comités. Ils le peuvent. Rien ne les en empêche. Que peuvent-ils faire ici qu'ils n'ont pas le droit de faire à l'extérieur?
La situation est inversée. Les députés peuvent dire des choses à la Chambre qu'ils ne peuvent dire à l'extérieur, mais en l'occurrence, la commissaire à l'éthique a rendu une décision selon laquelle les députés peuvent dire tout ce qu'ils veulent à l'extérieur de l'enceinte, mais pas ici. C'est la situation inverse. C'est grotesque.
J'aimerais aussi préciser que la motion propose de prévoir une exemption quand un député est « partie à une action en justice relative à des actes posés par le député dans l'exercice de ses fonctions ». Certains risquent d'interpréter les mots « action en justice » comme voulant dire une poursuite, mais il y a plusieurs types d'actions en justice assorties d'un intérêt pécuniaire pour les députés. Quelqu'un pourrait comparaître devant un tribunal ou un conseil municipal pour récupérer de l'argent ou obtenir une réduction des taxes foncières comme l'a fait valoir un député. Une révision judiciaire est une action en justice dans le contexte de ce qui se fait ici.
Je précise cela car, dans notre enceinte, nous traitons de toutes sortes de questions qui touchent la vie des Canadiens. Nous y faisons valoir des arguments dans l'intérêt de nos électeurs et de l'ensemble des Canadiens, mais il arrive parfois que nous participions aux travaux d'assemblées autres que celle-ci.
Si je peux aller devant un tribunal, plaider une affaire avec succès et obtenir un jugement ou une décision ayant un effet sur l’intérêt public, c’est correct. Mais que se passe-t-il si je cherche à obtenir un remboursement des frais que j’ai engagés soit pour le temps consacré à l’étude du dossier, pour la recherche, pour les transcriptions et pour l’aide de juristes ou d’autres spécialistes? Ces frais et leur remboursement, étant donné que j’ai eu raison dans une affaire où aucun intérêt personnel n'était en cause, représentent en soi un intérêt personnel, dont je ferais sans doute la promotion.
L’argument que je tente de faire valoir ici est que si cette situation n’est pas modifiée, il pourrait se produire des choses qui portent à croire que les députés impliqués dans une action en justice, une poursuite ou un litige quelconque devraient s’abstenir d’en parler à la Chambre parce qu’ils agissent en vue d’obtenir le remboursement de frais. Ce n’est pas le but visé.
J’ai fait ce que j’ai pu pour essayer de savoir si, oui ou non, il existait des preuves indiquant que la notion de passif éventuel avait été examinée par ceux à la Chambre qui se sont chargés de déterminer les éléments pouvant être inclus dans le Code régissant les conflits d’intérêts des députés. Je n’ai pas pu en trouver.
À mon avis, et j’espère que les députés le prendront en considération, rien n'indique qu'on ait jamais envisagé l'existence d’un passif éventuel. Ce pourrait être quelque chose comme une poursuite frivole, quelqu’un qui paye le montant de mille dollars et qui présente les documents nécessaires, et le secrétaire parlementaire dirait ensuite que le député doit attendre sous prétexte que l'affaire est devant les tribunaux et que c’est notre façon de procéder. Si un député fait l’objet d’une poursuite, il devra se récuser et perdre les privilèges et les droits que lui confère la Constitution jusqu’à ce que le tribunal se penche sur son cas. Combien de temps cela prendra-t-il?
Un adage dit que justice différée est justice refusée. On ne peut accepter que des privilèges soient niés à cause d’une poursuite mal fondée et vexatoire, c’est inacceptable.
Mon deuxième argument, c'est que dans sa décision, la commissaire à l’éthique a jugé que le député de , qui a fait l’objet d’une poursuite intentée par M. Mulroney, devait se récuser et ne pouvait pas participer aux débats et aux votes parce que nos débats visaient à déterminer si, oui ou non, il y avait un intérêt pécuniaire, un intérêt personnel. Cela se rapportait à la valeur de l’actif ou du passif.
Il existe plusieurs interprétations du terme passif, dont une englobe le passif éventuel. On ignore ce qu’est le passif éventuel, mais il peut devenir réel. D’autres choses doivent se produire pour que ce passif soit évalué et que le montant soit déterminé.
Ceux qui ont élaboré notre code de conduite ont-ils décidé que des gens pourraient dire qu'ils croyaient que quelqu’un avait tort afin de pouvoir intenter une poursuite et voir dans environ deux ans si les tribunaux en conviendraient, mais qu’entre-temps, avant que les tribunaux se penchent sur l’affaire, ils pourraient retirer la poursuite et la personne visée reprendre ses fonctions normales? Voilà le problème.
Il y a un problème additionnel dans une situation comme celle-ci, du fait que d'autres parties sont liées à M. Mulroney ou que M. Mulroney puisse participer à d'autres entreprises. Est-ce que tout député qui dans ses actions ou ses déclarations risque de causer un tort quelconque à M. Mulroney doit également se récuser ou être récusé et perdre ses privilèges d'intervenant sur ces questions? Je pense par exemple à la question du spectre sans fil en rapport avec Québécor. Les députés devraient-ils s'abstenir de parler de Québécor étant donné que M. Mulroney est un administrateur d'une filiale de Québécor?
Un autre aspect n'a pas encore été envisagé. Je l'ai soulevé dans l'une des questions. Il peut être question d'une poursuite intentée contre un député, comme c'est le cas pour le député de , et qu'alors on lui demande de se récuser. Qu'advient-il, selon la même logique que celle qui a cours dans le cas du député de , si un député intente une poursuite? Si ce député dépose une demande reconventionnelle dans l'affaire Mulroney, ou intente une poursuite sur toute autre question devant la Chambre, il ressort de l'interprétation donnée par la commissaire à l'éthique dans son rapport qu'il devra se récuser et ne participer à aucun vote, débat ou interrogation sur toute question liée à cette poursuite.
L'esprit de notre code de conduite veut-il qu'un député ne puisse intenter une poursuite sans renoncer à ses privilèges? Si j'inverse les rôles, c'est parce que nous devons toujours évaluer ce genre de mesure en examinant ses effets sous tous les angles.
Un député propose que nous soumettions tout simplement la question au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, dont les décisions sont généralement opportunes. Permettez-moi de donner à la Chambre un exemple d'une situation absurde qui pourrait résulter de l'application des règles.
À l'heure actuelle, Élections Canada a nommé 17 députés du caucus conservateur comme participants à une manoeuvre visant à contourner les règles en matière de dépense électorale visant la publicité nationale. Ces députés ont été désignés nommément. En réalité, 57 candidats conservateurs étaient impliqués. De ce nombre, 17 ont été élus. Ils sont tous députés, mais 10 d'entre eux sont ministres ou secrétaires parlementaires et sont assujettis de ce fait à un code encore plus rigoureux à savoir le Code régissant la conduite des titulaires de charge publique, définis comme étant les membres du Cabinet, les secrétaires parlementaires et les titulaires nommés par le gouverneur en conseil.
Dans ce cas, si on appliquait la décision de la commissaire à l'éthique et la logique de celle-ci, cela mettrait en cause les députés de , , , , , et ainsi que les secrétaires parlementaires des ministres du et des , du ainsi que ceux des ministres du , de la , du , du , de l'ancien , qui vient d'être remplacé, et du . Ces 17 députés, dont 10 sont titulaires de charge publique, devaient se voir retirer le droit de voter sur des questions liées à Élections Canada, d'en débattre ou de participer aux travaux sur celles-ci, parce que cette affaire est devant les tribunaux. Le Parti conservateur du Canada a en effet saisi les tribunaux de la question.
Élections Canada a trouvé des irrégularités, notamment que le Parti conservateur du Canada a violé la Loi électorale du Canada et qu'il a dépassé le plafond de dépenses autorisé pour la publicité. De plus, Élections Canada a nommé précisément les 17 députés qui ont été mis en cause dans cette affaire. Ces derniers ont présenté des déclarations des dépenses électorales après avoir été élus et, dans le cas de 10 d'entre eux, après avoir accédé à une charge publique. Ces députés et leur directeur financier ont tous présenté une déclaration qu'ils ont signée, déclarant sous serment que ces déclarations étaient exactes, qu'elles avaient été vérifiées et qu'elles étaient en ordre.
Élections Canada n'a pas accepté ces déclarations, affirmant que, à son avis, elles étaient fausses et trompeuses. Voilà l'allégation qui vise ces députés. De prime abord, il semble que l'allégation est de nature financière puisqu'il est question de passif éventuel, soit de rendre le remboursement électoral, soit de le réduire. Or, il ne s'agit pas d'un passif éventuel, mais bien de la réduction éventuelle d'un élément que les députés ont décidé de s'approprier. Élections Canada s'est opposé à cette façon de faire.
Les tribunaux devront maintenant trancher la question, mais il faudra attendre des années; d'ici là, peut-être que ces 17 députés devraient aller voir le commissaire aux élections et lui expliquer que comme ils sont partie à une affaire portée devant les tribunaux, ils devraient se récuser et ne pas participer.
C'est aussi ridicule que cela. Je ne laisse nullement entendre que cela devrait se produire, mais, si nous respectons les règles et l'intention du Code régissant les conflits d'intérêts, nous ne pouvons pas le faire en tenant compte uniquement du pire scénario possible: une poursuite pour libelle futile et vexatoire. Une poursuite ordinaire pourrait être intentée par pratiquement n'importe qui pour pratiquement n'importe quel motif, sur la foi de sa propre opinion, non celle des tribunaux. N'importe qui ou presque pourrait intenter une poursuite, dans ce cas, une action en justice, qui priverait un député de la totalité ou d'une partie des privilèges qui lui ont été accordés par notre Constitution. C'est aussi grave que cela.
Cela pourrait prendre des proportions beaucoup plus grandes et couvrir un plus grand nombre d'affaires et des affaires plus vastes, car nous savons que les choses sont inextricablement liées. Nous savons que cela existe. Les gens ont des amis. Si mon ami est visé, je suis visé. On pourrait trouver des arguments.
Nous devons protéger les privilèges des députés. C'est là toute la question. Ce n'est pas une question partisane. Dans ce cas, un député se retrouve dans une certaine situation. Cela nous oblige à déterminer si nous allons nous exposer à une situation susceptible de tourner très très mal et qui pourrait pratiquement paralyser cet endroit.
C'est pourquoi il faut s'en occuper maintenant. C'est pourquoi j'estime que la motion, le débat et l'argument avancé par le député de sont pertinents et sages et que c'est la chose à faire. Nous devrions appuyer la motion qui a été présentée à la Chambre.
:
Monsieur le Président, je suis content de prendre part au débat. J'ai écouté mon collègue de parler avec passion et en connaissance de cause. J'appuierai cette motion, car je crois sincèrement qu'elle aborde le coeur du sujet, à savoir le concept de la liberté d'expression.
Je tiens à souligner l'excellent travail du député de qui a présenté cette motion au nom du Parti libéral. Le député a démontré au cours des 20 dernières années qu'il connaissait à fond la procédure de la Chambre et des comité. En outre, il comprend les règles. Il est donc tout à fait logique qu'une personne de son calibre présente une motion sur l'importance des privilèges parlementaires et de la liberté d'expression. Cette motion va droit au but. Elle dit ceci:
Que la Chambre réaffirme tous ses privilèges et immunités bien établis, particulièrement en ce qui a trait à la liberté de parole.
Voilà pourquoi j'appuie cette motion. Comme je l'ai dit, il s'agit d'une question très importante.
Je citerai quelques observations formulées récemment dans des éditoriaux publiés dans des journaux nationaux et régionaux. Dans le Globe and Mail du 20 mai 2008, on pouvait lire ce qui suit:
S'il est possible de réduire les députés au silence en leur intentant un procès, même un procès frivole, il pourrait alors être beaucoup plus difficile pour les partis de l'opposition d'exiger des comptes de la part des gouvernements. Ces considérations ne préoccupent peut-être pas les conservateurs, puisqu'ils sont actuellement au pouvoir. Cependant, quand ils se retrouveront dans l'opposition [...]
— et je m'attends à ce que cela se produise sous peu —
[...] ils pourraient regretter d'avoir endossé le précédent que vient d'établir la décision de Mme Dawson.
Je lirai également une autre citation:
Maintenant que [le premier ministre] a intenté une poursuite contre les libéraux pour leurs allégations dans l'affaire Cadman, cette action pour libelle constitue-t-elle un intérêt personnel qui empêche tous les députés libéraux de soulever cette question à nouveau au Parlement?
C'est une perspective inquiétante.
On ne doit pas entériner la décision de Mme Dawson. De plus, si son interprétation de la loi est correcte, on doit alors changer la loi.
Il a fallu se battre pendant des siècles pour obtenir la liberté d'expression. On ne doit pas y renoncer sans combat.
Ces deux citations concernent directement la motion et c'est pourquoi je tenais à les lire.
Le message est très clair. La liberté d'expression est un droit fondamental de tous les députés, quelle que soit leur allégeance politique. Voilà ce qui est en cause ici.
Peu importe que les députés appartiennent à un parti d'opposition ou au parti au pouvoir. La question concerne tous les partis car nous vivons en démocratie. Cette liberté est essentielle. Tous les députés doivent être libres de répondre aux besoins de leurs électeurs sans crainte de poursuites frivoles. Les conservateurs ont vraiment tout essayé pour étouffer les questions légitimes des députés de l'opposition au sujet des scandales dans lesquels ils sont impliqués. Il ne s'agit pas d'un seul scandale. Il y en a eu plusieurs. Il y a également de nombreux problèmes auxquels doit faire face le gouvernement. Il essaie d'empêcher les députés de l'opposition d'en parler. Voilà pourquoi cette motion est très importante.
Je vais maintenant parler de mon expérience personnelle, de ce qui s'est passé aujourd'hui et au cours des derniers jours. Cette motion ne concerne pas nécessairement la liberté d'expression, mais plutôt la question plus large de la responsabilité politique. Nous avons pu observer cette nouvelle tendance à intenter des poursuites contre les députés et les partis politiques. C'est pourquoi nous prenons la parole au sujet de cette motion. Nous avons observé le mépris et l'irrespect flagrants pour les médias. Nous avons vu combien les bureaucrates étaient systématiquement blâmés. Nous avons vu le gouvernement blâmer les fonctionnaires qui travaillent jour et nuit pendant des années au service de notre pays. Nous l'avons également vu tromper les Canadiens. Voilà comment le gouvernement s'est acquitté de sa responsabilité politique.
Ce matin, je prenais la parole au Comité des opérations gouvernementales au sujet d'un dossier dont nous sommes tous au courant, en l'occurrence celui de l'ALENAgate comme certains l'appellent. Il s'agit d'un enjeu important. J'ai posé de nombreuses questions à ce sujet à la Chambre. Un rapport a été rédigé par le greffier du Conseil privé, Kevin Lynch, une personne que je respecte, un fonctionnaire qui a servi ce pays avec grand honneur, mais dont le mandat était étroit et limité.
J'ai présenté une motion, avec l'appui de mes collègues — en l'occurrence, ce matin, le député d', et il y a quelques jours, le député de . Je vais maintenant donner lecture de cette motion fort simple:
Que, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et compte tenu de l'importance des questions traitées dans le « Rapport d'enquête sur la divulgation non autorisée de renseignements diplomatiques sensibles », rédigé par le Bureau du Conseil privé, M. Kevin Lynch, greffier du Conseil privé, et d'autres témoins importants soient cités à comparaître devant le Comité des affaires étrangères et du commerce international pour témoigner sur ces questions avant que le Parlement n'ajourne pour l'été.
Est-ce que quelqu'un peut deviner ce qui s'est passé ce matin au Comité des opérations gouvernementales? Le président du comité a encore subitement mis fin au débat, levé la séance et quitté, pour essayer d'empêcher les députés de discuter d'une question très importante. Cela montre bien ce que les députés ministériels tentent de faire aux comités et à la Chambre par le biais de menaces de poursuites en diffamation. Ils essaient d'empêcher, de toutes les façons possibles, les députés de faire leur travail. Cela me pose un problème. Cela va au coeur même du problème et illustre la plus importante question de la responsabilité politique et le fait que le gouvernement n'est pas prêt à l'aborder.
Je tiens à rappeler aux téléspectateurs et aux députés pourquoi cette question est si importante. Comme nous le savons tous, une indiscrétion du chef de cabinet et de l'ambassadeur canadien aux États-Unis, M. Michael Wilson, est à l'origine de cet incident international. Cette histoire n'a pas été imaginée. Elle a mis en lumière le fait que des individus choisis par le , ayant accès à de l'information privilégiée, peuvent s'entretenir avec les médias et causer un incident de portée internationale, qu'on a appelé l'ALENAgate.
Le rapport dit « il semble que M. Brodie ait probablement discuté avec ce journaliste du sujet de l’ALENA ».
Chaque fois que je prends la parole à la Chambre pour demander au leader du gouvernement à la Chambre, au gouvernement et au de nous fournir plus de preuves que l'enquête a été menée d'une façon ouverte et transparente et que la portée du mandat permettait d'inclure les Américains à qui les courriels étaient envoyés, et d'autres personnes, ils négligent de mentionner ce bout de phrase du rapport.
L'autre aspect du rapport qui me pose un problème, c'est que...