Que, de l’avis de la Chambre, à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
— Monsieur le Président, cela me fait extrêmement plaisir d'ouvrir ce débat sur la motion, que je vais me permettre de relire — je remercie la députée de de son appui:
Que, de l’avis de la Chambre, à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
En déposant cette motion, le Bloc québécois accomplit encore aujourd'hui le travail pour lequel, depuis 1993, élection après élection, les Québécoises et les Québécois envoient une majorité de députés du Bloc québécois: les représenter à la Chambre des communes.
D'emblée, je rappelle aux députés de cette Chambre, ainsi qu'à l'ensemble des gens qui nous écoutent, que nous sommes souverainistes. Le Bloc québécois est convaincu que la meilleure manière pour la nation québécoise d'assumer l'ensemble de son développement, que ce soit sur les plans politique, économique, social, environnemental ou culturel, c'est en faisant la souveraineté du Québec.
Justement parce que nous sommes souverainistes, nous sommes les seuls en cette Chambre à pouvoir défendre sans compromis les intérêts et les valeurs de la nation québécoise. Ce travail intrinsèque du Bloc québécois, nous le devons à la nature de notre parti qui prône et promeut la souveraineté du Québec. Tous les autres partis en cette Chambre, que ce soit le Parti libéral, le Parti conservateur ou le Nouveau Parti démocratique, sont des partis canadiens qui représentent les intérêts et les valeurs de la nation canadienne. Le seul parti à pouvoir représenter exclusivement les intérêts et les valeurs de la nation québécoise, c'est le Bloc québécois.
Il arrive parfois qu'il y ait des conjonctions d'intérêts entre la nation québécoise et la nation canadienne, et il peut arriver effectivement qu'un parti canadien soit d'accord avec le Bloc québécois ou que le Bloc québécois soit d'accord avec un parti canadien pour défendre une cause, qu'elle se situe sur les plans social, politique ou environnemental.
Je sais qu'au sein des partis canadiens, les débats reflètent les débats au sein de la nation canadienne. Par exemple, sur des questions qui touchent au Protocole de Kyoto, on a pu voir le Parti libéral et le NPD s'entendre avec le Bloc québécois sur un certain nombre de mesures touchant le respect du Protocole de Kyoto. Néanmoins, lorsque les intérêts de la nation québécoise et ceux de la nation canadienne divergent, c'est fantastique de voir à quel point les trois partis canadiens peuvent s'unir, malgré leurs divergences idéologiques, pour défendre les intérêts et les valeurs de la nation canadienne au détriment des intérêts et des valeurs de la nation québécoise. Il faut rappeler que nous sommes à la Chambre le seul parti exclusivement québécois représentant la nation québécoise, capable de défendre ses intérêts et ses valeurs.
Justement parce que nous sommes souverainistes, nous voulons travailler à faciliter la transition du Québec du statut de province à celui de pays. C'est pour cela que, contrairement à ce que plusieurs fédéralistes croient, nous ne travaillons pas à bloquer les choses, comme s'amusent à dire certains de mes collègues. Au contraire, nous pensons que plus le Québec fera de gains au sein de la fédération canadienne, plus le Québec sera fort et plus l'appétit de la souveraineté sera grande au sein de la population québécoise, de la nation québécoise.
Contrairement à ce que pensent certains députés en cette Chambre et certains chroniqueurs, le Bloc québécois, la nation québécoise et l'ensemble du Québec ont intérêt à faire des gains au sein du Parlement canadien, et c'est ce à quoi le Bloc québécois travaille depuis 1993. Non seulement la reconnaissance de la nation québécoise le 27 novembre 2006 par la Chambre des communes est-elle une victoire du Bloc québécois, du Québec et de l'ensemble de la population québécoise, fédéraliste comme souverainiste, mais elle facilite aussi la transition du Québec vers sa souveraineté.
J'aime à rappeler que lors de discussions, les gens nous interpellent et nous demandent comment il se fait que la Chambre des communes ait reconnu la nation québécoise. D'abord, la nation québécoise n'avait pas besoin d'être reconnue par la Chambre des communes pour exister.
Elle existait déjà. L'ensemble de la société civile québécoise en est très consciente. L'Assemblée nationale avait déjà adopté des motions à cet égard. On n'avait donc pas besoin de cette reconnaissance pour exister. Je m'amuse toutefois à dire, puisque c'est la réalité, que le gouvernement canadien est le premier gouvernement étranger à avoir reconnu la nation québécoise. Lorsque les Québécois et les Québécoises auront tranché quant à leur avenir, je m'attends donc à ce que la nation canadienne, par le truchement de son Parlement, accepte le choix démocratique des Québécois et des Québécoises et n'entrave pas la volonté démocratiquement exprimée par la nation québécoise d'accéder à sa souveraineté. En ce sens, la décision prise le 27 novembre 2006 est extrêmement importante pour le Bloc québécois.
Il faut maintenant concrétiser cette motion, et c'est là que les problèmes commencent. Manifestement, plusieurs parmi ceux qui ont voté pour cette motion — je rappelle que 265 députés ont voté en faveur de la reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes et que 16 ont voté contre celle-ci — ont pensé qu'il s'agissait d'une reconnaissance symbolique — cela exclut évidemment les députés du Bloc. D'ailleurs, ce n'est pas très clair. Qui a-t-on reconnu? A-t-on reconnu la nation québécoise, les Canadiens français du Québec ou l'ensemble de la nation québécoise telle que les Québécois et les Québécoises la perçoivent? C'est un débat qui semble avoir cours chez les fédéralistes, mais pas chez les fédéralistes québécois et dans l'ensemble de la société québécoise.
Il faut toutefois maintenant passer de la parole aux actes. Cela signifie beaucoup de choses. Ma collègue de du Bloc québécois a déposé un projet de loi concernant le Code canadien du travail et l'application de la Charte de la langue française pour les employés travaillant dans des entreprises régies par le fédéral sur le territoire du Québec, de sorte qu'ils aient les mêmes privilèges et avantages que tous les travailleurs et travailleuses du Québec, c'est-à-dire qu'ils puissent travailler dans leur langue, en français, au sein de la société québécoise et sur le territoire du Québec. Ce projet de loi fait l'objet de débats à la Chambre.
On a déposé un autre projet de loi concernant le multiculturalisme, car la Loi sur le multiculturalisme canadien est un obstacle, un frein. Elle heurte de plein fouet la vision du Québec quant à l'intégration des nouveaux arrivants. Dans cette loi, on demande de soustraire le Québec de l'application de la Loi sur le multiculturalisme canadien pour que le Québec puisse développer pleinement son modèle d'intégration en ce qui concerne les nouveaux arrivants. J'aurai l'occasion d'y revenir.
Cela va encore plus loin que cela. Il faut aussi que cette reconnaissance de la nation québécoise commence par le règlement définitif du déséquilibre fiscal. Ce n'est pas vrai que le déséquilibre fiscal a été réglé. Au Québec, tout le monde s'entend sur ce point. L'Assemblée nationale, l'Action démocratique — les amis du premier ministre — et son chef, Mario Dumont, Jean Charest, Monique Jérôme-Forget, le Parti québécois, Mme Marois et François Legault l'ont réaffirmé: le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. La reconnaissance de la nation québécoise, c'est donc aussi la reconnaissance du règlement définitif du déséquilibre fiscal, pour que l'Assemblée nationale — la nation québécoise — ait tous les outils sur les plans économique et financier afin de mettre en œuvre les décisions qu'elle prend démocratiquement, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Combien d'années avons-nous dû nous battre pour rapatrier les mesures en formation professionnelle? Il a fallu plus de 30 ans. On a obtenu ce rapatriement en grande partie grâce aux députés du Bloc québécois et aux pressions de l'ensemble des partis à l'Assemblée nationale, des syndicats et des employeurs du Québec. Une bataille stérile pendant 30 ans nous a permis d'obtenir ce qui nous était dû dès le départ.
C'est la même chose pour le déséquilibre fiscal: il ne sera pas réglé tant que le fédéral ne renoncera pas à son pouvoir de dépenser dans les domaines de compétence du Québec. Cela signifie le droit de retrait avec pleine compensation et sans conditions de la part du Québec. Tout le monde le demande, mais on refuse de le faire. Dans le budget, à deux ou trois reprises des mesures sont annoncées concernant l'élimination du pouvoir de dépenser dans des programmes à frais partagés. Il n'y en a plus.
Personne n'est dupe par rapport à ce qui se passe présentement ici. Les partis canadiens ne veulent pas véritablement donner la possibilité à la nation québécoise de pouvoir concrétiser, par le truchement des décisions qui se prendraient ici, l'ensemble des pouvoirs qui devraient être les siens. C'est extrêmement important de dire que des projets de loi sur l'identité ont effectivement été déposés. On reviendra à la charge sur ce sujet. Toutefois, il y a aussi des facteurs financiers et économiques à prendre en considération.
J'ajoute aussi que le modèle de développement que le gouvernement est actuellement en train de mettre en place appauvrit le Québec et la nation québécoise. Le modèle de développement basé sur le pétrole ou les sables bitumineux, qui sont d'ailleurs des producteurs très importants de gaz à effet de serre, appauvrit le Québec puisqu'il importe la totalité de son pétrole. Au Québec, nous voulons développer un modèle qui ne dépend plus du pétrole ou qui en dépend de moins en moins. Or, cela va à l'encontre des intérêts de la nation canadienne, parce que c'est très clairement ce qui tire l'économie du Canada.
Comme on peut le constater, cela va extrêmement loin. Avant de revenir sur les projets de loi ou les exemples qui touchent plus spécifiquement à l'identité québécoise, j'ajoute que cette reconnaissance de la nation québécoise doit se concrétiser non seulement sur les plans financier et économique, mais aussi sur le plan des aspirations internationales de la nation québécoise. Qu'on ne vienne pas nous dire qu'on a fait un gain avec l'UNESCO, puisque cela a été démontré — on en a les preuves — que rien n'a changé en ce qui a trait à la délégation québécoise à l'UNESCO. C'est un fonctionnaire qui participe à cette délégation, sans pouvoirs réels, et lorsqu'il y a dissension entre le Québec et le Canada, c'est la voix du gouvernement canadien qui prime. Tout ce qu'on a obtenu, c'est un mémo, une circulaire administrative, envoyé au Québec pour expliquer les raisons de ces dissensions.
Par conséquent, on constate que la motion est extrêmement importante, et je ne voudrais pas que quiconque la banalise. Passer de la parole aux actes, cela ne consiste pas simplement en l'exemple qu'on a donné dans cette motion, qui est l'application du la Charte de la langue française pour ce qui est des employés régis par le fédéral, donc en des modifications au Code canadien du travail. C'est aussi reconnaître que le multiculturalisme est un obstacle au modèle d'intégration des nouveaux arrivants à la société québécois. C'est aussi reconnaître qu'il y a une culture québécoise que le gouvernement canadien ne connaît pas encore. On le constate à la façon dont les budgets sont traités: on parle de francophones et d'anglophones. Ce n'est pas cela. Au Québec, nous avons une minorité linguistique qui est la minorité anglophone, mais elle fait partie intégrante de la nation québécoise et l'on se bat aussi pour elle en cette Chambre. Cependant, il y a une langue commune, soit le français. En ce sens, la politique du multiculturalisme basée sur le bilinguisme est un obstacle à ce modèle d'intégration, comme je l'ai mentionné.
Il faut donc reconnaître la culture québécoise, mais il faut aussi lui donner les outils. Cela veut notamment dire transférer les responsabilités touchant aux télécommunications, à l'ensemble de la radio-télédiffusion et aux nouvelles formes de technologies de l'information sous la responsabilité du gouvernement du Québec, ce que demandait d'ailleurs Duplessis à l'époque où la radio a commencé à s'imposer sur le plan des communications.
C'est donc une motion extrêmement importante et extrêmement large, comme je le mentionnais. On souhaite qu'elle soit adoptée, parce qu'à notre avis, tous les gains qu'on fera permettront à la nation québécoise et à la société québécoise de se renforcer et, grâce à cette force, d'avoir un appétit toujours plus grand pour la souveraineté du Québec. Finalement, ces gains faciliteront la transition du Québec du statut de province à celui de pays. Ainsi, comme je le mentionnais dès le départ, c'est avec beaucoup de sincérité que nous voulons que les partis canadiens adoptent cette motion et, par voie de conséquence, qu'ils répondent favorablement aux demandes que j'ai exprimées.
Il me reste peu de temps, et je souhaite revenir spécifiquement sur l'exemple qu'on a donné dans cette motion. Je le rappelle: pour nous, le corps de la motion est bien de passer de la parole aux actes pour concrétiser la reconnaissance de la nation québécoise. Or, c'est un domaine extrêmement large qui doit inclure des modifications substantielles des rapports entre le Québec et le Canada. Toutefois, comme je le mentionnais, on donne un exemple, à savoir notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail s'applique aux employés des entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
Cet exemple, on l'a mis, on l'a concrétisé parce que le projet de loi a déjà été soumis par ma collègue de — je l'ai mentionné — pour s'assurer que les députés en cette Chambre auront la possibilité, dans un premier domaine, de concrétiser cette reconnaissance de la nation québécoise.
Il est tout à fait anormal que des employés, des travailleurs, des travailleuses qui sont dans des entreprises sous juridiction fédérale n'aient pas les mêmes droits que les travailleurs et les travailleuses régis par le Code du travail du Québec. C'est totalement anormal. Comment expliquer que 275 000 travailleurs et travailleuses au Québec n'aient pas le droit de travailler en français. C'est cela la Charte de la langue française, soit de permettre aux francophones, aux gens qui veulent travailler en français, de le faire. Je sais très bien ce qu'on va me dire — et c'est ce que nous a répondu à quelques reprises la — qu'on favorise les deux langues officielles au Canada, soit le français et l'anglais. Cela, c'est le vernis. La réalité est autre. Tout le monde le sait et les statistiques sont là, encore une fois. Sur la base du recensement de 2006, Statistique Canada démontre que le français est en régression partout dans le reste du Canada et est très fragile au Québec.
Donc, le gouvernement fédéral devrait envoyer un signal extrêmement important à savoir qu'il reconnaît que puisque la nation québécoise a le français comme langue commune, comme seule langue officielle, il faut que tous les travailleurs et toutes les travailleuses puissent avoir le droit de travailler en français au Québec. Or, ce n'est pas le cas. Je connais des gens qui travaillent dans des aéroports et qui, dans le cadre de leur travail, sont souvent obligés de s'exprimer en anglais. Dans des banques, des personnes sont souvent obligées de travailler en anglais. Ce n'est pas normal et cela envoie un très mauvais signal.
D'ici la fin du mois d'avril, nous aurons la chance de débattre d'un projet de loi à ce sujet en troisième lecture et de l'adopter. Il serait extrêmement important d'envoyer ce signal que la nation canadienne comprend très bien que la nation québécoise, dont le français est la langue officielle, la langue commune, a besoin d'un petit coup de pouce sur le plan symbolique. En effet, on parle de 275 000 travailleurs. Ce n'est pas la révolution. On a besoin de ce petit coup de pouce supplémentaire pour relancer la francisation de l'ensemble de la population québécoise. En effet, et malheureusement, l'interprétation des chiffres des derniers sondages ne permettait pas de conclure qu'il n'y avait pas actuellement une certaine stagnation dans les efforts faits au niveau de la francisation, en particulier dans les entreprises.
D'ailleurs, hier, la ministre de l'Immigration du Québec a annoncé de nouvelles mesures en ce sens. Or, même avec ces nouvelles mesures, si on reste dans le cadre du multiculturalisme canadien, avec deux discours, un qui prône le bilinguisme et l'autre qui prône la langue commune qu'est le français, on se heurtera à un problème. On va créer et on a créé la confusion. On va affaiblir les efforts de la nation québécoise pour assurer l'intégration harmonieuse de l'ensemble des nouveaux arrivants.
Peut-être que le nous dira qu'il est extrêmement compliqué de s'assurer que la Charte de la langue française s'applique aux entreprises sous juridiction fédérale. Ce n'est pas si compliqué que cela. D'abord, comme je le mentionnais tout à l'heure, on parle de 275 000 travailleurs et travailleuses qui oeuvrent dans des secteurs extrêmement stratégiques sur le plan de l'avenir économique du Québec. Par exemple, on parle du secteur de l'aérospatial, des entreprises de télécommunications, du secteur financier. Ce sont en fait des secteurs stratégiques où le français devrait être la langue de travail prédominante.
Je donnerai l'exemple du salaire minimum. Si c'était si compliqué que cela, je ne comprendrais pas que, par des dispositions administratives, on se soit entendu pour que le salaire minimum pour les entreprises sous juridiction fédérale au Québec soit le salaire minimum du Québec, décidé par le gouvernement du Québec, par la Commission des normes du travail. Donc, c'est techniquement faisable. C'est la volonté politique qui est absente pour le moment.
Espérons qu'on concrétisera la reconnaissance de la nation québécoise par des gestes réels, comme l'adoption de cette motion, du projet de loi déposé par ma collègue de , du projet de loi sur le multiculturalisme que j'ai moi-même déposé et qui sera débattu au cours du mois d'avril et d'autres projets de loi qu'amènera le Bloc québécois. Sinon, tout le monde au Québec comprendra ce que plusieurs d'entre nous soupçonnent, soit qu'en novembre 2006, il ne s'agissait que d'une manoeuvre politique et qu'il n'y avait pas véritablement de reconnaissance de la nation québécoise. Le fond du problème du Canada est le fait que les Canadiens, les Canadiennes et leurs représentants politiques n'ont jamais accepté le fait qu'au sein de l'espace politique canadien, il y avait d'autres nations. La nation québécoise, les Premières nations et la nation acadienne sont toutes des nations avec des caractéristiques différentes.
Toutefois, l'absence de reconnaissance de cette nation québécoise par la nation canadienne fait en sorte qu'au bout du compte, pour le Bloc québécois, la seule véritable solution demeure la souveraineté et l'indépendance du Québec.
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Monsieur le Président, je vous remercie de m'offrir cette occasion de prendre la parole. Je voudrais tout d'abord dire que je vais partager mon temps avec mon honorable collègue, le , député de .
Je vous remercie de m'accorder le privilège de répondre à une motion qui demande à ce gouvernement d'agir en contradiction avec la portée et l'objectif de la législation fédérale qui existe présentement.
J'aimerais justement commenter les amendements proposés au Code canadien du travail et comment ceux-ci sont fondés sur une méconnaissance évidente du Code canadien du travail et de son intention ou, en termes pratiques, de ce qui est possible et de ce qui n'est pas possible en vertu du Code canadien du travail.
Je rappelle que ces amendements ont déjà été présentés dans le projet de loi , un projet de loi d'initiative parlementaire, qui exige « que les entreprises fédérales qui exercent leurs activités sur le territoire du Québec soient assujetties aux exigences prévues dans la Charte de la langue française ».
Quel est donc l'objectif du Code canadien du travail? Il a trois parties. La partie 1 traite des relations de travail, la partie 2 traite de la santé et la sécurité au travail et la partie 3 traite des normes du travail. Allons un peu plus en détail sur ce qu'il y a dans celui-ci.
Ce serait certainement une première dans l'histoire du droit du travail si une telle mesure était adoptée par la Chambre. On parle de la motion du Bloc québécois. En effet, à ma connaissance, aucune législation du travail, ni même au niveau des provinces, ne protège les droits linguistiques quand on parle du code du travail. Même le Code du travail du Québec ne mentionne pas la langue. Comme le Code canadien du travail, il traite plutôt des questions relatives au travail.
Soyons clairs de façon à ce qu'il n'y ait aucune confusion. Le Code canadien du travail traite exclusivement des questions relatives au monde du travail. La langue n'a rien à voir avec ce qui est visé par le code. Le gouvernement fédéral a adopté d'autres lois plus appropriées pour traiter justement des questions linguistiques.
Je reviens au Code canadien du travail. Les amendements proposés sont donc complètement inappropriés vu le but de la législation. C'est pour cette raison qu'il est impossible d'appuyer les mesures proposées par nos collègues certes bien intentionnés, mais mal conseillés.
Qu'est-ce qui est possible en vertu du Code canadien du travail? Je crois que nous devrions prendre quelques minutes pour revoir ce que le code permet pour les employeurs et les travailleurs dans les industries sous réglementation fédérale telles que le secteur bancaire, les communications et le transport ferroviaire, maritime, aérien et interprovincial. Tous ces secteurs relèvent du gouvernement fédéral. Il s'agit d'une loi essentielle qui comporte un mandat d'une grande importance au niveau du Code canadien du travail.
Le code est appliqué uniformément de façon égale dans la totalité des provinces et des territoires du Canada, y compris le Québec. Il s'applique à toutes les entreprises que j'ai citées tout à l'heure dont les activités sont soumises à la compétence fédérale. Le Code canadien du travail sert à protéger par exemple les travailleurs en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique exactement de la même manière qu'il sert et protège les travailleurs au Québec. De même, chaque province et territoire possède sa propre législation du travail pour soutenir tant les employeurs que les employés qui se retrouvent à l'intérieur de leurs compétences respectives.
Au Québec, entre autres, le Code canadien du travail protège les droits de plus de 180 000 travailleurs canadiens. Dans l'ensemble du Canada, presque 10 p. 100 des travailleurs canadiens ou 1,3 millions de personnes sont protégés par le code en vertu de notre propre juridiction au plan fédéral.
Que fait le Code canadien du travail? Il définit les droits et les obligations de l'employeur et des employés en ce qui concerne les relations de travail, la santé et la sécurité au travail ainsi que les normes minimales d'emploi. Tous ces éléments permettent de s'assurer que les Canadiens bénéficient de conditions d'emploi sans danger, saines, équitables et productives.
On admet que les relations de travail proactives entre les gestionnaires et les employés favorisent un environnement de travail positif et, ultimement, profitent au résultat essentiel de n'importe quelle entreprise. Cela profite à la fois aux employés et aux employeurs. Lorsque les conditions de travail sont saines parce qu'elles sont bonnes, l'employé est plus heureux et content de faire son travail, et il devient plus productif. Pour l'employeur, il y a moins de conflits et de temps d'arrêt de travail. C'est donc aussi plus bénéfique pour lui.
La partie I du Code canadien du travail définit ces bonnes relations de travail et aide les parties à résoudre les conflits associés aux négociations de conventions collectives et à d'autres situations dans le secteur de l'industrie. Il s'agit d'un document législatif clé qui définit les pratiques de travail non équitables ainsi que les bases de l'arbitrage et des règlements.
Parlons maintenant de santé et sécurité au travail, soit de la partie II du Code canadien du travail. Tous les Canadiens ont le droit de travailler en santé et en sécurité. Cette question de santé et sécurité au travail est de plus en plus pointue. C'est sérieux. Un employeur doit prendre les mesures appropriées pour s'assurer que les conditions de travail des employés sont sécuritaires, sans quoi il peut y avoir des plaintes formelles devant la cour. L'employeur sait que l'employé doit absolument travailler de façon sécuritaire, et il doit prendre des mesures à cette fin.
La partie II offre donc des lignes directrices visant à prévenir les accidents, les blessures ainsi que les maladies associées au travail, en décrivant les mesures que les employeurs et les employés peuvent utiliser, tout en régissant les normes de sécurité afin de minimiser les risques pour la santé et la sécurité des employés.
Parlons maintenant de la partie III du Code canadien du travail. Les autorités du gouvernement fédéral, les chefs d'entreprise et les syndicats comptent depuis longtemps sur la partie III du Code canadien du travail afin de négocier des normes d'emploi justes et équitables pour leurs employés des secteurs sous réglementation fédérale. Ces normes définissent entre autres le salaire minimum, dont le Bloc québécois parlait tout à l'heure. D'une province à l'autre, le salaire minimum n'est pas le même. Sans vouloir faire pression sur les provinces, le gouvernement fédéral a voulu être respectueux à leur égard. Quand une province définit un salaire minimum, les employés sous juridiction fédérale qui travaillent dans cette province auront le même salaire minimum que la province ou que le territoire aura établi.
Les normes définissent donc, entre autres, le salaire minimum, le paiement des heures supplémentaires, les heures de travail, les congés, les vacances, le congé parental, la procédure de mise à pied et les indemnités de départ. Le Code canadien du travail fait tout cela dans la partie III. Il protège les droits des travailleurs en informant les employeurs des obligations qu'ils doivent respecter. Ils doivent à tout le moins respecter la norme minimale acceptable dans ces secteurs, tout en assurant une conformité.
Qu'entendons-nous par conformité? Nous voulons tous de bonnes lois dans l'environnement de travail. Cependant, nos lois ne sont efficaces qu'à la condition que les employeurs et le public les respectent. Si une loi n'est pas respectée, ce n'est pas bon. Nos lois ne sont donc efficaces qu'à la condition que le public les respecte et qu'elles soient renforcées par leur mise en exécution.
La démarche de notre gouvernement en matière d'exécution des lois fait ressortir la responsabilité interne ainsi que la collaboration à la fois des travailleurs et des employeurs. Il s'agit des meilleurs outils que nous possédons dans le monde moderne pour obtenir les résultats souhaités. À cette fin, nous avons investi dans l'éducation, ce qui suppose de mettre en commun les pratiques exemplaires. Nous offrons également des conseils spécialisés en règlement de conflit et nous faisons en sorte de réaliser des vérifications et des inspections sur les lieux de travail et dans les entreprises, particulièrement celles à risque élevé.
Je tiens à souligner que le Code canadien du travail, les règlements ainsi que l'orientation qui le soutiennent constituent un modèle de pratique exemplaire pour tous les pays de la planète lorsqu'ils élaborent leur propre législation du travail. Par exemple, grâce à nos accords de coopération en matière du travail dans les pays des Amériques comme le Chili, le Costa Rica et le Pérou, nous offrons une aide technique basée sur presque 60 ans d'existence du code afin d'encourager la coopération sur des enjeux liés au travail et d'aider les gouvernements à légiférer sur la protection des droits du travailleur.
En conclusion, nous devrions être fiers de la réputation internationale du Canada pour ce qui est du Code canadien du travail, de ses lois et également de ce qu'il essaie de promouvoir dans les pays pour protéger le plus possible les droits des travailleurs.
Cette question ne relève pas du Code canadien du travail. D'ailleurs, on sait que des gens parlent anglais au Québec et ils ont aussi le droit de recevoir des services dans la langue de leur choix.
En outre, lorsqu'un employeur fait affaire à l'international ou ailleurs dans d'autres provinces, il arrive bien sûr que des employés doivent parler anglais pour répondre aux exigences de notre pays qui reconnaît deux langues: l'anglais et le français.
Actuellement, on parle du Code canadien du travail et c'est dans ce contexte que nous jugeons la motion du Bloc québécois inappropriée.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole afin de répondre à la motion du député de , et ce, d'autant plus qu'il s'agit de démontrer que le discours des députés du Bloc ne tient pas la route lorsqu'il est question de langues officielles. En fait, leur point de départ consiste invariablement à prétendre que le français ne peut s'épanouir au Canada, ce qui est en flagrante contradiction avec les faits et avec la réalité historique de notre pays.
Je tiens à assurer que notre gouvernement est fermement engagé à respecter ses obligations quant à l'appui aux langues officielles et à la promotion du français et de l'anglais dans l'ensemble du Canada.
Je commencerai d'abord par tracer les grandes lignes du régime linguistique mis en place par le gouvernement du Canada au cours des dernières décennies. C'est un régime linguistique dont l'objectif et les résultats effectifs ont toujours été de favoriser et non d'entraver l'épanouissement de nos deux langues officielles.
La première Loi sur les langues officielles, adoptée en 1969, établissait les bases de la protection et de la mise en valeur de la dualité linguistique au Canada. L'adoption de cette loi s'inspirait des recommandations de la Commission Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme.
Par la suite, nous avons assisté à l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, incluse dans les modifications constitutionnelles découlant du rapatriement de la Constitution canadienne. Cette charte énonce clairement que le français et l'anglais sont les langues officielles du Canada et que ces deux langues ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans les institutions du Parlement et du gouvernement du Canada.
Une nouvelle Loi sur les langues officielles entrait en vigueur en 1988 pour tenir compte et mettre en oeuvre les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés. Cette nouvelle loi faisait place à des dispositions concernant la promotion de l'anglais et du français, qu'un amendement en 2005 est venu renforcer.
J'en profite pour rappeler qu'à cette occasion, c'est une résolution unanime de notre caucus qui a permis l'adoption de cet amendement ayant notamment pour objectif de favoriser l'épanouissement des communautés francophones et anglophones vivant en situation minoritaire au Canada et d'appuyer leur développement.
Cette description des jalons de la reconnaissance du français au cours des dernières décennies permet de comprendre qu'il existe au Canada un consensus sur les langues officielles: la dualité linguistique canadienne représente une composante essentielle de l'identité canadienne et une richesse extraordinaire pour toute la société.
Notre gouvernement est pleinement en faveur de ce régime linguistique, qu'il a d'ailleurs l'intention de renforcer prochainement comme l'annonçait le dernier discours du Trône.
J'insiste sur le fait que les dispositions relatives à la dualité linguistique ne contredisent pas la Charte de la langue française, comme le laissent croire les députés du Bloc. La Charte de la langue française s'applique en effet pleinement dans les domaines de compétence du Québec, et c'est très bien ainsi.
Permettez-moi de préciser en passant que la Loi sur les langues officielles s'applique essentiellement aux institutions du gouvernement du Canada et à quelques autres en plus, comme Air Canada. Cette loi a notamment pour objectif d'assurer que les services soient rendus aux citoyens dans la langue de leur choix. Ceci est vrai dans une pluralité de cas.
Les citoyens de la langue minoritaire peuvent ainsi recevoir des services dans l'une ou l'autre langue officielle. Comme le révélaient les données du dernier recensement, 98 p. 100 de la population canadienne parle l'anglais ou le français, ce qui nous permet de rejoindre à peu près tout le monde en utilisant l'une ou l'autre langue.
Les politiques du gouvernement du Canada en ce qui a trait à la mise en oeuvre de la Loi sur les langues officielles font une place importante à la dualité linguistique. Je peux ajouter sans hésitation que de nombreuses politiques et de nombreux programmes visent directement la langue française elle-même.
Un exemple concret est l'appui à l'enseignement de la langue de la minorité à travers tout le pays. Plusieurs provinces ont mis sur pied des programmes d'immersion au cours des dernières années.
Il est trop tôt pour évaluer les résultats définitifs de ces mesures, mais les demandes d'apprentissage de la langue seconde augmentent constamment.
L'enseignement du français comme langue de la minorité constitue un volet qu'appuie directement le gouvernement du Canada auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux. Des ententes de financement sont en effet en vigueur à cet égard.
En ce qui a trait à la connaissance du français, je me permets de souligner que d'après les données du dernier recensement, les anglophones du Québec sont de plus en plus bilingues. Leur taux de bilinguisme atteint 70 p. 100 alors que chez les jeunes, il dépasse 80 p. 100. On peut donc affirmer que les programmes d'appui aux langues officielles favorisent directement l'apprentissage du français d'un bout à l'autre du pays.
Dans le domaine de l'immigration qui, comme chacun le sait, permet au Québec de sélectionner ses propres candidats, le gouvernement du Canada respecte pleinement la compétence provinciale et ses objectifs de francisation. Vous savez que depuis plusieurs décennies, des ententes sont en place à ce sujet et que des sommes considérables sont ainsi versées au gouvernement du Québec pour faciliter l'intégration de ces immigrants.
Dans les données du dernier recensement, encore une fois, on peut constater que pour la première fois au Québec, une majorité d'allophones qui ont effectué un transfert linguistique l'ont fait vers le français plutôt que vers l'anglais. Cette tendance semblerait s'installer solidement puisque les trois quarts des nouveaux arrivants, ceux arrivés en 2001 et 2006, qui parlent l'anglais ou le français à la maison ont opté pour le français comme langue principale. Bref, les immigrants arrivés au Québec après 1971 adoptent majoritairement le français.
Comme le disait le très honorable Stephen Harper...
Des voix: Oh, oh!
M. Pierre Lemieux: Comme le disait le très honorable l'année dernière, le français est la première langue canadienne, et les développements que je vous rapporte indiquent que son importance est toujours présente. Qu'elle soit la première sur le plan de la chronologie, nous aurons l'occasion de le souligner avec faste l'an prochain, lors du 400e anniversaire de la ville de Québec.
La langue française est aussi une langue internationale qui est parlée sur tous les continents. De plus, je rappelle qu'elle se classe parmi les dix premières langues parlées dans le monde entier. Après l'anglais, c'est le français qui a un statut officiel dans le plus grand nombre de pays. Comme vous le savez, le gouvernement du Canada appuie activement les institutions de la francophonie internationale.
Après avoir brossé ce tableau général de l'appui du gouvernement du Canada à la langue française, je me demande bien pourquoi il faudrait amender la législation fédérale pour une prétendue meilleure protection du français au Québec. Le gouvernement du Canada tient en effet déjà compte de la réalité francophone du Québec dans l'ensemble de ses actions, et plusieurs indicateurs suggèrent que cela porte fruit: au Québec, comme dans le reste du Canada, la promotion du français demeure une priorité, et nous y sommes engagés.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec le député de .
Ma première réaction devant cette motion du Bloc québécois est surtout faite de perplexité. Que veut donc le Bloc québécois, si ce n'est d'exploiter, comme le montre le texte de sa motion, des thèmes qui relèvent du nationalisme identitaire, tout cela pour tenter de justifier sa raison d'être, un exercice qui, permettez-moi de le souligner, semble particulièrement pénible à ce parti ces jours-ci.
Si je suis perplexe, c'est d'abord parce que les termes de cette motion démentent assez nettement la prétention que, depuis longtemps, le Bloc québécois affiche quant à son nationalisme qui serait prétendument « civique », donc inspiré d'un type de nationalisme qui n'aurait rien à voir avec des dimensions ethniques.
Mais, en dépit de cette prétention de nationalisme « civique » du Bloc, la motion elle-même identifie la nation québécoise avec la langue de la communauté ethnique majoritaire du Québec. En ce sens, cette motion montre noir sur blanc que le Bloc cherche surtout à justifier sa raison d'être en remettant de l'avant un discours qui me paraît usé jusqu'à la corde et qui cherche à tirer profit de l'insécurité identitaire et culturelle que peuvent ressentir certains au Québec.
Cependant, la question de fond, à mes yeux et en tant que Québécois francophone, est celle de la confiance en nous-mêmes. Car ce que cette motion indique, c'est que le Bloc n'a pas confiance en ce que sont les Québécois, comme si le Québec ne constituait pas une société assez mature pour assumer sa langue et sa culture sans se sentir menacée par quiconque.
Aussi, le Bloc exhorte souvent les Québécois à « assumer leur destin et leur identité ». Il est évident que le mouvement indépendantiste et nationaliste carbure essentiellement à l'insécurité ressentie par plusieurs devant le fait que le Québec forme la seule société majoritairement francophone en Amérique.
Par-delà leur rhétorique sur la « Nation », les leaders indépendantistes parlent bien peu du véritable fiasco qu'est devenu l'enseignement de la langue française dans le système d'éducation du Québec au cours des dernières décennies.
En effet, il arrive que, trop souvent, des jeunes ayant passé à travers l'école primaire et secondaire, puis par le cégep, ne parviennent pas à écrire un français correct alors qu'ils arrivent sur les bancs de l'université.
Si le Bloc était aussi soucieux qu'il le prétend de l'avenir et de la vitalité du fait français au Québec, il ne présenterait pas une motion comme celle que nous débattons aujourd'hui, et qui ne représente en réalité qu'une tactique visant à justifier sa raison d'être en ce Parlement, en plus du fait que la mesure proposée par le Bloc est en réalité une diversion par rapport au réel défi qui est posé par le français au Québec, mais aussi dans les autres provinces canadiennes.
Pour qu'elle puisse se projeter dans l'avenir, la langue française doit d'abord et avant tout être pleinement assumée par ceux qui la parlent. Et cela passe d'abord par un système public d'éducation qui puisse permettre aux Québécois de bien maîtriser leur langue grâce à un enseignement de qualité.
Ce qui devrait motiver nos collègues du Bloc, c'est la nécessité au Québec d'adopter d'urgence les mesures qui s'imposent pour que le système d'éducation puisse réellement offrir un meilleur enseignement du français et ainsi contribuer à ce qu'on parle encore français dans le Québec pour les générations à venir.
Il y a deux ans, trois enseignants du Québec, Luc Germain, Luc Papineau et Benoît Séguin, dans leur livre Le grand mensonge de l'éducation, sonnaient l'alarme et dénonçaient le fait bien réel que, rendus à l'université, trop peu de nos jeunes maîtrisent correctement le français. Permettez-moi de citer brièvement ces mêmes auteurs.
Actuellement, maintenant, présentement — demandent nos trois auteurs — , les finissants du secondaire et du collégial écrivent-ils bien? Maîtrisent-ils leur langue? Et la réponse est non. Au-delà des grandes envolées patriotiques rassurantes, on malmène et on enseigne de façon parfois médiocre ce qui nous assure un caractère unique, distinct: notre langue.
Ce que font les auteurs de ce livre, c'est de renvoyer les Québécois francophones à leurs propres responsabilités d'assumer le destin de leur langue. Cette responsabilité est d'abord individuelle, car il appartient à chacun de faire l'effort requis. Elle est aussi collective et pour cela, le Québec dispose du plein contrôle de son système public d'éducation, donc il a pleinement les moyens de le faire.
Impossible en effet, sur cette question, de blâmer qui que ce soit d'autre, car l'éducation primaire, secondaire et collégiale est bel et bien une compétence strictement québécoise. Il en va donc de la responsabilité de chaque Québécois francophone d'assurer la perpétuation de la langue française par un enseignement plus solide et plus efficace et d'exiger du gouvernement du Québec qu'il accentue les efforts pour atteindre ce but vital pour l'avenir de la langue française en notre coin d'Amérique.
Donc, au lieu de ce discours creux qui invoque la « nation » à tort et à travers, ou au lieu encore de mettre de l'avant des mesures de diversion dont les objectifs se révèlent essentiellement partisans et qui, aussi, ne responsabilisent personne en rien, le Bloc devrait se soucier et se préoccuper davantage de la qualité de l'enseignement du français au Québec.
C'est de cette manière-là, surtout, qu'on peut agir concrètement pour atteindre ce but de préserver la langue et la culture françaises chez nous. D'attiser les insécurités identitaires est une voie qui, en plus de relever d'une démagogie qui n'apporte jamais rien de bon en démocratie, est surtout tout à fait contre-productive car elle nous éloigne de nos responsabilités tant individuelles que collectives.
En terminant, j'aimerais rappeler que la vaste majorité des Québécois n'est en rien angoissée au sujet de la survie de son identité linguistique ou culturelle francophone. Contrairement à ceux qui ne cessent d'alarmer nos citoyens contre la prétendue menace qu'opposeraient leurs compatriotes anglophones aux immigrants, les Québécois ont une confiance indéfectible en leur capacité d'assumer pleinement leur langue et leur culture, et de se projeter dans l'avenir.
Je trouve important de rappeler ce fait qui caractérise la plupart des Québécois. Ces derniers ne seront pas dupes de la manœuvre de diversion que constitue cette motion du Bloc, car ils ont assez confiance en eux-mêmes et aussi assez de lucidité pour ne pas y souscrire. Ce que veulent les Québécois, c'est la mise en œuvre de mesures concrètes et positives de la part du gouvernement du Québec lui-même, qui assureront la vitalité et l'avenir du fait français. Les Québécois savent que ce ne sont pas des manœuvres politiques qui permettront d'atteindre cet objectif, qui est en lui-même trop important pour être entaché d'intérêts politiques strictement partisans. Pour ces raisons, le Parti libéral s'opposera à cette motion.
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Monsieur le Président, nous avons aujourd'hui devant nous la motion suivante du Bloc québécois, qui demande ceci:
Que, de l’avis de la Chambre, à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
Cette motion essaie de perpétuer les vieilles craintes voulant que la langue française soit constamment menacée et que les efforts précédents des gouvernements canadiens pour promouvoir le français à l'intérieur et à l'extérieur du Québec aient été futiles.
Le Bloc québécois a toujours défendu les compétences du Québec. Toutefois, cette motion imposerait la loi provinciale aux entreprises relevant de la juridiction fédérale. Il déclare faussement que la langue française au Québec est en déclin catastrophique. En fait, le recensement de 2006 et le rapport de l'Office québécois de la langue française, publié le 5 mars 2008, indiquent autre chose. Plus précisément, l'utilisation de la langue française dans le milieu du travail au Québec a progressé, si l'on compare avec des statistiques du recensement de 2001.
Il est aussi important de considérer que les changements proposés par le Bloc pourraient en fait menacer les droits de la minorité anglophone au Québec.
Le Bloc aimerait « ghettoïser » le français et isoler le Québec sur la question des langues en ne tenant aucun compte de la situation des autres provinces. Un Canada bilingue avantagerait toutes les provinces et toutes les minorités linguistiques. Dans de nombreuses provinces et dans les territoires, les taux de bilinguisme augmentent, ce qui démontre la vitalité des communautés linguistiques minoritaires. De plus, un sondage récent que l'on retrouve dans le rapport Lord indique qu'une grande majorité de Canadiens croient que le bilinguisme est un élément qui définit notre pays.
Tel qu'on l'a mentionné tout à l'heure, le Parlement adoptait, le 27 novembre 2006, la motion reconnaissant que le Québec forme une nation. Depuis ce vote historique, le Bloc essaie de forcer le gouvernement fédéral à mettre en oeuvre des politiques qui rapprocheraient davantage la nation du Québec à l'image rêvée par le Bloc. Cette motion est seulement la dernière tentative du Bloc en ce sens. En forçant les entreprises relevant de la juridiction fédérale à se conformer à la Charte de la langue française du Québec, la motion donne en fait préséance aux lois provinciales du Québec sur les lois fédérales et, du point de vue du Bloc, fait reconnaître davantage le caractère de nation du Québec.
Le Bloc québécois a également présenté une mesure législative sur le thème du projet de loi . Le texte de loi bloquiste aurait pour résultat de modifier le Code canadien du travail pour que les entreprises qui font des affaires au Québec et qui sont déjà assujetties à la loi fédérale soient assujetties à la Charte provinciale de la langue française. Le Bloc québécois essaie d'imposer la Charte de la langue française, la loi 101, aux entreprises assujetties à la loi fédérale en occupant ce qu'il appelle un « vide réglementaire ». En effet, la clause 34 de la partie V de la Loi sur les langues officielles stipule que:
Le français et l’anglais sont les langues de travail des institutions fédérales. Leurs agents ont donc le droit d’utiliser, conformément à la présente partie, l’une ou l’autre.
Le Bloc soutient que cette loi ne mentionne pas les entreprises qui relèvent de la juridiction fédérale, mais plutôt des « institutions fédérales », ce qui leur permettrait d'imposer les dispositions de la charte aux entreprises qui relèvent de la juridiction fédérale.
La proposition du projet de loi révèle l'hypocrisie du Bloc québécois sur cette question puisqu'elle empiète sur des lois fédérales déjà établies. Le Bloc québécois n'a pas non plus donné de détails sur les conséquences économiques et structurelles de son projet de loi pour les entreprises assujetties aux lois fédérales ou pour le Québec, qui applique la loi sur les langues.
Ce qui manque également à l'explication du Bloc est la façon dont la minorité anglophone serait protégée. Même le commissaire aux langues officielles du Canada, M. Graham Fraser, a déclaré que le projet de loi pourrait menacer les droits des minorités anglophones, particulièrement au niveau de la prestation de services.
La motion du Bloc attaque le coeur même du bilinguisme, qui est une valeur canadienne.
Le principal message de cette motion est qu'il faut promouvoir le français au Québec sans penser aux minorités linguistiques qui se trouvent à l'extérieur de la province. Il est important de noter que, selon Statistique Canada, la proportion de Canadiens ayant le français comme langue maternelle a augmenté de 1,6 p. 100 entre 2001 et 2006. De plus, pendant la même période de temps, la proportion d'anglophones connaissant le français est passée de 9 p. 100 à 9,4 p. 100. La proportion d'allophones connaissant le français est passée de 11,8 p. 100 à 12,1 p. 100 au cours de la même période.
Au Québec, en 2006, près de sept anglophones sur dix, soit 68,9 p. 100, ont déclaré connaître le français et l'anglais comparativement à 66,1 p. 100 en 2001. Il est également important de noter que le taux de bilinguisme a augmenté dans huit des douze provinces et territoires, à l'exception du Québec, de 1996 à 2006.
Pour appuyer la thèse selon laquelle le bilinguisme est au coeur des valeurs canadiennes, je dirai que la popularité du bilinguisme a également augmenté depuis 2003. En effet, elle est passée de 56 p. 100 en 2003 à 72 p. 100 en 2006 chez les Canadiens. L'un des principaux arguments du Bloc québécois est que le français comme langue de travail est menacé et que l'imposition de la charte à un plus grand nombre d'entreprises améliorerait la situation. Pourtant, le recensement de 2006 réalisé par Statistique Canada montre tout le contraire. En 2001, 63 p. 100 des immigrants parlaient français sur leur lieu de travail. En 2006, ils étaient 65 p. 100. Par ailleurs, 60 p. 100 des immigrants allophones utilisaient le français en 2001. Ce taux est passé à 63 p. 100 en 2006.
De plus, dans le secteur de la vente au détail qui relève des provinces, l'utilisation de l'anglais sur le lieu de travail a progressé de 1 p. 100, ce qui semble indiquer que même les lois provinciales sur la langue n'ont pas les effets escomptés.
Le Plan d'action pour les langues officielles élaboré par le chef de l'opposition officielle et le gouvernement libéral en 2003, et doté de 810 millions de dollars, est au coeur de la démarche libérale en faveur des langues officielles. Ce plan vise à aider les minorités linguistiques partout au pays, y compris la minorité anglophone au Québec.
Dans un discours prononcé en juin 2007 au Sommet des communautés francophones et acadienne, notre chef s'est engagé à poursuivre la mise en oeuvre du plan libéral, à poursuivre les efforts fournis et à rétablir le Programme de contestation judiciaire si important pour les minorités tout en doublant son budget.
Le Bloc québécois se doit de trouver le moyen de prendre le gouvernement conservateur en défaut sur sa reconnaissance de la nation québécoise. Il s'est littéralement fait déculotter par le gouvernement conservateur lorsque, croyant embarrasser le nouveau gouvernement en le mettant au défi de prouver sa sincérité au sujet du fédéralisme d'ouverture, le Bloc québécois a présenté une fois de plus une motion sur la reconnaissance de la nation québécoise. Lorsque le gouvernement minoritaire conservateur a repris cette initiative à son compte et est parvenu à faire adopter une motion reconnaissant la nation québécoise au sein d'un Canada uni, le Bloc québécois a été pris de court et les questions sur la pertinence de son existence ont recommencé à se faire entendre.
En conclusion, cette motion est une intrusion dans les champs de compétence du fédéral. Le Bloc québécois passe son temps à dénoncer les intrusions du fédéral dans les champs de compétence des provinces et, à chaque fois, il joue les vierges offensées. Le Bloc québécois présente cette motion pour une seule et unique raison: tenter de démontrer la pertinence de son existence.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de prendre aujourd'hui la parole au sujet de la motion d'opposition du Bloc québécois, portant sur la Charte de la langue française. Bien qu'elle a été lue à plusieurs reprises depuis 10 heures ce matin, cette motion parrainée par le député de est importante et mérite que je la relise:
Que, de l'avis de la Chambre, à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s'applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
À mon avis, c'est clair que dans cette motion, on parle des entreprises et non du service donné par le gouvernement fédéral. Il y a une grande différence entre les deux.
Parlons de la langue de travail. Comme on le sait, la loi 101, par l'intermédiaire de la Charte de la langue française, donne la chance aux francophones du Québec de travailler dans leur langue.
J'aimerais mentionner que je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Cette motion va dans la même direction que le projet de loi . Le NPD s'est prononcé sur le projet de loi C-482. Il l'a appuyé dès la première instance. Le rôle du Parlement est de mettre en avant des projets de loi. Néanmoins, il ne faut pas le faire aveuglément. Dans la mesure du possible, il faut pouvoir procéder à l'étude d'un projet de loi. Si l'on veut changer les lois au Canada, on doit d'abord les étudier. Le Parlement est formé de la Chambre des communes, mais aussi de comités parlementaires où se réunissent des députés de tous les partis. Ces comités ont la chance d'inviter les Canadiens à participer à l'étude des projets de loi pour voir si ces projets de loi ont du sens ou non. Cela nous donne ainsi la chance d'étudier le projet de loi.
Une motion à la Chambre des communes ne veut pas dire que c'est exécutoire. Cela suggère au gouvernement de s'en aller dans cette direction. Que demande le Bloc québécois? Il demande que le gouvernement conservateur aille dans une direction qui respecte la Charte de la langue française, communément appelée la loi 101 au Québec, qui régit la langue parlée au travail: le français.
Je peux comprendre ce qui arrive au Québec. Et là, il s'agit de laisser faire le Bloc québécois, qui peut faire ses affaires politiques. Je respecte cela. Néanmoins, lorsqu'on parle de la signification de la motion elle-même, il faut mettre la politique de côté et s'attarder à cette signification. J'aime mieux interpréter la motion à ma façon, plutôt que de parler des chicanes qui existent depuis 40 ans, du temps de Trudeau, de Chrétien et compagnie, et de tous ces gens qui se sont tout le temps chicanés avec le Québec. Plutôt que de ce faire, je veux juste m'attarder à savoir quelle est l'importance de la motion.
Sur la base de cette motion, je peux affirmer que les travailleurs québécois eux-mêmes ne comprennent pas pourquoi, lorsque leur entreprise est sous juridiction provinciale, ils peuvent parler dans leur langue, le français, mais que dès que leur entreprise est sous juridiction fédérale, ils ne peuvent pas utiliser la loi pour parler dans la langue de leur choix. Par exemple, les employés de Radio-Nord au Québec ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas parler seulement en français — ils sont incapables de le faire —, tandis que s'ils étaient employés par une entreprise sous juridiction provinciale, régie par la loi 101, ils pourraient le faire.
Pour notre part, au NPD, nous nous sommes informés auprès du mouvement ouvrier au Québec: il partage cette position. En effet, il est favorable à l'étude du le projet de loi par la Chambre des communes. Or, bien que les conservateurs essaient de dire qu'ils sont un parti fédéraliste et qu'ils doivent mener le pays, il existe aussi des provinces et nous devons les respecter. Il faut bien sûr respecter la volonté de celles-ci et discuter de ce qui se passe chez elles.
Je n'aurais jamais cru cela possible dans l'histoire du Canada, mais la semaine dernière, chez nous au Nouveau-Brunswick, 350 anglophones étaient rassemblés dans la rue devant l'Assemblée législative à Fredericton pour réclamer que leurs enfants soient capables d'apprendre le français dès la première année scolaire. Une page de l'histoire vient d'être tournée dans notre pays. Il faut être ouvert à cela. C'est une page de l'histoire.
C'est donc que les gens comprennent maintenant qu'on peut parler les deux langues officielles dans ce pays-ci. Je ne pense pas que la motion du Bloc québécois dise qu'on ne veut plus de l'anglais au Québec; c'est un faux discours, c'est le discours des Justin Trudeau et de tout ce monde-là. C'est ce qui arrive présentement, c'est la cause des querelles fédéralistes, c'est ce qui a brisé notre pays. Or, maintenant, on reconnaît ce qui se passe dans notre pays.
J'étais triste de voir la réaction du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham — je l'en accuse ce matin, à la Chambre des communes — à l'endroit des anglophones qui voulaient que leurs enfants apprennent le français, la deuxième langue officielle. Il est venu leur mettre des bâtons dans les roues en leur refusant cela. Il a dit qu'ils allaient l'apprendre à l'âge de 11 ans, en cinquième année. Qui est-il pour venir dicter aux citoyens ce qui est bon pour leurs enfants? Qui est-il pour faire cela?
Il est regrettable que, malgré la direction que prennent nos deux communautés qui ont fondé le Canada avec nos Premières nations et qui sont finalement capables de travailler ensemble — la nouvelle génération est en train de travailler ensemble —, on ait encore des représentants du gouvernement qui veulent leur mettre des bâtons dans les roues.
Le but de cette motion qu'on veut appuyer — le NPD va effectivement l'appuyer —, c'est que les Québécois, qui constituent le coeur des francophones nord-américains, soient capables de travailler en français si une entreprise sous le champ d'application du fédéral vient s'installer au Québec. Les gens ne veulent pas que le grand patron les oblige à parler en anglais s'ils veulent un emploi. Cela est arrivé trop souvent.
Il faut être ouvert à cela. En adoptant la Déclaration de Sherbrooke, le NPD a confirmé qu'il allait commencer à examiner ce qu'il pouvait faire après avoir reconnu le Québec comme nation. On ne peut pas seulement reconnaître le Québec comme nation sans que rien, absolument rien ne change aujourd'hui dans la vie des Québécois. Autrement, on sera les mêmes têtus, on sera des Trudeau et des Chrétien. Au contraire, il faut vraiment que cette attitude change. Il faut arrêter de faire croire aux Canadiens que si on fait cela, c'est la fin du fédéralisme, c'est la fin du Canada. Voyons donc!
Ce n'est pas parce que le député d' a appris l'anglais qu'il a perdu son français. À mon avis, ceux qui perdent leur langue maternelle, c'est parce qu'ils ont voulu la perdre. On a tellement d'outils devant nous aujourd'hui, la lecture et toutes les choses que l'on peut faire, qu'on ne pourra jamais perdre notre langue maternelle quand on l'aime. Cela ne se perd pas. Personne ne peut me faire croire cela.
Ce qui est dangereux, par contre, c'est de ne pas mettre en place de mécanismes pour donner l'occasion à des gens d'apprendre la langue maternelle de leurs parents. Cela a été le cas dans l'Ouest, où les francophones ont dû se battre pour avoir des écoles, car ils ne pouvaient pas envoyer leurs enfants dans une école francophone et ceux-ci étaient devenus anglophones. Cela est arrivé.
Cependant, je ne pense pas qu'on voie cela au Québec, des anglophones qui perdent leur langue. C'est plutôt le contraire: les anglophones gardent leur langue et, en plus, ils apprennent le français. C'est beau, on les félicite, mais il faut faire la même chose ailleurs. La même chose est arrivée à l'Île-du-Prince-Édouard.
C'est pour cette raison qu'il est dommage que le gouvernement fédéral ait aboli le Programme de contestation judiciaire, en vue d'empêcher des minorités canadiennes francophones d'aller chercher des outils pour pouvoir garder leur langue française. Ce sont de telles choses qui font que le fédéralisme ne fonctionne pas. Le gouvernement empêche les communautés partout au pays de garder leur langue. Il met plutôt en place des mécanismes pour qu'elles la perdre.
On devrait donc avoir un esprit d'ouverture et c'est pour toutes ces raisons que nous allons appuyer la motion du Bloc québécois. Ce n'est pas parce que ce sont des séparatistes, des ci ou des ça, mais bien parce que cela a du sens de l'appuyer. Par la suite, on pourra se pencher sur le projet de loi , l'étudier, déterminer si des amendements s'imposent et les proposer, pour que tout le monde soit favorable à ce projet de loi.
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Monsieur le Président, comme mon collègue d', je suis ici pour dire que le Nouveau Parti démocratique du Canada votera en faveur de la motion proposée aujourd'hui. Je tiens à profiter de l'occasion pour tenter d'informer mon collègue conservateur. Il disait tout à l'heure que son gouvernement avait fait plus que tout autre pour faire respecter et rejaillir la vraie nature du bilinguisme au Canada. Je me permets de lui dire qu'il devrait regarder attentivement ce dont mon collègue d'Acadie—Bathurst vient de parler, soit le Programme de contestation judiciaire.
N'eut été de ce programme instauré en vertu de la Charte des droits et libertés, on n'aurait jamais eu des causes comme la cause de l'ACFO, soit jadis l'Association canadienne française de l'Ontario. Cette cause a permis à la Cour suprême de déterminer l'étendue de certaines obligations. On disait que les gens avaient le droit de recevoir leur instruction dans des établissements scolaires de la minorité linguistique et cela donnait la notion d'un certain sens de contrôle. Cela n'était pas évident à la lecture même de la Charte des droits et libertés. C'était pour donner vie à ces droits parce que si on ne le faisait pas, ces belles théories n'auraient pas pu être la réalité.
Cela a été la même chose pour le Manitoba, votre province natale, monsieur le Président. Rappelons qu'en 1890, le Manitoba avait adopté une loi pour enlever le droit des francophones d'avoir des lois dans leur langue. La Cour suprême a rétabli ce droit au mois de juin 1985. J'en sais quelque chose parce que j'avais été nommé responsable de la révision de la version française des lois du Manitoba. Sur une période de deux ans et demi, j'ai eu l'immense plaisir de travailler très régulièrement à Winnipeg et de bien connaître la collectivité franco-manitobaine. J'ai encore beaucoup d'amis dans cette communauté qui est réelle et vibrante.
Aujourd'hui, à la commission sur les langues officielles, nous avions l'occasion d'entendre des gens des Territoires du Nord-Ouest et de la Saskatchewan. À ce sujet, je voudrais citer la traduction d'une phrase populaire, car parfois, les traductions qu'on trouve ici sont meilleures que les versions originales.
[Traduction]
En anglais, nous utilisons parfois l'expression « walk the talk ». La version française que les Canadiens ont trouvée est encore meilleure.
[Français]
« Il faut que les bottines suivent les babines. » Les conservateurs se font aller les babines. Ils sont prêts à reconnaître du bout des lèvres — c'est le cas de le dire — la nation québécoise, mais les premiers gestes qu'ils posent visent à édulcorer proportionnellement la représentation québécoise ici et à enlever le Programme de contestation judiciaire aux francophones hors Québec qui leur permet de faire asseoir et reconnaître leurs droits.
Quand le a reçu le premier rapport annuel de Graham Fraser, l'actuel commissaire aux langues officielles, il s'est choqué. Sa défense était assez primaire. On sait que notre premier ministre est assez bougon, mais c'était tout de même surprenant de le voir y aller d'une charge à fond de train. Il s'est défendu en disant qu'il débutait ses conférences de presse en français. Tant mieux, c'est bien et c'est symboliquement important, mais ce n'est pas cela qui donnera une école en Saskatchewan ni qui permettra à un enfant du Manitoba de travailler dans sa langue et de s'épanouir, d'utiliser sa langue et de la rendre vivante. Voilà, on reste dans les symboles: une reconnaissance de la nation sans vouloir lui donner effet et vie.
C'est vraiment autre chose du côté libéral. On a mentionné Justin Trudeau. C'est étonnant. Il a dit récemment que les gens qui ne sont pas bilingues sont paresseux. C'est extraordinaire de dire aux gens qui habitent où que ce soit au Québec que s'ils n'ont jamais appris l'anglais, c'est parce qu'ils sont paresseux. Ce que M. Trudeau devrait savoir, c'est que, lui, il est privilégié, tout comme moi je le suis. J'avais une mère francophone et un père anglophone, et j'ai appris les deux langues. J'ai de la chance, comme lui. Or, pour sa part, il ne reconnaît pas que c'est de la chance ou qu'il est privilégié, puisqu'il trouve anormal que les autres ne soient pas comme lui. Cela montre l'attitude de la personne.
Hier, on a vu que les libéraux ont nommé Gerard Kennedy. Pour en savoir un peu plus sur lui, je suggère de lire un très bon article de Joey Slinger sur Gerard Kennedy dans le Toronto Star d'aujourd'hui. Gerard Kennedy était l'un des candidats à la chefferie du Parti libéral. Hier, l'actuel chef l'a nommé responsable des relations intergouvernementales.
Quel signal a-t-il envoyé? Ce n'est pas compliqué: pas de reconnaissance pour la nation québécoise. C'est le signal qu'il a envoyé. Aujourd'hui même, les libéraux nous montreront ce qu'ils pensent de la langue française au Québec. Des gens sont en train d'analyser cela très attentivement et ils s'inquiètent. J'ai eu la chance dans ma vie de travailler tantôt au Conseil de la langue française, de 1980 à 1983, tantôt à Alliance Québec. J'ai mentionné plus tôt que j'avais aussi travaillé comme responsable des lois au Manitoba et comme commissaire à la Commission d'appel sur la langue d'enseignement, où j'ai rédigé le compromis à la suite du jugement de la Cour suprême qui a permis de garder le visage français du Québec, de reconnaître qu'on pouvait conserver un affichage unilingue francophone pour ce qui est des grands tableaux publicitaires le long des routes. Ça, c'est connaître les deux côtés et viser à travailler pour trouver des solutions.
Ce qu'on a vu tantôt du côté libéral est étonnant. Pour les libéraux, toute reconnaissance du Québec ou de la nécessité de laisser fleurir et épanouir le français à l'intérieur de la seule province au Canada où il y a une majorité de francophones est un sacrilège. Cela va contre le principe qu'ils essaient de mettre de l'avant depuis 40 ans. Pourquoi? Parce que c'est un peu la marque de commerce du Parti libéral du Canada de dire qu'on peut lui faire confiance pour garder les Québécois à leur place. Pas étonnant que des 75 sièges du Québec, les libéraux détiennent un nombre qu'on peut compter sur les deux mains.
Juste avant les fêtes de Pâques, sur une question qui touche beaucoup le Québec où il y a une motion unanime à l'Assemblée nationale du Québec, on a constaté toute la velléité du gouvernement conservateur de venir mettre le nez et contrôler le domaine des valeurs mobilières par une sorte de patente fédérale qu'ils veulent imposer comme carcan aux provinces, y compris au Québec.
J'ai remarqué avec un très grand intérêt que les Québécois francophones au sein du caucus libéral n'étaient pas là lors de ce vote. J'ai hâte de voir ce que fera cet après-midi l'ancien porte-parole libéral en matière de défense nationale et nouveau porte-parole en matière de langues officielles, le député de .
Tout ce que notre vote d'aujourd'hui dit, c'est qu'il y a une proposition de loi qui est sur la table et que nous avons déjà voté pour qu'elle soit étudiée. On veut des statistiques, on veut recevoir des experts et on veut savoir ce qu'il en est. On ne peut pas se permettre d'envoyer le signal aujourd'hui qu'on ne veut même pas en parler.
C'est précisément le signal que le Parti libéral du Canada est en train d'envoyer. Comme cela lui sied bien! Effectivement, il ne veut pas en discuter. Voilà les masques qui tombent!
[Traduction]
Pour que les gens comprennent, précisons qu'il est question du projet de loi , qui vise à faire respecter les droits des travailleurs. Au Québec, dans toute entreprise interprovinciale, qui est assujettie à la loi fédérale, le patron peut demander aux employés de connaître une langue autre que le français. Nous devrions étudier cette question et inviter des experts pour nous dire quelle en est l'incidence réelle sur la masse critique et le dynamisme de la langue française au Québec. C'est une question qui préoccupe tous les Canadiens, et certainement nous, les néo-démocrates.
Il serait contradictoire de dire que nous voulons que le projet de loi soit étudié en comité, et d'inviter des experts en vue de découvrir de quoi il retourne vraiment pour ensuite voter contre cette motion. Aujourd'hui, nous, les néo-démocrates, faisons savoir que nous voulons que ce débat ait lieu. Nous voulons entendre ces experts. Nous voulons aller au fond des choses et en arriver à une décision finale quant au sort du projet de loi .
[Français]
On n'y arrivera pas avec l'attitude des libéraux fédéraux. Voici le vrai signal que le chef du Parti libéral du Canada nous a envoyé: il a nommé Gerard Kennedy responsable des relations intergouvernementales.
Personnellement, j'ai déjà eu un débat avec Gerard Kennedy. Il crie haut et fort à qui veut bien l'entendre que le Québec n'est pas une nation. C'est ce que dit Gerard Kennedy. Un peu avant les Fêtes, Justin Trudeau a dit que le Québec n'était pas une nation. Non seulement tous les deux sont des candidats officiels du Parti libéral du Canada, mais M. Kennedy vient d'être nommé à un poste névralgique, et ce, même s'il n'est pas encore élu.
Il y a des moments où il faut aller au-delà des symboles. Il y a des moments où il faut lâcher des stratégies vieilles de 40 ans qui cherchent à diviser les Canadiens en disant que le Parti libéral a la marque de commerce de réunir. C'est faux. On le voit maintenant, c'est faux. Il essaie de nous diviser.
Nous croyons qu'un Québec fort, avec une langue française bien protégée et bien vivante, ajoute beaucoup au Canada. C'est pour cela que nous n'avons pas du tout peur de dire que nous voulons étudier le projet de loi . Et nous ne voulons pas envoyer un signal contraire en votant contre cette motion. C'est pourquoi nous nous lèverons aujourd'hui pour voter en faveur de la motion du Bloc.
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Monsieur le Président, je voudrais rappeler la motion du Bloc québécois, en cette journée de l'opposition:
[...] à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux [employés des] entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
À cet égard, je voudrais répondre au député de , qui se pète les bretelles en disant que tout va tellement bien et que 94 p. 100 des Québécois parlent français au travail. Alors, qu'on l'inscrive dans la loi. Si c'est vrai, si cela correspond à la réalité, qu'on l'écrive, qu'on vote en faveur de la motion du Bloc québécois et qu'on officialise ce grand bonheur dans Lévis—Bellechasse.
Il n'en reste pas moins que les Québécois forment une nation. En le reconnaissant, la Chambre des communes a reconnu d'emblée ses attributs, notamment sa langue, sa culture, son modèle d'intégration et son Code civil — on y reviendra plus tard. Or, la langue officielle du Québec est le français partout, sauf en ce qui a trait au gouvernement fédéral pour qui il y a deux langues officielles. Par contre, le gouvernement fédéral ne reconnaît pas explicitement la culture québécoise. Ce qui arrive, c'est que chaque fois que ce gouvernement vient faire la promotion du bilinguisme au Québec, et particulièrement à Montréal, il vient y affaiblir le français. Chaque fois que le français est soutenu au Québec, cela vient aider les francophones hors Québec.
Or, le gouvernement fédéral impose un modèle d'intégration. Il impose le multiculturalisme qui n'est pas conciliable avec le modèle d'intégration québécois, l'interculturalisme.
Le Bloc québécois recommande donc que le gouvernement fédéral reconnaisse et respecte la Charte de la langue française au Québec en ce qui a trait, notamment, à la langue de travail dans les entreprises du ressort du fédéral, qu'il exempte le Québec de sa politique de multiculturalisme et qu'il délègue au Québec la réglementation de la radiodiffusion et des télécommunications.
Ce serait un départ quant à la reconnaissance effective de la nation québécoise. En effet, bien que le parti au pouvoir, le Parti conservateur, se targue d'être ouvert envers le Québec, il n'a absolument rien fait pour les Québécois et les Québécoises, sauf la reconnaissance de cette nation, laquelle est une initiative, rappelons-le, du Bloc québécois.
C'est le Bloc québécois qui, lors d'une journée de l'opposition comme celle d'aujourd'hui, a présenté une motion visant la reconnaissance de la nation du Québec. Ce gouvernement, pensant nous donner une jambette et nous faire une entourloupette, a utilisé une vile tactique politicienne et a applaudi en disant qu'il allait reconnaître le Québec comme nation, mais dans un Canada uni. On verra tout à l'heure que le Québec formait déjà une nation avant même qu'il n'y ait un Canada.
Comme je viens d'en parler, il y a un peu plus d'un an, le lundi 27 novembre 2006, la Chambre des communes adoptait par 265 votes contre 16 la motion suivante:
Que cette Chambre reconnaisse que les Québécoises et les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.
C'était et c'est encore une victoire pour le Bloc, mais c'est surtout une victoire pour tous les Québécois et toutes les Québécoises. En effet, être reconnu comme nation, ce n'est pas rien, cela s'accompagne de privilèges et de droits. Or, à cet égard, ce gouvernement est muet.
Malgré tout, c'était quand même la première fois que le Canada reconnaissait notre existence en tant que communauté nationale. Il est le premier pays à l'avoir fait et espérons qu'il ne sera pas le dernier.
Lorsqu'il s'applique à des personnes, le terme « nation » désigne un « groupe humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun ». C'est la définition qu'on retrouve dans le dictionnaire Robert. En bref, la nation est notre communauté d'appartenance, le groupe auquel nous nous identifions, celui au sein duquel nous discutons pour prendre les décisions qui concernent l'organisation de notre société.
Et parce que la nation est un lieu privilégié des décisions de nature politique, reconnaître une nation signifie reconnaître l'existence d'un corps politique doté de droits et d'aspirations politiques légitimes.
En reconnaissant la nation québécoise, la Chambre des communes a reconnu aux Québécois le droit de contrôler eux-mêmes le développement social, économique et culturel du Québec. En affirmant que la nation québécoise est formée de l'ensemble des résidants du Québec, peu importe leur origine, leur langue maternelle ou la région où ils vivent, le gouvernement fédéral a reconnu que la nation québécoise avait une assise territoriale claire, composée de l'ensemble du territoire du Québec. Ce faisant, le Canada a déclaré illégitimes les prétentions partitionnistes.
En somme, la reconnaissance de la nation québécoise reconnaît la légitimité des demandes répétées du Québec pour que les Québécois aient les pouvoirs et les ressources nécessaires au développement de leur propre société. À ce jour, hélas, le Canada n'a pas encore tiré les conclusions de cette reconnaissance et continue à agir comme s'il n'était composé que d'une seule nation. Encore là, on reconnaît le manque d'ouverture de ce gouvernement conservateur envers le Québec, les Québécois et les Québécoises. On le verra tantôt, l'ouverture de ce gouvernement face aux Québécois est un mythe, c'est une légende urbaine. Toutefois, la reconnaissance d'une nation devra être plus que symbolique.
Les nations ont des droits, et un en particulier, soit le droit à l'autodétermination, c'est-à-dire le droit d'orienter elles-mêmes leur développement. Le Québec peut choisir d'orienter lui-même son développement en devenant souverain. On sait que c'est le premier choix du Bloc québécois. Tout comme il peut choisir de chercher à obtenir les pouvoirs et les ressources dont il a besoin pour y parvenir en travaillant au renouvellement du fédéralisme. Ce n'est pas notre choix. Les deux options sont cependant légitimes, et nous les reconnaissons.
En attendant la souveraineté du Québec, le Bloc québécois travaille en faisant tous les jours la promotion de la souveraineté du Québec. Le Bloc travaille à défendre les intérêts de la nation québécoise. Même sans la reconnaissance du Canada, la nation québécoise continue d'exister, de payer ses impôts, d'avoir des intérêts qui lui sont propres et qui sont souvent très différents de ceux du Canada. Le Bloc continue à défendre les intérêts de la nation québécoise et à promouvoir ses valeurs. Si les Québécois forment une nation, il n'appartient pas aux Canadiens de décider comment ils comptent organiser leur société.
Comme le Québec est la patrie de la nation québécoise, il doit avoir les moyens de contrôler lui-même son développement. À cet égard, le Bloc québécois compte travailler à régler un certain nombre de dossiers prioritaires, dont le déséquilibre fiscal, parce que ce n'est pas encore réglé. Parce que le gouvernement du Québec est notre État national, il faut régler ce problème. Tant qu'il perdure, le Québec n'a pas les moyens de mettre en oeuvre les choix des Québécois et son action dépend du bon vouloir du Canada.
La culture et les communications représentent deux autres dossiers prioritaires pour le Bloc québécois. Parce que les Québécois forment une nation, les télécommunications et la radiodiffusion doivent relever du Québec. De plus, parce que la nation québécoise existe, Ottawa doit reconnaître la culture et l'identité québécoises dans ses politiques et ses lois qui concernent la culture.
La place du Québec sur la scène internationale est un troisième dossier prioritaire du Bloc québécois. Parce que les Québécois forment une nation, ils doivent pouvoir s'exprimer sur la scène internationale dans leurs champs de compétence. À l'intérieur des champs de compétence que lui accorde la Constitution, le Québec est pleinement souverain. Il doit pouvoir exercer ces compétences de A à Z, y compris dans les relations internationales.
Qu'est-ce qu'une nation? Le terme « nation » peut faire référence à deux choses différentes. Lorsqu'il s'applique à un État ou à un territoire, le terme « nation » peut être synonyme de pays. C'est ce qu'on entend lorsqu'on parle des Nations Unies, dont le Québec ne peut, malheureusement pas encore, être membre parce qu'il n'est pas souverain. Ainsi, si la motion affirmait que « le Québec est une nation », certains pourraient prétendre qu'elle veut dire: « le Québec est un pays ». Or, ce n'est pas ce que la motion dit. Elle demande à la Chambre de reconnaître que « les Québécoises et les Québécois forment une nation ».
Lorsque le terme « nation » s'applique à des personnes, il n'est pas synonyme de pays. Selon le Larousse, il désigne une « grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle et la volonté de vivre en commun ». C'est le sens de la motion d'aujourd'hui.
Il y a depuis longtemps un consensus au Québec sur le fait que les Québécois forment une nation. Le 30 octobre 2003, l'Assemblée nationale du Québec adoptait à l'unanimité la motion suivante: « Que l'Assemblée nationale réaffirme que le peuple québécois forme une nation ». La motion ne dit pas que les Québécois forment une nation si le Canada reste ce qu'il est ou que le Québec est une nation s'il opte pour la souveraineté. Elle dit que le peuple québécois forme une nation, tout simplement, tout naturellement. Ce n'est pas pour rien que l'Assemblée nationale spécifiait qu'elle réaffirme l'existence de la nation québécoise.
En effet, la résolution répétait ce que tous les gouvernements du Québec disent depuis des décennies. J'en cite quelques-uns, dont Maurice Duplessis, le chef de l'Union nationale: « La Confédération canadienne est un pacte d'union entre deux nations. » C'était en avril 1946. Ce n'est pas d'hier.
Je cite le libéral Jean Lesage:
Le Québec ne défend pas le principe de l'autonomie des provinces seulement parce qu'il s'agit d'un principe, mais bien plus parce que l'autonomie est pour lui la condition concrète non pas de sa survivance qui est désormais assurée, mais de son affirmation comme peuple et comme nation
Jean Lesage, un bon libéral et ancien premier ministre du Québec, a dit cela en novembre 1963.
Daniel Johnson père, un autre unioniste, a dit:
La Constitution ne doit pas avoir uniquement pour objet de fédérer des territoires, mais aussi d'associer dans l'égalité deux communautés linguistiques et culturelles, deux peuples fondateurs, deux sociétés, deux nations.
Je pourrais aussi citer René Lévesque:
Le Canada est composé de deux nations égales entre elles: le Québec constitue le foyer et le point d'appui d'une de ces nations. Possédant tous les attributs d'une communauté nationale distincte, il jouit d'un droit inaliénable à l'autodétermination. Le droit à l'autodétermination est le droit le plus fondamental que possède la collectivité québécoise
C'était en juin 1980.
Jacques Parizeau, un bon premier ministre péquiste, a dit:
À ce jour, la loi fondamentale du Canada ne reconnaît les Québécois ni comme une nation, ni comme un peuple, ni même comme une société distincte. C'est un triste constat.
Lucien Bouchard a été à son époque un conservateur, mais il s'est finalement ouvert les yeux et a compris que la nation du Québec méritait mieux qu'un parti conservateur. En octobre 1999, il a dit:
Le Québec est, sur le continent nord-américain, la seule société majoritairement francophone disposant d'une assise territoriale bien définie et d'institutions politiques qu'elle contrôle. Le peuple du Québec jouit de tous les attributs classiques d'une nation. [...] Le peuple québécois adhère à la conception démocratique d'une nation francophone par la langue, plurielle dans sa culture et largement ouverte à l'immigration internationale.
Le projet de loi du Bloc québécois est immensément important. On le sait, il a été déposé en cette Chambre par la députée de . C'est pour obliger le gouvernement fédéral — parce qu'on a bien vu qu'il n'avait pas cette volonté — à reconnaître la Charte de la langue française sur le territoire québécois et lui permettre d'étendre son application aux entreprises sous juridiction fédérale et — on le verra plus tard — plus particulièrement au Code canadien du travail.
Afin d'éviter toute ambiguïté, il est essentiel de préciser, dans la Loi sur les langues officielles, que le français est la langue officielle du Québec. Il faut le faire, car ce que fait ce gouvernement conservateur au Québec, c'est de promouvoir le bilinguisme. Et lorsqu'on promeut le bilinguisme dans une nation comme celle du Québec, dans une ville comme Montréal, ce qui arrive toujours, étant donné que le Québec est inondé dans une mer d'anglophones et totalement cerné par elle, moyennant une culture anglophone qui entre à pleines pochetées par la télévision, la radio et l'internet, c'est que le français recule, particulièrement à Montréal. Sans doute recule-t-il beaucoup moins dans Lévis-Bellechasse, mais à Montréal, le français recule: 25 p. 100 des Montréalais travaillent en anglais.
Cet amendement n'est pas que strictement symbolique. Il précise, dans une certaine limite, la volonté du législateur. À ce sujet, le Barreau du Québec rappelle:
Par ailleurs, la jurisprudence semble constante à l'effet que le préambule est toujours de mise bien que les circonstances d'une affaire, comme la clarté du dispositif, fait justifier qu'on mette de côté les indices de volonté que le préambule peut fournir.
Il s'agit, dès lors, d'une police d'assurance dans la mesure où le corps de la loi est aussi amendé. La Loi sur les langues officielles vise, pour l'essentiel, le gouvernement du Canada et ses institutions, et il nous est impossible d'amender le bilinguisme institutionnalisé de l'appareil fédéral sans passer par un amendement constitutionnel, compte tenu de l'article 16 de la Charte canadienne des droits et libertés, comme nous l'avons antérieurement souligné.
Néanmoins, deux parties de la loi peuvent être amendées: la partie VII, qui porte sur la promotion du français et de l'anglais et qui vise la société canadienne; la partie IX, qui porte notamment sur le mandat du Commissaire aux langues officielles.
Les amendements du Bloc québécois auront pour effet d'obliger le gouvernement fédéral à s'engager à ne pas entraver les objectifs de la Charte de la langue française. Il est important de rappeler que la reconnaissance de la Charte de la langue française ne diminue en rien les droits et privilèges de la minorité anglophone québécoise prévus par la Charte canadienne des droits et libertés. Ces amendements limitent strictement le pouvoir d'intervention du gouvernement fédéral dans la politique linguistique québécoise.
La mention précise d'une loi provinciale dans un texte de loi fédéral est possible, voire courante. On parle alors de renvoi législatif, c'est-à-dire que le gouvernement reconnaît les dispositions prises par une assemblée législative canadienne autre. À titre d'exemple, il y a un renvoi législatif dans le Code canadien du travail concernant le salaire minimum où l'on dit que les provinces décideront du taux horaire du salaire minimum. C'est à l'article 178 du Code canadien du travail. Cela fait justement l'objet d'un amendement dans le cadre de ce projet de loi.
Près de 10 p. 100 de la main d'oeuvre québécoise travaille sous le Code canadien du travail. Cette main-d'oeuvre relève de la juridiction fédérale et travaille pour des entreprises qui ne respectent pas la loi 101. Une loi doit venir d'ici pour que ces entreprises respectent la loi 101. À cet égard, on nomme toujours deux ou trois secteurs, mais j'en ferai une lecture plus exhaustive.
Le Code canadien du travail s'applique aux aspects suivants: aux ouvrages ou entreprises reliant une province à une autre province ou à un autre pays, par exemple, les chemins de fer, le transport par autobus, le transport par camion, les pipelines, les bacs transbordeurs, les tunnels, les ponts, les canaux, les réseaux de téléphone et de câble; à tout transport maritime extra-provincial et aux services connexes comme l'arrimage et le débardage; au transport aérien, aux aéronefs et aux aéroports; à la radiodiffusion et à la télévision — tous nos postes de radio et de télévision au Québec; aux banques; à certaines opérations bien définies d'entreprises particulières déclarées par le Parlement être à l'avantage général du Canada ou à celui de deux provinces ou plus, comme les moulins à farine et à provende, les usines de nettoyage des graines de semence, les entrepôts à provende, les élévateurs à grain, ainsi que l'extraction et la transformation de l'uranium; et aux sociétés fédérales de la Couronne ayant comme objet un ou plusieurs des ouvrages ou entreprises décrits à l'article 91 de la Loi constitutionnelle de 1867 ainsi que celles qui sont des agences de la Couronne, par exemple, la Société Radio-Canada et l'Administration de la Voie maritime du Saint-Laurent.
À titre d'exemples, voici le nombre d'employés pour quelques entreprises relevant du Code canadien du travail. Bell Canada, qui est sous juridiction fédérale, avait 17 241 employés en 2006. Dans le secteur bancaire, la Banque Royale emploie 7 600 personnes et la Banque nationale du Canada, 10 299. Dans le transport interprovincial, Air Canada a 7 657 employés à son actif.
On estime à environ 200 000 le nombre de Québécois qui travaillent dans un milieu qui ne respecte pas la loi 101 au Québec, c'est-à-dire un peu moins de 10 p. 100 de la main d'oeuvre québécoise. L'amendement que présente le Bloc précise dans la partie I du Code canadien du travail que « les entreprises fédérales sont assujetties à la Charte de la langue française lorsqu'elles opèrent au Québec ». À cet égard, cela répond à la demande exprimée en 2001 dans le rapport Larose. On parle ici de Gérald Larose, qui était et est toujours président du Conseil de la souveraineté.
J'ai un très bon exemple à donner concernant ce gouvernement conservateur qui ne respecte pas la nation du Québec. C'est arrivé l'année dernière, au lendemain de la reconnaissance de la nation québécoise. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la motion a été adoptée en cette Chambre en novembre 2006. Une ou deux semaines plus tard, le déposait en cette Chambre le projet de loi .
Dans ce projet de loi, qui était un refonte de la Loi sur la faillite, un article allait à l'encontre du Code civil du Québec et faisait en sorte que certains REER devenaient saisissables. Ce gouvernement conservateur voulait dorénavant que les petits épargnants qui faisaient faillite se fassent prendre leurs « vieux-gagnés » par les grosses compagnies de finance que je ne nommerai pas. Il s'agit des grosses compagnies de cartes de crédit. C'est ce que ce gouvernement voulait faire à l'encontre de l'un des éléments particuliers de la nation québécoise, soit son code civil. Cela va à l'encontre des valeurs de la nation québécoise. On n'a pas cette approche par rapport aux travailleurs. On respecte leurs vieilles épargnes.
Finalement, après six mois, le Bloc québécois a réussi à amender cette loi. Aucun des députés conservateurs de cette Chambre n'est venu à la rescousse des épargnants québécois.
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Monsieur le Président, cela me fait plaisir de vous informer que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue, le député de , qui siège notamment au Comité permanent des langues officielles et qui fait un travail formidable.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui en cette journée de l'opposition pour démontrer à quel point il est important pour mes collègues, tant les députés conservateurs du Québec que les députés conservateurs de notre gouvernement de partout au pays, de soutenir et de promouvoir la langue française et la dualité linguistique partout au pays.
On comprendra que cette allocution s'insère dans un débat partisan où nos collègues du Bloc cherchent de nouvelles querelles pour justifier leur présence à Ottawa. Je veux quand même démontrer à quel point on pense qu'ils devraient peut-être essayer de se trouver un autre cheval de bataille aujourd'hui.
Une des valeurs fondamentales des Canadiens repose sur la dualité linguistique. J'écoutais mes collègues du Bloc. Ce sont des Québécois très fiers de l'être et parfois ils ont à se rendre à l'extérieur du pays. Je leur pose la question: qui défend la dualité linguistique? Qu'est-ce qui fait qu'on a des écoles de langue française partout au pays? Qui les finance? Qui les appuie? Bien sûr, c'est le gouvernement canadien et les autres provinces, dont c'est une responsabilité légale.
À ce titre, j'aimerais rappeler qu'avant même qu'il n'y ait des députés conservateurs du Québec, tous les députés conservateurs ont soutenu le renforcement de la Loi sur les langues officielles, qui est une loi importante ici, au pays, et je les félicite à cet égard. Nous n'étions pas là, mais ils ont veillé au fort et permis de renforcer le cadre législatif canadien en matière linguistique. Donc, on voit que la tradition conservatrice de promouvoir la dualité linguistique ne date pas d'hier. Nous sommes toujours motivés pour promouvoir cette dualité linguistique partout au pays.
Au Québec, c'est particulier. On sait que le Québec est le berceau de la civilisation française en Amérique du Nord. C'est bien sûr un endroit où se sont joués les premiers chapitres de l'histoire canadienne en vertu de l'influence européenne ici, en terre d'Amérique, alors que les Autochtones étaient là bien avant nous, bien entendu. C'est donc la pierre angulaire de la promotion du français aujourd'hui.
C'est intéressant parce que non seulement le gouvernement canadien, mais aussi le gouvernement présentement en place à Québec ont compris le rôle de promotion et de leadership que doit jouer le Québec au sein de la fédération canadienne pour promouvoir le français partout au pays. Nous sommes heureux de travailler avec eux à cet égard et nous saluons leurs initiatives.
On travaille donc de manière complémentaire pour promouvoir le français partout au pays, y compris au Québec, et dans le monde. La présence de la culture et de la langue françaises est une richesse, un atout économique, un gage du caractère unique de notre pays qui nous définit par rapport aux Américains, par exemple. Cela nécessite bien sûr un appui et une volonté fermes des différents paliers de gouvernement.
D'ailleurs, il y a quelques mois à Halifax, celle qui était alors ministre de la Coopération internationale et ministre de la Francophonie et des Langues officielles a rencontré ses homologues des provinces. Ils ont discuté de différents sujets comme les services en français et les échanges de ressources professionnelles entre provinces et territoires, afin de contribuer à dynamiser les milieux de vie et accroître la qualité des ressources et des services aux citoyens. On sait à quel point, en ce qui concerne la mobilité de la main-d'oeuvre, il est important de s'assurer de la promotion du français non seulement au Québec, mais partout au pays, et c'est ce qu'on fait.
De plus, notre ministre et les autres ministres ont porté une attention particulière à la jeunesse et aux jeunes francophones. On veut qu'ils développent un sentiment de fierté face à leur identité francophone et acadienne. D'ailleurs, deux de mes neveux sont nés, ont grandi et vivent en Ontario, où ils vont à l'école en français. Ils sont très fiers d'être des Ontariens et ils sont tout aussi fiers de leur héritage francophone, et c'est tout à leur honneur.
Pour promouvoir cette fierté chez nos jeunes francophones, je suis moi-même allé à Saint-Boniface, il y a un peu plus d'un mois, pour annoncer l'appui du gouvernement canadien à deux initiatives. La première ciblait les jeunes Franco-Manitobains. C'était quelques jours avant qu'on souligne la Journée Louis Riel. C'est donc dire à quel point l'identité est maintenant une force pour le Manitoba, c'est une richesse culturelle.
J'ai fait l'annonce de deux initiatives. La première visait à permettre aux jeunes franco-manitobains d'organiser des jeux sportifs sous l'égide de la langue française et de participer aux Jeux franco-canadiens. On verra ces résultats au cours des prochaines semaines et des prochains mois. On verra de jeunes Canadiens français réaliser des performances sportives.
Il y a d'autres initiatives du gouvernement du Canada en appui aux communautés francophones. Je pense notamment à la politique du Québec en matière de francophonie canadienne, qui est une belle illustration de complémentarité dans nos interventions d'un océan à l'autre. On encourage nos collègues du Bloc québécois à appuyer ces initiatives du gouvernement du Québec. Le Québec s'est doté d'un outil lui permettant de partager son expertise dans divers domaines avec les autres gouvernements pour offrir des services en français et confirmer ainsi l'importance et le rôle de leader que le Québec doit jouer au sein de la Francophonie et plus particulièrement de la francophonie canadienne.
Toujours est-il que cet été, c'est à Québec que tous les yeux de la Francophonie internationale vont être tournés puisque, dans le cadre des fêtes du 400e, le Sommet de la Francophonie va se tenir à Québec. Tous mes collègues de la région ainsi que moi-même sommes impatients de recevoir des représentants de tous les pays pour partager notre fierté culturelle et linguistique.
De plus, pas plus tard que cet avant-midi, on s'est penchés sur des accords de collaboration entre le gouvernement fédéral et les organismes qui représentent les communautés linguistiques. On l'a fait notamment dans les secteurs de la culture, des communications, de l'éducation, du développement économique et de la santé. Ces secteurs sont au coeur des mesures prioritaires du gouvernement du Canada, et les communautés nous disent d'ailleurs qu'elles apprécient les améliorations que notre gouvernement a apportées, notamment du côté du financement pluriannuel.
Ce sont de petits organismes, ils comptent peu de gens, et s'il faut qu'ils passent le tiers de leur temps à remplir des formulaires, ils perdent un temps fou. Le ministère du Patrimoine canadien, sous l'égide de notre excellente ministre, leur a suggéré de faire des demandes sur une base pluriannuelle et de ne remplir qu'un formulaire. Leur financement sera ainsi assuré pour plusieurs années. C'est très bien reçu par ces groupes.
Le rayonnement de la langue française partout au Canada repose sur une consolidation des liens qui unissent les francophones du Québec et ceux du reste du pays. À ce égard, on a vraiment une belle collaboration avec le gouvernement du Québec.
La démographie, le vieillissement de la population et le besoin de main d'oeuvre sont des défis d'importance. Ce soir, le Bloc québécois aura l'occasion de favoriser la mobilité de la main d'oeuvre, notamment celle des francophones de partout au monde qui veulent venir travailler ici. Des francophones veulent venir travailler dans les hôpitaux de Lévis. On a besoin de ces spécialistes.
Présentement, en raison des lourdeurs administratives et des longues listes d'attente qu'on a héritées du gouvernement précédent, on n'est pas en mesure d'accueillir ces gens qui veulent vivre ici et s'épanouir. C'est la raison pour laquelle je suis impatient d'appuyer le projet de loi sur l'immigration et l'immigration francophone.
Au Québec, comme ailleurs au Canada, l'immigration joue un rôle déterminant. Ce soir, on pourra poser un geste concret au lieu d'adopter une motion qui m'apparaît pour le moins futile. À cet égard, il faut noter que les immigrants de la province choisissent en nombre croissant de vivre en français. J'ai une analyse de Statistique Canada et j'invite mes collègues du Bloc québécois à en prendre connaissance. Le Comité permanent des langues officielles va d'ailleurs recevoir des témoins de Statistique Canada. Ils sont les bienvenus.
M. Jean-Pierre Corbeil explique que la popularité grandissante du français dans les usines, les bureaux et les commerces s'explique par l'arrivée croissante au pays d'immigrants travailleurs venus de France, d'Haïti, du Maroc et de la Tunisie.
Ce soir, mes collègues du Bloc peuvent poser un geste concret pour améliorer le visage français du travail au Québec et partout au pays en appuyant le projet de loi sur l'immigration. Ce sont des gestes concrets que pose notre gouvernement. On est très fiers de le faire.
J'aurais encore beaucoup de choses à dire et beaucoup d'exemples à donner pour illustrer à quel point notre gouvernement est fier de soutenir et promouvoir la dualité linguistique partout au pays. On est particulièrement fiers de notre implication dans les fêtes du 400 e de la ville de Québec. Notre nous rappelle d'ailleurs que le fait canadien s'est d'abord passé en français.
On invite les gens de partout au pays à venir cet été à Québec célébrer les fêtes du 400e et savourer cette diversité linguistique.
Cela me fera plaisir de répondre aux questions de mes collègues. Je vous remercie de l'attention que vous m'avez accordée, monsieur le Président.
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Monsieur le Président et distingués collègues, dans le cadre de ce débat sur la motion du Bloc, j'aimerais m'adresser à mes collègues de cette Chambre au sujet de l'importance qu'accorde ce gouvernement au rayonnement de la langue française au Canada, comme sur la scène internationale, et des énergies que consacre le gouvernement canadien à cette fin.
La politique canadienne des langues officielles et le statut qui en découle pour la langue française s'inscrivent dans la nature même du pays. Cette politique résulte de la volonté des francophones et des anglophones du pays de vivre ensemble et constitue, en quelque sorte, un contrat social entre nos deux grandes communautés linguistiques. Le gouvernement défend énergiquement ces principes fondateurs du Canada.
En ce qui a trait au 400e anniversaire de la ville de Québec, n'oublions pas d'abord que le Canada est né en français, comme l'a maintes fois déclaré notre , le très honorable Stephen Harper. Le Québec et la langue française sont au coeur du Canada, de son histoire et de son identité. Ainsi, un événement comme le 400e anniversaire de la ville de Québec, par exemple, concerne tous les Canadiens. Le gouvernement fédéral contribue de façon très significative aux célébrations qui le marqueront par l'entremise d'organisation telles que le ministère du Patrimoine canadien, Développement économique Canada et Parcs Canada. C'est également à Québec que prendra place le prochain Sommet de la Francophonie, tel que l'annonçait le Stephen Harper, lors du Sommet de Bucarest qui a eu lieu en septembre 2006.
Notre gouvernement est très heureux d'avoir ainsi l'occasion de collaborer avec le Québec pour renforcer la présence de la langue et de la culture françaises sur la scène internationale. Le Sommet offre aussi au Canada une occasion unique de promouvoir une francophonie canadienne forte et diversifiée.
Cette manifestation réunira en sol canadien les chefs d'États et de gouvernement de tous les pays de la Francophonie. La dernière fois, c'était en 1999, à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Notre pays a de quoi être fier du rayonnement de sa francophonie au sein de la Francophonie internationale. Ce n'est pas un hasard si les chefs d'État et de gouvernements francophones se tournent vers le Canada pour tenir leurs discussions. Le Canada représente un phare en matière d'appui à la diffusion et à la promotion de la langue française
Ainsi, le dernier budget fédéral de 2007 a annoncé que le gouvernement fédéral accordera 52 millions de dollars à l'appui du Sommet de la Francophonie. Nous nous assurerons que les francophones de toutes les régions du Canada aient une présence dans les activités qui entourent le sommet. Cet appui au Sommet illustre combien le gouvernement entend veiller à ce que non seulement la dimension francophone du pays soit pleinement reflétée sur la scène internationale, mais aussi à ce que le Canada tout entier puisse tirer profit de ce fantastique atout qu'est celui de pouvoir compter sur le français comme l'une des langues officielles de notre pays.
Parlé par plus de 200 millions de personnes, le français a le statut de langue officielle dans 29 États. Sensible à l'importance du fait français sur son territoire et déterminé à contribuer à son rayonnement sur la scène internationale, le Canada a été l'un des premiers pays à promouvoir la Francophonie en participant activement à la création et au développement de ses nombreuses institutions. C'est ainsi qu'il fut l'un des fondateurs de l'Agence de coopération culturelle et technique, créée à Niamey, au Niger, en 1970, et qui est devenue l'Organisation internationale de la Francophonie.
Le Canada, qui assume depuis un rôle de premier plan, est également membre de toutes les institutions multilatérales et conférences ministérielles de la Francophonie. Le gouvernement canadien est le deuxième plus important bailleur de fonds après la France, avec une contribution de plus de 40 millions de dollars par année destinés à l'Organisation internationale de la Francophonie ainsi qu'aux institutions francophones.
Appartenir à la Francophonie, pour le Canada, c'est plus que des paroles, comme le Bloc québécois le fait souvent. C'est s'aligner au riche réseau des 68 États et gouvernements qui ont en commun la langue française. Ce réseau s'étend depuis l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient jusqu'aux Antilles, à l'océan Indien et au Pacifique, ainsi que sur notre continent. C'est aussi donner aux Canadiens et aux Canadiennes davantage de possibilités de rayonnement international dans les domaines de la langue et de la culture, de la politique, de l'économie et des nouvelles technologies ainsi que de la coopération internationale.
Enfin, c'est permettre au reste du monde de prendre la juste mesure de la contribution originale du Canada à la construction d'une francophonie internationale moderne et ouverte à la diversité.
L'appartenance à la Francophonie est donc l'une des plus grandes orientations de la politique étrangère du Canada. Sur le plan interne, la participation à la Francophonie se veut une mise en valeur de la dualité linguistique du Canada, et un lieu d'affirmation et d'épanouissement du fait français sur son territoire. Sur le plan externe, la Francophonie correspond à une zone d'influence naturelle pour le Canada. Elle est une enceinte multilatérale de concertation et de dialogue où le Canada peut exercer une influence majeure en vue de promouvoir des valeurs que les Canadiens et les Canadiennes souhaitent partager.
Le gouvernement associe de très près le Québec et le Nouveau-Brunswick à cette démarche internationale, ces provinces ayant toutes deux le statut de gouvernement participant au sein de la Francophonie. Dans le cas du Québec, ce statut lui a été accordé dès le début des années 1970.
Ce modèle de collaboration entre le fédéral et ces gouvernements provinciaux a notamment permis à ceux-ci de jouer un rôle majeur dans le déroulement des travaux des Sommets de la Francophonie. À n'en point douter, le Sommet de la Francophonie de Québec à venir constituera une démonstration claire de la collaboration qui peut unir les gouvernements du Québec et du Canada en matière d'appui à la langue française et à la culture française.
Je me dois aussi d'indiquer que la Francophonie a contribué de façon importante à l'adoption d'une convention de l'UNESCO faisant de la diversité culturelle un cadre de référence incontournable. On le sait, ce cadre, c'est la reconnaissance formelle dans le droit international du fait que les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres.
Compte tenu de l'importance que nous accordons au renforcement et au rayonnement du fait français et, bien sûr, aux multiples autres facettes de la diversité culturelle du pays, il n'est pas étonnant que nous ayons été les premiers à ratifier la jeune Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, traité crucial pour l'avenir de la diversité culturelle à l'échelle planétaire. Ce faisant, le Canada confirmait son rôle de leader historique dans un dossier qui a pour effet de doter la communauté internationale d'un moyen de tirer tous les avantages de la diversité de nos cultures et de nos identités respectives, et ce, pour des générations à venir.
Je tiens également à rappeler qu'encore ici, la collaboration entre les gouvernements du Canada et du Québec a été exemplaire. Nos deux gouvernements ont coopéré étroitement afin de permettre l'adoption de la convention et de garantir le succès des premières étapes de la mise en oeuvre.
De telles collaborations avec le Québec illustrent combien les actions respectives des gouvernements canadien et québécois peuvent être complémentaires et se renforcer mutuellement. En fait, puisque le défi de la préservation de la langue et de la culture françaises au Canada se joue de plus en plus dans le contexte plus large de l'intégration nord-américaine et de la mondialisation, je crois fermement que les gouvernements du Québec et du Canada se doivent de travailler ensemble à la consolidation d'une véritable masse critique francophone au sein du village global canadien, nord-américain et mondial.
C'est pourquoi le gouvernement canadien souhaite oeuvrer au rayonnement de la langue française dans le cadre d'une vision rassembleuse, inclusive et respectueuse de l'ensemble des réalités francophones du pays. Notre approche vise ainsi la constitution d'un espace francophone reliant tant les francophiles du Québec, ceux des communautés en situation minoritaire que les francophiles de toute origine culturelle. Plusieurs voies s'offrent à nous pour y parvenir, mais le domaine culturel constitue certainement une avenue privilégiée à cet égard.
Bref, qu'il s'agisse de travailler au renforcement du fait français à l'échelle internationale ou au sein même du pays, les gouvernements du Canada et du Québec sont appelés à collaborer de plus en plus étroitement afin de consolider les liens entre francophones et francophiles du Canada, du Québec et d'ailleurs, de favoriser l'établissement de partenariats solides et de susciter des actions concrètes et efficaces, c'est-à-dire d'assurer leur complémentarité d'action.
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Monsieur le Président, on ne fera pas de démagogie ici, aujourd'hui. Je prendrai la parole et je partagerai mon temps avec la députée de .
Je voudrais faire remarquer à mes amis conservateurs qu'ils ne verront pas en moi quelqu'un qui fera de la démagogie et qui partira en peur avec un tel dossier. Je vais vous donner des exemples concrets. Je vais parler d'un domaine que je connais très bien. Mon collègue de la région de Québec devrait savoir une chose: j'ai siégé au Comité olympique canadien pendant 25 ans, j'ai été président de l'Association cycliste canadienne pendant 10 ans, j'ai siégé sur la scène internationale dans le domaine du vélo pendant au moins 15 ans et j'ai commencé à siéger à l'Agence mondiale antidopage, et lorsqu'on se présente à ces réunions, la langue de travail est l'anglais.
Si les députés conservateurs du Québec comprenaient le moindrement le français, ils comprendraient que la motion que nous avons déposée aujourd'hui n'est qu'une étape vers la reconnaissance de la nation du Québec, dont le gouvernement actuel s'est vanté d'avoir fait la promotion.
Si la nation québécoise veut dire quelque chose pour les collègues francophones du Parti conservateur, ces derniers devraient pouvoir lire ce que la motion demande. Elle demande que la langue de travail s'applique aux employés des entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec. Je vais répéter pour que mes collègues francophones des autres partis puissent le traduire en anglais, afin que ce soit compris. La seule chose que demande la motion, c'est que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s'applique aux employés des entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
Ce n'est pas la révolution. C'est uniquement un pas dans la bonne direction pour reconnaître des employés qui travaillent au Québec dans des entreprises sous juridiction fédérale. J'en ai nommé plusieurs, dont Bell Canada, TELUS, Rogers, CanWest, CTV Global, Cogeco, Astral Media, la Banque Royale, la Banque Scotia, la Banque TD, la Banque CIBC, BMO Groupe financier, la Banque Nationale du Canada, Gestion ACE Aviation qui est Air Canada, le Canadien Pacifique. On voudrait que ces personnes qui travaillent dans ces entreprises puissent parler français. Je pense qu'il est tout à fait normal de parler français au Québec. Je ne parle pas de l'individu qui travaille pour Air Canada à Flin Flon au Manitoba. On aimerait qu'il parle français, mais c'est son problème à lui. Nous parlons d'employés qui travaillent au Québec et qui ont affaire à des Québécois et des Québécoises tous les jours ou presque.
Je peux vous donner des exemples au sujet d'Air Canada. Monsieur le Président, si vous arrivez à Montréal, à l'aéroport de Dorval — je vous le souhaite —, vous allez faire un saut lorsque vous vous présenterez au service de la classe affaire. Car tous les députés de cette Chambre voyagent en classe affaire. Cela se passe en anglais. Oui, certains parlent français, mais je vous garantis que vous avez intérêt à le demander.
Parlons de la sécurité à la barrière — j'en parle, parce que je le vis — à l'aéroport de Montréal. Lorsqu'il s'agit de vols internationaux ou des vols vers les États-Unis, je peux comprendre: il s'agit de douaniers américains, bien qu'il y ait des douaniers québécois, francophones censément, des douaniers canadiens. Néanmoins, les agents de sécurité, soit ceux qui vérifient vos bagages aux comptoirs des vols intérieurs, vous accueillent uniquement en anglais. C'est inacceptable et c'est ce qu'on dénonce! C'est ce qu'on veut.
La motion que le Bloc dépose aujourd'hui n'est pas la révolution armée.
J'ai entendu des choses. Malheureusement pour certains députés de l'autre côté, je comprends très bien l'anglais. J'ai eu des cours intensifs d'anglais lorsque je siégeais à l'Association olympique canadienne ou à l'Association cycliste canadienne, où tout se passe en anglais. J'ai entendu dire en anglais, plus tôt, que le Bloc était inutile et que les choses qu'il proposait étaient complètement farfelues. Il y a longtemps qu'on n'écoute plus les collègues québécois du Parti conservateur qui disent la même chose en français. Toutefois, du côté anglophone, le malaise est perceptible.
Il aurait fallu prendre le temps d'expliquer des choses à nos collègues, incluant ceux du Parti libéral, qui n'est pas en reste. J'ai entendu plus tôt le collègue de dont la position m'a profondément surpris. Il demeure à côté d'une région si importante pour le Québec, à côté d'Ottawa. Or il tient des propos selon lesquels notre motion est inutile, la langue française est protégée et tout va bien. Je lui réponds qu'on a un problème. Il y a longtemps qu'il n'est pas allé à l'aéroport d'Ottawa. Il n'a pas peut-être pas pris de vol récemment, mais moi oui. Je peux dire qu'il y a des problèmes de sécurité à l'aéroport d'Ottawa. Je peux aussi parler d'Air Canada et de West Jet. On me dira peut-être que West Jet est plutôt plus de l'autre côté.
On demande que les personnes qui travaillent au Québec pour des entreprises qui relèvent du fédéral puissent, aient le pouvoir, possiblement, peut-être, pourront, si elles le désirent, parler français. Ce n'est pas la mer à boire. C'est tout ce que demande la motion du Bloc québécois, aujourd'hui. Si le Québec est une nation, faisons un pas en avant et précisons-le. C'est ce que l'on demande aujourd'hui par l'entremise de cette motion.
On demande à cette Chambre de reconnaître que le Québec est une nation. On se demande ce qu'est une nation. Voici ce qu'est une nation: « Grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte. » Ce ne sont pas les députés de et de qui ont inventé cela. Cela a été dit par le Larousse, un dictionnaire. Ce n'est pas nous qui l'avons inventé. Voilà ce qu'est une nation.
Voici la définition donnée par le Petit Robert: « Groupe humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun. » C'est cela, une nation. C'est exactement ce que l'on demande. Pour pouvoir compléter cela, on demande — je le dirai tranquillement encore une fois pour que mes collègues francophones du Parti libéral et du Parti conservateur puissent le traduire dans leurs propres mots — notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
Ce n'est pas une révolution que demande le Bloc québécois aujourd'hui par cette motion. Si la désignation du Québec comme nation veut dire quelque chose, que cela permette aux employés qui travaillent au Québec dans des entreprises sous juridiction fédérale de travailler en français, chez eux.
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Monsieur le Président, je ne sais pas comment je pourrai faire suite à cette envolée de mon collègue. Il a fait un discours vraiment remarquable et a très bien démontré la situation qui prévaut présentement au Québec à cause, principalement, des députés conservateurs qui ne veulent pas prendre position pour les gens qu'ils sont censés représenter. C'est malheureux, mais on l'a vu en novembre 2006. Quand ils ont voté pour reconnaître le Québec comme nation, ils le faisaient parce que c'était une joute orale, c'était par défiance et ils croyaient que cela ne donnerait aucune idée de velléité à qui que ce soit. On ne prend pas de telles décisions pour se défiler ensuite de ses obligations et de ses responsabilités.
Quand le gouvernement du Québec a décidé de reconnaître que les peuples autochtones étaient des nations et qu'il fallait gérer la situation avec eux, de peuple à peuple, de nation à nation, il a signé la Paix des braves. Quand on pense que le gouvernement conservateur a décidé de nommer la nation québécoise seulement parce que le Bloc québécois avait déposé une motion demandant une reconnaissance de cette nation, on peut se demander de quel opportunisme le gouvernement a fait preuve en faisant cela.
Les députés québécois du gouvernement conservateur au Québec ne croient pas en la nation. On en a la preuve aujourd'hui. J'ai entendu les députés conservateurs du Québec poser à mon collègue des questions qui feraient honte à n'importe quelle personne du Québec. Ces gens sont assujettis à la loi de leur parti qui est de ne rien dire et de ne rien faire qui contrarie les décisions du . On le sait, le premier ministre, ce n'est pas le Québec qu'il a dans sa mire, mais l'Alberta et les provinces de l'Ouest. C'est à ces provinces qu'il veut faire plaisir et à qui il fait plaisir depuis fort longtemps.
On donne des miettes au Québec, comme on l'a toujours fait. Des personnes avaient reconnu l'existence de la nation du Québec bien avant les conservateurs. Je pense notamment à quelqu'un pour qui je n'ai aucun respect ou qui a été dénigré par l'histoire. Je parle de Maurice Duplessis qui, en 1946, a dit que le Québec était une nation et que personne ne viendrait enlever ce statut au Québec. Même Lord Durham, que mes collègues conservateurs doivent connaître, a déclaré, alors que le Canada n'existait pas encore, qu'il y avait deux nations, deux peuples qui s'affrontaient sur cette terre aride, difficile, qu'on a défrichée à la sueur de nos fronts et que nos ancêtres ont fait grandir à la sueur de leur front.
Les conservateurs devraient fort bien comprendre et facilement,s'ils ont la moindre fierté de leur langue, qu'on n'abdique pas le droit d'apprendre l'anglais, l'espagnol, le russe ou l'italien. Quand je rencontre des personnes d'autres nationalités, je peux leur parler dans leur langue. Le député de peut-il en faire autant? J'en doute.
[La députée s'exprime en espagnol.]
[Français]
Il faudrait que les députés conservateurs cessent de traiter la nation québécoise d'aussi haut, qu'ils cessent de nous traiter comme si on était des moins que rien et qu'ils comprennent qu'en acceptant le prémisse qu'on est une nation, on accepte également les droits qui s'y rattachent, notamment respecter les lois inhérentes à la nation québécoise. La première loi qui doit être respectée, c'est la loi 101. On ne demande pas au gouvernement fédéral de respecter la loi 101 en Alberta ou au Nouveau-Brunswick.
Nous demandons que le gouvernement fédéral respecte la Loi 101 dans ses institutions qui sont sur le territoire québécois. C'est là la nature de notre demande. Si les députés conservateurs qui sont au pouvoir ne peuvent pas comprendre la légitimité de cette demande, les Québécois et les Québécoises qu'ils représentent ont un grave problème, et je sais que ces Québécois et Québécoises le réalisent aujourd'hui.
Ce n'est pas tout d'être élu. On n'est pas élus que pour représenter ceux qui ont voté pour nous. On est élus pour représenter toutes les personnes qui sont dans notre comté et, à moins que je ne me trompe, comme il y a au moins 40 p. 100 des Québécois et des Québécoises qui votent pour le Bloc québécois, il y au moins 40 p. 100 des personnes qui résident dans le comté de Louis-Hébert qui votent pour le Bloc québécois.
Ce député ne respecte pas la volonté de ses électeurs et de ses électrices. Il ne respecte pas que c'est l'ensemble d'une nation, c'est l'ensemble d'un peuple, qui s'est donné des lois pour pouvoir survivre. Nous avons dans le passé vérifié que la langue française était en perte de vitesse. Nous l'avons vérifié. Si nous ne prenons pas des mesures aujourd'hui, maintenant, pour nous assurer que nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants pourront continuer de parler le français, j'ai bien peur que le voeu des conservateurs de Louis-Hébert, de Lévis et d'un peu partout au Québec soit réalisé et qu'on en soit réduit à parler l'anglais partout sur le territoire québécois. Nous sommes entourés d'une mer d'anglophones.
Est-ce péché que de vouloir maintenir le français comme langue d'appartenance? C'est la langue de mes ancêtres et je suis fière de la parler. J'espère que les députés conservateurs du Québec verront la lumière et s'assureront de voter comme leur commettants voudraient qu'ils votent, qu'ils s'assureront de voter comme les personnes qui vivent dans leur comté voudraient qu'ils votent. Personne, qu'ils soient conservateurs, qu'ils soient libéraux, qu'ils soient du NPD ou qu'ils soient bloquistes, personne au Québec ne souhaite que l'anglais devienne la langue officielle. Tout le monde au Québec veut maintenir le français comme langue d'appartenance.
Ils sont mieux d'y réfléchir à deux fois avant de prendre une décision sur un vote qui va, encore une fois, être historique et qui démontrera à la nation québécoise quelles étaient les vraies intentions du gouvernement conservateur en nommant la nation. Ce n'est pas tout de nommer une nation. On l'a vu aussi au niveau de l'UNESCO. Nous donner un siège auquel on peut s'asseoir et palabrer avec son collègue de table, ce n'est pas grand-chose quand on a à se mettre à genoux pour avoir la permission d'avoir une idée et de l'exprimer. Ce n'est pas grand-chose.
C'est faux que le gouvernement conservateur a fait des avancées importantes en termes de reconnaissance de la nation. Nous donner un titre, ce n'est pas là nous donner les droits qui vont avec ce titre. J'espère que nos collègues libéraux se rendent aussi compte de l'importance de la langue française au Québec. J'espère que nos collègues libéraux se rendent compte de l'importance de cette motion. Nous ne demandons pas au Canada de parler français. Nous demandons au Québec de maintenir sa langue et nous demandons aux personnes qui travaillent sous l'égide fédérale au Québec de respecter également la langue française. C'est tout ce que nous demandons.
Je vous remercie de l'attention que vous m'avez portée. Je serai très heureuse de répondre aux questions de mes collègues. J'espère que ces collègues auront le courage de dire devant leurs concitoyens et leurs concitoyennes s'ils vont voter ou non pour cette motion.
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Monsieur le Président, je suis ravie de participer au débat sur la motion que le député bloquiste de Joliette a présentée en cette journée désignée. Voici le libellé de la motion:
Que, de l’avis de la Chambre, à la suite de la reconnaissance de la nation québécoise par cette Chambre, le gouvernement devrait passer de la parole aux actes et proposer des mesures pour concrétiser cette reconnaissance, notamment que la Charte de la langue française, en ce qui a trait à la langue de travail, s’applique aux entreprises sous juridiction fédérale sur le territoire du Québec.
Tout le monde à la Chambre sait que je suis parfaitement bilingue et que, normalement, lorsque je participe au débat, je me fais un point d'honneur de présenter une bonne partie, si ce n'est la totalité, de mon intervention en français, mais à titre de membre de la minorité linguistique anglophone du Québec, j'estime important que mon opinion sur cette motion soit consignée en anglais.
Si on examine la question des langues officielles et l'histoire du Canada, on constate que notre pays a été constitué en vertu de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique et que le Québec faisait partie de la Confédération. La Constitution canadienne précise clairement les domaines de compétence fédérale et ceux de compétence provinciale. Il est clair que la langue des entreprises et des organismes fédéraux relève de la compétence fédérale.
Je trouve intéressant qu'un parti qui s'est taillé une réputation en attaquant les gouvernements fédéraux successifs pour s'être prétendument immiscés dans des questions de compétence provinciale, utilise aujourd'hui la reconnaissance du Québec comme nation par la Chambre comme prétexte pour s'immiscer dans une question de compétence fédérale.
Il y a deux langues officielles au Canada: le français et l'anglais. Il est fallacieux de prétendre que le fait d'avoir deux langues officielles et d'en faire la promotion ouvre en quelque sorte la porte à d'autres langues. Voilà mon premier argument.
Deuxièmement, j'estime que toute personne qui siège à la Chambre a le devoir de veiller à la protection des droits linguistiques des minorités, en l'occurrence les droits des anglophones au Québec et ceux des francophones à l'extérieur du Québec.
J'ai énormément de respect pour bon nombre de députés du Bloc québécois, mais cette motion des bloquistes ferait en sorte que les droits linguistiques de la minorité anglophone vivant sur le territoire québécois ne seraient pas protégés. Quand on jette un coup d'oeil au rapport du commissaire aux langues officielles, on constate que, à l'heure actuelle, les anglophones du Québec ne sont pas représentés comme il se doit au sein des institutions fédérales. Je ne parlerai même pas de leur situation dans les institutions provinciales.
Le gouvernement du Québec a mis en place un programme d'équité en matière d'emploi pour les communautés culturelles et la minorité linguistique anglophone. Pourtant, je crois que les anglophones représentent environ 1 p. 100 des fonctionnaires provinciaux. Pour ce qui est du fédéral, bien que nous soyons présents au Québec depuis le début, nous n'y représentons pas plus de 8 p. 100 de tous les fonctionnaires de la fonction publique.
Maintes et maintes fois, le Commissariat aux langues officielles a dû faire enquête sur des plaintes concernant le traitement cavalier dont la minorité anglophone fait l'objet au Québec au sein des institutions fédérales. Pourtant, la province voudrait maintenant que le français devienne la langue de travail exclusive dans les entreprises relevant de la compétence fédérale.
Lorsque le Bloc québécois a déposé pour la première fois son projet de loi d'initiative parlementaire, dont découle la motion dont nous sommes actuellement saisis, le Commissariat aux langues officielles se préoccupait déjà du fait que la minorité anglophone du Québec ne disposait pas d'un accès égal aux services de santé, qui sont de compétence provinciale, dans leur langue maternelle.
En ce qui concerne l'éducation, un article est récemment paru dans le journal. On pouvait y lire que les commissions scolaires, les enseignants et les syndicats anglophones pressaient le gouvernement du Québec de ne pas mettre en oeuvre sa réforme pédagogique. Les députés savent-ils pourquoi? C'est parce que les manuels scolaires dont les enfants auront besoin pour étudier leurs matières et sur lesquels seront basés les examens de fin d'année ne sont pas encore disponibles.
Par conséquent, nous savons qu'il y a déjà des problèmes à l'échelle provinciale et fédérale. Aucun des deux gouvernements concernés n'a vraiment rien à se reprocher lorsqu'il s'agit de la minorité anglophone du Québec et de la protection de ses droits linguistiques ainsi que du droit des anglophones à recevoir des services dans leur propre langue. Le Bloc québécois, qui se présente comme le défenseur de tous les Québécois, ne défend pourtant pas mes droits au Québec, pas plus que les droits de ma communauté dans cette province. Il ne prend pas la défense des droits de l'autre minorité, de la minorité anglophone, au Québec.
C'est sans parler de la minorité de langue française à l'extérieur du Québec. Nous savons bien que si cette motion était adoptée, le Bloc et les députés qui voteraient en sa faveur auraient mis la table pour que les gouvernements provinciaux autres que le Québec décident soudainement d'imposer l'anglais comme seule langue officielle et laissent tomber la minorité francophone à l'extérieur du Québec.
Je ne comprends pas que ce parti n'ait pas honte. Je suis Québécoise. Une députée bloquiste vient de dire que la est québécoise, même si elle est fédéraliste. Je suis fédéraliste moi aussi et, selon la définition que la députée bloquiste vient de donner, je fais partie de la nation québécoise.
Dans ce cas, si le Bloc défend vraiment les droits des Québécois, je m'attends à ce qu'il défende mes droits au Québec, car je suis membre de la minorité anglophone de cette province. J'appuie et je défends vivement la Loi 101. Grâce à cette mesure, des membres au sein de ma communauté ont commencé à envoyer de leur plein gré leurs enfants dans des écoles francophones. Ils veulent que leurs enfants soient bilingues de manière à ce qu'ils puissent travailler pour le gouvernement provincial ou dans l'entreprise privée, qui est sous réglementation provinciale. Mais voilà, surprise, nous ne pouvons pas y obtenir d'emplois même si nous parlons français.
Dans ce cas, le Bloc ne défend pas mes droits de membre de la minorité anglophone du Québec. Il ne défend pas les droits de ma communauté au Québec, car bien que nous soyons bilingues, nous ne pouvons obtenir des emplois que dans des institutions fédérales. Qui plus est, notre représentation au sein de ces institutions n'est pas ce qu'elle devrait être, mais disons que la porte est entrouverte.
J'aimerais que les députés du Bloc se portent à la défense de mes droits linguistiques en tant que membre d'un groupe minoritaire. J'aimerais que les députés du Bloc parlent du fait que les manuels requis dans les écoles du Québec ne sont pas offerts en anglais et que nos enfants sont obligés d'utiliser des photocopies. C'est ridicule. Le gouvernement n'a pas traduit les manuels.
Une voix: C'est faux.
L'hon. Marlene Jennings: Monsieur le Président, les députés du Bloc disent que c'est faux, mais je relate des faits. Certains des manuels requis par le ministère de l'Éducation du Québec sont offerts en français seulement. Il incombe au ministère de l'Éducation de voir à ce que ces manuels soient traduits. Or, cela n'a pas été fait et, par conséquent, les commissions scolaires demandent que la mise en oeuvre de la réforme pédagogique soit reportée.
En tant que membre d'un groupe minoritaire de langue officielle, je suis constamment étonnée de constater la facilité avec laquelle le Bloc, qui prétend lutter pour la survie du fait français en Amérique du Nord, renonce à protéger et à défendre les minorités francophones hors Québec. Lorsque cela fait son affaire, il devient soudainement le défenseur des minorités francophones hors Québec, mais, sinon, il abandonne aussitôt. C'est déplorable.
J'aimerais lire quelques statistiques tirées du rapport 2006-2007 du commissaire aux langues officielles. À la page 28, on peut lire:
La dualité linguistique prend racine dans les réalités historiques et contemporaines du Canada. Elle constitue en effet l’une des valeurs fondamentales de notre pays, depuis sa création. Si elle a déjà fait l’objet de débats houleux, elle ne constitue plus un sujet autant chargé en émotion [...] 82 p. 100 des francophones et 74 p. 100 des anglophones croient que les deux groupes de langue officielle devraient jouir d’une éducation de qualité égale, et ils sont disposés à ce que l’on accorde plus de ressources à la minorité pour permettre d’atteindre cet objectif.
C'est très différent de ce que laisse entendre le Bloc. Le rapport se poursuit ainsi:
Les Canadiens et les Canadiennes d’aujourd’hui voient la dualité comme étant au centre de l’histoire, de la culture et des valeurs de leur pays. En effet, il existe actuellement au Canada un appui sans précédent au bilinguisme et au respect des droits des minorités linguistiques. Selon un récent sondage, mené au début de l’année 2006, 72 p. 100 des Canadiens se disent personnellement favorables au bilinguisme du Canada, une hausse de 16 p. 100 depuis 2003.
J'ai parlé du fait que les anglophones sont sous-représentés dans la fonction publique fédérale au Québec. Selon le rapport annuel de 2006-2007 du commissaire aux langues officielles, la participation anglophone au Québec « se situait à 8 p. 100 au 31 mars 2001 ». C'est inacceptable.
Le rapport se poursuit ainsi:
La Commissaire suivra de près les travaux entrepris par les institutions fédérales et par le Conseil fédéral du Québec en vue d'accroître la participation des anglophones dans la fonction publique fédérale de la province.
Il y a toutefois le rapport sur Postes Canada. Pourquoi? Parce que Postes Canada est une société d'État soumise aux lois fédérales et qu'elle a donc l'obligation juridique de créer un milieu de travail propice à l'usage de l'une ou l'autre langue officielle, soit le français ou l'anglais. Toutefois, Postes Canada a déjà eu de graves problèmes par le passé concernant le respect des droits des employés anglophones minoritaires et il y a eu des plaintes à ce sujet.
Les commissaires aux langues officielles ayant travaillé sur ce dossier, soit la commissaire précédente, Mme Dyane Adams, et maintenant M. Graham Fraser, ont constaté un effort réel de la part de la direction, en particulier de la haute direction de Postes Canada, afin que les employés de cette société ne soient pas pénalisés s'ils font partie de la minorité anglophone et que, s'ils répondent aux critères de sélection, leur accès à des postes de haute direction ne soit pas limité par le fait qu'ils sont anglophones, ce qui était le cas quand je travaillais là. Cela signifie également que les gestionnaires peuvent communiquer entre eux et communiquer adéquatement avec les employés.
En conclusion, j'aimerais lire une citation du député néo-démocrate d', tirée de la Gazette de Montréal du 23 octobre 2007. En réponse à ce qui semble être une question sur la mesure législative qui incarne la motion dont nous sommes saisis et sur sa pertinence par rapport à la loi 101, il a dit:
Il n'y a absolument aucun problème à l'heure actuelle avec la langue de travail au Québec [...] La loi 101 a réglé le problème et a atténué une bonne partie de la tension et de la mauvaise volonté créées par le passé quand des habitants d'une province majoritairement francophone étaient obligés à parler anglais au travail.
J'en conclus que le NPD s'opposera à la motion du Bloc. J'en conclus aussi qu'il choisira soigneusement sa position relativement à la motion à l'étude puisqu'elle risque de porter atteinte aux droits de la minorité anglophone au Québec ainsi qu'aux droits de la minorité francophone à l'extérieur du Québec.
Je conseille aux députés néo-démocrates qui envisagent d'appuyer la motion du Bloc d'y penser à deux fois, et peut-être même à trois ou quatre fois, s'ils en ressentent le besoin. Je les encourage instamment à s'opposer à cette motion.
La majorité des membres de la minorité anglophone au Québec le prendra comme un affront et considérera que c'est une violation des droits linguistiques des minorités, droits qui sont protégés au Québec.
Je ne prétends pas parler au nom des minorités linguistiques francophones à l'extérieur du Québec, mais les membres de ma famille, du côté de ma mère, sont tous des Manitobains francophones. À mon avis, si le NPD appuie cette motion, les minorités francophones hors Québec estimeront aussi que c'est un affront et une violation de leurs droits linguistiques, et trouveront que c'est une invitation aux provinces autres que le Québec de décider, à l'avenir, que la seule langue de travail sera le français, qu'il n'y a absolument aucune raison de protéger les droits linguistiques...
Mme Christiane Gagnon: Quand as-tu les oreilles sensibles?
M. Marc Lemay: Oui madame, je vous poserai une question à ce sujet.
L'hon. Marlene Jennings: Monsieur le Président, j'entends les députés d'en face chahuter et dire que je fais de la démagogie. C'est faux. Je présente des faits.
J'ai appuyé la motion reconnaissant la nation québécoise. Cependant, le Québec n'est pas un État-nation. Ce n'est pas une nation ethnique. C'est une nation sur le plan sociologique. C'est bien la seule façon dont je pourrais en faire partie.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Marlene Jennings: Je constate que les députés du Bloc sont assez mécontents. Les faits leurs déplaisent. La seule façon dont je pourrais faire partie de la nation québécoise est si celle-ci répond à la définition sociologique du mot, en vertu de laquelle des membres de diverses nations, de divers groupes ethniques, peuvent se réunir et choisir de vivre côte à côte.