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RNNR Rapport du Comité

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CHAPITRE 2 — CONSIDÉRATIONS EN PLANIFICATION ÉNERGÉTIQUE INTÉGRÉE

Partout au Canada, la taille, la structure, les ressources, la réglementation et les possibilités des collectivités varient d’une collectivité à l’autre, ce qui donne lieu à une grande diversité d’aspects à considérer, et il n’existe aucune approche normalisée à la planification énergétique intégrée. Les thèmes qui suivent traitent des principales questions qui ont été le plus souvent évoquées par les témoins au cours de l’étude du Comité et dont les répercussions varient selon les collectivités.

Technologie

Les systèmes énergétiques intégrés reposent sur l’utilisation de technologies interconnectées plutôt qu’isolées. Une combinaison judicieuse des possibilités et des configurations peut donner de meilleurs résultats qu’une somme de résultats isolés et mener à des systèmes beaucoup plus fiables et polyvalents[22][23]. Ainsi, l’énergie de sources comme l’éolien ou le solaire peut offrir plus de souplesse avec un système de stockage permettant de régulariser les fluctuations de l’offre et de la demande[24]. Dans la pratique, il faut faire appel à plusieurs technologies — tant classiques que nouvelles — pour répondre aux besoins énergétiques de la plupart des collectivités canadiennes. Les quelques études de technologies de remplacement illustrent les grands défis et les grandes possibilités associés aux choix énergétiques collectifs fondés sur des systèmes intégrés.

Petits systèmes éoliens

L’éolien au Canada repose essentiellement sur de grandes installations (éoliennes pouvant atteindre 80 mètres de hauteur) reliées au réseau, qui produisent environ 1 p. 100 de l’électricité du pays. Dans un système énergétique intégré, les petites installations (de moins de 300 kilowatts par éolienne) présentent des possibilités additionnelles et des défis différents[25] :

  1. Les petites installations résidentielles (1‑10 kW) coûtent environ 6 000 dollars et satisfont à quelque 10 à 20 p. 100 des besoins d’électricité d’une habitation située dans une région venteuse. À peine 300 à 400 sont en service au Canada et ont été installées pour des raisons environnementales plutôt qu’économiques. Les entreprises de services publics et les gouvernements n’offrent aucun incitatif pour en faire découvrir les avantages, et le coût de connexion au réseau dépasse souvent le coût initial de la technologie.
  2. Les installations commerciales et agricoles de taille moyenne (10‑100 kW) coûtent entre 180 000 et 200 000 dollars et peuvent satisfaire à plus de la moitié des besoins en électricité d’une ferme laitière de taille moyenne à grande. Quelque 70 à 100 sont en service au Canada et ont été installées principalement pour des raisons économiques, car elles permettent à bien des agriculteurs de dépendre moins du réseau. Sur les 10 fabricants de ces installations dans le monde, la moitié sont canadiens et font surtout affaire avec l’étranger. Les avantages des petits systèmes éoliens seront sans doute de plus en plus grands avec l’électrification grandissante des collectivités rurales au Canada et dans le monde.
  3. Les grands systèmes éoliens et éoliens-diesel pour les collectivités éloignées (50‑300 kW). Dans l’île Ramea à Terre-Neuve, six éoliennes de 65 kW satisfont à quelque 80 p. 100 des besoins d’électricité de la population. Au Canada, plus de 300 collectivités éloignées du Nord dépendent d’installations diesel qui produisent de l’électricité au coût de 25 ¢ à 1,50 $ le kilowattheure (15 fois les tarifs en vigueur dans le Sud) et qui sont la source de la pollution atmosphérique et de déversements de diesel. La moitié de l’expertise mondiale en matière de systèmes éoliens-diesel est canadienne et, comme pour les installations de taille moyenne, cette expertise est essentiellement exercée à l’étranger. Un investissement de 51 millions de dollars permettrait de satisfaire à quelque 10 p. 100 des besoins d’électricité du Nord canadien.

Il n’existe en général aucun incitatif pour faire découvrir les avantages des petits systèmes éoliens. En plus d’être écologiques, ces systèmes créent de l’emploi sur place et présentent moins de pertes de transport d’énergie à cause de la proximité de la demande. L’éolien est un secteur qui emploie beaucoup de main-d’œuvre. En Allemagne, il emploie 64 000 personnes et représente le deuxième consommateur d’acier après l’industrie automobile. Au Canada, le secteur éolien (essentiellement constitué de gros systèmes) emploie environ 4 000 personnes[26].

D’ici 2020, quelque 1 billion de dollars seront investis dans le secteur éolien dans le monde, ce qui amènerait certains joueurs à se distinguer davantage de la concurrence dans le marché mondial[27].

Chauffage à la biomasse

Selon l’expérience de la Fédération québécoise des coopératives forestières, pour chauffer un bâtiment institutionnel directement à la biomasse, il faut une unité thermique de pétrole pour produire 15 unités thermiques de biomasse (ce rapport est de 1 à 4,6 pour l’éthanol et de 1 à 6 pour les granules); ainsi, on utilise entièrement, ou presque, la disponibilité énergétique de la ressource. Les résidus de la biomasse forestière sont exploitables localement, permettant de satisfaire aux besoins des collectivités. Un investissement de quelque 1 million de dollars par site permettrait d’installer les chaudières requises et d’aménager les installations d’entreposage des matériaux[28].

Le chauffage à la biomasse plutôt qu’au mazout a été un facteur important qui a permis à la Suède de réduire de 7 p. 100 ses émissions de dioxyde de carbone. La chaleur est produite à température si élevée que tous les gaz sont brûlés et que l’émission de vapeurs et de poussières est très faible. Au Québec, le coût d’approvisionnement de l’industrie est légèrement inférieur à 3 ¢ le kilowatt (comparativement à 8 ¢ pour l’électricité et à plus de 11 ¢ pour le mazout), dans des circuits d’approvisionnement courts. Un emploi est créé par 500 000 tonnes de biomasse[29].

 « [L]e segment de l'utilisation de la biomasse pour les chaufferies institutionnelles, puisque ça n'existe pratiquement pas encore au Canada, n'a pas encore été pris en charge », et il manque d’expertise technique dans ce domaine[30]. La biomasse peut également servir de source renouvelable dans le chauffage collectif, comme l’illustre le projet de Dockside Green à Victoria, en Colombie-Britannique. Chaque bâtiment sera raccordé à un système de chauffage à bilan GES neutre, qui utilisera la technologie de la gazéification des déchets ligneux locaux afin d’éliminer les particules de bois durant la combustion.

Technologie de la géothermie

L’énergie thermique, qui compte pour l’essentiel de la consommation d’énergie dans les collectivités canadiennes, est perdue pour une bonne part dans les systèmes énergétiques classiques. Misant sur la pompe à chaleur géothermique, le stockage de la chaleur et l’échangeur géothermique[31], la technologie géothermique permettrait de récupérer et de redistribuer une partie des pertes de chaleur et d’améliorer ainsi le rendement global des systèmes énergétiques[32].

L’industrie géothermique canadienne a connu une croissance sans précédent grâce au programme de qualité globale de la Coalition canadienne de l’énergie géothermique (CCÉG) qui vise la formation, l’accréditation et la certification. Environ 3 000 intervenants de l’industrie ont été formés aux normes et meilleures pratiques canadiennes depuis deux ans, et 1 000 professionnels de la CCÉG ont reçu leur accréditation[33].

Soutenue par des subventions considérables à la rénovation résidentielle, l’industrie géothermique rapporte une croissance annuelle d’au moins 50 p. 100 depuis deux ans, avec au moins 250 millions de dollars de chiffre d’affaires dans toutes les régions canadiennes, surtout dans le secteur résidentiel. Les grands travaux commerciaux augmentent constamment, témoignant de la sensibilité des intéressés aux avantages du géothermique et au programme de qualité globale de la CCÉG[34].

Malgré les possibilités de développement de la technologie géothermique, l’industrie fait face à plusieurs obstacles commerciaux. La norme pour la conception et l’installation de systèmes géothermiques n’a pas été revue depuis la naissance de ce secteur il y a 15 ans environ et ne reflète pas la réalité actuelle des marchés géothermiques. Cette lacune fait en sorte que la technologie géothermique peut facilement contrevenir à la réglementation municipale, favorisant ainsi d’autres options répondant à des normes plus élevées. D’autres obstacles commerciaux tiennent à la désinformation générale au sujet de la technologie géothermique et à la réticence à délaisser les pratiques classiques; aux questions financières liées à la difficulté d’investir au bon moment à cause de la rotation des stocks de capitaux et à l’absence de financement adapté; au problème d’offre de nouvelles technologies et de nouveaux équipements; et à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée[35].

Bâtiments verts

Au Canada, les bâtiments produisent quelque 30 à 35 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre (48 p. 100 si on inclut les matériaux de construction). Deux grandes approches aux bâtiments s’appuient sur une stratégie de conception intégrée qui s’inspire de divers principes d’économies d’énergie et d’efficacité énergétique (conception en fonction du climat; récupération de la chaleur et de l’eau de drainage; matériaux de construction sains, etc.) :

  • La maison à consommation énergétique nette zéro est une maison qui produit annuellement une quantité d’énergie renouvelable au moins égale à sa consommation annuelle totale d’énergie achetée d’un fournisseur de services énergétiques[36]. Les maisons à consommation zéro sont reliées au réseau, faisant de leurs propriétaires autant des producteurs que des consommateurs d’énergie[37].
  • Les normes LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). Le premier bâtiment certifié platine, celui de la Réserve de parc national du Canada des îles Gulf, consomme le quart de l’énergie d’un bâtiment classique semblable, mais produisant 32 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre en moins par année. Les constructions certifiées LEED coûtent entre 3 et 4 p. 100 de plus qu’une construction classique, et se rentabilisent au bout de trois à cinq ans en moyenne selon le prix de l’énergie d’une année à l’autre. Les normes LEED sont volontaires et ne sont pas imposées par une réglementation[38].

Le coût des constructions à faible consommation d’énergie diminuera à mesure que les technologies seront disponibles et que les constructeurs connaîtront mieux les principes de l’efficacité énergétique et des économies d’énergie[39]. Le marché de la rénovation présente de meilleurs débouchés que celui des nouvelles constructions parce que seulement 3 p. 100 du parc immobilier change chaque année au Canada[40]. La construction neuve coûte cependant moins cher que l’adaptation des bâtiments existants[41].

Réseaux intelligents

Les réseaux intelligents sont le fruit d’une série d’initiatives prises par divers organismes pour rapprocher les divers éléments d’un réseau d’électricité (production, distribution et consommation) afin d’améliorer le fonctionnement de l’ensemble du réseau et de faciliter l’intégration de diverses technologies telles que la production répartie, les énergies renouvelables et le stockage de l’énergie. Ainsi, les réseaux intelligents pourraient compenser les variations dans la production des énergies renouvelables (telles les périodes de production éolienne excédentaires ou insuffisantes par rapport à la demande), répondre à la demande lorsque l’offre est insuffisante et réduire la congestion sur les lignes de transport et de distribution. La technologie des réseaux intelligents permet de prévoir et de régler les problèmes avant qu’une panne se produise et permet au consommateur de régler sa consommation d’électricité en fonction des changements de prix et d’autres paramètres, favorisant ainsi les mesures d’efficacité énergétique et d’économie d’énergie. Selon Gridwise, une alliance américaine d’intervenants dans le secteur de l’électricité, un investissement de 16 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années permettrait de lancer des projets de réseaux intelligents d’une valeur de 64 milliards de dollars et de créer 420 000 emplois directs et indirects[42].

Figure 2 : Illustration d’un réseau intelligent

Figure 2 : Illustration d’un
    réseau intelligent

Source : Electric Power Research Institute.

Les réseaux intelligents en sont encore à leurs débuts, et leur développement requiert diverses technologies aux coûts et à la valeur commerciale différents. En outre, l’échange d’information entre les technologies actuelles et nouvelles pose un défi technique considérable, comme le révèle l’Ontario Small Grid Forum[43]. Selon Joanne McKenna de BC Hydro, les réseaux intelligents, c’est pour dans 10 ou 20 ans. Néanmoins, elle considère que la planification urbaine actuelle doit tenir compte de tels développements futuristes[44].

Aménagement du territoire et infrastructure

Au Canada, l’aménagement du territoire de la plupart des collectivités, qui est un facteur essentiel pour déterminer les habitudes de consommation d’énergie, se fait selon un plan en « emporte-pièce » qui tient compte des normes d’urbanisation et du code du bâtiment, de l’impôt foncier et du zonage. Les pratiques classiques mènent à une gestion inefficace de l’offre et de la demande d’énergie. Ainsi, plus la source d’électricité est éloignée, plus les pertes de transport d’énergie sont grandes, et les bâtiments sont généralement asservis à la consommation d’énergie, contribuant rarement à l’offre. La planification classique permet rarement d’autres combinaisons[45].

Nombre de collectivités, y compris des petites villes, seraient des endroits propices pour des systèmes partagés et des économies d’énergie, sauf dans le cas de l’étalement résidentiel vers les banlieues et les campagnes[46]. Selon Thomas Mueller, président du Conseil du bâtiment durable du Canada, les émissions de gaz à effet de serre par habitant des villes canadiennes sont plus élevées que celles des villes européennes, ce qui est surtout attribuable à l’urbanisation généralement plus dense et plus intégrée en Europe[47]. Penny Ballem de la ville de Vancouver confirme que les aménagements polyvalents et de haute densité favorisent le transport en commun et le transport actif[48] et justifient économiquement le chauffage de quartier et les systèmes à énergie renouvelable de quartier[49]. L’étalement urbain contribue grandement à l’inefficacité du système actuel de gestion de l’offre et de la demande d’énergie et aux émissions de gaz à effet de serre[50].

La réglementation actuelle de la plupart des collectivités nuit à l’aménagement intégré du territoire et à la planification intégrée de l’énergie. Selon Christopher Bataille, directeur de M.K. Jaccard and Associates Inc., les régimes d’impôt foncier favorisent l’étalement plutôt que la densification en ne tenant pas compte des coûts additionnels du logement à faible densité (égouts, aqueducs, infrastructure électrique, etc.)[51]. Glen Murray, président de l’Institut urbain du Canada, est du même avis, ajoutant que favoriser des aménagements à faible densité non desservis — où les services coûtent donc plus cher à pourvoir — diminue l’avantage concurrentiel des quartiers à forte densité et polyvalents et, par conséquent, la faisabilité des systèmes énergétiques intégrés. En Nouvelle-Zélande, le régime d’impôt foncier incite à construire en hauteur et à rénover, car il taxe les terrains et les services à l’unité, et il n’y a « virtuellement pas de taxe » sur les immeubles[52].

Parmi les autres obstacles récurrents à la planification énergétique intégrée, il y a des politiques et des normes provinciales qui ne sont pas claires; les incitatifs fédéraux qui ciblent des technologies particulières et qui exigent que les plans intégrés soient « démontés »; et le monopole exercé par les entreprises de services publics qui n’encouragent pas les particuliers à alimenter le réseau[53].

Considérations économiques

Comme l’a souligné Atif Kubursi (professeur d’économie à l’Université McMaster), les systèmes intégrés ont des effets économiques directs, indirects et induits qu’il faut analyser en tenant compte de nombreux facteurs et conséquences : dépenses d’immobilisations, coûts éludés, opérations, entretien, investissements induits, etc. Par exemple, une étude préparée pour l’Ontario Power Authority révèle que les économies d’énergie correspondent à des coûts éludés qui pourraient être réinvestis dans l’économie par la voie de la consommation en général, une fois réalisés par les consommateurs, et par la voie d’investissements accrus, une fois réalisés par les entreprises. Ces investissements pourraient ensuite stimuler l’emploi. Comme le montre la figure 3, l’impact économique des quatre éléments d’un système intégré (efficacité énergétique, gestion de la demande, conversion de carburant et production par le consommateur) est tel que la somme des coûts d’équipement et de programme (avant) et le total des frais épargnés (arrière) donnent un bilan positif (milieu)[54].

Figure 3 : Coûts éludés, coûts de matériel et de programme des programmes d’économies

Figure 3 : Coûts éludés, coûts de
    matériel et de programme des programmes d’économies

Source : Analyse de l’impact économique des systèmes énergétiques intégrés, présentation faite par Atif Kubursi devant le Comité.

Malgré les avantages économiques inhérents des économies d’énergie et de l’efficacité énergétique, la viabilité financière d’un système énergétique intégré dépend du coût et de l’intégration des technologies disponibles. Du simple point de vue économique, le coût initial de certaines technologies de pointe risque d’être trop élevé à court terme, surtout que le coût en capital a tendance à augmenter en fonction de l’efficacité[55]. Pour les municipalités dont les budgets d’immobilisations et de fonctionnement sont séparés, la période de récupération pose un défi particulier, car les économies réalisées dans les dépenses d’immobilisations pour acheter des technologies inefficaces se feraient toujours aux dépens d’opérations de cycle de vie coûteuses imputées à un budget différent, et vice versa[56]. Certaines technologies approchent du stade de la commercialisation plus que d’autres, mais une combinaison judicieuse des options pourrait réduire la période totale de récupération[57].

Pour faciliter l’implantation des systèmes énergétiques intégrés, des témoins ont évoqué l’attribution d’un prix au carbone comme mécanisme pour favoriser les technologies à émissions faibles. Jamie James explique qu’assigner une valeur au carbone permettrait au secteur privé d’injecter des fonds d’appoint dans les projets verts, au profit des systèmes intégrés. Jonathan Westeinde est d’accord avec ce mécanisme, soulignant son potentiel « égalitaire » et la possibilité d’un milieu concurrentiel pour la conservation d’énergie et les sources renouvelables, comme on le voit dans l’Union européenne[58].

Tim Weis affirme qu’avec la diversité des politiques énergétiques provinciales au pays, ce mécanisme produirait des retombées inégales selon les régions. Au Québec et en Colombie-Britannique, par exemple, où l’hydroélectricité à faibles émissions domine, les autres technologies à énergie renouvelable appellent des incitatifs supplémentaires[59]. Alan Meier ajoute qu’il est crucial d’en arriver au juste prix : si le carbone est trop bon marché, les effets sur l’énergie renouvelable seront plus faibles que les fluctuations récentes des prix de l’énergie[60]. Selon Glenn Murray, un bon système de fixation du prix du carbone doit s’inscrire dans une politique qui inclut les plafonds et la bourse d’échanges[61].

Emploi et formation

Les besoins variés en main-d’œuvre des systèmes énergétiques intégrés ouvrent la porte à de nombreuses possibilités d’emploi. Ainsi, en Colombie-Britannique, l’Energy Efficient Buildings Strategy prévoit la création d’emplois à hauteur de quelque 10 000 emplois par an sur 12 ans (sans compter les dépenses nouvelles découlant des économies d’énergie) et, selon une analyse préliminaire des projets de production répartie, BC Hydro évalue à quelque 5 000 à 15 000 le nombre d’emplois qui pourraient être créés en 10 ans en raison des effets suivants[62] :

  • Effets directs : sur place (construction, gestion, etc.) et à l’extérieur (gestion de carburant et de flottes de véhicules, assemblage, fournisseurs de matériel, etc.)
  • Effets indirects : sur les entreprises (secteurs des banques, de la construction, de la fabrication, etc.)
  • Effets induits : dépenses en biens et services (alimentation, garde d’enfants, etc.)

Dans le secteur de la construction verte, la pénurie de main-d’œuvre spécialisée fait problème. Comme le dit Andrew Pride du Groupe Minto, « on manque vraiment de capacité dans le secteur du bâtiment vert aujourd'hui, pour disposer de l’équipement et de la main-d’œuvre nécessaires à la construction des bâtiments à haut rendement[63] ». Les pénuries de main-d’œuvre spécialisée touchent également le secteur de l’énergie renouvelable : la Coalition canadienne de l’énergie géothermique forme la main-d’œuvre pour répondre rapidement à la demande. Selon Elizabeth McDonald, l’utilisation de technologies durables et de l’énergie renouvelable génère de l’activité économique et crée de l’emploi local durable[64].

Programmes fédéraux

Ressources naturelles Canada a pris plusieurs mesures pour promouvoir la planification énergétique intégrée à l’échelle de la collectivité[65] :

  • Recherche et développement (p. ex. sur la technologie des systèmes de stockage de l’énergie solaire)
  • Programme fédéral-provincial-territorial visant à établir une « feuille de route » pancanadienne des politiques et programmes pouvant contribuer à la réalisation de projets énergétiques intégrés, et à la recherche de moyens pour éliminer les obstacles dans les secteurs où le besoin est le plus élevé. La feuille de route servirait de « guide » à chaque collectivité, quelle que soit sa taille, pour trouver la meilleure solution collective intégrée qui lui convient.
  • Plan interministériel visant à normaliser dans 12 ministères fédéraux la façon de mesurer la consommation d’énergie à l’échelle des collectivités.

Le gouvernement du Canada appuie plusieurs technologies et pratiques dans le cadre de son programme écoÉNERGIE (chauffage renouvelable, rénovation de maisons, énergies renouvelables, etc.), mais il reste à savoir comment ces subventions aux particuliers pourraient favoriser les approches et les technologies énergétiques intégrées[66]. Le gouvernement a aussi accordé 550 millions de dollars à la Fédération canadienne des municipalités afin qu’elle établisse un Fonds municipal vert pour soutenir certains projets énergétiques intégrés (comme des projets de planification énergétique à l’échelle de la collectivité et de chauffage collectif) en offrant « des prêts et des subventions à taux réduit, ainsi que des services d’éducation et de formation ». Le Fonds disposant de ressources limitées, la demande dans l’ensemble du Canada est supérieure à l’offre du programme[67].

Pendant toute notre étude, les témoins ont suggéré divers moyens pour améliorer les politiques et programmes fédéraux afin de les rendre plus utiles aux systèmes énergétiques intégrés. En particulier, on a distingué entre les fonds intégrés comme les Fonds municipaux verts et les subventions qui sont gérées par le programme écoÉNERGIE. La grande majorité des témoins a indiqué que ces dernières subventions sont particulières à certaines technologies et donc trop rigides et difficiles à utiliser dans un contexte d’énergie intégrée.


[22]           Denis Tanguay, Coalition canadienne de l'énergie géothermique, Témoignages, 24 mars 2009.

[23]           Kevin Lee, Division de l'habitation, Office de l'efficacité énergétique, ministère des Ressources naturelles, Témoignages, 26 février 2009.

[24]           Joanne McKenna, Stratégie de production décentralisée, Service d'aide et de fidélisation de la clientèle, B.C Hydro, Témoignages, 5 mars 2009.

[25]           Sean Whittaker, Association canadienne de l'énergie éolienne, Témoignages, 24 mars 2009.

[26]           Ibid.

[27]           Ibid.

[28]           Jocelyn Lessard, Fédération québécoise des coopératives forestières, Témoignages, 24 mars 2009.

[29]           Ibid.

[30]           Ibid.

[31]           L’échangeur géothermique sert à la fois au chauffage et à la climatisation. Faisant appel à la température stable de la surface de la terre, l’échangeur transfère la chaleur du sol au bâtiment pour chauffer, ou du bâtiment au sol pour refroidir. Au lieu d’échangeur géothermique, on parle souvent d’« énergie géothermique » qui désigne plus correctement les sources thermales d’Islande, dont l’eau chaude est envoyée dans des canalisations pour chauffer des bâtiments.

[32]           Ted Kantrowitz et Denis Tanguay, Coalition canadienne de l'énergie géothermique, Témoignages, 24 mars 2009.

[33]           Information supplémentaire fournie par Denis Tanguay, 11 mai 2009.

[34]           Ibid.

[35]           Ted Kantrowitz et Denis Tanguay, Coalition canadienne de l’énergie géothermique, Témoignages, 24 mars 2009.

[36]           Maison à consommation d’énergie nette zéro : une voie intégrée vers une énergie plus propre et un environnement plus sain, présentation au Comité, 2 avril 2009.

[37]           Gordon Shields, Net-Zero Energy Home Coalition, Témoignages, 2 avril 2009.

[38]           Thomas Mueller, Conseil du bâtiment durable du Canada, Témoignages, 10 mars 2009.

[39]           Gordon Shields, Net-Zero Energy Home Coalition, Témoignages, 2 avril 2009.

[40]           Michael Harcourt, Systèmes d'énergie de qualité pour les villes de demain, Témoignages, 26 février 2009.

[41]           Gordon Shields, Net-Zero Energy Home Coalition, Témoignages, 2 avril 2009.

[42]           Enabling Tomorrow’s Electricity Systems: Report of the Ontario Smart Grid Forum (2009), rapport soumis au Comité.

[43]           Ibid.

[44]           Joanne McKenna, Stratégie de production décentralisée, Service d'aide et de fidélisation de la clientèle, B.C Hydro, Témoignages, 5 mars 2009.

[45]           Bob Oliver, Pollution Probe, Témoignages, 2 avril 2009.

[46]           Kevin Lee, Division de l'habitation, Office de l'efficacité énergétique, ministère des Ressources naturelles, Témoignages, 26 février 2009.

[47]           Thomas Mueller, Conseil du bâtiment durable du Canada, Témoignages, 10 mars 2009.

[48]           Le transport actif désigne toute forme de transport à énergie humaine : marche, vélo, patin, canot, etc.

[49]           Penny Ballem, ville de Vancouver, Témoignages, 12 mars 2009.

[50]           Christopher Bataille, M.K. Jaccard and Associates Inc., Témoignages, 31 mars 2009.

[51]           Ibid.

[52]           Glen Murray, Institut urbain du Canada, Témoignages, 26 mars 2009.

[53]           Karen Farbridge, ville de Guelph, Témoignages, 12 mars 2009.

[54]           Atif Kubursi, Université McMaster, Témoignages, 31 mars 2009.

[55]           Glen Murray, Institut urbain du Canada, Témoignages, 26 mars 2009.

[56]           Ibid.

[57]           Denis Tanguay, Coalition canadienne de l'énergie géothermique, Témoignages, 24 mars 2009.

[58]           Jamie James et Jonathan Westeinde, Windmill Development Group Ltd., Témoignages, 12 mars 2009.

[59]           Tim Weis, Institut Pembina, Témoignages, 24 mars 2009.

[60]           Alan Meier, Energy Efficiency Centre, Université de la Californie, Davis, et Lawrence Berkeley National Laboratory, Témoignages, 2 avril 2009.

[61]           Glen Murray, Institut urbain du Canada, Témoignages, 26 mars 2009.

[62]           Réponse écrite de BC Hydro à une question, document présenté au Comité par BC Hydro. On y parle d’une création d’emplois d’environ 130 000 années-personnes sur 12 ans, en excluant les dépenses de consommation réorientées après les économies d’énergie.

[63]           Andrew Pride, Équipe verte Minto, Groupe Minto, Témoignages, 26 mars 2009.

[64]           Elizabeth McDonald, Association des industries solaires du Canada, Témoignages, 2 avril 2009.

[65]           Carol Buckley et Kevin Lee, Office de l'efficacité énergétique, ministère des Ressources naturelles, Témoignages, 26 février 2009.

[66]           Mel Ydreos, vice-président, Opérations, Union Gas Limited, Témoignages, 5 mars 2009.

[67]           Eamonn Horan-Lunney, Relations intergouvernementales, Fédération canadienne des municipalités, Témoignages, 10 mars 2009.