PACP Rapport du Comité
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INTRODUCTION L’Agence canadienne de développement international (ACDI) administre la majeure partie du programme canadien d’aide publique au développement. Habituellement, l’Agence n’achemine pas elle-même l’aide, mais elle finance plutôt d’autres organisations, comme des organismes d’aide non gouvernementaux ou des organismes internationaux, ou finance directement les gouvernements des pays bénéficiaires. Même si son mandat et son rôle ne sont pas prescrits par la loi, elle a pour mission de mener les efforts que déploie le Canada à l’échelle internationale pour venir en aide aux personnes qui vivent dans la pauvreté. Dans son Énoncé de politique en faveur d’une aide internationale plus efficace en date de 2002, l’ACDI a fait de l’efficacité de l’aide sa priorité absolue. À cet égard, elle s’est engagée à aligner son aide sur les priorités et les besoins des pays bénéficiaires, à harmoniser ses actions avec celles des autres pays donateurs et à avoir recours à de nouvelles modalités d’aide appelées approches-programmes[1]. L’Agence a aussi reconnu que ses programmes sont très dispersés, et depuis février 2009, elle a décidé de concentrer son aide dans 20 pays. Dans son rapport de l’automne 2009, le Bureau du vérificateur général (BVG) a inclus une vérification de gestion portant sur l’ACDI intitulée « L’amélioration de l’efficacité de l’aide[2] ». Les vérificateurs ont examiné la façon dont l’Agence a respecté ses engagements à l’égard de l’efficacité de l’aide, pour ce qui est de l’alignement, de l’harmonisation, des approches-programmes et de la concentration de ses ressources. Ils ont aussi passé en revue les méthodes de gestion en vigueur au sein de son administration centrale, qui visent à orienter la mise en œuvre de ses engagements et à y donner suite. De même, le BVG s’est penché sur cinq pays (le Bangladesh, l’Éthiopie, le Ghana, le Honduras et le Vietnam) pour évaluer comment l’ACDI planifie ses activités sur le terrain, choisit les projets qu’elle va financer et surveille les risques associés à chaque projet. Étant donné l’importance d’offrir une aide efficace aux pays en développement, le Comité des comptes publics (le Comité) a consacré une audience à cette vérification le 9 décembre 2009[3]. Du Bureau du vérificateur général, le Comité a rencontré Richard Flageole, vérificateur général adjoint; John Reed, directeur principal, et Dušan Duvnjak, directeur. L’Agence canadienne de développement international était représentée par Margaret Biggs, présidente, et David Moloney, premier vice-président. Parce que la première audience avait dû être suspendue prématurément, le Comité a tenu une autre audience le 25 mai 2010 pour permettre à ses membres d’examiner la question plus à fond[4]. Le Comité a alors rencontré les mêmes représentants de l’ACDI que ceux présents à la première audience, tandis que le BVG était représenté par Sheila Fraser, vérificatrice générale, et John Reed, directeur principal. RAPPORTS D’ÉTAPE ET PROGRÈS ACCOMPLIS JUSQU’ICI
Le BVG formule sept recommandations, auxquelles l’ACDI souscrit entièrement et a donné suite en bonne partie depuis. Dans son exposé préliminaire devant le Comité, la présidente de l’ACDI a affirmé que « tous les principaux jalons du plan d'action de l'ACDI adopté en réponse au rapport de la vérificatrice générale ont été atteints[6] ». La vérificatrice générale a reconnu les progrès accomplis par l’Agence et s’est dite « très heureuse de voir que l'ACDI a honoré ses engagements et a parcouru bien du chemin au cours des six derniers mois[7] ». Ainsi, en conformité avec son plan d’action pour accroître l’efficacité de l’aide de 2009, l’Agence dit qu’elle a pris des mesures pour : 1) cibler davantage ses programmes; 2) assurer une meilleure gestion et une mise en œuvre soutenue et 3) simplifier ses processus opérationnels. Par exemple, l’ACDI a atteint son objectif, qui était de concentrer 80 % de l'aide bilatérale dans quelque 20 pays de concentration, et les stratégies applicables à toutes ces régions de concentration géographique ont été approuvées et sont accessibles sur le site Web de l’ACDI. L’Agence a aussi terminé comme prévu l’élaboration de cadres de programmation-pays et a défini ses trois priorités thématiques. Des stratégies pour deux de ces priorités, en l’occurrence accroître la sécurité alimentaire et assurer un avenir meilleur aux jeunes et aux enfants, ont été élaborées et affichées sur le site Web de l’Agence. La stratégie portant sur la troisième priorité qui vise à favoriser une croissance économique durable, n’a toujours pas été rendue publique et bon nombre des mesures prises par l’Agence pour donner suite aux recommandations du BVG ont un caractère progressif. De plus, selon le plan d’action, la date cible pour la mise en œuvre du plan des ressources humaines de l’ACDI et l’adoption de stratégies de recrutement et de maintien de l’effectif, est mars 2011. Même si le Comité se réjouit des progrès accomplis jusqu’ici par l’Agence pour mettre en œuvre son plan d’action et donner suite aux recommandations du BVG, il trouve important de continuer à suivre l’évolution de la situation pour veiller à ce qu’elle poursuive sur sa lancée actuelle. C’est pourquoi il recommande :
PROCESSUS ADMINISTRATIFS ET DÉCISIONNELS Selon une étude interne réalisée en 2007 pour améliorer l’efficience des processus opérationnels, le nombre moyen de documents requis entre l’étape de la conception et celle de l’achèvement du plan de mise en œuvre s’élève en moyenne à 28. Parfois, le personnel crée ses propres outils pour se retrouver dans les dédales du processus d’approbation, qui prend en moyenne 43 mois avant d’aboutir. Au terme d’un aussi long délai, il y aura eu des changements dans le personnel, dans les politiques et peut-être aussi dans les plans. Depuis la vérification, l’Agence a réussi à réduire le délai d’approbation en entreprenant une restructuration complète de son modèle de gestion et de ses délais de traitement. Selon la présidente de l’ACDI, dans les pays cibles de l’Agence, l’objectif est maintenant de faire en sorte qu’un projet puisse franchir toutes les étapes entre son lancement et sa réalisation en 12 mois en moyenne, 15 tout au plus. La présidente a aussi indiqué que le délai de 15 mois lui paraissait concurrentiel comparativement à ce qui se fait ailleurs, et a pris soin de préciser que « [n]ous pouvons toujours nous améliorer[9] ». Le Comité a appris que l’ACDI avait mis à l’essai avec succès son nouveau processus opérationnel et procédait maintenant à son intégration à l’ensemble de l’organisation. Bien que le BVG n’ait pas formulé de recommandation à ce sujet dans son rapport de vérification, il a « encourag[é] vivement » l’ACDI à « prendre les mesures voulues pour rationaliser ses processus opérationnels[10] ». Par conséquent, étant donné l’importance de surveiller la mise en œuvre par l’ACDI de ses projets de rationalisation opérationnelle, le Comité recommande :
DÉCENTRALISATION L’ACDI s’attend à ce que l’impact soit considérable, puisqu’« une grande partie des fonctions » relevant actuellement de l’administration centrale sera déplacée pour être confiée à du personnel sur le terrain[13]. Selon le premier vice-président, qui dirige les travaux de décentralisation, « la proportion d'employés changera de façon notable : ils seront moins nombreux à l'administration centrale et plus nombreux sur le terrain[14] ». Le nombre exact d’employés qui seront envoyés sur le terrain n’a pas été précisé, et il est difficile de savoir si l’Agence mutera une partie de ses effectifs actuels à l’étranger, embauchera de nouveaux employés, recrutera du personnel sur place dans ses pays cibles, ou aura recours à une combinaison de ces trois solutions.
PRIORITÉS THÉMATIQUES Comme il est mentionné précédemment, l’Agence a préparé des cadres stratégiques pour ses priorités thématiques visant à accroître la sécurité alimentaire et à assurer un avenir meilleur aux jeunes et aux enfants, et le troisième cadre stratégique portant sur les moyens à prendre pour favoriser une croissance économique durable est en cours d’élaboration. Le Comité remarque toutefois que ni l’un ni l’autre de ces cadres stratégiques ne tient compte de la première partie de la recommandation du BVG, à savoir : « clarifier, pour chacun de ses secteurs prioritaires, quels secteurs de programmes précis bénéficieront de son soutien [celui de l’ACDI] à l’avenir et quels secteurs n’en bénéficieront pas[15] ». Pour que l’ACDI concentre suffisamment son action, le Comité recommande :
MANDAT LÉGISLATIF
Cependant, malgré sa taille et son importance, l’ACDI n’a pas à l’heure actuelle de mandat législatif indépendant en bonne et due forme. D’autres pays, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, ont un fondement législatif pour les agences de développement, pour leur aide au développement ou pour les deux. L’absence de mandat législatif fait en sorte que l’Agence n’a pas de vision à long terme en matière d’aide au développement, et c’est là la cause profonde de bon nombre des problèmes de l’Agence selon le BVG. Par conséquent, le Comité encourage vivement le gouvernement à modifier l’actuelle Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle, ou à envisager l’adoption d’une nouvelle loi qui établira clairement le mandat et le rôle de l’ACDI. CONCLUSION De plus, le Comité remarque que même si l’ACDI a fait des progrès en concentrant son action, elle n’a pas précisé dans ses cadres stratégiques les secteurs de programmes précis qui seront visés en vertu de telle ou telle priorité thématique. L’absence de mandat législatif a nui à la capacité de l’Agence d’améliorer l’efficacité de son aide au développement et n’est pas étranger au fait qu’elle a du mal à établir une orientation à long terme.
[1] Contrairement à l’approche « traditionnelle », qui se traduit par des projets autonomes, l’approche-programme repose sur la coordination du soutien qu’accordent les donateurs au programme de développement du gouvernement bénéficiaire ou d’une organisation locale. [2] Vérificatrice générale du Canada, rapport de l’automne 2009, chapitre 8 – L’amélioration de l’efficacité de l’aide – Agence canadienne de développement international. [3] Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, 40e législature, 2e session, réunion no 46. [4] Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, 40e législature, 3e session, réunion no 16. [5] Réunion no 46, 1530. [6] Réunion no 16, 0900. [7] Réunion no 16, 1015. [8] Agence canadienne de développement international, Énoncé de politique en faveur d'une aide internationale plus efficace de 2002, http://www.acdi-cida.gc.ca/INET/IMAGES.NSF/vLUImages/pdf/$file/SAE-FR.pdf. [9] Réunion no 46, 1710. [10] Chapitre 8, paragr. 8.70. [11] Agence de développement international des États-Unis, FY 2010 Congressional Budget Justification – Foreign Assistance Summary Tables, http://www.state.gov/documents/organization/124295.pdf. [12] Réunion no 16, 0905. [13] Réunion no 16, 1015. [14] Ibid. [15] Chapitre 8, recommandation 8.54. [16] Loi sur la responsabilité en matière d’aide au développement officielle, L.C. 2008, ch. 17, http://www.canlii.org/fr/ca/legis/lois/lc-2008-c-17/derniere/lc-2008-c-17.html. |