PACP Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
INTRODUCTION Contrairement aux autres comités de la Chambre, le Comité permanent des comptes publics n'examine pas les budgets des ministères mais celui du Bureau du vérificateur général du Canada (BVG). Le Comité a pris l'habitude d'examiner régulièrement le Budget principal des dépenses du BVG ainsi que son RPP et son RMR, car il a un grand rôle à jouer au nom du Parlement et des Canadiens pour ce qui est de tenir ce dernier responsable de son rendement. Le Comité s’est réuni le 11 mai 2010 pour discuter du Budget principal des dépenses de 2010-2011, du Rapport ministériel sur le rendement de 2008-2009 et du Rapport sur les plans et les priorités de 2010-2011 du BVG. Le Comité a rencontré Sheila Fraser, vérificatrice générale du Canada, John Wiersema, sous-vérificateur général, et Lyn Sachs, vérificatrice générale adjointe. Afin d’obtenir des précisions au sujet de la vérification des états financiers ministériels, le Comité a tenu deux autres audiences. Le 21 octobre 2010, il a rencontré John Wiersema, sous-vérificateur général, James Ralston, contrôleur général du Canada, et Bill Matthews, contrôleur général adjoint. Le 2 novembre 2010, il a rencontré des représentants du BVG : John Wiersema, sous-vérificateur général, et Nancy Cheng, vérificatrice générale adjointe, ainsi que des représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada : Michelle d'Auray, secrétaire du Conseil du Trésor, James Ralston, contrôleur général du Canada,et Bill Matthews, contrôleur général adjoint[1]. Plusieurs questions soulevées au cours des audiences méritent une attention particulière, comme on le verra plus loin. SÉLECTION D’UN NOUVEAU VÉRIFICATEUR GÉNÉRAL
FINANCEMENT Dans sa déclaration préliminaire, la vérificatrice générale a indiqué que le budget de 2010 prévoyait un gel des budgets de fonctionnement des ministères, y compris celui du BVG, pour les trois prochains exercices. Par conséquent, pour 2010-2011, les ministères devront financer les augmentations salariales prescrites de 1,5 % au moyen de réaffectations internes; dans le cas du BVG, cela signifie une réaffectation de 860 000 $. Le BVG a également subi d’autres types de pressions financières. Par exemple, son mandat s’est élargi et, dans certains cas où il était auparavant covérificateur, il est désormais l’unique vérificateur. De plus, l’adoption de nouvelles normes comptables internationales coûtera quelque 3 millions de dollars au cours des deux prochaines années pour la mise à jour des manuels, des outils et des listes de contrôle ainsi que pour la formation. En plus de réduire le nombre des vérifications de gestion, les pressions d’ordre budgétaire auront d’autres répercussions sur le BVG. Dans sa déclaration préliminaire, la vérificatrice générale a indiqué que le BVG ne vérifiera pas les états financiers ministériels, ce qui est expliqué en détail plus loin. Elle a également mentionné que « le recrutement de comptables deviendra sans doute de plus en plus difficile. Il y a une forte concurrence pour ces professionnels et, étant donné que nos salaires sont plafonnés, je crains que nous ne puissions soutenir la concurrence très longtemps et que nous ayons donc de la difficulté à embaucher des gens d'expérience. Pour le moment, nous maîtrisons la situation. Nous avons les effectifs nécessaires, mais il faudra suivre la situation de près dans l'avenir[11]. » Même si le BVG a été reconnu comme l’un des 100 meilleurs employeurs du Canada et compte parmi les 20 meilleurs employeurs pro-famille du pays, il est quand même confronté à un taux de roulement avoisinant les 12 % et doit attirer de 60 à 65 nouveaux employés chaque année, dans un contexte de marché très concurrentiel. Le BVG était en train de négocier une nouvelle structure salariale avec son personnel de vérification lorsque les niveaux de rémunération prescrits sont entrés en vigueur. À ce sujet, la vérificatrice générale a déclaré penser « qu'avec le temps notre défi sera de rester concurrentiel dans un marché où les augmentations salariales seront supérieures à 1,5 %[12] ». ÉTATS FINANCIERS MINISTÉRIELS Dans le but de renforcer la gestion dans le secteur public, le gouvernement fédéral a annoncé en 2004 que les états financiers annuels de ses ministères et organismes feraient l’objet de vérifications. Le contrôleur général a décidé d’adopter une approche progressive en se concentrant sur les états financiers des 22 ministères les plus grands, qui représentent à eux seuls près de 90 % des dépenses du secteur public. Le Comité a vivement appuyé la décision du gouvernement, car elle donne de meilleures garanties sur la gestion financière de tous les ministères. Le Comité a commenté la question ou formulé des recommandations à ce sujet dans ses rapports Comptes publics du Canada de 2006, 2007, 2008 et 2009[14]. Le Comité supérieur sur l'examen du cadre de gestion financière a lui aussi dit appuyer l’initiative dans son rapport de mars 2007[15]. Dans ses observations sur les Comptes publics du Canada 2008-2009, la vérificatrice générale a indiqué que son Bureau avait terminé une vérification des états financiers du ministère de la Justice et qu’il entreprendrait une évaluation de l'état de préparation à la vérification d’Industrie Canada et possiblement d’un autre ministère. Six autres ministères ont déclaré qu’ils seront prêts à faire l’objet d’une vérification en 2010-2011. La vérificatrice générale a indiqué que « la vérification externe des états financiers du premier des 22 grands ministères est une étape importante dans la poursuite de l’objectif visant à améliorer les contrôles internes et à présenter des informations financières crédibles[16] ». Lors de l’audience du 11 mai, le Comité a appris que la vérificatrice générale ne prévoit pas vérifier les états financiers ministériels. Elle a déclaré :
Elle a ensuite expliqué :
Le contrôleur général, James Ralston, a expliqué la position du gouvernement lors d’une audience ultérieure. Il a indiqué que l’environnement de 2010 diffère de celui de 2004, ce qui a mené le gouvernement à réévaluer sa position. Récemment, le Conseil du Trésor a adopté un certain nombre de politiques visant à améliorer la gestion financière au sein de l’appareil fédéral, notamment la Politique sur le contrôle interne, la Politique sur la gouvernance en matière de gestion financière et la Politique sur la gestion financière des ressources, l'information et les rapports financiers. Cette dernière exige des ministères qu’ils prennent les mesures nécessaires pour pouvoir faire l’objet d’une vérification fondée sur le contrôle de leurs états financiers, et qu’ils divulguent publiquement l’état de leurs contrôles internes, au moyen notamment d’un plan d’action expliquant comment ils entendent corriger les lacunes. Le contrôleur général a déclaré au Comité que ces politiques ne constituaient pas un changement d’objectifs mais seulement un changement de moyens : « L’objectif précédent, de 2004, est encore le même aujourd'hui. Ce sont les mêmes objectifs : de meilleurs états financiers, une meilleure gestion financière et de meilleurs contrôles[19] ». Toujours selon le contrôleur général, les politiques du Conseil du Trésor peuvent atteindre les objectifs souhaités et la vérification des états financiers consolidés du gouvernement que fait actuellement le BVG procure certaines garanties; il serait donc superflu de faire la vérification des états financiers ministériels. Le contrôleur général a fait remarquer qu’un rapport de vérification n’offre aucune garantie directe sur les contrôles internes et qu’il serait plus coûteux, tant pour les ministères que pour le BVG, de vérifier les états financiers ministériels sur la base des systèmes de contrôle[20]. On a discuté du coût, pour les ministères, de la vérification de leurs états financiers. Lorsqu’on a soulevé la question, la première fois, on a indiqué au Comité que les 22 plus grands ministères estimaient cette dépense, globalement, à 300 millions de dollars. Lors de discussions ultérieures, le Comité a appris qu’il s’agit là d’une somme de base visant à améliorer les systèmes de contrôle interne et comptables afin d’être prêt à subir une vérification fondée sur les contrôles. Néanmoins, ces frais doivent être engagés, que les états financiers fassent l’objet ou non d’une vérification. En fait, le coût différentiel lié à la vérification des états financiers ministériels constituerait plutôt un coût annuel récurrent pour le BVG et les ministères subissant une vérification. Les témoins n’ont pas été en mesure de confirmer à combien s’élèverait cette somme. Certains membres du Comité se sont dits préoccupés par ces coûts supplémentaires. Pour sa part, le sous-vérificateur général John Wiersema a déclaré que son bureau avait appuyé la décision prise en 2004 et était prêt à jouer son rôle. Selon lui, la vérification annuelle des états financiers ministériels comporte l’avantage, notamment, d’améliorer les contrôles internes en vue d’une vérification et de renforcer la fiabilité des renseignements financiers, tant à des fins de gestion interne que d’examen externe par le Parlement. La vérification des états financiers du gouvernement du Canada diffère grandement de la vérification des états financiers ministériels, en raison d’un seuil d’importance relative moindre et de l’importance accrue accordée à l’examen des dossiers. Il a expliqué les conséquences de passer outre la vérification des états financiers ministériels : « Ce que nous avons fait remarquer au Comité lors de nos discussions avec lui, c'est qu'en l'absence de cette vérification des états financiers, vous ne pourrez obtenir une quelconque confirmation de source indépendante que des mesures de contrôle sont en place au ministère pour lui permettre de soutenir une vérification fondée sur les contrôles. Le Bureau du vérificateur général ne vous fournira pas cette validation indépendante[21] ». Le sous-vérificateur général a fait remarquer qu’il revient au gouvernement et, en dernier ressort, au Parlement, de régler cette question, et que son bureau agirait en fonction de cette décision, quelle qu’elle soit. Le Comité s’est dit préoccupé de savoir que cette initiative semble au point mort. Les ministères ont investi du temps et des efforts pour se préparer, et ce travail doit se concrétiser. Le Comité remarque que le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont déjà mis en place un mécanisme de vérification des états financiers ministériels. Toutefois, le Comité a appris lors des témoignages que d’autres pays n’ont pas toujours reçu des rapports de vérification favorables, tandis que le Canada, lui, a reçu une opinion favorable 11 années de suite, ce qui constitue tout un exploit. En outre, le gouvernement avait clairement signifié vouloir aller de l’avant avec cette initiative, et il reconnaissait la possibilité que le BVG ait besoin de fonds supplémentaires pour accomplir le travail. Toutefois, en réponse à un rapport du Comité, le gouvernement a déclaré :
Le Comité persiste à croire que les ministères doivent se tenir prêts à subir chaque année une vérification de leurs états financiers. De fait, la Politique sur la gestion financière des ressources, l'information et les rapports financiers exige des ministères qu’ils soient capables de faire l’objet d’une vérification fondée sur les contrôles. Par conséquent, il fait les recommandations suivantes :
CONCLUSION Malgré la décision du gouvernement de geler les budgets de fonctionnement de tous les ministères et organismes, certains membres du Comité sont inquiets des répercussions du gel du financement du BVG au niveau décrété pour 2010‑2011, car cette mesure a eu un effet restrictif sur certaines de ses activités de vérification. En 2004, le gouvernement s’était engagé à produire des états financiers vérifiés de tous ses ministères et organismes. On a indiqué au Comité que le gouvernement veut maintenant mettre en place des politiques visant à améliorer la gestion financière et les contrôles internes. Le Comité croit que les 22 ministères les plus grands devraient s’organiser pour être prêts à subir une vérification fondée sur les contrôles de leurs états financiers et que, afin d’obtenir une opinion objective et indépendante sur la crédibilité de l’information financière, le BVG procède à la vérification de ces états financiers.
[1] Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, 40e législature, 3e session, réunions no 14, 28 et 30. [2] Voir les paragraphes 3(1.1) et 3(3) de la Loi sur le vérificateur général (L.R. 1985, ch. A-17). [3] Ibid., paragraphe 3(1). [4] Règlement de la Chambre des communes, article 111.1. Voir aussi le chapitre 20 de La procédure et les usages de la Chambre des communes, 2e édition, 2009, sous la direction d’Audrey O’Brien et de Marc Bosc. [5] Vérificatrice générale du Canada, rapport Le point de 2009, chapitre 2 – Le processus de nomination par le gouverneur en conseil. [6] Réunion no 14, 1010. [7] Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, Rapport sur les plans et priorités de 2009‑2010 et Rapport ministériel sur le rendement de 2007-2008 du Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport 16, 40e législature, 2e session, juin 2009. [8] Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport sur les plans et les priorités de 2010-2011, p. 11. [9] Bureau du vérificateur général du Canada, Rapport sur le rendement de 2008-2009, p. 46. [10] Réunion no 14, 0925. [11] Ibid. [12] Ibid., 0950. [13] On entend par « seuil d’importance relative » l’importance des renseignements des états financiers pour les décideurs. [14] Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, Comptes publics du Canada de 2006¸12e rapport, 39e législature, 1re session, décembre 2006; 11e rapport, Comptes publics du Canada de 2007, 39e législature, 2e session, mars 2008; 6e rapport, Comptes publics du Canada de 2008, 40e législature, 2e session, mars 2009; 10e Rapport, Comptes publics du Canada de 2009, 40e législature, 3e session, avril 2010. [15] Comité supérieur sur l'examen du cadre de gestion financière, Rapport du Comité supérieur sur l'examen du cadre de gestion financière du gouvernement du Canada, mars 2007. [16] Gouvernement du Canada, Comptes publics du Canada 2008-2009, p. 2.37. [17] Réunion no 14, 0910. [18] Ibid., 0945. [19] Réunion no 28, 1135. [20] Il coûterait encore plus cher d’effectuer des vérifications selon une stratégie de corroboration, et cette approche alourdirait probablement le travail de base des ministères et leur coûterait plus cher. [21] Réunion no 30, 1225. [22] Gouvernement du Canada, Réponse du gouvernement au neuvième rapport du Comité permanent des comptes publics : Les décisions du gouvernement ont limité le contrôle parlementaire des dépenses publiques du rapport de mai 2006 du vérificateur général du Canada, février 2007. |