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Monsieur le Président, en tant que membre du Comité du commerce international, je suis ravi de participer au débat sur le projet de loi , qui porte sur le libre-échange entre le Canada et le Panama. Nous étudierons le projet de loi au comité, et c'est pour cela qu'il est très important que nous écoutions les députés faire part de leurs préoccupations relativement à cette mesure. Par ailleurs, il est tout aussi important que le projet de loi soit renvoyé au comité, de manière à ce que nous puissions entendre nos concitoyens, les collectivités visées et autres parties concernées. Selon moi, pour aborder comme il se doit les préoccupations exprimées à la Chambre, le comité doit étudier la mesure, mener des consultations auprès des intervenants et tenir un débat complet sur la mesure. C'est pour cela que j'appuie le projet de loi. Toutefois, en lien avec cet accord, que le Canada a conclu le 14 mai 2010, il y a une foule de questions que nous devons aborder.
Comme nous le savons, le Canada est un pays qui dépend du commerce. Certes, 70 p. 100 de nos échanges commerciaux se font avec les États-Unis, mais il est de plus en plus nécessaire que nous diversifiions nos relations commerciales aux quatre coins de la planète. Le marché du reste de l'Amérique est en pleine croissance. Les autres pays d'Amérique sont nos voisins et nous devons nous concentrer sur ce marché. Au cours des dernières années, nous avons dirigé notre attention sur le reste de l'Amérique.
Monsieur le Président, 80 p. 100 de notre économie repose sur l'accès des exportations canadiennes aux marchés étrangers. J'appuie cette initiative parce qu'elle aidera les entreprises canadiennes à accéder à ces différents marchés.
En 2009, la valeur de nos exportations au Panama se chiffrait à environ 90 millions de dollars et la valeur de nos importations à 40,7 millions de dollars. Les échanges bilatéraux totalisaient environ 132 millions de dollars. Ce n'est pas beaucoup. Le Panama compte un peu plus de 3,3 millions d'habitants et son PIB est d'environ 38 milliards de dollars, ce qui n'est pas très élevé. Toutefois, il s'agit d'un pays important dans cette région, et pas uniquement en raison du rôle stratégique du canal et des investissements qui y sont faits. Le Panama constitue une plaque tournante pour les entreprises commerciales. C'est un pays stable et un partenaire commercial du Canada.
Il faut reconnaître que le Panama, en dépit de sa longue et turbulente histoire, s'est bâti au fil des ans une économie très stable et progressive et qu'il cherche maintenant des partenaires commerciaux partout dans le monde. Il va sans dire que d'autres pays ont déjà fait des percées sur le marché panaméen. Il est donc naturel que le Canada souhaite lui aussi participer à cette croissance économique.
Je dirais que le Panama connaît une croissance phénoménale. Le PIB y a cru d'environ 10,7 p. 100 en 2008. C'était l'un des plus élevés des Amériques. Pour cette année, on prévoit un taux de croissance d'environ 5,6 p. 100. Ces chiffres sont impressionnants compte tenu de l'incroyable crise qui a secoué l'économie mondiale. Voilà un pays qui a résisté à la récession et à la crise économique, qui a progressé et dont la performance a même dépassé celle de la plupart des pays développés. Nous sommes très heureux de voir qu'un pays comme le Panama, auquel nous nous intéressons, fait si bonne figure. Cela augure bien pour son avenir et pour celui de notre accord de libre-échange, qui prendre de l'ampleur et qui, entre-temps, permet aux entreprises canadiennes d'avoir accès au marché panaméen.
Je mentionne certaines questions qui susciteront des préoccupations et qui devront être abordées, notamment dans les domaines qui seront touchés par cet accord. Les principaux produits d'exportation du Canada vers le Panama comprennent les machines, les véhicules, l'équipement électronique, le matériel pharmaceutique, les légumineuses et les produits congelés de la pomme de terre. Nous exportons également des services, notamment dans les secteurs financier, du génie et de la technologie de l'information et des communications. Enfin, nous importons du Panama notamment des pierres précieuses et des métaux, principalement de l'or, des fruits et des noix ainsi que du poisson et des fruits de mer.
Nous nous intéresserions à toute une gamme de produits. Comme je l'ai mentionné, il s'agit d'une économie relativement petite, mais qui est en croissance. Nous devons nous assurer de participer à cette croissance et faire en sorte que les entreprises canadiennes puissent participer aux bénéfices qu'elle engendrera.
À l'heure actuelle, le canal de Panama fait l'objet d'importants investissements. Chaque année, il permet le passage de milliers de véhicules et il joue un rôle considérable dans le commerce international et l'économie mondiale. Ce canal vital et stratégique est en expansion. La fin des travaux est prévue pour 2014. À lui seul, ce projet d'élargissement représente 5,3 milliards de dollars.
On s'attend à ce que cela crée des possibilités pour des entreprises canadiennes dans les domaines de la construction, du génie de l'environnement et des services de consultation pour les grands projets. C'est pour nous une grande occasion de jouer un rôle important dans l'élargissement du canal. Les entreprises canadiennes peuvent être partie prenante dans ce projet et en tirer profit.
Cet accord de libre-échange avec la République du Panama traite de questions comme l'accès des produits au marché et les échanges transfrontaliers en matière de services, de télécommunications, d'investissements, de services financiers et de marchés publics. Ce sont là certains des principaux points qui seront abordés.
Autre avantage de l'accord, il éliminera environ 99 p. 100 des droits de douane sur les importations actuelles du Panama. Pour aider à régler le problème des barrières non tarifaires, il prévoit l'adoption de mesures visant à assurer un traitement non discriminatoire des produits importés et à promouvoir de saines pratiques réglementaires, la transparence et des normes internationales.
Comme plusieurs députés l'ont fait remarquer, il y a également des accords auxiliaires en matière de travail et d'environnement. Ces accords seraient signés par la République du Panama. Ils traiteront de différentes questions, comme le droit à la liberté d'association et le droit de négociation collective, l'abolition du travail des enfants, l'élimination du travail forcé ou obligatoire et la suppression de la discrimination. Les dispositions des accords auxiliaires qui seraient signés par le Canada et le Panama feraient en sorte que les deux pays jouent un rôle dans le développement des droits de la personne et des droits des travailleurs au Panama. En tant que partenaire, le Canada pourrait s'assurer que le Panama se conforme à ses obligations internationales. Le Canada ne ferait pas que signer un accord de libre-échange avec le Panama; il aurait aussi le devoir et l'obligation de veiller à ce que les dispositions ayant trait au travail et à l'environnement soient mises en application. Il ne s'agit pas d'une simple obligation morale; c'est une obligation légale, en vertu de laquelle le Canada doit veiller à ce qu'une fois l'accord signé, ces dispositions soient bel et bien respectées.
Je suis satisfait de la tournure des événements, mais, selon moi, nous devons conclure des accords de libre-échange plus solides et plus complets avec certains de nos importants partenaires principaux, et non pas seulement avec l'Union européenne, avec laquelle le Canada négocie présentement. L'Union européenne est un marché très important, et une très grande partie de la Chambre souhaite probablement qu'un accord soit conclu avec celle-ci.
Certains pays jouent aussi un rôle de premier plan sur la scène internationale. J'aimerais parler tout particulièrement du Brésil et de l'Inde. Ces pays sont des partenaires importants du Canada, et nous devons donc aller de l'avant avec ce genre d'accords de libre-échange. Comme on le sait, le Brésil est un pays populeux de notre hémisphère, dont l'économie dynamique est en pleine croissance. Sa population est très jeune, et sa classe moyenne ne cesse de croître. Le Brésil sera l'hôte des Jeux olympiques et de la Coupe du monde de soccer.
On constate un boom incroyable dans les investissements dans ce pays. Au cours des dix prochaines années, ils dépasseront 100 milliards de dollars. Nous aimerions être là pour nous assurer que nos entrepreneurs en construction, nos firmes d'ingénierie et les différents secteurs de l'économie canadienne joueront un rôle important dans la croissance de cette économie. Non seulement on y construit des stades et de nouvelles installations, mais aussi un réseau de trains rapides et un nouveau métro. Il y a une occasion sans pareille pour nous de montrer le savoir-faire canadien dans un pays dynamique comme le Brésil.
L'Inde est la plus grande démocratie du monde et la diaspora indienne au Canada est très importante. L'Inde est en croissance, non seulement dans le Sud de l'Asie, mais partout dans le monde. Elle exerce une grande influence sur les acquisitions d'entreprises, notamment dans le domaine de la haute technologie et de l'ingénierie. Elle joue un rôle important sur la scène internationale et nous sommes très fiers de voir la prospérité dans ce pays.
L'Inde est un partenaire dont le Canada est très fier. Hier, le ministre a mentionné qu'il a eu l'occasion de rencontrer son homologue indien vendredi dernier, au Parlement. Je suppose qu'il a eu l'occasion de discuter de la possibilité d'un éventuel accord de libre-échange. J'encouragerais le Canada dans cette voie.
Je mentionne ces deux pays parce que ce sont de vastes pays d'une grande importance. Nous devons aller au-delà des accords avec des pays importants mais petits, c'est-à-dire petits par rapport au Brésil et à l'Inde. Nous avons signé d'autres accords avec le Chili et nous étudions maintenant cette possibilité pour la Jordanie. Ce sont des pays importants, mais ils n'ont pas la taille ni la population des superpuissances que sont le Brésil et l'Inde.
C'est à ce stade que nous, parlementaires, devons prendre une décision. Je ne vois pas ce qu'un délai de six mois apporterait de bon, pour être franc. Ce qu'il convient de faire, c'est de renvoyer ce projet de loi au comité dont je fais moi-même partie. Les membres du comité pourrons alors entendre les intéressés. C'est la raison pour laquelle j'aimerais appuyer le projet de loi et le faire passer à l'étape suivante. J'encourage les autres députés à en faire autant.
C'est maintenant qu'il faut agir. Je ne pense pas que le fait d'attendre six mois donnera grand chose. C'est au comité qu'il faut soulever ces questions. J'en ai déjà soulevées un grand nombre ici à propos de cet accord, qui mérite d'être soumis à l'examen du comité.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir dans le débat. Je vois que le secrétaire parlementaire est des nôtres aujourd'hui et participe au débat. Je lui en suis reconnaissant. Le député de a été ici toute la journée.
J'aimerais dire à mes collègues, qui ont tous deux dit que le NPD s'oppose seulement aux accords commerciaux proposés par le gouvernement, qu'ils ont raison.
Permettez-moi d'expliquer pourquoi à la Chambre. Premièrement, nous ne débattons pas de la politique commerciale. Le projet de loi est la Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Panama. Il est aussi question des accords auxiliaires sur l'environnement et le travail. Nous ne discutons pas de ce que devrait être notre politique commerciale. Nous parlons de la façon dont nous la mettons en oeuvre, dont nous modifions quelques détails ça et là, dont nous en modifions le libellé en ajoutant un mot ou en rayant une phrase. Fondamentalement, il est question de libre échange, un point c'est tout.
Si mes collègues veulent vraiment débattre de politique commerciale avec les néo-démocrates ou avec moi, qui assiste aux travaux du Comité du commerce 80 p. 100 du temps, parlons de politique commerciale. Ne parlons pas de la mise en oeuvre du libre-échange, qui est un fait accompli. Le gouvernement ne s'intéresse pas au commerce. Il s'intéresse seulement au libre-échange. Le libre-échange est l'un des nombreux aspects de la politique commerciale: qu'il s'agisse de commerce loyal, concept entièrement distinct du libre-échange, selon moi; d'accords comme ceux en vigueur dans le Mercosur, accords que le Brésil a conclu avec ses voisins; ou encore du commerce en Europe régi par la division du commerce de l'Union européenne. Il y a beaucoup d'accords dans le monde sur lesquels nous ne nous sommes pas penchés parce que nous faisons une fixation sur le libre-échange.
Je n'arrive absolument pas à comprendre pourquoi nous faisons une fixation sur ce seul aspect de la politique commerciale. Au bout du compte, quand on voit les statistiques sur les personnes qui cherchent un emploi au Canada, on constate que les pauvres restent pauvres et que jamais r leur sort s'améliore.
Brian Mulroney a dit que ce pays serait méconnaissable si on mettait en oeuvre le libre-échange. Alors c'est ce qu'il a fait. Il avait raison. Notre pays est méconnaissable.
J'invite les députés à venir à Welland pour voir où cette politique, avec sa promesse de renaissance du secteur manufacturier et de création de nouveaux emplois, a mené ma localité. Alors que, il y a 13 ans, Welland se classait troisième au chapitre du salaire moyen des travailleurs en Ontario, à l'heure actuelle, grâce au libre échange, il est presque en dernière place.
Bien sûr, le gouvernement et les libéraux essaient de nous faire croire qu'il est avantageux pour nous d'avoir le libre-échange. Où en sont les travailleurs à revenu moyen? Leur salaire a diminué de 5 p. 100 au cours des 15 dernières années.
Je ne sais pas comment des mathématiciens peuvent dire que moins cinq est positif. À l'époque, moins cinq et moins cinq donnait plus dix. Tout ce que je sais c'est que, quand une personne gagnait autrefois 22 $ l'heure et que maintenant elle ne touche plus que 14 $, et que son hypothèque n'a pas changé, sa situation n'est pas meilleure, mais pire. Si cela correspond au moins 5 p. 100, les travailleurs de ma circonscription n'ont pas bénéficié du libre-échange. Pourtant on continue d'en parler.
Les libéraux insistent sur le fait que nous faisons obstacle et voterons toujours contre. Bien sûr que nous voterons contre, parce que cela n'aide pas les travailleurs, les Canadiens ordinaires, la classe moyenne. Cela ne fait qu'aider les plus riches, qui représentent 1 p. 100 de la population du pays; ces gens s'enrichissent de plus en plus.
Le gouvernement et les libéraux semblent avoir une alliance bleue-rouge. Nous pourrions l'appeler une coalition, mais ils ne l'ont pas encore rendue officielle. J'encourage ces deux partis à lancer un débat ouvert sur les échanges commerciaux pour que nous puissions parler des différentes politiques commerciales. Voyons si nous pouvons trouver une façon de faire fonctionner le Parlement, de parvenir à un compromis en élaborant une politique commerciale qui bénéficierait à tous les Canadiens.
Il ne s'agit pas de mettre en oeuvre des politiques commerciales pour le Panama, la Colombie, la Jordanie ou n'importe quel autre pays dans le monde. Nous devrions nous concentrer sur le Canada. Nous sommes censés élaborer des politiques commerciales qui sont avantageuses pour les Canadiens. C'est eux que nous représentons. Nous ne représentons pas les habitants du Panama, de la Jordanie ou de la Colombie. Nous devons protéger nos citoyens, y compris en protégeant la viabilité de l'économie. Les Canadiens ont besoin de travailler. Quand les gens ne travaillent pas, ils sont au chômage, ils vivent de l'aide sociale ou ils se retrouvent dans la rue. Nous devons nous assurer que cela ne se produise pas.
J'encouragerais l'alliance entre les Bleus et les Rouges à tenir un débat sur la politique commerciale. Nous pourrions alors arrêter de mettre toute notre attention sur un seul aspect. On nous dit que le Canada va bien, mais il ne va pas bien du tout.
Ce qu'on nous dit n'est pas vrai. J'invite les députés à examiner les rapports de Statistique Canada et ce que l'organisme appelle les quintiles. Ils montrent où les gens se situent sur le plan économique. Il est ironique que, lorsque le a parlé à un événement organisé par l'Institut Fraser, selon le Vancouver Sun, le ministre semblait amusé par le fait qu'il devait éviter, pour des raisons diplomatiques, d'utiliser le terme « libre-échange » lorsqu'il négociait avec les Européens. Cela de la part d'un gouvernement qui chante les louanges du libre-échange à la Chambre et qui affirme que tout va bien. Pourtant, quand le ministre du Commerce va en Europe, il doit utiliser l'expression « accord économique et commercial global » . Pourquoi?
Si le gouvernement est convaincu que le libre-échange est le but suprême, pourquoi le ministre ne peut-il pas aller en Europe et dire — même s'il pourrait s'avérer difficile de traduire ses propos en français, en allemand ou en néerlandais — que le libre-échange est, somme toute, quelque chose de merveilleux et que nous devrions simplement appeler un chat un chat. C'est peut-être parce que pour les Européens le libre-échange n'est pas le but suprême et parce qu'ils préféreraient parler d'autre chose. Cela soulève une question intéressante. Si c'est ce que pensent les Européens, pourquoi en serait-il autrement?
En examinant la politique de libre-échange, on constate que ce sont les industries manufacturières au coeur de notre pays qui subissent les contrecoups depuis 1995. Que ceux qui ne me croient pas regardent l'état actuel du secteur de l'automobile. En 1993, il y avait 11 000 travailleurs à St. Catharines; il n'en reste que 1 800 aujourd'hui. Où ces emplois ont-ils été transférés? La vaste majorité a été transférée au Mexique. En 1990, General Motors employait environ 2 500 travailleurs au Mexique. À la fin des années 1990, il y en avait environ 40 000, alors qu'il y en avait moins de 20 000 au Canada. Autrefois, c'était l'inverse.
Lorsque nous avons libéralisé les échanges, avec la signature de l'Accord de libre-échange nord-américain, les multinationales ont commencé à abolir des emplois dans le secteur manufacturier en Ontario et au Québec. Ceux d'entre-nous qui vivent dans ces provinces, qui ont représenté des travailleurs et qui représentent des travailleurs aujourd'hui, sont des témoins privilégiés. Qu'il s'agisse de la fabrication d'automobiles, d'acier ou de produits chimiques, c'est l'impact que le libre-échange a eu sur les travailleurs. S'ils ont gardé leur emploi, leur salaire a baissé. On leur dit qu'ils doivent concurrencer des travailleurs colombiens, panaméens, mexicains et des travailleurs de tous les autres pays avec qui nous avons conclu un accord de libre-échange. Les entreprises ont dit aux travailleurs que s'ils ne pouvaient pas livrer concurrence à ces travailleurs, leurs emplois seraient transférés.
En 2008, juste avant les dernières élections fédérales, une filiale de la société John Deere a dit à ses travailleurs, en période de négociation, qu'elle devait composer avec le libre-échange. Je sais que c'est vrai, parce que c'est mon syndicat qui représente ces travailleurs.
La direction a dit aux travailleurs qu'ils devaient comprendre que l'entreprise pourrait être déménagée aux États-Unis ou au Mexique, et qu'il fallait donc négocier une convention collective qui montre qu'ils comprenaient le contexte du libre-échange.
Le syndicat des travailleurs de l'automobile est un syndicat qui assume ses responsabilités. Mon frère du Québec le sait. Il est l'un des directeurs du Québec. Il sait à quel point ce syndicat agit de façon responsable.
En 2007, nous avons négocié avec la société John Deere une convention digne de ce nom qui prévoyait une protection pour les travailleurs. Nous devions nous assurer que le libre-échange ne nuirait pas aux travailleurs et que l'entreprise n'y perdrait pas au change.
Qu'a fait cette entreprise en 2008? Elle a fermé l'usine et déménagé aux États-Unis et au Mexique, détruisant la vie de 800 familles. Qu'est-ce qu'avait obtenu l'entreprise au cours de l'année en question? Des salaires moins élevés, des cotisations moindres au régime de pension et une réduction des avantages sociaux. Elle a profité d'un rabais pendant un an puis a déserté la collectivité et les travailleurs.
Nous avons vu la même chose se produire chez Atlas, puis chez UCAR. Cela s'est produit partout dans le secteur manufacturier du Canada.
Pour les travailleurs, le libre-échange ne fonctionne pas, point à la ligne. Cela peut être utile pour ceux qui saignent à blanc leurs travailleurs avant de s'en débarrasser.
Le plus récent exemple des effets du libre-échange est celui de J.M. Smucker's, une grande multinationale américaine. Elle vient de fermer.
Les amateurs de cornichons Bick's devraient savoir qu'à compter de l'an prochain, ils ne pourront plus acheter de produits de cette marque fabriqués au Canada. L'usine va fermer ses portes en 2011. Qu'adviendra-t-il des 150 travailleurs de l'usine Bick's? Ils vont perdre leur emploi. Quel sera l'impact de cette décision sur les centaines d'agriculteurs du Sud de l'Ontario qui fournissent les ingrédients nécessaires à ces cornichons, soit concombres, tomates, oignons et choux-fleurs? Ils n'auront plus de marché où écouler leurs produits. Que feront-ils? Mes amis d'en face leur diront probablement que ce sont les avantages inhérents au libre-échange.
Alors que nous adoptons des régimes de libre-échange qui ne sont pas assujettis aux mêmes normes en matière d'inspection des aliments, que saurons-nous des produits que nous achèterons? Le rapport de vérification de l'ACIA indique que nous ne saurons pas ce qui se retrouvera dans nos assiettes, car les normes d'inspection varient d'un pays à l'autre. Quelques pays disposent de mécanismes d'inspection équivalents aux nôtres dans quatre grands secteurs, mais les cornichons n'en constituent pas un.
Nous invitons les amateurs de cornichons Bick's à examiner l'étiquette de leur produit préféré après novembre 2011. Ils verront que les ingrédients ne sont pas d'origine canadienne. Je leur suggère de vérifier leur origine, parce qu'il se pourrait bien qu'ils n'aient pas fait l'objet de normes d'inspection équivalentes aux nôtres. C'est honteux, mais c'est ce que nous retirons du libre-échange.
Est-ce vraiment ce que les Canadiens demandent? Dans ma circonscription, la réponse est un non catégorique.
Les travailleurs comprennent ce qui se passe avec le libre-échange. Soit ils travaillent moins qu'avant, soit ils n'ont plus de travail du tout.
Les conservateurs continuent d'imposer cette alliance entre les Bleus et les Rouges aux travailleurs du pays. Ils insistent pour dire que le libre-échange est bon pour eux alors que tout prouve que ce n'est pas le cas. Leur situation est pire qu'elle ne l'était en 1995. C'est abominable. Je n'arrive pas à comprendre comment on peut essayer de nous faire croire que tout va mieux alors que nous, qui représentons les travailleurs, savons que c'est faux.
Pourquoi concluons-nous ce genre d'accords? Je n'en suis pas certain. Je siège au Comité du commerce international depuis presque un an et je n'ai pas encore entendu un argument convaincant, à moins que l'objectif ne soit de protéger les mieux nantis du Canada et de permettre aux grandes entreprises de faire comme bon leur semble. Si ce sont les objectifs recherchés, je comprends, parce que cet accord sert leurs intérêts.
De toute évidence, le libre-échange est avantageux pour les grandes multinationales. Il est également intéressant pour les professionnels qui leur offrent des services, notamment les avocats spécialisés en droit commercial et les comptables. Les grandes entreprise ont besoin d'un système de soutien pour rester en vie. En fin de compte, ces entreprises se portent bien, mais pas les travailleurs qu'elles emploient.
Face à la même vieille formule, on aurait cru qu'après avoir été malmenés à cause du chapitre 11 dans divers dossiers, nous souhaiterions supprimer cette disposition. Apparemment ce n'est pas le cas. Chaque fois, nous laissons là le vieux chapitre 11 de l'ALENA. Ce n'est pas nécessairement le chapitre 11 dans l'accord dont nous sommes saisis, mais celui-ci contient des dispositions essentiellement équivalentes. Une société comme AbitibiBowater pourrait par exemple intenter une poursuite de 130 millions de dollars contre le gouvernement, qui lui accorderait ce qu'elle réclame. Voilà les conséquences de ces dispositions.
Permettez-moi de donner un aperçu de la façon dont je négociais des ententes et ce que signifient les accords auxiliaires. Lorsqu'un employeur et une centrale syndicale s'assoient à la table de négociation, s'ils concluent des accords auxiliaires, c'est pour que les travailleurs trouvent plus difficilement l'information. Voilà ce qui se passe vraiment. Voilà la raison d'être de ce genre d'accords. En fait, les dispositions concernant des questions vraiment importantes pour les parties figurent dans l'accord lui-même. Voilà où se trouvent les dispositions importantes, entre la première et la dernière pages, non au dos de l'accord ou dans un accord auxiliaire.
Même si, dans le contexte de l'accord de libre-échange entre la Colombie et le Canada, il a déjà été question de l'importance de ces accords internationaux pour l'environnement et si la question du travail a déjà été abordée avec les organisations internationales du travail, nous avons eu beau supplier le gouvernement d'inclure ces questions dans l'accord en raison de leur grande importance, que s'est-il passé cette fois? Elles sont encore dans un accord auxiliaire, car on ne les a pas jugées assez importantes pour les intégrer dans l'accord lui-même. Il est évident qu'ils ne considèrent pas ces enjeux suffisamment importants pour les inclure dans l'accord.
Je sais que certains diront que cela n'a guère d'importance puisque ces enjeux sont pris en considération. C'est important. C'est pourquoi nous faisons les choses que nous faisons, dans un certain ordre, c'est pour cette raison qu'il y a des définitions, des négociations collectives, des conventions collectives, des contrats. Les avocats qui rédigent les clauses confirmeront que l'endroit où elles sont placées est important.
Que trouve-t-on dans l'accord sur le travail? On constate qu'une société peut demander l'arbitrage en vertu de la Loi sur les brevets. Toutefois, dans l'accord sur le travail, qui est un accord auxiliaire, si des travailleurs au Panama veulent demander l'arbitrage, ils ne le peuvent pas. Pensez-y bien. En tant que travailleur panaméen, il n'est pas possible d'aller en arbitrage, allons donc! Il me semble qu'il s'agit d'un droit fondamental. C'est quelque chose que nous devons faire. Nous ne les encourageons pas encore à prendre des mesures pour que les travailleurs puissent s'adresser à une autorité pour obtenir une certaine forme de réparation, une certaine forme de justice.
S'il en est ainsi, pourquoi ne pas nous assurer que ces accords auxiliaires sur l'environnement et le travail sont intégrés au coeur même de l'accord de libre-échange? Fondamentalement, pourquoi n'avons-nous pas seulement un débat sur les échanges commerciaux? Peut-être que si nous procédions de la sorte, nous pourrions arriver à une certaine entente, pas seulement l'alliance rouge et bleue qui prévaut, mais peut-être en arriver à une approche multicolore.
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Monsieur le Président, c'est un grand plaisir pour moi de parler aujourd'hui du projet de loi , qui porte sur l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama.
Nous savons tous qu'en août 2009, le gouvernement actuel a conclu des négociations avec la République du Panama concernant un vaste accord de libre-échange destiné à élargir la portée d'un précédent accord, l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers, signé par le gouvernement libéral de Jean Chrétien et le gouvernement panaméen en 1998.
L'accord dont la Chambre est saisie prévoit la libéralisation du secteur tertiaire, énonce certains principes et renferme certaines dispositions sur les marchés publics. Il permet également au gouvernement d'user d'une de ses tactiques préférées, qui consiste à signer des accords auxiliaires sur la coopération dans le domaine du travail et sur l'environnement. Quant à moi, je peux dire que les néo-démocrates sont fiers d'affirmer que ces éléments devraient faire partie intégrante de tout bon accord et ne devraient jamais être tassés dans un quelconque accord auxiliaire.
Le 23 septembre dernier, le ministre a présenté la mesure législative de mise en oeuvre de l'accord, à savoir le projet de loi . C'est à nous que revient la tâche d'en étudier les quatre grandes composantes que sont le libre accès aux marchés pour les biens et les services, ce qui englobe notamment les marchés publics, les dispositions relatives à la protection des investissements, l'accord sur le domaine du travail et celui sur l'environnement.
Je m'empresse de souligner que les néo-démocrates seront toujours heureux d'appuyer les accords commerciaux qui bénéficient à la majorité des travailleurs, des agriculteurs, des petits entrepreneurs et des consommateurs canadiens. Nous voulons tous des accords commerciaux qui réussissent vraiment à atteindre les grands objectifs de société que sont la justice économique, l'allègement de la pauvreté, la santé de la population, la réduction de la pollution, les droits de la personne et un environnement sain.
Malheureusement, l'analyse que je fais de ce document et du contexte dans lequel il s'inscrit m'amène à conclure que l'accord de libre-échange avec le Panama n'atteint pas ces objectifs.
J'aimerais commencer par quelques généralités avant d'aller dans les détails.
Premièrement, il est très important de dire que l'accord dont nous débattons aujourd'hui est tout sauf commercial. J'ai entendu de nombreux députés d'en face dire que ceux qui s'y opposeraient s'opposaient aux échanges commerciaux. C'est un argument fallacieux qui ne vise qu'à faire peur. C'est totalement faux, et n'importe qui avec un tant soit peu d'honnêteté intellectuelle va le reconnaître immédiatement.
Le Canada entretient des relations commerciales avec un grand nombre de pays. Nous commerçons constamment. Nous commerçons avec le Panama depuis longtemps. Les chiffres que nous avons cités maintes fois à la Chambre montrent que nous échangeons pour environ 140 millions de dollars de marchandises par année avec le Panama. C'est une somme modeste, bien entendu, mais elle témoigne du commerce entre les deux pays.
Le Canada commerce avec un grand nombre de pays.
La question dont est saisie la Chambre consiste à déterminer à qui nous devrions proposer la relation privilégiée que suppose le libre-échange. Prenons le temps de réfléchir un instant à ce que signifie réellement le libre-échange. Le libre-échange suppose l'élimination des droits sur les biens et services entre les deux pays pour leur permettre de faire passer des biens et des services sans payer de droits de douane.
À mon avis, et de l'avis du Nouveau Parti démocratique, nous devons adopter une approche mûrement réfléchie et judicieuse pour déterminer à qui nous devrions proposer une relation aussi profonde et privilégiée que le libre-échange. Nous devons faire très attention avec qui nous aurons cette relation parce que, bien évidemment, ces accords sont appliqués dans un contexte. Ils ne sont pas que théoriques. Ils ont des effets tangibles et concrets qui toucheraient la vie des entreprises et des consommateurs canadiens.
Je veux parler brièvement des raisons pour lesquelles je m'oppose personnellement à cet accord.
D'abord, il faut comprendre la situation actuelle des travailleurs à Panama. En juillet dernier, on a signalé une nouvelle vague de répression anti-syndicale à Panama. Plusieurs travailleurs ont été tués, plus de 100 ont été blessés et plus de 300 syndicalistes ont été arrêtés, y compris les chefs des syndicats SUNTRACS et CONATO.
Cet événement fait suite à la réaction du gouvernement de Panama aux protestations contre la nouvelle mesure législative qui restreint le droit de grève et la liberté d'association et qui contient des dispositions prévoyant des peines d'emprisonnement pouvant atteindre deux ans pour tout travailleur qui manifeste dans la rue. Pensons-y un instant. C'est un pays qui, l'été dernier, a adopté une loi qui dit qu'il va jeter en prison ses propres citoyens s'ils descendent dans la rue pour contester pacifiquement une mesure gouvernementale.
Certains intervenants ont souligné que le Panama était une démocratie émergente. Pas un seul député de l'opposition n'a toutefois expliqué comment un gouvernement qui adopte des lois prévoyant l'incarcération de ceux qui expriment leur opinion dans leur communauté peut être considéré comme un gouvernement avec lequel nous devrions nous empresser de faire des affaires.
Le fait que cela se soit produit pendant la tenue des négociations ne peut, à mon avis, nous porter à croire que toute mesure de protection contenue dans cet accord pourrait assurer une protection efficace des droits des travailleurs au Panama puisqu'aucun mécanisme de mise en application n'a été prévu et qu'il est très clair que le gouvernement du Panama n'a aucunement l'intention de respecter ces mesures. Malgré ses belles paroles et ses voeux pieux, les mesures qu'il a prises l'été dernier nous poussent à croire qu'il risque fortement de ne pas joindre l'acte à la parole.
Selon l'OCDE, le Panama est un centre bancaire extraterritorial et il est considéré comme l'un des refuges fiscaux les plus réputés au monde. Il n'y a rien dans cet accord qui porte sur la question du refuge fiscal ou du manque de transparence. Un accord de libre-échange semblable à l'ALENA élargirait la portée de l'APIE et encouragerait les sociétés à la fraude fiscale. Il offrirait de plus aux multinationales des outils supplémentaires pour contester la réglementation canadienne.
Je prendrai une minute pour expliquer l'incidence que cela pourrait avoir sur la société par rapport aux conséquences d'ordre financier.
Je suis le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de sécurité publique. Je discute de bon nombre de sujets avec tous mes collègues de la Chambre, mais tout particulièrement avec mes collègues du parti ministériel sur la nécessité d'assurer la sécurité des collectivités. J'ai fait quelques recherches sur la question. J'aimerais communiquer ce que j'ai appris à cet égard à mes collègues de la Chambre et j'espère qu'ils écouteront attentivement ce que je vais dire.
J'ai fait des recherches par l'entremise de la Bibliothèque du Parlement et j'ai découvert qu'une étude avait été publiée à ce sujet par l'Université Cornell. Ce n'est donc pas le travail d'un groupe syndicaliste ou d'un groupe de réflexion de gauche, mais bien une étude universitaire. On y trouve des citations qui indiquent qu'environ 75 p. 100 de toutes les opérations hautement perfectionnées dans le trafic de la drogue ont recours à des paradis fiscaux secrets à l'étranger. Ces études démontrent également que c'est l'argent tiré du trafic de stupéfiants, et non le marché de l'euro, qui est le plus important facteur de la croissance phénoménale des paradis fiscaux des Caraïbes aux cours des années 1970 et 1980.
Selon l'étude, il est évident pour tous ceux qui se sont intéressés aux centres bancaires extraterritoriaux que la croissance a été alimentée par l'augmentation phénoménale de l'argent tiré du trafic de stupéfiants aux États-Unis. Des fraudes détectées par l'IRS Investigations, qui est le ministère américain du Revenu, perpétrées entre 1978 et 1983 dans les Caraïbes, où le Panama est situé, dois-je le signaler, 45 p. 100 étaient des transactions illégales concernant des revenus obtenus légalement et provenant d'activités commerciales légitimes, c'est ce qu'on appelle l'évasion fiscale. Les 55 p. 100 restants concernaient des revenus illégaux. Enfin, des 161 fraudes liées au trafic de stupéfiants, 29 p. 100 avaient été commises aux îles Caïmans, et 28 p. 100, au Panama.
Le gouvernement, qui intervient chaque jour à la Chambre et donne à tous des leçons sur l'importance de prendre soin des collectivités et de lutter contre le trafic de stupéfiants, soumet à la Chambre un accord de libre-échange conclu avec un pays qui est le deuxième blanchisseur d'argent issu du trafic de drogues en importance des Caraïbes. Je n'ai pas entendu un député dire quoi que ce soit à ce sujet. Le gouvernement veut faire du libre-échange avec des trafiquants de drogues. Bien entendu, quiconque lit les journaux le sait puisque Manuel Noriega, l'ancien président de ce pays, purge encore une peine d'emprisonnement après avoir été condamné pour narcotrafic à grande échelle.
C'est bien pourtant avec ce pays que le gouvernement veut signer un accord de libre-échange. Il nous accuse d'être anti-commerce. Non, nous ne nous opposons pas au commerce. Je suis contre l'idée de commercer avec des fraudeurs fiscaux et des repères de trafiquants, où l'argent provenant de la vente de drogues dans les rues des États-Unis et du Canada se retrouve au Panama, où il est blanchi avant de revenir ici. Et le gouvernement veut leur faciliter les choses.
J'ai lu autre chose dont j'aimerais parler à mes collègues, quelque chose sur les conséquences de cet accord. Les dispositions relatives au transfert des investissements prévues dans l'accord de libre-échange stipulent précisément que rien ne devrait faire obstacle au transfert entre les deux pays de fonds provenant des investissements couverts par cet accord.
Par conséquent, en vertu de cet accord, l'argent circulerait sans contrôle aucun entre le Panama et le Canada. Si nous signons cet accord, quelqu'un a-t-il pensé que nous faciliterons ainsi la circulation de l'argent de la drogue entre les deux pays? Y a-t-il un seul fait que j'ai énoncé qu'un député de la Chambre voudrait contester? Contestent-ils que le Panama est un paradis fiscal? Non. Contestent-ils que le narcotrafic fleurit au Panama et que c'est un des principales sources du narcotrafic dans les Caraïbes? Non, ce n'est pas ce que j'entends. Contestent-ils les recherches de l'Université Cornell? J'aimerais bien entendre leurs arguments à cet égard.
J'aimerais aussi un peu parler d'agriculture parce que j'ai entendu certains députés d'en face dire que cet accord serait avantageux pour les agriculteurs. Selon cet accord, le Canada n'éliminerait pas les tarifs hors contingent sur les produits assujettis à la gestion de l'offre comme les produits laitiers, la volaille et les oeufs. En outre, le Canada n'éliminerait pas ses tarifs sur certains produits du sucre. Par conséquent, en ce qui concerne les produits laitiers, la volaille et les oeufs, cet accord ignore superbement le problème.
Rien dans cet accord ne contribuera à modifier les tarifs décidés par les deux pays sur ces produits. C'est tenter de faire diversion que de prétendre que cet accord vise à améliorer les conditions de vie des agriculteurs parce que cet accord ne s'en occupe pas. Il maintient les tarifs. Si les députés veulent signer un accord qui élimine les tarifs, ils peuvent le faire. Celui-ci ne le fait pas.
Une voix: Pas dans le cas des produits assujettis à la gestion de l'offre.
M. Don Davies: Pas dans le cas des produits laitiers, de la volaille et des oeufs. Ces produits, ce sont les trois principales sources de revenus de bon nombre d'agriculteurs de ce pays, je dois le dire.
Je souhaiterais aussi parler un petit peu de libre-échange, du concept en général, et du marché du travail dans ce contexte. Quand nous autorisons le passage de produits d'une économie à une autre, il nous incombe, à nous, parlementaires, de nous assurer que nos gens d'affaires et nos travailleurs affrontent la concurrence dans un contexte où les mêmes règles s'appliquent à tous.
Le salaire moyen est de 2 $ l'heure au Panama. Si une personne fabrique des produits, un gadget quelconque, qu'elle désire exporter dans différents pays, où établira-t-elle son entreprise? Ira-t-elle s'établir à Winnipeg, à Saskatoon, à Vancouver, à Toronto ou à Kitchener, ou elle aurait à verser 15 $, 16 $ ou 20 $ de l'heure à des Canadiens, qui ont besoin d'un tel salaire pour élever leur famille, ou s'établira-t-elle au Panama, où elle verserait des salaires de 2 $ de l'heure?
J'ai travaillé 16 ans au sein du secteur privé, pour un syndicat, et nous faisions affaire avec des centaines et des centaines d'employeurs du secteur privé. J'ai souvent écouté des entrepreneurs expliquer, à la table de négociation, comment roulaient leurs affaires. Je vais dire exactement à la Chambre où ces gens établiront leur entreprise. Ils l'établiront au Panama. Il y a autre chose que ces entrepreneurs me diraient, parce qu'ils me l'on dit souvent, c'est qu'ils ne peuvent pas faire concurrence à des entreprises qui versent 2 $ de l'heure à leurs travailleurs.
Je voudrais qu'un ministériel explique comment les entreprises canadiennes, qui doivent verser des salaires convenables, des cotisations au régime d'indemnisation des accidentés du travail, des cotisations à l'assurance-emploi et des cotisations au régime de pension privé en plus de payer la formation, ce qui portera probablement le coût de la rémunération à 20 $ ou même 40 $ l'heure, parfois plus, pourront faire concurrence à une entreprise du Panama, si nous permettons que les produits panaméens entrent dans notre pays libres de droits de douane?
C'est la raison qui fait que les néo-démocrates s'opposent à cet accord. Ce n'est pas que nous soyons contre les échanges commerciaux. Bien sûr, continuons à faire des échanges avec le Panama, mais ne renonçons pas à cet important outil de politique sociale, ce levier économique qui consiste à imposer des droits de douane à la frontière sur certains produits afin que nos entreprises et nos travailleurs aient des chances égales, parce que c'est tout ce qu'ils demandent.
Les entreprises et les travailleurs du Canada sont parmi les meilleurs du monde. Nous n'avons pas besoin d'un traitement préférentiel. Nous n'avons pas besoin d'aumônes. Tout ce qu'ils demandent, et tout ce que nous demandons, ce sont des chances égales pour tous, ou le plus égales possible.
Mon collègue du Parti libéral a dit que, si l'on devait penser ainsi, nous ne signerions jamais d'accord de libre-échange avec quiconque parce que nulle part ailleurs dans le monde on ne paie de tels salaires. En fait, on trouve des salaires semblables dans bien des pays du monde. C'est le cas dans tous les pays de l'Union européenne. Nous devrions aussi nous intéresser aux nombreux pays d'Amérique du Sud qui sont en train d'ajuster leurs normes à la hausse. Nous pourrions aussi envisager une réduction tarifaire progressive. Nous pourrions réduire les droits de douane à mesure que ces pays rehausseraient leurs normes du travail, leurs salaires et leurs mesures de protection de l'environnement.
Il y a beaucoup d'autres mécanismes et outils administratifs pour ce que j'appelle le « commerce administré ». Quelques-uns de mes collègues ont parlé de « commerce loyal ». Je crois que ces concepts sont prudents, conservateurs et modérés et qu'ils donnent à notre économie le temps d'absorber les biens et les services qui nous arrivent de différents pays. Il s'agit également d'un incitatif susceptible d'amener ces pays à rehausser leurs normes.
Je veux parler un peu de ce que l'accord contient au sujet de l'environnement. D'après l'accord, le Canada et le Panama seraient tenus de ne pas abaisser leurs règlements de protection de l'environnement. J'ai fait un peu de recherche et je peux dire que les lois et règlements du Panama en matière d'environnement ne sont pas, et je dirai pour être charitable, des exemples pour le monde. Les normes panaméennes sur la protection de l'environnement sont faibles et tout ce que fait l'accord c'est d'obliger le Panama à ne pas les affaiblir davantage. L'accord exige-t-il que le Panama améliore sa réglementation de l'environnement? Non, mais il le pourrait.
Lors de discussions commerciales, le NPD demanderait de hausser les normes. Nous dirions que nous sommes prêts à accorder au pays un accès préférentiel à notre marché à certaines conditions dont l'une serait que le Panama et le Canada s'engagent à collaborer afin d'améliorer les normes environnementales des deux pays.
Quel genre d'accord peut bien garantir des progrès si tout ce qu'il prévoit c'est de ne pas empirer les choses? Il n'y a là aucun progrès. C'est le statu quo, l'immobilisme.
Le ministre de l'Environnement du Canada et le gouvernement justifient leur refus de mettre en oeuvre l'accord de Kyoto, ou d'atteindre l'un ou l'autre de ses objectifs, en disant qu'ils ne peuvent pas agir unilatéralement si le reste du monde ne suit pas. Le gouvernement n'appliquera pas l'accord si la Chine et l'Inde ne le font pas.
Pourquoi alors le gouvernement signe-t-il un accord commercial qui n'oblige pas l'autre pays à hausser ses normes environnementales? On pourrait croire que c'est une politique commerciale logique si les arguments creux invoqués par le gouvernement pour ne pas rehausser nos normes environnementales étaient vrais.
Étant donné que le premier ministre a déclaré que Kyoto était un complot socialiste, je n'oserais pas dire que le gouvernement s'est véritablement engagé à lutter contre les changements climatiques ou à faire quoi que ce soit pour améliorer l'environnement sur notre planète.
Je termine en parlant un peu des entreprises canadiennes et en expliquant en quoi devrait consister une politique commerciale.
Je viens de Vancouver où le secteur des entreprises est dynamique et solide. Nous avons beaucoup de petites entreprises qui participent activement à l'échange de biens et de services partout sur la planète, mais surtout en Asie. Je parle aux gens d'affaires toutes les semaines. Ils me parlent de leurs défis, de leurs idées et de leurs rêves. Ils veulent avant tout que le commerce soit encadré. Aucun d'entre eux, homme ou femme, ne vient à mon bureau pour réclamer la signature, avec un autre pays, d'un accord sans droits de douane.
Les droits de douane existent depuis longtemps, parce qu'ils ont leur raison d'être. Ils nous permettent d'utiliser des leviers politiques pour encourager les bonnes pratiques et punir les pratiques répréhensibles. Pour conclure un accord dans un monde biologique et dynamique, il est préférable de conserver ces leviers.
J'encourage le gouvernement à se servir de ces leviers pour le genre de questions et de politiques qui ont, je pense, l'appui de tous les Canadiens. Nous voulons améliorer le niveau de vie des travailleurs canadiens et de leurs familles. Nous voulons offrir de meilleures occasions d'affaires aux Canadiens, surtout au secteur des petites et moyennes entreprises, afin qu'ils puissent livrer concurrence sur la scène internationale. Je tiens néanmoins à ce qu'ils puissent livrer concurrence selon des règles équitables, et non pas des règles qui assurent un accès illimité à nos marchés et nous soumettent au bon vouloir d'un pays, en l'occurrence le Panama, qui affiche un bilan désastreux à tous égards.
J'encourage tous les députés à bien réfléchir à cet accord et à voter de manière à permette à nos travailleurs et à nos entreprises de prospérer sur la scène internationale.