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Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat sur les avions d'attaque interarmées, les F-35. Je vais partager mon temps de parole avec la députée de Vancouver-Centre.
Alors que les familles canadiennes peinent à joindre les deux bouts, on a du mal à imaginer que le gouvernement pourrait décider de faire l'acquisition militaire la plus importante de l'histoire du Canada sans lancer un appel d'offres ouvert et transparent, sans appel d'offres tout court.
On pourrait croire que le gouvernement voudrait ce que les Canadiens veulent, c'est-à-dire obtenir le meilleur équipement au meilleur prix. Les Canadiens veulent en avoir pour leur argent. Or, le gouvernement ne peut obtenir le meilleur rapport qualité-prix en accordant le contrat à un seul fournisseur sans même avoir fait d'appel d'offres au préalable.
Il y a lieu de se demander ce qu'il en est de la surveillance des dépenses que doit exercer le . Qu'en est-il de cette surveillance en l'absence d'appel d'offres?
Le coût de cette acquisition est exorbitant: 16 milliards de dollars. C'est incroyable. Nous ne sommes même pas certains qu'il n'y aura pas de dépassement de coûts. Nous ignorons à combien s'élèveront les coûts de fonctionnement. C'est un peu comme si on achetait une voiture sans avoir la moindre idée de ce qu'elle coûtera en carburant, de sa consommation d'essence, etc.
Pour tous ceux qui, aujourd’hui, sont inquiets et se débattent pour joindre les deux bouts, ces questions sont importantes. Ces gens veulent en effet savoir à quel genre de dépenses ils doivent s’attendre et ils s’attendent certainement à ce que le gouvernement, en s’engageant dans une acquisition aussi imposante qu’importante, soit au courant de ces choses.
Je vais aujourd’hui parler d’un ou deux éléments clés. Premièrement, il faut se demander si le Canada était effectivement concerné par la procédure d’appel d’offres qui s’est déroulée entre 1995 et 2001 pour l’acquisition de l’avion d’attaque interarmées, le F-35. Cet appel d’offres a été remporté par Lockheed Martin, la société qui fabrique cet avion.
Aujourd’hui, pendant la période des questions, le a effectivement laissé entendre que le Canada faisait partie de ce processus concurrentiel et que la décision avait été prise à l’époque. Le a dit la même chose. Le a prétendu la même chose.
Revenons donc un peu en arrière. Plus tôt cette année, le 27 mai plus exactement, le déclarait ce qui suit au Comité de la défense nationale:
Cependant, je tiens à affirmer clairement que la mention de la prochaine génération d'avions de combat n'empêche pas le recours à un processus concurrentiel ouvert et transparent.
Il parlait alors de l’avenir. En mai, il parlait d’un futur appel d’offres pour l’acquisition du prochain avion de combat pour le Canada. Il aurait déjà pu dire, à l’époque, si tel avait été le cas, que ce processus concurrentiel avait eu lieu des années auparavant. Cet argument précis n’a été utilisé qu’après que le gouvernement eut pris et annoncé sa décision de choisir les avions F-35. Il a alors réalisé qu’il aurait besoin de justifier sa décision. Il a donc prétexté que la décision avait été prise des années auparavant.
Voyons maintenant ce qu’avait à dire cet ancien sous-ministre adjoint responsable des matériels, le fonctionnaire du ministère des Travaux publics qui était responsable de superviser l’approvisionnement en 2001, à l’époque où les Américains ont annoncé qu’ils avaient choisi le F-35. Il a déclaré que la raison pour adhérer au programme d’avion d’attaque interarmées n’était pas, à l’origine, l’urgence de remplacer les avions d’attaque CF-18, ceux que nous avons encore, mais bien les retombées économiques potentielles dont pourrait aussi bénéficier le Canada.
M. Williams a dit ce qui suit au sujet du protocole d’entente signé par le Canada en 2002:
Cette signature n'a rien eu à voir avec l'achat de ces avions de chasse, ou l'engagement de les acheter, mais plutôt avec l'occasion offerte à l'industrie aérospatiale canadienne de participer au plus important projet d'approvisionnement de l'histoire des États-Unis, un marché évalué à plus de 200 milliards de dollars.
Depuis cette époque et avant que le gouvernement ne fasse son annonce en juillet, les compagnies canadiennes ont obtenu 144 contrats. Il est donc illogique de laisser entendre que le Canada pourra seulement obtenir des contrats s'il accepte d'acheter ces avions. Le Canada avait déjà ces contrats avant que le gouvernement n'annonce qu'il voulait faire cet achat.
Qu'est-ce que M. Williams a dit d'autre? Il a parlé des allégations du et du selon lesquelles le Canada avait participé par le passé à un appel d'offres.
Il a dit au comité le mois dernier:
Les ministres faisaient allusion à l'appel d'offres lancé par les États- Unis pour déterminer quelle compagnie allait construire l'avion de chasse. Le 26 octobre 2001, Edward Aldridge, secrétaire général adjoint de la Défense [...] a annoncé que Lockheed Martin avait été préférée à Boeing. [...] Les yeux rivés sur nos téléviseurs, nous attendions tous cette décision au quartier général de la Défense nationale.
L'appel d'offres a eu lieu, et nous n'avons joué aucun rôle dans la décision. Le gouvernement prétend que nous avons participé à cet appel d'offres, mais nous n'avons pas fait d'annonce en même temps que les Américains. Nous avons dû regarder la télévision pour connaître la teneur de l'annonce des Américains. D'après les propos de M. Williams, cette annonce était une grande surprise pour le Canada. Les Canadiens n'étaient pas du tout au courant de la décision que les Américains allaient prendre. Il est évident que nous n'avons pas participé à cet appel d'offres et que nous n'avons pas eu notre mot à dire. Nous avons dû attendre pour connaître la décision des États-Unis.
M. Williams a ajouté:
Cet appel d'offres n'avait absolument rien à voir avec le besoin d'un appel d'offres pour déterminer quel avion pourrait répondre aux exigences militaires canadiennes au coût global de cycle de vie le plus bas possible. Toute comparaison entre les deux appels d'offres est une insulte à notre intelligence.
Même le chef d'état-major de la Force aérienne de l'époque l'a confirmé. En 2001, le lieutenant-général André Deschamps a été cité dans le magazine Canadian Defence Review en lien avec l'avion de combat interarmées. Le journaliste du magazine lui a demandé: « Où se situe le chasseur de prochaine génération sur votre liste de priorité? »
En fait, l'article a été publié dans le magazine le jour de l'annonce aux États-Unis. Par conséquent, le journaliste l'a interrogé à la veille de l'annonce faite par les Américains, alors que l'appel d'offres — auquel le Canada aurait participé si on en croit mes collègues d'en face — était, soi-disant, en cours depuis plusieurs années. Nous participions, soi-disant, à l'appel d'offres. Or, voici ce que le lieutenant-général Deschamps a déclaré à l'époque:
Le chasseur de prochaine génération est très haut sur ma liste. Nous savons que le gouvernement veut discuter de cette question prochainement, mais il est certain que nous devons lancer le processus d'acquisition d'un nouveau chasseur. Il semble que cela prendra beaucoup de temps, mais comme nous le savons, les processus de passation des marchés sont complexes et on ne peut pas produire un nouveau chasseur du jour au lendemain.
À mon avis, il parle au futur. Il parle clairement de l'avenir. Il ne dit pas que nous faisons partie de quoi que ce soit, que nous participons aux discussions, à la décision ou à l'appel d'offres en cours. Au contraire, il dit que nous n'avons pas encore pris de décision, que nous commençons à y penser et que nous en discuterons au moment opportun. Il n'a même pas parlé de l'avion de combat interarmées. Dans sa réponse, il n'a rien dit au sujet des F-35.
Il ajoute:
Nous venons tout juste terminer la modernisation de nos CF-18 pour les amener à ce que nous appelons la norme R2. C'est une amélioration incroyable. Nous disposons maintenant d'un excellent outil, d'un avion de haute performance qui nous permet de rester concurrentiels au moins jusqu'à la fin de la décennie. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas entamer le processus de sélection d'un remplaçant pour le CF-18. Nous espérons entamer bientôt les discussions avec le gouvernement.
Ce n'est pas un chef d'état-major de la Force aérienne qui est en plein processus d'appel d'offres et de décision. C'est quelqu'un qui dit que nous participerons à des discussions avec le gouvernement dans pas trop longtemps, que nous réfléchirons au type d'avion que nous voulons. Pourtant, le gouvernement répète à qui veut l'entendre que le Canada faisait partie du processus d'appel d'offres qui a eu lieu il y a une décennie. Cela n'a aucun sens et le gouvernement le sait.
Qu'est-ce que M. Williams, sous-ministre adjoint de la gestion du matériel, le responsable des acquisitions à l'époque a dit d'autre? Il a déclaré:
La seule façon de savoir avec certitude quel avion est le mieux en mesure de répondre aux besoins du Canada, et à quel coût, c'est de publier un énoncé des besoins ouvert, juste et transparent, et de faire une évaluation rigoureuse des réponses des soumissionnaires.
On ne saurait mieux dire. On ne saurait non plus être plus clair au sujet du type de processus qui devrait être suivi.
La deuxième affirmation du gouvernement à laquelle je veux m'arrêter, c'est que nous sommes obligés d'acheter l'avion de combat interarmées. En fait, le gouvernement conservateur a signé un deuxième protocole d'entente en 2006. On y trouve au paragraphe 3.2.1.1.1 le passage suivant:
L'acquisition d'avions d'attaque interarmées sera assujettie aux lois et aux règlements ainsi qu'au processus décisionnel en matière d'approvisionnement du pays participant.
De toute évidence, cet accord conclu en 2006 est tourné vers l'avenir, en ce sens qu'il prévoit que le gouvernement prendra ses propres décisions quant au type d'appareil à acheter. Contrairement à ce que prétend le gouvernement depuis des mois, il n'engage certainement pas le gouvernement à le faire et celui-ci n'a pas encore pris d'engagement à cet égard. Aucun contrat en bonne et due forme n'a été signé jusqu'ici. Le gouvernement peut encore annuler tout le processus et lancer un appel d'offres.
Le F-35 pourrait en ressortir gagnant, mais pourquoi ne pas lancer d'appel d'offres? Pourquoi ne pas inviter toutes les entreprises spécialisées comme Rafale et Lockheed Martin à présenter des offres qui comporteraient des retombées industrielles et régionale et qui procureraient un excellent rapport qualité-prix quant aux avions choisis?
Au cours des derniers mois, j'ai assisté à quelques reprises aux réunions du Comité de la défense nationale. Lors d'une de ces réunions, j'ai demandé à M. Williams dans quelle mesure, le cas échéant, il pourrait nous dire si la liste complète des besoins du Canada avait été incluse dans l'appel d'offres, car c'est un élément important du processus. Si, comme le prétend le gouvernement, nous avons procédé à un appel d'offres, les propres besoins du Canada ont certainement dû être pris en compte. Voici la réponse de M. Williams:
Le fait est que le 20 décembre 1995, le Royaume-Uni a signé la seule entente de partenariat de niveau un avec les États-Unis, ce qui lui a permis d'être un partenaire à part entière dans l'élaboration des exigences et dans la conception du système. Aucun autre participant à ce programme n'a eu cette possibilité; alors, prétendre que nous avions plus de poids que ce pourquoi nous avons signé au cours de la première phase — c'est-à-dire, comme un observateur — constitue une grossière exagération de notre influence ou de notre apport.
Il a aussi ajouté qu'« à ce moment-là, nous n'avions même pas encore élaboré d'énoncé des besoins pour nos avions de chasse ».
C'est ce qu'a déclaré la personne qui était responsable de l'acquisition de matériel militaire pour le gouvernement du Canada en 2001, lorsque les États-Unis ont annoncé qu'ils avaient choisi le F-35.
J'ignore comment le gouvernement peut prétendre le contraire. J'espère que le secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale — et je suis ravi de voir qu'il est attentif à ce que je dis — va faire la lumière sur les propos du gouvernement. Peut-être va-t-il faire preuve de franchise et admettre que le gouvernement ne dit pas la vérité.
Compte tenu du fait que les familles ont du mal à joindre les deux bouts, il est révoltant de voir le gouvernement gaspiller de l'argent dans ce dossier sans même lancer d'appel d'offres.
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Monsieur le Président, j'appuie la motion car je crois que les Canadiens veulent des réponses très claires à des questions très logiques.
Je ne suis pas une experte dans le domaine militaire. Je ne saurais reconnaître un type d'avion d'un autre. Tout ce que je sais, c'est qu'ils ont des ailes. Toutefois, parmi tous les électeurs qui m'ont écrit ou téléphoné, il y a beaucoup d'experts. Ils m'ont donné de nombreux conseils et se posent bien des questions au sujet de ce dossier. J'aimerais présenter ces questions logiques car elles méritent une réponse. Après tout, il est question ici de l'achat de matériel militaire le plus coûteux de l'histoire de ce pays.
Le gouvernement est catégorique. Il lui faut absolument le F-35, qui coûtera 16 milliards de dollars aux contribuables. Nous aimerions vraiment que les conservateurs nous expliquent pourquoi ils ont besoin de ces F-35. Le nous dit qu'il nous les faut pour protéger notre espace aérien contre les Russes. Il a dit que des appareils russes avaient tenté de pénétrer l'espace aérien canadien dans l'Arctique et que nous avions dû envoyer les CF-18. C'est ce qu'a dit le ministre. Le NORAD et les pilotes de chasse canadiens nous ont dit qu'il s'agissait de vols de routine très fréquents. Il s'agit de vols d'essai réguliers. Nous savons que ces « avions russes envahisseurs » étaient des modèles à hélices vieux de 60 ans. Je pose ces questions car tout cela n'a aucun sens à mes yeux. Toujours selon les pilotes, de tels événements se produisent tout le temps. Quoi qu'il en soit, la plupart d'entre nous pensent que la guerre froide a pris fin il y a longtemps déjà. Je n'ai donc aucune idée de ce dont il est question et, tout comme mes électeurs, j'aimerais qu'on réponde à mes questions.
Si nous avons besoin d'avions pour protéger notre espace aérien, quel est le type d'avion qui répond le mieux à ce besoin? On me dit que le Super Hornet de Boeing serait une possibilité, car non seulement est-il un bon choix à des fins de protection, mais un bimoteur serait préférable à un monomoteur, surtout parce que l'espace aérien canadien est si vaste qu'un moteur de plus serait utile si jamais un oiseau venait se loger dans un moteur ou si un autre incident du genre survenait pendant qu'on vole dans ce vaste espace aérien. C'est sérieux. On a toujours senti le besoin de se doter de bimoteurs au Canada. Cela a toujours été le consensus et l'usage. On vient maintenant nous dire que cet appareil monomoteur est très nécessaire et que c'est ce qui importe le plus.
Pourquoi avons-nous besoin d'un chasseur furtif pour protéger notre espace aérien? La plupart des experts nous disent qu'un autre type d'avion ferait très bien l'affaire. J'aimerais savoir si cet appareil qu'on prétend être celui dont nous avons besoin est le plus indiqué.
J'aimerais également savoir si nous avons besoin de ces appareils immédiatement. Comme on le sait, la flotte de CF-18 a été modernisée et remise en état de façon à rester pleinement fonctionnelle et opérationnelle jusqu'après 2020, ce qui signifie qu'on n'a manifestement pas besoin des F-35 dès maintenant.
Il faut que je fasse observer qu'on n'obtient jamais de réponse adéquate lorsqu'on pose ces questions élémentaires à la Chambre, seulement le genre d'arguments que je viens de déboulonner. Le gouvernement répètent constamment que ce sont les libéraux qui ont ouvert le débat pour que les entreprises aérospatiales canadiennes soumissionnent des marchés internationaux. Les conservateurs prétendent que c'est ce que nous avons fait. On apprend que le SMA au moment des négociations, M. Alan Williams, aurait dit que l'on avait évidemment négocié l'entente avec Lockheed Martin. Il continue d'affirmer catégoriquement et énergiquement que cela n'engageait pas le Canada à acheter l'avion d'attaque interarmées. Les libéraux ont agi comme ils l'ont fait à l'époque afin d'élargir le marché des entreprises aérospatiales canadiennes. Cela ne nous engageait pas à acheter l'appareil, ce que nous ne nous sommes pas engagés à faire non plus.
Au fait, à propos des priorités et des coûts, à l'époque où nous parlions d'acheter de nouveaux avions de chasse, nous avions, si je ne me trompe, un excédent de 13 milliards de dollars et un fonds de réserve de 3 milliards de dollars quelque part. Nous pouvions parler d'acheter une Mercedes quand nous avions de solides réserves à la banque. Mais nous sommes actuellement en période de déficits sans précédent pour notre pays, et nous n'avons pas beaucoup d'argent à dépenser.
Puisque nous n'avons pas grand-chose à dépenser, que nous avons un déficit sans précédent de 56 milliards de dollars qui continue d'augmenter, puisque nous avons le plus fort taux de chômage en 14 ans, et puisqu'il y a 151 000 chômeurs au Canada et que les jeunes Canadiens ont un des taux de chômage les plus élevés au pays, il faudrait peut-être revoir nos priorités.
Quand je m'occupais du budget de ma famille, je devais faire des choix quand nous avions moins d'argent qu'à d'autres moments plus prospères. Ces choix sont des priorités fondamentales. Tous ceux qui ont suivi un cours élémentaire d'économie vous diront qu'elles reposent sur une hiérarchie de besoins. De quoi avons-nous le plus besoin? Quelle est la chose la plus importante dont nous avons besoin à un moment donné de notre existence où nos fonds sont limités? De quoi avons-nous besoin par-dessus tout?
Nous avons un déficit de 56 milliards de dollars. Il faut créer des emplois parce qu'on nous dit que nous allons avoir une reprise sans emploi. Nous ne devons donc pas proposer seulement des emplois à temps partiel ou du travail partagé, mais donner aux travailleurs la possibilité d'avoir des emplois durables et à plein temps pour qu'ils puissent payer leur hypothèque et garder leur maison. Voilà la véritable question fondamentale que se posent les gens.
Un rapport de groupe de réflexion publié il y a environ une semaine nous apprend que le nombre de personnes qui ont recours aux banques alimentaires au Canada n'a jamais été aussi élevé et que 33 p. 100 d'entre elles sont des enfants. Cela nous renvoie encore à la question des priorités, de la hiérarchie des besoins. De quels besoins devons-nous nous occuper?
Que le gouvernement le croie ou non, l'une des choses qu'un gouvernement responsable du bien-être de sa population doit faire quand cette population est en difficulté, c'est de chercher des moyens de lui venir en aide. Pourquoi choisit-il les chasseurs dans la hiérarchie des besoins, alors qu'on nous dit que n'en avons pas besoin tout de suite, que ce ne sont pas ceux-là dont nous avons besoin et qu'ils ne feront pas l'affaire aussi bien que d'autres?
Le gouvernement a promis en 2006 de se pencher sur tous les besoins réels et immédiats de la défense, mais il n'a strictement rien fait à ce sujet. Prenons les brise-glaces. Prenons les trois navires de ravitaillement dont il parlait. Il n'a toujours rien fait dans ce domaine.
Occupons-nous des problèmes immédiats. Si le toit de ma maison fuit et que j'ai le choix entre le réparer et acheter une nouvelle voiture, je vais garder ma vieille voiture deux ans de plus et réparer mon toit. C'est ce qu'on appelle des priorités. C'est ce qu'on appelle du bon sens. La plupart des Canadiens le comprennent. Je ne comprends pas d'où sortent ces décisions. Voilà pourquoi nous essayons de tirer les choses au clair.
Les besoins sont hiérarchisés en fonction de leur caractère opportun et de leur urgence. Dans les circonstances actuelles, de quoi avons-nous besoin maintenant de sorte que, dans l'avenir, on puisse faire ce qu'on voudra vraiment? C'est la différence entre nos besoins et nos désirs. En période de vaches maigres, il faut parfois faire un choix.
Je sais bien que ce que le gouvernement veut, ce sont ces mignons petits jouets avec lesquels s'amuser. La réalité, c'est que les Canadiens veulent que le gouvernement s'ouvre enfin les yeux, qu'il les écoute et qu'il regarde les chiffres, même si je sais qu'il n'aime pas beaucoup les chiffres parce qu'ils lui indiquent ce qu'il n'est peut-être pas prêt à écouter ou ce qu'il ne veut peut-être pas entendre. Le gouvernement devrait écouter les Canadiens et prendre conscience du taux de chômage et du nombre croissant d'assistés sociaux. Dans ma province, la Colombie-Britannique, les assistés sociaux sont plus nombreux chaque mois. Pourtant, le gouvernement hausse les épaules et nous dit de ne pas nous en préoccuper puisqu'il s'agit d'un problème provincial.
Permettez-moi de parler des besoins. Assurer la viabilité du système de soins de santé est un besoin. Le besoin impérieux en matière de logements est un énorme problème. Nous avons une hiérarchie des besoins. Voilà de quoi les Canadiens ont besoin dans l'immédiat. Pourtant, le gouvernement est incapable de nous dire pourquoi ces avions figurent dans le haut de sa hiérarchie des besoins. Pourquoi maintenant? Nous n'en avons pas besoin maintenant. On peut attendre quelques années encore. Quelles conséquences les choix du gouvernement auront-ils?
Si le gouvernement menait un vaste sondage auprès de la population pour lui demander si elle veut qu'on fasse l'acquisition de F-35 maintenant ou si elle préférerait plutôt que le gouvernement veille à stimuler concrètement l'économie, à construire des logements et à sortir les gens des banques alimentaires, je sais ce que la population répondrait.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir parler de notre intention d'acquérir 65 appareils F-35 Lightning II. C'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur, parce que je sais à quel point il est important d'avoir des avions de chasse modernes et puissants.
Quand le gouvernement a publié sa stratégie de défense Le Canada d'abord, il y a deux ans et demi, nous nous sommes engagés à faire des Forces canadiennes une armée moderne, intégrée, souple, polyvalente et apte au combat, bref une armée capable de relever et de surmonter les défis du XXIe siècle.
Les priorités globales du Canada en matière de défense n'ont pas vraiment changé depuis le livre blanc de 1964 sur la protection du Canada, sa place au sein du NORAD et de l'OTAN et ses engagements internationaux. Ce sont les menaces qui pèsent contre nous qui ont changé. La stratégie de défense Le Canada d'abord tient compte de cet état de fait, et c'est pour cette raison qu'elle prévoit le rétablissement des capacités de combat des Forces canadiennes après plus d'une décennie de noirceur.
Quand j'entends les libéraux dire qu'ils ne comprennent pas les priorités et les missions de programmes comme celui des chasseurs de prochaine génération, je ne peux m'empêcher de me demander où ils étaient depuis 1964 et pourquoi, alors qu'il y a déjà deux ans et demi que nous avons publié la stratégie de défense Le Canada d'abord, ils n'en ont jamais parlé jusqu'à tout récemment.
Nous nous sommes engagés dans la stratégie de défense Le Canada d'abord parce que, au nom de tous les Canadiens, nous demandons beaucoup de choses à nos hommes et nos femmes en uniforme, ici comme à l'étranger, et ces derniers font toujours un bon travail, qu'il s'agisse d'assurer la sécurité lors de grands événements comme les Jeux olympiques d'hiver, de voler au secours de Canadiens, par exemple après l'ouragan Igor, ou de patrouiller l'espace aérien nord-américain, en collaboration avec les États-Unis, ce que nous avons d'ailleurs l'obligation de faire. Dès qu'un avion pénètre dans notre zone d'identification de défense aérienne, nous sommes tenus de déterminer de qui il s'agit: un Bear russe, doté des plus récents dispositifs électroniques et avioniques, ou encore un avion de ligne.
Nous menons des opérations militaires en Afghanistan et ailleurs. Les hommes et les femmes des Forces canadiennes sont parmi les meilleurs du monde, et ils méritent le meilleur équipement du monde, pas de vulgaires jouets. Les forces aériennes, qui sont essentielles à la défense du Canada et à la promotion de ses intérêts, ont besoin des meilleurs outils qui soient pour faire leur travail. Il est de notre devoir d'acquérir le meilleur avion de chasse sur le marché, et c'est appareil est le F-35 Lightning II.
[Français]
Il faut l'admettre, nos CF-18 sont très utiles, car ils permettent au Canada d'exercer sa souveraineté, notamment dans l'Arctique, d'assurer la défense de l'espace aérien de l'Amérique du Nord sous l'égide du NORAD et de participer à des opérations internationales, comme cela a été le cas lors de la première guerre du Golfe et au Kosovo. Une chose est certaine, la nécessité de disposer de chasseurs demeure. En effet, nous les utilisons tous les jours.
À l'heure actuelle, nous disposons des CF-18 pour entreprendre diverses missions partout au pays. Ils ont été utilisés récemment pour escorter des bombardiers russes qui volaient à proximité de l'espace aérien du Canada. De plus, le mois dernier, des CF-18 ont intercepté et escorté dans l'espace aérien canadien un avion-cargo soupçonné de transporter du matériel explosif.
Dans le cadre d'un programme de modernisation récemment complété, nous avons prolongé la durée de vie opérationnelle de nos appareils Hornet jusqu'à la fin de la présente décennie.
[Traduction]
L'objectif en ce qui a trait au CF-18 consistait à exploiter l'appareil durant une période de mise en place progressive, plus 15 ans. Je le sais parce que j'étais là et que j'ai participé à la rédaction du document. Au terme de cet échéancier, soit autour de 2003, nous devions acquérir une nouvelle génération de chasseurs.
Les libéraux avaient tout à fait raison de signer le protocole d'entente sur le Programme de l'avions de combat interarmées en 1997, puis de relever la barre en 2002. Notre gouvernement en a fait autant en 2006 et il a pris la décision d'acquérir les F-35 en juillet, dans le cadre du protocole d'entente multinational. Même si, à strictement parler, cette décision ne nous obligeait pas à acheter l'appareil, il est absolument ridicule de la part des libéraux de dire maintenant qu'ils n'avaient aucunement l'intention d'acheter cet avion. L'achat d'avions est un processus qui exige beaucoup de temps. Ce n'est pas comme aller chercher un article chez Wal-Mart. Nous sommes en train d'acheter un appareil qui va voler au moins jusqu'en 2050.
Par ailleurs, les menaces changent. L'environnement stratégique dans lequel nos CF-18 ont évolué au cours des 20 dernières années n'était pas le même que celui que nous connaissons aujourd'hui, ou qui existera dans l'avenir. Il importe de préserver la souplesse nécessaire pour protéger notre souveraineté et pour être interopérables avec nos alliés de l'OTAN et nos partenaires internationaux. C'est pourquoi l'acquisition d'une nouvelle génération de chasseurs était l'un des objectifs premiers de la stratégie de défense Le Canada d'abord.
Nous avons choisi le chasseur F-35 après que les spécialistes de notre force aérienne eurent effectué une analyse très poussée des exigences auxquelles les appareils devaient satisfaire. Au terme de cet exercice, il est devenu évident que seul un chasseur de la cinquième génération, comme le F-35, pouvait répondre aux exigences de nos missions dans un environnement de sécurité complexe et en constante évolution.
Le Canada a fait appel à des spécialistes militaires et civils qui ont étudié durant des années, à un niveau de classification très élevé, le Programme de l'avion de combat interarmées, les exigences relatives aux chasseurs de la prochaine génération, ainsi que d'autres options. Ces spécialistes incluent évidemment l'actuel SMA aux matériels, qui est en poste depuis cinq ans et qui est bien au courant des modalités du protocole d'entente, contrairement à d'autres qui ne sont plus en place depuis des années. Au début, ces spécialistes ont retenu le F-35, le Super Hornet F-18, le Typhoon, le Gripen et le Rafale. Après examen, le Gripen et le Rafale ont été éliminés du processus, tandis que le F-35, le F-18 et le Typhoon ont fait l'objet d'une analyse plus poussée. Les spécialistes en sont arrivés à la conclusion que le F-35 est le seul avion qui possède les capacités élevées requises et les exigences opérationnelles plus spécifiques, et ce au meilleur coût et en offrant les meilleurs débouchés pour l'industrie.
Les comparaisons faites par d'autres présentent un grave défaut. Elles sont basées sur la connaissance des appareils de la troisième et de la quatrième générations et tiennent peu compte de la véritable capacité qu'offrent les appareils de la cinquième génération. Un tout petit nombre de personnes connaissent tous les détails et les capacités du F-35, des renseignements secrets.
On a suivi le même processus aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, au Danemark, aux Pays-Bas, en Norvège, en Italie et en Turquie dans le cadre du protocole d'entente. Israël effectue la même démarche mais sans être signataire au protocole d'entente, et le Japon, la Corée du Sud et d'autres pays s'apprêtent à suivre son exemple. Au moins dix pays très avancés ont tiré la même conclusion, et tous l'ont fait dans le cadre d'un processus similaire. C'est plus qu'une simple coïncidence.
Quand nous parlons de la capacité d'un avion de chasse, nous parlons du matériel que nous utiliserons pendant 30 ou 40 ans. Le F-35, l'avion d'attaque interarmées, permettra d'abord et avant tout aux Forces canadiennes de continuer d'accomplir toutes les tâches du CF-18, sans parler de toutes les nouvelles tâches qu'elles pourront accomplir et il leur permettra de répondre à des menaces que nous ne pouvons même pas nous imaginer aujourd'hui.
En raison de ses capteurs perfectionnés, de sa technologie furtive de pointe, de ses systèmes d'armes, de la survivabilité et de la nature intégrée de ses systèmes, cet avion de chasse de la cinquième génération est le plus efficace qui soit pour le Canada, le seul qui réponde aux besoins opérationnels et interopérationnels de l'aviation canadienne. Je souligne qu'un avion de la quatrième génération, même le CF-18 modernisé, ne peut être mis à niveau pour atteindre la capacité furtive d'un avion de la cinquième génération.
Sur le plan de la capacité, l'avion de combat interarmées représente un pas de géant par rapport aux avions des générations précédentes. Il comporte quatre avantages uniques.
En premier lieu, la furtivité réduira considérablement le risque de détection du chasseur par les systèmes de détection ennemis, ce qui offrira un niveau de risque moindre pour les pilotes, de même que des capacités opérationnelles améliorées.
En deuxième lieu, les technologies perfectionnées de détection et de fusion de données aideront les pilotes à comprendre en un seul coup d'oeil la situation tactique et à prendre plus rapidement des décisions. Autrement dit, l'avion accomplira des tâches que les pilotes accomplissent eux-mêmes à l'heure actuelle. En fait, le chasseur agira comme copilote.
En troisième lieu, notre interopérabilité avec nos partenaires signataires du protocole d'entente sur l'avion de combat interarmées et nos alliés de l'OTAN, dont bon nombre achètent le F-35, sera parfaite au sein du NORAD et de l'OTAN ainsi que lors d'opérations coalisées.
Parlons un peu plus d'interopérabilité. Au Kosovo, nos CF-18 n'avaient pas l'équipement de communication nécessaire pour participer à de nombreuses formations d'attaque parce que le gouvernement libéral n'avait pas modernisé les avions. Nos alliés ont dû se rabaisser à notre niveau afin que nous puissions participer aux missions, et l'interopérabilité entre les appareils de la quatrième et de la cinquième génération ne se limite pas à la liaison de données et aux liaisons radio.
S'il y avait une formation d'avions F-35 de la cinquième génération, qui était accompagnée par une formation d'avions de chasse canadiens de la quatrième génération, nos avions de chasse seraient tout de suite détectés par les forces ennemies, et cela mettrait toute la formation en danger.
En quatrième lieu, la production des F-35 se poursuivra jusqu'au milieu du siècle. Nous serons donc en mesure de remplacer les avions perdus s'il y a lieu.
Tous ces facteurs réunis font des F-35 la prochaine génération de chasseurs appropriée pour le Canada. Compte tenu du fait que le Canada possédera ces avions pendant plusieurs décennies, il est logique d'un point de vue économique et il est juste pour les hommes et femmes en uniforme qui piloteront ces avions et en assureront l'entretien que nous effectuions les meilleurs investissements et que nous achetions les meilleurs avions possible.
C'est ce que nous faisons en décidant d'acheter les F-35.
[Français]
Le programme des F-35 générera des retombées à l'extérieur du secteur de la défense et partout au Canada. En bref, l'industrie canadienne sera assurée de pouvoir participer au plus vaste programme coopératif militaire qui existe dans le monde.
Depuis 2002, le Canada a investi 168 millions de dollars dans le Programme d'avions d'attaque interarmées, et cet investissement a déjà donné lieu à l'octroi de contrats d'une valeur de 350 millions de dollars à des entreprises et à des établissements de recherche du Canada. Comme le gouvernement a maintenant décidé de faire l'acquisition de F-35, les entreprises canadiennes pourront ainsi profiter de retombées additionnelles.
Grâce au programme des F-35, l'industrie canadienne pourra en effet rejoindre la chaîne d'approvisionnement mondiale qui fabriquera des milliers d'avions d'attaque interarmées et qui générera des emplois dans le secteur de la haute technologie ainsi que des retombées économiques soutenues dans les régions de partout au Canada.
[Traduction]
Les retombées économiques pour le Canada sont évaluées à 12 milliards de dollars, un chiffre impressionnant que viendront gonfler davantage les exportations aux pays non signataires. Le gouvernement du Canada recevrait des millions de dollars en redevances sur les produits vendus à ces pays.
De plus, la décision du gouvernement de baser la flotte de F-35 à Bagotville et à Cold Lake, annoncée en septembre, garantirait que les deux bases d'appui aérien rapide des Forces canadiennes continuent de faire partie intégrante de leurs collectivités respectives et de produire des avantages économiques pour celles-ci.
L'industrie canadienne appuie elle aussi l'achat des F-35.
M. Bill Matthews, vice-président du marketing pour la Magellan Aerospace Corporation, a très bien résumé les raisons de cet appui le mois dernier lorsqu'il a comparu devant le Comité permanent de la défense nationale. Il a indiqué que les appareils F-35 Lightning II illustrent parfaitement le genre de programme auquel s'intéressent les entreprises canadiennes, car ils correspondent à leur expertise clé; que leur conception, leur matériel et leurs systèmes en font un programme de très haute technologie qui permet des avancées en matière de fabrication; et qu'on s'attend à ce que la production des appareils dure de 20 à 30 ans, ce qui permettra de réaliser des économies et d'obtenir un rendement intéressant pour les fabricants. Nous savons que l'industrie adore la certitude. Elle adore la prévisibilité.
Penchons-nous de plus près sur le coût. En dollars de 2016, année où nous ferons l'acquisition des F-35, les 16 090 000 $ qu'a coûté chaque CF-18 correspondent à 63 millions de dollars. Le prix prévu pour les F-35 sera de 70 millions à 75 millions de dollars, et ce, pour un appareil infiniment plus performant. Ce n'est pas une mauvaise affaire.
Nous commencerons à acheter les avions en 2015-2016, quand la production sera à son maximum et les prix seront au plus faible. D'ailleurs, la Norvège a reporté son achat, pas parce qu'elle a des réserves quant au programme, mais bien parce que, comme nous, elle souhaite acheter les avions au moment parfait dans le cycle de production où les coûts seront à leur plus faible.
Ventilons le chiffre tant cité de 16 milliards de dollars. Sur cette somme, environ 5,5 milliards de dollars iront à l'achat des avions. Environ 3,5 milliards seront consacrés aux simulateurs, à l'entraînement, à l'infrastructure, aux pièces de rechange et autres, et une part de cette somme ira à l'industrie canadienne. Ces dépenses seront effectuées sur au moins six ans.
L’autre montant de 7 milliards de dollars est une estimation très crédible de ce que coûtera le soutien de cet avion pendant 20 ans. La plus grande partie de ce montant reviendra à l’industrie canadienne sous forme de retombées. Il ne s’agit donc pas d’argent emprunté, comme le laissent entendre certains députés d’en face. En fait, ces fonds sont tirés de l’enveloppe budgétaire de la stratégie de défense Le Canada d'abord. Ils seront répartis sur 20 ans. Personne ne va donc faire un chèque de 16 milliards de dollars demain matin. D’ici à 2015-2016, le Canada aura épongé son déficit et son budget sera excédentaire.
Certains ont mentionné qu'un appel d’offres ouvert nous permettrait d’économiser 3,2 milliards de dollars. Il s’agit d’une hypothèse purement fantaisiste. Ce chiffre magique a été sorti d’un chapeau par quelqu'un qui occupait le poste de sous-ministre adjoint responsable des matériels il y a cinq ans. Je me demande bien quelle idée il peut avoir derrière la tête. Quoi qu’il en soit, ce chiffre n’est fondé sur aucune donnée factuelle. Il est tiré de nulle part et les députés d’en face le citent les uns après les autres comme s’il était crédible. Il ne l’est absolument pas.
Examinons donc les avantages qu’il y a à être partie au protocole d’entente.
Chaque signataire du protocole d’entente dispose d’une voix.
En tant que signataires du protocole d’entente, nous sommes exemptés des droits sur la vente de matériel militaire des États-Unis à l'étranger. Cette exemption nous permet d’économiser environ 850 millions de dollars sur le coût de l’avion.
Pour chaque vente de matériel militaire à des pays non signataires du protocole d’entente, Israël notamment, le Canada recueille une part des redevances.
En tant que signataire du protocole d’entente, le Canada a le droit d’utiliser la propriété intellectuelle classifiée. À l’extérieur du protocole d’entente, nous perdrions cet avantage.
En tant que signataires du protocole d’entente, nous avons un accès garanti à certains segments de la chaîne de production. Cet accès est critique pour l’échéancier de la mise en service du F-35 et du retrait progressif du CF-18 avant que celui-ci n’atteigne la limite de sa durée de vie utile, ce qui se produira d’ici la fin de cette décennie.
Être signataire comporte des privilèges.
Le F-35 est l’avion d’attaque approprié pour les Forces canadiennes. En outre, cet appareil générera de nombreuses retombées pour l’industrie canadienne.
Le Canada a besoin d’un avion qui permettra aux hommes et aux femmes des Forces canadiennes d’être à la hauteur des demandes et des missions de plus en plus complexes que nous exigeons d’eux. Certains piloteront peut-être ces avions dans 20 ou 30 ans. Nous n’en sommes pas certains.
Ces avions sont un investissement dans une capacité dont nous avons besoin.
Trois priorités clés justifient l’acquisition de l’avion d’attaque interarmées F-35 en tant qu’avion d’attaque de la prochaine génération: défendre l’espace aérien du Canada, exercer la souveraineté du Canada et assumer les responsabilités internationales du Canada, notamment dans le cadre du NORAD et de l’OTAN. Je ne crois pas qu’il y ait ici un seul député qui ne convienne pas de l’importance de ces priorités.
Notre engagement à acheter le F-35 n’est que le dernier exemple montrant que notre gouvernement fait ce qu'il faut pour équiper nos hommes et nos femmes en uniforme. Chez aucun autre des partenaires de ce protocole d’entente l’opposition officielle n’a eu cette réaction et cela se répercute sur la crédibilité du Canada et la confiance que nos alliés ont dans le Canada.
Si l’opposition ne cesse pas rapidement d’agir ainsi, cela va certainement nous coûter des emplois. Nous avons déjà vu cette démonstration de politique partisane en 1993. Dix-sept ans et près d’un milliard de dollars plus tard, nous attendons toujours le premier hélicoptère qui remplacera le Sea King. Les répercussions de cette situation vont beaucoup plus loin. Le remplacement du Sea King n’est pas un résultat auquel le Canada devrait beaucoup se fier.
Le F-35 est le bon appareil, au bon prix, qui offrira des bons débouchés à l’industrie canadienne. Nous avons calculé le prix des autres solutions. Dassault a dit l’autre jour que son avion pourrait répondre aux exigences. Il est normal qu’elle le dise. Elle a aussi déclaré que son avion coûte 70 millions d’euros, donc de 40 à 50 p. 100 de plus que pour le F-35, dont le prix est de 70 à 75 millions de dollars.
Je voudrais citer M. Claude Lajeunesse, président de l’Association des industries aérospatiales du Canada, qui a écrit et parlé assez ouvertement à ce sujet. Il représente environ 400 entreprises. Il a dit: « Nous sommes très inquiets de voir cette décision faire l'objet de jeux politiques. Nous pressons donc les leaders de tous les partis politiques à appuyer la décision du gouvernement. Nous ne voulons pas que l'on répète les erreurs du passé. Car ces erreurs seraient encore plus coûteuses que jamais pour notre industrie, pour les forces armées et, en bout de piste, pour le pays. »
Hier ou avant-hier, au Comité de la défense, nous avons entendu le témoignage de Tim Page, le directeur général de l’AICDS, une autre association de l’industrie qui représente 860 entreprises canadiennes. Chacune de ces entreprises approuve entièrement ce programme. Bien entendu, elles ne seront pas 860 à en bénéficier, mais des dizaines et des dizaines d’entre elles en bénéficieront. Elles appuient totalement ce programme et elles sont absolument sidérées de voir la pièce de théâtre politique qui se joue à ce propos.
Il est temps que les libéraux renoncent à ces partisaneries politiques et nous aident à agir dans l’intérêt de la force aérienne canadienne, de l’industrie canadienne et de nos engagements, chez nous et à l’étranger, pour les prochaines 40 années.
Mon seul regret est qu’aucun F-35 à deux places ne sera construit. Mon seul espoir est la réincarnation et comme je suis suffisamment vieux et que nous allons faire voler cet avion suffisamment longtemps, j’aurai peut-être ma chance.
Il est important que nous agissions maintenant. Le CF-18 sera mis hors service entre 2017 et 2020. Il ne sera pas utilisé après 2020. Ce que notre collègue de Vancouver a dit tout à l’heure est totalement inexact. Nous devons réaliser ce programme. Ce sont des programmes qui se préparent longtemps à l’avance. Celui-ci a été étudié dans tous les détails par des gens très qualifiés du Canada et d’un grand nombre d’autres pays qui, tous, en sont venus à la même conclusion. C’est certainement le bon avion qui arrive au bon moment.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des députés après m'être rassis, ce que je vais faire maintenant.
J’exhorte mes collègues à souscrire à ce programme. C’est tout simplement la bonne chose à faire.
:
Monsieur le Président, je remercie mes collègues de me fournir l'occasion de participer à ce débat, car il y a une base dans ma circonscription, à Gander. Je représente fièrement le 103
e Escadron de recherche et sauvetage.
Nous parlons de la question qui nous occupe depuis pas mal de temps. Dans ce débat, le gouvernement parle clairement d'un nouveau processus d'approvisionnement, dans le cadre du protocole d'entente, comme le l'a indiqué. Je suis convaincu que c'est dans cette voie que nous nous engageons et que c'est de cette manière que nous ferons les choses dans l'avenir en tant que participant à la chaîne d'approvisionnement mondiale.
Là où je ne suis pas d'accord avec mon collègue, c'est lorsqu'il parle de sa réincarnation en pilote. S'il se réincarne en pilote il sera dans une cabine où il aura deux contrôles à distance, il sera dans un drone, comme ceux qui fonctionnent si bien en Afghanistan. À ce moment-là, ce sera probablement le type de vaisseau qu'on verra dans le ciel. Bon, je referme la parenthèse.
Quoi qu'il en soit, nous avons des pilotes, des aviateurs, des aviatrices et ils servent le Canada courageusement. Je les connais. Il n'y a pas de chasseurs sur la base dans ma circonscription. Il n'y a pas de F-18, mais il y a des hélicoptères Cormorant et des membres de la force aérienne servent fièrement le Canada en tant que pilotes de Cormorant.
Pour ce qui est du matériel, oui, en effet, il y a eu des dépassements de coûts et nous avons signé des chèques que nous ne voulions pas signer. Néanmoins, les dépassements de coûts exigeaient que nous le fassions. Pour cela, nous ne sommes pas les seuls en cause.
Mon collègue a parlé d'une décennie de noirceur. Dans un des rapports qu'elle a publiés au cours des cinq dernières années la vérificatrice générale a abordé la question du remplacement des hélicoptères Sea King par des Chinook. La vérificatrice générale formule des observations cinglantes dans ce rapport. Elle parle de l'achat d'hélicoptères de transport moyen à lourd, d'achat direct et d'erreurs commises. Elle parle également de la marine, des navires de soutien interarmées, et elle invite le gouvernement à refaire ces devoirs dans ce dernier cas.
Les six dernières années — même si je n'irais pas jusqu'à parler d'une décennie de noirceur — n'ont certes pas été glorieuses, n'est-ce pas? Je demande à la Chambre de tenir un débat. Je demande au secrétaire parlementaire de répondre aux questions et j'aimerais revenir sur certains points qu'il a soulevés dans son discours.
Il a juxtaposé l'acquisition des F-35 à la mission en Afghanistan et l'essentiel des missions en Afghanistan. J'ai beau essayer, je ne comprends pas comment cette juxtaposition est possible. Si je ne m'abuse, le F-18 avait été utilisé au Kosovo.
Très bien Scott.
Merci beaucoup. Je me fais complimenter.
J'ai vraiment de la difficulté à comprendre la juxtaposition avec l'Afghanistan.
Il a également déclaré qu'acheter un avion, c'est pas comme aller chercher un article dans un grand magasin. Pourtant, si j'ai bien compris, un peu plus et le C-17 était en vente libre dans une grande surface.
Il s'en est fallu de peu.
Il y a lieu de le croire, en tout cas. Je sais que nous avons commencé le processus il y a plusieurs années, en 2003-2004, et que nous ressentions certes le besoin de les acheter.
Il a parlé, dans ce cas-ci, de signer un chèque de 16 milliards de dollars. Cette somme comprend l'achat initial des avions, leur entretien et les coûts de leur cycle de vie, jusqu'à la mise au rancart des F-18. Il me semble que, d'après ce que nous dit la vérificatrice générale, ces coûts pourraient augmenter. Nous devrions débattre des mesures que nous devons prendre pour obtenir le meilleur équipement possible — l'équipement le plus utile pour nos militaires — au meilleur prix, c'est-à-dire un prix que nous pouvons nous permettre.
Nous avons conclu cette entente en 1997. Le Parti libéral n’a pas décidé d’acheter l’avion en 1997. Nous sommes passés à la phase de mise au point et de démonstration des systèmes. Le Parti libéral a participé au processus de développement. En 2002, le ministre libéral de la Défense a déclaré: « Ottawa n’est pas prêt pour le moment à s’engager à acheter les avion d'attaque interarmées ». Le gouvernement sera sans doute d’accord avec moi jusqu’ici. À l’époque, le gouvernement libéral a investi 150 millions de dollars dans le projet d’avion d’attaque interarmées, surtout pour obtenir des retombées industrielles et technologiques.
Je ne me suis jamais intéressé aux petits détails comme le député d’en face en ce qui concerne les acquisitions et je me fie à lui pour cela. A priori, je crois que la politique des retombées industrielles et régionales vise à garantir que nous obtenons les meilleures retombées pour chaque dollar dépensé et nous obtenons donc des garanties sur lesquelles les gens, les entreprises et les industries peuvent compter.
Je sais que l’on y travaille. Je sais que le gouvernement me dira que nous avons déjà conclu de nombreux contrats. Néanmoins, le député a dit que l’industrie aime beaucoup la certitude. Je ne vois rien de plus certain que le processus selon lequel nous garantissons des RIR. Néanmoins, pour ce faire, nous devons voir la façon dont la concurrence a pu s’exercer. J’y viendrai dans un instant.
Nous avons parlé de la composante recherche et sauvetage. Pour le moment, l’avion Buffalo, qui est en service sur la côte Ouest, survole la côte Ouest et les montagnes. Sa fabrication a été abandonnée. Nous cherchons des pièces de rechange un peu partout sur la planète. Je sais que ces avions ont été remis en état, mais que ce travail se poursuivra pendant un certain temps. Ces appareils auraient certainement dû être mis hors service récemment.
Si le processus avait été bien suivi pour les appareils de recherche et de sauvetage à voilure fixe, comme l’a dit le ministre et comme cela a été garanti en 2007, nous aurions pu avoir ces avions d’ici 2012, mais ce ne sera pas le cas.
L’opportunisme du processus suivi pour le F-35 me sidère, d’autant plus que, tout à coup, l’appareil de recherche et sauvetage à voilure fixe semble bien moins prioritaire.
Nous avons appelé plusieurs ministères et constaté que ces derniers n’étaient pas d’accord entre eux. On a fait appel au Conseil national de recherches pour jouer presque le rôle d’arbitre, mais je n’en suis pas vraiment certain. Les besoins semblent justifier l’achat d’un appareil de recherche et sauvetage à voilure fixe. Je ne sais pas vraiment ce qui a fait reculer ce projet. Je ne sais pas exactement quelles sont les exigences ou pourquoi on a fait appel au CNR. Le processus est peut-être trop énergique lorsqu’il s’agit de l’appareil de recherche et de sauvetage à voilure fixe. Apparemment, l’excuse invoquée est que le gouvernement veut faire les choses comme il faut. Je suis d’accord sur ce point, mais j’ai des doutes au sujet du F-35. Avons-nous fait les choses comme il faut?
Les annonces qui ont été faites jusqu’ici en ce qui concerne l’achat, l’équipement, les fournisseurs, les gens de l’industrie dont mon collègue a parlé, sont des choses que je comprends. Pour ces gens-là c’est, je pense, une occasion formidable de participer à la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Ce que je voulais établir ici c’est si ce projet a été réalisé comme il faut, si c’est le processus grâce auquel nous pouvons donner des certitudes à l’industrie, comme l’a dit mon collègue.
La chaîne d’approvisionnement mondiale est quelque chose de nouveau, du moins c’est ce que j’ai compris quand je suis allé au Comité de la défense. Lorsque nous examinons tous les articles publiés dans le monde, en Israël, au Royaume-Uni et certainement aux États-Unis, nous voyons que ces pays veulent aussi faire partie de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Je suis d’accord. Je pense que nous devrions en faire partie.
Toutefois, si nous le faisons, il faut que ce soit pour créer la certitude dont mon collègue a parlé. Je ne sais pas si cette méthode particulière aboutira à cette certitude. J’espère très sincèrement que ce sera le cas. J’espère que le Canada sera le joueur le plus fort dans le contexte de cette chaîne mondiale d’approvisionnement. Nous en avons le potentiel.
Mon collègue a également parlé des experts du domaine qui ont dit, à leur retour, que c’est l’avion qu’il nous faut. J’ai l’impression que nous sommes passés par un processus où tout s’est fait dans le noir, puis, tout à coup, nous devons agir tout de suite. Une annonce est faite, avec un avion à l’arrière plan, le ministre assis dans l’avion, et ainsi de suite. Je comprends bien.
Il y a plusieurs années, les conservateurs ont dit qu’ils choisiraient le bon processus d’achat. Pourtant, en juillet, nous avons appris qu’ils ne l’ont pas fait. Je ne suis pas sûr si, oui ou non, c’est un changement d’orientation pour les militaires, mais cela m’inquiète. Je me soucie de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Je crois savoir qu’il y a des gens qui vont en profiter. Je les félicite de faire partie du processus et de fabriquer des pièces pour des milliers de F-35. Toutefois, j’ai besoin d’une certitude, et je ne suis pas sûr que ce processus puisse nous la donner.
Quand j’entends le gouvernement dire qu’il a fait le choix à ce moment, je dois constater, en fonction des articles et des déclarations des experts et des sous-ministres adjoints, que ce n’est pas le cas. Nous n’avons pas joué un rôle fondamental dans cette décision. Je trouve difficile de croire que nous l’avons fait. C’est cela qui m’inquiète. Nous aurions dû participer à la décision parce que nous avons besoin de certitude pour notre secteur aérospatial.
Il y a une industrie aérospatiale dans ma circonscription. Jusqu’ici, elle n’a rien tiré de ce projet particulier, mais cela ne me dérange pas outre mesure car elle finira bien par en avoir sa part. C’est la certitude que nous n’avons pas, à ma grande inquiétude, que je cherche pour l’industrie aérospatiale de ma circonscription à Gander. À l’avenir, elle devrait jouer un rôle de premier plan.
Je voudrais passer en revue quelques observations faites par des experts du domaine qui ont fait beaucoup de travaux et de recherche à ce sujet.
Je veux faire part à la Chambre de certaines observations de David McDonough, étudiant au doctorat à l'Université Dalhousie et chercheur invité au Centre d’études en politiques internationales. M. McDonough présente des recherches assez approfondies, et il affirme ceci:
Il suffit d'examiner le récent rapport de la vérificatrice générale, Sheila Fraser, qui critique la hausse vertigineuse des coûts et les retards qui s'ensuivent dans le processus d'acquisition des hélicoptères Cyclone et Chinook, ce dernier provenant d'un fournisseur unique. De façon similaire, des titulaires de marchés de la Défense ont récemment informé le gouvernement qu'ils ne pourraient pas construire trois navires de soutien interarmées pour le montant prévu dans le budget du ministère.
De là les inquiétudes au sujet des coûts, comme je l'ai déjà dit. On nous donne un chiffre qui semble définitif, mais même les experts nous disent que ce ne sera peut-être pas le cas, et l'expérience passée nous l'a appris également.
Quand le sénateur John McCain est venu ici, il a dit qu'il s'inquiétait également de l'escalade des coûts de ce projet. À quel point sommes-nous engagés dans ce processus? Je pose la question sincèrement. Qu'est-ce que nous devrons payer au bout du compte?
J'espère vraiment que le gouvernement pourra me dire que je me trompe sur certains points.
Au sujet du coût final de cet avion, d'abord, cela reste à voir si le F-35 devra aussi subir des modifications coûteuses afin qu'il puisse fonctionner dans les conditions particulières de la nature canadienne. En a-t-on discuté à l'étape de la mise au point et de la démonstration des systèmes? En a-t-on discuté au début de la réalisation du programme? A-t-on discuté du fait que nous avons un climat particulier?
J'ai ici un article sur la question de savoir s'il faut un moteur ou deux. On y lit ceci: « Le nouveau F-35 n'en a qu'un, et c'est suffisant, selon le ministre de la Défense, mais le Canada a choisi l'actuel CF-18 précisément parce qu'il avait deux moteurs. »
L'article se poursuit ainsi:
Comme on peut le lire sur le site du musée de la force aérienne de Cold Lake, Ottawa a choisi les Hornet « surtout en raison de la fiabilité qu'offre un bimoteur », pour les cas où un moteur flancherait durant un vol entre le Canada et l'Europe ou aspirerait un oiseau durant des opérations à basse altitude.
C'était l'une des préoccupations à cette époque, mais je suppose que ce n'est pas tout à fait exact. L'explication ne peut pas être aussi simpliste. Je veux que mon collègue se sente bien à l'aise.
Toutefois, ces questions ont-elles été posées? Étions-nous sur le terrain, à ce moment là, à la phase de mise au point et de démonstration des systèmes, pour nous assurer que ces appareils pourraient être adaptés à nos besoins? Je ne dirai même pas un mot de la question de chasser les Russes de l’Arctique, car cela ne se fait plus. Je crois savoir que la guerre froide est finie, et que le bombardier russe TU-95 est disparu. Je suis sérieux.
Le prix d’achat du F-35 risque toujours d’augmenter considérablement si le nombre d’appareils fabriqués est plus faible que prévu. À signaler que la Grande-Bretagne a déjà opté pour le modèle moins coûteux F-35C et ramené son achat de 138 à 50 millions de dollars, et rien ne garantit que les États-Unis ne vont pas faire la même chose.
Voilà certaines de nos préoccupations. Israël a obtenu une garantie de 4 millions de dollars sur le matériel. Quelle est la nature de cette garantie? Est-ce une chose que nous pouvons obtenir en faisant partie de la chaîne mondiale d’approvisionnement? Je l’espère.
Malgré l’alarmisme souvent suscité par les bombardiers russes porteurs d’armes nucléaires, cette menace ne se concrétiserait que si la Russie menaçait l’Amérique du Nord d’une importante attaque nucléaire. Le principal moyen d’affronter cette possibilité n’est pas un solide système de défense aérienne, dans lequel les F-35 donneraient un avantage indéniable, mais la détection et l’alerte précoces.
Mon collègue me demande si je sais ce qui se trouvait à l’intérieur. Probablement pas, mais je ne crois pas que notre F-35 permettra de beaucoup atténuer la menace des armes de cet appareil russe. Voici l’état de la situation. Pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir les réponses solides que nous réclamons? Nous faisons ressortir ici des points valables au sujet de la marche à suivre pour les acquisitions, mais nous n’obtenons aucune réponse.
Mon collègue, qui a été ministre en 2004-2005, a fait valoir un point important. Qu’est-ce que les actes d’un pilote de chasse -- et je respecte ce que le député a pu faire -- a à voir avec le fait que nous sommes au milieu d’un débat sur les points au sujet desquels les Canadiens veulent avoir de l’information?
Je demanderais à mon collègue du Nord de la Saskatchewan de s’abstenir pendant un moment parce que, à la fin d’un débat, il risque d’y être engagé, et je crois savoir qu’il n’est pas pilote de chasse. Je voudrais entendre ce que mon collègue a à dire, car j’espère qu’il pourra me montrer que j’ai tort. C’est là l’avantage de sa présence à la Chambre.
L'accord conclu en 2006 pour la mise au point des chasseurs furtifs F-35, qui soulèvent la controverse, contient une clause de retrait qui permettrait à un nouveau gouvernement de mettre fin à la participation du Canada sans sanction. Cela semble contredire l'affirmation du gouvernement selon laquelle les entreprises canadiennes participantes subiraient des conséquences fâcheuses si on se retirait du protocole.
Le SMA a affirmé:
Tout participant peut se retirer du présent protocole d'entente sur préavis écrit de 90 jours envoyé aux autres participants, confirmant son intention de se retirer.
Cette disposition se trouve dans le protocole d'entente signé avec les États-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni, la Turquie, les Pays-Bas, l'Italie, la Norvège et le Danemark.
On peut également y lire ceci:
En ce qui concerne les contrats attribués au nom des participants, le participant qui se retire devra payer tous les coûts associés aux modifications ou à la résiliation du contrat, qui autrement n’auraient pas été engagés; en aucun cas, cependant, la contribution financière totale d’un participant qui se retire, y compris les coûts liés à la résiliation du contrat, ne pourra dépasser le total de la part du participant relativement aux plafonds financiers [...]
Je ne pense pas que nous nous trouvons dans la même situation critique que, en 1997, quand nous cherchions un remplacement pour les F-18.
Je résumerai en signalant que le processus dans lequel nous nous sommes engagés donne lieu à beaucoup de questions. Je crois que, en tant que Parlement, nous devons être plus disposés à répondre à ces questions. Le secteur de l'aéronautique veut contribuer à l'avenir du pays mais, pour ce faire, il a besoin des certitudes dont mon collègue a parlé.
J'espère que le débat fournira les réponses à ces questions.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de participer au débat sur les F-35 et de parler de l'occasion que nous devons saisir comme Canadiens dans le cadre de cette décision. Le gouvernement s'est précipité et a promis d'acheter ces avions de chasse à hauteur de 9 milliards de dollars.
À mon avis, la question n'est pas de savoir si ces avions sont bons ou non. Si on dit qu'il s'agit là de la prochaine génération, bien. Je m'en remets à mon collègue, le , qui a piloté des CF-18 à la base de Baden-Soellingen et qui connaît toutes les spécifications techniques d'un jet. Je m'en remets à lui parce que, à mon avis, c'est l'expert en la matière.
Certes, il s'agit d'un avion remarquable, mais il reste qu'on peut toujours se demander si c'est l'avion qu'il nous faut compte tenu de l'utilisation que nous allons en faire ici. Peut-être que oui, peut-être que non. C'est une question à laquelle nous devons vraiment répondre. En fait, la question est de savoir si nous avons vraiment besoin de toute la quantité d'avions que le gouvernement conservateur s'est engagé à acheter. Nous en avons peut-être besoin de moins, selon les exigences des missions. Nous aurions peut-être dû acheter un autre appareil. Selon moi, la question fondamentale est de savoir quels sont nos besoins actuels compte tenu de nos préférences et de nos objectifs opérationnels.
J'ai eu l'occasion d'assister à quelques séances du Comité de la défense et je trouve qu'il manque une chose. On a nettement l'impression de ne pas vraiment avoir de grand projet, outre la prolongation de la mission en Afghanistan. Sur ce point, l'alliance conservateurs-libéraux semble avoir fait un petit tour de passe-passe. Nous ne disposons, pour nous guider, au cours des dix prochaines années, d'aucun nouveau livre blanc sur la défense décrivant ce que l'on projette de faire et ce dont nos gens ont besoin.
Je veux que l'on sache que je n'ai absolument rien contre l'idée de fournir aux membres, hommes et femmes, de nos forces armées ou de la GRC les meilleurs outils possibles pour accomplir leur travail, compte tenu de la nature de ce travail. Je me prendrai comme exemple. J'ai été électricien. Je n'utilisais pas une masse quand j'avais besoin d'un tournevis pour effectuer une tâche. J'utilisais ce qu'il se faisait de mieux comme tournevis et testeur, car ils garantissaient que je ne m'électrocute pas. Je n'aurais pas employé un voltmètre de 400 volts pour tester 10 000 volts. Tout aurait sauté.
Nous devrions fournir à nos militaires, hommes et femmes, les meilleurs outils pour s'acquitter des tâches que nous leur confions, un point c'est tout. C'est mon avis; cela l'a toujours été et le restera. Quant à savoir si le F-35 est l'outil dont ils ont besoin, il y a là matière à débat, et je ne crois pas que nous ayons eu à la Chambre un débat exhaustif sur le sujet.
Cela m'amène à l'étape du processus d'acquisition où l'on prend un engagement et au sujet duquel on dit, en parlant du gouvernement libéral précédent: « C'est vous qui avez pris l'engagement », ce à quoi les libéraux répondent: « Nous n'avons pas pris d'engagement. » Et les conservateurs de répliquer: « Si, si. » On entre dans les nuances en parlant des protocoles d'entente et de ce que la signature d'un protocole signifie. A-t-on véritablement promis de s'y tenir? À mon avis, non. Comme le porte-parole du NPD et député de l'a dit, nous ne sommes pas obligés d'acheter du seul fait que nous avons signé un protocole d'entente.
Nous sommes sur le point de dépenser 9 milliards de dollars sur un avion de chasse dont nous n'avons peut-être même pas besoin. Peut-être que ce n'est pas ainsi que nous voulons procéder et peut-être que nous devrions nous poser la question suivante: ce processus d'acquisition, qui semble, au mieux, n'avoir été ni clair, ni complètement net, ni transparent, nous a-t-il permis d'obtenir la valeur à laquelle nous sommes en droit de nous attendre pour ces appareils? Je n'en suis pas si sûr. En fait, aucune évaluation des coûts n'a encore été faite, mais nous allons quand même les acheter. Le gouvernement, lui, veut les acheter. Mais qu'en coûtera-t-il pour les entretenir?
Comme mon collègue, le , le sait pertinemment, ça coûte extrêmement cher de garder de l'équipement fonctionnel, peu importe de quel équipement il s'agit. C'est toujours difficile, parce que la formation que les employés doivent suivre pour que ces appareils puissent voler n'a pas son pareil, et avec raison.
Les employés qui entretiendront les appareils que nous achèterons, quels qu'ils soient devront être les meilleurs et ils devront être capable de les faire voler, de les faire rouler ou de les faire naviguer comme personne. Ce sont nos hommes et nos femmes qui utiliseront ces appareils, et il est de notre devoir d'assurer leur sécurité en tout temps et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'il ne leur arrive rien de fâcheux.
C'est cher. Acheter de l'équipement neuf, avec la technologie que nous avons aujourd'hui, ça coûte cher, point à la ligne. On ne parle pas d'un iPod acheté il y a cinq ans pour 150 $. Surtout que ceux qui se vendent aujourd'hui coûtent à peine 25 $ et en font 10 fois plus que ceux qu'on vendait il y a 10 ans. Ce n'est pas de cet équipement-là qu'on parle. On parle d'équipement ultra-perfectionné, tellement perfectionné en fait que la plupart d'entre nous n'y comprendraient à peu près rien. C'est perfectionné rare, ça.
Malheureusement, très peu de gens dans le monde sont capables de réparer des appareils comme ceux-là. Donc, s'il en coûte 9 milliards de dollars pour les acheter, il en coûtera nécessairement de 80 à 85 p. 100 de plus pour les entretenir. Soyons prudents un instant et disons 7 milliards, rien que pour les faire voler. Ça nous fait quand même 16 milliards de dollars au bout du compte.
C'est une somme énorme en ce moment. C'est le marché public le plus coûteux dont je puisse me souvenir. Je ne veux pas dire le plus coûteux « de l'histoire », parce que l'histoire est longue. Notre économie se porte peut-être mieux cette année que l'année dernière, mais si mes collègues veulent venir voir la circonscription de Welland, ils constateront que la situation n'est guère meilleure qu'il y a 13 ans, et que cela fait longtemps que nous sommes en difficulté. Quand on commence à dépenser des sommes pareilles, mes électeurs me demandent si c'est vraiment ce qu'il faut faire, s'il faut vraiment dépenser autant ou s'il n'y a pas d'autres choix. Personnellement, je crois qu'il y en a. Il y a des choses qu'on devrait envisager. Il y a d'autres choix possibles, et il faudrait les envisager.
Tout compte fait, il s'agit de savoir si une telle dépense pour cet avion se justifie en ce moment précis. En l'absence des recherches approfondies que le Parlement devrait faire, je ne sois pas sûr que ce soit la bonne décision. Faute d'un tel examen, j'ai bien l'impression que nous allons signer un chèque qui ne correspondra pas à ce que nous voulons vraiment.
Ceci nous ramène à la question du coût. Nous avons entendu dire par différents partis à la Chambre que c'était le juste coût, le bon coût, qu'on en avait pour notre argent. De ce côté-ci, nous n'entendons pas la même chose. On nous dit que le prix est peut-être excessif. Le problème, et je suis sûr que le secrétaire parlementaire pourra m'aider ici, c'est qu'on a toujours tendance à comparer des pommes et des oranges. Je le comprends. On dira que les Australiens ont acheté un avion analogue pour tant de dollars, mais qu'il n'est pas équipé de telle ou telle chose, donc il est toujours difficile de comparer les coûts. En revanche, nous savons que si nous procédons par appel d'offres ouvert, nous aurons au moins l'impression d'en avoir pour notre argent, si c'est vraiment cela que nous voulons acheter. Mais on ne l'a pas fait.
Je sais qu'on va nous ramener en arrière en disant que tout remonte à 2001 et qu'il y a eu un processus ouvert. Permettez-moi d'en douter. Certes, on a entamé un processus, mais ce n'était pas nécessairement le début d'un processus ouvert d'approvisionnement. Les Américains ont décidé pour eux-mêmes de ce qu'ils voulaient faire, et nous leur avons apparemment emboîté le pas tout simplement.
Il y a d'autres fabricants. En fait, il y a des gens au Canada qui disent que nous devrions envisager d'autres options. C'est le moins que nous puissions faire pour ceux qui vont payer ces avions. C'est nous qui allons assumer cette dépense. Nous payons aussi des impôts. Les bons citoyens de notre pays, qui nous confient leur argent, s'attendent à ce que nous agissions de façon prudente, surtout dans le contexte actuel. Ils s'attendent toujours à ce que nous fassions preuve de retenue, mais c'est vraiment le moins que l'on puisse faire pour eux lorsque la situation est au point où un grand nombre de personnes sont sans travail, vivent au jour le jour et craignent de ne pas avoir les moyens de payer leurs factures, de se chauffer ou de garder leurs maisons. Lorsque nous regarderons ces gens dans les yeux, nous pourrons leur dire que nous avons fait ce qui s'imposait, que nous avons fait le meilleur choix et que nous avons payé le meilleur prix possible. Nous voulons les assurer que nous n'avons négligé aucune possibilité, que nous n'avons pas fermé les yeux, que nous ne leur avons pas tourné le dos, que nous n'avons pas simplement dit que nous ne voulions rien savoir parce que nous avions pris un engagement.
En fait, nous pourrions nous libérer de cet engagement. D'après ce que j'ai lu jusqu'à maintenant, et à moins qu'on me montre un document qui confirme le contraire, nous pouvons nous libérer de cet engagement. Ce ne sera pas comme ce qui s'est produit avec le Sea King, lorsque les libéraux ont pris un engagement ferme puis se sont désistés, ce qui nous a coûté une fortune. Compte tenu des notes que j'ai vues, il me semble qu'il soit possible de se sortir de cette situation. Il n'est pas trop tard.
Si c'est le cas, si nous pouvons nous sortir de cette situation, il faut le faire et ensuite évaluer soigneusement nos besoins militaires et nos exigences en matière de sécurité nationale. Après tout, ce sont ces éléments qui vont déterminer ce que nous voulons faire, notamment ailleurs dans le monde où nous avons des engagements, que ce soit par le truchement de l'OTAN, du NORAD, de l'ONU ou de tout autre accord international. Ils vont aussi déterminer ce que les Canadiens nous demandent de faire.
Nous omettons souvent de parler de ce à quoi les Canadiens s'attendent dans ce dossier, tant de notre part que de celle de nos militaires. Nous ne devrions pas être les seuls à décider du rôle de l'armée. Je ne parle pas de l'annonce de cette semaine concernant la décision, prise sans avoir fait l'objet d'un débat ou d'un vote à la Chambre, de prolonger la mission afghane. Je parle de façon plus générale de l'avenir de nos forces armées au cours des 10, 15 et 20 prochaines années et de ce que les Canadiens aimeraient les voir faire.
Les Canadiens ont un rôle à jouer et nous devons leur demander ce qu'ils aimeraient que les militaires fassent. Les Forces canadiennes travaillent au nom de tous les citoyens. Voilà ce que nous leur demandons de faire. En tant que parlementaires, nous leur demandons d'agir au nom des autres Canadiens. Voilà à quoi cela se résume.
Nous avons foncé tête baissée dans cette situation parce que, à un moment donné, il a fallu répondre aux besoins en matériel des théâtres de guerre. Nous étions en guerre en Afghanistan. Certains d'entre nous n'étions pas d'accord avec la décision d'y participer, mais peu importe, nous comprenions que nos soldats étaient sur le terrain et qu'il fallait leur acheter le matériel dont ils avaient besoin. Maintenant, nous achetons des avions de chasse. D'une certaine manière, cela laisse entendre que nous continuerons de nous trouver en théâtre de guerre. Est-ce que c'est ce que nous voulons pour notre pays? Je ne le pense pas.
Quand je vois comment nous nous sommes engagés tête baissée dans une dépense de 9 milliards de dollars, cela me rappelle mon jeune temps, quand j'étais nouveau marié. Je voulais acheter une maison. Mon épouse et moi-même avons visité une maison et pensé qu'il s'agirait d'un merveilleux endroit où élever une famille, malgré le fait que nous n'avions pas d'enfants à l'époque. Nous avions les moyens d'acheter la maison, mais non de payer les taxes foncières. C'était une très belle maison, mais les taxes foncières étaient astronomiques.
Ce qui me ramène à ce chasseur à réaction. C'est un bel appareil avec tous les nouveaux gadgets, toutes les bricoles et toutes les belles choses qu'on puisse avoir. Mais, au bout du compte, il se peut que nous ne puissions pas nous le permettre et, donc, le garder. Les avions à réaction sont par nature très cher.
En raison de sa durée de vie, le CF-18 a été considéré pendant longtemps comme l'appareil à toute épreuve de nos forces. Le secrétaire parlementaire et moi-même avons eu une discussion à ce sujet l'autre soir. Il y a des années quand j'étais jeune, je suis allé à la base de Baden-Söllingen. C'était un appareil qu'on aimait regarder décoller et atterrir, sans aucun doute. Il existe depuis longtemps, je l'admets volontiers. Nous avons fait beaucoup cependant pour le garder opérationnel. Nous avons investi beaucoup d'argent pour qu'il reste opérationnel et nous venons juste d'en investir de nouveau, et ce, pour la même raison.
Ce n'est pas comme si nous allions rester cloués au sol demain et que les avions allaient s'écraser, comme certains le laissent entendre. Ce n'est pas le cas. Nous continuerons à voler encore longtemps, et c'est une bonne chose. Nous avons non seulement les côtes les plus longues, mais nous avons aussi un très vaste espace aérien. Oui, nous devons défendre nos frontières et en assurer la sécurité pour les Canadiens, je serais le premier à l'admettre. Voici une occasion à ne pas manquer.
Quand on se prépare à faire un gros investissement dans une société, dans une maison, dans sa vie ou dans sa famille, on ne le fait pas sans réfléchir à toutes les possibilités ni sans peser le pour et le contre. Et on parle ici d'investir dans nos forces armées.
Nous n’avons pas fait cela. Nous nous sommes laissés entraîner dans cette voie depuis 2001. Je suis d’accord avec mon collègue, le secrétaire parlementaire. Il ne fait aucun doute que les libéraux nous ont entraînés dans cette aventure. Ils nous ont entraînés sur cette route et nous avons continué de la suivre. Le problème c’est que, pendant le trajet, nous avions la chance de regarder le paysage. Nous pouvions voir d’autres occasions et peut-être même d’autres routes à suivre. Le bon côté, c’est que nous pouvons faire demi-tour. Nous pouvons revenir en arrière et regarder encore une fois.
Je suggère au gouvernement de dire aux copains qu'il a décidé de ne pas acheter cet avion pour le moment, qu’il va prendre un certain recul et qu’il lancera un appel d’offres ouvert pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix pour les Canadiens.
Je viens moi-même du secteur manufacturier. À ce titre, il y a une chose que je trouve particulièrement étonnante dans cette entente qui ne prévoit aucune garantie à l’effet que nos entreprises, d’un bout à l’autre du pays, profiteront de quelconques retombées si nous achetons cet avion. Il est vrai qu’il précise que nous aurons une chance de répondre aux appels d'offres. Le problème, c’est que je ne sais pas trop pourquoi nous n’avons pas fait la même chose qu’Israël en disant que nous insistions pour obtenir un certain nombre de choses. Nous ne l’avons pas fait.
Le gouvernement dit qu’il y a des possibilités. Les possibilités sont une chose merveilleuse. Cependant, je suis né à Glasgow. Je me souviens que ma grand-mère me disait: « Le sou que tu tiens dans ta main a davantage de valeur que la chance que tu en trouves un dans la rue ».
Pour obtenir des contrats, il nous faut une politique et un système d’appels d’offres ouverts. Il nous faut une politique d’approvisionnement ouverte, transparente, qui nous permettrait de savoir où nous allons. Si nous devons aller de l’avant et procéder de cette façon, nous devons agir de la même manière que nous avons agi pour la plupart des contrats de ce genre dans le passé. Ce contrat devrait être lié à des emplois pour les Canadiens et non seulement pour les hommes et les femmes en uniforme concernés. Nous avons besoin d’un organe international responsable du commerce et de la paix qui puisse concilier le tout. Cela peut sembler quelque peu égoïste, mais la réalité des contrats de défense, c’est la façon dont les choses se passent dans le monde, que cela nous plaise ou non.
Certains pays disent simplement que, s’ils doivent acheter un certain nombre de produits de nous, ils insistent pour qu’un certain nombre d’emplois soient créés chez eux. Point final. C’est ce que nous devrions dire, quel que soit l’avion que nous allons acheter. Je pense que nous devrions revoir cette acquisition, car cette politique d’approvisionnement n’était simplement pas appropriée.
Nous sommes sur le point de dépenser 9 milliards de dollars, probablement 16 milliards. Si c'est 16 milliards de dollars qu'il faut payer pour garder cet avion dans les airs et opérationnel pendant les 20 et quelques années de sa vie utile, la question sera: qu'aurions-nous pu faire avec cet argent. Si nous achetions un appareil moins cher, par exemple, mais un appareil qui répond quand même à nos exigences et nous permet de respecter nos engagements tout en nous faisant économiser entre 4 et 5 milliards de dollars, ou même 1 milliard de dollars, que pourrions-nous faire avec cet argent?
Nous pourrions rembourser une partie de la dette. Je suis convaincu que les conservateurs seraient heureux de rembourser une partie de la dette. Je pense que tout le monde ici aimerait cela. Je suis certain que mes enfants, qui entrent sur le marché du travail et commencent à payer des impôts, seraient heureux que nous remboursions la dette plutôt que de la leur refiler.
Nous pourrions faire bien d'autres choses. Nous pourrions consacrer ce milliard de dollars à la stratégie de lutte contre la pauvreté présentée dans un rapport de mon bon ami et collègue de , qui lutte contre la pauvreté depuis plus de 20 ans.
Nous pourrions prendre ce milliard de dollars pour aider les démunis, les sans-abri et ceux qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Mais si les économies étaient plutôt de 4 ou 5 milliards de dollars, cet argent pourrait réduire de façon marquée la pauvreté au Canada. C'est ce que nous pourrions faire avec cet argent si nous avions une politique d'acquisitions ouverte, un processus ouvert et si nous avions recherché un avion qui correspond à nos besoins plutôt qu'à nos désirs.
Un enfant est toujours émerveillé en passant devant un magasin de jouets à Noël. Les enfants désirent toujours beaucoup. Le problème c'est que les parents ne peuvent leur acheter que ce qu'ils pensent avoir les moyens d'acheter. C'est la même chose ici, nous avons vu des gens se laisser guider par leurs désirs et non pas évaluer leurs besoins, leurs moyens et la manière de procéder.
Je demande au gouvernement conservateur de faire une pause, de jeter un regard sur la situation et de s'assurer que l'acquisition se fait dans le cadre d'une politique ouverte raisonnable qui fera économiser de l'argent aux contribuables canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat ce soir.
Beaucoup de choses ont été dites à la Chambre et dans les tribunes publiques à propos de l'achat d'avions F-35 pour l'Aviation canadienne. Le débat, ces derniers mois, semble porter sur trois questions clés: la nécessité, le coût et l'acquisition. Je pense qu'il est important d'aborder chacune de ces questions de façon transparente, c'est pourquoi j'aimerais en parler dans mon discours.
Je vais commencer par la nécessité. Depuis sa création il y a plus de 85 ans, l'Aviation canadienne fait de l'excellent travail, surmontant d'énormes obstacles et remportant parfois des victoires contre toutes attentes. Il est particulièrement remarquable que plus de 22 000 aviateurs canadiens ont servi dans la Première Guerre mondiale. C'est le premier conflit dans lequel l'aviation a joué un rôle. Grâce aux vaillants efforts de nos pilotes de chasse, notamment de nos fameux as de l'aviation, comme le légendaire Billy Bishop, le Canada s'est distingué par l'expertise et la bravoure de son aviateurs.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, l'Aviation royale du Canada, comme on l'appelait alors, comptait plus de 200 000 membres dont, pour la première fois de l'histoire, plus de 17 000 membres de la division féminine. À l'époque, nous avions la quatrième force aérienne en importance parmi les puissances alliées.
Plus récemment, pendant la guerre du Golfe de 1991, l’Aviation canadienne, au sein de la force de coalition internationale, a participé à des patrouilles aériennes de combat, à des missions de ratissage et d’escorte et à des attaques au sol avec les avions CF-18, de même qu’à des missions de reconnaissance avec ses hélicoptères Sea King.
En 1999, les CF-18 canadiens ont participé activement à la campagne aérienne dirigée par l’OTAN au Kosovo en effectuant des missions de bombardement et des patrouilles aériennes de combat, ainsi qu’en fournissant un appui aérien rapproché.
La flotte indépendante de chasseurs à réaction a été cruciale pour le Canada. Pour assurer la sécurité du pays, les chasseurs à réaction exécutent quotidiennement des opérations nationales et continentales, y compris dans l’Arctique et au sein du NORAD.
Dans le cadre de l’opération « Noble Eagle », une mission du NORAD ayant pour but d’assurer la sécurité de l’espace aérien nord-américain, les CF-18 sont toujours en état d’alerte, prêts à réagir sur-le-champ à toute menace potentielle à la sécurité du continent.
Le 28 septembre 2006, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord a déployé trois paires de chasseurs de la région canadienne du NORAD et de la région de l’Alaska du NORAD en réaction à un avion russe qui avait pénétré dans la zone d’identification de la défense aérienne de l’Amérique du Nord.
Les chasseurs à réaction assurent un soutien lors d’événements internationaux importants au Canada. Bien entendu, les CF-18 ont fourni un soutien, 24 heures par jour, pendant toute la durée des Jeux olympiques de 2010 en Colombie-Britannique. Ils ont assuré la sûreté de l’espace aérien pour les athlètes et les spectateurs du monde entier. Les chasseurs à réaction sont en mesure d’intervenir en cas d’attaque terroriste d’envergure. En effet, les CF-18 faisaient partie de la force d’intervention immédiate lors des événements tragiques du 11 septembre 2001.
Il y a quelques semaines seulement, le Canada a collaboré étroitement avec ses partenaires américains en déployant ses CF-18 pour intercepter un vol soupçonné de transporter des colis explosifs conçus par des terroristes.
À maintes reprises, des événements qui sont survenus dans notre espace aérien ou à proximité ont démontré que le Canada a besoin de maintenir une flotte de chasseurs à réaction. Nous devons nous poser la question suivante: de quel type d’avion le Canada a-t-il besoin pour faire face aux défis des décennies à venir?
Il nous faut un appareil robuste, capable de s’adapter à la réalité géographique du Canada et à des conditions météorologiques difficiles. Nous devons être en mesure d’interopérer avec nos alliés. Nous devons disposer de la souplesse nécessaire pour nous adapter à tous les défis auxquels le Canada aura à faire face au XXIe siècle. Nous devons donner à nos hommes et à nos femmes en uniforme les meilleures chances possible de rentrer en toute sécurité après avoir été confrontés à ces défis.
Un avion d’attaque de la cinquième génération, doté de la technologie furtive, de capteurs perfectionnés, ainsi que d'une capacité de fusion et de communication des données, devrait satisfaire nos besoins. L’avion d’attaque interarmées, le F-35, est l’avion parfait pour l’Aviation canadienne, au moment opportun pour notre pays.