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AGRI Rapport du Comité

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En mars 2012, le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire (appelé ci-après le « Comité ») a entrepris une étude sur la chaîne agroalimentaire. Le Comité a tenu 26 audiences publiques du mois de mars 2012 à mai 2013. Dans le cadre de son étude, le Comité s’est déplacé dans la région de Guelph le 28 mars 2012 et a visité trois entreprises reliées à l’agriculture ainsi qu’un centre de recherche universitaire sur l’identification des espèces à partir du code à barre.

Les premières audiences ont permis d’avoir un aperçu général de la chaîne agroalimentaire. Le Comité s’est ensuite concentré sur les enjeux de la chaîne d’approvisionnement dans trois secteurs particuliers : la viande rouge, les grains et oléagineux et les boissons. La structure du rapport reflète cette approche. Le premier volet présente une vue d’ensemble de la chaîne agroalimentaire, sa complexité et les tables rondes sur les chaînes de valeur. Le deuxième volet décrit les tendances, défis et possibilités du secteur de la viande rouge de même que le rôle du gouvernement. Les troisième et quatrième partie se concentrent sur les deux autres secteurs. Il est prévu que le Comité se penche sur d’autres secteurs dans le cadre de cette même étude.

A. Description de la chaîne d’approvisionnement

1. Organisation de la chaîne agroalimentaire

La chaîne agroalimentaire consiste en une série d’activités qui relient les participants à différents stades du processus de la fabrication d’un produit, passant de l’étape de la production jusqu’à la vente finale au consommateur. Cependant, la chaîne agroalimentaire est bien plus complexe que cette représentation simplifiée, car c’est un ensemble dynamique qui implique de nombreux intervenants parmi lesquels figurent les autorités publiques et les entreprises de différentes tailles et de différents types. D’ailleurs, un témoin a soulevé qu’une définition de la chaîne agroalimentaire devrait être prise au sens très large.

Ces organisations représentent les entreprises de chacun des maillons de la filière alimentaire, depuis les fournisseurs d’intrants, les producteurs primaires, les transporteurs, les transformateurs, les fabricants, les distributeurs et les importateurs, jusqu’aux négociants sur les marchés d’écoulement, sur les marchés étrangers, dans les commerces de détail et dans les entreprises de restauration[1].

2. Complexité de la chaîne agroalimentaire

La chaîne agroalimentaire englobe de nombreux acteurs qui ont un rôle spécifique tout au long de la chaîne. Beaucoup de gens croient que cette chaîne est linéaire. D’après le témoignage de M. David Sparling, professeur à l’Université Western Ontario, la chaîne d’approvisionnement est plutôt un réseau complexe où la circulation d’information n’est pas unidirectionnelle.

Tout d'abord, lorsque nous parlons de chaîne d'approvisionnement alimentaire, nous pensons souvent qu'il s'agit simplement de l'acheminement des produits des fournisseurs d'intrants aux producteurs aux transformateurs et enfin aux consommateurs. La circulation de l'information se fait dans les deux sens tout au long de cette chaîne. Cependant, ces processus ne fonctionnent pas aussi bien au Canada qu'ils le devraient. En fait, la chaîne d'approvisionnement alimentaire n'est pas vraiment une chaîne; il s'agit plutôt d'un réseau[2].

Les témoins ont noté que le caractère complexe de ce réseau nuit parfois à un secteur particulier. Cette complexité entraîne, par exemple, un échéancier prolongé, dû à l’élargissement de l’approvisionnement dans le secteur bovin, ce qui réduit son efficacité. L’industrie bovine se subdivise en trois grands secteurs : secteur des veaux de naissage, secteur de la semi-finition et secteur de l’engraissement. Ces trois secteurs de l’industrie sont rarement gérés par le même producteur et cela peut entraîner un problème de circulation d’information sur, par exemple, les attributs recherchés du produit. Quant au secteur biologique, son réseau fonctionne plutôt en circuit fermé dont les liens entre les intervenants sont bien étroits.

Le secteur biologique a toujours dû maintenir un système en boucle fermée de manière à maintenir des normes et une intégrité rigoureuses, ainsi que la transparence et la traçabilité pour les consommateurs. C'est pourquoi de nombreuses entreprises du secteur de production biologique ont choisi des modèles qui entretiennent des relations très étroites avec leurs chaînes d'approvisionnement, leurs producteurs locaux, ainsi que leurs transformateurs et manutentionnaires locaux, et tous ont de ce fait grandi ensemble. Dans de nombreux cas, cela a été très avantageux pour le secteur dans son ensemble et a contribué à établir la solide position sur les marchés dont les produits biologiques jouissent aujourd'hui[3].

À bien des égards, l'histoire de la croissance du secteur biologique a été celle d'une chaîne de valeur bien raccordée. Nous avons toujours dû maintenir un approvisionnement à identité préservée à l'intérieur d'un bassin limité d'utilisateurs en aval. Les producteurs ou détaillants de produits biologiques en aval ont toujours centré leur activité sur les préoccupations et les attentes des consommateurs finaux, répercutant ensuite l'information aux cultivateurs et producteurs par le biais de nos normes et principes biologiques[4].

On constate qu’il existe de nombreux intervenants dans le réseau agroalimentaire. De plus, les liens qui unissent les différents intervenants changent continuellement[5]. On constate également des différences dans la chaîne agroalimentaire selon les types de produits et la localisation de la production. Les besoins diffèrent aussi selon où on se trouve dans la chaîne agroalimentaire.

Comme nous le faisons sans cesse valoir, le secteur agroalimentaire n'est pas un bloc monolithique. Les conditions du marché peuvent varier beaucoup d'un segment de l'industrie à l'autre. Prenons, par exemple, l'ampleur des investissements requis. L'agriculture exige des investissements très considérables. Plus on descend le long de la chaîne de valeur, moins les investissements sont importants. L'apport de capitaux est beaucoup moindre pour la vente au détail et la restauration. Les conditions de fonctionnement sont donc différentes à ce chapitre, car les besoins en capitaux ne sont pas les mêmes[6].

Comme il existe des différences dans la chaîne agroalimentaire, les témoins ont reconnu que certaines industries réussissent mieux que d’autres. Les témoins ont indiqué que le succès d’une industrie donnée repose en grande partie sur la collaboration de tous les intervenants de la chaîne agroalimentaire, comme c’est le cas de l’industrie du canola.

Le canola est, bien sûr, l'un des plus grands succès du Canada, un grand succès sur le plan de l'exportation. Mais c'est le fruit des travaux de deux scientifiques d'Agriculture Canada, si je ne m'abuse, qui l'ont mis au point, pour travailler ensuite avec l'Université du Manitoba et le Conseil national de recherches, puis avec les entreprises et les nutritionnistes pour l'amener là où il est aujourd'hui[7].

B. Tables rondes sur les chaînes de valeur (TRCV)

Dans le but d’accroître la compétitivité et la rentabilité du secteur agricole et agroalimentaire canadien, les Tables rondes sur les chaînes de valeur (TRCV) ont été créées en 2003. Elles réunissent les acteurs clés de l’ensemble de la chaîne de valeur (producteurs, fournisseurs d’intrants, transformateurs, intervenants de l’industrie de la restauration, détaillants, négociants et associations) et les gouvernements fédéral et provinciaux. Elles permettent une discussion sur les enjeux du secteur et d’élaborer des stratégies communes. Il y a actuellement 11 tables rondes nationales sur la chaîne de valeur: le bœuf, le porc, le mouton, l'horticulture, les céréales, les légumineuses, les cultures spéciales, les semences, les produits bio, les produits de la mer et la transformation des aliments. Un grand nombre de témoins ont applaudi la création de la TRCV. Ils sont d’avis que les TRCV sont d’excellentes tribunes permettant de réunir les différents intervenants de l’industrie de même que le gouvernement. Voici quelques exemples d’initiatives des différentes TRCV :

La TRCV de l'horticulture met au point un système qui permettra aux producteurs d'annoncer leurs produits frais en ligne, pour que les détaillants se procurent et offrent plus de produits frais canadiens. Celle de l'industrie du porc dirige la mise en œuvre de la traçabilité, des bonnes pratiques de soins des animaux, de la salubrité des aliments à la ferme et de mesures de biosécurité pour que le secteur canadien du porc satisfasse aux exigences des consommateurs, tant à l'étranger qu'au pays. La TRCV des produits de la mer examine les raisons pour lesquelles les pays étrangers qui exportent des espèces identiques aux canadiennes réussissent à obtenir davantage pour leurs produits, et elle élabore un plan d'action pour la valorisation des produits par la modification des méthodes de récolte, de préservation, de transformation et de commercialisation[8].

Plusieurs témoins ont indiqué que la collaboration entre les différents intervenants est indispensable pour mener à la réussite des TRCV. Les témoins ont noté que les TRCV sont des tribunes fort efficaces, car elles donnent des résultats tangibles. Les gens de l’industrie portent un intérêt marqué à l’égard des TRCV qu’au cours des quatre dernières années, le nombre des TRCV est passé de six à onze[9].

Recommandation

Le Comité recommande que le gouvernement maintienne son appui aux Tables rondes sur les chaînes de valeur (TRCV) afin qu’elles continuent à contribuer à la réussite du secteur agroalimentaire.


[1]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 33, 1re session, 41e législature, 2 avril 2012, 1540 (M. Albert Chambers, membre, directeur exécutif, Coalition canadienne filière alimentaire pour la salubrité des aliments).

[2]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 29, 1re session, 41e législature, 7 mars 2012, 1540 (M. David Sparling, professeur, Richard Ivey School of Business, Université Western Ontario, à titre personnel).

[3]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 33, 1re session, 41e législature, 2 avril 2012, 1530 (M. Matthew Holmes, directeur général, Association pour le commerce des produits biologiques).

[4]             Ibid.

[5]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 29, 1re session, 41e législature, 7 mars 2012, 1540 (M. David Sparling, professeur, Richard Ivey School of Business, Université Western Ontario, à titre personnel).

[6]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 32, 1re session, 41e législature, 28 mars 2012, 1550 (M. Michael Burt, directeur exécutif, George Morris Centre).

[7]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 32, 1re session, 41e législature, 28 mars 2012, 1700 (M. David McInnes, président et chef de la direction, Institut canadien des politiques agro-alimentaires).

[8]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 31, 1re session, 41e législature, 14 mars 2012, 1535 (M. Steve Tierney, sous-ministre adjoint, Direction générale des services à l’industrie et aux marchés, Agriculture et agroalimentaire Canada).

[9]             Chambre des Communes, Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, Témoignages, réunion no 45, 1re session, 41e législature, 6 juin 2012, 1535 (M. Blair Coomber, co-président du gouvernement, Agriculture et Agroalimentaire Canada, directeur général, direction des relations, des politiques et des consultations multilatérales, Table ronde sur la chaîne de valeur du bœuf).