La
violence contre les femmes persiste dans toutes les collectivités canadiennes,
mais les femmes autochtones sont particulièrement touchées.
En
2004, 41 % des femmes autochtones victimes de violence ont indiqué qu’elles
avaient été battues, étranglées, agressées sexuellement ou menacées, parfois
avec un fusil ou une arme. Par contraste, 27 % des femmes non autochtones
victimes de violence ont signalé le même type ou niveau de violence.
Selon
un récent rapport de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC),
depuis 1970, près de 600 femmes et filles autochtones ont été assassinées
ou portées disparues au Canada. Ces seuls cas représentent près de
10 % des homicides commis contre des femmes, même si les Autochtones ne
représentent que 3 % de la population nationale totale.
Une
extrapolation à l’ensemble de la population féminine du Canada des chiffres
obtenus dans le cas des femmes autochtones donnerait un équivalent statistique
d’environ 19 400 femmes disparues et assassinées.
Ces
réalités sont inacceptables et le gouvernement du Canada doit y faire face en
faisant preuve d’un leadership dynamique. C’est dans cette optique que les
députés libéraux ont réclamé une enquête publique complète sur les
circonstances entourant la question des femmes et des filles autochtones qui
ont été assassinées ou qui sont portées disparues. De plus, les députés
libéraux se sont prononcés en faveur d’un examen public approfondi des causes
systémiques de cette tragédie dont le but ultime serait de faire des
recommandations et de donner des directives en matière de politiques, de
règlements et de lois destinés à prévenir la violence.
Malgré
ces exhortations et malgré l’évidente nécessité d’une étude ou d’un examen
public de cet ordre, à ce jour, le gouvernement Harper n’a entrepris aucune
enquête. Au contraire, les gestes du gouvernement semblent dénoter une profonde
indifférence à l’égard du sort des femmes et des filles autochtones victimes de
violence.
Fidèles
à la politique d’inaction et de faux-fuyants du gouvernement Harper, les
membres conservateurs du Comité permanent de la condition féminine ont profité
de leur majorité au Comité pour faire passer le centre des préoccupations du
rapport de la prévention des mauvais traitements et de la violence à
l’autonomisation des filles et des femmes autochtones après qu’elles ont été
victimes d’actes de violence. Les députés libéraux louent les efforts d’autonomisation
préconisés, mais trouvent à la fois intolérable et offensante l’absence
constante de toute volonté de comprendre et d’éliminer les causes profondes de
la violence.
Un
témoin a dit au Comité : « Jusqu'à présent, il ne s'agit que de
mesures réactives, et les ressources ne sont que dans les mains des autorités.
Il faut faire mieux. » Dans le contexte, il semblerait que ce témoin croit
aussi qu’il faudrait en priorité cerner et comprendre les causes de la violence
accrue envers les femmes et les filles autochtones et essayer de prévenir
ladite violence. L’approche la plus souhaitable, la plus prudente et la plus
humaine de la lutte contre la violence dont sont victimes un nombre
statistiquement disproportionné de femme et de filles autochtones consiste
sûrement à prévenir la victimisation au départ.
Pourtant,
en 2010, le gouvernement Harper a supprimé le financement dont bénéficiaient
les Sœurs par l’esprit dans un effort pour museler le principal porte-voix des
femmes et des filles autochtones assassinées ou disparues.
Les
recherches des Sœurs par l’esprit sur près de 600 cas ont ouvert des
perspectives nouvelles dans un secteur ignoré jusque-là : la base de
données nationale à laquelle elles ont donné lieu était la première en son
genre au Canada.
Ce
sont les libéraux qui ont mis en place un financement pour les Sœurs par
l’esprit, soit 5 millions de dollars sur cinq ans. Lorsque le financement
a expiré, à la fin de mars 2010, les conservateurs ont offert à l’AFAC un
montant unique de 500 000 $ pour maintenir le projet à flot. Selon
les médias, cette somme aurait été versée à l’AFAC à la condition qu’elle
n’utilise pas le nom les Sœurs par l’esprit et qu’elle n’entreprenne aucune
activité de recherche, de défense des droits ou d’élaboration de politiques
dans le cadre de ses programmes.
Encore
une fois, l’inaction et les faux-fuyants du gouvernement Harper en disent long sur
l’importance réelle accordée à la prévention de la compréhension de la violence
contre les femmes autochtones. Les députés libéraux rejettent cette approche et
réclament de nouveau une enquête publique complète sur les circonstances
entourant la question des femmes et des filles autochtones assassinées et
disparues. De même, les députés libéraux insistent sur la nécessité d’un examen
public approfondi des causes systémiques de cette tragédie dont le but ultime
serait des recommandations et des directives en matière de politiques, de
règlements et de lois pour prévenir la violence.