La Chambre passe à l'étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport sans proposition d'amendement.
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, lors de mon discours à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi à la Chambre, j'ai remercié les nombreuses personnes et organisations qui ont contribué à son élaboration. Aujourd'hui, je tiens, d'entrée de jeu, à exprimer ma gratitude à l'endroit de tous les témoins qui ont comparu devant le Comité permanent de la santé. Leur expertise a été d'une aide précieuse.
Je n'ai pas pu assister en personne à toutes les audiences, mais j'ai pris connaissance des témoignages et j'ai appris beaucoup de choses. J'ai appris que, grâce au leadership national prévu dans le projet de loi , on pourrait réduire de plus de 450 le nombre de suicides au Canada. Lors de son témoignage devant le comité, le professeur Brian Mishara, du Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie de l'Université du Québec, a fait valoir ce point et formulé de nombreuses autres observations fort intéressantes.
Grâce au psychologue Marnin Heisel, de l'Université de Toronto, j'ai appris que le suicide et l'automutilation représentent des coûts de plus de 2,4 milliards de dollars par année au Canada, un chiffre qui ne pourra que croître compte tenu du vieillissement de la population. Il s'agit d'un dossier qui me touche profondément, d'un impératif moral qui découle de mes expériences, de ma foi et de la valeur que j'accorde à la vie humaine, mais j'ai aussi appris que la coordination des activités de prévention du suicide à l'échelle de notre grand pays est très rentable. J'ai appris que le Canada est un exportateur de savoir et d'expertise en matière de prévention du suicide, et que ce sont souvent d'autres pays, et non le nôtre, qui sont les premiers à adopter des solutions trouvées ici même. J'ai aussi appris de nouvelles manières de décrire le rôle que tiendra le projet de loi au chapitre de la coordination de ces activités. C'est un vide qu'il faut combler pour redonner espoir aux personnes les plus vulnérables.
Je cite la présidente de l'Association canadienne pour la prévention du suicide, Dammy Damstrom-Albach, qui a souligné l'importance du rôle du fédéral:
Il doit être à la fois le catalyseur et le liant pour stimuler et consolider les connexions nécessaires. Pour prévenir le suicide, il faut que tous les ordres de gouvernement s'unissent pour appuyer les groupes locaux, les survivants, ceux qui ont une expérience vécue et les milliers de bénévoles qui ont fait le gros de ce travail. Le gouvernement national doit maintenant faire sa part.
Catalyseur, liant, stimuler, consolider: autant de mots percutants et lucides qui reflètent ce qui constitue selon moi l'objectif du projet de loi .
Tana Nash, du conseil de prévention du suicide de la région de Waterloo, a parlé de ce qui se passe sur le terrain. Elle a dit ce qui suit au Comité de la santé. Le projet de loi , je cite:
[...] est essentiel. Nous fonctionnons tous avec des budgets dérisoires ou inexistants, mais nous imaginons un point central où nous tous, qui oeuvrons à travers le Canada, pourrions accéder à des outils, à des brochures et à des idées, et où nous pourrions simplement déposer nos propres données locales sur les situations de crise, au lieu de réinventer constamment la roue chacun de son bord.
Bien entendu, le projet de loi n'a pas pour objet de prescrire aux collectivités les mesures à prendre pour prévenir le suicide. Chaque collectivité devra élaborer sa propre façon de faire selon le contexte, les idées envisagées et les ressources à sa disposition. Par contre, aucun groupe communautaire ne devrait plus jamais avoir à partir de zéro.
Au cours du processus d'élaboration du projet de loi , j'ai eu le plaisir de m'entretenir avec bien des gens passionnés qui font la promotion de la prévention, en matière de santé mentale et de suicide. Scott Chisholm, de Thunder Bay, est le fondateur du projet Dommages collatéraux. Il a dit aux parlementaires qu'il fallait agir et leur a rappelé ceci: « Les premiers intervenants ne disposent pas des outils et des compétences nécessaires pour évaluer les risques [...] Les enseignants et les médecins n'ont pas la formation nécessaire pour reconnaître les signes avant-coureurs et pour y réagir [...] Nous pourrions faire mieux avec un peu de détermination. »
Il poursuit en disant: « J'estime que le Parlement peut sauver des vies. On pourra le faire en mettant en commun l'information, en tenant de meilleures statistiques et en mettant en pratique ce que nous apprend la recherche. Or, le projet de loi C-300 prévoit toutes ces mesures et sauvera donc des vies. »
Monsieur Chisholm a suivi de près la progression du projet de loi à la Chambre. Après avoir remercié les députés d'accepter de parler franchement de ce problème, j'ai reçu de nombreux commentaires de Scott sur Facebook, dans lesquels il me remerciait de favoriser un dialogue ouvert. Habituellement, ces remerciements se terminaient par la formule « [...] parce que le silence n'est pas une solution ».
En effet, le silence n'est pas une solution. À de nombreuses reprises au cours du processus, j'ai dit que la discussion que nous tenions était tout aussi importante que la mesure législative elle-même. Cela se reflète dans l'idée maîtresse de la nouvelle stratégie canadienne en matière de santé mentale, qui a été lancée pas plus tard que la semaine dernière par la Commission de la santé mentale du Canada, et qui est une autre excellente initiative du gouvernement.
Le mot « préjugé » est utilisé des dizaines de fois dans le cadre de la stratégie. On mentionne que seul un Canadien sur trois ayant des problèmes de santé mentale cherchera à obtenir de l'aide. Les préjugés et la peur d'être cataloguées empêche de nombreuses personnes de chercher de l'aide. Le projet de loi favorisera les discussions que le Canada doit tenir pour sauver un plus grand nombre de vies. Le projet de loi favorisera l'espoir.
J'ai cité cette phrase de nombreuses fois et certains députés seront peut-être même capables de la répéter avec moi, mais je pense que Margaret Somerville de l'Université McGill résume très bien la situation:
L'espoir a beaucoup à voir avec le sentiment d'avoir un avenir, aussi court soit-il. [...] L'espoir, c'est l'oxygène de l'esprit humain; sans lui, l'esprit meurt.
Monsieur le Président, vous et moi avons tous deux de l'espoir quant à l'avenir, mais certains Canadiens perdent espoir, que ce soit à cause de la détresse, de circonstances accablantes ou de problèmes médicaux. Chaque jour, 1 000 Canadiens en moyenne perdent espoir à un point tel qu'ils tentent de franchir ce pas irréversible; chaque jour, dix Canadiens réussissent. Dix Canadiens perdent la vie chaque jour en se suicidant.
Nous connaissons tous quelqu'un qui est touché par cette réalité, comme les députés l'ont dit lors du débat à l'étape de la deuxième lecture du projet de loi. Certains ont tenté d'aider des enfants d'âge scolaire à affronter le suicide d'un camarade de classe. La plupart d'entre nous ont dû faire face au décès d'un ami ou d'un collègue qui s'est suicidé. Certains, un trop grand nombre en fait, ont été confrontés d'encore plus près aux conséquences du suicide.
Tous ceux qui ont déjà pleuré la perte d'un parent ou d'un ami proche connaissent le doute et le chagrin qui peuvent accabler même les plus forts. Les députés savent ce que j'ai vécu au cours de la dernière année. Quelques heures après ma victoire aux dernières élections, j'ai perdu ma femme — et ma meilleure amie — à cause d'un état pathologique non diagnostiqué. Je remercie les députés de tous les partis de la compassion qu'ils n'ont cessé de me témoigner jusqu'à aujourd'hui encore.
J'avouerai qu'après le départ de Betty, je me suis senti anéanti. Il y avait des moments où je doutais de pouvoir continuer à servir la population de Kitchener—Conestoga. En fait, il y avait des fois où je doutais de vouloir le faire.
Toutefois, même si Betty me manquait, même si elle me manque encore tous les jours, je ne me suis jamais senti seul. Les membres de ma famille étaient avec moi, j'étais avec eux. Nous nous soutenions les uns les autres. Mes collègues de mon caucus et, en fait, tous les députés, m'ont assuré un solide réseau de soutien. Encore aujourd'hui, il n'est pas rare qu'à des activités dans la région de Waterloo, des gens prennent le temps de m'offrir leurs condoléances.
Je suis reconnaissant à Dieu de ces marques de sympathie sincères qui me rappellent que, dans ma douleur, je ne suis pas seul. Je suis reconnaissant à Dieu pour la vie qui m'est donnée et je lui suis reconnaissant de me permettre de continuer de profiter de ce don qu'il m'a fait malgré la perte que j'ai subie.
Je raconte mon expérience personnelle parce qu'elle parle d'espoir et d'esprit de communauté. Premièrement, je ne me suis jamais senti seul. J'apprécie encore plus ce que m'apportent la famille, les amis et la foi. Ils m'ont permis de rester tourné vers l'avenir et de garder espoir. Je ne peux pas m'imaginer ici à la Chambre aujourd'hui si un de ces éléments manquait dans ma vie.
Même si je ne m'imagine pas céder à des comportements suicidaires, je comprends à quel point il pourrait être facile pour une personne de perdre temporairement espoir et, ce faisant, de commettre l'irréparable.
Deuxièmement, la mort est toujours difficile pour les survivants. Les difficultés que j'ai éprouvées après le décès de Betty étaient grandes. Tous ceux qui nous ont accompagnés durant ces jours atroces — la famille, les amis et les employés — comprenaient qu'il n'y avait simplement rien qui aurait pu être fait pour empêcher ce qui est arrivé. Le problème était passé inaperçu et était inopérable.
Ceux qui restent après un suicide vivent tout ce que j'ai vécu, mais doivent aussi composer avec un sentiment de culpabilité et des reproches infondés en raison des préjugés associés au suicide. Si notre famille a pu puiser des forces en parlant ouvertement de Betty autant avec des amis qu'avec des étrangers, ceux qui restent après un suicide se sentent trop souvent mal à l'aise de raconter leur histoire. C'est une partie du problème.
Nous ne pouvons simplement pas affronter un problème, et encore moins le régler, si nous craignons d'en parler. C'est la raison pour laquelle le projet de loi vise à ce que le suicide ne soit pas considéré uniquement comme un problème de santé mentale. Le suicide est aussi une question de santé publique. La Commission de la santé mentale du Canada signale que les éléments du projet de loi cadrent bien dans sa stratégie d'ensemble en matière de santé mentale.
Le projet de loi préconise l'échange de connaissances et le recours aux pratiques fondées sur des preuves, afin de créer au Canada une plaque tournante de l'information, comme l'ont réclamé Tana Nash et le conseil de prévention du suicide de la région de Waterloo.
Je ne prétends pas aujourd'hui que le projet de loi est la solution magique à tous les maux. Il resterait encore du travail à faire. Je crois toutefois sincèrement que le projet de loi est la première étape du chemin qui reste à parcourir.
Si j'en avais le pouvoir et la capacité, je tenterais moi-même de réconforter tous ceux qui sont hantés par des pensées suicidaires. Si j'en avais le pouvoir, aucun des bénévoles qui accomplissent actuellement ces efforts héroïques n'aurait le sentiment de manquer de ressources ou que la société ne l'apprécie pas à sa juste valeur. Je n'ai malheureusement pas le pouvoir de faire tout cela, pas plus que tout gouvernement qui doit examiner chaque demande de financement et déterminer quels sont les avantages de financer un projet au détriment d'un autre.
J'ai l'honneur de représenter les braves habitants de au Parlement. Les électeurs de ma circonscription et les députés de la Chambre connaissent bien mes valeurs et savent quelle importance j'accorde à la vie humaine. Je continuerai de promouvoir la vie pour ceux qui traversent une période difficile, ceux qui ne peuvent plus se défendre, et ceux qui ne peuvent pas encore le faire. Je crois que chaque vie est précieuse.
L'adoption du projet de loi enverrait un message d'espoir à ceux qui oeuvrent dans le domaine partout au pays. Avec le temps, cet espoir sera transmis aux dizaines de milliers de Canadiens qui, chaque année, ont un comportement suicidaire. La mise en oeuvre du projet de loi permettrait aux Canadiens d'amorcer le dialogue nécessaire pour comprendre ce qu'ils vivent et guérir. Ceux qui sont hantés par des pensées suicidaires ou qui souffrent du suicide d'un être cher auraient ainsi accès à des ressources qui leur permettraient de retrouver espoir.
Par votre entremise, monsieur le Président, je remercie tous les députés d'appuyer les Canadiens vulnérables dans cette quête d'espoir. L'espoir, c'est l'oxygène de l'esprit humain. Sans lui, l'esprit meurt.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , qui a passé l'étape de l'étude au comité, et qui en est maintenant à l'étape de la troisième lecture à la Chambre. Une fois de plus, je félicite le député d'avoir présenté le projet de loi.
Les néo-démocrates qui siègent au Comité de la santé ont appuyé sans réserve le projet de loi, comme nous l'avons fait à la Chambre à l'étape de la deuxième lecture. Nous appuierons le projet de loi au moment du vote final. Cependant, je tiens à formuler quelques réflexions sur la nature du projet de loi, et sur ce que nous aurions pu faire de plus.
La Chambre est saisie d'un autre projet de loi, le projet de loi , présenté par la députée d'. Les deux projets de loi ont trait à la prévention du suicide, mais les stratégies qu'ils proposent sont différentes. Le projet de loi est beaucoup plus limitatif. Il minimise le rôle du gouvernement fédéral dans l'établissement d' une stratégie de prévention du suicide. Malheureusement, le projet de loi ne contient aucune disposition concernant la consultation des Premières nations.
Je comprends qu'il est difficile d'inclure tous les détails possibles dans un projet de loi; les statistiques montrent cependant qu'il s'agit d'un problème de santé systémique et grave dans l'histoire culturelle des Autochtones du Canada, étant donné les inégalités et le colonialisme qui y sont associés.
Le projet de loi de la députée d' porte sur la nécessité, pour le gouvernement fédéral, de collaborer directement avec les provinces et les Premières nations, et de soutenir les collectivités et les provinces plus petites qui ne possèdent pas l'infrastructure requise pour la mise en oeuvre des stratégies. La députée définit clairement le rôle du fédéral. Le projet de loi souligne l'importance de la participation des Premières nations, des Inuits et des Métis à l'élaboration de la stratégie, ce qui est crucial.
Le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui requiert la détermination des pratiques exemplaires et encourage la collaboration. Voilà une proposition très importante et avec laquelle nous sommes d'accord, bien sûr, mais il est décevant que le projet de loi n'aille pas plus loin.
Le projet de loi est exhaustif. En effet, il exige du gouvernement fédéral qu'il entreprenne dix projets différents, y compris un étude des formules de financement efficaces, l'identification des groupes à risque, l'élaboration de normes nationales et l'acquisition de connaissances culturelles relatives à la prévention du suicide.
Au comité, mes collègues, plus particulièrement le député de , et moi-même avons présenté plusieurs amendements. Ils étaient fondés sur le plan établi par l'Association canadienne de prévention du suicide en vue de mettre en oeuvre une stratégie nationale de prévention du suicide, qui a été dévoilé en septembre 2009. Cette organisation représente les fournisseurs de services ainsi que les intervenants de première ligne, qui aident les personnes en détresse et à risque, en mettant l'accent sur l'intervention en situation de crise suicidaire et la prévention du suicide.
Nous avons présenté environ 15 amendements qui auraient réellement permis de renforcer le projet de loi. Par exemple, l'un de ces amendements proposait la création d'un organisme national distinct de coordination des activités de prévention du suicide, sous l'égide des entités appropriées du gouvernement du Canada. Un autre prévoyait l'évaluation et l'adoption, le cas échéant, des recommandations et des objectifs énoncés dans le plan établi par l'Association canadienne de prévention du suicide en vue de mettre en oeuvre une stratégie nationale de prévention du suicide.
Je tiens à dire clairement à la Chambre que, lors de l'étude en comité, nous avons fait de notre mieux pour faire adopter certains amendements afin de renforcer le projet de loi pour qu'il ne soit pas uniquement axé sur les pratiques exemplaires, la collaboration et l'échange de renseignements. Nous voulions surtout qu'il prévoit des objectifs plus précis, qu'il faut absolument viser.
À de nombreuses reprises, on nous a dit que nous ne devrions pas nous inquiéter à ce sujet, car la Commission de la santé mentale du Canada allait aborder cette question dans son rapport. Bien entendu, nous avions terminé l'étude du projet de loi en comité quand la commission a publié, la semaine dernière, son rapport intitulé Changer les orientations, changer des vies.
On peut lire ce qui suit à la page 15 du rapport:
Mettre en place des mécanismes interministériels pancanadiens pour surveiller l’application des politiques en matière de santé mentale; accroître la collecte de données, la recherche, l’échange de connaissances, les normes et les ressources humaines liées à la santé mentale, à la maladie mentale et à la prévention du suicide.
Ce n'est qu'une des recommandations, mais cet extrait indique clairement que tous les ordres de gouvernement doivent agir.
Nous sommes heureux que la Commission de la santé mentale du Canada ait inclus cet élément dans la nouvelle stratégie qu'elle a annoncée la semaine dernière. Mais je crois que, dans le cadre de ce projet de loi, nous avons raté l'occasion de proposer des solutions concrètes, comme la création d'un organisme de coordination national, l'amélioration de la formation ou la collaboration avec les Premières nations.
Après l'étude du projet de loi en comité, nous avons reçu une communication de l'Assemblée des Premières Nations. Elle nous a transmis des renseignements importants, que nous devons comprendre. La situation est vraiment terrible. Ce sont des choses que nous savons, mais les commentaires de l'Assemblée nous ont rappelé la gravité de ces problèmes dans la collectivité autochtone. L'Assemblée des Premières Nations souligne que le suicide représente maintenant la principale cause de décès par blessure parmi les autochtones, d'après une étude menée en 2003. Un examen plus approfondi des actes autodestructeurs et des suicides a aussi démontré que, parmi tous les groupes d'âge, c'est chez les jeunes que la proportion de morts par suicide est la plus élevée. Les données démontrent aussi que le phénomène tragique du suicide des jeunes ne frappe pas toutes les collectivités autochtones de manière égale. Dans certaines, le taux de suicide est 800 fois plus élevé que la moyenne provinciale. Ces statistiques nous laissent à peine entrevoir les histoires, les tragédies et la réalité que vivent beaucoup de petites collectivités éloignées et de centres urbains.
Je suis déçue et inquiète que le projet de loi ne mentionne pas les problèmes particuliers que vivent les collectivités autochtones. Nous avons proposé des amendements visant à inclure certains de ces éléments importants dans le projet de loi mais, curieusement, ils ont été rejetés.
C'est en train de devenir une habitude, et je trouve cela inquiétant. Certains projets de loi sont bien en soi, mais ils visent surtout à informer et à sensibiliser les gens. L'autre jour, nous avons justement étudié un projet de loi semblable, sur la densité mammaire. Je ne souhaite pas critiquer ces mesures comme telles, mais je trouve très inquiétant de voir que lorsqu'on propose de bonne foi des amendements visant à les améliorer et à les renforcer, nos propositions semblent être systématiquement rejetées. Force est de se demander pourquoi.
Le Parlement devrait travailler de manière constructive, particulièrement dans le cas des initiatives parlementaires. Nous devrions essayer d'être constructifs et de travailler ensemble sur ce projet de loi sur la prévention du suicide parce que nous convenons tous qu'il faut faire quelque chose. Il n'y a aucun doute que nous sommes tous d'accord. Par conséquent, il est troublant de voir que les tentatives de bonne foi pour renforcer et améliorer le projet de loi sont complètement bloquées. J'ai lu à voix haute certains des renseignements dont nous avions pris connaissance et, essentiellement, on n'en a pas tenu compte.
Nous appuierons le projet de loi, mais nous travaillerons aussi très fort pour appuyer le projet de loi de ma collègue, la députée d'Halifax, parce qu'il a une portée beaucoup plus vaste et vise l'élaboration d'une stratégie très précise et exhaustive nécessitant la participation du gouvernement fédéral. Voilà ce qu'il nous incombe de faire, particulièrement à la lumière du nouveau rapport qui vient d'être publié par la Commission de la santé mentale du Canada.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir faire quelques observations aujourd'hui sur un sujet d'une grande importance pour tous les Canadiens.
Les suicides et les tentatives de suicide touchent tous les Canadiens d'une façon ou d'une autre. C'est pourquoi j'estime qu'il est important d'en débattre. Il s'agit d'un enjeu qui transcende les lignes de partis, et les initiatives qui visent à lutter contre ce grave problème obtiennent de larges appuis.
Un certain nombre de débats ont été tenus à ce sujet au cours des derniers mois. Les députés se souviendront que le Parti libéral y a consacré une journée de l'opposition en octobre. Je tiens à le souligner parce que le Parlement devait se pencher sur d'autres enjeux l'automne dernier et que les partis fédéraux ont un nombre limité de journées de l'opposition chaque année. Il fallait donc que le Parti libéral choisisse avec soin son sujet pour la journée de l'opposition. Lors d'une allocution devant notre caucus, le chef du Parti libéral a dit qu'il fallait examiner la question du suicide. Il faut que les députés s'unissent sur cette question et montrent la voie à suivre aux différents ordres de gouvernement. Nous avons alors pris la décision de mettre cet important enjeu public à l'avant-scène.
J'aimerais lire à la Chambre la motion qui a été présentée par le chef du Parti libéral le 4 octobre. La motion dit ceci:
Que la Chambre convienne que le suicide n'est pas qu'une tragédie personnelle, mais qu'il constitue aussi un grave problème de santé publique et une priorité sur le plan politique; et que la Chambre exhorte le gouvernement à travailler de concert avec les provinces, les territoires, des représentants des Premières Nations, des Inuits, des Métis et d'autres intervenants afin de mettre sur pied et de financer une Stratégie nationale de prévention du suicide, qui ferait, entre autres, la promotion d'une démarche complète et axée sur la recherche pour se pencher sur cette terrible perte de vie humaine.
Beaucoup de députés de la Chambre se souviendront de ce débat. On a tenu un vote à la fin de celui-ci, et la motion a été adoptée à l'unanimité. La Chambre reconnaissait donc ainsi que le suicide est un problème national qui doit être abordé.
Notre motion réclamait la détermination de sources de financement afin que nous puissions établir une stratégie nationale de prévention du suicide. Pour ce faire, il faudra, entre autres, travailler avec des intervenants et veiller à ce qu'ils contribuent à l'élaboration d'une stratégie nationale. Le Parti libéral croit qu'il faut une stratégie nationale pour s'attaquer à ce problème.
Le gouvernement national devrait jouer un rôle de chef de file, et ce, plus que tout autre intervenant au pays. Nous comptons sur le gouvernement fédéral non seulement pour appuyer des motions de l'opposition, dont celle que nous avons présentée en octobre dernier, ou des mesures législatives telles que le projet de loi à l'étude aujourd'hui, que le Parti libéral appuie, mais également pour prendre des mesures concrètes afin de résoudre ces problèmes. Nous pouvons y parvenir de bien des façons.
Le député qui a présenté cette motion a parlé des bénévoles et des collectivités. Nous sous-estimons ce que ces bénévoles et ces organismes communautaires peuvent faire pour réduire de façon concrète le taux de suicide au Canada. Grâce à cet effort concerté, nous devons pouvoir être en mesure d'échanger nos idées avec les différents groupes communautaires.
Je vais donner un exemple. Dans certaines provinces, on adopte une approche plus active pour encourager la tenue de discussions sur le suicide dans les écoles. Je sais que la province de Québec est plus proactive que les autres provinces pour éduquer ses élèves au sujet du suicide. Nous devons envisager de dialoguer ouvertement pour sensibiliser les jeunes. Il n'y a rien de mal à parler de certains sujets tels que la pression des pairs, l'intimidation, l'homosexualité et bien d'autres sujets qui ont une incidence sur nos jeunes et sur le stress qu'ils subissent. C'est l'une des raisons pour lesquelles un si grand nombre de jeunes pensent au suicide. Heureusement, la majorité des tentatives de suicide échouent. Il n'en demeure pas moins cependant que dix Canadiens s'enlèvent la vie chaque jour.
Lorsque nous parlons à nos jeunes, que pouvons-nous leur dire, en tant que collectivité, pour qu'ils se sentent à l'aise de parler des hauts et des bas qu'ils vivent, qu'ils comprennent que la vie est ainsi faite et que, même s'ils subissent beaucoup de pression, cette dernière finira par s'estomper et qu'un jour tout ira bien? Nous voulons que nos jeunes sachent qu'il y a des personnes qui se soucient réellement d'eux. Il existe des organismes, des gens — qu'il s'agisse des conseillers de leur école ou des professionnels et des bénévoles qui travaillent dans les établissements de santé communautaire —- qui peuvent aider les jeunes à composer avec la pression.
Nous devons également prendre des mesures plus concrètes pour lutter contre le suicide chez les aînés, car c'est un grave problème. Des organismes et des intervenants se consacrent presque entièrement aux problèmes qui touchent les aînés. Mettons-nous en oeuvre les initiatives nécessaires pour favoriser l'échange d'idées concernant les mesures qui fonctionnent et qui ne fonctionnent pas? Peut-être devrions-nous aller dans les maisons de retraite ou discuter avec les regroupements de personnes âgées de 55 ans et plus afin de parler de ce que cela signifie de vivre seul et du sentiment de solitude. Quelles décisions politiques pouvons-nous prendre pour réagir à ces problèmes?
J'ai discuté avec des membres du Garden City Mall Walkers Group, un groupe d'aînés de ma circonscription. Ils m'ont demandé pourquoi ils ne pourraient pas emprunter gratuitement l'autobus en dehors des heures de pointe. En effet, ils ont dit que cela les inciterait à sortir de chez eux et à se mêler aux autres.
J'aimerais parler de nos anciens combattants et du trouble de stress post-traumatique. Nous avons essayé de soulever ce problème, car il touche beaucoup de militaires qui ont combattu en Afghanistan et qui nous ont rendus si fiers en représentant si bien le Canada. Nous devons faire des investissements réels et concrets afin de remédier aux problèmes qui poussent trop de militaires à se suicider.
En définitive, le Parti libéral du Canada est prêt à mettre de côté la partisanerie afin de faire face à ce problème. Nous croyons qu'il s'agit d'une crise qui exige une action de notre part.
Tout comme le gouvernement a appuyé notre motion visant l'élaboration d'une stratégie nationale, nous allons appuyer le projet de loi, car nous croyons qu'il est important. Nous nous réjouissons à l'idée qu'il sera bientôt adopté. Nous remercions les députés de nous avoir donné l'occasion de prononcer quelques mots à la Chambre.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de participer à ce débat ou, comme le député de l'a si bien dit, à cette manifestation de solidarité parlementaire en faveur du projet de loi , Loi sur le cadre fédéral de prévention du suicide.
Alors que nous venons de souligner la fête des Mères, une journée au cours de laquelle nous reconnaissons tous l'amour indéfectible, l'appui et les conseils des mères, et que nous débattons de cette question aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de penser à la profonde angoisse que doit éprouver à la fête des Mères une mère dont la fille ou le fils s'est suicidé au cours de la dernière année. Rien que d'y penser, j'en ai le coeur brisé.
Au cours de la dernière année, le suicide a touché de façon irréversible la vie des membres et des proches de 4 000 familles — mères, pères, soeurs, frères, tantes, oncles et cousins. On ne connaît même pas le chiffre exact, lacune que le projet de loi permettrait toutefois de combler.
Il y a 19 jours, le 25 avril, j'ai eu le privilège de faire une déclaration à la Chambre en guise d'appui au projet de loi. Au cours de cette période de 19 jours, il y a probablement eu 190 décès par suicide, 19 000 tentatives de suicide et 4 180 visites aux urgences des hôpitaux partout au pays à la suite de comportements suicidaires. Je dis « probablement », car nous ne disposons pas de chiffres exacts sur le suicide au Canada. Ces chiffres sont très importants, et le projet de loi permettrait de corriger la situation.
Quels que soient les chiffres, ce qui importe, c'est la tragique réalité que chacun d'eux recèle. Chaque cas est une tragédie parce que chaque personne qui a tenté de s'enlever la vie avait perdu l'espoir qui, comme l'a si bien dit le député de , est l'oxygène de l'esprit humain. Le geste de ces personnes est d'autant plus tragique qu'il se répercute sur leur famille, leurs amis et les collectivités du pays.
Nous savons que le suicide découle de la réunion fort complexe de multiples facteurs. Nous savons aussi que le risque de suicide est plus élevé chez certains groupes et dans certaines circonstances. Les anciens combattants et les Autochtones ont déjà été mentionnés ce matin. Nous travaillons cependant à trouver une réponse appropriée, reposant sur des données probantes. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'un problème de santé publique au Canada. Nous avons le devoir d'agir au nom du caractère sacré de la vie.
Selon le témoignage du Dr David Goldbloom, de la Commission de la santé mentale du Canada, devant le Comité de la santé, plus de 90 p. 100 des personnes qui se sont suicidées présentaient des troubles de santé mentale. La complexité même du problème du suicide rend tout aussi complexe la façon d'aborder la question de la prévention.
Les enseignants qui sont à même de reconnaître les comportements suicidaires sont rarement formés pour le faire. Il est même inusité pour les médecins ou le personnel infirmer de recevoir une formation précise à ce sujet. Sur ce plan, le projet de loi serait un gros plus. Au Canada, bien des groupes de prévention du suicide accomplissent des choses extraordinaires. Ils sont sur la ligne de front. Ils sont là lorsque les gens ont besoin d'eux. Ils contribuent à leur redonner espoir et à leur donner une seconde chance, ne serait-ce que pendant un court laps de temps.
Il est donc tout à fait logique d'établir un cadre fédéral afin de mieux coordonner ces activités. Il y a tant de groupes qui font de l'excellent travail d'un océan à l'autre. J'en ai mentionné un dans cette enceinte, il y a 19 jours, le Fonds commémoratif Jack Windeler, un projet qui découle du suicide tragique du jeune à qui il doit son nom. Le programme d'approche en milieu scolaire qui en découle est actuellement mis à l'essai et devrait être lancé pour de bon l'an prochain. Je suis convaincu que tous mes collègues souhaiteront la meilleure des réussites à cette équipe.
Démultiplions et mettons en commun l'information et les ressources. Partageons les réussites et veillons aussi à véhiculer des statistiques véridiques. C'est à la fois une question de leadership national et un message d'espoir adressé aux Canadiens vulnérables.
Permettez-moi une réflexion sur deux déclarations qui ont été faites devant le Comité de la santé dans le cadre de l'étude du projet de loi et qui résument bien la question
On doit la première au Dr David Goldbloom, que j'ai mentionné il y a quelques instants. Il s'exprimait au nom de la Commission de la santé mentale du Canada. Il a dit:
Le cadre fédéral que vise le projet de loi que vous étudiez aujourd'hui va certainement dans le sens des recommandations de la stratégie, qui sont de mobiliser l'esprit d'initiative, de renforcer la collaboration et d'étoffer l'infrastructure requise pour améliorer au Canada les résultats dans le domaine de la santé mentale, l'accent étant mis particulièrement sur la prévention du suicide.
Ce point de vue d'un médecin est fort éloquent, tout comme l'autre déclaration que je tiens à citer, qui arrive des intervenants des toutes premières lignes de la prévention du suicide.
Tana Nash, du conseil de prévention du suicide de la région de Waterloo, dont le siège social est à quelques minutes en voiture de ma circonscription, a dit que le cadre fédéral pourrait favoriser la création d'une plaque tournante de ressources, de données tangibles et de programmes, ce qui serait une bénédiction pour les organismes à court d'argent qui, pourtant, sont très utiles dans les collectivités.
Elle a dit:
Je peux vous dire, selon l'optique d'une organisation de la base, que cela est essentiel. Nous fonctionnons tous avec des budgets dérisoires ou inexistants, mais nous imaginons un point central où nous tous, qui oeuvrons à travers le Canada, pourrions accéder à des outils, à des brochures et à des idées, et où nous pourrions simplement déposer nos propres données locales sur les situations de crise, au lieu de réinventer constamment la roue chacun de son bord.
Ce qui est très encourageant, c'est qu'elle a donné l'exemple d'un programme novateur, géré par son organisme, que ma collectivité, Hamilton, ne connaissait pas. Il s'agit d'un excellent programme local qui contribue à prévenir concrètement le suicide de la façon la plus directe possible. De plus, elle a dit que le cadre fédéral prévu dans le projet de loi pourrait contribuer à établir de tels liens et à sauver des vies.
Je reprends les propos de Tana Nash, du conseil de prévention du suicide de la région de Waterloo:
Un exemple dans la région de Waterloo est le groupe Skills for Safer Living. Il s'agit d'un groupe de soutien psychosocial et psychoéducatif qui suit des gens pendant 20 semaines; il s'adresse spécifiquement à des personnes qui ont fait une tentative de suicide et qui sont toujours aux prises avec le désir de mourir. Ce groupe a été créé à l'hôpital St. Michael's et son succès est largement prouvé. Il enseigne notamment les techniques de gestion de l'émotion et d'adaptation, et apprend aux participants à jauger leur propre comportement sur une échelle mobile, et à déterminer le moment où le point de rupture approche et où il faut chercher de l'aide.
Nous avons la chance d'avoir maintenant ce programme en place dans la région de Waterloo, mais lorsque j'ai parlé au Suicide Prevention Community Council de Hamilton la semaine dernière, il ignorait l'existence de ce merveilleux programme. Lui aussi voudrait disposer de cette formation dans sa région. C'est une autre pratique ayant fait ses preuves qui peut être reproduite dans tout le Canada.
Un grand nombre d'experts ont participé aux discussions entourant le projet de loi et le cadre fédéral de prévention du suicide lors de l'étude en comité. Nous voulons les remercier de leur expertise et du temps qu'ils nous ont consacré. Nous les remercions spécialement pour tout le travail qu'ils accomplissent quotidiennement un peu partout au Canada pour aider à prévenir le suicide, ainsi que l'angoisse et la douleur qu'il entraîne.
Le projet de loi est un outil utile servant à promouvoir le dialogue et la sensibilisation des partenaires fédéraux. La création d'un cadre fédéral de prévention du suicide ouvrira la voie à une intégration accrue, au palier fédéral, des initiatives, des programmes et des services et contribuera, comme l'a mentionné plus tôt mon collègue de , à une plus grande collaboration non seulement entre les partenaires fédéraux, mais aussi entre les partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux et les ONG qui font un travail exceptionnel.
Je suis très heureux d'avoir pris la parole à propos de ce projet de loi. Je remercie le député de et tous les députés de la Chambre qui ont fait avancer cette discussion afin que, l'année prochaine, à la fête des Mères, moins de parents ne vivent la douleur insoutenable d'une telle perte.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de prendre la parole aujourd'hui pour exprimer mon soutien au projet de loi .
J'en profite pour féliciter mon collègue d'en face d'avoir soulevé une question qui, à mon avis, est vraiment importante pour tous les députés et tous les Canadiens. Quelle que soit notre allégeance politique, c'est une question importante pour nous tous.
Si ce projet de loi devenait loi, le gouvernement du Canada serait obligé d'élaborer un cadre fédéral de prévention du suicide après consultation des organismes non gouvernementaux compétents, de l'entité responsable dans chaque province et territoire ainsi que des ministères fédéraux concernés.
Ce projet de loi est un premier pas formidable, mais nous estimons qu'on aurait pu faire plus. Nous avons présenté quelques amendements lors de l'étude en comité pour étoffer ce projet de loi afin qu'il inclue tout le monde, y compris les Premières nations, les Métis et les Inuits. Toutefois, nous irons de l'avant en toute bonne foi parce que, comme je l'ai mentionné, nous estimons que c'est un premier pas dans la bonne direction.
De nos jours, le suicide touche beaucoup les Canadiens. C'est la deuxième cause de décès chez les 10 à 24 ans et la troisième chez les 25 à 49 ans. En outre, la gêne qui entoure les problèmes de santé mentale et le suicide a longtemps retardé un débat national sur cette question et la façon de l'aborder. Par conséquent, je suis très heureux que nous en parlions sur la scène nationale.
Le suicide est une tragédie pour un grand nombre de Canadiens et leur famille. Compte tenu des chiffres que j'ai mentionnés tout à l'heure, la plupart des Canadiens ont probablement déjà été touchés par un décès par suicide. Toutefois, il est tout à fait possible de prévenir ce fléau au moyen d'une approche alliant connaissances, soins et compassion.
Au NPD, nous appuyons le projet de loi présenté par mon collègue. Nous pensons que les familles et les autres intéressés réclament en effet une stratégie nationale de prévention du suicide depuis des années.
Le NPD a toujours été préoccupé par ce dossier. En 2011, ma collègue de avait d'ailleurs présenté le projet de loi , qui demandait déjà aux provinces, aux territoires et aux représentants des Premières nations, des Inuits et des Métis de collaborer à la création d'une stratégie nationale de prévention du suicide. Ce projet de loi prévoyait l'accès à des services liés à la santé mentale et à la toxicomanie, la diminution de la stigmatisation associée au recours aux services de santé mentale et de prévention du suicide, l'établissement de lignes directrices nationales sur les pratiques exemplaires pour la prévention du suicide, l’utilisation des connaissances émanant des collectivités et de données culturelles pour l'élaboration des politiques et programmes appropriés, ainsi que la coordination des efforts des professionnels et des organisations partout au pays pour échanger de l'information et des résultats de recherche, et appuyer les professionnels de la santé et d'autres intervenants qui aident les personnes courant le risque de se suicider.
Je crois que le projet de loi de ma collègue illustre la façon d'aborder une stratégie nationale de prévention du suicide, car il permettrait de s'appuyer sur les pratiques exemplaires, en particulier dans les communautés à risque.
Voici quelques faits et chiffres éloquents et assez troublants sur le suicide au Canada: dix personnes se suicident à chaque jour, ce qui fait plus de 3 500 suicides par année. Plus de 100 000 Canadiens se sont suicidés ces 20 dernières années. On estime que trois millions de Canadiens sont affectés par le suicide d'un être cher, d'un ami ou d'un collègue. Je fais malheureusement partie de ces trois millions de Canadiens.
En 1986, il y a 26 ans de cela, mon beau-frère a décidé de s'enlever la vie. Je sais comment une famille vit ce genre de tragédie, et ce qu'elle éprouve encore aujourd'hui. Je ne compte plus les repas de Noël, d'Action de grâce ou autres réunions familiales où nous avons imaginé comment seraient les choses si mon beau-frère était toujours parmi nous.
Bien entendu, on n'arrête jamais de se poser des questions. Qu'aurions-nous pu faire pour aider? Qu'aurions-nous pu faire pour éviter cette tragédie? En réalité, il n'y a rien que nous aurions pu faire nous-mêmes, parce que mon beau-frère avait besoin d'aide. Ce que nous aurions pu faire, c'est de trouver le moyen de lui fournir cette aide. Je crois que cette stratégie nationale nous permettra de prendre les mesures nécessaires pour éviter que d'autres personnes et d'autres familles traversent de telles épreuves, et j'espère que tout le monde comprendra l'importance de cette question.
Si l'on regarde ce qui se fait sur la scène internationale, tant les Nations Unies que l'Organisation mondiale de la santé ont reconnu que le suicide est un important problème de santé publique et que sa prévention doit être une priorité. Le Canada a déjà été chef de file en matière de prévention du suicide, mais, maintenant, il accuse du retard par rapport à d'autres pays industrialisés.
En 1993, à l'invitation du Centre pour le développement social et les affaires humanitaires des Nations Unies, le Canada a coordonné une rencontre de spécialistes du monde entier en vue de l'élaboration de lignes directrices pour la prévention du suicide approuvées par l'ONU.
Comme suite à la publication de ces lignes directrices, les Nations Unies et l'Organisation mondiale de la santé ont demandé à tous les pays de non seulement établir leur propre stratégie nationale de prévention du suicide, mais également de créer et de financer adéquatement un organisme de coordination à cet égard.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Pays de Galles, l'Angleterre, la Norvège, la Suède et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là, ont tous une stratégie nationale de prévention du suicide qui a fait ses preuves; le Canada n'en a toujours pas. À mon avis, ce projet de loi est un pas dans la bonne direction. Toutefois, comme je l'ai indiqué plus tôt, nous continuerons de nous efforcer de l'améliorer.
Voyons les statistiques canadiennes. Elles montrent que le Canada a un taux de suicide plus élevé que celui, par exemple, des États-Unis. Le Canada fait partie du premier tiers des pays développés ayant le taux de suicide le plus élevé.
Selon le gouvernement du Canada, le cadre de la Commission de la santé mentale du Canada couvre déjà la prévention du suicide. Toutefois, l'important rapport de 2009 dans lequel elle proposait un cadre pour une stratégie en santé mentale au Canada, ne fait qu'effleurer la question du suicide. Aucune des sept recommandations ne porte sur cette question en particulier, et ce n'est pas une stratégie de prévention du suicide.
Tous les spécialistes et tous les intervenants conviennent que son mandat ne couvre pas adéquatement la question du suicide. Jusqu'ici, rien n'indique que la Commission de la santé mentale du Canada accomplit le travail qui s'impose à cet égard. Elle s'efforce d'apporter des changements fondamentaux à long terme quant à différents problèmes de santé mentale, alors que nous avons désespérément besoin d'une stratégie nationale de prévention du suicide, surtout à l'heure actuelle, étant donné la crise qui touche de nombreuses collectivités.
La Commission de la santé mentale du Canada estime même que le suicide est souvent associé à une maladie mentale, dans 95 p. 100 des cas, mais ce n'est pas toujours le cas. Nous avons besoin d'une stratégie de prévention du suicide, car la question du suicide diffère de celle de la santé mentale.
J'aimerais citer un article paru dans les médias au sujet d'une collectivité autochtone de l'île de Vancouver qui a déclaré l'état d'urgence car, au cours des dernières semaines, elle a connu une augmentation considérable du nombre de suicides; je crois qu'il y en a eu quatre.
Les leaders d'une collectivité autochtone de l'île de Vancouver ont déclaré l'état d'urgence en raison de la récente série de suicides et de tentatives de suicide.
Le chef a déclaré ceci:
Si le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ne nous aident pas, nous pourrions perdre d'autres membres de la collectivité à cause de ce qui semble être une situation désespérée. Nous avons fourni des ressources, mais elles sont très limitées, et les employés sont surmenés en raison de la charge de travail accrue.
Voilà pourquoi nous avons besoin d'une stratégie nationale de prévention du suicide.
Je sais que mon temps de parole est presque écoulé. Je vais donc répéter que nous appuyons le projet de loi sous sa forme actuelle, mais que nous aimerions qu'un plus grand nombre d'amendements et de mesures soient proposés pour le renforcer.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi concernant l’établissement d’un cadre fédéral de prévention du suicide. Cette mesure législative jouit d'un très fort appui, non seulement à la Chambre, mais aussi à l'échelle du Canada.
Les raisons qui poussent les gens au suicide sont nombreuses et complexes, et on se demande toujours pourquoi une personne commet un tel geste. Pourquoi avons-nous perdu un être cher? Qu'est-ce qui l'a poussé à s'enlever la vie? Est-ce que son décès aurait pu être évité? Bien souvent, les préjugés et la discrimination empêchent les gens d'aller chercher l'aide dont ils ont besoin. Nous devons les aider à sortir de l'ombre, Comme le sénateur Kirby l'a si bien dit, malgré toute cette noirceur, il y a de l'espoir.
Il est grand temps d'agir sur cette question, et pour ce faire, il faut travailler en collaboration. C'est l'esprit de la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui. C'est un projet de loi très important, et je suis très heureux qu'un très grand nombre de députés lui aient manifesté leur appui. La question du suicide ayant récemment été mise au premier plan, une discussion nationale a eu lieu à ce sujet. Je dois aussi remercier les membres du Comité permanent de la santé et les témoins qui nous ont fait part de leur expérience et fait profiter de leur expertise, de même que les Canadiens, qui parlent plus ouvertement du suicide afin d'en assurer la prévention.
Le gouvernement est à l'écoute des Canadiens, et il entend parler de nombreuses tragédies personnelles et familiales. Ces histoires ne nous sont que trop familières. Elles parlent de jeunes brillants, issus d'une famille aimante, qui semblent très heureux; ou d'adultes qui paraissent bien gérer leur carrière mais qui, malgré les apparences, suivent un chemin imprévisible.
Nous apportons des contributions importantes dans les secteurs qui relèvent de la compétence fédérale. Le rôle que joue le gouvernement fédéral dans le domaine de la santé mentale et de la prévention du suicide prend plusieurs formes. Le gouvernement travaille avec des chercheurs afin de mieux comprendre les causes du suicide, et avec des enfants et des jeunes afin de mieux comprendre l'importance des liens interpersonnels. Il finance des programmes qui renforcent la résilience et les éléments de protection qui pourront empêcher certaines personnes de voir le suicide comme une solution.
De plus, le gouvernement fédéral offre des ateliers de prévention du suicide et de sensibilisation à ce phénomène. Il forme aussi du personnel. Cela comprend...