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FEWO Rapport du Comité

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Rapport dissident : Étude sur les troubles de l’alimentation du FEWO

À l’été 2014, l’Institut canadien d’information sur la santé a publié un rapport indiquant que les taux d’hospitalisation chez les jeunes filles âgées de 10 à 19 ans avaient augmenté de 42 % en l’espace de seulement deux ans. Les témoignages recueillis tout au long de l’étude sur les troubles de l’alimentation réalisée par le Comité permanent de la condition féminine ont révélé une hausse de la prévalence et de la gravité de la maladie au Canada, tant chez les hommes que les femmes. Pourtant, il y a très peu de fonds pour le traitement et la prévention des troubles de l’alimentation. Résultat : les gens sont mal informés, des cas ne sont pas diagnostiqués et les temps d’attente pour obtenir un traitement sont inacceptables. Les néo-démocrates déplorent la situation de crise qui semble nuire au traitement des troubles de l'alimentation au Canada et estiment qu’il faut agir.

Absence de leadership du gouvernement fédéral

Tout en reconnaissant que les soins de santé relèvent surtout de la compétence des provinces, les néo-démocrates estiment que le gouvernement fédéral doit travailler avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour protéger et élargir le régime universel et public de soins de santé. L’étude révèle que le gouvernement fédéral n’exerce presque pas de leadership pour défendre les victimes de troubles de l’alimentation. Aucun ministère ou organisme ne finance directement les activités de sensibilisation, de prévention et de traitement. Un financement modeste a été offert, par l’entremise de l’Institut canadien d’information sur la santé, afin d’appuyer deux projets de recherche depuis 2006. En fait, le gouvernement fédéral fait preuve de si peu d’initiative que les ministères et les organismes hésitaient à comparaître devant le Comité et n’avaient presque rien à dire. De toute évidence, il est possible, et même nécessaire, d’en faire plus pour améliorer le soutien offert aux personnes qui souffrent de troubles de l’alimentation, aux professionnels de la santé qui les soignent et aux membres de la famille qui prennent soin d’eux, ainsi que pour améliorer l’accès aux services. Les néo-démocrates recommandent que le gouvernement fédéral travaille avec les provinces, les territoires, les communautés autochtones, les patients et les organismes concernés afin d’accroître et d’améliorer les ressources consacrées au traitement des troubles de l’alimentation et aux activités de sensibilisation connexes.

Marginalisation fondée sur le sexe nuisant à la santé des femmes

Les néo-démocrates redoutent que le peu de ressources consacrées à la lutte contre les troubles de l’alimentation comparativement à celles dédiées à des maladies ayant des taux de mortalité semblables soit révélateur du manque de programmes ciblés pour les femmes dans le secteur des soins de santé et dans la société en général. Pour reprendre les propos de Dr Blake Woodside, un médecin de renom spécialisé dans le traitement des troubles de l’alimentation qui a comparu devant le Comité, « si l’anorexie touchait les hommes d’âge moyen, il y aurait une clinique dans tous les hôpitaux du pays, mais parce qu’il s’agit d’un trouble mental chez les jeunes femmes, cette maladie fait l’objet de discrimination ».

Le gouvernement conservateur a manifesté un profond mépris pour la santé des femmes à plusieurs reprises. En 2012, les conservateurs ont éliminé le financement du Programme de contribution pour la santé des femmes, abolissant ainsi une source de soutier financier pour le traitement de maladies qui touchent surtout les femmes, comme les troubles d’alimentation. Autre exemple : en avril 2012, le ministre de la Santé a décidé unilatéralement d’éliminer le financement accordé à des programmes axés sur la santé des femmes autochtones. Les néo-démocrates recommandent au gouvernement du Canada d’annuler ces compressions et de prendre d’autres mesures, par l’entremise de Santé Canada, de Condition féminine Canada et de l’Agence de la santé publique du Canada, afin de veiller à ce que la santé des femmes soit assurée grâce à des ressources adéquates, à des projets de recherche, des programmes financés et des campagnes de sensibilisation.

Les néo-démocrates sont particulièrement troublés par la recommandation 18, à savoir que le gouvernement encourage les gouvernements provinciaux et territoriaux à payer les coûts des traitements offerts aux États‑Unis. Les conservateurs ont réduit par des milliards de dollars le financement des services de soins de santé, obligeant les provinces à en faire plus avec moins d’argent. Il est inacceptable de penser à encourager les provinces à envoyer les patients à l’étranger après des compressions aussi terribles. Ces services doivent être offerts dans les collectivités canadiennes. Nous devons travailler avec les gouvernements provinciaux et territoriaux afin de nous assurer qu’ils ont les ressources nécessaires pour offrir des soins de qualité accessibles aux personnes souffrant de troubles de l’alimentation.

De plus, le lien entre l’image négative qu’une personne se fait de son corps, les messages malsains véhiculés par la société et les troubles de l’alimentation est bien connu. Plusieurs témoins ont émis de graves préoccupations au sujet des industries de plusieurs milliards de dollars qui exploitent l’insécurité et la haine de soi des jeunes filles et des femmes. On a aussi recommandé de revoir les campagnes fédérales de promotion d’une saine alimentation pour qu’elles n’aient pas pour effet malencontreux de « condamner » les rondeurs chez les jeunes filles et garçons, qui développeront plus tard des troubles de l’alimentation. Les nouveaux médias doivent être intégrés aux pratiques de sensibilisation, qui doivent s’étendre aux communautés ethniques et autochtones. Selon les néo-démocrates, le gouvernement fédéral doit assumer un rôle de leadership solide par l’entremise de Condition féminine Canada pour s’attaquer aux causes profondes des troubles de l’alimentation et de l’inégalité entre les sexes.

Les conservateurs ne font rien pour améliorer les soins de santé mentale

Les troubles de l’alimentation sont des maladies mentales aux taux de mortalité extrêmement élevés. Or, comme c’est le cas pour tous les autres troubles de santé mentale, le manque d’attention porté par le gouvernement, en combinaison avec d’autres facteurs, comme les préjugés, a pour effet d’isoler les patients souffrant de troubles de l’alimentation. Un très faible nombre d’entre eux reçoivent en fait des services de santé mentale au Canada. La Commission de la santé mentale du gouvernement a créé une stratégie en matière de santé mentale en 2012, mais le gouvernement conservateur n’a pas encore pleinement mis en œuvre ses recommandations. Les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada d’agir dès maintenant pour mettre en œuvre les recommandations faites par la Commission de la santé mentale du Canada dans la Stratégie en matière de santé mentale de 2012 et de suivre les six orientations stratégiques mentionnées dans la Stratégie.

Aucun accès, aucune information

Plusieurs des témoins ayant comparu devant le Comité ont mentionné l’absence totale d’activités ciblées de sensibilisation, de prévention et de traitement des troubles alimentaires à l’échelle communautaire. Les troubles de l’alimentation touchent des personnes de toutes les origines ethniques et classes socio‑économiques. Pourtant, il n’y a pas de services axés sur les Autochtones, les minorités raciales, les nouveaux immigrants ou la communauté LGBTQ. Le traitement doit être rendu accessible à toutes les personnes au Canada, peu importe leur identité ou leur classe. Les néo-démocrates recommandent que les programmes de sensibilisation, de prévention et de traitement soient établis en tenant compte des besoins culturels particuliers de toutes les minorités au Canada, en collaboration avec ces groupes grâce à des campagnes ciblées.

Il y a trop peu de ressources pour les personnes souffrant de troubles de l’alimentation à l’extérieur des grands centres urbains du Canada. Pour les femmes à faible revenu ou les parents de jeunes enfants en particulier, il est presque impossible d’obtenir un traitement. Il n’y a aucun centre de traitement dans les régions du Nord, au Labrador ou à l’Île-du-Prince-Édouard. Les néo-démocrates recommandent que le gouvernement fédéral travaille en collaboration avec les provinces, les territoires et les collectivités autochtones pour que des services de traitement des troubles de l’alimentation soient offerts dans toutes les provinces, notamment dans les régions isolées du Nord et les régions rurales.