FEWO Rapport du Comité
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
Opinion complémentaire INTRODUCTION Les membres néo-démocrates du Comité sont heureux d’avoir entendu tant de témoins parler en connaissance de cause et avec passion des moyens d’accroître la participation des femmes et des filles dans les domaines de la science, de la technologie, du génie et des mathématiques (STGM). Les néo‑démocrates aimeraient voir le gouvernement fédéral exerce un rôle de leadership et s’attaque aux causes de la sous-représentation des femmes dans ces domaines. Les problèmes d’inégalité entre les sexes qui se répercutent sur la vie des femmes au Canada sont très présents dans les domaines des STGM, et il faut agir pour corriger ces barrières. Comme l’a expliqué avec éloquence une intervenante : [L]e mérite individuel ne peut pas supplanter et équilibrer l’influence des obstacles institutionnels et comportementaux. Laisser aux personnes la responsabilité de se représenter et de surmonter les obstacles institutionnels et sociaux est inacceptable et n’encourage ni l’égalité ni l’équité[1]. Les femmes et les filles canadiennes s’attendent à ce que le gouvernement fédéral fasse preuve d’un véritable leadership et apporte un changement. Il ne suffit pas de fournir à une fraction de femmes des stages d’apprentissage et des mentors, de laisser à l’industrie réglementer ses activités, pour déclarer mission accomplie. Pour vraiment appuyer les femmes et l’ensemble des Canadiens dans une économie saine et durable, le gouvernement fédéral doit viser à éliminer les problèmes et les obstacles auxquels les femmes font face, comme l’inégalité, le sexisme, les milieux de travail hostiles et la culture qui y prévaut, ainsi que l’absence de politiques favorables à la famille. INÉGALITÉ ENTRE LES SEXES ET ÉCART SALARIAL L’inégalité salariale n’a toujours pas été corrigée, et il s’agit là d’un élément important de l’inégalité entre les sexes au Canada. Le travail des femmes est encore sous-estimé par rapport à celui des hommes, tant dans les domaines des STGM qu’ailleurs. Il s’agit d’un grave problème au Canada. Bien des témoins ont insisté sur la nécessité de corriger la situation en mettant en place des politiques fondées sur les faits, la recherche, les données ainsi que des objectifs mesurables à long terme. Comme l’a indiqué une intervenante : Les Canadiens et les Canadiennes travaillent dans différents domaines, ne travaillent pas le même nombre d’heures et gagnent des salaires différents. Les femmes sont trois fois plus susceptibles que les hommes d’avoir un travail à temps partiel, et deux fois plus susceptibles de gagner le salaire minimum. Qui plus est, les femmes sont susceptibles, en quasi-totalité, d’être moins bien rémunérées que les hommes pour leur travail[2]. Par ailleurs, le Comité a entendu que : [L]’accès des femmes à des postes de direction et leur compensation financière dans ces fonctions ne sont pas comparables, sur les plans de la compétition ou de l’équité, à l’accès et à la rémunération des hommes ayant une expérience, une expertise et des compétences similaires. Il en est ainsi dans la plupart des secteurs industriels, et pas uniquement dans le domaine des STGM. Cela signifie que, toutes choses étant égales entre deux candidats à un emploi, si l’un est homme et l’autre est une femme, la femme gagnera en moyenne 20 % de moins que l’homme, dans le meilleur des cas, et rencontrera plus d’obstacles que lui lorsqu’elle postulera à des postes de cadres supérieurs[3]. Malgré les commentaires positifs au sujet des salaires plus élevés dans les professions des STGM, il demeure que l’écart salarial dans ces domaines est l’un des plus importants au sein de la population active canadienne. Le Comité a entendu que les femmes dans le secteur pétrolier et gazier gagnent 65 ¢ pour chaque dollar gagné par les hommes pour un emploi à temps plein toute l’année. Les femmes dans le milieu de la construction gagnent 72 ¢ pour chaque dollar gagné par les hommes, et les électriciennes et les plombières gagnent respectivement 79 ¢ et 82 ¢ pour chaque dollar gagné par leurs homologues masculins pour un emploi à temps plein toute l’année[4]. SERVICES DE GARDE ET POLITIQUES FAVORABLES À LA FAMILLE Les témoins ont indiqué que le salaire n’est pas le seul facteur que prennent en considération les femmes dans le choix d’une carrière. Pour un grand nombre d’entre elles, la souplesse est un autre « élément qui entre en ligne de compte[5] ». Ils ont expliqué que les horaires de travail variables facilitent la vie des femmes ainsi que des aidants, qui sont pour la plupart des femmes[6]. Le travail non rémunéré continue d’être effectué, de manière disproportionnée, par les femmes, de sorte qu’il est difficile pour elles de poursuivre des carrières dans certains domaines : [L]es femmes consacrent chaque jour 3,9 heures non payées aux soins, comparativement à 4,2 heures il y a 20 ans, sauf que maintenant la majorité des femmes travaillent toute la journée en plus de consacrer 4 heures aux soins. C’est le double du nombre d’heures que les hommes au Canada consacrent aux tâches ménagères et aux soins. À moins d’augmenter le nombre d’heures dans une journée, cela impose une limite absolue à la capacité des femmes de travailler plus d’heures et de viser des emplois plus exigeants qui demandent de travailler plus tard et de faire des heures supplémentaires. Les femmes sont cinq fois plus susceptibles de prendre congé pour s’occuper d’un membre de la famille. Compte tenu de cette réalité, s’il n’y a pas de politiques concernant les congés pour raisons familiales ou les congés de maladie, les femmes sont encore plus marginalisées dans la population active, et leurs possibilités d’avoir une promotion et un meilleur salaire diminuent[7]. Les membres néo-démocrates ont appris que les coûts des services de garde et l’absence de places nuisent énormément à la participation des femmes dans les domaines des STGM. Un grand nombre de témoins ont recommandé au gouvernement fédéral de faire des garderies une priorité. Comme l’a clairement exprimé un témoin : Dans les milieux où il y a des services de garde abordables et facilement accessibles, la participation des femmes dans la population active augmente; l’écart salarial se réduit; et les taux de promotion augmentent également[8]. De même, Dans tous les pays qui ont fourni des services de garde accessibles et abordables, le niveau d’emploi des femmes a augmenté. Ces faits sont donc clairs[9]. Les membres néo-démocrates ont constaté que l’accès à des services de garde abordables est, pour reprendre les propos d’une intervenante, « un problème fondamental[10] ». Le Comité a également appris des représentants de Condition féminine Canada que les femmes ont besoin de services de garde pour pouvoir faire des choix : Comme nous avons pu l’entendre et comme de nombreuses études l’ont révélé, ce sont encore les femmes qui, plus souvent qu’autrement, doivent s’occuper des enfants et même des aînés. C’est un autre facteur qui limite les choix des femmes et leur capacité à satisfaire aux exigences inflexibles du marché du travail. Les groupes avec lesquels nous travaillons en vue d’améliorer les perspectives d’emploi des femmes dans ces domaines, citent également sans cesse les difficultés d’accès aux services de garde d’enfants pour les travailleuses par quart[11]. LIEUX DE TRAVAIL SÉCURITAIRES Les néo-démocrates ont appris des témoins que la sécurité en milieu de travail demeure un problème pour les femmes dans les domaines des STGM. Comme l’a dit un d’entre eux : La plupart de nos décideurs sont des hommes en position d’autorité qui ont profité aveuglément de leur privilège sans jamais devoir comprendre en quoi consiste une micro-agression, pourquoi la sécurité et le harcèlement au travail vont de pair avec la sécurité d’emploi, et pourquoi avoir une famille et plus de responsabilités peut signifier, aux yeux de certains, qu’une personne est moins sérieuse et moins en mesure d’assumer un rôle de premier plan dans une entreprise, plutôt que l’inverse[12]. Le harcèlement et le fait de ne pas être pris au sérieux, en tant que formes d’oppression, ont aussi été mentionnés à maintes reprises par les témoins. Une intervenante a signalé que le problème : n’est pas seulement imputable aux employeurs. Ce peut parfois être aussi dans les établissements, où l’on a l’impression que les femmes ne prennent pas les choses au sérieux. Elles se sont fait dire des choses comme le fait qu’elles devraient peut-être se trouver un époux plutôt que d’être soudeuse[13]. CONCLUSION Le Canada a besoin de femmes dans les domaines des STGM pour avoir une économie saine et diversifiée. Il importe de créer des emplois spécialisés et bien rémunérés tant pour les femmes que pour les hommes. Pour y arriver, il faut éliminer les inégalités et les obstacles qui ont pour effet d’exclure systématiquement les femmes dans ces domaines et de corriger les inégalités salariales qui perdurent. En outre, en mettant en place des politiques favorables à la famille, comme des services de garde accessibles et abordables, nous contribuons à accroître la stabilité financière des femmes, la participation des femmes sur le marché du travail et « les probabilités qu’elles trouvent les emplois qu’elles désirent, et ce, au moment où elles le souhaitent[14] ». Le NDP recommande :
[1] Saira Muzaffar (TechGirls Canada). [2] Kate McInturff, 2015-04-23, 1123. [3] Saira Muzaffar (TechGirls Canada). [4] Kate McInturff, 2015-04-23. [5] Karen Low. [6] Saira Muzaffar (TechGirls Canada). [7] Kate McInturff, 2015-04-23, 1123. [8] Kate McInturff ,2015-04-23, 1123. [9] Kate McInturff , 2015-04-23. [10] Lisa Kelly (directrice, Département des femmes, Unifor), 2015-05-05. [11] Linda Savoie, 2015-03-24, 1151. [12] Saira Muzaffar (TechGirls Canada). [13] Nancy Darling (administratrice du programme, femmes en formation dans les métiers, campus Kelowna, Collège Okanagan), 2015-04-28. [14] Kate McInturff, 2015-04-23. |