FINA Rapport du Comité
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CHAPITRE 4 – AUTRES EFFETS DU REPLI DES COURS DU PÉTROLE SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNEA. Niveaux des prix et taux de change1. ContexteSelon un rapport publié par la Banque du Canada en janvier 2015, la dépréciation qu’a connue le dollar canadien entre juin 2014 et février 2015 a entraîné un renchérissement des biens importés au cours de la période, qui s’est traduit par une hausse de 0,2 à 0,3 point de pourcentage de l’inflation mesurée par l’indice de référence au cours du second semestre de 2014 par rapport à ce qui aurait été le cas s’il n’y avait pas eu de dépréciation. La Banque a souligné que deux facteurs ont fait contrepoids à cette hausse de l’inflation mesurée par l’indice de référence, en exerçant des pressions à la baisse sur les prix et en limitant la hausse nette de l’inflation ainsi mesurée pendant la période : la présence de capacités excédentaires dans l’économie et la concurrence dans le commerce de détail. La Banque projetait dans son rapport une disparition graduelle de l’incidence de la dépréciation sur l’inflation mesurée par l’indice de référence en 2016 et le maintien de cette mesure légèrement inférieur à sa cible de 2 % jusqu’à la fin de 2016. Comme l’expliquait un document d’information de la Banque du Canada datant de 2012, le taux de change du dollar canadien est fonction de certains facteurs internes, dont :
Le taux de change est aussi fonction d’un certain nombre de facteurs externes, dont :
La figure 5 résume les relations entre le cours mondial du pétrole et l’économie canadienne par cinq grandes courroies de transmission, et elle illustre le lien entre le revenu, les taux de change et l’inflation au Canada. Figure 5 – Relation entre les cours mondiaux du pétrole et l’économie canadienne Source : Figure élaborée à l’aide de renseignements extraits du Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada de janvier 2015 Selon le document d’information publié en 2012 par la Banque du Canada, et comme l’illustre la figure 6, les cours mondiaux des produits de base, dont le pétrole, sont le principal déterminant de la valeur relative du dollar canadien à long terme. Dans un rapport de janvier 2015, la Banque du Canada explique que le fléchissement récent du taux de change entre les dollars canadien et américain s’explique essentiellement par une baisse des revenus issus des exportations de pétrole et un recul des investissements des entreprises dans le secteur pétrolier canadien. Figure 6 – Cours du pétrole en dollars américains réels (mars 2015) et taux de change Canada-États-Unis (mensuel; janvier 1974 à mars 2015) Nota : Le « cours du pétrole » est le « U.S. Crude Oil Composite Acquisition Cost by Refiners », exprimé en dollars américains réels (mars 2015) selon le « U.S. Consumer Price Index for All Urban Consumers ». Sources : Figure élaborée à l’aide de renseignements extraits de : U.S. Energy Information Administration, Petroleum & Other Liquids, « U.S. crude oil composite acquisition cost by refiners » Data; U.S. Bureau of Labour Statistics, « Consumer Price Index – All Urban Consumers, U.S. All Items », Data Tools: Top Picks; et Statistique Canada, Tableau 176-0064, « Taux de change étranger, Banque du Canada (mensuel) » à la clôture, en dollars américains (base de données CANSIM). Dans ce rapport de janvier 2015, la Banque précise que les investissements des entreprises dans le secteur pétrolier étant en partie financés par des capitaux étrangers, l’afflux net de ce type de capitaux au Canada a décliné au cours de l’année écoulée; cette diminution, combinée à la baisse des revenus issus des exportations de pétrole, explique la dépréciation du dollar canadien. Les investissements des entreprises dans le secteur pétrolier canadien ont aussi été touchés par cette dépréciation, car les intrants importés des États-Unis sont devenus relativement plus coûteux. Si le repli des cours mondiaux du pétrole brut a eu un effet négatif sur le secteur pétrolier canadien, les exportateurs des secteurs non énergétiques – comme la fabrication – sont devenus plus compétitifs au niveau international par suite de la dépréciation de notre dollar. À la faveur d’une demande étrangère accrue de biens non énergétiques que le Canada exporte, la dépréciation s’est traduite par une hausse des ventes des exportateurs des secteurs non énergétiques et pourrait mener à une poussée des investissements des entreprises dans ces secteurs. 2. Opinions des témoinsDes témoins ont décrit l’incidence d’un repli des prix du pétrole sur l’inflation et l’activité économique, le cours du dollar canadien, la compétitivité internationale et les exportations canadiennes, ainsi que sur les décisions en matière d’épargne et de dépense des consommateurs nord-américains. Concernant l’objet de sa politique monétaire – faire en sorte que l’inflation revienne à la cible de 2 % à moyen terme – la Banque du Canada a mentionné que sa décision du 21 janvier dernier d’abaisser le taux cible du financement à un jour d’un quart de point de pourcentage visait à atténuer l’effet négatif de la chute des prix du pétrole sur l’économie canadienne. Comme Unifor, elle a prévu que le prix du brent s’établirait autour des 60 $US le baril d’ici la fin de 2016, en supposant que son scénario de référence se réalise. Par ailleurs, la Banque du Canada a laissé entendre que, sans intervention sur le plan de la politique monétaire, le PIB réel au Canada aurait été inférieur de 1,4 % environ à la prévision de 2,5 % faite pour la fin de 2016 et que l’écart de production – soit l’écart entre l’activité économique effective et l’activité économique en plein régime – aurait été éliminé en 2017, plutôt qu’à la fin de 2016. Unifor a noté que, ces dernières années, la demande nette d’exportations canadiennes a diminué, lorsque le prix du pétrole, le cours relatif du dollar canadien et les investissements étrangers ont augmenté. Selon Manufacturiers et exportateurs du Canada, le recul récent des cours du pétrole peut s’expliquer pour moitié par l’offre et la demande dans le secteur pétrolier, et pour moitié par le raffermissement du billet vert par rapport aux autres monnaies, car le cours du pétrole est libellé en dollars américains. L’organisme a également déclaré que le fléchissement du cours du pétrole qui est en partie dû à un raffermissement du dollar américain est un signal que l’économie mondiale connaît des déséquilibres financiers problématiques. Unifor a affirmé que le dollar canadien s’est apprécié par rapport aux monnaies des grands pays avec lesquels le Canada entre en concurrence dans le secteur manufacturier. L’organisme a expliqué que, alors que les prix du pétrole reculaient entre juin 2014 et février 2015, le cours du dollar canadien se raffermissait par rapport à l’euro et restait stable par rapport au yen japonais et au peso mexicain, ce dernier étant la monnaie d’un pays qui représente, selon lui, le plus important fournisseur de pièces automobiles importées par le Canada. Toujours selon Unifor, le principal avantage du fléchissement du prix du pétrole pour l’économie canadienne aura été le recul du cours relatif du dollar canadien au point où ce cours reflétera plus exactement le pouvoir d’achat de la monnaie par rapport au coût de la vie au pays. Il a laissé entendre que cette dépréciation aura des effets immédiats et à plus long terme sur la demande nette de biens et services canadiens dans tous les secteurs faisant l’objet d’échanges internationaux, notamment le secteur manufacturier, le tourisme et certains services. Par ailleurs, selon Unifor, un cours relativement plus bas du dollar canadien sera utile aux secteurs du pétrole et des ressources naturelles en atténuant certains des impacts du repli des cours mondiaux du pétrole. Cela étant, Unifor et l’Association des produits forestiers du Canada ont déclaré que la possibilité qu’un taux de change canadien plus faible améliore la compétitivité du pays et rétablisse la capacité du secteur manufacturier perdue au cours de la dernière décennie dépend de la durée de la période durant laquelle le taux de change demeurera plus faible. RBC Groupe financier s’attend à ce que le recul des cours du pétrole se traduise par des économies de 150 milliards de dollars pour les consommateurs américains, ce qui devrait stimuler les dépenses dans d’autres secteurs; par conséquent, les exportations du Canada à destination des États-Unis devraient grimper. Il a ajouté que les consommateurs canadiens économiseront 11 milliards de dollars, économies qui devraient se traduire par une hausse des dépenses. B. Le secteur pétrolier et gazier1. ContexteLe recul récent des cours mondiaux du pétrole devrait réduire les investissements en capitaux et la production dans le secteur pétrolier canadien. Certaines compagnies, telles que Suncor Energy Inc., Cenovus Energy et Canadian Natural Resources Limited, ont déjà annoncé des réductions de leurs dépenses en capital pour 2015. Un rapport de janvier 2015 du Conference Board du Canada prévoyait une diminution de 23,0 %, de 2014 à 2015, des investissements réels des entreprises en capitaux et en exploration dans le secteur pétrolier du Canada, et il annonçait des reculs de 6,6 % de la production pétrolière et de 2,7 % des activités de construction, en raison essentiellement du repli des investissements dans le secteur de l’énergie. Toujours selon ce rapport de janvier 2015 du Conference Board, l’Alberta – qui fournit 77,0 % environ de l’ensemble de la production pétrolière du pays – verrait son PIB réel reculer de près de 5,0 % en 2015. La Saskatchewan, qui compte pour approximativement 13,4 % de la production pétrolière du pays, accuserait une baisse de son PIB réel de près de 2,0 % en 2015, et Terre‑Neuve‑et‑Labrador – qui produit environ 6,4 % du pétrole canadien – devrait voir son PIB chuter de 2,0 %. Dans un rapport de 2015, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré qu’à court terme le recul actuel de la production pétrolière mondiale devrait probablement avoir pour contrepoids la volonté des compagnies pétrolières de maximiser leur production pour rentabiliser les investissements dans les projets existants. Cependant, les projets pétroliers conventionnels – sans procédé spécialisé d’extraction et de transport – enregistreront probablement une forte chute de production, car le forage se produit essentiellement au cours des mois d’hiver. Dans un rapport publié en janvier 2015, Recherche économique RBC mentionnait que les projets liés aux sables bitumineux s’accompagnent de fortes dépenses en capital initiales et de longs délais de récupération, de telle sorte que les producteurs retarderont probablement les nouveaux projets dans l’espoir d’un redressement des cours du pétrole, nécessaire pour rentabiliser les coûts initiaux. Dans son rapport d’août 2013, le Comité permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles de la Chambre des communes concluait que le recul des cours du pétrole pouvait également toucher le transport du pétrole. Selon lui, le transport étant plus onéreux par chemin de fer que par pipeline, il pourrait être moins rentable de transporter le pétrole par voie ferrée si les cours du pétrole baissent; les services de transport par pipeline ne devraient pas être sensiblement touchés par le repli des cours mondiaux du pétrole, à moins que ces cours ne chutent à des niveaux qui obligent à diminuer la production pétrolière. 2. Opinions des témoinsLes témoins ont mentionné la réduction des investissements en capitaux dans le secteur pétrolier et gazier canadien, la diminution de la production pétrolière du Canada et les moyens d’élargir les marchés d’exportation du pétrole canadien. L’Association canadienne des producteurs pétroliers a souligné que les investissements en capitaux attendus dans la production pétrolière diminueront en 2015 d’un tiers, tombant des 70 milliards de dollars attendus à environ 50 milliards de dollars. Encana Corporation a noté qu’elle réduirait ses dépenses d’équipement en 2015 de 700 millions de dollars, dont 300 millions au Canada, tandis que Suncor Energy Inc. a affirmé que son budget d’immobilisations pour 2015 diminuerait d’un milliard de dollars. S’agissant du forage pétrolier et du nombre de plateformes de forage, l’Association canadienne des producteurs pétroliers a affirmé que le forage de pétrole conventionnel avait reculé de plus d’un tiers depuis janvier 2015, tandis que Packers Plus Energy Services mentionnait que le nombre de plateformes de forage pétrolier en Amérique du Nord avait reculé de manière spectaculaire depuis novembre 2014. L’Association canadienne des producteurs pétroliers a indiqué que ses membres augmenteront la production pétrolière de 150 000 barils de pétrole par jour en 2015 et de 190 000 barils par jour en 2016. Selon Andrew Leach, la hausse devrait être moindre que prévue si les cours du pétrole et l’offre demeurent à leurs niveaux actuels. Pour ce qui est de l’effet des variations des cours mondiaux du pétrole sur les revenus des sociétés, Suncor Energy Inc. a expliqué qu’une fluctuation de 10 $ du prix du baril se traduit par une variation d’un milliard de dollars dans les revenus. Andrew Leach a mentionné que le prix du disponible influe sur le coût de mise sur pied de nouveaux projets et que les projets existants sont viables à un cours du pétrole inférieur, car le cours était plus élevé au moment de la mise sur pied initiale. L’Association canadienne des producteurs pétroliers, Encana Corporation et Suncor Energy Inc. ont estimé nécessaire d’accroître l’accès au marché en construisant des pipelines pour transporter le pétrole et le gaz de l’Ouest du pays aux côtes Est et Ouest du Canada. Packers Plus Energy Services a laissé entendre que le pétrole canadien livré à la côte pourrait être vendu à un prix analogue à celui du brent, plutôt qu’à celui du WTI, qui lui est inférieur. La Alberta Federation of Labour a prédit que les pipelines visant à desservir de nouveaux marchés n’augmenteraient pas le prix du pétrole canadien, car le nombre de raffineries dans le monde capables de transformer le pétrole canadien produit à partir de bitume est limité. Andrew Leach a rajouté que, en raison des coûts supplémentaires de raffinage, le pétrole produit à partir de bitume ne serait pas vendu au même prix que celui dérivé du brent s’il était exporté. C. Carburants renouvelables et secteur producteur d’énergie1. ContexteLes biocarburants issus de sources renouvelables, comme l’éthanol et le biodiesel, peuvent remplacer l’essence et le diesel. L’éthanol est généralement produit à partir de maïs ou de blé, tandis que le biodiesel provient d’huiles végétales et de graisse animale. Selon un rapport de Ressources naturelles Canada, en 2013, le Canada se classait cinquième au monde pour la production de biocarburant, car il produisait 2,0 % de l’offre mondiale. Le secteur du biocarburant bénéficie de règlements fédéraux et provinciaux qui fixent un contenu minimum en carburant renouvelable pour l’essence et le diesel. Le gouvernement fédéral exige, en particulier, que 5,0 % de l’essence et 2,0 % du diesel et du fuel-oil domestique vendus au Canada proviennent de sources renouvelables. En outre, cinq provinces – la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’Ontario – se sont dotées de réglementations analogues en matière de biocarburant, et parfois même plus strictes. L’offre et la demande d’électricité sont fonction de la population, de la croissance du PIB et du développement industriel. Selon Statistique Canada, les mines ainsi que le secteur de l’extraction du pétrole et du gaz représentaient près de 19,0 % de l’ensemble de l’utilisation d’électricité par les industries au Canada en 2013; le secteur de l’extraction du pétrole et du gaz est essentiellement concentré en Alberta. 2. Opinions des témoinsDes témoins ont commenté les exigences fédérales en matière d’éthanol et de biodiesel, les exportations d’éthanol canadiennes et le secteur de la production d’électricité. L’Association canadienne des carburants renouvelables a souligné que les mandats fédéraux obligeant à mélanger de l’éthanol dans les sources d’essence et du biodiesel dans les sources de diesel, lorsqu’ils sont destinés à la vente de détail, ont fait contrepoids aux effets de la faible demande d’éthanol dans le commerce de détail, attribuable à la chute des prix de l’essence. L’Association a expliqué que le prix de gros de l’éthanol a de tout temps été inférieur de 0,20 $ le litre au prix de l’essence, de sorte que les détaillants mélangeaient de l’éthanol à des taux supérieurs aux exigences fédérales; avec la chute des cours du brut, les détaillants sont moins incités à poursuivre cette pratique. De même, l’Association canadienne des carburants renouvelables a souligné que les États-Unis ont réduit leurs importations d’éthanol, ce qui a touché la demande d’éthanol canadien. S’agissant de l’effet à long terme du recul des cours du pétrole sur la production d’électricité, TransAlta Corporation a déclaré que les investissements visant à renouveler l’infrastructure nécessaire à la production d’énergie seront plus difficiles à effectuer. D. Le secteur manufacturier1. ContexteToute diminution des cours mondiaux du pétrole réduit en général la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain, dépréciation qui se répercute sur le secteur manufacturier canadien par deux grandes courroies de transmission : les prix à la production et les coûts des intrants. Étant donné que son économie est de petite taille par rapport à celle des États‑Unis, notre plus important partenaire économique, le Canada est généralement un « preneur de prix ». Selon Industrie Canada, près de 80 %, en valeur, des exportations de produits manufacturés canadiens sont destinées aux États-Unis et donc libellées en dollars américains. À court terme, lorsque la valeur des exportations est exprimée en dollars canadiens, une dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain se traduit par une augmentation des prix des extrants pour les fabricants canadiens qui exportent vers les États-Unis. Comme le note un document de travail d’août 2005 de la Banque du Canada, toutes choses égales par ailleurs, des prix des extrants plus élevés se traduisent par une rentabilité accrue pour les fabricants canadiens. Ce document de travail constatait qu’à long terme une dépréciation du dollar canadien peut inciter les fabricants canadiens à abaisser le prix de leurs extrants – exprimés en dollars américains – de manière à devenir plus concurrentiels par rapport aux fabricants américains. Par cette concurrence sur le plan des prix, les fabricants canadiens peuvent augmenter la valeur de leurs exportations vers les États-Unis. Pour les fabricants canadiens qui importent des marchandises américaines comme intrants, dont le prix est donc exprimé en dollars américains, tout recul du cours de notre monnaie par rapport au dollar américain se traduit par une hausse du coût des intrants. Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse des coûts des intrants réduit la rentabilité. Certains biens sont à la fois des extrants et des intrants pour les fabricants canadiens, comme le bois d’œuvre résineux, les produits du métal et les produits en plastique. L’indice des prix des produits industriels mesure l’évolution des prix départ usine des principales marchandises. La figure 7 illustre la hausse du prix de produits industriels comme le bois d’œuvre résineux, les produits en plastique et en caoutchouc et les produits primaires de métaux ferreux, pour le Canada et pour les États-Unis; les prix industriels ont accusé des majorations plus fortes au Canada qu’aux États-Unis de janvier 2013 à décembre 2014. Figure 7 – Hausse des prix industriels, Canada et États-Unis, par groupe de produits, janvier 2013–décembre 2014 Sources :Figure préparée à l’aide de renseignements obtenus de Statistique Canada, Tableau 329-0075, « Indice des prix des produits industriels, selon le Système de classification des produits de l’Amérique du Nord (CSPAN), mensuel » et du U.S. Department of Labor, Bureau of Labor Statistics, Producer Price Index Industry Data. La part d’extrants que les manufacturiers exportent aux États‑Unis est généralement plus importante que la part d’intrants qu’ils en importent; par conséquent, en moyenne, les fabricants canadiens sont avantagés par un recul du cours du dollar canadien par rapport au dollar américain. Cette dépréciation peut également accroître l’attrait que représente le secteur manufacturier canadien pour les investissements étrangers directs provenant des États-Unis. 2. Fabrication automobileSelon Statistique Canada, le secteur automobile canadien – qui comprend la fabrication des véhicules et des pièces automobiles – représentait plus de 10,0 % de l’ensemble de la fabrication manufacturière en 2014. La récession récente a provoqué un déclin de la part qu’occupe la production de ce secteur dans l’ensemble du PIB du secteur manufacturier au Canada, tombée de 10,7 % en 2007 à 7,0 % en 2009. La production automobile s’est redressée après la récession, et sa part dans l’ensemble du PIB manufacturier a atteint un sommet de 10,4 % en 2012; en 2014, sa part est restée à peu près identique. En dollars réels, le PIB du secteur automobile canadien demeure inférieur à ce qu’il était avant la récession; il se chiffrait à 18,0 milliards de dollars en 2014, contre 19,8 milliards de dollars en 2007. La production automobile est intégrée dans toute l’Amérique du Nord. Le gros de la production canadienne est exporté, presque exclusivement vers les États-Unis. Les importations de pièces automobiles américaines constituent un intrant important dans la production et les exportations de véhicules canadiennes. C’est ce qui distingue le secteur automobile de la plupart des autres secteurs manufacturiers au Canada. Selon Industrie Canada, en 2014, nos exportations d’automobiles se chiffraient à 66,3 milliards de dollars, tandis que nos importations totalisaient 85,4 milliards de dollars, ce qui représentait un déficit commercial de 19,1 milliards de dollars. Selon un rapport de mai 2014 publié par Recherche économique RBC, la lente remontée du montage des véhicules automobiles, après la récession récente, traduit l’évolution des modèles de production en Amérique du Nord depuis la promulgation de l’Accord de libre-échange nord-américain. Ce rapport faisait valoir que la part mexicaine de la production automobile nord-américaine est passée de 7,0 % en 1994 à 20,0 % en 2011, et signalait que, en partie en raison des cours relativement élevés des dollars canadien et américain après la dernière récession, la préférence pour la production automobile mexicaine s’est intensifiée ces dernières années. Il note aussi que malgré que l’on s’attende à ce que les ventes et la production d’automobiles au Canada progressent au cours des prochaines années sous l’effet de la croissance économique aux États-Unis et d’une baisse du cours de notre dollar par rapport au dollar américain, l’expansion prévue de la capacité au Mexique et la hausse des investissements aux États-Unis pourraient réduire davantage la part qu’occupe le Canada dans la production automobile nord‑américaine. 3. SidérurgieDans un rapport publié en octobre 2013, l’Association canadienne des producteurs d’acier signalait que le Canada produisait environ 14 millions de tonnes d’acier par an et enregistrait des ventes pouvant aller jusqu’à 14 milliards de dollars par an; près d’un tiers de toutes les expéditions d’acier canadien sont exportées. Selon l’Association, les produits en acier – matériaux de construction, structures usinées et équipements de forage – sont fournis directement à des grossistes, des entrepreneurs et des consommateurs; les producteurs d’acier font également partie de la chaîne d’approvisionnement de grands secteurs industriels canadiens, surtout l’automobile, l’énergie et la construction. 4. Fabrication de produits forestiersSelon un rapport publié en mai 2014 par l’Association des produits forestiers du Canada, le secteur de la fabrication des produits forestiers affiche un PIB annuel de 19,2 milliards de dollars, ce qui représente environ 9,2 % de l’ensemble de la production du secteur manufacturier. Selon ce rapport de 2014 préparé par le Centre d’étude des niveaux de vie pour l’Association des produits forestiers du Canada, au cours de la récession de 2008-2009 l’activité du secteur des produits forestiers – mesurée par le PIB réel – a chuté de 19,0 %, et les investissements réels en capitaux, de 40,0 %. Le rapport mentionne que, même si le secteur s’est redressé de 2009 à 2012, son PIB et son stock de capital demeurent inférieurs aux niveaux d’avant la récession. Il indique aussi que les reculs du PIB réel entre 2000 et 2012 étaient attribuables à des changements structurels à plus long terme de la demande de produits forestiers, notamment la préférence pour les médias électroniques, sans compter l’incidence du cycle conjoncturel récent et les effets d’un dollar canadien plus fort que son pendant américain jusqu’en 2014. Toujours selon ce rapport, en 2009, la valeur ajoutée, en termes nominaux, du secteur des produits forestiers à l’économie canadienne a atteint sa plus faible proportion des 50 dernières années, soit 1,1 %, contre 4,3 % en 1961, donc une baisse de 3,2 points de pourcentage. Le rapport de l’Association des produits forestiers du Canada précise également que les gains sur le plan de la technologie – grâce à la recherche et développement et au remplacement d’équipements désuets – ont appuyé la compétitivité internationale du secteur de la fabrication de produits du bois au cours de la reprise, la productivité de la main-d’œuvre progressant à un taux annuel moyen de 1,7 % de 2008 à 2012. Au cours de la même période, la productivité du travail dans le secteur de la fabrication du papier est tombée de 2,3 %, ce qui a limité les gains de productivité dans le secteur des produits de la forêt pris dans son ensemble. 5. Opinions des témoinsLes témoins ont évoqué les effets du recul des cours mondiaux du pétrole sur le secteur manufacturier de manière générale et sur trois sous-secteurs en particulier, à savoir l’automobile, la sidérurgie et la fabrication de produits forestiers. Le Congrès du travail du Canada a expliqué que, pour la planification des affaires, le secteur manufacturier tient compte d’un certain nombre de facteurs, notamment le recul des cours mondiaux du pétrole, la situation géopolitique au Proche-Orient, l’instabilité économique en Europe et les réactions des États-Unis à l’instabilité en Europe. Il a souligné plus particulièrement qu’après une récession qui a provoqué une perte semi‑permanente de capacité dans plusieurs secteurs manufacturiers qui exportent, les investissements des entreprises du secteur manufacturier et d’autres secteurs ont tardé à rebondir. À son avis, les employeurs du secteur manufacturier augmenteront l’investissement et l’embauche uniquement lorsque l’économie canadienne affichera une solidité plus soutenue et si le taux de change auquel se situe le dollar canadien, 0,80 $ CA pour 1 $ US, se maintient. Selon Philip Cross, la production manufacturière ne devrait pas revenir à son niveau d’avant‑récession, car pendant la récession et les années qui ont immédiatement suivies, les fabricants ont délaissé leurs clients américains pour fournir le secteur pétrolier et gazier de l’Ouest du Canada. Unifor a souligné la nécessité de maintenir la diversité dans l’économie en maximisant les liens à valeur ajoutée entre le secteur manufacturier et le secteur des ressources naturelles. Pour lui, le Canada aurait dû davantage investir dans le raffinage pétrolier au cours des 10 dernières années, lorsque les prix du pétrole étaient plus élevés et le secteur pétrolier et gazier, plus rentable. Il a souligné que, depuis 2002, le PIB réel dans le raffinage de pétrole a reculé de plus de 10,0 %, alors que l’extraction pétrolière et gazière prenait de l’ampleur. Dans son mémoire au Comité, Manufacturiers et exportateurs du Canada a précisé que 76,0 % des fabricants canadiens jugent que la baisse des cours du pétrole – combinée à une demande plus forte des États-Unis à l’égard des produits manufacturés canadiens et à la faveur d’un cours relatif plus faible du dollar canadien – stimulera les ventes, les profits et l’emploi dans le secteur manufacturier canadien en 2015. Il y note également que la production manufacturière du Canada devrait croître de plus de 5 % de 2014 à 2015. Manufacturiers et exportateurs du Canada a précisé que, pour que notre secteur manufacturier tire parti de la baisse des prix du pétrole et de la dépréciation du cours de notre monnaie, les fabricants – surtout les petites et moyennes entreprises – doivent demeurer concurrentiels à l’échelle mondiale en suivant trois orientations : se doter de nouvelles technologies de production et de fabrication; améliorer la formation spécialisée; et la collaboration avec les universités et les collègues pour que les étudiants aient plus d’expérience pratique. Pour l’organisme, les économies éventuelles de coût pour le secteur manufacturier issues du recul des prix du pétrole – et donc la réduction des coûts des intrants de l’énergie – ne se traduiront pas pour le moment par des économies significatives. Ceci dit, pour lui, certains fabricants vont réaliser des économies grâce à des coûts d'intrants plus bas pour les matières plastiques, les produits pétrochimiques et les produits du pétrole raffiné. Manufacturiers et exportateurs du Canada a ajouté que, jusqu’ici, les secteurs du camionnage et du transport ferroviaire n’ont pas fait bénéficier leurs clients des économies liées à une baisse des coûts de l’énergie. Selon l’organisme, au moins une portion de ces économies sont réinvesties de manière à améliorer la capacité et la productivité et à accroître l’emploi. Il a noté que les réinvestissements récents des profits par les raffineries de pétrole dans le but d’accroître la capacité et la productivité expliquent en partie le recul relativement plus important des cours du pétrole par rapport à celui des prix de l’essence au détail. À propos des effets des fluctuations du taux de change sur l’investissement en capitaux dans le secteur manufacturier, Manufacturiers et exportateurs du Canada a affirmé que les entreprises ayant des coûts d’inventaire et de matériel importants peuvent ne pas être en mesure d’accroître leurs ventes à destination des États-Unis dans l’immédiat si le dollar canadien est déprécié. Avec le temps, selon l’organisme, une baisse du taux de change peut accroître l’investissement dans le secteur manufacturier à mesure que ces entreprises commencent à vendre davantage aux États-Unis et solidifient ainsi leur rentabilité. Pour ce qui est du secteur automobile, l’Association des fabricants de pièces d’automobile du Canada a mentionné que, pour la plupart des fournisseurs, de 50 à 65 % des intrants sont libellés en dollars américains. Cela dit, il a noté que, au cours de l’épisode récent de hausse du taux de change, des fabricants ont commencé à exprimer le coût de leurs intrants en dollars canadiens pour éviter les risques liés aux fluctuations de taux de change; ces fabricants n’auraient pas bénéficié de la dépréciation récente du dollar canadien. Par ailleurs, l’Association des fabricants de pièces d’automobile du Canada a affirmé que l’essor du secteur automobile en Amérique du Nord a surtout touché le Mexique et le Sud‑Est des États-Unis. Il a souligné que, pour les 55 entreprises canadiennes fabriquant des pièces automobiles qui ont établi 110 usines au Mexique pour répondre à la croissance de la fabrication automobile dans ce pays, la dépréciation du dollar canadien ne présente aucun avantage sur le plan du coût des intrants. L’Association canadienne des constructeurs de véhicules a laissé entendre que le repli du cours du pétrole aurait à long terme un effet mitigé sur le secteur automobile canadien sur le plan tant des achats que de la fabrication. Pour elle, il faut un certain temps pour que les modifications des coûts de production influent sur les perspectives de compétitivité, sur les choix d’investissement et sur les décisions de transférer les économies aux consommateurs, car les entreprises de ce secteur prennent généralement des engagements à long terme par la voie de contrats conclus avec les fournisseurs et services de transport. Elle a mentionné que, par exemple, les ventes de véhicules neufs au Canada étaient supérieures de 2,0 % à 3,0 % environ en janvier 2015 à ce qu’elles étaient en janvier 2014. Cette progression est à peu près identique à ce qui était attendu avant le recul des cours du pétrole amorcé en 2014. De surcroît, l’Association canadienne des constructeurs de véhicules a affirmé que, bien que la production et les ventes d’automobiles se maintiennent au Canada, le secteur automobile affiche des disparités régionales sur le plan des ventes; par exemple, en Alberta, les ventes de véhicules neufs étaient inférieures en janvier 2015 à ce qu’elles étaient en janvier 2014, alors que les ventes en général pour le pays avaient continué d’augmenter. Elle a ajouté que, même si l’on s’attend à une baisse de la demande à plus long terme, le fléchissement des cours du pétrole a consolidé les ventes de camions et de véhicules multisegments en Amérique du Nord. Elle a laissé entendre que, de manière plus générale, la production automobile au Canada devrait se redresser à la faveur du recul des cours du pétrole et de la dépréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain, à condition que la demande américaine d’automobiles continue d’être forte. Concernant la sidérurgie, l’Association canadienne des producteurs d’acier a expliqué que la diminution des dépenses en équipements dans le secteur de l’énergie canadien minera directement la demande de produits d’acier au pays. Cela dit, selon l’organisme, le recul des cours du pétrole et la dépréciation de notre monnaie présentent des avantages nets sur le plan des coûts des intrants, notamment la diminution des coûts de transport. Elle a également affirmé que les concurrents étrangers de notre secteur sidérurgique vivent les mêmes changements sur le plan des coûts de production résultant de la baisse des cours du pétrole; par conséquent, pour demeurer compétitifs, les producteurs d’acier canadiens doivent devenir plus productifs. L’Association canadienne des producteurs d’acier a expliqué, en outre, que l’effritement des dépenses en capital dans notre secteur de l’énergie aura un effet négatif sur la demande de produits d’acier, notamment les matériaux de construction, les structures usinées, l’équipement de forage, les usines de traitement, les installations d’entreposage et les pipelines et wagons servant au transport des produits du pétrole et du gaz canadiens vers des marchés nationaux et étrangers. Par ailleurs, l’Association canadienne des producteurs d’acier a mentionné que, au cours des 10 dernières années et essentiellement en raison de la surcapacité en Chine et ailleurs, plutôt que d'investir dans les nouvelles usines nord-américaines, les fabricants d’acier ont décidé d'apporter des améliorations de productivité en investissant dans les nouvelles technologies, y compris les technologies de l'environnement. Concernant l’environnement, l’Association canadienne des producteurs d’acier a souligné que le secteur sidérurgique du Canada investit dans des technologies et des équipements dans le but de se conformer à toute une gamme d’exigences écologiques, surtout les règlements provinciaux en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Elle a affirmé que, par rapport à d’autres pays où les règlements en matière environnementale et les protocoles d’application des lois sont moins stricts, la sidérurgie canadienne est plus viable sur le plan environnemental à long terme. De même, l’Association canadienne des producteurs d’acier a indiqué que, par suite de la décision prise en janvier 2015 par le Tribunal canadien du commerce extérieur dans le but d’établir des droits antidumping, le prix des barres d’armature deviendra plus abordable dans le secteur du logement de Colombie-Britannique; ces droits s’appliquent à la Chine, à la Corée du Sud et à la Turquie. Pour ce qui est de la fabrication de produits forestiers, l’Association des produits forestiers du Canada a fait savoir que le repli des cours du pétrole s’est traduit par une augmentation de la production dans le secteur des produits forestiers canadien à court terme grâce à une réduction des coûts de fabrication et à la dépréciation du dollar canadien vis‑à‑vis du dollar américain, laquelle a stimulé les exportations vers les États‑Unis, où l’économie est en plein essor. Elle a laissé entendre que les exportations de produits forestiers ont progressé en valeur de 10 % au cours de l’année écoulée et que l’on s’attend à une croissance à plus long terme pour un certain nombre de produits comme la pâte de bois, le bois d’œuvre, le papier hygiénique et les bioproduits. Cela dit, l’Association a noté que, même si le Canada devance les États-Unis dans le secteur du bois de sciérie et est le plus important exportateur de produits forestiers vers des pays comme la Chine, il faut continuer d’investir dans la transformation à valeur ajoutée, l’innovation et la production viable pour demeurer concurrentiel sur le plan international. Elle a mentionné plus particulièrement son objectif d’ajouter 20 milliards de dollars à sa capacité de production annuelle de 57 milliards de dollars. E. Le marché du logement1. ContexteDans un rapport publié en janvier 2015, la Banque du Canada prévoyait, en raison des cours mondiaux du pétrole moins élevés, un tassement du marché du logement au Canada en 2015 par rapport à 2014. De l’avis de la Banque, un fléchissement de la demande de main-d’œuvre dans les provinces productrices de pétrole aura tendance à ralentir ou à renverser les mouvements migratoires récents. Plus particulièrement, l’évolution des mouvements migratoires en 2015 attribuables à la contraction de la production pétrolière et gazière dans l’Ouest du pays devrait affaiblir encore plus la demande de logements dans ces provinces. Les prévisions de l'impact de la baisse des prix du pétrole sur le marché du logement varient, selon les hypothèses faites par diverses organisations. Par exemple, selon un rapport publié en février 2015 par le Conference Board du Canada, la surabondance de condominiums dans certaines villes et le repli des cours du pétrole se traduiront par un fléchissement de 9,1 % de l’ensemble des nouvelles mises en chantier d’habitations au Canada, lesquelles passeront de 189 400 en 2014 à 171 670 en 2015. Dans son estimation, le Conference Board prévoit que les prix du pétrole s’établiront en moyenne à 56 $ US le baril en 2015. Selon un rapport récent de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), qui mise sur un cours du pétrole de 60 $ US le baril en 2015, les nouvelles mises en chantier d’habitations devraient diminuer légèrement moins que ce que prévoit le Conference Board. Comme l’illustre le tableau 1, la SCHL s’attend à un fléchissement de 1,0 % des nouvelles mises en chantier d’habitations entre 2014 et 2015 par suite d’un recul en Alberta, en Saskatchewan et à Terre‑Neuve‑et‑Labrador; elle s’attend à ce que ces mises en chantier augmentent en Ontario. Contrairement au Conference Board et à la SCHL, Services économiques TD prédisait dans un rapport de février 2015 que le cours du baril de pétrole tomberait à moins de 50 $ US début 2015 avant de remonter à 65 $ US environ en 2016. Selon cet organisme et comme l’illustre le tableau 1, les nouvelles mises en chantier d’habitations – en moyenne au Canada – reculeront de 6,3 % de 2014 à 2015, et dans une plus forte proportion en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. Il s’attend également à ce que l’Ontario affiche une réduction d’une année sur l’autre de ses mises en chantier d’habitations en 2015, même si Toronto devait afficher une progression de 0,5 % à ce chapitre. Enfin, dans les Provinces de l’Atlantique autres que Terre-Neuve et Labrador, les mises en chantier d’habitations devraient être plus nombreuses en 2015 qu’elles ne l’ont été en 2014. Tableau 1 – Prévisions des ventes de logements neufs et des reventes et prix de revente moyen, Canada et par province (écart en % de 2014 à 2015)
Sources : Tableau préparé à l’aide de renseignements obtenus auprès de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, Perspectives du marché de l'habitation, premier trimestre de 2015; et de Services économiques TD, Rapport sur les marchés de l'habitation régionaux, 12 février 2015. Tant le rapport de la SCHL que le rapport de Services économiques TD indiquent que, même si le prix des logements a tendance à être trop élevé au niveau national, l’offre et la demande de logements neufs ou autres continueront d’être relativement équilibrées et largement compatibles avec des indicateurs comme l’emploi, le revenu disponible des particuliers, les taux hypothécaires et la croissance démographique. À la faveur d’une redistribution de l’activité économique vers les provinces non productrices de pétrole, l’offre et la demande devraient, selon Services économiques TD, s’équilibrer dans des villes comme Toronto, Calgary, Edmonton et Winnipeg, et les villes d’Ottawa, de Montréal, de Québec, de Regina et de Saskatoon devraient voir les pressions qui s’exercent sur la demande de logements et les prix baisser. Par ailleurs, la SCHL a prédit que, malgré les gains au chapitre de l’emploi et de la rémunération dans les grands centres urbains des provinces non productrices de pétrole, les majorations des prix des logements limiteront le volume des achats de logements et l’accessibilité de ces derniers. 2. Opinions des témoinsDes témoins ont commenté l’incidence du recul des cours pétroliers sur le marché du logement. Dans son mémoire au Comité, l’Association canadienne des conseillers hypothécaires accrédités a affirmé que ce recul aura une incidence nette négligeable sur le marché du logement et que les effets que ressentira ce dernier proviendront essentiellement de l’évolution de trois facteurs : la création d’emplois, la confiance des consommateurs et les taux hypothécaires. L’Association a également souligné qu’en Alberta, en Saskatchewan et à Terre‑Neuve‑et‑Labrador, les conséquences négatives des pertes d’emploi ne seront pas atténuées par la faiblesse des taux d’intérêt; qu’en Ontario, au Québec, au Manitoba, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, la croissance de l’emploi et les faibles taux d’intérêt stimuleront les ventes de logement; et que pour la Colombie-Britannique, les perspectives sont neutres. L’Association a ajouté que, les baisses des taux hypothécaires résultant de la chute des cours du pétrole ayant été modestes, elles n’auront qu’une incidence légère sur le marché du logement. La municipalité régionale de Wood Buffalo a déclaré qu’elle a été en mesure, en 2014, d’obtenir de nouveaux terrains où construire des logements, même s’il lui est très difficile d’en obtenir suffisamment pour faire face à l’essor économique. Elle a mentionné que le prix des logements dans la région continue d’être relativement élevé, puisque le prix moyen d’une maison individuelle dépasse les 700 000 $; cela dit, les pressions sur les prix des logements pourraient diminuer en raison de la poursuite des mises à pied dans le secteur pétrolier et de l’augmentation du nombre de logements à vendre. F. Le marché du travail1. ContexteDans un discours prononcé en février 2015, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada a estimé qu’en 2014 l’utilisation des capacités de production dans l’industrie a été supérieure à sa moyenne historique en raison d’une progression de la productivité du travail, plutôt que d’une hausse de l’emploi. Elle a précisé qu’en termes nets quelque 10 000 emplois avaient été créés chaque mois en 2014, soit environ 3 500 de moins que ce qui serait compatible avec la croissance du marché du travail dans une économie qui fonctionne à plein régime. Lorsque l’on compare l’indicateur du marché du travail (IMT) de la Banque du Canada – indicateur synthétique qui comprend le taux de chômage officiel et d’autres mesures de l’activité du marché du travail – au taux de chômage de Statistique Canada, on constate que les estimations des variations du taux de chômage pourraient avoir surestimé l’ampleur de l’amélioration du marché du travail ces dernières années. Par exemple, si le taux de chômage est tombé de 8,3 % en 2009 à 6,9 % en 2014, l’IMT est resté relativement constant, ne passant que de 7,8 à 7,4 % pendant la même période. Selon un rapport publié en janvier 2015 par la Banque du Canada, le fait que cette mesure plus large de la marge de ressources inutilisées sur le marché du travail se situe au‑dessus du taux de chômage s’explique par plusieurs facteurs, notamment un taux de chômage à long terme qui se situe près de son sommet atteint depuis la crise (soit environ 21 semaines), un nombre moyen d’heures travaillées toujours bas et une forte proportion de travailleurs occupant un emploi à temps partiel qui préféreraient travailler à temps plein. À propos d’autres indicateurs de la faiblesse qui continue de marquer le marché du travail, la Banque du Canada signale dans un rapport de janvier 2015 que certains jeunes ayant entre 15 et 24 ans et certains travailleurs d'âge de forte activité, ayant entre 25 et 54 ans, ont quitté le marché du travail. Elle y suggère également que les hausses de salaire ont ralenti ces derniers temps, les pressions inflationnistes ayant été atténuées par une hausse de la productivité du travail en 2014. Même si ce rapport de janvier 2015 de la Banque du Canada indique que, en moyenne, le marché du travail continue d’afficher une offre excédentaire, la situation diffère selon les provinces. Comme l’illustre la figure 8, ce sont dans les provinces à l’ouest de l’Ontario, surtout l’Alberta et la Saskatchewan, qui connaissent le taux de chômage le plus bas, car les provinces riches en ressources naturelles – surtout en pétrole et en gaz – continuent d’afficher une demande de main-d’œuvre supérieure à la moyenne depuis la récession de 2008-2009. Selon un rapport de février 2015 du Conference Board du Canada, à mesure que les effets économiques du recul des cours du pétrole continuent de se faire sentir, en 2015 le taux de chômage devrait être supérieur à celui de 2014 dans les provinces ayant d’importantes réserves pétrolières et inférieur, dans les autres. Figure 8 – Taux de chômage, par province, 2009, 2014 et 2015 (en %) Sources : Figure préparée à l’aide de renseignements obtenus auprès de Statistique Canada, Tableau 282-0002, « Enquête sur la population active (EPA), estimations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel », CANSIM (base de données; 2009 et 2014) et du Conference Board du Canada, Note de conjoncture provinciale : résumé hiver 2015 (prévisions pour 2015). Selon un discours prononcé en février 2015 par la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, près d’un tiers des biens et services achetés par le secteur de l’énergie de l’Alberta provenaient d’autres provinces, à l’instar des travailleurs dans ce secteur. Tout comme le prédisait le Conference Board dans un rapport de janvier 2015, la Banque du Canada estime qu’il y aura une réaffectation des travailleurs entre les secteurs et les régions si le faible niveau des cours du pétrole se maintient en 2015; la production industrielle devrait se déplacer du secteur de l’énergie de l’Ouest du pays vers les secteurs non énergétiques de l’Est. Plus particulièrement, le Conference Board du Canada signale dans son rapport que le tassement de l’emploi dans le secteur de la construction en Alberta se répercutera dans les Provinces de l’Atlantique dont les travailleurs qui faisaient la navette entre les deux régions ont gagné quelque 375 millions de dollars en 2014. Dans son rapport de janvier 2015, le Conference Board constatait que la dépréciation du dollar canadien et la hausse de nos exportations devraient redresser l’activité économique dans les provinces non productrices de pétrole et de gaz, quoiqu’à des degrés divers; ces redressements devraient se produire essentiellement en Ontario, au Québec et à l’Île‑du‑Prince‑Édouard. Cela dit, il a laissé entendre que le tassement de l’activité économique dans les provinces productrices de pétrole et de gaz pourrait ne pas être immédiat ou entièrement compensé par l’essor économique des autres provinces. Pour ce qui est du secteur manufacturier ontarien, par exemple, il s’attendait à ce que la production dans le secteur des véhicules et des pièces automobiles augmente graduellement à mesure que la province investit de manière à consolider son potentiel. Au Canada, une réaffectation de la production de l’Ouest à l’Est pourrait être limitée par les barrières interprovinciales et interterritoriales à la mobilité de la main-d’œuvre, notamment les différences de normes professionnelles et d’exigences en matière d’accréditation dans certaines professions réglementées, ainsi que les coûts de relogement. 2. Opinions des témoinsLes témoins ont évoqué les effets du recul des cours du pétrole sur l’emploi, par secteur et selon les provinces. Manufacturiers et exportateurs du Canada et Unifor ont estimé que ce recul aura peu d’incidence nette sur l’emploi au niveau national, car l’emploi augmentera dans les secteurs non pétrolier et gazier qui seront avantagés par le repli des cours du pétrole, l’augmentation des dépenses de consommation, la dépréciation de notre monnaie et la reprise économique aux États-Unis. Manufacturiers et exportateurs du Canada, l’Association canadienne des producteurs d’acier et Unifor ont laissé entendre que la baisse des cours du pétrole aboutira à des mises à pied immédiates au Canada dans les secteurs de l’exploration et du forage pétrolier et dans les segments de la construction et du commerce de détail qui offrent des services aux secteurs pétrolier et gazier. La Alberta Federation of Labour a noté qu’il y aurait des pertes d’emploi dans les secteurs du forage pétrolier et des services relatifs aux champs pétrolifères, car la chute des cours mondiaux de pétrole réduit les investissements de capitaux. Suncor Energy Inc. a d’ailleurs déclaré qu’elle diminuait ses effectifs de 1 000 postes. La Alberta Federation of Labour a déclaré que l’emploi dans certains sous-secteurs pétroliers et gaziers – production en aval à valeur ajoutée qui comprend les installations de valorisation et de raffinage et les usines pétrochimiques – ne sera pas touché par le bas niveau des cours du pétrole. À son avis, le recul des cours et l'affaiblissement du marché du travail facilitent les projets à valeur ajoutée comme les installations de valorisation. Elle a ajouté que l’entretien des installations pétrolières a créé des emplois stables pour les travailleurs de la construction et elle a indiqué que les emplois dans la construction d’usines de valorisation et de raffineries sont des emplois à plus long terme en raison des activités d’entretien. Manufacturiers et exportateurs du Canada a fait savoir que le processus de restructuration a été difficile pour les entreprises, même si la restructuration du secteur manufacturier qui s’est produite entre 2002 et 2012 s’est traduite par une augmentation de l’innovation, une hausse des investissements dans la technologie et des gains d’efficacité et d’efficience des procédés de production; en effet, 20 000 installations manufacturières ont fermé leurs portes et 600 000 emplois ont été perdus dans le secteur. L’Association canadienne des constructeurs de véhicules a précisé que 40 000 de ces emplois supprimés concernaient le secteur automobile. L’Association des produits forestiers du Canada a expliqué que, depuis 2013, les employeurs de son secteur ont embauché 8 000 travailleurs en partie du fait de la chute des cours du pétrole; leur but est de créer 60 000 nouveaux emplois d’ici 2020. La municipalité régionale de Wood Buffalo a estimé que le Programme des travailleurs étrangers temporaires permet de répondre à la pénurie de travailleurs locaux désireux et capables de travailler dans les secteurs de l’accueil et du commerce de détail. Elle a également souligné deux difficultés particulières de l’intégration sociale, communautaire et économique des travailleurs étrangers temporaires : l’écart salarial entre ces travailleurs et leurs homologues canadiens et le coût de la vie élevé dans la région. Manufacturiers et exportateurs du Canada a laissé entendre qu’il devient plus facile, dans une certaine mesure, de trouver des ouvriers spécialisés; le manque d’ouvriers spécialisés est l’un des principaux freins à la croissance du secteur manufacturier au Canada. À son avis, la demande d’ouvriers spécialisés continuera d’être excédentaire dans divers secteurs et régions, surtout dans le secteur manufacturier de l’Est du pays. Wade Locke a souligné que 4 % de la main-d’œuvre de Terre‑Neuve‑et‑Labrador est employée dans le secteur pétrolier et gazier de la province, tandis que de 4 % à 5 % de la population de la province s’est rendue en Alberta pour travailler dans le secteur pétrolier et gazier. Il a laissé entendre que les mises à pied survenues en Alberta auront une incidence immédiate sur l’économie de Terre‑Neuve‑et‑Labrador, ainsi que sur les revenus de la province. |