La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi .
Ce projet de loi propose une réforme importante de notre loi électorale en ce qui a trait à plusieurs aspects fondamentaux. En outre, il contient des mesures visant à donner plus de pouvoirs aux enquêteurs, des mesures pour protéger les électeurs contre des appels frauduleux, des mesures visant à protéger le monde politique de l'effet corrupteur des groupes privilégiés, des mesures pour contrer la fraude électorale et des mesures pour assurer une application prévisible qui respecte les règles de la loi électorale. On peut dire qu'effectivement, ce sont des mesures très importantes.
Toutefois, aujourd'hui, j'aimerais souligner les aspects du projet de loi qui assurent un meilleur service aux électeurs. Comme nous le savons tous, il y a eu une chute importante du taux de participation aux élections au cours des 30 dernières années. C'est un problème sérieux qui risque de menacer notre démocratie.
En effet, la légitimité de notre démocratie dépend du fait que les Canadiens et les Canadiennes choisissent leur gouvernement par l'entremise d'élections libres et justes. On se doit de tenter de freiner la chute du taux de participation afin d'encourager les gens à voter pour protéger notre démocratie.
Je suis heureux de constater que le gouvernement a répondu à l'appel avec ce projet de loi et qu'il propose des mesures visant à accroître l'accès au vote. En effet, la propose d'ajouter un jour de plus de vote par anticipation. Ce serait le huitième jour avant le jour du scrutin, soit un dimanche. Cela assurera un bloc continu de jours de vote par anticipation, du vendredi au lundi, la semaine avant l'élection. Cette mesure va mener à de véritables résultats.
Les études réalisées par les universitaires et par Élections Canada démontrent que le plus souvent, les gens ne votent pas parce qu'ils n'ont pas l'occasion de se rendre aux bureaux de scrutin. Le train de vie moderne est des plus mouvementé et il est souvent difficile de trouver le temps de se rendre aux urnes. Déjà, lors de l'élection de 2011, plus de 2 millions de Canadiens et de Canadiennes ont exercé leur droit de vote aux bureaux de vote par anticipation. Cela démontre clairement que si on leur donne l'occasion de voter, les gens vont le faire.
Je suis également heureux de constater que la propose des mesures pour éliminer la congestion aux bureaux de scrutin. Lorsque les électeurs se présentent aux bureaux de scrutin, le moins que l'on puisse faire, c'est de s'assurer qu'ils peuvent voter de manière rapide et efficiente. Je note que le projet de loi fait suite à une recommandation du directeur général des élections dans son rapport suivant la 40e élection générale, et qu'il permettra d'embaucher des fonctionnaires électoraux supplémentaires pour réduire la congestion aux bureaux de scrutin.
Au risque de me répéter, il faut tout faire pour que le processus de vote au bureau de scrutin soit rapide. Avec plus de fonctionnaires électoraux dans les bureaux de scrutin achalandés, on pourra assurer un meilleur déroulement du vote.
Je note également que les fonctionnaires électoraux aux bureaux de scrutin vont pouvoir se consacrer davantage à servir les électeurs, puisque le projet de loi éliminera la nécessité de faire assermenter les représentants des candidats à chaque bureau de scrutin qu'ils desservent dans la circonscription.
Moins de serments à faire prêter veut dire que ces fonctionnaires électoraux vont pouvoir laisser les électeurs voter plus rapidement, sans interruption. Le projet de loi, par ailleurs, exigera que les candidats, ainsi que les partis et les associations de circonscriptions, soumettent les noms de personnes qui ont les compétences requises pour s'acquitter des tâches des fonctionnaires électoraux plus tôt dans le calendrier électoral.
Alors que les noms doivent présentement être soumis au plus tard le 17e jour avant le jour du scrutin, ils devront désormais être soumis une semaine plus tôt, soit au plus tard le 24e jour avant le jour du scrutin.
Cette réforme est importante, car ces gens pourront être formés plus tôt et disposeront de plus de temps pour leur formation. Un fonctionnaire électoral mieux formé pourra assurer le déroulement du vote de façon plus efficace et rapide.
Je suis convaincu qu'un processus de vote plus efficace permettra aux électeurs de voter, malgré les exigences de leurs obligations quotidiennes.
Enfin, je suis heureux de constater que la exigera que le directeur général des élections cible ses activités de communication aux électeurs afin de transmettre l'information dont ces derniers ont besoin pour pouvoir voter. Ainsi, le directeur général des élections sera tenu de communiquer de l'information sur la façon de voter, comme par exemple, les heures, les lieux et les dates.
Le directeur général des élections sera également tenu de communiquer aux électeurs ayant un handicap de l'information sur les mesures prévues pour leur permettre d'exercer leur droit de vote. Il faut que tous ceux et celles ayant des besoins particuliers connaissent les mesures à leurs dispositions pour leur permettre de voter.
La met l'accent sur l'importance de rendre cette information accessible aux électeurs.
En conclusion, j'aimerais encore une fois souligner mon appui au projet de loi . La Loi sur l'intégrité des élections fera en sorte que les électeurs recevront un meilleur service lorsqu'ils se présenteront aux bureaux de scrutin.
Puisque le premier devoir d'un citoyen au Canada est d'exercer son droit de vote, et pour toutes les raisons évoquées plus tôt, j'encourage mes collègues, des deux côtés de la Chambre, à appuyer le projet de loi en deuxième lecture.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de faire quelques remarques sur le projet de loi , dont est saisie la Chambre et qui, malheureusement, fait l'objet d'un débat beaucoup trop court, à cause de la motion de clôture proposée, encore une fois, par le gouvernement.
Les conservateurs agissent comme si la démocratie et la façon même dont les Canadiens élisent leurs représentants étaient des questions sans importance. Ils agissent comme si un projet de loi de plus de 200 pages, d'un tel degré de détail et de complexité, pouvait être abordé et discuté, littéralement en l'espace de quelques heures. Hélas, cela symbolise le cynisme qui sous-tend le projet de loi et certains de ses éléments très préoccupants.
J'aimerais commencer par parler de l'importance que revêt la démocratie pour les citoyens canadiens. Les gens de ma circonscription, Vancouver Quadra, m'ont rappelé ce fait la fin de semaine dernière, à l'occasion de plusieurs événements que j'ai organisés pour nouer le dialogue avec les électeurs. On me l'a aussi rappelé la fin de semaine d'avant, lorsque j'ai tenu une assemblée publique sur le thème de la démocratie. On serait porté à croire qu'un tel sujet serait réservé aux universitaires ou à une poignée de personnes qui s'intéressent aux théories sur le système électoral et le cadre politique au Canada, à la base de notre démocratie. En fait, 200 personnes se sont présentées à l'assemblée publique que j'ai organisée il y a 10 jours. Nous n'avons pu accueillir tous les intéressés; il n'y avait pas assez de chaises pour tout le monde.
Ce que j'ai entendu à maintes reprises, et ce que j'entends à Vancouver Quadra, c'est qu'il s'agit d'une des principales préoccupations que les électeurs ont aujourd'hui à l'égard de la direction dans laquelle le gouvernement conservateur et le conservateur entraînent le Canada. Il y a bien d'autres préoccupations. Mentionnons les types d'abus de confiance auxquels sont soumis les citoyens canadiens lorsque le gouvernement élimine presque d'un trait de plume des cadres réglementaires en matière d'environnement, tout en déformant les faits aux yeux du public. Je pourrais énumérer bon nombre des modifications que les conservateurs ont apportées, notamment à la Loi sur la protection des eaux navigables et à la Loi sur l'évaluation environnementale.
La population de Vancouver Quadra s'en inquiète, tout comme elle s'inquiète des politiques en matière d'immigration, de l'accès à l'assurance-emploi et des dépenses du gouvernement en publicité partisane, c'est-à-dire faite à l'avantage du Parti conservateur et du gouvernement conservateur mais financées à même les fonds publics. Dans ma circonscription, Vancouver Quadra, plusieurs enjeux suscitent l'inquiétude, des enjeux sous-jacents à une érosion de la démocratie. J'en entends constamment parler.
Par exemple, le gouvernement a annulé le questionnaire détaillé obligatoire du recensement sous prétexte qu'il constituait une invasion de la vie privée. Cependant, il a fait fi des préoccupations soulevées au sujet de la collecte de métadonnées et du contrôle des déplacements de voyageurs au fil de leurs connexions à un accès sans fil, ce qui constituait pourtant une invasion de la vie privée que la commissaire à la protection de la vie privée de l'Ontario, Ann Cavoukian, considère comme très dangereuse pour l'avenir de notre démocratie et qui entraîne le Canada vers le totalitarisme.
Voilà le genre de préoccupations que mes électeurs soulèvent constamment.
Les autres changements envisagés par le gouvernement sont également mis en oeuvre d'une façon qui va à l'encontre de la démocratie. Plus le gouvernement conservateur fait fi des principes démocratiques au Canada, plus il réduit l'accès à une réelle démocratie, à une démocratie ouverte et responsable, plus il peut faire adopter à toute vapeur des projets de loi omnibus d'exécution du budget qui renferment des changements de politiques importants sans même permettre aux députés d'en débattre adéquatement et sans consulter en bonne et due forme le public ni respecter les préoccupations de la population.
Le projet de loi porte sur la démocratie, mais, malheureusement, il ne fait que l'éroder encore davantage. Le projet de loi est pourtant une occasion en or pour le gouvernement de renforcer les assises de notre démocratie au moyen du processus électoral d'une façon qui soit non partisane et qui inspire le respect et la reconnaissance des Canadiens. Ce projet de loi pourrait réhabiliter la réputation des conservateurs, à qui on reproche de plus en plus d'agir de façon totalitaire et partisane afin de servir les intérêts de leurs électeurs au détriment de la démocratie. Le gouvernement aurait pu profiter de cette occasion pour renverser cette tendance inquiétante, mais il ne l'a pas saisie.
Cependant, je confirme que plusieurs dispositions mineures du projet de loi ont l'appui des libéraux.
[Français]
La Cour suprême du Canada a conclu à l'unanimité que l'interdiction de diffuser les résultats de scrutin avant la fermeture des bureaux de scrutin constitue une restriction à la liberté d'expression. Le projet de loi sur l'intégrité des élections éliminera cette interdiction et fera respecter la liberté d'expression.
[Traduction]
L'interdiction de diffuser les résultats du scrutin avant la fermeture des bureaux n'est pas pratique, et sa suppression constitue une mesure positive.
[Français]
Le projet de loi va également établir une journée supplémentaire de vote par anticipation. Ce changement permettra aux Canadiens de bénéficier de quatre jours de vote par anticipation.
[Traduction]
L'ajout d'une journée supplémentaire de vote par anticipation est positive, mais c'est mineur, comme amélioration.
[Français]
Or les conservateurs promettent de présenter un projet de loi de réforme de la Loi électorale du Canada depuis près de deux ans. Toutefois, ils ont plutôt torpillé la réforme en enlevant à la loi sa capacité de la faire appliquer.
[Traduction]
C'est épouvantable. Le directeur général des élections, qui a été nommé par le gouvernement conservateur, a qualifié le projet de loi d'insulte à la démocratie. C'est très fort de la part de quelqu'un qui n'est pas porté aux déclarations partisanes. Les citoyens doivent prendre conscience de ce qui se passe. Cette mesure, que le gouvernement conservateur veut faire adopter à toute vapeur pour renforcer ses avantages et se faire du capital politique, est une insulte à la démocratie.
Quels sont les principes qu'il faut examiner ici?
Premièrement, la participation de l'électorat, importante en démocratie, et la garantie du droit de vote pour tous. Deuxièmement, le respect des règles; autrement dit, pas de tricherie. Pour cela, l'observation et l'application des règles sont fondamentales. Troisièmement, l'apport de tiers non partisans.
Ce projet de loi va à l'encontre de tous les principes que je viens de mentionner. Il vise à éliminer des électeurs en compliquant les choses pour les 4 % de Canadiens qui ont le droit de voter, mais ne possèdent peut-être pas la carte d'identité avec photo requise. Il marginalisera les membres des Premières Nations habitant dans des réserves éloignées, les Canadiens les plus pauvres et les personnes âgées qui n'ont plus de permis de conduire et n'ont peut-être pas de passeport. À cet égard, le projet de loi empirera les choses.
Pour ce qui est du respect des règles et de la tricherie, j'ai une longue liste — que je ne pourrai pas passer en revue au complet — de tous les cas de tricherie de la part du Parti conservateur et de ses membres. Ce serait l'occasion d'éliminer les échappatoires.
Le projet de loi rendra beaucoup plus difficiles l'observation et l'application des règles. Il en fait quelque chose de beaucoup plus partisan.
C'est une mesure législative honteuse et scandaleuse que le gouvernement présente là. Je l'appellerais le projet de loi de « la neutralisation de la participation en toute impunité ». Le comité devra y apporter des changements.
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Monsieur le Président, je trouve intéressant d'entendre les libéraux parler du projet de loi à la lumière des propos de la députée qui a indiqué que les libéraux craignaient la tenue d'élections justes, et que, grâce au projet de loi que nous avons présenté pour préserver l'intégrité des élections, les candidats à la chefferie seraient désormais responsables de leurs dettes et qu'un plafond serait imposé aux courses à la direction, ce qui est plutôt désavantageux pour le Parti libéral.
Imaginez un peu, un projet de loi qui favoriserait l'intégrité des élections, faciliterait l'exercice du droit de vote des Canadiens et leur donnerait accès à un plus grand nombre de bureaux de scrutin. Voilà des mesures qui terrifient le Parti libéral. Je présume que c'est la faute d'Élections Canada s'ils forment maintenant le troisième parti à la Chambre des communes et non celle des mauvaises décisions et politiques qu'ils ont mises en oeuvre lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Pour revenir au projet de loi, il a beaucoup été question de certains de ses éléments. Le débat a connu de bons et de moins bons moments. Je remarque qu'environ 16 néo-démocrates et 16 libéraux ont déjà pris la parole au sujet du projet de loi. Plusieurs d'entre eux ont parlé du recours à un répondant et des moyens d'identification des électeurs. J'y reviendrai dans un instant, mais je veux d'abord parler du déroulement des élections et indiquer pourquoi nous considérions important d'apporter des changements à celui-ci.
Il va sans dire que nous savions tous, les députés d'en face comme les ministériels, qu'il fallait apporter certaines modifications à la Loi électorale du Canada. Nous procédons bien entendu à des consultations depuis longtemps. Le et le ont travaillé d'arrache-pied sur cette mesure, et nous avons présenté un projet de loi très complet.
Par exemple, nous avons dû nous pencher sur le rôle joué par ceux à qui on a demandé d'organiser les élections. Hier, j'ai écouté le directeur général des élections à la télévision. Il a dit quelque chose qui, à mon avis, est vrai. Il a dit que le Canada est un immense pays très diversifié et que le vote dans un pays de cette taille pose de nombreux défis. Je dirais que pour assurer le maintien de notre démocratie, nous devons d'abord et avant tout voir à ce que les élections se déroulent de façon juste et à ce que les Canadiens puissent avoir l'assurance que les bonnes personnes ont voté et que les votes enregistrés sont représentatifs de la population.
Après les 41es élections générales, Élections Canada a voulu obtenir les recommandations de ceux qui ont travaillé dans le cadre de celles-ci. Ils ont donc organisé des sessions récapitulatives avec les directeurs de scrutin des 308 circonscriptions du Canada. Voici ce qu'on peut lire à la page 10 du rapport découlant de ces sessions:
Lorsqu’on leur a demandé quelles améliorations pourraient être apportées, les DS ont identifié un besoin de donner plus de renseignements aux électeurs. Par exemple, il n’y a pas assez d’initiatives de rayonnement et de communications au sujet de l’emplacement du bureau local et du processus de vote.
Les directeurs de scrutin ont proposé de faire de la publicité non seulement pour expliquer que les bureaux de vote par anticipation seront achalandés, mais aussi pour informer les gens sur la façon de voter, les pièces d'identité requises et le vote par bulletin spécial. Ils ont dit qu'à leur avis, en ce qui concerne le processus électoral — une fois de plus, j'invite tout le monde à consulter la page 10 du rapport —, Élections Canada aurait pu offrir un meilleur appui pour l'organisation des élections à l'échelle de notre vaste pays.
J'aimerais également citer la page 18 du rapport. Il y est question des problèmes éprouvés par les directeurs de scrutin aux bureaux de vote par anticipation. Voici ce qu'on peut y lire:
Un taux de participation élevé a été une réalité pour la majorité des DS, il était assez important pour qu’il y ait plusieurs plaintes au sujet des files d’attente. Afin de réduire le temps d’attente lors des périodes achalandées, les DS suggèrent de rajouter une seule ligne de signature à la liste des électeurs [...]
Il semblerait que le fait de demander aux électeurs d'inscrire trop de renseignements posait un problème.
À mon avis, ces deux aspects montrent que les gens qui ont travaillé sur le terrain pour veiller à ce que les élections se déroulent de façon équitable ont été aux prises avec divers problèmes. Ainsi, il y a eu des files d'attente, les gens ne savaient pas où ni quand voter, et ils ne savaient pas non plus quelles pièces d'identité ils devaient présenter pour pouvoir voter. Les directeurs de scrutin ont fait valoir qu'à l'avenir, c'est le rôle qu'Élections Canada devrait d'abord et avant assumer pour améliorer le processus électoral.
Soulignons que nous avons tenu compte de la recommandation des directeurs de scrutin dans le projet de loi présenté par le ; il faut, selon les propres employés d'Élections Canada, recentrer le mandat de cet organisme sur ce qui compte vraiment, soit inciter les gens à voter et veiller au bon déroulement des élections.
La faiblesse et le déclin du taux de participation dont nous avons parlé peuvent certainement s'expliquer, entre autres choses, par le fait que les Canadiens trouvent qu'il n'est pas toujours facile de voter. Il s'agit manifestement d'un des problèmes. Nous pouvons d'ailleurs le constater lors de la tenue de scrutins anticipés: davantage de Canadiens exercent alors leur droit de vote. Le projet de loi ajouterait une autre journée de scrutin et faciliterait donc le vote des Canadiens; l'ajout d'une quatrième journée, à notre avis, incitera davantage de Canadiens à aller voter.
J'estime que c'est le comble du ridicule que les partis de l'opposition prétendent que les Canadiens ne votent pas parce qu'Élections Canada ne publie pas d'annonce dans les journaux afin de leur expliquer comment voter et les inciter à le faire, car ce rôle nous incombe. Ce sont les partis et les candidats qui doivent mobiliser les Canadiens.
Je ne peux pas croire que quelqu'un ne saurait pas que nous sommes en campagne électorale. Il y a des affiches partout et tous les soirs les médias télévisés font un compte rendu de la journée des trois partis. On fait de la publicité et des appels téléphoniques, et des feuillets sont distribués à toutes les résidences. On cogne même aux portes des électeurs.
Élections Canada prend certaines mesures pour que les électeurs sachent comment et où voter. La carte d'information de l'électeur explique aux gens où se trouve leur bureau de scrutin. Je ne peux pas croire que quelqu'un ne soit pas au courant que nous sommes en campagne électorale; je pense que c'est plutôt le fait qu'il soit difficile de voter qui met les gens en colère. Les électeurs doivent attendre en ligne. Le projet de loi prévoit l'octroi de ressources supplémentaires afin d'assurer l'intégrité du processus.
En ce qui concerne le recours aux répondants, j'invite les députés à consulter la page 25 du projet de loi. Au total, 39 pièces d'identité sont acceptées pour prouver le lieu de résidence, mais la mesure législative va plus loin à la page 25 des versions française et anglaise du projet de loi:
(3.1) Si l’adresse qui figure sur les pièces d’identité fournies aux termes du paragraphe (2) n’établit pas la résidence de l’électeur, mais qu’elle concorde avec les renseignements figurant à l’égard de celui-ci sur la liste électorale, la résidence de l’électeur est réputée avoir été établie.
Tout le monde pourra donc exercer son droit de vote.
Y a-t-il toutefois un fardeau de la preuve? Absolument. Je ne peux imaginer que les Canadiens acceptent qu'on élimine complètement le processus d'identification et qu'on permette à n'importe qui de voter. Ce ne serait pas approprié. Nous nous attendons à ce que les Canadiens présentent une pièce d'identité, mais parallèlement, dans certains cas, les Canadiens peuvent tout de même voter, selon ce qui est prévu à la page 25 des versions française et anglaise du projet de loi.
La mesure va même plus loin. Nous avons beaucoup entendu parler des appels automatisés, et pas seulement pendant les élections. La circonscription du député de a été ciblée et des accusations ont été portées à cet égard, et je crois que tous les Canadiens sont d'avis que les partis doivent s'assurer de faire les choses de manière équitable.
C'est pourquoi le CRTC tiendrait un registre. Il consignerait les textes et les enregistrements de sorte que les Canadiens et le commissaire aux élections aient accès à l'information si une enquête s'avérait nécessaire.
En résumé, nous laisserions Élections Canada faire ce qu'il faut pour être le vrai gardien des élections au pays, soit se concentrer sur le vote et sur le processus; nous conférerions également au commissaire aux élections le pouvoir dont il a besoin pour veiller à ce que le processus électoral soit juste et à ce que personne n'enfreigne les règles. Si tel était le cas, la nouvelle loi donnerait au commissaire les outils dont il a besoin pour faire appliquer la Loi électorale du Canada comme nous ne l'avons pas appliquée depuis longtemps.
J'espère que tous les députés prendront le temps de lire le projet de loi et d'y réfléchir avant de se prononcer.
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Monsieur le Président, je me sens privilégié de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Je vais remonter un peu dans le temps et parler du milieu d'où je viens.
J'ai eu des parents qui étaient assez bons pour discuter aux repas de choses comme les élections de sorte que moi et mes six frères et soeurs avons été mis au fait de cette question. Nous avons appris qu'il était important que les Canadiens votent et que c'était leur devoir de voter. Il nous arrivait de parler des enjeux, avant même que nous ayons l'âge d'en connaître quelques-uns. J'ai pu faire cela dans ma jeunesse. Puis, je suis devenu propriétaire d'une petite entreprise et j'étais très occupé. Je me préoccupais de mon entreprise sept jour sur sept, 24 heures sur 24. Toutefois, je suis fier de dire que je ne me rappelle pas avoir omis d'aller voter à une seule élection, qu'elle soit municipale, provinciale ou fédérale, parce que mes parents m'avaient inculqué que voter était un devoir pour les Canadiens.
Bien avant d'entrer en politique, je n'avais jamais songé à ce que représentait vraiment la tenue d'élections. Je n'avais jamais pensé aux règles imposées pour s'assurer que les voix recueillies sont exactes et que les élections sont honnêtes. Je n'y pensais pas, mais je me suis certainement présenté aux urnes. J'ai donné mon nom, montré ma pièce d'identité, reçu un bulletin et fait mon choix en fonction du travail que les partis ou les candidats avaient accompli durant la campagne électorale.
Sautons maintenant tout un pan de ma vie pour arriver à il y a dix ans, lorsque j'ai décidé de me porter candidat. Je me suis intéressé d'un peu plus près à ce qui se passe lors d'élections: comment les élections se déroulent, le rôle d'Élections Canada, qui s'assure que les gens se rendent aux bureaux de vote, qui produit les listes et qui décide des règles quant aux jours où nous pouvons ou ne pouvons pas voter. Je croisais encore d'autres propriétaires de petites entreprises et d'autres personnes très occupées, qui auraient aimé disposer de plus de temps, qui voulaient s'acquitter de leur devoir de voter, mais il arrivait qu'une pratique de hockey ou une réunion des scouts les en empêche. Nous savons ce que c'est: nous sommes très occupés et c'est ainsi.
Revenons maintenant à la présente législature. Je siège depuis près de 10 ans. J'ai affaire avec Élections Canada en ma qualité de président du Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, poste que j'occupe depuis cinq ans, si je ne m'abuse. Je sais maintenant tout ce qu'on pourrait souhaiter savoir au sujet des élections et d'Élections Canada. Après chaque élection, le directeur général des élections rédige un rapport et l'envoie au Parlement. Le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre l'étudie et s'en inspire pour proposer des modifications à la Loi électorale. La plupart de nos propositions de modification de la loi proviennent du directeur général des élections, et nous avons discuté avec lui à maintes reprises au comité.
C'est agréable de siéger à ce comité. Certains de ses membres sont ici aujourd'hui. Nous travaillons fort et les élections sont une des choses qui relèvent de notre mandat. La plupart de nos décisions découlent d'un consensus et nous nous entendons généralement bien. Nous avons accueilli de nombreux témoins qui se sont penchés sur le rapport du directeur général des élections et d'autres documents dans le cadre de nos délibérations sur les élections. Beaucoup de témoins soumettent un mémoire. C'est comme ça que nous avons mis au point le projet de loi. Nous l'avons présenté en réponse à ces questions.
Comparons la situation au monde des affaires. En tant qu'homme d'affaires, si je souhaite attirer plus de clients, je dois tout d'abord déterminer où vont ces clients et pourquoi ils ne fréquentent pas mon commerce. Nous avons suivi la même réflexion en l'occurrence. Si les gens ne votent pas, tâchons de savoir pourquoi, comme ça nous pourrons savoir où les trouver.
Comme l'a dit le député qui a parlé avant moi, ce sont les partis qui amènent les gens à voter, à se rendre au scrutin de toute urgence. Ce sont les candidats qui les motivent à voter. Cependant, c'est Élections Canada qui détermine le nombre de bureaux de vote, leur emplacement et leurs heures d'ouverture, ainsi que le jour du vote. Beaucoup de personnes qui n'ont pas voté ont dit dans un sondage effectué par Élections Canada que, en 2011, ce sont des raisons pratiques qui les ont empêchées de voter. Ainsi, 17 % des répondants ont dit que c'est parce qu'ils étaient en voyage; 13 %, que c'était à cause de leur horaire de travail ou de cours; 10 %, qu'ils étaient tout simplement trop occupés; et 7 %, que c'était par manque d'information. Ce ne sont là que quelques-unes des raisons invoquées.
Au cours des dernières élections, la proportion des électeurs invoquant leur horaire chargé comme étant la raison principale pour laquelle ils n'allaient pas voter a augmenté constamment, tandis que la proportion de ceux invoquant des raisons politiques a connu une baisse constante. C'est ce qu'a révélé Élections Canada dans le rapport du directeur général des élections, intitulé Rapport sur les évaluations de la 41e élection générale tenue le 2 mai 2011. Le comité a examiné ce rapport en profondeur.
Un meilleur service à la clientèle réglera certains de ces problèmes pratiques, illustrés par des raisons du genre: « Je ne peux pas aller voter parce que c'est au beau milieu de ma pratique de hockey, ou pendant une réunion et il a fallu que je reste au travail. »
Nous offrons davantage de jours pour voter. Aux élections générales de 2011, plus de deux millions de Canadiens ont voté par anticipation. Deux millions de Canadiens ont tenu compte du fait qu'ils n'allaient pas pouvoir être présents le jour du scrutin et ont voté par anticipation. Nous ajoutons une journée de vote par anticipation le septième jour. Par conséquent, le dixième, le neuvième, le huitième et le septième jours précédant le scrutin seront dorénavant des jours de vote par anticipation, le septième jour étant un dimanche.
Mon pasteur sait où je devrais me trouver le dimanche, mais il savait aussi que je dirigeais une entreprise qui fonctionnait sept jours sur sept et que je n'étais pas toujours capable d'être présent. Cet ajout donne une occasion d'aller voter par anticipation cet après-midi-là. Dans une perspective de service à la clientèle, on offre quelque chose de plus à la portion de gens qui, comme je le disais, n'arrivaient pas à trouver une journée pour aller voter.
Envisageons le fait d'attirer ces clients au bureau de scrutin dans la perspective d'un homme d'affaires qui essaie d'attirer davantage de clients. Dans un tel cas, en tant qu'homme d'affaires, je dirais aux clients où se trouve mon entreprise. Je leur dirais quelles sont mes heures d'ouverture. Je leur dirais quand je suis disponible pour leur offrir le service qu'ils cherchent. C'est ce que nous demandons au directeur général des élections et à Élections Canada: dire aux gens où et quand aller voter. Nous leur demandons de dire aux Canadiens que, grâce aux bulletins de vote spéciaux, ils peuvent presque voter pendant les 35 jours que dure la campagne électorale. Il y aura dorénavant cinq jours de vote par anticipation, plus une journée entière consacrée au scrutin à chacun des autres bureaux de scrutin.
La gestion est très complexe, puisqu'on compte 308 circonscriptions réparties partout au pays — bientôt 338 — et environ 200 bureaux de scrutin par circonscription. Imaginez ce que doit faire Élections Canada pour mettre cette machine en marche puis l'arrêter. J'ai la plus grande admiration pour l'organisme, car il réussit à relever ce défi avec brio. Il faut prendre le temps de dire aux électeurs canadiens à quel moment et à quel endroit ils peuvent voter. À titre de politiciens, membres d'un parti ou indépendants, nous devons donner aux électeurs des raisons de vouloir voter. Élections Canada s'occupera de leur dire où aller et à quel moment. Notre rôle à nous consiste à les convaincre d'aller voter et à leur faire comprendre l'importance de leur vote.
Bref, c'est une question de service à la clientèle. Je sais que le comité sera ravi de se pencher sur certaines dispositions du projet de loi. Nous aurons d'excellentes discussions et nous entendrons sûrement de nombreux témoins. Pour le moment, je voulais simplement attirer l'attention de la Chambre sur l'aspect des élections et du travail d'Élections Canada qui concerne le service à la clientèle.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui à la Chambre au sujet du projet de loi , déposé à la Chambre mardi dernier. Le projet de loi de 242 pages a donc été déposé il y a moins de sept jours. Aujourd'hui, il s'agit du dernier jour de débat à l'étape de la deuxième lecture de ce projet de loi.
Comme je l'ai dit, le projet de loi a été déposé il y a sept jours, incluant la fin de semaine. Évidemment, il n'y a pas de débat à la Chambre pendant la fin de semaine. Le projet de loi de 242 pages a été déposé il y a moins de sept jours. Déjà ce soir, on passera au vote à l'étape de la deuxième lecture, comme si les députés avaient eu le temps de bien analyser le projet de loi et d'en débattre à la Chambre. Très bientôt, le projet de loi sera renvoyé en comité. Les députés ont pris connaissance du projet de loi de 242 pages il y a environ une semaine et demie. Le processus est donc très rapide.
Ce n'est pas la première fois que cela arrive. En fait, depuis que les conservateurs sont majoritaires, c'est malheureusement ce qui arrive dans le cas de tous les projets de loi présentés à la Chambre.
C'est intéressant de connaître le passé du ministre qui a présenté le projet de loi . Le était un des plus grands défenseurs du scandale du in and out que l'on a connu récemment. Il était le député le plus partisan, et il défendait sans réserve une fraude électorale, comme cela a été démontré par Élections Canada lors de son enquête. C'est ce même député qui, aujourd'hui, présente la réforme électorale. On comprend un peu mieux pourquoi il connaît bien la loi électorale. C'est lui qui avait défendu son parti lorsque celui-ci avait contourné cette même loi. On comprend pourquoi il la connaît si bien. Son parti a beaucoup agi à l'encontre de cette loi.
Le ministre d'État a aussi un bel historique d'attaques contre Élections Canada. Le Parti conservateur mène encore aujourd'hui une vendetta contre Élections Canada. Il semble qu'Élections Canada soit l'ennemi juré des conservateurs. Lorsqu'on prononce les mots « Élections Canada », les conservateurs pâlissent et se demandent ce qui va arriver. Élections Canada va-t-il les attaquer pendant la nuit pour ne pas que les conservateurs forment le gouvernement la prochaine fois? Or Élections Canada est une entité complètement indépendante. Dès que quelqu'un ose faire une critique, aussi minime soit-elle, les conservateurs le voient comme un ennemi de la nation. Dès que l'on critique le gouvernement conservateur, même si ce n'est que pour une seule seconde, on devient son ennemi juré. Ainsi, il est évident pour les conservateurs qu'on fait partie d'un autre parti politique et qu'on fait de la partisanerie à outrance. Pourtant, on sait bien qu'Élections Canada est une entité indépendante. Nous n'aurons pas à le prouver aujourd'hui.
Le projet de loi contient beaucoup de mesures, mais je n'aurai pas le temps de parler de chacune d'entre elles. Je parlerai de celles qui m'ont le plus surpris lorsque j'ai lu le projet de loi. Certains de mes collègues y ont fait allusion, on enlève la possibilité d'avoir un répondant lorsque l'on se présente à un bureau de vote. On peut s'inscrire sur la liste électorale le jour même de l'élection. En fait, on peut se présenter à un bureau de vote en compagnie d'un témoin ou d'un répondant qui peut prouver qu'on habite bel et bien dans la circonscription.
Dans la même optique, si le projet de loi est adopté — ce qui n'est pas encore fait —, on va refuser la carte de l'électeur. Les électeurs reçoivent cette carte dans leur boîte aux lettres et peuvent l'utiliser pour aller voter. Il faut aussi que la personne ait en sa possession une carte qui prouve son identité. Les conservateurs ont tendance à oublier que ce n'est pas simplement la carte blanche et rouge qui permet de voter.
On peut avoir cette carte, la présenter à la personne installée à la table, à l'entrée, et lorsqu'on arrive au bureau de vote, on doit aussi présenter une pièce d'identité qui prouve que le nom sur le carte d'électeur est le même que sur la pièce d'identité. C'est ainsi qu'on prouve notre identité. Ce n'est pas simplement la carte qui permet de voter, comme certains conservateurs semblaient dire au cours du débat aujourd'hui.
Selon moi, cette façon de faire va empêcher plusieurs personnes d'exercer leur droit de vote, ou en tout cas va les limiter. Ça leur rendra la vie plus difficile quand elles voudront exercer leur droit de vote, notamment les jeunes.
À Sherbrooke, on a un exemple parfait de la situation avec les étudiants. Cela dépend toujours du moment où l'élection a lieu, mais prenons l'exemple d'une élection en septembre. Les étudiants viennent juste d'arriver sur les campus, et pour beaucoup d'entre eux, c'est leur première session universitaire. On comprend que leur résidence principale est chez leurs parents, dans une autre ville que Sherbrooke.
Ils viennent tout juste d'arriver pour leurs études, ils n'ont pas nécessairement encore de preuve de résidence et l'élection a lieu en septembre. C'était possible d'utiliser des factures d'électricité, de téléphone, d'assurance habitation, d'assurance automobile ou peu importe. C'était possible de prouver sa résidence à Élections Canada, d'où les 39 pièces d'identité pouvant être utilisées pour voter.
Si on élimine la possibilité d'avoir un répondant et d'utiliser la carte d'électeur, ça empêchera plusieurs jeunes qui veulent aller voter de pouvoir le faire, à Sherbrooke notamment. Tout d'abord, ils ne seront pas chez eux, à leur résidence principale, chez leurs parents. Ils seront à Sherbrooke, sur le campus, et ils n'auront aucune façon d'aller voter, sauf en retournant chez eux.
Pour pouvoir voter, le seul choix qu'aurait un étudiant en communication de l'Université de Sherbrooke, et dont la résidence principale est à Chicoutimi, serait de retourner chez lui, à sept heures de route de l'université. Ce cas pourrait être rare, parce que je sais qu'il y a un bon programme de communication au Saguenay. On comprend bien que le choix de cette personne sera de ne pas voter la journée des élections, parce qu'elle ne fera pas 14 heures de route pour aller voter, surtout si le vote par anticipation ne lui permettait pas non plus de se déplacer.
Ainsi, bon nombre de jeunes ne pourront pas utiliser leur droit de vote, alors qu'on espérait tous ici, à la Chambre, que ces jeunes puissent l'utiliser. C'est aussi vrai pour d'autres groupes de notre société qui seront désavantagés par ce projet de loi, comme les sans-abri. Comment pourront-ils se rendre aux urnes? On a beaucoup parlé des Autochtones. Les gens qui habitent dans des réserves autochtones n'ont pas toujours les pièces d'identité nécessaires. Ça va donc les empêcher d'exercer leur droit de vote.
En posant des questions à mes collègues tout à l'heure, j'ai aussi parlé dans mes commentaires du fait que le gouvernement veut éliminer le big money de la politique. Pourtant, j'ai l'impression que c'est plutôt le contraire qui va se produire avec ce projet de loi. On va à contre-courant des tendances actuelles qu'on observe un peu partout dans les différentes juridictions, notamment au Québec où on abaisse les limites de dons aux partis politiques. On constate le contraire avec le projet de loi dont on débat aujourd'hui.
En effet, le gouvernement veut augmenter la limite des dons aux partis politiques, ce qui est à contre-courant des tendances actuelles pour essayer d'éliminer le plus possible l'influence de l'argent en politique. Ainsi, dire que le projet de loi va empêcher l'influence de l'argent, c'est complètement contradictoire aux mesures incluses dans le projet de loi. Ces mesures viennent augmenter les dépenses qu'un parti peut faire au moment d'une élection, les dons qu'on peut lui faire. Par conséquent, je ne comprends pas pourquoi on dit: « Big money out of politics », alors que les mesures incluses dans le projet de loi vont dans le sens contraire de cette même affirmation.
Je vais m'opposer au projet de loi en deuxième lecture, comme la plupart de mes collègues, je l'espère. À tout le moins, si le projet de loi se rend en comité, j'espère qu'on pourra l'améliorer. À ce stade, je vais voter contre le projet de loi.
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Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour moi d'intervenir au sujet du projet de loi .
Il est tout à fait remarquable que je puisse me retrouver dans cette vénérable enceinte pour parler de ce projet de loi. Comme plusieurs le savent déjà, mes parents sont originaires de l'Europe de l'Est, où ils ont grandement souffert sous des régimes communistes. C'est difficile à imaginer, mais, il y a à peine une génération, ils avaient un mode de vie contraignant. Ils ne pouvaient pas aller tout simplement dans un café pour discuter ouvertement de politique locale. Il était interdit d'être en désaccord avec l'administration locale. Les gens craignaient pour leur carrière. À cette époque, il arrivait que des collègues jaloux ou même des membres de la belle-famille dénoncent certaines personnes sous de faux prétextes à la police secrète. Il était épouvantable de vivre dans ces conditions.
Ils ont eu la chance d'immigrer au Canada. Mes frères et moi avons un immense attachement pour la démocratie dont nous jouissons ici, et une véritable passion pour la politique et les questions électorales. Nous aimons beaucoup le fait de pouvoir exprimer notre désaccord et dire: « Je n'aime pas cette politique. Elle nous brime, ma famille et moi. Elle fait du tort à mes collègues. » Nous pouvons exprimer ouvertement notre point de vue au Canada. Nous pouvons essayer d'apporter des changements aux politiques publiques et en proposer de meilleures. Mes parents ont été emballés par une chose aussi simple et ils en ont conçu un profond attachement parce que c'était tout simplement une chose à laquelle ils n'avaient pas eu accès. Les millions de gens d'Europe de l'Est qui étaient soumis à la tyrannie du régime soviétique n'y avaient pas accès.
Le contexte actuel est très différent aujourd'hui. Pour moi, l'anglais est une langue seconde. Avant de commencer l'école, je ne parlais pas anglais, et voici que je discute d'un projet de loi à la Chambre. N'est-ce pas extraordinaire? N'est-ce pas extraordinaire que nous puissions discuter librement d'une mesure législative comme celle-ci?
Je tiens à féliciter mon collègue, le , d'avoir présenté un excellent projet de loi qui, selon moi, améliore le système électoral et le rend plus transparent et plus juste. Le ministre a passé en revue les plaintes récemment formulées et il a étudié plusieurs rapports ainsi que les recommandations du directeur général des élections afin de proposer une série complète de recommandations qui permettront de corriger les failles relevées au cours des dernières années. Je tiens absolument à l'en féliciter. Ses recommandations apportent de très nombreuses améliorations à notre système électoral.
Au cours de ma carrière politique, j'ai côtoyé de nombreux députés de tous les partis ici présents. Nous sommes nombreux à vivre la politique comme une véritable passion. J'ai fait mes débuts à l'âge de 14 ans: je remplissais alors des enveloppes et coloriais des cartes. J'ai pris part à des campagnes municipales, provinciales et fédérales, dans le cadre desquelles j'ai eu le grand plaisir à la fois de collaborer avec de nombreux députés de ce côté-ci de la Chambre et de me mesurer à de nombreux autres de l'opposition. Je peux vous le confirmer: nous sommes des gens passionnés.
Même si certains ont l'esprit de compétition assez aiguisé, il n'y a aucun honneur et aucune gloire à remporter un scrutin qui n'est pas juste. Les candidats aux élections veulent être élus à l'issue d'un processus équitable. Il n'y a rien de mal à concéder la défaite, mais encore faut-il qu'on soit défait parce qu'on n'a pas été à la hauteur — ou que notre parti ne l'a pas été —, et non parce qu'il y a eu fraude électorale. C'est crucial si on veut assurer la transparence du processus électoral aux yeux des électeurs, de tous ces Canadiens qui prennent le temps de sortir de chez eux pour se rendre au bureau de vote et qui font la file afin de pouvoir voter et, du moins l'espèrent-ils, de faire bouger les choses aux niveaux national, provincial ou municipal.
Le projet de loi dont la Chambre est saisie prévoit un certain nombre de changements. Qu'on me permette de parler de ce qui, selon moi, constitue l'une des meilleurs coups du ministre, à savoir améliorer le service aux électeurs afin de supprimer quelques-uns des obstacles qui empêchent les gens de voter.
C'est un fait: l'ajout d'une journée de vote par anticipation risque de faire toute une différence.
Je viens de la région du Grand Toronto, où les gens passent beaucoup de temps sur la route pour se rendre au travail. Ils passent la journée au bureau, après quoi ils doivent mettre presque une heure, voire plus, pour retourner chez eux. Ils doivent ensuite préparer le repas pour toute la petite famille, et peut-être faire une brassée ou deux de lavage. Résultat, il est 20 ou 21 heures et la journée est finie. Et ils recommencent de plus belle le lendemain, tout ça parce qu'il leur faut un temps fou pour se rendre au boulot et en revenir.
Alors, quand on leur demande d'aller voter, les gens voient ça comme un fardeau. Je l'ai vécu. J'ai travaillé dans un bureau de scrutin et j'ai — évidemment — été candidate à une élection. On voit tous ces gens faire la queue devant les bureaux de vote. À mon sens, plus nous en ferons pour réduire au minimum les inconvénients et les désagréments que vivent les électeurs, et plus ces derniers auront envie d'aller voter. Personne n'aime se faire enquiquiner. Personne n'aime attendre en file. Alors plus nous en ferons pour raccourcir l'attente, et mieux tout le monde se portera.
Le projet de loi permettrait l'embauche d'un plus grand nombre de personnes, qui pourraient être recrutées plus tôt, de manière à ce qu'on ait le temps de bien les former. Beaucoup d'électeurs qui se rendent aux urnes ont l'impression qu'une certaine confusion règne dans les bureaux de vote. Ce n'est certainement pas rassurant pour les électeurs ou pour quiconque participe au processus. Nous espérons pouvoir mettre en oeuvre une façon de faire plus professionnelle pour résoudre ces problèmes, et je crois que nous avons grandement besoin d'apporter cette amélioration à notre système.
Cependant, tous les électeurs canadiens doivent pouvoir voter. Les élections doivent se dérouler dans la transparence, et la reddition de comptes est une nécessité. Pourtant, notre système continue d'être affligé par le problème de la fraude électorale. Chaque fois qu'une personne vote frauduleusement, elle annule le vote d'un électeur honnête.
Élections Canada a commandé des études de la question et en a réalisé une qui révèle des irrégularités massives dans le recours à un répondant pour exercer le droit de vote. L'étude révèle aussi un taux élevé d'erreurs sur les cartes d'information de l'électeur. Quelques collègues députés en ont déjà parlé. Les gens de Mississauga sont certainement au courant de ce problème. Je peux décrire aux députés les problèmes qui se sont produits relativement aux cartes d'information de l'électeur, problèmes dont j'ai été témoin moi-même dans ma circonscription.
On trouve des tours d'habitation dans la région du Grand Toronto, où les gens déménagent souvent. À certains endroits, 30 % de la population déménage entre deux échéances électorales. Lorsque les cartes d'information de l'électeur arrivent par la poste et que des personnes n'habitent plus à l'adresse indiquée, ces cartes sont déposées n'importe où dans l'immeuble, sur un comptoir ou dans des bacs de recyclage. Il s'en accumule un grand nombre. Des individus s'emparent de ces cartes et s'en servent d'une manière que tous les députés peuvent aisément imaginer.
Il m'est arrivé d'entendre des gens me dire, en pleine campagne électorale, qu'ils avaient reçu des cartes additionnelles destinées à des électeurs n'habitant plus au même endroit. « Pouvons-nous envoyer d'autres personnes voter à leur place », me disaient ces gens?
Bien qu'en pareil cas, l'enthousiasme des gens m'arrache un sourire, je ne manque pas de leur rappeler qu'agir ainsi serait absolument inapproprié et inacceptable. Ce serait franchement contraire à la loi, donc tout simplement intolérable.
Je pense que l'élimination de ces cartes d'information de l'électeur constituerait une grosse amélioration dont notre système a grandement besoin.
Évidemment, le choix des pièces d'identité qui seraient acceptables a donné lieu à d'amples discussions. La liste est assez exhaustive. Plus de 39 pièces d'identité seraient acceptées dans les bureaux de vote, y compris une carte de bibliothèque comme celle que la plupart des gens peuvent détenir.
Diverses pièces d'identité seraient acceptées, notamment les factures de services publics ainsi que les cartes étudiantes et les lettres des établissements scolaires adressées à qui de droit. De toute évidence, les étudiants pourraient voter.
À mon avis, ce qu'il importe de retenir, c'est que nous tâchons de mobiliser les électeurs, de les inciter à aller voter et de leur faire prendre conscience de l'importance d'exercer leur droit de vote. Mais en même temps, nous refusons de permettre à quiconque de bafouer le système, de commettre des actes répréhensibles et de voter sous le nom de quelqu'un d'autre.
Personnellement, et j'espère que c'est le cas de tous les députés, je veux sincèrement mobiliser les électeurs. J'espère voir des gens enthousiastes lorsque j'irai les rencontrer chez eux et discuter des enjeux qui les préoccupent.
Je suis une de ces députés qui adorent faire du porte-à-porte. Qu'il neige ou qu'il fasse une chaleur accablante, j'adore me rendre chez les électeurs pour connaître leurs priorités. Je tiens à savoir ce qu'ils veulent que je défende en leur nom à Ottawa. Nous ne sommes pas ici pour informer les électeurs de ce qui se passe à Ottawa, mais plutôt pour faire valoir à Ottawa les valeurs et les priorités de nos électeurs, de ceux qui ont été assez généreux pour nous élire afin que nous les représentions. Voilà une priorité concrète.
À mon avis, il incombe à tous les politiciens de mobiliser les électeurs, de les encourager à voter et de créer des politiques publiques qui suscitent suffisamment d'intérêt pour inciter les citoyens à se déplacer, à faire la queue au bureau de scrutin et à voter pour nous.
Je ne veux pas céder ce rôle à Élections Canada. Selon moi, il revient à chaque parti de susciter l'intérêt pour ce genre de débat. Nous devons présenter diverses initiatives qui incitent les familles canadiennes de la classe moyenne à aller voter, de sorte que, espérons-le, le Parlement reflète leurs valeurs et leurs priorités.
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Monsieur le Président, je me compte chanceuse de pouvoir parler de ce projet de loi, étant donné le nouveau bâillon qu'on nous impose. En fait, j'en ai perdu le compte. Je ne sais plus à combien nous en sommes. J'ai donc le privilège d'en parler, car la plupart de mes collègues n'auront malheureusement pas l'occasion de se prononcer sur ce projet de loi.
De plus, je trouve ironique qu'on soit en train de parler d'un projet de loi qui se veut une amélioration de la démocratie. Est-ce qu'il réussit vraiment à le faire? Je vais en parler plus tard. On se moque de la démocratie quand on impose un bâillon après un si court laps de temps dans le débat.
Je trouve encore plus ironique qu'on soit en train de débattre d'un projet de loi conservateur, soit la , qu'on appelle Fair Elections Act en anglais, alors que ce parti a été accusé de suppression de votes. En outre, des accusations ont été portées contre ce même parti concernant des campagnes de financement. D'ailleurs, c'est le secrétaire parlementaire du premier ministre, censé défendre les enjeux éthiques, qui en a été accusé.
Effectivement, il est très ironique que ceux qui n'ont probablement pas la meilleure note en éthique soient en train de nous présenter un projet de loi qu'ils trouvent formidable, en vue de réformer la démocratie et d'encourager les gens à voter, alors qu'ils ont été accusés de faire exactement le contraire.
Je vais parler du contenu de ce projet de loi. Durant la période des questions, à de nombreuses reprises, mes collègues ont relevé les effets qu'aura ce projet de loi sur la capacité des jeunes de s'impliquer dans le système électoral. Dans ce domaine, je crois avoir pas mal d'expérience.
Par exemple, quand j'étais à l'université, je demandais toujours à mes amis s'ils allaient voter et j'ai constaté que la plupart d'entre eux n'y allaient pas. Je tiens à souligner que j'ai étudié en sciences politiques. Habituellement, ces étudiants s'engagent dans le système électoral. Or quand je leur parlais des élections qui s'en venaient, ils me répondaient que c'était trop compliqué. Ce projet de loi va maintenant compliquer davantage les choses.
Par ailleurs, les jeunes m'ont dit qu'ils ne connaissaient pas le processus de vote. En effet, plusieurs personnes n'ont jamais eu l'occasion de l'apprendre. Certaines commissions scolaires de certaines provinces ont un programme d'éducation civique, et c'est bien. Cependant, on ne le trouve pas partout. Les jeunes qui n'ont peut-être pas très bien réussi à l'école ne se souviennent pas nécessairement de ce qu'ils ont appris dans leurs premières années d'études. Il est donc important de refaire cette éducation.
Avec ce projet de loi, les conservateurs viennent interdire au directeur général des élections d'offrir cette éducation aux jeunes à l'aide de programmes pertinents. Je me souviens qu'à l'âge de 15 ans, à mon école secondaire, on a simulé des élections, grâce au programme d'éducation du DGE.
Ce jour-là, tous les jeunes se sont impliqués: ils ont examiné les différents partis, les différentes promesses électorales de chaque parti et ils sont allés voter. Cette première expérience leur a permis de se dire qu'ils étaient capables de le faire dans l'avenir. Évidemment, il s'agissait de fausses élections. Ces jeunes n'avaient pas l'âge de voter, mais ils en ont appris le processus. Je tiens aussi à souligner qu'à mon école, le NPD a remporté le vote.
De temps en temps, je donne des cours de politique 101 dans ma circonscription, particulièrement à des femmes, pour impliquer les gens dans le processus électoral. On serait étonnés de constater à quel point les jeunes ne savent pas pour qui ils votent. Ils se demandent s'ils votent pour le palier gouvernemental municipal, provincial ou fédéral. Ils se demandent aussi de quoi s'occupe chacun de ces paliers. C'est vraiment mêlant. À leur âge, il est un peu gênant de lever la main et de demander à son voisin comment fonctionnent les élections.
Alors, si on limite la formation, on fait mal à notre démocratie. Lorsque 61 % des Canadiens votent et que 65 % des jeunes ne votent pas, on doit réfléchir à des méthodes pour les encourager à le faire. Oui, c'est bien d'ajouter un jour de vote par anticipation. C'est une bonne idée et je suis d'accord. Par contre, on rend l'inscription plus difficile le jour du scrutin.
C'est beau d'avoir une autre journée de vote, mais si on ne peut pas s'identifier parce qu'on ne peut plus se faire identifier par quelqu'un d'autre et que la carte d'identification électorale a été éliminée, cette journée supplémentaire est quasiment inutile. On rend l'acte d'aller voter en personne plus difficile. Cela n'a aucun bon sens. Or, en tant que parlementaires, nous avons le devoir de rédiger des projets de loi qui ont du bon sens.
Je tiens à souligner qu'aux dernières élections, 100 000 personnes ont voté à l'aide d'un témoin. Il peut s'agir d'aînés qui n'ont pas eu l'énergie d'aller renouveler toutes leurs cartes d'identité ou qui étaient trop malades, ou même de jeunes qui votaient pour la première fois et qui étaient accompagnés de leurs parents comme témoins. Plusieurs personnes ont besoin de ce système qu'on veut abolir. Si on tient compte de ce chiffre, on enlève le droit de vote à 100 000 personnes, un droit fondamental. On devrait tous s'opposer à une telle chose.
Après les appels frauduleux qui ont réussi à supprimer le vote de certains Canadiens, le DGE a fait des recommandations. Alors, est-ce qu'on peut agir pour corriger ce système qui a permis tout cela?
Ce projet de loi fait une petite chose: il exige l'inscription de la compagnie d'appels automatisés auprès de la CRTC. C'est un bon départ, sauf qu'on a oublié d'adopter toutes les autres recommandations, notamment celle visant à donner au directeur général des élections le pouvoir d'exiger des documents financiers. Certes, les partis engagent des vérificateurs, mais ce n'est pas la même chose.
La capacité d'obliger les témoins à comparaitre est une autre chose qu'on n'a pas incluse dans ce projet de loi. Cela aurait pu corriger une erreur ou, au moins, faire en sorte qu'elle ne se reproduise jamais. Par mesure de précaution, on aurait pu adopter ces mesures et améliorer le système électoral.
Le pire, c'est que le directeur général des élections n'ait même pas été consulté. C'est pourtant si évident. Il s'agit de celui qui est responsable d'étudier la loi électorale et de conseiller les candidats. On n'a même pas consulté le maître en cette matière pour rédiger un projet de loi qui affecte directement l'aptitude des gens à voter. C'est un gros problème. J'invite les conservateurs à aller le voir. Espérons qu'ils seront au moins capables d'apporter quelques amendements à ce projet de loi.
Je n'ai pas le temps de parler de toutes les failles de ce projet de loi, parce qu'il y en a beaucoup, mais je tiens à souligner que le droit de vote est fondamental. On a tous le devoir de s'opposer à des projets de loi comme le projet de loi , qui risque d'enlever le droit de vote à des personnes.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour appuyer le projet de loi C-23, Loi sur l'intégrité des élections, qu'a présenté le . La Loi sur l'intégrité des élections veillerait à ce que les citoyens soient responsable de la démocratie, en écartant ceux qui ont des intérêts spéciaux et en mettant fin aux activités des fraudeurs.
La Loi sur l'intégrité des élections mettrait en oeuvre 38 des recommandations formulées par le directeur général des élections.
L'un de ces changements consiste à lever l'interdiction de diffuser les résultats des élections. Mon exposé portera sur ce point. Le Canada s'étend sur six fuseaux horaires, ce qui représente une différence de quatre heures et demie d'un bout à l'autre du pays; cette situation a des répercussions sur les heures de scrutin au pays et la façon dont les résultats des élections devraient être diffusés. Au début de la Confédération, personne ne se souciait de la diffusion des résultats, puisque les moyens technologiques ne permettaient pas de les communiquer durant les heures de scrutin. L'arrivée des services télégraphiques a changé la donne.
Dans les années 1930, les parlementaires avaient exprimé leurs préoccupations devant le fait qu'on télégraphiait les résultats de la côte Est à certaines régions de l'Ouest et qu'on distribuait des éditions spéciales de journaux aux électeurs qui se dirigeaient vers le bureau de scrutin. À l'époque, les heures normales de vote — c'est-à-dire de 9 h à 20 h, heure locale — étaient respectées partout au pays, ce qui créait une différence de quatre heures en temps réel entre la clôture du scrutin dans les Maritimes et celle en Colombie-Britannique. En 1938, pour répondre à ces préoccupations, la Loi des élections fédérales fut adoptée; elle interdisait la diffusion des résultats des élections dans les circonscriptions électorales où le vote était toujours en cours. D'ailleurs, l'article 329 de l'actuelle Loi électorale du Canada interdit lui aussi la diffusion des résultats électoraux dans les circonscriptions où les bureaux de scrutin ne sont pas tous fermés. Quiconque viole intentionnellement cette interdiction est coupable d'une infraction et est passible sur déclaration sommaire de culpabilité d'une amende pouvant atteindre 25 000 $.
Depuis la mise en vigueur de cette interdiction, des objections pratiques et philosophiques ont été soulevées. D'un point de vue pratique, l'interdiction est difficile à appliquer en cette ère de technologies de communication et de médias sociaux. Par ailleurs, l'interdiction pourrait pénaliser des Canadiens pour avoir communiqué comme à leur habitude. D'un point de vue philosophique, l'interdiction porte atteinte à la liberté d'expression.
En 1991, le rapport de la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis, plus communément appelé le rapport Lortie, indiquait que l'interdiction était caduque et difficile à mettre en application compte tenu des progrès de la radiodiffusion et des technologies des communications, telles que le téléphone et le télécopieur. Pour remplacer l'interdiction, la commission recommandait l'étalement des heures de scrutin et précisait que les bureaux de vote dans les diverses régions ne devraient pas ouvrir trop tôt ni fermer trop tard. Les heures ne devaient pas contrarier les électeurs ni le personnel électoral, et les résultats concluants de l'Ontario et du Québec, qui peuvent déterminer le résultat d'un scrutin, ne devaient pas être connus avant la fermeture des bureaux de vote du reste du pays.
Le Parlement a adopté l'étalement des heures de scrutin en 1996. Par conséquent, la différence de temps entre la fermeture des bureaux de la côte Est et ceux de la côte Ouest est passée de quatre heures et demie à trois heures. De plus, la fermeture des bureaux de l'Ontario, du Québec et des trois provinces des Prairies allait dorénavant se faire à la même heure. Seulement 30 minutes allait séparer la fermeture des bureaux du centre du Canada et des Prairies de ceux de la Colombie-Britannique. On avait jugé qu'il ne s'agissait pas d'assez de temps pour que des résultats concluants obtenus dans un secteur allant de l'Alberta jusqu'au Québec soient diffusés dans les médias avant que les Britanno-Colombiens exercent leur droit de vote.
Après l'adoption de l'étalement des heures de scrutin, les résultats concluants de seulement 32 circonscriptions du Canada atlantique pouvaient être connus d'électeurs à l'ouest du Nouveau-Brunswick qui n'auraient pas encore voté. On a fait remarquer dans le rapport Lortie que cela ne poserait pas de problème important.
Au moment de la parution du rapport, il y avait seulement 295 sièges à la Chambre des communes; ainsi, les 32 circonscriptions représentaient 11 % des sièges à la Chambre.
Simplement dit, l'étalement des heures de scrutin règle le problème justifiant l'interdiction, nommément que le fait de savoir quel parti sera au pouvoir pourrait avoir une incidence sur les électeurs dans l'Ouest du Canada.
L'interdiction a également fait l'objet de litiges. Au terme des élections générales de 2000, M. Paul Bryan a été accusé d'une infraction pour avoir affiché les résultats du Canada atlantique sur son site Web alors que les bureaux de scrutin étaient toujours ouverts dans le reste du Canada. M. Bryan a interjeté appel de sa condamnation, faisant valoir que l'interdiction enfreignait la liberté d'expression, garantie par la Charte. L'affaire s'est rendue jusqu'à la Cour suprême du Canada, qui a rendu sa décision en 2007. La cour a décidé à l'unanimité que l'interdiction limite bel et bien la liberté d'expression, mais une majorité des juges a trouvé que cette limite était raisonnable étant donné qu'elle promeut l'égalité informationnelle des électeurs et la confiance du public dans le système électoral.
La cour a beau avoir affirmé la validité de l'interdiction, le Parlement a toujours le droit de l'abolir ou de la modifier. L'un des juges majoritaires qui a rédigé l'énoncé des motifs de la décision est même allé jusqu'à préciser que: « [...] le Parlement peut évidemment changer d'avis. Dans la mesure où elles respectent les limites prévues par la Constitution, les décisions de politique générale de cette nature demeurent la prérogative du législateur, non des tribunaux. »
La constitutionnalité de l'interdiction est à nouveau contestée en cour. Durant les 41e élections générales, CBC/Radio-Canada et Bell Media ont contesté l'interdiction, faisant valoir qu'à l'ère des médias sociaux, elle ne promeut plus l'égalité informationnelle.
Il est utile de songer à l'efficacité de l'interdiction, puisque la Commission Lortie a déterminé qu'elle était obsolète.
Comme je l'ai précédemment fait remarquer, lorsqu'elle a été adoptée en 1938, l'interdiction avait pour but d'éviter que les électeurs de l'Ouest sachent quel parti se retrouverait au gouvernement avant de voter. Cette justification n'est plus valable depuis que l'on a commencé à étaler les heures de scrutin en 1996. Ainsi, les électeurs tardifs à l'ouest du Nouveau-Brunswick peuvent seulement connaître le résultat des élections du Canada atlantique.
Rien ne porte à croire que la confiance des électeurs dans le système électoral serait réduite si les résultats leur étaient communiqués. C'est ce qui semble avoir été confirmé lors des élections générales de 2004, quand le directeur général des élections a suspendu l'interdiction de diffuser prématurément les résultats du scrutin. La Cour suprême de la Colombie-Britannique, dans l'affaire R. c. Bryan, a déclaré l'interdiction inconstitutionnelle alors que la Cour d'appel de la Colombie-Britannique avait accepté d'entendre l'appel. C'est seulement après la tenue des élections qu'elle a décidé de maintenir l'interdiction. Le directeur général des élections s'est donc prévalu de la loi en vigueur pour suspendre l'interdiction, permettant aux médias de communiquer les résultats du Canada atlantique aux électeurs tardifs à l'ouest du Nouveau-Brunswick.
Rien n'indique que les résultats des élections de 2004 ont été corrompus par la suspension de l'interdiction. L'interdiction a été imposée de nouveau durant les élections générales de 2006, de 2008 et de 2011 et durant les élections partielles subséquentes.
Lors des élections générales de 2008, on a rapporté que Northwestel, le câblodistributeur du Yukon, avait prématurément diffusé les bulletins de nouvelles de la côte Est aux téléspectateurs du territoire.
Pendant l'élection partielle de 2009, Élections Canada a demandé à un journal d'enlever de son site Web un article qui révélait les résultats électoraux initiaux d'une circonscription, mais n'a pas pris de mesures pour empêcher les discussions concernant les résultats des élections partielles sur Twitter.
En 2011, CBC a, par erreur, diffusé brièvement les résultats du Canada atlantique 30 minutes avant la fermeture des bureaux de scrutin dans le centre et l'Ouest du Canada et une heure avant celle des bureaux de la Colombie-Britannique.
Il y a d'autres preuves qui montrent que l'on contrevient souvent à cette interdiction. Bref, pour reprendre l'opinion exprimée dans le rapport Lortie, le droit des Canadiens de communiquer et de parler entre eux des élections est essentiel à la démocratie canadienne.
L'interdiction de diffuser prématurément les résultats du scrutin est une restriction inutile de la liberté d'expression à une époque où les médias sociaux et les autres technologies sont très répandus. L’interdiction de transmettre prématurément les résultats des élections n'a plus sa raison d'être de nos jours.
Le gouvernement entend aussi respecter son engagement de mettre fin à l'interdiction visant la transmission prématurée des résultats des élections dans la . Cette modification tient compte de la décision de la Cour suprême et de l'engagement du gouvernement à défendre la liberté d'expression de tous les Canadiens.
Pour ces raisons, j'encourage tous les députés à appuyer l'élimination de cette disposition dans la loi.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , la prétendue Loi sur l'intégrité des élections, à l'étape de la deuxième lecture. J'aimerais dire, d'entrée de jeu, que je suis fermement opposé à cette initiative, tant sur le fond que sur la forme. Je vais expliquer pourquoi.
En ce qui concerne la forme, il est très difficile pour moi d'expliquer aux électeurs de ma circonscription, Victoria, les raisons qui ont poussé les conservateurs à recourir à l'attribution de temps le mercredi, après seulement deux discours, alors que ce projet de loi, qui contient un peu plus de 240 pages, avait été présenté le mardi.
Cela fait 17 mois que nous attendons ce projet de loi. Les conservateurs s'étaient engagés à le déposer en septembre 2012.
Élections Canada, les autres partis et les députés n'ont pas été consultés. Pourtant, je crois savoir que c'était une tradition à la Chambre, avant que cette loi fondamentale, cette loi quasi-constitutionnelle, ne soit présentée. Le gouvernement a imposé le début du débat le lendemain du dépôt de ce projet de loi de 244 pages.
Le gouvernement a refusé d'adopter une motion du NPD visant à renvoyer le projet de loi au comité après la première lecture, ce qui aurait permis d'y apporter des modifications importantes et d'éviter le débat actuel.
Enfin, n'oublions pas que — oh surprise — la loi sur le manque d'intégrité des élections a été présentée à la Chambre juste avant le dépôt du budget et à un moment où l'attention des Canadiens est naturellement tournée vers les Jeux olympiques. Voilà comment cela se passe. Je sais que les Canadiens l'ont compris.
Je viens de rencontrer des étudiants à la flamme. Ils nous ont présenté des pétitions signées par 30 000 personnes en une seule fin de semaine. Les Canadiens comprennent ce que le gouvernement tente de faire et, autant que faire se peut, nous ne le laisserons pas s'en tirer comme cela.
Aujourd'hui, le Globe and Mail posait la question qui me brûle les lèvres: Pourquoi est-ce si urgent de faire adopter cette mesure législative? Est-ce parce que les conservateurs s'attendent à ce que les Canadiens n'en connaissent pas la teneur, de sorte que, s'il est adopté à toute vapeur, ils n'y verront que du feu? C'est une allégation très grave que je fais et cela montre fondamentalement une chose que j'espérais ne jamais voir ici: le parfait cynisme avec lequel ce projet de loi a été traité.
Je rappelle qu'après deux allocutions, ils ont présenté une motion de clôture et l'ont fait adopter le plus rapidement possible. Même le quotidien national comprend ce qui se passe. Les Canadiens aussi.
Le ministre de la supposée Réforme démocratique, qui a repoussé avec tant d'agressivité les critiques concernant la façon dont les conservateurs ont agi lors des élections, critiques qui se sont ultérieurement révélées fondées, dit maintenant que cette mesure est juste et judicieuse. Eh bien, il y a peut-être des choses dans le projet de loi qui nous plaisent, mais comme on peut s'y attendre de la part des conservateurs, il y a des choses qui vont à l'encontre du fonctionnement attendu d'une démocratie.
Appelons un chat un chat. Oublions le langage orwellien, le titre du projet de loi. Donnons-lui un juste titre. C'est une loi sur le manque d'intégrité des élections. Je vais expliquer pourquoi, essentiellement, je suis de cet avis.
Premièrement, ce n'est pas un projet de loi ordinaire. Nous sommes saisis d'un projet de loi analogue à la Loi sur l'accès à l'information ou à la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui sont essentiellement de nature quasi constitutionnelle. Elles énoncent les règles de base qui régissent notre démocratie.
Mon brillant collègue de a passé des heures et des heures à étudier cette mesure législative complexe. Il y a relevé au moins 30 lacunes graves. J'ai le temps de n'en citer que deux, mais qui sont, je pense, très graves. Parler de cela avec la menace d'une clôture est carrément inexcusable. Je suis franchement peiné et honteux de me retrouver ici dans cette situation.
Il est scandaleux que le ministre conservateur de la Réforme démocratique n'ait pas consulté le directeur général des élections au sujet des changements et qu'il ait ensuite fait des déclarations trompeuses durant la période des questions en affirmant le contraire.
Le nouveau projet de loi réduirait la capacité d'Élections Canada de communiquer avec les électeurs, puisqu'il restreindrait le pouvoir juridique du directeur général des élections et éliminerait les dispositions permettant à Élections Canada de promouvoir le processus électoral « aux personnes et aux groupes de personnes susceptibles d'avoir des difficultés à exercer leurs droits démocratiques. » Tout ce que le directeur général des élections pourra faire, c'est indiquer aux gens qui a le droit de voter et où aller voter. Il ne pourra promouvoir la démocratie en cas d'affront à la démocratie. Je suis d'accord avec le directeur général des élections. Nous avons la chance d'avoir des mandataires du Parlement comme lui et comme les commissaires à l'information et à la protection de la vie privée, qui, grâce aux mesures de protection qui leur sont accordées, peuvent dire le fond de leur pensée au nom des Canadiens. Je suis fier que le directeur général des élections le fasse, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Parlons seulement de deux questions de fond. J'aimerais m'attarder, en premier lieu, sur l'affaiblissement d'Élections Canada et, en deuxième lieu — et là encore, il faut appeler les choses par leur nom — les mécanismes prévus dans le projet de loi pour empêcher les électeurs de voter.
Le ministre s'en prend à Élections Canada depuis bien des années. Peu après le dépôt du projet de loi, il a accusé Élections Canada d'avoir un parti pris et « de porter le chandail d'une équipe » quand vient le temps de poursuivre en justice les conservateurs ayant enfreint les règles. De toute évidence, le projet de loi s'attaque à Élections Canada, en affaiblissant ses pouvoirs.
Le directeur général des élections a demandé, à l'instar du NPD, qu'on lui attribue plus de pouvoirs, notamment la capacité de demander des documents financiers liés aux élections. Les conservateurs ont omis d'inclure ces mesures dans le projet de loi.
Au lieu de cela, le directeur général des élections serait nommé et rendrait des comptes au Parlement. En outre, aux termes du projet de loi, le commissaire aux élections relèverait d'un autre mandataire, à savoir du directeur des poursuites pénales, ou DPP, lequel serait nommé par le procureur général et rendrait des comptes au gouvernement. Nous sommes censés nous en réjouir, je crois. Eh bien, personne aux bureaux d'Élections ne s'en réjouit.
Examinons ce que les conservateurs auraient pu faire.
Il existe un certain nombre de commissions des valeurs mobilières au Canada. Il y a aussi le Bureau de la concurrence, qui est un organisme fédéral. Il s'agit d'une agence indépendante d'application de la loi, qui veille à ce que les entreprises et les consommateurs canadiens puissent prospérer dans un milieu concurrentiel. La Cour suprême du Canada a vanté le mode de fonctionnement de cet organisme. Pourquoi ne pouvons-nous pas en faire autant maintenant?
J'invite tout le monde à examiner l'affaire Chrysler Canada Ltd. c. Canada (Tribunal de la concurrence), qui remonte à 1992. Dans sa décision, le juge Gonthier, de la Cour suprême du Canada, a félicité l'organisme pour la façon dont il applique des solutions relevant tant du droit civil que du droit pénal.
Nous aurions pu avoir un régime semblable. C'est ce que nous avions avant. Maintenant, nous sommes censés être heureux des changements qui viseront à affaiblir Élections Canada en faisant en sorte que le commissaire relève du gouvernement. Cela n'a aucun sens. Je sais que les Canadiens ne seront pas dupes.
Quel est donc le problème? La mesure qui pourrait probablement être la plus efficace pour renforcer les enquêtes ne figure pas dans le projet de loi. De quelle mesure s'agit-il? Il s'agit de conférer au commissaire les mêmes pouvoirs d'obliger des gens à témoigner dans le cadre d'une enquête que ceux dont sont déjà investis les enquêteurs en vertu de la Loi sur la concurrence.
Cependant, ce n'est pas suffisant pour les conservateurs. Selon la Cour suprême, cette pratique semble bien fonctionner dans le cas de la concurrence, mais le projet de loi nous propose d'essayer quelque chose de différent.
Pourquoi? Est-ce parce que les conservateurs mènent une vendetta contre certaines personnes à Élections Canada? Je laisse le soin aux Canadiens de tirer leurs propres conclusions.
Le projet de loi passe aussi sous silence un élément de la motion du NPD pour laquelle les conservateurs ont voté, en mars 2012, celui qui demandait de conférer à Élections Canada le pouvoir de requérir et de recevoir des documents des partis politiques nationaux afin de lui permettre de déterminer si la Loi électorale du Canada avait été respectée. Ce n'est pas dans le projet de loi.
La deuxième lacune grave du projet de loi concerne le fait d'empêcher des électeurs d'exercer leur droit de vote. Comme le savent les Canadiens, les conservateurs ont l'habitude de violer les lois électorales. Pensons seulement aux manoeuvres de transfert, aux appels automatisés destinés à enlever des votes à l'opposition et aux infractions concernant les dépenses excessives des ministres conservateurs.
Le projet de loi interdirait par ailleurs le recours à un répondant. Je suis fier qu'une de mes électrices, Rose Henry, une activiste autochtone qui travaille auprès des sans-abri, se soit rendue jusqu'à la Cour d'appel de la Colombie-Britannique en faisant valoir qu'il s'agit d'un des éléments essentiels au processus électoral. Le tribunal a été du même avis, confirmant la constitutionnalité de ce qu'elle avait envisagé d'invalider, entre autres au motif que le recours à un répondant fait partie intégrante de la procédure électorale canadienne. Pourtant, les conservateurs voudraient mettre une croix là-dessus.
J'invite Rose à retourner devant les tribunaux et à défendre ses droits d'électrice. Je prédis que, cette fois, elle remportera sa cause au motif que la loi proposée sera jugée anticonstitutionnelle.
Ce projet de loi, c'est une vraie farce. Les Canadiens commencent à en prendre conscience, et j'espère qu'ils se soulèveront pour dénoncer ce qu'il est vraiment: un projet de loi sur le manque d'intégrité des élections.
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Monsieur le Président, je suis contente de parler aujourd'hui du projet de loi .
Grâce à la Loi sur l'intégrité des élections, la démocratie sera entre les mains des citoyens puisque ceux qui ont des intérêts particuliers ou qui enfreignent les règles seront écartés. Cette mesure législative fait en sorte qu'il sera plus difficile d'enfreindre la loi électorale. Elle comble les lacunes permettant à l'argent d'avoir une influence indue en politique, impose de nouvelles sanctions aux imposteurs qui font des appels frauduleux et accorde plus de pouvoirs aux enquêteurs.
La Loi sur l'intégrité des élections protège les électeurs contre les appels frauduleux en rendant obligatoire la consignation des grandes campagnes téléphoniques dans un registre public. Elle prévoit des peines d'emprisonnement pour les personnes qui se font passer pour des fonctionnaires électoraux, de même que des sanctions plus sévères.
Elle accroît l'indépendance du commissaire aux élections fédérales en lui permettant de gérer son personnel et ses enquêtes comme il l'entend et de demander l'application de sanctions plus sévères à l'égard des infractions existantes. En outre, elle crée plus d'une dizaine de nouvelles infractions pour contrer l'influence indue de l'argent ainsi que les appels et les votes frauduleux.
Cette mesure législative s'attaque à la fraude électorale en ne permettant plus aux électeurs de recourir à un répondant ou de présenter seulement leur carte d'information de l'électeur au lieu d'une pièce d'identité en bonne et due forme. Elle rend les règles électorales claires, prévisibles et faciles à suivre, interdit le recours aux prêts utilisés pour contourner les règles relatives aux dons, lève l'interdiction de diffuser les résultats électoraux avant la fermeture des bureaux de scrutin, rétablissant ainsi la liberté d'expression.
Le projet de loi améliore le service à la clientèle offert aux électeurs et ajoute un jour de vote par anticipation.
Enfin, pour ce qui est des différends liés aux dépenses électorales, un député aurait le droit de s'adresser aux tribunaux afin qu'un juge rende rapidement une décision à ce sujet, avant que le directeur général des élections demande la suspension du député.
Aujourd'hui, je veux surtout m'attarder à un aspect qui préoccupe également mes collègues à la Chambre, soit la façon dont les règles électorales seraient appliquées au Canada.
J'aimerais tout d'abord expliquer en quoi le projet de loi accroîtra les pouvoirs et l'indépendance du commissaire aux élections fédérales en lui donnant des pouvoirs accrus, un plus grand rayon d'action et une plus grande marge de manoeuvre.
Je tiens à rappeler à la Chambre que c'est le commissaire qui doit veiller au respect et à l'application des dispositions de la Loi électorale du Canada et de la Loi référendaire.
J'aimerais maintenant expliquer rapidement comment le projet de loi donnera plus de pouvoir au commissaire en ce qui concerne l'application des lois électorales du Canada.
Il aura plus de pouvoir, car il pourra imposer des peines plus lourdes pour les infractions déjà prévues dans la loi. Prenons par exemple les peines imposées à ceux qui usurpent l'identité d'une autre personne, fournissent de faux renseignements ou font entrave à une enquête. Il s'agirait de nouvelles infractions qui seraient passibles de lourdes peines. Ainsi, une amende maximale de 20 000 $ ou une peine d'emprisonnement d'une durée maximale d'un an pourrait être imposée pour toute infraction punissable par procédure sommaire, tandis qu'une amende maximale de 50 000 $ et une peine d'emprisonnement d'une durée maximale de cinq ans pourraient être imposées sur déclaration de culpabilité par mise en accusation.
Les candidats et les agents officiels reconnus coupables de cette infraction ne pourraient pas être députés à la Chambre des communes ni occuper un poste dont le titulaire est nommé par la Couronne ou le gouverneur en conseil et ce, pendant sept ans.
Les amendes maximales seraient aussi haussées en cas d'infraction électorale grave, comme prêter un faux serment ou faire une déclaration fausse ou erronée au personnel électoral. Dans les cas de déclaration de culpabilité par procédure sommaire, les amendes passeraient de 2 000 $ à 20 000 $, et, dans les cas de mise en accusation, elles passeraient de 5 000 $ à 50 000 $.
De même, les amendes maximales seraient haussées pour une vaste gamme d'infractions, notamment le fait de ne pas nommer d'agent ou de vérificateur, de ne pas s'enregistrer à titre de tiers, de ne pas produire de rapport trimestriel ou de rapport financier et de transmettre de la publicité pendant une période d'interdiction.
Le projet de loi dont nous sommes saisis éliminerait aussi le délai de prescription pour les infractions intentionnelles. Le commissaire serait en mesure de remonter plus loin dans le temps pour prendre ceux qui ont délibérément enfreint la loi.
Tous les députés devraient convenir que les dispositions du projet de loi accorderaient au commissaire plus de pouvoir pour appliquer les dispositions de la Loi électorale du Canada.
Le rayon d'action accru que le projet de loi donnerait au commissaire est tout aussi important. Cela signifie que le commissaire pourrait invoquer plus d'une dizaine de nouvelles infractions pour combattre l'influence des gros capitaux ainsi que les appels et les votes frauduleux.
Pour commencer, cette mesure législative rendrait illégal le fait de se faire passer pour un agent politique ou un membre du personnel électoral. Il s'agit d'une recommandation tirée du rapport du directeur général des élections sur la prévention des communications trompeuses.
De plus, en vertu du projet de loi, toute personne qui fait une fausse déclaration ou une déclaration trompeuse au sujet de ses qualités d'électeur ou de son inscription commettrait une infraction. De nouvelles infractions relatives à la violation des règles de financement public ont également été créées, et comprennent le fait de consentir délibérément des prêts indirects pour une campagne.
Comme le savent les députés, ce projet de loi confierait également au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, le CRTC, la responsabilité de gérer le nouveau Registre de communication avec les électeurs. Les dispositions élargies du projet de loi prévoient de nouvelles sanctions relatives à la non-conformité au Registre de communication avec les électeurs de même que des infractions pour le défaut de conserver les textes et enregistrements utilisés par les services d'appels aux électeurs. Une fois de plus, je crois qu'il est évident que, en plus d'accroître les pouvoirs du commissaire aux élections, le projet de loi lui donnerait un plus grand rayon d'action.
Enfin, j'aimerais vous expliquer comment le projet de loi donnerait une plus grande marge de manoeuvre au commissaire.
Une plus grande marge de manoeuvre signifie que le commissaire aurait une pleine indépendance, pourrait gérer son personnel et ses enquêtes comme il l'entend et remplirait un mandat fixe de sept ans de sorte qu'il ne puisse pas être congédié sans raison.
En vertu du système actuel, le commissaire relève directement du directeur général des élections, et se fie sur son soutien et ses ressources. Le directeur général des élections et le commissaire aux élections ont un rôle et des responsabilités fondamentalement différents. Le directeur général des élections gère les élections, et le commissaire applique les règles. Ils ont tous deux des fonctions essentielles à la démocratie, mais il est insensé qu'un d'entre eux relève de l'autre. En fait, c'est inapproprié.
C'est pourquoi, dans le but de séparer l'administration des élections de l'application de la loi sur les élections, la Loi sur l'intégrité des élections prévoit que le commissaire occupe son poste au sein du Bureau du directeur des poursuites pénales. Pour que le commissaire soit indépendant, ses pouvoirs et fonctions demeureraient les mêmes, mais il prendrait ses propres décisions en matière de dotation et mènerait ses enquêtes indépendamment du directeur des poursuites pénales et d'Élections Canada. De plus, les prochains titulaires du poste seraient nommés pour un mandat non renouvelable de sept ans.
Bien que les fonctions d'enquête et de poursuite seraient tenues dans le même bureau, le directeur des poursuites pénales ne jouerait aucun rôle dans les enquêtes du commissaire. Pour assurer l'intégrité du poste, les personnes qui, par le passé, ont été candidates, employées d'un parti enregistré, membres du personnel exonéré d'un ministre, membres du personnel d'un député ou employées d'Élections Canada seraient inadmissibles au poste de commissaire.
Dans l'intérêt de la continuité, la Loi sur l'intégrité des élections propose que l'actuel commissaire aux élections fédérales demeure en poste. Ainsi, toutes les enquêtes en cours pourront se poursuivre sans interruption.
Le projet de loi élimine la disposition permettant au directeur général des élections d'ordonner au commissaire aux élections fédérales de faire enquête. Cependant, le directeur général des élections peut quand même lui demander d'enquêter sur une allégation. Qui plus est, tout citoyen canadien peut signaler des irrégularités au commissaire.
Enfin, le commissaire aurait le pouvoir de lancer ses propres enquêtes. La Loi sur l'intégrité des élections donnerait au commissaire tous les outils dont il a besoin pour faire enquête sur toutes les personnes assujetties à la Loi électorale du Canada, y compris les fonctionnaires d'Élections Canada, et se pencher sur toute violation possible de la loi.
Le projet de loi dont nous sommes saisis donnerait au commissaire aux élections fédérales une plus grande marge de manoeuvre dans l'application des règles électorales fédérales. Il améliorerait les règles en vigueur et propose de nouvelles dispositions législatives régissant les pratiques qui ont été mises en évidence au cours des dernières élections.
Il établit également de nouvelles règles qui rendraient l'application de la loi plus efficace en donnant au commissaire aux élections fédérales des pouvoirs accrus, un plus grand rayon d'action et une plus grande marge de manoeuvre dans le maintien de l'intégrité de notre système électoral. J'espère que tous les députés se joindront à moi pour appuyer le projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de pouvoir prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . J'aimerais d'abord prendre quelques instants pour souligner que, lorsqu'on précipite le processus en limitant le débat et en ne nous accordant que peu de temps pour étudier un projet de loi d'importance capitale, j'ai rarement l'occasion de prendre la parole. Je tiens donc à remercier le Parti libéral de m'avoir donné l'occasion de le faire aujourd'hui. Je ne suis pas convaincue de souscrire à toutes les objections soulevées par les libéraux à propos de ce projet de loi, mais j'en approuve un grand nombre.
Lorsque je me demande ce que nous devons faire pour renforcer la démocratie au Canada, je ne peux faire autrement que de penser à la publicité ingénieuse de Représentation équitable au Canada, qui met en vedette l'un de mes comédiens canadiens favoris, Don Ferguson, de l'émission Royal Canadian Air Farce. Il porte un sarrau blanc et parle du grave problème que pose le dysfonctionnement électoral au Canada et du fait que le système fonctionne mal.
Je n'expliquerai pas tous les propos à double sens qui sont tenus dans cette publicité, mais comme les députés peuvent le deviner, ils sont nombreux. Cela dit, la publicité illustre la nécessité de trouver une solution en vue de remédier aux lacunes d'un système en mauvaise posture. Elle souligne qu'il faut éliminer le système uninominal majoritaire à un tour. Il s'agit là d'un aspect essentiel de l'intégrité des élections au Canada, et la composition de la Chambre des communes doit être le reflet des résultats des élections.
Une réforme est nécessaire. Nous devons adopter une loi sur l'intégrité des élections. Nous devons nous attaquer à l'hyperpartisanerie malsaine, aux publicités négatives constantes et au fait que nous n'avons toujours pas tiré au clair le scandale des appels automatisés des dernières élections. Malheureusement, le projet de loi n'aborde pas ces enjeux.
Nous avons a portée de la main un moyen sûr d'avoir une démocratie saine, mais nous examinons plutôt un projet de loi qui fragiliserait notre système électoral, affaiblirait la démocratie et réduirait davantage le taux de participation. Nous avions l'occasion de mettre de côté le cynisme des campagnes de dénigrement ininterrompues qui servent de « mécanisme délibéré » — c'est le langage employé par les doreurs d'image en politique — pour dissuader l'électorat d'aller voter. Les incessantes publicités négatives visent à réduire la participation des électeurs d'un parti, au profit d'un autre parti.
Beaucoup de choses passent maintenant pour des prouesses politiques, et quiconque aime la démocratie devrait avoir honte d'agir ainsi et être condamné à ne plus jamais se présenter à des élections. Il ne s'agit pas d'un effort commun des divers partis pour encourager tout le monde à voter, comme l'ont répété toute la journée mes collègues d'en face. Des efforts incessants sont déployés pour faire exactement le contraire, et je crains que ce projet de loi ait été conçu dans cet esprit, pour réduire la participation électorale.
Nous aurions pu saisir l'occasion pour donner suite aux réformes proposées dans le projet de loi d'initiative parlementaire , qui a été déposé par le député de . Cela nous aurait permis d'avoir des élections plus équitables. Nous aurions pu uniformiser les règles de financement pour que les députés qui siègent comme indépendants aient une bonne chance d'obtenir les fonds nécessaires à leur réélection. Mais ce n'est pas ce que nous avons fait.
Nous devons examiner les façons dont ce projet de loi nuirait à la bonne marche de la démocratie et réduirait davantage le taux de participation aux élections. Beaucoup de mes collègues ont parlé de cette question de manière très éloquente et claire, et l'ont analysée de manière approfondie. Je tiens tout particulièrement à féliciter mon ami, le député de , qui a fait un travail brillant sur ce projet de loi.
J'aimerais signaler les éléments du projet de loi que j'appuie. Mon opinion n'est peut-être pas partagée par la majorité, mais je ne vois pas vraiment de problème à ce que le commissaire aux élections fédérales relève du Bureau du directeur des poursuites pénales. Je crois que c'est un organisme indépendant. Le problème, c'est que le gouvernement ne lui a pas donné d'outils. Il n'a pas accordé à ce fonctionnaire des pouvoirs d'assignation. Pire encore, pour une raison que j'ignore, il prévoit laisser son travail dans l'ombre. Le projet de loi modifierait la Loi sur l’accès à l’information afin d'empêcher l'accès à toute information sur le travail du commissaire aux élections fédérales. Il supprimerait également dans la Loi électorale du Canada l'obligation de fournir des renseignements sur les enquêtes.
Un autre élément du projet de loi que j'appuie est le plan visant à s'attaquer au problème des appels automatisés afin d'avoir un moyen de déterminer qui se procure ce genre de services. Ce n'est pas une mauvaise idée, et j'aurais voté en faveur de cette mesure.
Cependant, le projet de loi crée une nouvelle échappatoire importante pour dépenser des fonds. En effet, les sommes d'argent consacrées aux activités de collectes de fonds pour les candidats à l'investiture ne seront plus considérées comme des dépenses électorales. Cela ouvre la porte aux abus.
Quelle est le pire aspect du projet de loi? Le fait qu'il met en cause l'essence même de la démocratie. C'est une question qui relève de la Charte. Je vais citer une déclaration récente de la Cour suprême du Canada sur le droit de vote des Canadiens. C'est une décision qui a été rendue en octobre 2012. Nous la connaissons tous. Comme cette affaire porte le nom du député actuel d', je ne la nommerai pas. Toutefois, c'est une bonne décision rédigée par les juges Rothstein et Moldaver.
Voici un extrait de la décision:
Le droit de vote, garanti à tout citoyen par l’art. 3 de la Charte, est au cœur même de la démocratie canadienne.
À noter que la Cour n'a pas conclu que ce droit avait été bafoué dans ce cas précis, mais cela tient au fait que bon nombre des dispositions que le projet de loi cherche à éliminer étaient en vigueur. Cette citation de la Cour suprême m'apparaît tout à fait pertinente. Elle nous signale que le projet de loi est probablement anticonstitutionnel, comme l'a souligné récemment mon collègue de . Voici ce qu'on peut lire ensuite au paragraphe 45 de la décision de la Cour suprême:
Le système canadien vise à traiter équitablement les candidats et les électeurs à la fois dans la tenue des élections et dans le règlement des problèmes liés au processus électoral. Comme nous l’avons vu, la Loi a pour objet de permettre à toutes les personnes ayant le droit de voter [...] de participer au scrutin [...]
L’électeur peut établir sa citoyenneté canadienne de vive voix en prêtant serment.
Le projet de loi fait disparaître cette possibilité.
La Cour ajoute ensuite:
L’accessibilité n’est possible que si nous sommes prêts à accepter une certaine incertitude quant au droit de voter de toutes les personnes qui ont voté.
Les députés conservateurs et le ministre n'ont fourni aucun élément de preuve pour démontrer que nous sommes confrontés à un problème de fraudes électorale au pays. On n'a rien pour prouver que des Canadiens créent de fausses pièces d'identité et votent plusieurs fois. La démocratie canadienne est en crise, non pas parce que des Canadiens votent plus d'une fois, mais parce qu'ils votent moins d'une fois, et ce projet de loi minerait la confiance des Canadiens dans le système et accroîtrait le cynisme.
Quant au traitement réservé au directeur général des élections, disons que la loi donne plus de pouvoirs au gouvernement pour s'en prendre à Marc Mayrand. Je trouve cela odieux. C'est un fonctionnaire qui fait son travail mais ce travail sera désormais entravé.
Pendant la rédaction de mon dernier livre, qui portait, croyez-le ou non, sur la crise de la démocratie canadienne, je voulais faire la lumière sur les raisons pour lesquelles les jeunes ne votent pas. Où trouver une bonne étude pour éclairer ma lanterne? J'ai trouvé une bonne étude car elle avait été commandée par Élections Canada. Cette étude visait avant tout à informer les partis politiques de ce qu'ils devraient faire pour veiller à ce que les citoyens acquièrent des connaissances civiques et une compréhension du monde politique le plus tôt possible.
Je pense que le fait de considérer les électeurs comme des clients mine la responsabilité politique et la compréhension civique. Une loi sur les élections qui parle de service à la clientèle quand il est question de voter a quelque chose qui cloche sérieusement. Il s'agit d'un droit. Ce n'est pas du magasinage et tous les Canadiens doivent pouvoir voter.
Je ne saurais dire aux députés à quel point il est navrant d'entendre qu'on n'a pas laissé voter des gens, particulièrement des jeunes, et qu'ils ont constaté que plusieurs pièces d'identité n'étaient pas acceptées. Je me souviens d'une jeune femme que j'ai rencontrée à Dawson City au cours d'une assemblée publique sur la démocratie. Elle a dit qu'elle a essayé deux fois. Je lui ai demandé si elle allait continuer d'essayer et elle m'a répondu qu'elle ne savait pas si cela valait la peine, et qu'ils ne voulaient pas de son vote.
Je me souviens des larmes qu'un aîné de 75 ans du comté de Pictou a versées lorsqu'on lui avait refusé le droit de voter — lui qui avait toujours exercé son droit de vote — parce qu'il n'avait pas de pièce d'identité avec photographie, et c'est le gouvernement actuel qui avait adopté cette nouvelle mesure. Il n'avait pas de permis de conduire. Sa belle-soeur travaillait au bureau de scrutin, mais les règles lui interdisaient d'agir en qualité de répondant parce qu'elle ne s'était pas rendue au bureau de scrutin dans ce but précis. Au titre de la nouvelle loi, davantage de Canadiens ne pourraient pas exercer leur droit de vote parce que le gouvernement a l'impression, à tort, que nous sommes aux prises avec une épidémie de fraude électorale. Or, la crise est ailleurs.
Nous devons faire tout en notre pouvoir pour rétablir la confiance des Canadiens dans l'intégrité de notre régime démocratique, et le projet de loi ne va pas du tout dans la bonne direction. Pourquoi un parti au pouvoir proposerait-il pareille mesure législative? Pourquoi le gouvernement est-il si pressé d'empêcher les Canadiens d'exercer leur droit de vote? Y a-t-il des élections qui se préparent sans qu'on le sache? Le gouvernement adopte-t-il ces nouvelles règles qui visent les Premières Nations, les aînés, les jeunes, les pauvres ainsi que les groupes qui défendent leurs intérêts afin qu'il leur soit encore plus difficile de voter puisqu'ils devront présenter une carte d'identité avec photographie délivrée par le gouvernement? Est-ce là ce que souhaite le gouvernement?
Je suis déconcertée, consternée, profondément scandalisée et troublée par ce projet de loi. Les bons éléments de ce projet de loi auraient pu être améliorés, mais les mauvais n'ont aucunement leur place dans une démocratie.
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Monsieur le Président, je voudrais dire quelques mots dans le peu de temps dont je dispose.
Le débat qui a lieu dans cette enceinte me déçoit. J'ai entendu des gens soutenir que l'obligation de présenter une pièce d'identité aurait pour effet de diminuer le taux de participation électorale.
Nous entendons beaucoup parler des droits. Mais qu'en est-il des obligations? Nous, les Canadiens, avons une obligation envers notre pays. Lorsque des gens arrivent ici en provenance des quatre coins du monde, pour devenir des Canadiens, on leur enseigne qu'ils ont des droits et des obligations. On met à l'épreuve leurs connaissances sur ce sujet. Le droit de vote est en fait le devoir de l'électeur. En tant que citoyens canadiens, nous avons le devoir de façonner l'avenir de notre pays. Il ne revient pas strictement à Élections Canada de veiller à ce que l'information parvienne aux gens. C'est notre obligation à tous. Cela doit faire partie de l'éducation que les parents donnent à leurs enfants.
Il y a des années, de jeunes Canadiens sont partis se battre et sont morts pour défendre les droits démocratiques et les privilèges dont nous jouissons aujourd'hui au Canada. Je me suis rendu au cimetière de Groesbeek, aux Pays-Bas, l'année dernière. J'ai circulé entre les pierres tombales et j'y ai vu les inscriptions. Certains de ces garçons n'avaient que 16 ou 17 ans.
Aujourd'hui, dans le monde entier, des gens luttent pour revendiquer leur droit démocratique fondamental de voter afin d'avoir leur mot à dire. Ce que nous disons, à la Chambre, c'est que nous ne pouvons pas demander ceci et cela aux gens, mais que nous devons les encourager. Non. Nous devons faire en sorte que nos concitoyens en arrivent tous à ressentir un sentiment d'appartenance pour le Canada et à comprendre que nous avons tous le devoir d'assurer l'avenir du pays.
Nous façonnons l'avenir de notre pays. Ce n'est pas qu'une question de droits. Les droits, c'est une chose, mais il y a aussi les devoirs. Nous avons tous des devoirs et des responsabilités envers notre grand pays. Ne l'oublions jamais.