propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je saisis l'occasion pour remercier les citoyens de la belle circonscription de pour leur appui depuis près de six ans à leur service et dans mes fonctions de ministre responsable des ressource naturelles.
Je profite de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour souligner les mesures prises par le gouvernement à l'égard de sûreté et de la sécurité en matière énergétique dans les industries énergétiques extracôtière et nucléaire du Canada.
[Français]
Notre gouvernement est déterminé à maintenir un régime de responsabilité de classe mondiale dans les secteurs de l'énergie nucléaire et extracôtière au Canada.
Nous avons la responsabilité d'assurer la sécurité et la protection de la population canadienne et de notre environnement. Nous sommes résolus à n'autoriser que le développement qui peut être effectué en toute sécurité.
[Traduction]
L'un des principaux éléments du projet de loi consiste à augmenter les plafonds de responsabilité absolue des secteurs extracôtier et nucléaire à 1 milliard de dollars, ce qui les porterait à un niveau comparable à ce qu'il est ailleurs dans la communauté internationale. Il s'agit d'une mesure proactive importante pour s'assurer que, en cas d'accident, les contribuables n'aient pas à payer la note.
En ce qui concerne les déversements de pétrole, les modifications proposées aideraient à accroître la sûreté et la sécurité pour prévenir les incidents et assurer une intervention rapide dans le cas improbable d'un déversement.
Dans son discours du Trône, le gouvernement a été clair. Nous inscrirons dans la loi le principe du pollueur payeur. Nous nous sommes également engagés à renforcer les exigences liées à l'assurance-responsabilité et à établir des normes de sécurité plus élevées pour les entreprises menant des activités au large des côtes.
Le projet de loi réaliserait ces objectifs.
Parlons maintenant de la gestion de l'industrie pétrolière et gazière extracôtière du Canada, qui, comme nous le savons, est en plein essor et en train de transformer l'économie du Canada atlantique. L'industrie extracôtière injecte des milliards de dollars dans l'économie canadienne et fournit des milliers d'emplois. L'exploitation au large des côtes est l'un des secteurs qui connaissent la croissance la plus rapide au Canada en ce moment. À l'heure actuelle, cinq grands projets donnent une production dans les zones extracôtières de l'Atlantique.
Comme le savent mes collègues, le bilan environnemental du Canada dans les zones extracôtières de l'Atlantique est déjà très solide.
[Français]
Notre plan de développement responsable des ressources a permis de renforcer la protection de l'environnement en concentrant les ressources sur l'examen des grands projets.
[Traduction]
Le gouvernement a prévu de nouvelles amendes pour punir ceux qui violent les mesures de protection de l'environnement rigoureuses qui ont été adoptées au pays. Nous avons également augmenté le nombre d'inspections et de vérifications détaillées des pipelines sous réglementation fédérale. En outre, nous adoptons de nouvelles mesures sévères pour les pétroliers afin d'assurer le transport sécuritaire des ressources énergétiques canadiennes sur nos cours d'eau. Ces mesures comprennent la présentation de la Loi visant la protection des mers et ciel canadiens et la formation d'un groupe d'experts chargé d'examiner le système canadien actuel de sécurité des pétroliers et de proposer des façons de l'améliorer. S'appuyant sur ces mesures, le gouvernement prend des mesures importantes et concrètes aujourd'hui pour renforcer encore plus notre régime déjà solide de responsabilité dans les zones extracôtières.
Comme beaucoup de mes collègues des provinces atlantiques le savent bien, le gouvernement du Canada partage la gestion des zones extracôtières de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse avec les gouvernements respectifs de ces provinces. Par conséquent, les projets pétroliers et gaziers extracôtiers sont réglementés soit par l’Office Canada—Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers, soit par l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Les deux offices veillent à ce que les exploitants prennent les précautions voulues pour empêcher les déversements dans les zones extracôtières du Canada. Dans cette optique, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les deux provinces pour moderniser et élargir la législation afin que les règles canadiennes relatives aux zones extracôtières demeurent de calibre mondial.
En ce qui concerne les changements clés en matière de responsabilités dans les zones extracôtières, cette mesure législative permettrait de garantir que les limites de responsabilité répondent aux normes modernes. Sous sa forme actuelle, le régime relatif aux hydrocarbures extracôtiers limite la responsabilité absolue des exploitants à 30 millions de dollars. Étant donné la valeur de cette ressource et la capacité de ceux qui l'exploitent, tous les députés peuvent convenir que ce montant doit être augmenté. C'est pourquoi nous multiplierions par 33 le plafond de la responsabilité absolue, qui serait dorénavant de 1 milliard de dollars. Cela permettrait au Canada de s'aligner sur des régimes similaires en Norvège, au Danemark et au Royaume-Uni.
Nous devons également nous assurer que les sociétés qui exploitent les zones extracôtières ont la capacité financière de respecter ces obligations ainsi que les leurs. Avant que toute activité extracôtière de forage ou de production puisse commencer, les sociétés doivent prouver qu'elles peuvent assumer les responsabilités financières que créeraient un éventuel déversement. En général, les exigences relatives à la capacité financière sont de l'ordre de 250 à 500 millions de dollars, dont 30 millions de dollars doivent être retenus en garantie pour les sociétés qui travaillent dans les zones extracôtières de l'Atlantique et 40 millions de dollars dans celles de l'Arctique. Ce dépôt est détenu en fiducie par l'organisme de réglementation du secteur extracôtier visé, sous forme de lettre de crédit, de garantie ou de sûreté.
Les modifications législatives proposées porteraient à 1 milliard de dollars la capacité financière minimale des sociétés, ce qui correspond à la responsabilité absolue de l'exploitant. Les organismes de réglementation pourraient exiger un montant plus élevé s'ils le jugent nécessaire et, de plus, nous augmenterions à 100 millions de dollars la somme à laquelle chaque exploitant doit avoir accès sans restriction. L'industrie aurait aussi la possibilité de mettre sur pied un fonds commun d'un montant minimal de 250 millions de dollars. Les exploitants pourraient choisir d'utiliser leur participation à ce fonds comme garantie financière. Nous établirions également un régime de recouvrement des coûts pour les services de réglementation fournis par les offices des hydrocarbures extracôtiers. Je suis heureux de dire que les sociétés qui exploitent les zones extracôtières canadiennes de l'Atlantique et de l'Arctique seraient soumises à des normes de responsabilité absolue figurant parmi les plus exigeantes au monde.
Quant à l'industrie nucléaire, la deuxième grande partie de cette mesure législative vise à moderniser la responsabilité absolue dans le secteur de l'énergie nucléaire. En fait, ce secteur est l'une des principales raisons pour lesquelles l'électricité que nous produisons compte parmi les plus propres au monde. En effet, 77 % du parc électrogène canadien provient de sources non émettrices. Le gouvernement reconnaît l'importance, pour l'économie canadienne, de cette industrie qui génère des revenus de près de 5 milliards de dollars par année et fournit du travail à plus de 30 000 personnes. C'est le nombre d'emplois que les néo-démocrates, qui ont pris position contre l'énergie nucléaire, veulent éliminer. Nous savons qu'il est possible de produire de l'énergie nucléaire en toute sécurité. Le bilan du Canada en matière de sécurité nucléaire est exemplaire et aucune réclamation n'a jamais été présentée en vertu de la Loi canadienne sur la responsabilité nucléaire.
[Français]
Notre industrie nucléaire dispose d'une technologie solide, d'un effectif qualifié et d'exigences réglementaires rigoureuses. Toutefois, en tant que gouvernement responsable, nous devons assurer que notre système de sécurité est à jour et capable d'intervenir en cas d'incident, s'il y a lieu.
[Traduction]
La responsabilité à l'égard du régime de responsabilité et d'indemnisation, un cadre solide visant à protéger les Canadiens et à assurer la stabilité pour cette importante industrie, relève de la compétence fédérale. Le gouvernement fédéral a donc le devoir envers tous les Canadiens d'assumer ses responsabilités dans ce domaine, et nous sommes résolus à agir en conséquence.
Les principes fondamentaux qui sous-tendent la Loi sur la responsabilité nucléaire du Canada continuent d'être valables. Cependant, cette loi a plus de 40 ans. Elle doit donc être mise à jour pour répondre aux questions qui ont été soulevées au fil des ans et pour suivre le rythme des développements survenus à l'échelle internationale. Le projet de loi vise à renforcer et à moderniser le régime canadien de responsabilité nucléaire. Il s'agit d'une étape importante en vue de moderniser la loi. Il rendra le niveau d'indemnisation au Canada comparable à ceux qui sont acceptés ailleurs dans le monde et précisera certaines définitions concernant l'étendue exacte de l'indemnisation et le processus de demande d'indemnisation.
Le projet de loi est l'aboutissement de nombreuses années de consultations qui ont donné lieu à des discussions approfondies avec les principaux intervenants, notamment les services publics d'énergie nucléaire au Canada, les gouvernements des provinces productrices d'énergie nucléaire et l'Association d'assurance nucléaire du Canada. Il s'agit du cinquième projet de loi à avoir été présenté sur cette question, et j'espère que mes collègues sont conscients que nous devons absolument l'adopter dans les meilleurs délais.
Soyons clairs: si, par le passé, le NPD n'avait pas eu recours à des manoeuvres d'obstruction, les limites de la responsabilité en cas d'accident nucléaire auraient déjà été mises à jour. J'espère sincèrement que, cette fois-ci, les néo-démocrates adopteront une approche plus raisonnable pour que nous puissions moderniser la responsabilité nucléaire. Le projet de loi permettra d'améliorer considérablement le processus de règlement des demandes d'indemnisation, d'accroître la responsabilité financière des exploitants d'installations nucléaires et d'offrir une plus grande certitude juridique à l'industrie nucléaire canadienne.
[Français]
Tout comme le secteur extracôtier en vertu du projet de loi , l'industrie nucléaire verra également une augmentation du montant en matière de responsabilité des exploitants, passant de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollars.
[Traduction]
La limite de responsabilité fixée à 1 milliard de dollars permettra aux exploitants de répondre à leur obligation d'indemniser les victimes sans devoir payer des primes d'assurance exorbitantes pour être protégés en cas d'accidents, par ailleurs très improbables au Canada. Il est essentiel de se rappeler que les assureurs doivent être en mesure d'assumer cette responsabilité, sinon ce sont les contribuables qui devront payer la facture. La limite de 1 milliard de dollars établira un équilibre entre, d'une part, la protection des contribuables, et, d'autre part, le fait de tenir les sociétés responsables en cas d'accident.
Permettez-moi d'assurer aux députés que le projet de loi maintiendra les principaux points forts de la loi actuelle. Chose plus importante encore, il fera en sorte que la responsabilité de l'exploitant soit absolue et inclusive. Il ne sera pas nécessaire de prouver qu'il y a eu faute, et personne d'autre ne sera tenu responsable. Le gouvernement veillera à ce qu'une plus grande protection soit offerte aux installations nucléaires à faible risque, comme les petits réacteurs de recherche utilisés dans des universités canadiennes.
Le projet de loi contient également d'autres améliorations importantes.
[Français]
Tout d'abord, le projet de loi élargira la définition de dommage indemnisable afin d'y inclure les traumatismes physiques, les pertes économiques, les mesures préventives et les dommages causés à l'environnement.
[Traduction]
Deuxièmement, il prolongera la période allouée pour présenter une demande d'indemnisation. La période relative aux préjudices corporels passera par exemple de 10 à 30 ans, ce qui permettra de couvrir les maladies latentes qui peuvent être dépistées plusieurs années après l'incident ou l'accident. Voilà une autre mesure que prend le gouvernement pour protéger les Canadiens.
[Français]
Enfin, le projet de loi établira les pouvoirs permettant de mettre en place un processus de traitement simplifié des demandes visant à remplacer les procédures des tribunaux habituels, s'il y a lieu. Cela permettra aux citoyens canadiens de présenter leur demande plus rapidement et de façon plus efficace.
[Traduction]
Le gouvernement prend des mesures concrètes pour remédier aux problèmes importants qui touchent le secteur nucléaire. Voici quelques exemples de ce qu'il fait: gestion responsable des déchets entreposés, restructuration de l'organisme Énergie atomique du Canada limitée et promotion du commerce international.
L'énergie nucléaire est un enjeu mondial qui transcende les frontières. Je suis très fier d'annoncer que le projet de loi permettra aussi de mettre en oeuvre les dispositions de la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
En décembre dernier, ma collègue a signé la convention et l'a déposée au Parlement. Cette convention est un outil international traitant de la question de la responsabilité civile dans l'éventualité peu probable d'un incident nucléaire.
[Français]
En adhérant à cette convention, le Canada renforcera notre régime d'indemnisation national grâce à l'apport d'un financement supplémentaire important pouvant atteindre 450 millions de dollars. Au Canada, le montant total des indemnisations pourra ainsi s'élever à 1,45 milliard de dollars.
[Traduction]
L'adhésion à cette convention confirme que le Canada est déterminé à instaurer un solide régime mondial de responsabilité nucléaire. Il est important que les lois canadiennes respectent les conventions internationales, et ce, pas seulement dans le domaine des finances, mais aussi en ce qui concerne la définition d'incident nucléaire, les critères d'indemnisation et les questions connexes.
Les modifications prévues permettront aux fournisseurs canadiens du secteur nucléaire de livrer concurrence sur un pied d'égalité. Ces entreprises se réjouissent de la promesse de stabilité que leur donne un pays adhérant à la convention.
[Français]
Puisque notre voisin le plus proche, les États-Unis, est déjà membre de la convention, notre affiliation permettra aux deux pays d'établir des relations conventionnelles en matière de responsabilité civile.
[Traduction]
La Corée et le Japon ont aussi manifesté leur intention de signer la convention. Lorsque le Canada l'aura ratifiée, la convention franchira une nouvelle étape vers sa concrétisation.
Ce ne sont là que quelques mesures que prend le gouvernement pour que le Canada figure parmi les pays dont le régime de responsabilité est le plus solide. Le projet de loi propose un cadre de réglementation rigoureux des régimes canadiens de responsabilité en cas d'incident extracôtier ou nucléaire.
[Français]
Bien que cela soit fort improbable, nous devons être prêts à faire face à la possibilité d'un incident nucléaire ou extracôtier qui pourrait entraîner des coûts de nettoyage, d'indemnisation ou d'autres coûts. Le projet de loi vise à parer à cette éventualité. Ces dispositions législatives sont axées sur la promotion et le développement de nos secteurs extracôtier et nucléaire, qui s'avèrent essentiels, tout en assurant que cela est effectué de manière responsable.
[Traduction]
En terminant, j'invite instamment les députés à appuyer cette importante mesure législative.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui en qualité de nouvelle porte-parole du NPD en matière d'énergie et de ressources naturelles pour amorcer la participation de notre caucus au débat sur le projet de loi , qui porte le titre très peu concis de Loi concernant les opérations pétrolières au Canada, édictant la Loi sur la responsabilité et l'indemnisation en matière nucléaire, abrogeant la Loi sur la responsabilité nucléaire et modifiant d'autres lois en conséquence.
Je m'en voudrais de ne pas commencer par dire quelques mots sur mon prédécesseur dans ce portefeuille, le député de . Je lui suis très redevable, de même qu'à son personnel, pour le travail extraordinaire qu'ils ont fait dans tous les dossiers qui ont trait au secteur de l'énergie et des ressources naturelles. Je pourrai m'en remettre à leur travail dans nos débats sur les questions importantes que sont la gestion des ressources et la sécurité énergétique dans notre pays. Je souhaite bonne chance au leader du gouvernement à la Chambre, qui aura à traiter avec le député de Burnaby—Westminster, qui assume maintenant la fonction de leader du NPD à la Chambre.
Le leader du gouvernement à la Chambre et moi avons été élus aux mêmes élections et je sais que nous gardons de bons souvenirs de la période où le député de Burnaby—Westminster était porte-parole en matière de commerce. Nous nous rappelons tous les deux son opposition tenace à l'accord de libre-échange avec le Panama, dont il a réussi à empêcher l'adoption à plusieurs reprises. Sans ébruiter quoi que ce soit, je peux dire qu'il nous rappelait sans cesse, lors des réunions du caucus, que c'était un projet de loi contre lequel nous devions nous battre jusqu'au bout, même si cela voulait dire siéger au-delà de la date d'ajournement prévue de la Chambre. Chaque fois, il a obtenu le plein appui de tout notre caucus.
Le voilà maintenant leader de notre parti à la Chambre. J'imagine qu'il y aura bien d'autres occasions où il nous exhortera à aller jusqu'au bout. Nous le suivrons aussi inconditionnellement que par le passé. Je parie que le leader du gouvernement à la Chambre est aussi emballé que moi à cette idée. Je l'imagine déjà se précipiter pour aller rédiger d'autres motions d'attribution de temps préventives.
Quoi qu'il en soit, ce sont là des batailles stratégiques que nous aurons à livrer. Pour l'heure, je suis heureuse de dire que, pour le projet de loi , le gouvernement aura notre appui à l'étape de la deuxième lecture afin que nous puissions au moins en saisir le comité et tenter d'accroître la limite de responsabilité.
Mais n'anticipons pas. Commençons par expliquer la teneur du projet de loi aux gens qui regardent le présent débat à la télévision aujourd'hui. Dans l'état de la législation actuelle, s'il se produit un déversement majeur de pétrole ou un accident nucléaire, le gouvernement fédéral pourrait être tenu responsable et être obligé de payer des milliards de dollars pour réparer les préjudices et les dégâts parce que la responsabilité des exploitants de réacteur nucléaire et des propriétaires de plateforme pétrolière est limitée à une certaine somme. En haussant la limite, les risques auxquels serait exposé l'État fédéral seraient moindres, et les contribuables canadiens seraient protégés. C'est ce que vise le projet de loi C-22.
Soulignons qu'il est uniquement question de prévenir les coûts potentiels pour l'État. Le projet de loi ne vise aucunement à prévenir les déversements ou les accidents nucléaires. Les populations locales et l'environnement restent donc très vulnérables en cas d'accident.
Voyons ce sur quoi porte vraiment le projet de loi, en commençant par les articles sur la responsabilité liée à l'exploitation extracôtière du gaz et du pétrole. Actuellement, l'État et les contribuables risquent de devoir assumer les conséquences financières d'un déversement catastrophique de pétrole extracôtier parce que la responsabilité absolue des exploitants est limitée à 40 millions de dollars dans le régime peu sévère qui est en vigueur. Des régimes de responsabilité distincts s'appliquent aux divers volets de l'exploitation du pétrole et du gaz, par exemple, un régime pour les pipelines, un autre pour le transport ferroviaire et un autre pour les forages extracôtiers. Chaque régime nécessite des changements fondamentaux.
Les changements prévus dans le projet de loi au sujet de la responsabilité en cas de déversement d'hydrocarbures concernent uniquement l'exploitation extracôtière. Le gouvernement nous propose de fixer à un milliard de dollars la limite des dédommagements exigibles sans égard à la responsabilité, en cas de déversement causé par le forage extracôtier. Mais il n'y aurait toujours pas de limite aux sommes pouvant être exigées de l'exploitant déclaré fautif ou coupable de négligence. Les entreprises seraient tenues de fournir à l'autorité de réglementation des garanties de leur capacité financière à payer des coûts de nettoyage d'un milliard de dollars, au besoin. De plus, le projet de loi hausse la garantie à fournir pour les forages exploratoires en mer, pour les activités de production, pour le chargement des hydrocarbures à bord des pétroliers et pour les pipelines sous-marins, comme le gazoduc entre l'île de Sable et le continent, dans la région de l'Atlantique.
Toutefois, le projet de loi comporte des dispositions critiquables. En voici une. Il accorde au ministre le pouvoir de réduire la responsabilité absolue à des sommes inférieures à celle d'un milliard de dollars, qui est pourtant déjà peu élevée. Ce pouvoir discrétionnaire vient contrecarrer l'augmentation de la responsabilité absolue prévue dans le projet de loi . Le gouvernement pourrait alors, s'il le souhaite, réduire la responsabilité absolue pour certains projets, en guise d'incitatif pour stimuler l'exploitation pétrolière et gazière. Compte tenu du piètre bilan des conservateurs dans la protection de l'intérêt général des Canadiens, cette disposition du projet de loi nous inquiète beaucoup.
Avant que mes collègues d'en face ne m'accusent de semer la peur, je souligne que bon nombre d'analystes de l'industrie sont d'avis que la responsabilité absolue des exploitants devrait être illimitée en cas de déversement pétrolier, comme c'est le cas dans d'autres pays, notamment en Norvège et au Groenland.
Je rappelle simplement aux députés que le nettoyage de tout le pétrole déversé dans le golfe en 2010 par BP devrait coûter 42 milliards de dollars. Vous avez bien entendu. Et puisque la limite de responsabilité prévue est de 1 milliard de dollars, ce déversement à lui seul coûtera au gouvernement, donc aux contribuables, 41 milliards de dollars.
Le gouvernement croit-il réellement que les Canadiens devraient assumer le risque pour ces entreprises privées? Je présume qu'il répondrait catégoriquement « non » à cette question.
Alors que nous étudions ce projet de loi, nous devrions peut-être réfléchir au fait qu'une banque allemande, par exemple, a totalement cessé de financer les projets pétroliers extracôtiers dans l'Arctique. Voici ce qu'a dit à cet égard un porte-parole:
Plus on s'enfonce dans les régions glacées, plus tout coûte davantage et plus il y a de risques quasi impossibles à gérer.
Nettoyer n'importe quel déversement coûterait une fortune.
Cela est en partie attribuable au fait qu'il n'existe aucune capacité d'intervention pour affronter une importante éruption de puits ou un grand déversement de pétrole dans les eaux arctiques.
Comme l'a expliqué Martin von Mirbach, du Fonds mondial pour la nature:
[...] nous n'avons pas actuellement les connaissances, les technologies et les infrastructures nécessaires pour procéder en toute sécurité à des forages dans les eaux arctiques canadiennes. Il faudra du temps pour combler les lacunes [...]
Il conclut sur une note plus optimiste:
[...] cette difficulté peut se transformer en avantage si nous investissons collectivement en même temps dans la recherche, la planification, l'infrastructure et le dialogue, caractéristiques essentielles d'une intendance responsable.
À dire vrai, je ne me fais pas trop d'illusions. Il ne doit pas y avoir beaucoup de Canadiens qui croient que l'intendance environnementale a déjà constitué — ou constituera jamais — une priorité pour le gouvernement conservateur, mais je ne demande pas mieux que d'être surprise. Quoi qu'il en soit, les questions soulevées par M. von Mirbach méritent d'être étudiées plus attentivement, avec lui et avec divers autres intervenants, une fois que le projet de loi sera enfin renvoyé au comité. Ce serait extrêmement irresponsable de ne pas y donner suite.
Si cela se fait, ce sera uniquement lors de la prochaine étape du processus législatif, alors laissons le tout de côté pour le moment et intéressons-nous plutôt aux dispositions du projet de loi qui portent sur la responsabilité nucléaire. Il fallait légiférer pour la simple et bonne raison que la limite actuellement prévue — qui est de 75 millions de dollars — date des années 1950. Or, elle est si peu élevée que les tribunaux internationaux refuseraient sans doute carrément de la reconnaître. Il fallait donc changer la loi avant de pouvoir penser à stimuler les investissements étrangers dans l'énergie nucléaire canadienne. Le processus a débuté en 2008, et c'est la cinquième fois que les conservateurs présentent un projet de loi visant à corriger un régime de responsabilité devenu nettement insuffisant.
Par souci de justice, je dois signaler que le projet de loi propose d'augmenter la responsabilité des exploitants des établissements nucléaires en cas d'accident nucléaire. Il propose même de l'augmenter au-delà de ce que prévoyaient les anciennes versions. Alors que les conservateurs ont déjà affirmé qu'on pouvait tout à fait se contenter de faire passer cette limite de 75 à 650 millions de dollars par établissement nucléaire, le projet de loi la ferait aujourd'hui passer à 1 milliard de dollars. Il s'agit à n'en pas douter d'un pas dans la bonne direction, mais encore là, ce montant est encore très peu élevé quand on songe à toutes les conséquences que peut avoir un accident nucléaire.
Comme Greenpeace le fait remarquer sans ambages:
[...] les conventions sur la responsabilité nucléaire visent à protéger l'industrie nucléaire, et non à indemniser adéquatement les victimes.
Depuis que l'énergie nucléaire a commencé à être utilisée pour produire de l'électricité, il y a [...] 60 ans, l'industrie nucléaire bénéficie d'un statut privilégié: elle est dispensée d'assumer la responsabilité de ses erreurs.
Les gouvernements ont mis en place un système qui consiste à préserver les intérêts des entreprises du nucléaire, et à faire payer le prix fort aux victimes des catastrophes.
C'est précisément pour cette raison que l'Institut Fraser, que personne ne peut accuser d'être de gauche, réclame des mesures plus draconiennes. Voici ce que Joel Wood, économiste principal de recherche à l'Institut Fraser, avait à dire à propos des limites en matière de responsabilité nucléaire:
L'augmentation de la limite ne fait toutefois que réduire la subvention sans l'éliminer. Le gouvernement du Canada devrait adopter une loi qui élimine toute limite de responsabilité plutôt qu'une loi qui maintient cette limite ou l'augmente pour se conformer aux pratiques d'autres pays.
En d'autres mots, tant Greenpeace que l'Institut Fraser s'entendent pour dire que le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui s'inscrit lui aussi dans la tradition qui consiste à protéger les sociétés plutôt que les citoyens canadiens.
J'aimerais maintenant que nous examinions les limites de responsabilité. Il me semble évident que la responsabilité totale ne permettrait pas de couvrir un accident d'une ampleur moyenne, sans parler d'une catastrophe. Un accident nucléaire causerait des dommages évalués à plusieurs milliards de dollars en termes de blessures corporelles, de décès et de contamination des lieux environnants.
Le gouvernement japonais affirme maintenant que les coûts associés à la catastrophe nucléaire de la centrale Fukushima Daiichi seront de plus de 250 milliards de dollars.
Selon le directeur de la Gouvernance environnementale de l'Institut Pembina, un accident majeur à la centrale nucléaire de Darlington, qui est située à l'est de Toronto, en Ontario, tout près de Hamilton Mountain, la circonscription que je représente, pourrait causer des dommages qu'on évalue à 1 billion de dollars. Une limite de 1 milliard de dollars est très loin d'être suffisante, et les contribuables feront les frais de la différence. En revanche, les États-Unis ont imposé une limite de responsabilité de 10 milliards de dollars. L'Allemagne, qui a subi des retombées radioactives à la suite de l'accident survenu à la centrale de Tchernobyl, prévoit un montant illimité. De nombreux autres pays envisagent aussi d'adopter un montant illimité.
Le gouvernement croit-il vraiment que les vies, les propriétés et les collectivités valent moins au Canada qu'aux États-Unis et dans les pays d'Europe? À en juger par cette mesure, on pourrait le penser.
Par-dessus tout, ce projet de loi et le débat qui l'entoure font ressortir les coûts faramineux et les risques incommensurables associés à l'énergie nucléaire, surtout si on la compare aux solutions de rechange plus vertes et plus durables. Par exemple, l'incident de 1979 de Three Mile Island, tout près de Harrisburg, en Pennsylvanie, était un accident nucléaire relativement mineur, mais il aura coûté environ 975 millions de dollars en frais de nettoyage et d'enquête. Pour donner une idée de l'ampleur astronomique de ces coûts, le montant consacré au nettoyage de Three Mile Island aurait pu servir à acheter et à assembler 1 147 058 panneaux solaires de 100 watts.
EACL, la pseudo-société nucléaire du Canada, a reçu quelque 16 milliards de dollars en subventions, au total, de 1952 à 2000. Ces fonds pourraient servir à financer des recherches sur des sources d'énergie plus sécuritaires.
Ce n'est pas seulement en cas de catastrophe que les coûts sont faramineux. D'après les projections, la construction de la centrale Fermi 3, au Michigan, coûtera environ 10 milliards de dollars américains et prendra environ six ans. Par contre, le coût de l'énergie éolienne baisse rapidement: on peut maintenant payer aussi peu que 11 ¢ le kilowattheure. Imaginez ce que les contribuables, les aînés et les familles pourraient épargner, s'ils voyaient leur facture d'électricité réduite parce que nous avons adopté des sources d'énergie plus économiques, plus sécuritaires et plus viables. Soulignons qu'en plus d'exiger des dépenses importantes, l'énergie nucléaire comporte des risques marqués tant pour l'environnement que pour les êtres humains.
Le Canada doit se doter d'une stratégie énergétique plus écologique, cela ne fait aucun doute. Un sondage indique que le Canada se classe au 11e rang en terme de puissance éolienne. Si nous voulons que notre pays soit reconnu comme un chef de file mondial, nous devons être concurrentiels dans le secteur de l'énergie propre et renouvelable.
Je pourrais discourir encore longuement sur ce sujet mais, comme il me reste seulement quelques minutes, j'aimerais revenir aux dispositions du projet de loi à l'étude et souligner certaines des retombées qu'il pourrait avoir.
S'il est adopté cette fois-ci, le projet de loi autorisera le Canada à ratifier la Convention internationale sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, qu'il a signé en décembre 2013. Cette convention permettrait d’établir une relation conventionnelle en matière de responsabilité nucléaire civile avec les États-Unis, eux-mêmes signataires. Fait important, les signataires de la convention pourront, au besoin, avoir accès à des dédommagements supplémentaires grâce à une réserve internationale pouvant atteindre 500 millions de dollars.
Ici au Canada, le projet de loi élargit la liste des préjudices pouvant donner lieu à des indemnités. Il prolonge aussi le délai de présentation d'une demande d'indemnisation en cas de maladie latente, ce délai passant de 10 à 30 ans. Bien qu'il s'agisse d'un pas dans la bonne direction, il n'est pas suffisant, de toute évidence.
La catastrophe de Tchernobyl remonte déjà à plus de 25 ans, et l'autre rapport, effectué par deux scientifiques britanniques en 2006, prédisait que le nombre de décès supplémentaires attribuables au cancer serait de 30 000 à 60 000. De son côté, l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire estime à plus de 50 000 le nombre de cas de cancers de la thyroïde à venir. Bien évidemment, à la lumière de ces faits, de ce côté-ci de la Chambre, nous voudrions examiner de plus près au comité le délai de prescription de 30 ans.
Il y a quelques autres aspects du projet de loi dont j'aimerais parler.
Premièrement, j'aimerais signaler une disposition qui ne se trouve pas dans le projet de loi. Les accidents qui ont lieu à l'extérieur d'une centrale nucléaire ne sont pas couverts. Les sociétés pétrolières et minières ainsi que les installations médicales utilisent des matières radioactives elles aussi, mais elles ne peuvent être tenues responsables de tout accident lié à leur utilisation ou à leur élimination. C'est une grave lacune dans le projet de loi que nous devrons tenter de combler au comité. Il y en a qui prennent la protection des Canadiens au sérieux, et d'autres non. Je sais très bien à quel groupe j'appartiens.
À propos de l'examen des projets de loi au comité, j'aimerais rappeler à mes collègues ministériels que l'Association canadienne du droit de l'environnement avait demandé au gouvernement fédéral d'effectuer des consultations publiques exhaustives sur les éventuelles modifications à apporter à la Loi sur la responsabilité nucléaire afin d'y incorporer les leçons que nous avons apprises de la catastrophe de Fukushima. Ressources naturelles Canada a préféré consulter les exploitants nucléaires canadiens en privé au sujet des modifications à apporter à la loi. Ces consultations à huis clos avec l'industrie sont tout bonnement inacceptables. La Loi sur la responsabilité nucléaire transfère de l'industrie aux Canadiens le risque financier pour l'exploitation des réacteurs. Il est donc essentiel que les Canadiens soient consultés.
L'ancien ministre des Ressources naturelles, aujourd'hui , a promis qu'il y aurait amplement de temps de consultation du public. Il a dit:
Dès qu'un nouveau projet de loi sera présenté, les députés auront l'occasion de convoquer des témoins à comparaître devant le comité afin qu'ils puissent examiner toutes les dispositions du projet de loi et formuler leurs observations.
J'espère que le nouveau honorera l'engagement de son collègue et ne cédera pas à la prédisposition draconienne du leader du gouvernement à la Chambre à mettre fin à tous les débats. Comme toujours, c'est au fruit qu'on juge l'arbre, et je ne m'attends pas à obtenir une réponse claire aujourd'hui.
Pour revenir au projet de loi, il y a quelques autres de ses dispositions dont j'aimerais parler. Le projet de loi établirait un tribunal des revendications quasi-judiciaire qui, au besoin, s'occuperait des réparations des dommages en cas d'accident.
Deuxièmement, le projet de loi prévoit que seulement la moitié de l'assurance-responsabilité d'un milliard de dollars pour les exploitants nucléaires sera couverte par une police d'assurance traditionnelle. Les opérateurs auront le droit d'utiliser d'autres garanties financières pour couvrir l'autre moitié de la somme.
Troisièmement, le gouvernement du Canada assumera une partie de la couverture des installations nucléaires à faible risque tels les petits réacteurs de recherche.
Enfin, il convient de souligner que le projet de loi prévoit que les montants prévus en cas d'accident feront l'objet d'un examen quinquennal. Cet examen constitue certainement une importante soupape de sécurité qui permettra au Parlement de réévaluer si la limite de responsabilité de 1 milliard de dollars est adéquate, mais il faut bien faire les choses du premier coup. Il nous incombe, à titre de législateurs, de protéger l'intérêt des Canadiens.
Bien franchement, si le gouvernement est si convaincu que l'industrie nucléaire est en pleine maturité, cette industrie peut et doit donc s'autosuffire. Or, le projet de loi n'est rien de plus qu'un autre cadeau du gouvernement aux sociétés, car il transfère la responsabilité des risques du nucléaire aux contribuables. Les contribuables ne devraient pas subventionner l'énergie nucléaire, alors qu'il existe d'autres sources d'énergie renouvelable. D'autres pays semblent être du même avis, car ils ont décidé de mieux protéger leurs citoyens en cas d'accident nucléaire. Pourquoi les conservateurs n'accordent-ils pas la même protection aux Canadiens?
Je terminerai en résumant mes principales observations au sujet du projet de loi. Premièrement, si le gouvernement croit vraiment au principe du pollueur-payeur, les contribuables ne devraient pas assumer le risque des projets énergétiques.
Deuxièmement, si nous mesurons correctement le risque et attribuons la responsabilité à qui de droit, l'industrie renforcera ses mesures de sécurité, ce qui réduirait du coup les risques de catastrophes.
Troisièmement, nous devons étudier les pratiques exemplaires à l'échelle mondiale et veiller à ce que le gouvernement fédéral accorde la priorité aux Canadiens.
Quatrièmement, le gouvernement du Canada devrait mener un examen exhaustif des risques que représentent les centrales nucléaires au pays et des mesures qui pourraient être prises pour réduire ce risque ainsi que les coûts connexes.
Cinquièmement, nous devons mener des consultations publiques avec un grand éventail d'intervenants pour discuter des risques et des façons d'améliorer la responsabilité en matière nucléaire au Canada. Le projet de loi doit faire l'objet de vastes audiences publiques.
Sixièmement, nous devons à l'avenir revoir le régime de responsabilité de façon régulière pour nous assurer que nos lois sont à jour. Il est absolument inacceptable que les gouvernements libéral et conservateur qui se sont succédé se soient traîné les pieds pendant des décennies avant de se pencher sur la question. Les Canadiens méritent beaucoup mieux.
Je tiens à conclure en disant que, bien que le projet de loi vise à imputer la responsabilité du nettoyage en cas d'accident, les Canadiens méritent vraiment un gouvernement qui défend en premier lieu leurs intérêts, un gouvernement qui comprend qu'il faut instaurer un régime de responsabilité en matière nucléaire et extracôtière misant sur la prévention de pareils désastres. Voilà qui serait faire preuve de véritable leadership, et c'est ce à quoi les Canadiens peuvent s'attendre lorsqu'ils éliront un gouvernement néo-démocrate en 2015.
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Monsieur le Président, j'aimerais tout d'abord féliciter mon collègue de sa récente nomination à titre de . Je connais son sérieux et sa sincérité, et je sais qu'il sera agréable de travailler avec lui.
Ce projet de loi est important, puisqu'il traite de grands enjeux qui sont parfois difficiles à comprendre pour les travailleurs canadiens moyens. Il faut donc que nous nous exposions les choses de façon simple. Dans mes observations de ce matin, je vais tenter d'expliquer aux Canadiens pourquoi le projet de loi est si important dans l'architecture énergétique du Canada pour l'avenir. Je vais d'ailleurs revenir sur ce sujet dans quelques instants.
D'abord, nous savons que ce projet de loi permettrait de mettre à jour les régimes de sûreté et de sécurité relatifs à l'industrie pétrolière et gazière extracôtière et à l'industrie nucléaire du Canada. De quelle façon? Il établirait expressément le principe du pollueur-payeur, un principe élaboré dans les années 1980 et qui est maintenant de plus en plus appliqué au Canada et à l'échelle internationale. Ce principe veut que l'entité qui provoque la pollution soit responsable du nettoyage et des conséquences de la pollution. C'est un élément important et positif qui sera intégré au projet de loi.
Ce projet de loi augmenterait également à un milliard de dollars la limite de responsabilité, en l'absence de preuve de faute ou de négligence. C'est ce que les juristes appellent la responsabilité stricte. Le pollueur serait strictement responsable de la pollution générée sous sa surveillance. Cette mesure constituerait un pas très important pour le Canada, et je sais que nous l'étudierons plus en profondeur en comité.
La partie 1 modifierait le régime des opérations pétrolières extracôtières, c'est-à-dire l'exploitation du pétrole et du gas dans nos cours d'eau. Le projet de loi vise à améliorer la prévention des accidents, notre capacité d'intervention en cas de problèmes et, bien entendu, à accroître le niveau de responsabilité et d'indemnisation. Il mettrait à jour et améliorerait le régime de responsabilité qui s'applique en cas de déversement et en présence de débris dans les zones extracôtières. C'est très important. Nous savons désormais que la capacité d'intervention et la prévention des accidents sont des questions extrêmement importantes. Au cours des dernières décennies, les citoyens du Canada et de partout dans le monde ont été témoins de deux catastrophes épouvantables.
Il y a évidemment eu la terrible tragédie de l'Exxon Valdez et les recours qui se sont enchaînés à la suite de ce déversement de pétrole majeur survenu au large des côtes de l'Alaska. Les effets de ce déversement se font encore sentir aujourd'hui et le nettoyage n'est toujours pas terminé. Comme nos amis américains se plaisent à le dire, des « leçons » ont été tirées de cette tragédie, ce qui a donné lieu à des améliorations telles que l'utilisation de plus en plus répandue de navires à double coque pour le transport des produits pétroliers.
Plus récemment, il y a aussi eu le terrible déversement dans le golfe du Mexique au site de forage de la BP. Pour la gouverne des Canadiens qui suivaient les nouvelles, l'accident était d'une telle envergure que les poursuites, les amendes, les règlements et les indemnisations dépassent largement les 42 milliards de dollars à l'heure actuelle, et ce n'est pas fini. C'est beaucoup d'argent pour la société impliquée. Le déversement aura des effets à long terme sur le plan humain et économique, et je dirais peut-être même à plus long terme sur le plan écologique. Nous nous retrouvons en terrain inconnu à bien des égards car nous ne disposons pas toujours de données scientifiques pour confirmer combien de temps les effets écologiques de cette catastrophe se feront sentir. Il est donc important que, lors de l'étude en comité, nous nous penchions sur les questions de la capacité d'intervention et de la prévention des accidents.
Cela nous amène cependant à nous demander pourquoi les conservateurs sont si pressés d'accorder des permis de prospection pour la mer de Beaufort. Pourquoi ont-ils procédé à toute vapeur alors qu'ils savaient pertinemment que nous n'avons pas la technologie nécessaire pour faire face à un déversement dans cette mer? Tant l'industrie que de tierces parties ont fait des mises en garde à cet égard. Par surcroît, la question a été soulevée à la Chambre et en comité à maintes reprises.
L'océan Arctique est très peu profond. Il s'agit également d'une étendue d'eau particulièrement agitée, et il n'existe pas de système de barrage flottant connu qui permettrait de contenir un déversement de pétrole survenant au cours de l'étape de la prospection ou même de celle de l'exploitation. Je ne sais pas pourquoi le gouvernement accorde ces permis. En fait, il avait accéléré le processus il y a plusieurs années, et maintenant, il essaie d'adopter des mesures correctives pour accroître la capacité d'intervention. Nous devrons nous pencher sur cette question en comité, surtout, compte tenu du fait qu'il n'existe aucune capacité d'intervention connue advenant un déversement dans ces eaux.
La deuxième chose que propose le projet de loi, à la partie 2, c'est de modifier le régime de responsabilité nucléaire, la façon dont nous supervisons notre secteur de l'énergie nucléaire. Il offrirait une plus grande certitude juridique et accroîtrait la responsabilité et l'indemnisation en cas d'accident nucléaire. De nombreux intervenants ont brandi le spectre d'un accident nucléaire, un risque qui est effectivement très inquiétant. Nous devons incontestablement tirer des leçons de ce qui s'est passé ailleurs sur la planète. Le projet de loi prévoit, dans certains cas, le pouvoir de mettre sur pied un tribunal administratif pour statuer sur les demandes d’indemnisation. De plus, il mettrait en oeuvre certaines dispositions de la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, qui est un traité international.
J'aimerais prendre quelques instants pour parler de la question du régime canadien de responsabilité nucléaire et de ce qui se passe dans le dossier du nucléaire au Canada depuis huit ans, soit depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir.
Grâce à Énergie atomique du Canada limitée, le Canada a occupé pendant environ 57 ans une place de premier plan à l'échelle mondiale pour la production et l'exportation de réacteurs nucléaires, ainsi que pour la production de données du domaine de la physique sur lesquelles repose cette technologie. Le Canada était un leader mondial, pas seulement pour la production d'énergie, mais aussi pour celle d'isotopes médicaux, un domaine sous-jacent. Or, ce projet de loi aura une incidence sur ce domaine extrêmement important pour l'avenir.
Il fut un temps où le Canada fournissait 65 % de tous les isotopes utilisés à des fins médicales aux États-Unis. L'industrie fournissait en outre les isotopes médicaux dont le Canada avait besoin et exportait à grande échelle dans le monde entier. Pourquoi cela est-il si important? C'est parce que les professionnels de la santé affirment que l'avenir de la médecine se trouve dans ce qu'ils appellent la médecine personnalisée, et que ce type de médecine devra largement recourir à la médecine nucléaire à défaut de quoi, il sera impossible d'amener notre médecine et les traitements dispensés aux humains à un niveau supérieur. La production d'isotopes sera d'une importance névralgique non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour le reste du monde.
Au fur et à mesure que la richesse progressera en Chine, en Inde et ailleurs dans le monde, nous pouvons être assurés que la demande pour la médecine nucléaire progressera elle aussi. Que fait le Canada pour saisir cette occasion et mettre à profit les connaissances dont il dispose?
Il y a plusieurs années, le directeur des communications du a participé à une mise en scène bien orchestrée entourant l'avenir d'Énergie atomique du Canada limitée. Cette personne dirige maintenant la chaîne Sun TV pour M. Péladeau, le séparatiste à qui appartient un important réseau d'information. Soit dit en passant, j'aimerais beaucoup avoir le son de cloche des journalistes du Sun qui, depuis des années, critiquent vertement l'opinion de toutes sortes de gens, alors que nous n'avons rien entendu des dirigeants de l'empire Sun au sujet de leur principal actionnaire.
Nous avons vu cette même personne, l'ancien directeur des communications, se présenter dans le hall et dénigrer Énergie atomique du Canada limitée. Je me souviens des propos et de la date, parce que j'étais complètement sidéré lorsqu'il a fait une sortie pour dire qu'Énergie atomique du Canada limitée est un gouffre financier de 12 milliards de dollars.
Bien entendu, c'était intentionnel. Dénigrer un organisme public qu'il souhaite éliminer est la stratégie du Parti conservateur. Or, surprise, une bonne partie des actifs d'EACL ont été discrètement vendus à SNC-Lavalin, de Montréal, pour 100 millions de dollars. À mon avis, cela met en péril l'avenir du Canada dans le secteur des centrales nucléaires et de la production des isotopes médicaux, en plus de l'empêcher d'obtenir certaines parts de ce marché.
Aujourd'hui, au moment où nous nous parlons, plus de 120 demandes de propositions sont étudiées à l'échelle mondiale pour la construction de nouvelles centrales nucléaires. C'est la réalité. Le Canada est-il prêt? EACL participe-t-elle activement à des appels d'offres? Sommes-nous prêts à conquérir certains de ces marchés?
Je dirais que ce n'est pas le cas, surtout lorsqu'on dépêche le directeur des communications du pour affirmer que la société d'énergie nucléaire du Canada est un gouffre financier de 12 milliards de dollars.
De plus, comme je l'ai indiqué à ma collègue du NPD, le comité devra se pencher sur nos choix énergétiques pour l'avenir. Nous devrons chercher à savoir quelle place occupera l'énergie nucléaire par rapport aux énergies renouvelables et d'autres sources, comme l'énergie géothermique, qui est à mon avis une source d'énergie que nous commençons à peine à exploiter, surtout dans le Nord du Canada. L'énergie géothermique serait très rentable dans le Nord, mais nous n'investissons pas beaucoup dans ce secteur.
Je suis d'accord avec ma collègue du NPD sur ce point: nous ne consacrons pas assez de ressources publiques à la R et D liée à l'avenir énergétique du Canada, quels que soient nos choix énergétiques.
Enfin, pour ce qui est du régime de réglementation nucléaire, il importe que tous les députés comprennent que 70 % de l'eau douce utilisée à l'échelle mondiale est consacrée à la production agricole. Cette statistique vaut aussi pour les États-Unis. Alors que les villes du Nord-Est des États-Unis connaissent un déclin démographique, on construit dans ce pays des villes de plus en plus importantes dans la partie Sud-Ouest, très aride. L'eau douce en sera d'autant plus convoitée, ce qui engendrera malheureusement une multitude de nouvelles possibilités économiques dans le secteur du dessalement de l'eau.
La seule source d’énergie que nous connaissons actuellement pour laquelle le dessalement serait rentable est l’énergie nucléaire. Dirons-nous aux gens qu’ils ne peuvent pas avoir accès à de l’eau? Je ne le pense pas, compte tenu des pressions qui s’annoncent et de ce que nous savons au sujet des changements climatiques. Nous reviendrons sur la place que devraient occuper les changements climatiques dans toute discussion sur l’énergie.
Il faut examiner la question du régime concernant le secteur nucléaire de manière globale. Il ne s’agit pas d’un simple projet de loi qui apporte des modifications de forme. Nous devons tenir compte du contexte canadien et des marchés internationaux dont je viens tout juste de parler.
Par exemple, nous savons que la limite de responsabilité dans le secteur nucléaire passera de 75 millions à 1 milliard de dollars. C’est une hausse très importante. Cela permet au Canada de remplir les promesses qu’il a faites lorsqu’il a signé la Convention internationale sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, en décembre 2013. D’une certaine manière, nous ne faisons que ratifier ce que nous avons déjà signé sur la scène internationale.
Dans le secteur du pétrole et du gaz extracôtiers, la responsabilité absolue pour les exploitants sera maintenant de 1 milliard de dollars, alors qu’elle était de 30 millions dans les zones extracôtières de l’Atlantique et de 40 millions dans l’Arctique. Les exploitants devront réserver 100 millions de dollars aux fins des mesures d’intervention en cas de déversement d’hydrocarbures. C’est un montant qui, je crois, mérite un examen beaucoup plus approfondi.
Il s’agit de 100 millions de dollars affectés aux mesures d’intervention en cas de déversement d’hydrocarbures si, comme j’ai mentionné plus tôt au sujet de la mer de Beaufort, une telle technologie existe bel et bien, alors que nous savons bien que ce n’est pas le cas dans ce contexte. On demande 100 millions de dollars, alors que le déversement de pétrole de BP dans le golfe du Mexique a coûté jusqu’à maintenant 42 milliards. J’estime que ce montant ne tient pas la route.
Pour ce qui est de la protection acceptable, nous devrons entendre l'avis des experts. Cette protection est liée, bien entendu, à l'assurabilité de certaines de ces activités et à la question de savoir si une assurance doit s'ajouter à la somme de 100 millions de dollars prévue expressément à cette fin.
Il faut se poser d'autres questions, puisque la mesure législative proposée en soulève plusieurs autres.
Par exemple, le projet de loi aurait-il pour effet d'accroître fortement les coûts des sociétés énergétiques qui exercent leurs activités au large des côtes de l'Atlantique et de l'Arctique en haussant leur responsabilité financière et en les forçant à augmenter les fonds qui seraient diponibles immédiatement en cas de catastrophe? Dans ce cas, de combien ces coûts augmenteraient-ils? Qu'en pensent les sociétés visées? Il est, à mon avis, essentiel de connaître la réponse à ces questions.
La limite de responsabilité de 1 milliard de dollars est-elle suffisante dans l'Arctique, où les conditions environnementales rendent les mesures d'intervention en cas de déversement extrêmement difficiles? Il y a tout lieu de se demander, alors que le gouvernement veut se dépêcher à accorder des permis d'exploitation, s'il est réaliste de fixer cette limite à 1 milliard de dollars.
Une autre question se pose. Pourquoi le projet de loi accorde-t-il au ministre le pouvoir discrétionnaire de réduire la responsabilité absolue sous le plafond prévu de 1 milliard de dollars? Pourquoi ferions-nous une telle chose? Quelles seraient les conséquences de cette disposition?
En toute honnêteté, une tendance s'est installée depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, il y a huit ans: le gouvernement accorde de plus en plus de pouvoirs aux ministres et au Cabinet. Nous en avons eu l'exemple le plus flagrant dans le cas des décisions rendues par l'Office national de l'énergie, une organisme impartial et indépendant. Étant donné les abus de pouvoirs du gouvernement, celui-ci peut maintenant décider sans crier gare qu'une décision rendue par une tierce partie, par un groupe d'experts indépendants du gouvernement, appliquant des procédures quasi judiciaires et s'appuyant sur des données d'experts, n'est pas acceptable parce qu'elle ne cadre pas avec la vision du gouvernement ou les priorités des conservateurs. Il peut compromettre le processus tout entier d'un seul trait de plume. Il pourrait carrément annuler tout le processus. C'est anormal, mais c'est ce qu'il fait systématiquement depuis huit ans dans différents secteurs.
Encore une fois, dans ce projet de loi, il prévoit un pouvoir discrétionnaire. À mon avis, le gouvernement doit s'expliquer aux Canadiens. Pourquoi le ministre aurait-il le pouvoir de décréter que la responsabilité financière n'est pas de 1 milliard de dollars, mais qu'elle est de 220 millions, ou nulle, ou de décider d'en reporter le paiement? Quelles sont les conséquences de cette disposition qui vise une fois de plus à concentrer les pouvoirs entre les mains d'un seul ministre?
Comme on le sait, le projet de loi est l'aboutissement de nombreuses années de pourparlers sur la responsabilité de l'exploitant, qui, il faut le dire, ont commencé lorsque le gouvernement libéral était au pouvoir. Je tiens donc à féliciter tous les fonctionnaires qui ont participé à l'élaboration du projet de loi et qui ont fait avancer les pourparlers en conciliant les points de vue divergents. Il faut les féliciter de leur excellent travail. La qualité de notre travail dépend directement de ce que font ces fonctionnaires. À bien des égards, notre travail s'appuie sur le leur.
Deuxièmement, le projet de loi donne suite aux recommandations visant à hausser les plafonds de responsabilité établis dans le rapport de 2012 du commissaire à l’environnement et au développement durable. Est-il besoin de rappeler aux députés que ce poste a aussi été créé par le gouvernement libéral?
Le projet de loi prévoit des modifications très positives. Nous sommes impatients de le voir passer à l'étape de l'étude en comité pour que nous puissions entendre ce que les spécialistes ont à dire sur de nombreuses questions importantes.
Le projet de loi est le point de départ de ce qui deviendra — je l'espère — une discussion sérieuse sur l'avenir énergétique du Canada, car, depuis huit ans, cette discussion fait cruellement défaut. Nous ne misons actuellement que sur tel projet de pipeline ou sur tel autre projet de construction au lieu d'envisager ce que sera l'avenir énergétique du Canada, de considérer le tableau d'ensemble et le degré d'intégration du plan canadien dans le contexte nord-américain, et de déterminer la direction à prendre en ce qui concerne les gaz à effet de serre, ce dont on n'a pas du tout parlé aujourd'hui. Il est tout à fait irresponsable de parler d'énergie, comme le fait le projet de loi, sans parler des gaz à effet de serre.
En terminant, je suis impatient de voir le projet de loi passer à l'étape de l'étude en comité pour que nous puissions obtenir plus d'information sur les façons de l'améliorer.
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Monsieur le Président, je suis très contente de pouvoir parler du projet de loi , et de partager mon temps de parole avec le député de .
En plus de moderniser le régime de responsabilité auquel sont soumises les industries nucléaire et extracôtière du Canada, ce projet de loi va aussi faire augmenter la responsabilité de ces industries en cas d'accident. Comme les députés le savent sans doute, je peux affirmer sans crainte d'exagérer que l'industrie pétrolière extracôtière a littéralement transformé l'économie du Canada atlantique. Depuis quelques années, cette industrie vitale a créé des milliers d'emplois bien payés et donné naissance à de nombreuses industries dérivées. Elle a aussi généré des milliards de dollars en recettes fiscales, que les gouvernements provinciaux ont pu réinvestir dans les programmes sociaux dont les Canadiens ont absolument besoin.
Au cours des 15 dernières années, la production pétrolière au large de la Nouvelle-Écosse a généré plus de 2,3 milliards de dollars en recettes fiscales. Aujourd'hui, cette industrie dépense près de 190 millions de dollars et fournit environ 770 emplois directs. Chaque année de 2003 à 2007, la contribution du secteur pétrolier extracôtier au PIB de la Nouvelle-Écosse était de 3 %.
À Terre-Neuve-et-Labrador, pendant la même période de 15 ans, la production pétrolière extracôtière a généré plus de 9,2 milliards de dollars en recettes fiscales. Aujourd'hui, l'industrie pétrolière et gazière extracôtière représente approximativement 28 % du PIB de la province, avec des dépenses dépassant les 3,2 milliards de dollars annuellement et 7 374 emplois directs. En 2010, si on compte les emplois directs et indirects ainsi que les industries dérivées, ce sont plus de 12 800 personnes qui travaillaient dans ce secteur. Ce chiffre représente 5,8 % des emplois de la province. Et tout ça grâce au développement responsable des ressources extracôtières.
On voit tout de suite que l'exploration et le développement des ressources extracôtières se traduit par des retombées concrètes pour les habitants de ces deux provinces, et c'est loin d'être terminé.
Le régime de réglementation et de sécurité en vigueur dans le secteur extracôtier du Canada atlantique est déjà rigoureux. Cette année, le gouvernement conservateur a pris un certain nombre de mesures afin que le développement de nos ressources naturelles, dans le cadre de notre plan de développement responsable des ressources, soit sans danger. Nous avons instauré de nouveaux mécanismes d'application de la loi assortis d'exigences environnementales bien définies et prévoyant des amendes pour les contrevenants. Les inspections dont les oléoducs et les gazoducs doivent faire l'objet augmenteront de 50 % annuellement. Nous avons en outre doublé le nombre de vérifications complètes des pipelines.
Les nouvelles mesures obligatoires pour les navires-citernes, qui garantiront que le transport des ressources énergétiques sur nos voies navigables se fera en toute sécurité, constituent un autre excellent exemple. Ces mesures englobent notamment la et la création d'un comité d'experts chargé d'examiner le régime actuel de sécurité des navires-citernes et de proposer de nouvelles façons de rendre les transports plus sûrs.
Prenant appui sur ces mesures, le gouvernement conservateur fait aujourd'hui le nécessaire pour consolider encore davantage son solide régime de responsabilité dans les zones extracôtières. Comme je l'ai dit à maintes reprises, le gouvernement conservateur s'assurera qu'il n'y aura pas d'exploitation, à moins que celle-ci ne soit sécuritaire pour les Canadiens et l'environnement. Nous avons collaboré étroitement avec les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador pour moderniser et élargir les lois de mise en oeuvre afin que le régime d'exploitation du pétrole et du gaz dans les zones extracôtières du Canada demeure l'un des meilleurs du monde.
Les entreprises présentes dans les zones extracôtières du Canada ont un excellent bilan. Chaque étape de l'activité pétrolière extracôtière, de l'exploration à la production, est assujettie à la surveillance et aux exigences réglementaires rigoureuses de l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers ou de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Les entreprises doivent avoir des mesures de sécurité et d'intervention ainsi que des plans d'urgence approuvés par un organisme de réglementation. Ces organismes n'autoriseront aucune activité extracôtière à moins d'avoir établi que la sécurité des travailleurs et l'environnement sont protégés.
Le projet de loi est axé sur la protection des contribuables et de l'environnement dans le cas très improbable d'un déversement.
Selon le commissaire à l'environnement et au développement durable, les offices extracôtiers font preuve de diligence raisonnable. Toutefois, il a recommandé de prévoir de meilleures garanties financières pour les risques environnementaux. Le gouvernement s'est engagé a étudier son rapport et à apporter les changements nécessaires. Les modifications prévues dans le projet de loi tiennent compte de l'avis du commissaire ainsi que des enseignements tirés des pratiques exemplaires adoptées ailleurs dans le monde. Notre objectif global est d'avoir un régime de premier ordre dans les zones extracôtières.
Comme la Chambre le sait, le régime de responsabilité du Canada repose sur le principe du pollueur-payeur.
Nous proposons premièrement d'inscrire le principe du pollueur-payeur dans la loi et de garder la responsabilité illimitée si l'exploitant est reconnu fautif.
Deuxièmement, le gouvernement augmentera aussi la responsabilité absolue à 1 milliard de dollars, au lieu de 30 millions de dollars pour les zones extracôtières de l'Atlantique et de 40 millions de dollars pour les zones extracôtières de l'Arctique. Ainsi, il ne sera pas nécessaire de démontrer qu'il y a eu faute ou négligence pour obtenir ce montant.
Troisièmement, nous exigerons que les exploitants fassent la preuve qu'ils ont les ressources financières nécessaires pour verser au moins 1 milliard de dollars en cas d'incident. Actuellement, les organismes de réglementation exigent que l'exploitant fasse la preuve qu'il a la capacité de verser de 250 à 500 millions de dollars. Nous voulons hausser la capacité financière minimale à 1 milliard de dollars pour qu'elle concorde avec la responsabilité absolue des exploitants. Les organismes de réglementation peuvent exiger des montants plus élevés s'ils le jugent nécessaire. Cette hausse placera le régime canadien au niveau de régimes comparables comme ceux de la Norvège, du Danemark, des États-Unis et du Royaume-Uni. Nous veillons à ce que les sociétés aient la capacité financière nécessaire pour assumer leurs responsabilités en cas de besoin.
Enfin, nous exigerons que les exploitants permettent aux organismes de réglementation d'accéder rapidement et librement à un montant minimal de 100 millions de dollars qui pourra être utilisé en cas de besoin.
Ce ne sont que quelques-unes des mesures que nous prenons pour faire du régime de responsabilité canadien l'un des plus forts au monde.
De plus, nous permettons aux organismes de réglementation d'imposer des sanctions administratives et pécuniaires pour obliger l'industrie à se conformer aux règles.
Nous améliorons la transparence en permettant aux offices de publier certains documents portant notamment sur des mesures d'urgence ou des mesures environnementales.
Nous permettons l'utilisation, en cas de rejet, d'agents de traitement.
Nous permettons aux offices de recouvrer des coûts auprès de l'industrie.
Le gouvernement est déterminé à assurer l'extraction sécuritaire des ressources extracôtières du Canada tout en protégeant l'environnement. En haussant la limite de responsabilité absolue pour les sociétés d'exploitation extracôtière, nous contribuerons grandement à l'atteinte de cet objectif.
Nous devons veiller à ce que l'industrie de l'exploitation extracôtière grandisse et se développe de manière responsable. C'est pourquoi nous exhortons tous les députés à appuyer le projet de loi .
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Monsieur le Président, c'est un plaisir de participer au débat sur un projet de loi touchant les travaux du Comité des ressources naturelles.
Lorsqu'on lit le projet de loi, on se dit — et je dois préciser qu'aux Ressources naturelles, il est rare que nous ayons l'occasion de citer Yogi Berra, le receveur des Yankees bien connu pour ses descriptions laconiques des situations — voilà encore du déjà vu.
Étant donné que je siège au Comité des ressources naturelles depuis de nombreuses années, je peux affirmer que celui-ci a déjà étudié la portion du projet de loi portant sur la responsabilité en matière nucléaire. Comme mon ami, le député d' l'a souligné plus tôt, le gouvernement libéral, il y a huit ou neuf ans, à l'époque de l'administration Martin, commençait à se pencher sur la question de la responsabilité en matière nucléaire.
Le projet de loi vise un objectif principal, en se concentrant sur deux aspects de la question. Le premier, dont la a principalement parlé, concerne la responsabilité entourant les complexes industriels pétroliers et gaziers au large des côtes, comme les plates-formes de forage. Après le désastre survenu dans le golfe du Mexique mettant en cause BP, il est clair qu'il faut étudier ce sujet en contexte canadien.
Le deuxième aspect dont traite le projet de loi concerne l'industrie nucléaire, et c'est sur cet aspect que je m'attarderai aujourd'hui. Il est très important que nous nous penchions sur ce dossier et il est grand temps que nous le fassions. En fait, ce projet de loi n'a jamais été considéré comme urgent, en grande partie parce que notre industrie nucléaire est, à bien des plans, la plus sécuritaire, ou du moins l'une des plus sécuritaires au monde.
L'histoire du nucléaire au Canada a commencé il y a 75 ans. Pendant plusieurs décennies, le nucléaire a fait partie de notre programme énergétique, et ce, dans certaines régions plus que d'autres. Par exemple, dans l'Ouest canadien, d'où je viens, le nucléaire n'est pas très présent. Ici, en Ontario, il participe considérablement à la production d'électricité et il génère actuellement 15 % de toute l'électricité produite au Canada. Le nucléaire comporte à la fois des avantages aux plans de l'économie et de l'environnement.
Notre industrie nucléaire est un moteur de croissance économique. Elle génère un revenu de 5 milliards de dollars par année et fournit des emplois à plus de 30 000 Canadiens.
Nous devons mettre en place la réglementation et les mesures législatives nécessaires pour que cette industrie puisse prospérer et continuer à générer des emplois, et pour maintenir la sécurité de la population.
Si le gouvernement a présenté cette mesure législative, c'est entre autres parce que l'industrie demande davantage de certitude. Même si le développement nucléaire au pays se poursuivrait en l'absence de cette mesure législative, c'est l'industrie qui l'a réclamée afin de savoir quel montant doit être consacré chaque année aux assurances et quel est le cadre juridique en cas d'accident. Heureusement, il n'y a pas encore eu d'accident au Canada jusqu'à maintenant. Sans cette certitude, les assureurs ne couvriraient pas les centrales nucléaires et jusqu'à un certain point, plus personne ne participerait désormais au développement nucléaire.
Le gouvernement fédéral a des responsabilités. Comme je l'ai mentionné, notre bilan en matière de sécurité est exceptionnel, mais cela ne nous empêche pas de toujours chercher à l'améliorer. Notre technologie a fait ses preuves, notre main-d'oeuvre est bien formée et nos exigences réglementaires sont strictes et de plus en plus claires.
À l'heure actuelle, la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires et la Loi sur les déchets de combustible nucléaire constituent le fondement de la réglementation de l'industrie. Cela dit, nous devons être prêts à envisager qu'un incident se produise et qu'il entraîne des dommages civils.
La responsabilité du cadre d'assurance permettant de protéger tous les Canadiens relève de la compétence fédérale. Par conséquent, le gouvernement a le devoir d'assumer ses responsabilités dans ce domaine et il prend la question au sérieux.
La loi originale a été adoptée en 1976. Elle doit être modernisée.
Je crois que la plupart des gens qui liront la transcription de ce débat ou en entendront parler dans les médias se souviendront surtout de la différence entre la limite de responsabilité dont il est question dans la loi de 1976 et celle que le gouvernement propose maintenant. Lorsqu'on pense qu'aujourd'hui, il n'est pas rare que les propriétaires de voiture soient assurés pour 1 million ou 2 millions de dollars, il peut sembler un peu étrange qu'une centrale nucléaire ne soit assurée que pour 75 ou 76 millions de dollars. C'est pour cette raison que nous souhaitons moderniser cette mesure législative, qui existe depuis près de 40 ans.
La mesure législative augmenterait le montant des indemnités prévues en cas de dommages civils en le faisant passer de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollars. Cette nouvelle limite de responsabilité correspondrait aux normes internationales en vigueur.
J'aimerais m'éloigner brièvement de mon discours pour rappeler à mes collègues et aux gens qui nous écoutent que nous allons parfois entendre des comparaisons entre les limites de responsabilité de divers pays. Il faut faire preuve de prudence lorsqu'on utilise ces chiffres. Certains pays ont un régime juridique et des mécanismes différents, et donc, il est très difficile de faire des comparaisons directes entre les pays.
Toutefois, le gouvernement — et je le sais parce que nous avons déjà examiné cette mesure législative — a mené des consultations et a examiné la situation ailleurs pour déterminer plus ou moins en quoi consiste la norme internationale; en gros, le gouvernement a cherché à savoir ce qui se fait dans d'autres parties du monde pour fournir une protection adéquate et, bien sûr, pour assurer la compétitivité de l'industrie.
Le projet de loi permettrait de maintenir les points forts de l'ancienne mesure législative, notamment le principe fondamental de la responsabilité absolue. Ainsi, l'exploitant d'une centrale nucléaire serait responsable des blessures ou dommages civils, qu'il soit fautif ou non.
Je pense qu'il est très important de comprendre ce point: l'exploitant serait responsable peu importe s'il est fautif ou non.
Cela voudrait dire que même si un incident est le résultat d'un acte de vandalisme ou d'une négligence de la part d'un fournisseur, l'exploitant assumera quand même la responsabilité exclusive des dommages civils.
Ce projet de loi réitère le même message que la mesure législative précédente: au vu de l'énorme danger que pourrait présenter cette technologie, les propriétaires ou les exploitants doivent non seulement se conformer aux normes de base relatives à la sécurité et être responsables de leurs actes, mais aussi agir en amont pour protéger leur réacteur ou centrale nucléaire contre les actes d'autrui. Il peut s'agir de dommages causés par la nature ou par des gens qui cherchent à faire du tort aux exploitants. C'est un point très important qu'il ne faut pas oublier. Par exemple, dans le domaine de l'assurance automobile, nous ne nous soucions pas toujours des faits et gestes d'un autre conducteur qui endommage notre véhicule. Nous ne sommes pas poursuivis en justice, car nous ne sommes pas tenus responsables de la conduite dangereuse d'une personne qui entre en collision avec notre véhicule.
Par contre, dans le cas qui nous occupe, c'est un peu différent.
On retrouve les mêmes principes dans les lois nucléaires d'autres pays, comme les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Ces principes seraient consacrés dans cette mesure législative.
En résumé, nous avons besoin de cette mesure législative parce que l'ancienne loi est désuète et que les limites de responsabilité sont trop basses. Deux raisons nous poussent à moderniser la loi afin de faire passer le plafond de la responsabilité absolue de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollards. Premièrement, nous devons agir ainsi pour protéger le public et nous assurer que des fonds sont disponibles en cas d'incident. Il n'est pas nécessaire que ce soit un incident de l'envergure de celui de Tchernobyl; cela peut être un incident beaucoup moins grave. Deuxièmement, nous devons moderniser la loi pour instaurer un climat de certitude au sein de l'industrie.
C'est une industrie qui veut croître et prendre de l'expansion au Canada, et qui souhaite offrir aux Canadiens de bons emplois dans le secteur de la haute technologie.
Par conséquent, en raison des avantages économiques et de notre obligation de protéger les Canadiens, nos devons adopter cette mesure législative le plus rapidement possible.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je voudrais mentionner que je vais partager mon temps de parole avec l'excellente députée de .
Mon discours va porter sur plusieurs aspects. D'abord, je vais faire un résumé de la loi. Ceux qui écoutent CPAC depuis quelques minutes ou même quelques heures connaissent un peu les grandes lignes du projet de loi , dont nous débattons présentement.
Ce projet de loi propose qu'une étude plus approfondie soit faite sur la responsabilité nucléaire et celle de l'exploitation du pétrole et du gaz extracôtiers. Pour ce faire, il fait passer la limite de responsabilité absolue de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollars, pour le nucléaire, et de 40 millions de dollars à 1 milliard de dollars également, pour la responsabilité du pétrole et du gaz extracôtiers.
C'est un pas dans la bonne direction et c'est un bon début. Nous allons évidemment appuyer ce projet de loi en deuxième lecture, afin qu'il se rende en comité et qu'on y apporte des améliorations. Je suis content que mon collègue qui a pris la parole avant moi ait mentionné que c'était un projet de loi imparfait. Au moins, il est d'accord avec moi et il y aura des améliorations à apporter en comité. D'ailleurs, j'espère qu'il siège au comité et qu'il pourra apporter des améliorations, ce qui serait vraiment apprécié. S'il n'y siégeait pas, comme il semble très bien connaître le dossier, il pourrait donner un petit breffage à ses collègues.
Dans ce dossier, la première chose qu'il faut comprendre, c'est que ce projet de loi ne nous poserait pas tant de difficultés si les conservateurs avaient tout d'abord adopté le projet de loi sur le développement durable de mon honorable collègue de . Je ne sais pas ce que les conservateurs ont contre le développement durable, mais ils ont voté contre l'excellent projet de loi du député de Brome—Missisquoi, en vertu duquel tous les nouveaux projets de loi seraient soumis à la Loi fédérale sur le développement durable.
Le développement durable englobe l'économie, l'aspect social et l'environnement. Le projet de loi fait un bon pas dans cet direction. Toutefois, il ne respecte malheureusement pas entièrement l'esprit du développement durable. C'est pourquoi il faut se reporter à un discours qui passera à l'histoire. Je peux le dire, maintenant que le chef de l'opposition officielle et député d' l'a prononcé devant le Club économique du Canada à Ottawa, à propos de l'avenir énergétique prospère et durable du Canada.
Dans ce plan, il mentionne les trois aspects qui font le bilan du développement durable, c'est-à-dire les aspects économique, social et environnemental. Il est important que les gens le comprennent.
Trois aspects sont à considérer dans le projet de loi , dont la durabilité. La durabilité, c'est le pollueur qui paie la facture de la pollution au lieu de la transférer à la prochaine génération. On a un problème, car les conservateurs disent qu'actuellement, ce projet de loi repose sur le principe du pollueur-payeur. Or c'est faux! Bien qu'il augmente la partie que le pollueur va payer, ce dernier ne paiera qu'une petite partie. Encore une fois, la grande partie sera payée par les contribuables.
J'aimerais en donner des exemples un peu plus tard. Les députés risquent d'en tomber en bas de leur chaise. Quand ils verront les chiffres énormes qu'une catastrophe nucléaire ou pétrolière peut entraîner, ils seront ébranlés. Ils ont l'air d'être assis bien confortablement sur leur chaise, cela devrait aller.
Par ailleurs, l'autre élément qui repose sur notre stratégie sur l'avenir énergétique, c'est le partenariat avec les Premières Nations, les provinces et les groupes environnementaux. C'est ce qu'on appelle une licence sociale. L'important, c'est d'avoir une acceptabilité sociale pour avoir des emplois de valeur ajoutée ici. Malheureusement, les conservateurs exportent la plupart de nos emplois. Il est également important d'avoir une prospérité à long terme.
Ce que je veux dire, c'est que le gouvernement a présenté un projet de loi intéressant à première vue. Toutefois, on se rend bientôt compte de tout ce qui l'entoure. En réalité, le projet de loi masque beaucoup d'autres choses faites auparavant par le gouvernement et qui nuisent à notre économie. C'est bien ce que j'ai dit: elles nuisent à notre économie.
Qu'ont fait les conservateurs pour nuire à notre économie? Ils ont sabordé des lois environnementales, par exemple, la fameuse Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Il y a maintenant des projet de loi qui seront adoptés, contestés et qui ne jouiront pas de l'acceptabilité sociale.
Le projet de canalisation 9 d'Enbridge, par exemple, a été accepté sans pourtant bénéficier de l'acceptabilité sociale. Cela posera d'énormes problèmes, parce qu'il n'y a pas de loi environnementale fiable, sécuritaire et solide. C'est important. Le NPD s'assurera d'avoir de meilleures lois qui nous permettront de savoir où on s'en va.
Je vais maintenant donner des chiffres. Que mes collègues se tiennent bien sur leur chaise, car ce ne sont pas des blagues.
En 2010, le golfe du Mexique a connu un énorme déversement de pétrole. Jusqu'à maintenant, les coûts de décontamination sont évalués à 42 milliards de dollars. Selon l'actuel projet de loi , la compagnie BP paierait un milliard de dollars. Qui paierait les 41 milliards de dollars restants? Ce sont les contribuables. Cela ne soutient pas le principe du pollueur-payeur. Si le pollueur paie un milliard de dollars et que la population paie 41 milliards de dollars, c'est une injustice flagrante. C'est impossible d'accepter cet état de fait.
Prenons l'exemple des accidents nucléaires. Il y en a eu un à la centrale nucléaire de Fukushima en 2011. Le gouvernement du Japon évalue présentement les coûts de nettoyage et de réparation à 250 milliards de dollars.
Dans le cadre ce projet de loi, le pollueur paierait un milliard de dollars. Qui paierait le reste, soit 249 milliards de dollars? La population canadienne. Les paiements s'étendraient sur plusieurs générations, parce qu'on ne peut pas payer ça aujourd'hui en claquant des doigts.
En 2012, le commissaire à l'environnement et au développement durable a publié un rapport portant sur les passifs environnementaux. J'ai d'ailleurs posé une question à la lorsqu'elle a témoigné à ce sujet au Comité permanent de l'environnement et du développement durable. À l'époque, elle était nouvelle dans le domaine mais elle a maintenant fait ses devoirs. Je la reverrai bientôt lors d'une réunion de ce même comité et je pourrai lui poser de nouveau la question.
Le passif environnemental se chiffre présentement à plusieurs millions de dollars. Qui doit payer les passifs environnementaux? C'est le Trésor public. Autrement dit, ce sont les Canadiens et les Canadiennes, ce sont les gens de Drummond. À Saint-Edmond, une municipalité située près de Drummondville, plusieurs citoyens sont inquiets, parce qu'on y retrouve un site contaminé. Le gouvernement ne fait pas son travail de décontamination.
Bref, c'est un bon projet de loi au départ, mais le principe du pollueur-payeur n'est pas du tout appliqué. En outre, je n'ai même pas mentionné qu'il faut absolument retirer du projet de loi la responsabilité du ministre. J'en parlerai pendant la période des questions et commentaires.
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Monsieur le Président, je félicite mon collègue de pour son excellent discours. Il est pour moi une référence en matière d'environnement, et il travaille très fort sur ce dossier. Je voulais souligner son travail et lui lever mon chapeau.
J'ai le plaisir de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi , modifiant la loi concernant les opérations pétrolières et nucléaires au Canada. Nous appuyons ce projet de loi en deuxième lecture dans le but de l'envoyer en comité pour une étude approfondie. Nous espérons que le gouvernement acceptera de travailler à améliorer ce projet de loi, car celui-ci en a grandement besoin. Il va de soi que notre appui en troisième lecture dépendra de la volonté du gouvernement d'apporter au projet de loi des améliorations qui s'avèrent importantes.
Le projet de loi mentionne explicitement le principe du pollueur-payeur pour établir la responsabilité des pollueurs. Toutefois, après m'être renseignée sur ce principe, je me suis rendu compte que le projet de loi ne l'appliquait pas adéquatement. Par exemple, en ce qui a trait à la responsabilité nucléaire, la limite de responsabilité passe de 75 millions de dollars, ce qui était vraiment insuffisant, à 1 milliard de dollars. C'est un tout petit pas dans la bonne direction, mais ce n'est pas suffisant.
Le principe du pollueur-payeur veut que le pollueur paie, ce n'est pas compliqué. Or, en fixant une limite de 1 milliard de dollars, en cas de catastrophe, le reste de la facture revient aux contribuables, qui n'y sont pour rien. Ils devront payer, en plus de subir les conséquences sur leur santé et leur environnement. J'exposerai plus tard des données à ce sujet.
Une autre chose qui m'agace par rapport à la responsabilité, c'est le pouvoir discrétionnaire du ministre. Je suis tellement tannée de voir cela dans les projets de loi. Les députés ont une responsabilité, mais ils sont aussi entourés de spécialistes de tous les domaines qu'ils doivent consulter. Ici, il s'agit de l'environnement et des ressources naturelles. Ces spécialistes ont consacré leur vie à faire des recherches sur le sujet. Je ne vois donc pas comment le ministre peut imposer des limites sans tenir compte de leur opinion. C'est troublant.
Je ne comprends pourquoi le gouvernement veut toujours s'approprier ce pouvoir. Ce n'est pas la première fois qu'on veut accorder à un ministre un pouvoir discrétionnaire au moyen d'un projet de loi. Quand cette affaire va-t-elle se régler? C'est important de le souligner, car c'est particulièrement troublant.
Il y a un petit point positif en ce qui a trait à la responsabilité nucléaire: on prolonge le délai de présentation de demande d'indemnisation de 10 à 30 ans. Cela est intéressant pour les victimes souffrant de maladies latentes, qui sont souvent liées au secteur nucléaire. Il était temps. Toutefois, cela est-il rétroactif? Peut-être qu'un de mes collègues d'en face pourra me répondre lors de la période des questions.
Au chapitre de la responsabilité pétrolière, on met à jour le régime canadien de responsabilité lié à l'exploitation du pétrole et du gaz extracôtiers, afin de prévenir les incidents et de garantir la rapidité d'intervention en cas de déversement. Encore une fois, il était temps qu'on prenne cette mesure très importante.
Tout cela est beau sur papier, mais le suivi devra être très rigoureux. C'est cela qui devrait être la responsabilité du ministre, et non celle d'exercer un pouvoir discrétionnaire pour décider de la responsabilité des entreprises en cas d'incident.
Il me semble que ce serait intéressant.
La limite de responsabilité pour l'exploitation pétrolière passe de 40 millions de dollars dans l'Arctique et de 30 millions de dollars dans l'Atlantique à 1 milliard de dollars. C'est un tout petit pas dans la bonne direction, et c'est encore nettement insuffisant.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, les contribuables n'ont pas à payer. Je parle des contribuables, c'est-à-dire de ceux qui contribuent financièrement à la société, mais je parle aussi de tous les citoyens de tous les âges et de toutes les situations. Ils n'ont pas à payer, tant financièrement que sur les plans de l'environnement, de la santé et de leur intégrité. Ils n'ont pas à payer pour des incidents liés à ce genre d'énergie. On sait très bien qu'il existe d'autres sources d'énergies, renouvelables, dans lesquelles on pourrait investir davantage. Dans le cas de l'énergie nucléaire et de l'énergie pétrolière, on pourrait appliquer le principe du pollueur-payeur .
Par exemple, je pense à la biométhanisation, une énergie verte incroyable. Si mes collègues d'en face désirent venir dans mon comté pour visiter l'usine de biométhanisation située à Sainte-Hyacinthe, je me ferai un plaisir de les accueillir. C'est très intéressant. On peut aussi utiliser l'énergie éolienne, comme le fait le Québec. Ce sont des énergies vers lesquelles on pourrait également se tourner.
Je reviens maintenant au sujet de la responsabilité financière. Un milliard de dollars, cela peut sembler spectaculaire, mais c'est très peu. Par exemple, en Allemagne, la responsabilité absolue est présentement de 3,3 milliards de dollars par centrale. Le Canada est loin de ce montant, avec son petit milliard de dollars qui vient d'apparaître dans un projet de loi. Aux États-Unis, il s'agit de 12,6 milliards de dollars américains. Au Japon, il y a eu une catastrophe nucléaire assez dramatique en 2011. Les coûts ont été évalués à 250 milliards de dollars. Si le Canada connaissait une catastrophe semblable, les contribuables devraient donc payer 249 milliards de dollars. Personnellement, je crois que c'est illogique. Au Mexique, en 2010, il y a eu un déversement de pétrole dans le golfe. Les coûts liés à la catastrophe n'ont pas fini d'augmenter, comme c'est aussi le cas au Japon. Les coûts pourraient dépasser 250 milliards de dollars. Le Mexique a déboursé, jusqu'à maintenant, 42 milliards de dollars, mais ce n'est pas fini.
À mon avis il faut vraiment se poser des questions. Que veut-on en tant que société? À quel point veut-on protéger les citoyens? À quel point veut-on que les contribuables paient encore et toujours?
Je trouve aussi important de souligner que le Canada n'est pas à l'abri d'une catastrophe. Ce que je trouve particulièrement inquiétant dans le projet de loi, c'est qu'il n'y a pas de prévention. Il y a seulement ce que j'appelle la réduction des méfaits ou l'amortissement de coûts. C'est seulement ce que l'on retrouve dans le projet de loi. On y dit que s'il arrive ceci, on fera cela. Toutefois, le projet de loi ne comprend pas de mesures particulières de prévention adéquate. Que doit-on faire, tous les jours, pour éviter une catastrophe semblable et pour éviter que les gens aient à payer le prix en ce qui a trait à l'aspect financier, à la santé et à l'environnement?
Cette semaine, on a souligné un bien triste anniversaire. Il y a 25 ans aujourd'hui, l'Exxon Valdez provoquait un incident pétrolier au large des côtes de l'Alaska. Cela fait 25 ans, et il y a encore des répercussions. La nature n'a pas encore repris ses droits.
Dans de telles circonstances, je ne comprends pas que le gouvernement propose de tels projets de loi qui ne contiennent que des demi-mesures pour encadrer des activités ayant des conséquences catastrophiques pour notre environnement et notre santé. C'est inquiétant.
Je me demande quand nous aurons un vrai projet de loi qui encourage les énergies vertes, qui prône et qui applique réellement le principe du pollueur-payeur, qui fait de la prévention et qui protège réellement les citoyens et notre environnement. Je crois que ce sera après 2015.
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Monsieur le Président, je suis enchanté aujourd'hui de parler du projet de loi . Dans ma présentation, je répondrai à certaines questions que j'ai posées aux députés d'en face et auxquelles ils ont évité de répondre. La première porte sur le fait qu'en vertu de cette mesure législative, les entreprises aurait une responsabilité sans aucune limite. Si le coût d'un nettoyage était, disons, de 10 milliards de dollars et que la preuve était faite que l'entreprise a été négligente, elle devrait assumer la responsabilité absolue de 1 milliard de dollars, mais aussi la responsabilité illimitée de 10 milliards de dollars. La députée d'en face, en fait les deux derniers intervenants, ont refusé net de reconnaître cela, même quand on leur a posé la question. Je n'ai rien contre le fait qu'on critique une mesure législative, même que cela me plaît, pour peu que la critique soit fondée sur la réalité. Toutefois, ce n'est pas le cas ici et cela me préoccupe. Dans ma présentation, je vais donc répondre à certaines de ces questions.
J'aimerais parler de la partie du projet de loi qui porte sur les activités extracôtières, l'autre partie concernant bien entendu la responsabilité en matière nucléaire.
Je vais partager mon temps de parole avec la députée de , que j'ai bien hâte d'entendre.
Comme la plupart des députés le savent, le secteur des ressources naturelles revêt pour l'économie canadienne une importance qu'on ne soulignera jamais assez. C'est un secteur extrêmement important. Ses retombées directes et indirectes représentent près de 20 % du PIB du Canada. Les Canadiens sont 1,8 million à y trouver un emploi. En moyenne, l'énergie, les mines et la forêt génèrent ensemble 32 milliards de dollars par année de recettes pour l'État, qui les utilise pour financer l'éducation, les services de santé et d'autres programmes sociaux, y compris les pensions pour les personnes âgées.
Ces chiffres nous montrent que l'exploitation des ressources naturelles est vitale pour améliorer le sort des Canadiens partout au pays. Les programmes sociaux essentiels, dont les Canadiens bénéficient, comme ceux que je viens de mentionner, soit la santé, l'éducation et les régimes publics de pensions, sont tous financés avec les recettes de l'État issues du secteur des ressources naturelles. Notre propension à investir dans l'exploitation des ressources naturelles est, pour les Canadiens, un gage de niveau de vie élevé.
Nous découvrons actuellement de nouvelles perspectives d'investissement dans les ressources naturelles, en particulier dans la région de l'Atlantique, où plus de 8 000 emplois sont directement liés au secteur des ressources extracôtières. À mesure que l'exploitation des hydrocarbures extracôtiers prend de l'expansion, de nouveaux emplois sont créés qui permettront à des Canadiens de faire vivre leur famille et d'investir dans leur avenir.
Le mot « avenir » est un mot clé. Justement, notre comité des ressources naturelles poursuit une étude des retombées des secteurs gazier et pétrolier dans l'ensemble du pays. Par exemple, nous avons reçu aujourd'hui le maire de Saint John, au Nouveau-Brunswick. Il nous a entretenus de l'importance des secteurs gazier et pétrolier pour sa ville. Nous avons entendu également le témoignage du président du groupe se consacrant au développement économique de cette ville. Il nous a décrit très clairement l'importance de ces secteurs là-bas ainsi que le potentiel qu'ils recèlent pour l'avenir des provinces atlantiques et de Terre-Neuve-et-Labrador si les ressources pétrolières et gazières sont pleinement exploitées. Nous tirons de cette étude plusieurs enseignements vraiment utiles, et il est très stimulant d'entendre parler des retombées actuelles et futures de l'exploitation des ressources, dans tout le pays.
Mais nous ne pouvons pas exploiter les ressources naturelles sans penser à l'avenir de l'environnement. Nous sommes tous d'accord sur ce point. C'est pourquoi, dans l'exécution de son plan d'exploitation responsable, le gouvernement veillera à ce que les ressources extracôtières soient exploitées de manière responsable et prudente. C'est pourquoi nous présentons le projet de loi , qui resserrera la sécurité et la responsabilisation, dans le cadre du régime canadien d'exploitation des hydrocarbures extracôtiers. Nous pouvons affirmer sans trop risquer de nous tromper que notre régime d'exploitation extracôtière est très robuste. Les entreprises oeuvrant dans ce secteur font aujourd'hui l'objet d'une surveillance stricte, même sans ce projet de loi.
Dans les deux zones extracôtières du Canada Atlantique, l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers et l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers s'assurent qu'aucun développement extracôtier n'est entrepris sans qu'il n'y ait en place de mesures de protection environnementale rigoureuses. C'est ce qui est déjà prévu.
Le gouvernement croit que l'industrie doit rendre des comptes en cas d'accident. Nous collaborons avec nos deux partenaires, le gouvernement provincial de Terre-Neuve-et Labrador et celui de la Nouvelle-Écosse, pour établir un régime extracôtier solide qui est réellement de calibre mondial. Quand je dis que l'industrie doit rendre des comptes, je fais allusion au principe du pollueur-payeur, que reconnaissent et appuient déjà des députés de la Chambre. Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus: il faut tenir l'industrie responsable des dommages environnementaux causés dans le cas improbable d'un accident au large des côtes.
Comme je le disais tout à l'heure, en cas d'incident, la responsabilité de l'industrie est déjà illimitée lorsque les parties sont à blâmer ou ont fait preuve de négligence. Le projet de loi ne changerait pas cette réalité juridique, mais il nous permettrait d'augmenter les plafonds de la responsabilité absolue, qui permettent de s'assurer que les exploitants ont les ressources pour assumer les coûts de nettoyage d'un accident ou des dommages causés à autrui, peu importe s'il y a eu faute ou négligence. À l'heure actuelle, le plafond de responsabilité absolue est de 30 millions de dollars pour les exploitants des deux zones extracôtières de l'Atlantique. Le montant est le même pour ce qui est du secteur nucléaire, tandis qu'il est de 40 millions de dollars dans les autres zones extracôtières canadiennes. Conformément au projet de loi , le minimum serait de 1 milliard de dollars pour toutes les zones extracôtières, ce qui correspondrait aux normes internationales et les dépasserait dans la plupart des cas. C'est ce qu'on entend par responsabilité absolue. Certains des députés qui ont commenté le projet de loi n'ont pas compris qu'il y a une différence entre la responsabilité absolue de 1 milliard de dollars et la responsabilité illimitée, qui dépasserait ce montant en cas de négligence et d'autres situations semblables.
L'adoption de ce projet de loi ferait en sorte que les entreprises de forage extracôtier soient assujetties aux seuils de responsabilité absolue parmi les plus élevés du monde. Pour assurer le respect de cette nouvelle norme de responsabilité, les entreprises qui souhaitent exercer des activités dans ces secteurs doivent prouver qu'elles disposent des moyens financiers pour couvrir leur responsabilité absolue. Rien n'est laissé au hasard; les entreprises sont soumises à un examen attentif.
Dans le cadre de l'évaluation, l'organisme de réglementation doit avoir l'assurance que les actifs financiers de l'entreprise sont suffisants pour couvrir la responsabilité absolue de 1 milliard de dollars. Les entreprises sont également tenues de donner aux organismes de réglementation un accès libre et rapide à au moins 100 millions de dollars dans les rares cas où un incident se produit.
L'industrie doit également avoir la possibilité de créer un fonds commun d'un minimum de 250 millions de dollars. Les exploitants pourraient choisir d'adhérer à ce fonds pour s'acquitter de leur responsabilité financière. Grâce à ce fonds, toutes les entreprises seraient en mesure d'intervenir rapidement dans l'éventualité peu probable d'un incident. Le projet de loi augmenterait également les pouvoirs et l'infrastructure des offices des hydrocarbures extracôtiers pour veiller à ce que ces exploitants respectent les normes qu'ils leur imposent.
Je termine en disant que notre industrie extracôtière est en pleine expansion, ce qui offre au Canada plus de possibilités que jamais. Le pays est bien placé pour profiter de ces possibilités. Toutefois, notre gouvernement est déterminé à le faire de façon responsable et sans danger. C'est l'approche que nous adoptons à l'égard de l'exploitation de toutes les ressources. Ce faisant, le Canada est perçu comme un pays dont le régime de réglementation pourrait être la norme que d'autres pays visent à respecter.
Je me ferai un plaisir d'entendre les observations ou les questions des députés d'en face.
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Monsieur le Président, en ma qualité de députée de Renfrew—Nipissing—Pembroke, où se trouvent les laboratoires de Chalk River d’Énergie atomique du Canada limitée, je vous remercie au nom des quelque 3 000 employés qui y travaillent de cette occasion d’aborder le projet de loi . Il s’agit d’une mesure législative importante qui permettra une meilleure reddition de comptes dans le secteur nucléaire et les industries extracôtières.
Comme mes collègues le savent, le projet de loi porte sur le secteur nucléaire et les industries extracôtières. Compte tenu de l’importance de l’industrie nucléaire dans ma circonscription, Renfrew—Nipissing—Pembroke, j’aimerais aborder aujourd’hui les éléments du projet de loi qui concernent ce secteur.
Le gouvernement conservateur s’engage fermement à exercer une intendance responsable en vue d’appuyer une industrie nucléaire robuste et durable au Canada. L’énergie nucléaire fait partie des diverses sources d’énergie utilisées au Canada et est l’une des principales raisons pour lesquelles notre électricité est l’une des plus propres au monde. En fait, en Ontario, plus de la moitié de l’électricité de l’ensemble de la province provient d’une source sécuritaire, propre et fiable, à savoir l’énergie nucléaire.
L’industrie nucléaire canadienne contribue beaucoup à l’économie nationale. Elle génère des revenus de près de 5 milliards de dollars par année et emploie plus de 60 000 Canadiens, qui se trouvent en grande partie ici en Ontario.
En tant que Canadiens, nous savons que le gouvernement conservateur est déterminé à faire en sorte que le Canada puisse affirmer son rôle de superpuissance de l'énergie propre. L'énergie nucléaire fait partie intégrante des sources d'énergie propre sur lesquelles nous comptons. Nous savons que l'adoption d'une mesure législative moderne et efficace sur la responsabilité en matière nucléaire est essentielle à la croissance soutenue de l'industrie nucléaire au Canada et qu'elle contribuera à protéger les Canadiens, en plus d'apporter la stabilité à l'industrie dans son ensemble.
Dans le cas très improbable d'un accident nucléaire qui entraînerait des dommages civils, il est essentiel que les Canadiens puissent être indemnisés équitablement et rapidement. Pour cela, il faut que les exploitants d'installations nucléaires connaissent leurs obligations financières afin de planifier en conséquence. Nous témoignons donc de notre engagement à cet égard en présentant à nouveau un projet de loi visant à renforcer le régime canadien de responsabilité nucléaire. Il s'agit d'une mesure déjà présentée à laquelle nous avons apporté des améliorations.
La plupart des députés ne sont peut-être pas conscients du fait que ce régime a près de 40 ans. La situation et les normes de l'industrie nucléaire au Canada ont cependant bien changé depuis. C'est pourquoi il est important de mettre à jour les lois en vigueur dans ce domaine.
Lorsqu'il s'agit d'énergie nucléaire, il est très important de reconnaître que les temps ont changé. Il y a malheureusement des environnementalistes extrémistes qui viennent brouiller les cartes. Je pense notamment à Gerald Butts, conseiller principal du chef du Parti libéral, M. Élevé-dans-la-ouate. M. Butts est le coauteur de la soi-disant Loi sur l'énergie verte de l'Ontario, laquelle a entraîné une explosion démentielle des tarifs d'électricité dans cette province ainsi que l'érosion de son secteur manufacturier causé par la désertion d'entreprises qui déménagent notamment dans l'État de New York qui a accès à de l'électricité subventionnée par les contribuables ontariens. Ces personnes et d'autres qui partagent un point de vue similaire vivent dans le passé.
Autrefois, le NPD était le seul parti à faire l'autruche lorsqu'il s'agissait d'énergie nucléaire économique qui ne produisait pas de gaz à effet de serre. En raison de l'influence funeste de personnes comme Gerald Butts, le Parti libéral est cependant devenu une menace pour les milliers de Canadiens qui travaillent dans l'industrie nucléaire du Canada. Chaque fois qu'on mentionne le mot « nucléaire », des Canadiens bien informés, comme les électeurs de ma circonscription qui travaillent dans cette industrie, comprennent que la recherche nucléaire a beaucoup évolué au cours des 40 dernières années.
Pour ce qui est des déchets nucléaires, les réacteurs CANDU, la grande réussite nucléaire canadienne, produisent moins de déchets grâce à leur design supérieur, qui leur permet d'utiliser moins de combustible nucléaire que les réacteurs à eau ordinaire de nos compétiteurs. Nous améliorons sans cesse cette technologie dans le but de réduire la durée de la radioactivité des déchets nucléaires, qui est actuellement de dizaines de milliers d'années à seulement une centaine d'années ou moins, tout en produisant de l'électricité sans dégager de gaz à effet de serre.
L'industrie nucléaire peut produire l'électricité qu'il nous faut à un prix économique comparé aux éoliennes industrielles qui acculent l'Ontario à la faillite et qui gonflent les comptes en banque de quelques proches du Parti libéral.
Au fil des ans, le gouvernement a demandé conseil à toute une gamme d'intervenants au sujet du projet de loi. Il a consulté les gouvernements de provinces qui comptent des centrales nucléaires ainsi que l'industrie elle-même. Nous sommes donc convaincus que le projet de loi reflète adéquatement ce que nous ont dit les Canadiens et les acteurs de l'industrie, autant les exploitants que les assureurs.
La limite actuelle de responsabilité de l'exploitant a été établie en 1976. De toute évidence, c'est inacceptable. Aux termes du projet de loi , le gouvernement ferait passer cette limite de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollars. Ce serait une des limites les plus élevées au monde. En cas d'accident entraînant des dommages civils de plus de 1 milliard de dollars, le projet de loi C-22 exigerait du qu'il présente au Parlement un rapport estimant le coût des dégâts. Le rapport permettrait au gouvernement de prendre une décision sur toute indemnisation supplémentaire à verser dans chaque cas, la décision finale revenant au Parlement.
J'aimerais assurer à tous les députés que le projet de loi n'aurait pas d'incidence sur les principales forces de la loi actuelle. Surtout, il ferait en sorte que la responsabilité de l'exploitant soit absolue et exclusive. Autrement dit, il ne serait pas nécessaire de prouver qu'il y a eu erreur et personne d'autre ne pourrait être tenu responsable. La nouvelle limite de responsabilité de 1 milliard de dollars assurerait une indemnisation équitable pour les dommages civils — dans les limites de ce que peuvent couvrir les assureurs — et éviterait aux contribuables d'avoir à payer la note.
Ce projet de loi propose plusieurs autres améliorations importantes. Premièrement, il propose un nouveau mécanisme de mise à jour périodique de la responsabilité de l'exploitant. En effet, aux termes du projet de loi, le aurait l'autorité de réexaminer régulièrement la limite de responsabilité et le montant pourrait être augmenté par règlement. Ainsi, notre système de responsabilité nucléaire serait constamment à jour. Deuxièmement, il propose de nouvelles définitions détaillées des dommages indemnisables, y compris certaines formes de traumatismes psychologiques, de pertes économiques, de mesures de prévention et de dommages à l'environnement.
Troisièmement, il fait passer de 10 à 30 ans la période de prescription pour présenter une demande d'indemnisation pour un préjudice corporel. La période de prescription de 10 ans continuerait à s'appliquer à d'autres formes de préjudices. Pour terminer, il créerait le cadre du tribunal d'indemnisation quasi judiciaire qui devra être constitué pour remplacer les tribunaux réguliers, au besoin. Cela accélérerait considérablement le règlement des demandes d'indemnisation présentées par les Canadiens.
Aux termes de ce projet de loi, les exploitants pourraient garantir leur responsabilité financière au moyen d'une assurance traditionnelle et, jusqu'à concurrence de 50 %, au moyen d'autres formes de garanties financières, notamment des garanties d'un gouvernement provincial, des lettres de crédit et de l'autoassurance.
Le gouvernement couvrirait certains risques non couverts par l'assurance responsabilité. En outre, il fournirait une protection supplémentaire pour les installations nucléaires à faible risque, comme les petits réacteurs de recherche dans les universités, au moyen d'accords d'indemnisation conclus avec les exploitants. Toutes les mesures proposées dans le projet de loi que j'ai énumérées visent le même but: protéger l'environnement et la santé des Canadiens, et assurer la sécurité de ces derniers.
Le gouvernement prend des mesures concrètes pour relever les défis auxquels est confronté le secteur nucléaire, notamment la gestion responsable des déchets hérités, la restructuration d'Énergie atomique du Canada limitée et la promotion du commerce international. J'aimerais parler brièvement des efforts internationaux que le gouvernement a entrepris en lien avec le projet de loi .
En décembre 2013, le gouvernement conservateur a signé la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ce faisant, le Canada bonifie son régime d'indemnisation national jusqu'à hauteur de 450 millions de dollars. Ainsi, le Canada disposerait d'un fonds d'indemnisation total pouvant atteindre 1,45 milliard de dollars. En outre, en signant cette convention, le gouvernement respecte son engagement de soutenir l'instauration d'un régime mondial de responsabilité nucléaire solide et sécuritaire.
Comme notre plus proche allié et voisin, les États-Unis, est déjà signataire de la convention, nous pouvons maintenant établir une relation en matière de responsabilité nucléaire civile avec lui. En devenant signataire, le Canada joue un rôle important dans la concrétisation de cette convention.
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Merci, monsieur le Président. J'en profite pour vous signaler que je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Monsieur le Président, nous sommes saisis d'un projet de loi important. Comme je l'ai dit, c'est la cinquième fois que le gouvernement tente de faire adopter une telle mesure législative depuis près de 40 ans. Il y a longtemps qu'elle se fait attendre. Nous avons à tout le moins l'occasion de tenter de rattraper notre retard par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays qui disposent de régimes semblables de responsabilité.
Selon nous, le projet de loi n'offre pas aux Canadiens la protection dont ils ont besoin. Le projet de loi parle du principe du pollueur-payeur. Il contient de nombreuses dispositions qui peuvent rassurer les Canadiens, et j'admets qu'il aiderait à protéger ceux-ci contre la responsabilité découlant d'un accident dans ce secteur. Cependant, la principale lacune du projet de loi, c'est qu'il fixerait le montant maximal de la responsabilité à seulement 1 milliard de dollars. Par conséquent, il reviendrait aux Canadiens de payer les frais de nettoyage qui excéderaient cette somme.
Il est vrai qu'une somme de 1 milliard de dollars peut sembler énorme. Cependant, les Canadiens qui suivent le débat ne doivent pas oublier que tous les coûts en sus du milliard seront assumés par les contribuables. Tous les Canadiens assumeront une part de la responsabilité pour les coûts dépassant 1 milliard de dollars.
Je vais vous donner quelques exemples de ce que d'autres pays font et des coûts de certains nettoyages effectués.
En Allemagne, la responsabilité absolue en matière nucléaire est illimitée et la garantie financière est de 3,3 milliards de dollars canadiens pour chaque centrale. Il ne s'agit pas de 1 milliard de dollars en tout, mais bien par centrale. Aux États-Unis, la limite de la responsabilité absolue est de 12,6 milliards de dollars américains. D'autres pays s'acheminent vers la responsabilité absolue illimitée.
La limite de responsabilité de 1 milliard de dollars ne permettra de couvrir qu'une petite partie des coûts qu'entraînerait un accident nucléaire.
Je tiens à dire que nous n'avons jamais eu d'ennuis avec le secteur nucléaire au Canada. Nous avons eu la chance de ne pas avoir d'accidents comme ceux qui se sont produits ailleurs. Les personnes qui vivent de l'industrie pétrolière, gazière et nucléaire sont nombreuses, et le bilan du secteur en matière de sécurité est positif, si on le compare à celui d'autres pays. Qu'on se rappelle, par exemple, la catastrophe nucléaire survenue à Fukushima, au Japon, en 2011. Le gouvernement du Japon estime qu'elle a coûté plus de 250 milliards de dollars. Le Canada parle d'une responsabilité de 1 milliard de dollars si — Dieu nous en préserve — une catastrophe se produisait chez nous.
Nous avons eu un bon bilan. Nous élaborons des plans pour prévenir les catastrophes. Le hic, toutefois, c'est que les catastrophes sont souvent imprévisibles.
À mon avis, plus la limite de responsabilité sera élevée, plus l'industrie s'emploiera à prévenir les accidents et à accroître la sécurité dans les installations, ce qui sera, évidemment, pour le plus grand bien de tous les Canadiens. L'industrie veut que ses installations soient sécuritaires, mais si elle se dit qu'elle peut s'en tirer avec une limite de responsabilité de 1 milliard de dollars et que les frais excédentaires seront assumés par les contribuables, je pense qu'elle n'envisagera pas de la même façon la sécurité de ses installations.
Prenons l'exemple du secteur du pétrole et du gaz. Nous nous rappelons tous la catastrophe environnementale causée par BP en 2010 dans le golfe du Mexique. On s'attend à ce que cette catastrophe coûte au moins 42 milliards de dollars au titre des frais de nettoyage, des sanctions pénales et des poursuites civiles contre la société BP, qui aurait déjà dépensé 25 milliards de dollars pour le nettoyage et le versement de dommages-intérêts. En outre, elle fait face à des centaines de poursuites qui ont été lancées ce printemps, de même qu'à des sanctions qui, en vertu de la Clean Water Act, pourraient atteindre près de 17 milliards de dollars. Pour les citoyens moyens, la somme d'un milliard de dollars représente énormément d'argent, mais il ne faut pas oublier que toute erreur dans ce secteur peut avoir d'immenses conséquences financières.
Les néo-démocrates ne sont pas les seuls à en parler et à défendre en priorité les besoins des Canadiens, avant ceux de l'industrie. D'autres intervenants disent que le gouvernement doit suivre les pratiques exemplaires en vigueur. Permettez-moi de vous en citer quelques-uns.
L'Association canadienne du droit de l’environnement a demandé au gouvernement fédéral de tenir des consultations publiques sur la modernisation de la Loi sur la responsabilité nucléaire en vue d’y intégrer les leçons apprises de la catastrophe de Fukushima. Ressources naturelles Canada consulte en privé les exploitants d’installations nucléaires canadiens sur les révisions à apporter à la Loi, mais ces consultations secrètes avec le seul secteur concerné sont tout simplement inacceptables. La Loi sur la responsabilité nucléaire transfère aux contribuables le risque financier assumé par les exploitants de réacteurs privés. Il serait donc logique que ceux-ci soient consultés.
De son côté, Martin von Mirback, du Fonds mondial pour la nature déclare, et je le cite:
Bref, il n'existe actuellement aucune capacité d'intervention pour affronter une importante éruption de puits ou un grand déversement de pétrole dans les eaux arctiques. [...] Je veux souligner, en conclusion, que nous n'avons pas actuellement les connaissances, les technologies et les infrastructures nécessaires pour procéder en toute sécurité à des forages dans les eaux arctiques canadiennes. Il faudra du temps pour combler les lacunes, mais cette difficulté peut se transformer en avantage si nous investissons collectivement en même temps dans la recherche, la planification, l'infrastructure et le dialogue, caractéristiques essentielles d'une intendance responsable.
C'est justement ce que nous demandons, une intendance responsable. Saisissons donc l'occasion qui nous est offerte de moderniser cette loi en faisant preuve d'intendance responsable.
J'aimerais terminer en vous citant les propos de Joel Wood, l'économiste principal de recherche d'une organisation réputée et progressiste de gauche, l'Institut Fraser. Voici ce qu'il a dit:
L’augmentation de la limite ne fait toutefois que réduire la subvention [à l'industrie nucléaire] sans l’éliminer. Le gouvernement du Canada devrait adopter une loi qui élimine toute limite de responsabilité plutôt qu’une loi qui maintient cette limite ou l’augmente pour se conformer aux pratiques d’autres pays.
Nous avons là une occasion qui ne se présente que tous les 40 ans de protéger les Canadiens, de moderniser notre législation et de chercher au moins à ne pas prendre du retard par rapport au reste du monde en protégeant le bien public. Ne laissons pas cette occasion nous échapper.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole après ma collègue, qui a très bien su exprimer nos inquiétudes relatives au projet de loi . Mon intervention portera sur certains enjeux relatifs à l'énergie nucléaire, mais je parlerai également des enjeux extracôtiers.
D'abord et avant tout, nous devons reconnaître que la mise à jour de la loi a pris beaucoup de temps. La loi date de 1976, et est très désuète. Le gouvernement conservateur accorde peu d'importance à sa modernisation, et c'est dommage que la présente mesure législative soit portée si tard à l'attention de la Chambre. C'est regrettable, puisque d'importantes décisions doivent être prises quant au transport des générateurs de vapeur qui doivent être réparés, et quant à l'enfouissement géologique profond des déchets nucléaires secondaires. Je vais aborder ces deux questions sous peu.
La question qui nous préoccupe grandement est la responsabilité de 1 milliard de dollars visant à protéger les Canadiens. Les Canadiens subventionnent l'énergie nucléaire depuis des dizaines d'années, et ils subissent maintenant les conséquences d'une loi désuète et de l'absence de régimes de sécurité appropriés. S'il y avait un accident nécessitant un nettoyage et la limitation des dégâts, les subventions seraient majeures. C'est important de le souligner, parce que les contribuables doivent savoir qu'ils courent un risque.
Personne n'aurait une telle assurance sur sa maison. Ce serait comme de souscrire une assurance-habitation qui ne couvrirait qu'une fraction de ce qui pourrait être déclaré, malgré un prix d'assurance élevé. Voilà l'équivalent de ce qui est dans cette loi. C'est comme si notre assurance automobile permettait uniquement de déclarer la perte du pare-chocs si la voiture était complètement détruite dans un accident. On ne saurait trop insister sur la négligence de cette mesure; d'autres pays ont su faire beaucoup mieux, et j'en nommerai quelques-uns.
Ces pays comprennent vraiment l'énergie nucléaire. Leur stratégie globale exige notamment des entreprises qu'elles nettoient les dégâts au besoin. Il y a eu des catastrophes, qui ont entraîné des coûts, et je parlerai de certains montants liés à la responsabilité.
L'industrie nucléaire de l'Allemagne a une responsabilité nucléaire absolue illimitée et une garantie financière de 3,3 milliards de dollars par centrale électrique. Celle des États-Unis a une responsabilité nucléaire absolue illimitée de 12,6 milliards de dollars. D'autres pays emboîtent le pas.
Dans le cas de Fukushima, le coût pourrait dépasser 250 milliards de dollars. Cela nous montre que 1 milliard de dollars, c'est bien peu, compte tenu de l'âge de certaines de nos centrales nucléaires et de tout ce qu'elles nécessitent.
J'aimerais donner deux exemples en particulier sur lesquels nous avons travaillé dans le Sud de l'Ontario. L'un d'eux est celui de la proposition de la centrale de Bruce d'expédier des générateurs de vapeur par navire sur les Grands Lacs, proposition qui a heureusement été annulée. En février 2011, la Commission canadienne de sûreté nucléaire a publié une déclaration disant permettre le transport de ces générateurs de vapeur sur les Grands Lacs, ce qui aurait exposé la population à des radiations. Le problème, c'était que les générateurs allaient être acheminés jusqu'en Suède pour subir un traitement. Les générateurs allaient être envoyés à la casse, mais on alléguait que des matériaux nucléaires contaminés pourraient être récupérés et renvoyés en Ontario.
En expédiant ces énormes générateurs de vapeur par les Grands Lacs, on aurait fait courir un grand risque à des Canadiens, comme l'ont signalé les néo-démocrates de l'Ontario, plus particulièrement Peter Tabuns. J'aimerais remercier le maire Bradley de Sarnia d'avoir défendu cette cause et pour son leadership dans ce dossier. Les Premières Nations ont aussi exprimé leur opposition à cette idée et le Conseil des Canadiens a présenté des pétitions signées par 96 000 personnes.
Ces générateurs de vapeur radioactifs ont aussi créé des remous aux États-Unis lorsque des politiciens ont commencé à s'opposer à cette idée. C'est important, car la commission voulait le faire sans avoir réalisé d'évaluation environnementale complète, mais, lorsqu'il est devenu clair que les États-Unis allaient interdire leur passage, elle a fait marche arrière.
Je m'en réjouis, puisque le système écologique des Grands Lacs est l'un des plus importants du monde, sur les plans tant environnemental qu'économique.
La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de participer, en compagnie d'autres députés, aux opérations de brise-glace menées par d'admirables membres de la Garde côtière sur le lac St. Clair. Je peux confirmer que le transport maritime continue même pendant l'hiver. Les membres de la Garde côtière font un travail extraordinaire, un travail essentiel pour l'économie et pour l'environnement. Au lieu de mettre cette zone en péril en envisageant des générateurs de vapeur et du recyclage ou en n'ayant aucun plan, nous devrions voir nous-mêmes à nos déchets nucléaires. Plusieurs points nous préoccupaient. Je tiens à remercier encore une fois les organismes qui ont manifesté leur opposition.
Une autre situation importante se dessine actuellement. À Kincardine, la centrale de la compagnie Bruce Power souhaite entreposer ses éléments radioactifs secondaires au fond d'un grand puits situé à moins d'un kilomètre du lac Huron. Elle souhaite enterrer ces éléments près de la centrale, dans une couche de calcaire à 680 mètres de profondeur. Cette idée inspire de fortes inquiétudes. Le scientifique Frank Greening, ancien employé de l'entreprise, a souligné qu'on avait sous-estimé les quantités d'éléments radioactifs qui seraient transportées. Il y a de quoi s'inquiéter grandement. L'idée d'installer des zones d'entreposage à proximité du réseau hydrographique, ce qui le mettrait en péril, a suscité un tollé de protestations.
Je tiens à remercier un certain nombre d'organismes qui ont été actifs dans ce dossier. Pour les députés que ça intéresse, puisqu'une décision devra éventuellement être prise, ces groupes sont The Inverhuron Committee, Northwatch, Save our Saugeen Shores et la Bluewater Coalition. On peut signer une pétition en ligne sur le site Web « Stop the Great Lakes Nuclear Dump ». Je tiens à remercier ces organismes de leur leadership, parce qu'ils ont compris que le fait d'exposer nos Grands Lacs à ce danger nuirait à notre économie, à nos transports et à notre environnement. Ces organismes ont travaillé très fort pour sensibiliser le public, parce que nous ne traitons toujours pas les Grands Lacs comme il se doit. C'est l'une des raisons pour lesquelles il faut commencer à y investir. Nous devons être conscients qu'il y a des coûts associés à l'emplacement de la centrale nucléaire. Le principe du pollueur-payeur devrait s'appliquer, mais ce n'est pas le cas. Nous l'avons constaté dans le passé lors de l'accident qui a eu lieu à Three Mile Island et d'autres incidents qui se sont produits en Amérique du Nord.
Permettez-moi de lire un extrait du quotidien The Star au sujet d'un incident qui est survenu plus récemment. Je cite:
En février, des radiations ont fui d'un site américain de stockage de déchets nucléaires situé à Carlsbad, au Nouveau-Mexique. Les promoteurs du site de Bruce ont fait visiter ce site aux fonctionnaires municipaux. À Carlsbad, treize employés ont été exposés à des radiations et l'enquête se poursuit.
C'est important, parce que le genre de travaux effectués sur ce site sont qualifiés d'expérimentaux. Or, ce n'est pas de cette façon que nous devrions traiter nos déchets nucléaires ni les problèmes associés à leur coût. Nous devons être responsables.
Des villes comme Windsor, Toronto, Kingston, London et Hamilton se sont opposées à ce projet. Les localités d'Oakville, de Mississauga, de Blue Mountain, de Sarnia, de Lambton County, d'Essex et de Kingsville, pour ne nommer que celles-là, refusent également la création du site.
C'est pour cette raison que nous croyons que le comité a beaucoup de travail à faire pour améliorer ce projet de loi. Nous sommes disposés à tenter de le faire. Cette question de responsabilité de 1 milliard de dollars est une approche puérile à l'égard d'un problème grave. Nous aimerions corriger cela. Nous verrons ce qui arrivera lors de l'étude en comité.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre au nom des électeurs de Surrey-Nord au sujet du projet de loi .
Avant d'en venir au sujet principal du projet de loi, j'aimerais relater certains événements survenus dans ma circonscription pendant la semaine de relâche. Il est en effet important de transmettre à Ottawa les inquiétudes de mes électeurs de Surrey-Nord, plutôt que l'inverse. Je sais que la plupart des conservateurs préféreraient rapporter dans leur circonscription tout ce qui vient d'Ottawa.
Ces deux dernières semaines, j'ai eu l'occasion de faire du porte-à-porte et certains commentaires que l'on m'a faits se rapportent au projet de loi dont nous sommes saisis.
Au sein d'une jeune famille installée au Canada depuis cinq ans, le conjoint est chauffeur de camion et la conjointe travaille dans le secteur des soins de santé. J'aimerais porter à l'attention de la Chambre le fait que leurs compétences et les diplômes qu'ils ont reçus dans leur pays d'origine ne sont pas reconnus. Ils aiment bien vivre au Canada mais regrettent de ne pas pouvoir travailler dans les domaines dans lesquels ils ont été formés.
Ils ont un enfant en bas âge. Dans son pays d'origine, la mère était infirmière accréditée. Elle cherche à mettre à jour ses compétences et regrette amèrement le peu d'aide qu'offre le gouvernement. Comme les options sont limitées, elle ne peut pas prendre de cours pour mettre à jour ses compétences et contribuer de façon significative au sein d'une profession qu'elle a exercée pendant 10 ans. Dans son pays d'origine, elle était infirmière surveillante dans le service d'urgence d'un hôpital très prestigieux et elle est totalement désemparée de constater que ses compétences ne sont pas reconnues ici.
Son mari est spécialiste des technologies de l'information et titulaire d'un diplôme d'ingénieur. Lui non plus n'a pas pu obtenir d'équivalences canadiennes de ses titres de compétences de façon à pouvoir travailler dans un secteur dans lequel il possède une grande expertise. En tant que nouveau citoyen, il pourrait contribuer utilement à l'économie canadienne; or, il se contente de conduire un poids lourd. C'est une situation difficile pour la famille.
Il est important que j'exprime ces préoccupations. Ce sont les genres de problèmes que nous devons régler lorsque nous autorisons des travailleurs qualifiés étrangers à venir travailler au Canada. Nous devrions leur donner une formation adéquate et les mettre en contact avec des entreprises dans leur domaine de spécialité. Ces aspects sont cruellement négligés au Canada, et le gouvernement doit les aborder à la Chambre.
Un autre homme que j'ai rencontré était très insatisfait de la loi sur le manque d'intégrité des élections. Il s'en est pris à moi et au gouvernement à propos d'une institution qui s'est développée au fil des années et qui est réputée dans le monde entier. Notre capacité de tenir des élections justes et démocratiques est un modèle à l'échelle internationale. En fait, d'autres pays suivent l'exemple du Canada en vue d'adopter de nouvelles lois visant à améliorer leur caractère démocratique. Ce monsieur m'a dit qu'en présentant la loi sur le manque d'intégrité des élections, le gouvernement avait négligé de consulter adéquatement les citoyens afin de déterminer les changements qui devaient être apportés.
Cela m'amène à parler du projet de loi . Ce monsieur a parlé du fait que le gouvernement était incapable de consulter les Canadiens avant d'apporter des changements.
Il parlait en particulier de l'incapacité du présent gouvernement à consulter les Canadiens avant de présenter la loi sur le manque d'intégrité des élections. C'est ce dont nous avons entendu parler pendant toute la journée d'hier et pendant les délibérations concernant la loi sur le manque d'intégrité des élections. Il est clair que le gouvernement n'avait pas consulté les Canadiens lorsqu'il a présenté ce projet de loi.
Cela me ramène au projet de loi . Cela fait deux ans et demi que le NPD est le deuxième parti à la Chambre et, durant cette période, je n'ai jamais vu le gouvernement présenter un projet de loi qui avait fait l'objet de consultations auprès des gens qui allaient être touchés par la mesure législative. Je crois aussi que, dans le cas présent, le gouvernement a négligé de consulter les collectivités, les citoyens, les intervenants et les Canadiens en général sur les dispositions que doit comporter ce projet de loi sur la responsabilité des entreprises qui exploitent l'énergie nucléaire et les ressources gazières et pétrolières extracôtières. Cela montre clairement les lacunes du projet de loi.
Aujourd'hui, les libéraux ont soulevé certains enjeux à la Chambre et les conservateurs ont posé certaines questions au NPD. Où étaient-ils au cours des 25 dernières années? Aucun changement n'a été apporté au projet de loi depuis 25 ans. Les conservateurs ont cherché à le faire adopter à cinq reprises et il n'a toujours pas force de loi. Les conservateurs sont passés maîtres dans l'art de couvrir le NPD de boue, et aujourd'hui, les libéraux leur ont emboîté le pas. Cela me dépasse, parce que les conservateurs ont eu l'occasion de présenter une mesure législative qui aurait permis de renforcer les dispositions relatives à la responsabilité et à la sécurité des établissements nucléaires et des installations d'exploitation pétrolière.
Les Canadiens seront étonnés d'apprendre que c'est la cinquième fois que ce projet de loi est présenté. De ce côté-ci de la Chambre, nous espérons que cette fois-ci sera la bonne. Il est grand temps que nous augmentions les limites de responsabilité imposées aux exploitants d'établissements nucléaires et aux exploitants de champs gaziers dans les zones extracôtières. Ce changement aurait dû être apporté il y a très longtemps, il y a 25 ans, en fait. Il est temps que nous adaptions ces mesures aux réalités du XXIe siècle.
En fait, les limites de responsabilité imposées aux exploitants d'établissements nucléaires n'ont pas été changées depuis 38 ans et nous accusons un retard par rapport aux autres pays pour ce qui est des mesures prises pour protéger la population. Les limites relatives à l'exploitation pétrolière et gazière dans les zones extracôtières sont demeurées inchangées depuis 25 ans. L'intention du projet de loi est louable, et je suis convaincu que nous y adhérons tous en principe, mais après cinq tentatives, il est plus que temps d'aboutir à une mesure législative qui se tient. C'est la cinquième fois en 25 ans que le Parlement essaie d'adopter le projet de loi. Nous avons le devoir envers les Canadiens d'y parvenir cette fois-ci.
Voilà des exemples de ce dont je parlerai dans mon discours. Nous devons accroître la responsabilité et faire en sorte que le Canada adopte les meilleures pratiques à l'échelle mondiale. Encore une fois, je reviens à la question de la consultation. Nous devrions non seulement consulter les Canadiens, les intervenants qui seront touchés par ce projet de loi, mais également examiner ce qui se fait aux États-Unis et en Europe. Nous devrions nous inspirer des pratiques exemplaires pour savoir comment protéger nos eaux pures — que ce soit en Colombie-Britannique ou sur la côte Est —, protéger les Canadiens, et protéger les zones en périphérie des grandes villes où sont situées les usines nucléaires. Quelles sont les pratiques exemplaires? Que font les autres pays pour protéger les citoyens? Quel est le niveau de sécurité que nous devons assurer pour que les Canadiens soient convaincus qu'ils peuvent vivre dans ces conditions et que l'environnement des régions côtières sera protégé?
Les eaux pures de la Colombie-Britannique sont une ressource importante pour notre économie. Elles génèrent des centaines et des milliers d'emplois, notamment dans les secteurs des pêches, de la foresterie côtière ou du tourisme. Ce sont ces types d'emplois que nous devons protéger.
Nous devons garder intactes les mesures de sécurité visant le forage de puits de pétrole et de gaz en mer ainsi que l'industrie nucléaire afin d'assurer la croissance des industries touristiques et agricoles qui prennent leur essor dans nos régions côtières. Nous devons prendre des mesures rigoureuses pour protéger notre magnifique pays et nos concitoyens en cas de catastrophe environnementale majeure.
Ce projet de loi est fondé sur le principe du pollueur-payeur. En un mot, cela veut dire que les pollueurs sont tenus responsables de leurs actes. Je suis persuadé que c'est un principe que tous les Canadiens approuvent. Pour tous nos concitoyens, il ne fait aucun doute que les pollueurs devrait assumer les coûts liés à la pollution. Tous les Canadiens s'entendraient à ce sujet. Les conservateurs en parlent souvent, mais en ce qui concerne les industries pétrolières, gazières et nucléaires, ils ne joignent guère le geste à la parole. Il ne faut pas imposer ces coûts à la prochaine génération; c'est un principe fondamental.
Je donne aux députés un autre exemple de la manière dont fonctionne le principe du pollueur-payeur. Je sais que les conservateurs sont impatients de l'entendre. En fait, je vais parler de ma famille. J'ai deux jeunes enfants, un garçon et une fille. Mon fils est spécialiste du désordre, et ses jouets traînent souvent un peu partout. Sa mère lui demande souvent de les ranger, mais il se contente généralement d'en ramasser quelques-uns, de les mettre dans un coin et de laisser les autres à la traîne. Il a ensuite le culot de demander à sa soeur de ranger le reste. Que lui répond sa soeur? Elle lui répond non. C'est son fouillis, alors qu'il y mette de l'ordre.
C'est le même principe général. Mon fils de sept ans le comprend. Je suis donc abasourdi de voir que les conservateurs ne comprennent rien au principe du pollueur-payeur. Si une personne cause des dommages, elle doit les réparer. Dans mon exemple, ce n'est pas la faute de ma fille si son frère laisse traîner ses jouets. Voilà pourquoi elle explique à son frère que c'est à lui de nettoyer le désordre qu'il a lui-même créé. C'est tout simple, comme principe.
Le député se pointe du doigt. Je sais qu'il dirige sa propre entreprise familiale, et nous avons entendu notre lot d'anecdotes à propos des pizzas. Moi aussi, je peux parler de ma petite famille.
Mon fils de sept ans l'a compris. Une fois que sa soeur lui a expliqué que, dans la mesure où c'est lui qui a laissé traîner ses jouets, c'est à lui de les ranger, il a obtempéré. Ma fille est une grande adepte du principe du pollueur-payeur. Les enfants en général comprennent que les pollueurs doivent payer les dommages qu'ils ont causés. Le gouvernement conservateur, par contre, semble vouloir faire la sourde oreille. C'est pourtant simple: celui qui cause des dommages doit aussi les réparer.
Poussons l'exemple un peu plus loin. Les limites de responsabilité figurant dans le projet de loi constituent certes un pas dans la bonne direction, mais elles ne vont pas assez loin. C'est comme pour mon fils. Il ne peut pas s'en tirer en rangeant seulement une partie de ses jouets. Il doit tous les ramasser, jusqu'au dernier. C'est son désordre, alors c'est sa responsabilité.
Selon ce qui est actuellement proposé, en cas d'accident nucléaire, la responsabilité de l'exploitant concerné s'élèverait à 1 milliard de dollars. Ça peut sembler beaucoup, mais en réalité, il n'en est rien. À la lumière des catastrophes qui sont déjà arrivées, c'est en fait très peu. Je ponctuerai d'ailleurs le reste de mon intervention de quelques exemples, à commencer par la catastrophe qui a frappé BP, dans le golfe du Mexique. Les dommages ont été évalués à 42 milliards de dollars. La limite de 1 milliard proposée dans le projet de loi ne représente qu'un faible pourcentage de cette somme. On peut donc dire qu'elle n'est vraiment pas élevée.
Cela peut paraître beaucoup d'argent, mais, eu égard aux accidents nucléaires qui se sont produits dans le passé, nous savons pertinemment que ce montant ne couvrirait qu'une fraction du coût. Qui devrait payer la différence? Les contribuables canadiens. Ce sont eux qui devraient payer la différence.
Nous comprenons le principe du pollueur-payeur. Ceux qui font des dégâts, les réparent. Pourquoi les contribuables canadiens seraient-ils tenus responsables d'une pollution qu'ils n'ont pas causée? C'est la logique des conservateurs pour réparer les dégâts.
Les conservateurs parlent de profits. Chaque fois qu'il y a un profit, ils privatisent. Chaque fois qu'il y a des coûts ou des dépenses, ils les refilent aux contribuables. Devinez qui assumera ces coûts? Les contribuables.
Comme c'est le cas chez moi, où mon fils doit ramasser ses dégâts, il est temps que nous tenions responsables ceux qui font ces dégâts ou causent un désastre. C'est le principe du pollueur-payeur. Nous devons veiller à ce qu'il y ait suffisamment de ressources pour réparer un éventuel dégât, Dieu nous en préserve. Le Canada s'en tire plutôt bien jusqu'à présent. Je le répète, nous voulons garantir le maintien du principe d'équité. Nous voulons nous assurer que les contribuables n'aient pas à payer la note.
Ce serait comme si mon fils ne ramassait que quelques-uns de ses jouets et s'attendait à ce que sa soeur ramasse les autres. Ce n'est pas la meilleure façon de lui inculquer qu'il est responsable de ranger son désordre. Si le gouvernement croit vraiment au principe du pollueur-payeur, les contribuables ne devraient pas avoir à assumer les risques liés à ces projets énergétiques.
L'industrie nucléaire est bien enracinée au Canada. Ce n'est pas une nouvelle industrie. Ce n'est pas une industrie qui a besoin de subventions pour entrer sur le marché. C'est une industrie mature et une telle industrie devrait être en mesure de tenir compte de ces coûts et de faire en sorte que les Canadiens n'assument pas ses responsabilités.
La limite actuelle du montant de la responsabilité des exploitants de centrales nucléaires est d'environ 75 millions de dollars, un montant si faible que les tribunaux internationaux ne le reconnaîtraient pas. Le projet de loi propose de faire passer la limite de la responsabilité absolue des exploitants de centrales nucléaires de 75 millions de dollars à 1 milliard de dollars.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, c'est un pas dans la bonne direction, mais ce n'est pas suffisant pour protéger les contribuables canadiens. Pour reprendre l'exemple de mon fils, les parents établissent des règles. Par exemple, si mon fils fait un dégât, il le ramasse, et cela vaut aussi pour ma fille. En tant que parlementaires, nous avons une responsabilité à l'égard des contribuables: nous devons établir des règles pour veiller à ce que les pollueurs soient tenus responsables, que ce soit lié à l'énergie nucléaire, au pétrole ou au gaz.
Nous avons la responsabilité de protéger tous les Canadiens, tous les contribuables, et non seulement les grandes sociétés en les laissant s'en tirer à bon compte.
Voici un autre exemple: si j'avais 100 $ et que j'allais au casino en sachant que mon risque n'est que de 100 $, je miserais le plus possible et je prendrais autant de risques que possible pour faire plus de profits. Si ma responsabilité n'était que de 100 $, je prendrais des risques importants.
Si le montant de la responsabilité est plus élevé, toutes les entreprises — dont celles qui prennent des risques — veilleraient à la sécurité des installations, qu'il s'agisse d'installations nucléaires, pétrolières ou gazières. Cette responsabilité supplémentaire est importante si l'on veut garantir la mise en place de mécanismes de protection au sein de ces industries et c'est ce que veulent les Canadiens.
J'aimerais aussi démontrer à quel point ce chiffre est arbitraire à la lumière des coûts d'une catastrophe nucléaire. Examinons les coûts de la catastrophe nucléaire survenue au Japon, en 2011. On estime qu'elle a coûté environ 250 milliards de dollars. Or, le Canada a fixé le montant de la responsabilité à 1 milliard de dollars, ce qui ne couvrirait qu'une partie des coûts.
Beaucoup d'autres pays ont déjà jugé que leurs citoyens doivent être mieux protégés en cas d'accident nucléaire. En Allemagne, la responsabilité absolue en matière nucléaire est illimitée et clairement établie, qu'il y ait faute ou non. Nous pouvons nous inspirer de ces autres pays qui ont si bien donné l'exemple.
J'exhorte mes collègues à rejeter le projet de loi. Nous en apprendrons davantage en comité et nous serons heureux de proposer d'autres amendements.