Que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre reçoive instruction de recommander des modifications au Règlement et autres conventions régissant les pétitions de façon à établir un mode de présentation des pétitions électroniques qui remplacerait le système actuel sur papier, en permettant aux Canadiens de signer des pétitions en ligne, et d’envisager, entre autres, (i) la possibilité d’amorcer un débat à la Chambre des communes en dehors des heures actuelles de séance dès qu’un certain nombre de signatures sont recueillies, (ii) la nécessité que la pétition électronique soit parrainée par pas moins de cinq députés et qu’elle soit déposée à la Chambre une fois atteint le délai prescrit pour recueillir les signatures, (iii) l’étude menée au cours de la 38e législature sur les cyberpétitions, et que le Comité fasse rapport à la Chambre de ses constatations et des modifications qu’il recommande d’apporter au Règlement et autres conventions régissant les pétitions, dans les 12 mois suivant l’adoption de cet ordre.
— Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour amorcer le débat sur ma motion d'initiative parlementaire, la motion M-428, qui constitue une première étape essentielle en vue d'instaurer les pétitions électroniques à la Chambre des communes.
J'aimerais commencer en citant deux Canadiens exceptionnels qui appuient directement ma motion. Le premier, et cela surprendra peut-être mes collègues d'en face, est l'ancien chef du Parti réformiste, Preston Manning. En effet, lorsqu'on a demandé à celui-ci d'appuyer ma motion, il a accepté volontiers et fait la déclaration suivante:
Pouvoir adresser une pétition aux représentants élus, et savoir qu'ils l'examineront, est l'un des droits démocratiques les plus anciens et les plus fondamentaux. Confirmer et réaffirmer ce droit au XXIe siècle grâce aux pétitions électroniques est une idée qui vaut la peine d'être envisagée.
Voilà de sages paroles venant de l'un des principaux réformateurs prodémocratie du Canada qui milite depuis longtemps pour une réforme démocratique au pays.
Passons maintenant à une deuxième personne qui appuie la motion. Il s'agit de l'ancien chef du NPD, le grand Ed Broadbent. Je le cite:
L'idée des pétitions électroniques à la Chambre des communes est digne du XXIe siècle et je l'appuie entièrement. Donner aux Canadiens les moyens de se regrouper et de contribuer à l'établissement du programme parlementaire apportera une bouffée d'air frais à la démocratie.
Pour les Canadiens qui nous écoutent et qui ont suivi ce débat — nombreux sont ceux qui m'ont appuyé dans cette démarche —, ces deux citations soulignent à quel point le Canada doit évoluer. À une époque où on songe à changer les institutions parlementaires, les Canadiens croient que le Parlement a besoin non seulement de grandes réformes, mais également de changements plus modestes. Ces derniers sont peut-être plus faciles à mettre en place, surtout quand ils sont appuyés par tous les partis.
Ces déclarations faites par deux Canadiens bien connus démontrent que les gens ont une soif de réforme démocratique. J'espère pouvoir convaincre mes collègues d'en face d'appuyer ma motion.
Cette motion sur les pétitions électroniques est le fruit d'un travail considérable. Un sondage que nous avons commandé récemment à la firme Angus Reid révèle qu'au moins 80 % des Canadiens sont en faveur des pétitions électroniques. Compte tenu de la diversité des opinions au pays, il est extraordinaire de voir autant de personnes se dire d'accord pour qu'on passe des pétitions en format papier aux pétitions électroniques. Il faut en tenir compte.
Comme le gouvernement a décidé de proroger le Parlement il y a un certain temps, j'ai la chance exceptionnelle de participer une deuxième fois à la première heure de débat sur la motion. Je profiterai de cette occasion pour parler de certaines critiques que les ministériels ont formulées à l'égard de ma motion lorsque la première heure de débat a été tenue pour la première fois, en juin.
Pour ceux qui n'étaient pas présent lors de la première heure de débat, je présenterai d'abord un bref aperçu de ma motion sur les pétitions électroniques et de son objectif. Je propose également à ceux qui s'intéressent à cette motion de visiter mon site Web, qui fournit de plus amples renseignements et témoigne de l'appui exprimé par de nombreux autres Canadiens bien connus.
La motion no 428 charge le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'étudier le processus de présentation de pétitions et de recommander des mesures pour améliorer le processus de présentation de pétitions électroniques.
Actuellement, les Canadiens peuvent faire circuler, signer et présenter uniquement des pétitions sur papier. Dans ma circonscription, beaucoup d'électeurs présentent des pétitions au gouvernement. Ces dernières sont officiellement autorisées, signées et présentées à la Chambre des communes par le député. En fait, c'est une pratique vieille de plusieurs siècles. À l'heure actuelle, si les citoyens recueillent 25 signatures et trouvent un député pour présenter leurs pétitions écrites au Parlement, le gouvernement doit y répondre par écrit dans un délai de 45 jours. C'est une pratique courante dans le régime parlementaire britannique et dans plusieurs autres régimes dans le monde entier.
Or, comme nous le savons, beaucoup de groupes de la société civile publient des pétitions en ligne sur leur site Web et recueillent des centaines, voire des milliers, de signatures auprès des Canadiens. Compte tenu de l'étendue géographique de notre pays, il est beaucoup plus facile pour les gens de signer des pétitions en ligne. En effet, cela permet aux résidants de Terre-Neuve de signer des pétitions lancées en Colombie-Britannique et vice versa. Le problème, c'est que ces pétitions en ligne ne sont pas officiellement reconnues. Même si des milliers de personnes les signent, elles ne peuvent pas être présentées à la Chambre des communes. Le système actuel ne répond pas aux appels de ceux qui réclament des changements.
Ma motion demande au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre de recommander des mesures pour améliorer le système actuel de présentation de pétitions et l'adapter aux réalités du XXIe siècle en permettant aux citoyens de publier et de signer en ligne des pétitions certifiées. Ce n'est pas compliqué. Le système de présentation électronique de pétitions est utilisé dans beaucoup de pays et même au Canada, notamment au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Ma motion est une première étape importante vers les pétitions électroniques. Je n'ai pas présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui nous obligerait à voter sur la mise en oeuvre de pétitions électroniques. Je propose plutôt une première étape raisonnable en demandant au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre d'examiner la question et de présenter, dans les 12 mois, un rapport à la Chambre dans lequel il proposerait des mesures à prendre pour mettre en oeuvre le système de pétitions électroniques. Cette proposition jouit, depuis toujours, d'un large appui des deux côtés de la Chambre.
Cette étude nous permettrait d'entendre les témoignages non seulement de groupes de la société civile et de spécialistes de la protection des renseignements personnels, mais aussi de gens qui connaissent les systèmes de pétitions électroniques qu'utilisent les provinces et les territoires, afin que nous puissions définir des pratiques exemplaires en vue de mettre en oeuvre un système équitable, efficace et adapté de pétitions électroniques.
Ma motion ne demande pas seulement la tenue d'une étude approfondie. Dans le but d'accroître l'efficacité des pétitions, elle propose de conserver les pétitions sur papier utilisées actuellement, fort utiles pour les questions d'intérêt local, puis d'inclure des pétitions électroniques, ce qui permettrait à plus de Canadiens de se faire entendre et faciliterait leur participation.
La motion propose qu'on tienne à la Chambre un bref débat, semblable à un débat exploratoire, si la pétition a obtenu un certain nombre de signatures — d'autres administrations ont fixé le seuil minimum à 50 000 ou à 100 000 signatures — et qu'elle est parrainée par au moins cinq députés. Ainsi, la Chambre pourrait être saisie des questions que les citoyens jugent importantes et dignes de faire l'objet d'un débat. Il n'y aurait pas de vote. On tiendrait un débat d'une heure pour attirer l'attention du public sur le sujet de la pétition.
De cette manière, en plus de pouvoir afficher et signer des pétitions en ligne, les Canadiens bénéficieraient d'une tribune de haut niveau pour faire entendre leurs points de vue et leurs préoccupations, puisque leurs élus en débattraient. C'est notre rôle en tant que députés. Nous sommes ici pour débattre des enjeux importants de notre société, en discuter et délibérer. La Chambre ne le fait pas assez souvent, par moments. Les pétitions électroniques offriraient aux Canadiens un accès plus direct à leur gouvernement. C'est l'une des raisons qui motivent ma proposition.
Comme je l'ai mentionné pendant mon premier discours, cette proposition bénéficie d'un vaste appui, puisqu'elle a été appuyée conjointement par des députés de ce côté-ci de la Chambre, y compris ceux qui se trouvent un peu plus loin de ce côté, des indépendants et même quelques députés de l'autre côté. Je les remercie de leur soutien, et j'adresse des remerciements particuliers aux députés de et d'.
Ma motion en faveur des pétitions électroniques reçoit aussi l'appui de M. Manning, de M. Broadbent et de divers organismes, dont la Fédération canadienne des contribuables, ce qui surprendra peut-être les députés. J'aimerais aussi mentionner Samara, Leadnow et OpenMedia, des groupes de premier plan dans les secteurs des médias sociaux et du Web. Le Centre canadien de politiques alternatives et Egale appuient aussi ma proposition, ce qui n'étonnera peut-être pas les députés. Des centaines de Canadiens ont signé une pétition papier en faveur de cette motion.
La motion reçoit un appui considérable, et il n'y a aucune raison d'empêcher qu'elle se concrétise. Il ne s'agit pas ici d'un projet de loi qui explique comment le système de pétitions électroniques doit fonctionner. La motion propose plutôt d'examiner quelle forme pourrait prendre le processus de pétitions électroniques. Le Comité serait tenu de faire rapport à la Chambre dans les 12 mois, donc avant les prochaines élections.
J'aimerais maintenant parler des objections soulevées lors des débats antérieurs. Je me considère chanceux d'avoir pu entendre les objections des détracteurs de ma motion et de pouvoir y répondre dans cette courte intervention.
La première préoccupation portait sur les coûts. La deuxième concernait les expériences dans d'autres pays. Cet aspect intéressait les députés d'en face. La troisième préoccupation était liée au risque d'avoir à débattre de questions frivoles à la Chambre; et la quatrième se rapportait à une question technique concernant le libellé exact de la motion.
Parlons des préoccupations relatives aux coûts. Nous nous sommes vraiment bien renseignés à ce sujet. En effet, nous avons parlé aux principaux politicologues du pays qui nous ont aidés à rédiger la motion, et nous avons fait bon usage de la Bibliothèque du Parlement. Les employés de la bibliothèque nous ont informés que les coûts dans les provinces et les territoires, notamment au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest, sont minimes, et qu'on utilisait surtout des ressources déjà existantes pour s'acquitter de la tâche.
Le fait que beaucoup d'autres pays, comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, utilisent les pétitions électroniques montre que c'est une initiative raisonnable. Dans certains cas, cela réduit les coûts, car le mode électronique remplace le format papier.
Je serai heureux de fournir tous les renseignements sur les coûts au comité, si cela l'intéresse. Si cette mesure nous permet d'économiser de l'argent, cela constituerait bien sûr un grand pas en avant.
Pour ce qui est de l'expérience dans les autres pays, certains députés d'en face ont fait remarquer que d'autres pays, après avoir envisagé cette idée, ont décidé de ne pas y donner suite. Après avoir entendu ces objections, nous avons demandé à des fonctionnaires de la Bibliothèque du Parlement d'examiner un éventail de pays démocratiques afin de déterminer si certains d'entre eux avaient abandonné un système de pétitions électroniques après l'avoir mis en place. Ils ont répondu que cela ne s'était jamais produit.
La Chambre des communes britannique a récemment passé en revue son système de pétitions. Ce dernier ressemble beaucoup à celui que j'ai présenté. En fait, une bonne partie du texte est directement tirée du système adopté par la Chambre des communes britannique. Voici ce qu'indiquait un comité dans son rapport:
Le système mis en oeuvre par le gouvernement s'est révélé fort populaire et il a déjà donné lieu à plusieurs débats très animés et instructifs.
On peut difficilement dire que ce rapport préconise l'abandon de ce système.
D'aucuns craignent que la Chambre soit brusquement tenue de débattre de questions frivoles, si 50 000 ou 100 000 signatures sont recueillies. Je tiens à rappeler aux députés de l'autre côté que nous ne voterions pas sur ces questions; nous nous contenterions d'en débattre. Voilà pourquoi j'ai inclus la disposition proposant qu'un comité envisage de demander à cinq députés d'approuver toute pétition comportant un nombre donné de signatures. Cela servirait de contrepoids efficace en ce qui concerne les questions frivoles. Je doute fort que mes collègues à la Chambre veuillent que leur nom soit associé à des idées saugrenues qui constitueraient une perte de temps pour la Chambre, et même si l'un d'entre eux acceptait, je serais étonné qu'il y en ait cinq qui soient d'accord. Je crois qu'il s'agit d'un contrepoids efficace.
La dernière question porte sur le libellé de la motion. Certains députés de l'autre côté l'ont trouvé un peu trop directif. Récemment, à la Chambre, nous avons présenté et adopté des motions qui avaient un caractère beaucoup plus directif que celle-ci. La motion prévoit que le Comité de la procédure mène une étude et présente un rapport dans un délai de 12 mois. S'il faut nous montrer moins directifs que cela, je doute que nous puissions accomplir quoi que ce soit ici.
Je ne pense pas que les objections soulevées par les députés d'en face devraient sonner le glas de la motion, loin de là. En fait, je pense qu'elles sont si faibles qu'elles devraient les inciter à voter en faveur de la motion.
Qu'avons-nous à perdre? Nombreux sont ceux qui affirment que notre système traverse une crise. Il est impossible pour ceux qui lisent le journal ou écoutent la télévision de ne pas entendre parler des problèmes qui touchent en ce moment le Sénat et des appels à la réforme de cette institution. En cette ère démocratique et électronique, les gens utilisent des téléphones intelligents et des tablettes pour être toujours au fait de ce qui se passe dans le monde et en communication les uns avec les autres. C'est une excellente chose, car cela contribue à rassembler les Canadiens, mais nous n'avons pas suivi cette évolution ici, à la Chambre.
Quand je vais dans les écoles secondaires parler de la motion, on n'arrive pas à croire que nous utilisons encore des pétitions sur papier. On nous demande comment il se fait que nous ne nous soyons pas modernisés, d'autant plus que les pétitions électroniques occupent une place tellement importante aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il est grand temps que nous nous mettions à la page.
Je conclus en citant la Fédération canadienne des contribuables, qui n'est peut-être pas toujours une alliée du NPD pour bien des questions, mais qui nous appuie sans réserve dans ce cas-ci:
La Fédération canadienne des contribuables applaudit à cette heureuse initiative [...] visant à donner le coup d’envoi pour que le Parlement accepte les signatures électroniques pour les pétitions. Quand les contribuables pourront signer une pétition officielle en ligne, ils pourront attirer rapidement l’attention des politiciens à Ottawa. Nous appuyons la suggestion [...] selon laquelle 50 000 signataires canadiens et 5 députés devraient arriver à forcer un débat au Parlement. Cela contribuerait à restaurer une certaine démocratie populaire et la reddition de comptes sur la Colline du Parlement.
Je laisse la Chambre sur cette citation. J'attends des questions de l'autre côté et j'espère que nous aurons un débat à ce sujet.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole pour participer au débat sur la motion 428.
Tout d'abord, je tiens à féliciter mon collègue d'en face d'avoir saisi la Chambre de cette motion. Je le félicite parce que je crois qu'il s'agit d'un effort sincère pour accroître la participation des gens au processus démocratique. Toute initiative visant une plus grande participation citoyenne au processus démocratique et au système parlementaire devrait être applaudie. Il reste cependant que la motion comporte plusieurs lacunes, ce qui m'oblige à m'y opposer. C'est que ce je souhaite expliquer aux députés ce matin.
Ma principale préoccupation concernant la motion 428 est la suivante: elle demande que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre mène une étude dont l'issue est établie d'avance. En effet, la motion 428 demande au dit comité d'examiner les façons de mettre sur pied un système de pétitions électroniques, et non de voir si un tel système serait avantageux. C'est la principale raison pour laquelle je dois m'opposer à cette motion.
À mon avis, l'issue d'une étude ne doit pas être déterminée d'avance. Quel que soit le comité et quel que soit le sujet, une étude devrait avoir pour objectif de déterminer le meilleur résultat à atteindre dans une situation donnée, et non de trouver le moyen d'arriver à un résultat prédéterminé. En l'occurrence, le député d'en face voudrait que le comité trouve des justifications, des bases au résultat qu'il souhaite atteindre. Ce n'est pas ainsi que le Parlement fonctionne, selon moi. Et ce n'est pas ainsi qu'il doit fonctionner.
Si le député est réellement convaincu que le Parlement devrait adopter le système des pétitions électroniques, c'est un projet de loi qu'il devrait présenter, et non une motion. Nous pourrions alors en débattre, puis mettre la question aux voix. Si le député présentait un projet de loi, nous saurions alors d'office qu'il a une solution à proposer et qu'il veut que le Parlement la prenne à son compte — ou la rejette. Au contraire, en demandant à un comité de réaliser une étude dont l'issue est déjà connue, sa démarche est loin d'être démocratique. On pourrait même dire qu'elle est aux antipodes de ce que le député cherche à faire.
Ce seul raisonnement serait suffisant pour que je rejette sa motion, mais il y a plus, et diverses autres considérations pratiques m'empêchent de lui donner mon appui. Le député a d'ailleurs tenté d'y répondre dans son exposé. Mais avant d'en parler moi-même plus en détail, j'aimerais dire une chose.
Si le député d'en face avait proposé que le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre procède à une étude sur l'opportunité pour la Chambre de passer aux pétitions électroniques sans lui en dicter l'issue, j'aurais certainement envisagé de l'appuyer. En fait, le comité fait actuellement la révision du Règlement. Il suffirait que le député d'en face propose une motion lui demandant d'inclure une étude sur les pétitions électroniques dans l'exercice de révision auquel il se prête déjà. Si tel était le cas, je pourrais très bien envisager de l'appuyer. Malheureusement, comme le député a déjà déterminé l'issue de l'étude qu'il réclame, je ne peux pas lui donner mon appui.
Je vais maintenant aborder certains des problèmes pratiques que les pétitions électroniques pourraient causer au Parlement.
Le député d'en face parle des systèmes qui sont déjà en place aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il prétend essentiellement que les craintes quant au caractère frivole des pétitions présentées sont infondées ou, du moins, qu'elles me méritent pas d'être prises en compte. Je ne vois pas les choses du même oeil, et j'ai ici quelques exemples de pétitions dont le Parlement du Royaume-Uni a été obligé de débattre parce qu'elles avaient obtenu le nombre de signatures requises, c'est-à-dire 100 000.
L'une des pétitions portait sur les opérations chirurgicales dans un hôpital local. Je ne doute aucunement qu'il s'agit là d'une préoccupation bien réelle pour les députés de la région touchée au Royaume-Uni, mais, à mon avis, il n'est pas approprié de débattre d'enjeux d'intérêt local au Parlement du Royaume-Uni. Parmi les autres sujets d'intérêt local ayant été débattus au Parlement britannique, citons entre autres l'échelle mobile des droits sur la bière. Mais en quoi les parlementaires peuvent-ils bien contribuer à rehausser la démocratie dans leur pays en tenant ce genre de débat, voulez-vous bien me dire?
De plus, ce système permet également à des groupes d'intérêts spéciaux qui espèrent faire avancer leurs dossiers de présenter des pétitions. Aux États-Unis, des pétitions visant à savoir si le Texas devait faire sécession ont obtenu le nombre minimal requis de 100 000 signatures. Une autre pétition, portant sur la destitution du président Obama, a atteint le nombre requis de 100 000 signatures. Est-ce là le genre de débats qu'il vaut vraiment la peine de tenir dans un Parlement? Je ne le crois pas.
À notre époque, il est très facile pour n'importe quel groupe d'intérêt bien organisé d'obtenir un nombre minimal de 50 000 signatures en ligne. Si nous adoptions la motion, nous nous rendrions compte que nous serions de plus en plus souvent saisis de motions à caractère frivole. À mon avis, étant donné le contexte et le libellé de la motion du député d'en face, les pétitions de ce genre, qu'elles soient débattues ou non durant les heures de séance, ne contribueraient en rien à rehausser la démocratie et le contenu des débats parlementaires.
Si le député réfléchissait sérieusement à l'idée de modifier sa motion et le libellé, de nombreux parlementaires pourraient envisager de l'appuyer. Pour ma part, cependant, je ne peux tout simplement pas l'appuyer dans sa forme actuelle. Et pour dire vrai, la plupart des parlementaires, s'ils ont lu attentivement la motion et soupesé avec soin les arguments que je présente et que de nombreux autres députés feront valoir, seront du même avis.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure dans mes commentaires, si le député d'en face croit vraiment que les pétitions électroniques constituent une bonne solution — il a certainement droit à son opinion et j'admire sa détermination —, il devrait présenter cette mesure au moyen d'un projet de loi plutôt que d'une motion. Le Parlement serait aussi tenu d'en débattre, mais, à tout le moins, il pourrait aussi se prononcer dans le cadre d'un vote. C'est ainsi qu'il devrait faire progresser son idée, au lieu de demander à un comité d'effectuer une étude tout en précisant le résultat qu'il souhaite obtenir.
Ce n'est pas à cela que servent les études. Ce n'est pas ainsi que les comités parlementaires réalisent des études. Les comités ne servent pas à effectuer des études dont on connaît déjà le résultat. Bien honnêtement, il s'agit d'un affront à l'intelligence et à l'indépendance de tous les députés, peu importe de quel côté de la Chambre ils siègent. Je ne comprends absolument pas pourquoi un parlementaire accepterait de réaliser une étude en sachant que, peu importe ses conclusions, il lui faudrait recommander tel ou tel plan d'action.
La démocratie se conjugue autrement. Le Parlement travaille autrement. C'est pourquoi je m'oppose fermement à la motion no 428.
:
Monsieur le Président, quand on parle de pétitions frivoles, soulignons celle qui, il y a quelque temps, demandait à Stockwell Day de changer de prénom pour qu'il s'appelle Doris. Rick Mercer en avait parlé sur les ondes de la CBC. Bien sûr, nous l'avions tous signée à la blague. Si je cite ce cas en exemple, c'est que le député a souligné des façons par lesquelles nous pourrions éviter la présentation de pétitions aussi frivoles.
J'avais préparé des notes, mais, après avoir écouté le discours du député, je vais les mettre de côté pour l'instant, car je trouve qu'il a colporté plusieurs idées fausses ou qu'il tente peut-être de jouer avec des concepts. En toute honnêteté, je ne comprends pas pourquoi les conservateurs s'opposent à cette motion. J'ai l'impression qu'ils sont contre cette motion pour l'instant, mais que, plus tard, ils vont la présenter eux-mêmes en grande pompe. Je tiens à le dire officiellement. Lorsque cela se produira — ce qui est inévitable —, je suis sûr que mon collègue néo-démocrate et moi ne pourrons nous empêcher de sourire.
Selon le secrétaire parlementaire, la motion aurait dû proposer que le comité mène une étude pour déterminer si c'est une bonne idée. Il veut donc un projet de loi. Initialement, j'aurais été d'accord: un projet de loi, ce serait super. Sauf que, comme le souligne le secrétaire parlementaire, ce serait un peu trop directif à ce stade-ci. Ce qui est proposé, c'est de charger le comité d'étudier le fonctionnement des pétitions.
Le secrétaire parlementaire, en face, estime que c'est une mauvaise idée parce qu'on dit quoi faire au comité alors qu'il aurait fallu lui demander de se prononcer sur la légitimité des cyberpétitions. Celles-ci m'apparaissent pourtant bel et bien légitimes; autrement, les pétitions écrites ne le seraient pas non plus. Le véritable enjeu, ce n'est pas le caractère virtuel des pétitions, mais bien la possibilité d'en adresser au gouvernement pour obtenir des réponses et demander un débat. Du moment où le secrétaire parlementaire pense qu'il ne faudrait pas se questionner sur l'existence des cyberpétitions, il remet en question les pétitions en tant que telles alors qu'il en a lui-même présenté, peut-être même des centaines, au fil des ans.
Je trouve que c'est un piètre argument et je ne comprends pas que les conservateurs le fassent valoir. J'espère que d'autres députés d'en face appuieront la motion afin que nous puissions soumettre la question au comité pertinent. L'un des éléments qui me plaisent le plus, c'est la perspective d'une mobilisation croissante des Canadiens au fil des ans étant donné que les pétitions représentent un moyen pour eux d'exiger des réponses du gouvernement. C'est là la démocratie à son meilleur.
Dernièrement, le gouverneur général s'est rendu en Mongolie. Il a notamment été question de la manière d'amener cette jeune démocratie à maturité et d'en faire un modèle pour le monde entier. Les États exemplaires qui siègent aux Nations Unies conviendraient sans aucun doute que les pétitions jouent un rôle important au sein de tout régime démocratique. J'en reviens donc à cet argument. Si les conservateurs estiment qu'il faut mettre en question les cyberpétitions, pourquoi ne remettraient-ils pas carrément en question les pétitions en tant que telles?
D'après moi, c'est au fait qu'elles seraient électroniques qu'ils s'opposent. Ils n'aiment donc pas l'idée des échanges avec la population ou des pétitions en ligne, ce qui est plutôt curieux, car ils ont récemment dit aux pêcheurs dans ma circonscription qu'ils ne peuvent plus se procurer leur permis à un bureau, mais qu'ils doivent en faire la demande en ligne. De plus, ceux qui attendent de recevoir des prestations d'assurance-chômage ne peuvent plus appeler à Service Canada pour s'enquérir de leur dossier. Ils ne peuvent pas se rendre au bureau ni y téléphoner. Mais, ce qui est paradoxal, c'est que le gouvernement a récemment envoyé de l'information à certains de mes électeurs pour leur dire que, s'ils voulaient de l'information, ils devaient la chercher en ligne. Tout cela est curieux; c'est le moins qu'on puisse dire. Si les députés pensent que changer le prénom Stockwell pour Doris est étrange, il en va de même pour ce raisonnement.
Le député a parlé de pétitions frivoles, alléguant qu'un projet de loi devait être parrainé. Qui, à la Chambre, parrainerait un projet de loi visant à remplacer le nom de Stockwell par Doris? C'est probablement une mauvaise question parce que j'ai l'impression que beaucoup lèverait la main. Je reformule ma question. Ce n'est pas une suggestion, mais imaginez une pétition demandant qu'une province soit expulsée de la Confédération du Canada. Personne n'endosserait cela. C'est la raison pour laquelle nous avons parlé d'un parrainage individuel de pétitions. C'est logique. Si un député signe une chose que les gens jugent frivole, il en paiera le prix au scrutin suivant. C'est normalement ainsi que les choses se passent ici.
Je demande aux députés de réfléchir un instant. S'ils votent contre la motion, en réalité, ils votent contre l'idée des pétitions. Les députés ministériels pensent peut-être que ce n'est pas une mauvaise idée. Je vais donner à la Chambre une autre idée de pétition frivole pouvant être présentée. Que dire d'une pétition demandant l'abolition de la télévision publique, de CBC? Désolé, des pétitions à ce sujet ont déjà été présentées. Plusieurs députés ministériels l'ont déjà fait. Ce n'est peut-être pas un bon exemple.
Beaucoup de députés ont présenté des pétitions au fil des ans. Beaucoup de députés ministériels le faisaient lorsqu'ils étaient dans l'opposition. J'ai l'avantage d'avoir été ici en 2004 et en 2006. Certains de mes collègues siègent à la Chambre depuis plus longtemps encore. Ils se souviennent de l'époque où l'opposition conservatrice passait presque une heure au complet à présenter des pétitions. Je ne suis pas en train de dire que c'était mal. Ces députés présentent encore des pétitions, ce qui est une bonne chose, car le processus favorise la participation du public. Le gouvernement est tenu de répondre aux pétitions présentées à la Chambre des communes. Ce faisant, il communique avec les électeurs et l'ensemble du pays.
Je demanderais aux députés ministériels de réfléchir quelques instants avant de se prononcer sur la motion. À en croire l'argument présenté par le député de la Saskatchewan — argument qui, je suppose, représente la position du gouvernement —, il s'oppose au principe même des pétitions. Si le député souhaite donner des instructions à un comité compétent sur les cyberpétitions, pourquoi ne parle-t-il pas simplement de pétitions? Voyons ce qui sortira du débat. Tâchons de nous faire une idée quant au nombre de députés qui souhaiteraient simplement supprimer les pétitions.
J'aimerais enfin féliciter mon collègue d'avoir présenté cette motion. Nous avons déployé tant d'efforts pour passer à l'ère moderne. La session dernière, nous avons débattu d'un projet de loi proposant d'élaborer des moyens de surveillance électronique du crime à l'échelle internationale. Les conservateurs faisaient énergiquement valoir que c'était nécessaire, qu'il fallait adopter pareille mesure car le monde ne cesse d'évoluer. Les médias sociaux et les autres modes de communication électronique évoluent au point où les affaires gouvernementales se font électroniquement. J'ai déjà parlé de Service Canada et de Pêches et Océans, mais il y en a d'autres.
Les conservateurs étaient fiers de préconiser l'adoption de moyens de surveillance électronique de la criminalité à l'échelle internationale. Cependant, ils ne sont pas très favorables à l'idée des pétitions électroniques, car ils craignent qu'elles s'avèrent frivoles. Quoi qu'en pense le gouvernement, c'est une excellente idée que de faire en sorte que les pétitions parrainées par un certain nombre de députés puissent faire l'objet d'un débat à la Chambre. Ce serait une toute nouvelle façon de faire participer le public. En fait, ce serait une extension de ce que l'on fait déjà. Pourquoi hésiter?
J'aimerais remercier le parrain de la motion. J'encourage tous les députés à voter en faveur de la motion, parce qu'il est temps que nous rattrapions notre retard sur le reste du pays.
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Monsieur le Président, il s'agit de mon premier discours depuis qu'on est revenus de l'été allongé. Je salue mes collègues et leur souhaite la bienvenue.
Premièrement, je félicite mon collègue de pour son travail sur cette motion et sur les pétitions électroniques, ainsi qu'en général pour son travail de représentation. Je sais que cela lui tient vraiment à coeur. Je suis vraiment fière de l'avoir comme collègue, puisque je le vois dans ce travail. Je lui souhaite d'accomplir plusieurs de ses rêves pour moderniser le Parlement.
La motion devant nous constitue un pas important pour rapprocher les Canadiens et Canadiennes du processus politique, et je crois que c'est pourquoi il l'a choisie. C'est vraiment une première, mais c'est quand même très élémentaire. Malheureusement, à la Chambre, dans notre travail, nous voyons de plus en plus de citoyens et de jeunes se désintéresser de la politique. Ils ont l'impression que la réalité politique est lointaine, qu'elle n'a aucune influence sur leur vie et qu'ils n'ont aucune influence sur la politique et sur nous qui siégeons à la Chambre.
Il faut non seulement changer cette perception en rappelant aux Canadiens et Canadiennes qu'ils sont tous les jours au centre des préoccupations de la Chambre des communes, mais il faut aussi leur donner davantage d'outils pour qu'ils puissent avoir une influence à la Chambre. Il nous faut des outils qui créent plus d'interaction entre la population et les politiciens et politiciennes.
Cette motion nous permettra de faire ce qui doit être fait pour l'amélioration de la démocratie canadienne et la vitalité de nos institutions participatives. Il faut l'avouer, notre système de pétition est franchement une antiquité. L'avancement des technologies de l'information rend désuet le processus de pétition sur papier seulement. Il nous faut donc un outil de ce siècle — en fait, du siècle dernier, car on est vraiment en arrière — pour que les citoyens puissent bien communiquer avec leurs représentants.
La motion de mon collègue nous permettrait de travailler dans cette direction de façon professionnelle et réfléchie, car elle demande au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre de faire des recommandations pour établir un mode de présentation des pétitions électroniques, c'est-à-dire qui permettrait aux Canadiens et aux Canadiennes de signer des pétitions en ligne.
C'est très simple: nous voulons que les Canadiens et Canadiennes puissent signer une pétition que la Chambre recevra par Internet. Les détails de cette demande sont à être débattus au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, comme on en a déjà parlé dans ce débat.
Je veux être très claire. Si on votait pour cette motion, la Chambre signalerait clairement notre intention de moderniser notre façon de faire au Parlement afin d'y inclure davantage les Canadiens et les Canadiennes. Effectivement, on demanderait au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'effectuer cette modernisation, mais par-dessus tout, on reconnaîtrait que c'est important. Je ne sais pas quoi dire de plus au sujet de l'intervention de l'un de mes collègues, qui disait qu'on sauterait des étapes. Que la Chambre reconnaisse le besoin de moderniser est la bonne décision à prendre. Il faut aller de l'avant.
C'est une demande très claire qui fait référence à une instance très compétente qui pourrait réellement mettre en place ces mesures de façon appropriée, tant sur le plan légal que procédural.
Mon collègue a aussi fait quelques propositions qui pourraient être incluses, dont la possibilité d'amorcer un débat à la Chambre des communes en dehors des heures actuelles de séance dès qu'un certain nombre de signatures a été recueilli, ainsi que la nécessité que la pétition soit parrainée par cinq députés et qu'elle soit déposée à la Chambre. J'aime bien ces propositions.
Qu'une pétition signée par un nombre important de Canadiens nous oblige à débattre d'un sujet est vraiment la moindre des choses. Lorsqu'un nombre si grand de Canadiens et Canadiennes signent une pétition, ils doivent savoir que l'enjeu est entendu et étudié par la Chambre et que les propositions sont entendues et réellement considérées par les partis politiques. Nous devons ce travail aux pétitionnaires.
En fait, la majorité des Canadiens et Canadiennes seraient surpris de savoir que cela n'est pas quelque chose que nous faisons déjà quand suffisamment de personnes signent une pétition. En effet, on dépose la pétition, le ministre répond et c'est tout. Les Canadiens et Canadiennes aimeraient avoir davantage d'influence sur ce qu'on dit à la Chambre.
Qu'une telle pétition ait besoin de l'appui d'un certain nombre de députés est aussi un bon élément pour éviter des abus.
Bien que j'appuie ces éléments, je veux rappeler à mes collègues d'en face, ou à d'autres qui ne sont pas certains de voter en faveur de cette motion, que ces élément sont des suggestions que le comité devra évaluer. Donner le pouvoir au comité d'établir ce qui serait le mieux pour ce Parlement et pour notre pays, c'est quelque chose de très bien pensé.
Malheureusement et trop souvent, certains députés conservateurs s'opposent à d'excellents projets de loi parce qu'ils sont insatisfaits en raison de petits détails. Quelquefois, ils utilisent ça pour tenter de diviser la Chambre. Je vois sincèrement ici une occasion de travailler de façon non partisane.
Dans ce cas, j'ai grand espoir qu'on saura voir l'évolution nécessaire que propose cette motion et qu'elle sera adoptée.
Tous les Canadiens bénéficieront de cette modification, car il est clair qu'Internet prend de l'importance dans notre vie.Toutefois, ce sont principalement les jeunes qui seront touchés par cette motion, car comme nous le savons tous, ils communiquent surtout par l'entremise d'Internet et des médias sociaux. C'est surtout comme ça qu'ils participent au processus démocratique. Dans tous les aspects de leur vie, les jeunes sont à l'aise avec les nouvelles technologies et Internet. Pour eux, c'est vraiment une façon de rapporter le processus politique chez eux.
C'est quelque chose que je constate dans ma vie de tous les jours et également quand je visite des écoles, des universités ou des maisons de jeunes partout au pays ou dans ma circonscription. Pour moi, comme pour ces jeunes, c'est complètement incompréhensible de constater que la Chambre des communes ne reconnaît pas les pétitions en ligne. Apparemment, la technologie est partout sauf à la Chambre.
Il est possible de faire des achats et de remplir une foule de formulaires officiels en ligne. Mon collègue du Parti libéral mentionnait en fait que plusieurs choses du gouvernement se font seulement en ligne de nos jours. Ainsi, si on veut être certains d'inclure la population, il faut que la Chambre ajoute les pétitions électroniques aux pétitions papier.
On est même en train de faire un projet pilote pour que les comités permanents de la Chambre travaillent sans papier. C'est donc quelque chose qu'on pourrait peut-être aussi faire à la Chambre et pas seulement aux comités.
Depuis mon élection, j'ai rencontré des jeunes partout au pays et de toutes les provinces atlantiques. J'ai dirigé des discussions sur l'implication des jeunes en politique. Ils étaient vraiment renversés d'apprendre qu'ils devaient déposer une pétition auprès de leurs élus fédéraux et qu'elle circulait en version papier seulement. Ils en étaient vraiment surpris. Ils se sentaient ainsi encore plus éloignés du processus et de leur député. C'est très malheureux.
J'ai eu la même réaction quand j'ai visité des universités dans l'Ouest, en Ontario, et autres. Les jeunes étaient vraiment surpris de constater que nous sommes à ce point en retard sur le plan technologique. Cette situation est ressentie de la même façon par tous les jeunes au pays.
Ma circonscription, Argenteuil—Papineau—Mirabel, est située au Québec. Cette province utilise des pétitions électroniques. Je suis allée parler dans des maisons des jeunes. Ces derniers ne peuvent pas nécessairement voter encore, mais je veux qu'ils commencent à songer à s'impliquer en politique et qu'ils soient entendus. Les jeunes étaient absolument bouleversés d'apprendre qu'ils devaient faire circuler des documents en copie papier, surtout que la province accepte les pétitions électroniques.
En terminant, je dirai que je crois sincèrement qu'il faut voter en faveur de la motion, et ce, afin de rassembler tous les Canadiens à la Chambre, parler en leur nom et connaître les enjeux qui les préoccupent.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet de la motion M-428, parrainée par le député de , selon laquelle le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre recevrait instruction de recommander des modifications au Règlement pour établir un mode de présentation des pétitions électroniques.
La motion vise à modifier les conventions qui régissent les pétitions de façon à établir un mode de présentation des pétitions électroniques. Elle demande aussi au comité d’envisager, entre autres, la possibilité d’amorcer un débat à la Chambre des communes en dehors des heures actuelles de séance dès qu’un certain nombre de signatures sont recueillies.
J'ai entendu mon ami du Parti libéral, probablement le meilleur météorologue de la Chambre, nous donner toutes les raisons pour lesquelles, selon lui, nous devrions appuyer la motion. Lorsque je l'ai entendu parler de la futilité de certaines pétitions, en nous rappelant certains souvenirs, je me suis dit qu'il venait de décrire le fond du problème qui fait que les pétitions électroniques pourraient, elles aussi, ne pas être très utiles. Elles pourraient être passablement encombrantes lorsqu'elles nous proposent, par exemple, de changer le nom d'une personne ou de déclarer l'indépendance d'une partie du pays, à moins que nous ayons un autre mécanisme pour les traiter. Je crains que la Chambre ne finisse par être accaparée par de telles pétitions.
Je voudrais souligner d'entrée de jeu la nature inhabituelle de la motion, à savoir qu'elle prédétermine l'issue de l'étude qu'elle demande au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre de réaliser.
La motion prévoit le choix que le comité devrait faire au bout d'une étude qu'il n'a pas encore effectuée. Plutôt que de demander au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre de procéder à un examen de notre système de pétitions, la motion indique au comité de recommander une modification du Règlement ayant pour effet de mettre en oeuvre un système de pétitions électroniques. Autrement dit, la motion exige que le rapport du comité conduise à la mise en oeuvre d'un système de pétitions électroniques à la Chambre des communes.
Je considère que c'est un affront aux membres du comité et, plus fondamentalement, que c'est une violation du principe voulant que les comités soient maîtres de leurs travaux. Le comité devrait avoir la latitude d'examiner l'efficacité de notre système de pétitions dans le cadre de l'examen du Règlement. Il devrait pouvoir décider lui-même s'il y a lieu de modifier ce système.
La Chambre confère aux comités permanents le pouvoir d'examiner des questions et de faire enquête dans un dossier donné. À partir de là, les comités peuvent choisir eux-mêmes d'entreprendre des études, pourvu qu'elles aient trait à leur mandat.
Le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a déjà entrepris une étude sur le Règlement. Il me semblerait donc raisonnable d'examiner la question de la modernisation du système de pétitions dans le cadre de cette étude. Et si le comité décide effectivement d'examiner la question des pétitions dans le cadre de son étude sur le Règlement, il formulera certainement ses recommandations à partir des témoignages qu'il aura entendus et des recherches qu'il aura faites.
Le député de provient du milieu universitaire. Avant d'être élu, il était professeur à l'Université Simon Fraser. Il est donc bizarre que le député, si l'on se fie à l'extrait suivant de la motion, essaie de miner le principe voulant que les recherches doivent être fondées sur des données probantes:
Que le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre reçoive instruction de recommander des modifications au Règlement [...] de façon à établir un mode de présentation des pétitions électroniques [...]
Au lieu de décisions fondées sur des données, le député propose qu'on trouve les données pour justifier les décisions.
Je serais prêt à appuyer une étude sur la modernisation du mode de présentation des pétitions dans le cadre de l'examen du Règlement que mène le Comité des affaires de la Chambre, mais je ne voterai pas en faveur de la motion. Si le comité choisit de mener cette enquête, et je suis membre du comité, il serait préférable qu'il puisse tenir des réunions, entendre des témoins et présenter des recommandations, alors que la motion vise à lui imposer une décision.
Examinons maintenant l'important rôle démocratique que les pétitions jouent à la Chambre des communes.
Voilà ce qui m'inquiète le plus dans cette motion. La présentation de pétitions par les députés est un élément clé de la démocratie, car elle permet aux élus de présenter les opinions de leurs électeurs. Qui plus est, il s'agit d'une ancienne tradition de la Chambre.
En outre, c'est la Chambre qui a accordé le droit aux députés de présenter des pétitions. À l'époque de la Confédération, les règles permettaient aux députés d'identifier les auteurs de la pétition, le nombre de signatures et les revendications principales des pétitions.
Les règles régissant la présentation de pétition ont changé — il existe maintenant une période de temps consacrée aux pétitions sous la rubrique Affaires courantes —, mais la tradition n'a pour ainsi dire pas changé. On peut donc tenir pour acquis que le système a fonctionné et que c'est encore le cas, car les pétitions créent un lien concret entre les électeurs et les députés qui les représentent.
La motion dont nous sommes saisis vise à modifier cette relation. Nous devrions faire preuve d'une grande prudence lorsqu'on propose des modifications au Règlement qui pourraient affaiblir le lien entre les députés et leurs électeurs.
Malheureusement, on a fait abstraction de cet aspect de la question, et on nous demande d'accepter le texte de cette motion sans pouvoir en débattre au comité. Je n'appuierai donc pas la motion.
Nos règles actuelles permettent aux députés de déposer, chaque année, plus de 2 000 pétitions portant sur un grand éventail de sujets qui préoccupent les Canadiens d'un océan à l'autre. La plupart des pays partagent notre façon de faire en ce qui a trait aux pétitions. On ne connaît pas encore les conséquences à long terme des pétitions électroniques. Cependant, l'expérience au Royaume-Uni et aux États-Unis indique que les pétitions électroniques peuvent avoir des conséquences très négatives sur l'engagement des citoyens et les activités parlementaires et qu'elles peuvent permettre à des groupes d'intérêts spéciaux de médiatiser leurs dossiers.
C'est pourquoi je vais voter contre la motion M-428, et j'invite tous les députés à en faire autant.