Se fondant sur les données
probantes qui lui ont été communiquées dans les témoignages, le Sous-comité
recommande que, tout en exerçant une surveillance continue et en s’engageant de
manière proactive auprès du gouvernement du Myanmar relativement à la situation
des droits de la personne, le gouvernement du Canada :
- demande au gouvernement du Myanmar de mettre fin à toutes les
mesures restreignant la liberté de circulation, afin que les Rohingyas puissent
avoir accès aux services, incluant les services de santé et d’éducation, et
qu’ils puissent gagner leur vie.
- exhorte le gouvernement du Myanmar à garantir le libre accès aux
organismes d’aide humanitaire qui fournissent des services vitaux aux Rohingyas
dans les collectivités et dans les camps pour personnes déplacées.
- exhorte le gouvernement du Myanmar à accepter l’aide des Nations
Unies afin de s’acquitter de ses obligations internationales concernant les
droits de la personne, en commençant par conclure un protocole d’entente pour
l’établissement d’un bureau officiel du Haut-Commissariat aux droits de l’homme
au Myanmar, en partie pour faciliter la tenue d’enquêtes indépendantes sur de
possibles violations des droits de la personne et violences contre les
minorités ethniques et religieuses.
- demande au gouvernement du Myanmar de respecter et de protéger les
droits des minorités ethniques et religieuses sur son territoire, y compris le
droit de pratiquer sa religion en groupe, d’abord en reconnaissant et en
acceptant les recommandations pertinentes issues de l’Examen périodique
universel de Myanmar réalisé par le Conseil des droits de l’homme des Nations
Unies en 2015.
- encourage les pays voisins du Myanmar, en particulier la Malaisie,
l’Indonésie, la Thaïlande et le Bangladesh, à adopter des pratiques
d’immigration qui respectent les droits des demandeurs d’asile rohingyas,
incluant le droit de ne pas être renvoyé au Myanmar avant d’avoir présenté une
demande de statut protégé, et qu’il exhorte les acteurs régionaux à concerter
leurs efforts pour s’attaquer aux causes profondes de la migration des
Rohingyas.
- préconise publiquement, de manière durable et avec la coordination des
États animés du même esprit, que le gouvernement du Myanmar approuve, ratifie et
adhère à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention
de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie, et qu’il modifie sa loi de 1982
sur la citoyenneté afin de garantir la reconnaissance officielle du peuple
rohingya en tant que groupe national ethnique, et milite en faveur du
rétablissement de la citoyenneté à part entière et sans réserve, avec tous les
droits et libertés s’y rattachant. Cette reconnaissance comprendrait le droit
des Rohingyas de se porter candidats à une charge élective ainsi que d’autres
droits civils et politiques.
- plaide auprès du gouvernement du Myanmar pour qu’il modifie ou
abroge ses quatre lois visant à « protéger la race et la religion » (la
loi sur la conversion religieuse, la loi spéciale sur le mariage des femmes
bouddhistes au Myanmar, la loi sur les soins de santé et le contrôle de la
population et la loi sur la monogamie) et les politiques gouvernementales applicables
qui limitent actuellement la vie familiale des Rohingyas, dont l’espacement des
naissances, le nombre maximum d’enfants et l’obligation d’obtenir une
permission pour se marier.
- exhorte le gouvernement du Myanmar à récuser la violence
antimusulmane, à mettre fin à l’impunité des actes de violence contre les
Rohingyas et d’autres minorités et à élaborer une stratégie visant à promouvoir
la tolérance entre Rakhine et Rohingyas dans l’État de Rakhine.
- presse le gouvernement du Myanmar et le gouvernement de l’État de
Rakhine de mettre au point, en consultation avec les leaders rohingyas, une
solution durable et conforme aux normes internationales en matière de droits de
la personne en vue de la réinstallation des Rohingyas actuellement isolés dans
des camps pour personnes déplacées.
- continue
de favoriser l’exécution de programmes de développement démocratique au Myanmar
qui prévoient l’aide technique dans les secteurs de la primauté du droit et de
la justice. De plus, le gouvernement du Canada devrait envisager d’établir ou
de soutenir des programmes de mentorat et de renforcement des capacités
« de parlement à parlement » et de « gouvernement à
gouvernement » entre le Canada et le Myanmar, et envisager de faciliter un
processus d’examen législatif et constitutionnel qui élimine les restrictions
discriminatoires au Myanmar à l’encontre des Rohingyas et d’autres minorités
ethniques et religieuses privées de leurs droits, et qui tient compte de leurs
besoins.
- participe
à des initiatives organisées par la communauté diplomatique au Myanmar afin de coordonner
les mesures de défense des droits et les programmes pour la réforme des droits
de la personne et le développement démocratique avec d’autres donateurs, dont
les gouvernements animés du même esprit, et les organisations internationales.
- réévalue les sanctions imposées au Myanmar pour en assurer le plus
grand effet dissuasif possible sur les acteurs qui empêchent les Rohingyas
d’exercer leurs droits de la personne, y compris sur ceux qui incitent à la
haine et à la violence envers les musulmans, sans nuire aux efforts de
développement et de démocratisation.
- par
l’entremise de ses programmes d’aide au développement, veille à ce que les
Rohingyas au Myanmar et les migrants rohingyas
dans les pays avoisinants bénéficient des programmes et de l’aide du Canada.
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