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FEWO Rapport du Comité

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LE TEMPS PRESSE : Les défis auxquels les femmes aînées doivent faire face et les facteurs qui contribuent à la pauvreté et à la vulnérabilité de ces femmes

Rapport minoritaire présenté par le Nouveau Parti démocratique du Canada
au gouvernement du Canada

Ainsi que l’ont entendu les membres du Comité permanent de la condition féminine pendant les audiences sur les défis auxquels les femmes aînées doivent faire face et les facteurs qui contribuent à la pauvreté et à la vulnérabilité de ces femmes, les Canadiens vivent plus longtemps, et la proportion d’aînés[1] au Canada augmente plus vite que celle de tout autre groupe d’âge. Les femmes sont représentées de manière disproportionnée parmi les Canadiens âgés de 65 ans et plus, et les femmes vivent en moyenne plusieurs années de plus que les hommes[2].

Il est important d’aborder les facteurs qui contribuent à la pauvreté et à la vulnérabilité des aînées au Canada dans une perspective intersectionnelle. Les femmes aînées sont plus susceptibles que les hommes du même âge d’être touchées par les disparités de revenus, lesquelles sont plus marquées quand on tient compte de variables intersectionnelles. Les femmes de couleur, les femmes racialisées, les femmes autochtones[3], les femmes LGBTQ2S+[4],[5] et « les femmes handicapées […] ne forment pas un groupe homogène. Un large éventail de considérations entrent en ligne de compte. Ici encore, l’analyse intersectionnelle joue un rôle crucial[6] ». Comme l’indique le rapport du FEWO, les répercussions intersectionnelles contribuent à accentuer la disparité des revenus[7] ainsi que des résultats en matière de santé tout au long de la vie des femmes, y compris pendant la vieillesse.

Les néo-démocrates soutiennent depuis longtemps que le Canada a besoin d’une stratégie nationale sur le vieillissement[8] qui mobilisera tous les ordres de gouvernement afin de créer et de mettre en œuvre des solutions véritables pour les aînés du Canada. Bien que ce rapport contienne des recommandations relatives aux besoins particuliers des aînées en situation de vulnérabilité et de pauvreté au Canada, nous estimons que bon nombre des recommandations de la stratégie sur le vieillissement seraient efficaces pour atténuer les risques accrus de vulnérabilité et de pauvreté auxquels les aînées doivent faire face au Canada.

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada d’adopter et de mettre en œuvre une stratégie nationale sur le vieillissement afin de réduire les risques de vulnérabilité et de pauvreté auxquels doivent faire face les aînées au Canada.

Pour les besoins de ce rapport, les priorités dont il faut tenir compte sont présentées par catégories : santé, logement, sécurité financière, justice, société inclusive et réconciliation. Il est à noter que cette liste n’est nullement exhaustive.

Les données à l’appui et les recommandations fondées sur ces priorités sont les suivantes :

SANTÉ

« Le coût des médicaments est une préoccupation pressante pour de nombreux aînés. Il suffit de jeter un coup d’œil à leurs antécédents médicaux [...] Ils peuvent avoir ou non une assurance privée. Le système public comporte d’énormes lacunes. Par conséquent, les aînés qui ont des loyers élevés à payer ou des problèmes de transport, entre autres, n’ont que très peu d’argent à consacrer aux médicaments. Beaucoup se sentent bloqués par cette inquiétude. […] Je crois que vous parlez d’un programme national d’assurance-médicaments. C’est un élément essentiel de l’infrastructure et c’est vraiment une énorme lacune dans le système de santé canadien. Proportionnellement parlant, les aînés sont les plus affectés. Notre organisation préconise un modèle universel de soins de santé à payeur unique.

Nous savons que le Dr Hoskins a publié un rapport provisoire et que le gouvernement lui-même examine un modèle et le propose. Nous encouragerions, d’après nos propres recherches, le soutien d’un système universel à payeur unique afin de fournir une base à tout le monde, plutôt que d’avoir un système “qui comble les lacunes”[9] ».

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement de mettre en place un régime d’assurance-médicaments universel et exhaustif à payeur unique afin de garantir que les aînés à faible revenu puissent se procurer les médicaments dont ils ont besoin.

« Les femmes nous ont dit que l’absence d’un régime public de soins dentaires représente aussi un obstacle considérable au bien-être, compte tenu de leur faible revenu durant la vieillesse[10]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement de mettre en place un régime universel exhaustif pour les soins dentaires et de la vue pour les aînés à faible revenu.

« En ce qui a trait au fait de soutenir les survivantes aînées de violence et de mauvais traitements, nous avons appris que la violence a une incidence importante durant le vieillissement. Certaines femmes sont victimes de violence durant leur vieillesse, tandis que d’autres ont été victimisées durant l’enfance ou lorsqu’elles étaient de jeunes femmes, et tout ça continue d’influer sur leur qualité de vie. Plus particulièrement, les traumatismes passés ont eu une incidence persistante dans la vie des femmes aînées autochtones, pour qui assurer la sécurité de leurs enfants et de leurs jeunes est une priorité[11]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement libéral de remplir sa promesse d’adopter un plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe, y compris la violence faite aux aînés.

Par conséquent, les néo-démocrates demandent également au gouvernement du Canada de faire preuve immédiatement de leadership en coordonnant un effort fédéral, provincial, territorial et municipal afin de protéger les femmes, les aînées et les jeunes filles contre la violence, au moyen d’un plan d’action national visant à garantir l’égalité d’accès aux services à l’échelle pancanadienne par des politiques, des mesures législatives et l’éducation, ainsi qu’à prévenir la violence contre les femmes et les jeunes filles et à y remédier, et d’élaborer le plan d’action national en partenariat avec les peuples et les communautés autochtones.

LOGEMENT

Plusieurs témoins entendus par le Comité ont évoqué l’importance d’un logement sûr et abordable pour atténuer la pauvreté et la vulnérabilité des aînées. Les néo-démocrates sont du même avis que les progressistes du monde entier qui sont conscients que l’accès à un logement sûr et abordable est un droit fondamental. Les Canadiens vivent une crise de la cherté du logement qui a des répercussions aggravantes et intersectionnelles sur les aînées, si l’on songe qu’elles ont subi des inégalités salariales tout au long de leur vie en raison de l’écart de salaire entre les hommes et les femmes et du fait qu’elles ont eu à fournir des soins non rémunérés. Les répercussions sur divers groupes de femmes – femmes racialisées, femmes handicapées, femmes de couleur, immigrantes et femmes autochtones – sont encore plus grandes. Le gouvernement canadien a la responsabilité de veiller à ce que tous les Canadiens, y compris les aînées, aient accès à un logement sûr et abordable.

« Un logement convenable constitue un droit humain fondamental pour tous les Canadiens. Dans le cas des aînés, cela signifie qu’il doit y avoir une quantité suffisante de logements propres et accessibles, répondant à leurs besoins d’indépendance, de dignité, de sécurité et de participation dans la société. Pourtant, 27 % des femmes aînées du Canada ont des besoins impérieux en matière de logement, car une fois le coût de leur logement payé, elles n’ont plus assez d’argent pour leur nourriture, leurs médicaments et leurs frais de transport[12]. »

« Ce que tout ceci nous révèle est que bon nombre de ces femmes ont peu de revenus au-delà de ce qu’offrent les pensions de base. Elles ont la SV/SRG de base et un RPC modeste, selon leurs antécédents de travail. Ces données révèlent également la raison pour laquelle les besoins impérieux en matière de logement sont si élevés chez les femmes aînées, particulièrement chez les femmes vivant seules. Elles nous disent pourquoi beaucoup d’entre elles sont confrontées quotidiennement à des choix difficiles à cause du coût élevé du logement, des médicaments, de la nourriture et d’autres nécessités de base[13]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de déposer immédiatement des mesures législatives qui reconnaissent le logement en tant que droit humain fondamental.

Par conséquent, les néo-démocrates demandent également au gouvernement du Canada d’investir sans tarder dans le logement abordable dans le cadre de sa Stratégie nationale sur le logement, afin de remédier à une crise de la cherté du logement qui touche les aînées dans une mesure disproportionnée.

Par conséquent, les néo-démocrates demandent aussi au gouvernement du Canada d’inclure dans sa Stratégie nationale sur le logement, en partenariat avec les provinces et les territoires, un volet consacré aux soins aux aînés et de veiller à son application à l’échelle pancanadienne.

SÉCURITÉ FINANCIÈRE

Plusieurs témoins ont dit au Comité que la sécurité financière des aînés est fonction en grande partie des disparités de revenu subies par les femmes avant l’âge de 65 ans. Ces disparités de revenu résultent de l’écart salarial entre les hommes et les femmes, qui sont moins bien rémunérées pour un travail de valeur égale, ainsi que du temps passé à l’extérieur du marché du travail pour élever des enfants et prendre soin de membres de la famille au foyer sans recevoir de rémunération. Ce sont autant de facteurs qui réduisent leur capacité de cotiser à un régime de pension, qu’il soit parrainé par l’employeur ou privé, ou de cotiser au Régime de pensions du Canada.

« On peut notamment penser aux répercussions d’un divorce, d’une séparation ou d’un veuvage sur le revenu ou la situation de logement d’une femme qui peut, par exemple, passer de l’état de propriétaire à celui de locataire. On peut s’interroger sur les effets du déclenchement d’une maladie ou de l’apparition d’une incapacité en matière d’emploi, de revenu, de mobilité ou de logement en songeant, par exemple, à l’obligation de travailler à temps partiel ou de quitter prématurément son emploi à la suite d’une blessure. On peut aussi se pencher sur les impacts à court et à long terme de l’immigration sur les trajectoires de soins y compris, par exemple, les incidences d’un faible revenu et de contributions réduites à un régime de pensions sur la sécurité financière à la retraite. Il faut enfin tenir compte des transitions entre les différents endroits où des soins peuvent être dispensés, comme le domicile, les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée. […] Des structures propices à l’iniquité qui font grimper l’insécurité et les risques font en sorte que les effets défavorables peuvent s’accumuler tout au long du parcours de vie. À titre d’exemple, les trajectoires de travail et de soins des femmes peuvent les acculer à la pauvreté avec un effet domino sur la stabilité du logement, l’accès aux soins, le transport, la santé et le bien-être. […] Parmi les solutions proposées, on pourrait bonifier le régime public de pensions afin de protéger les plus nécessiteuses, en tenant compte notamment des soins qu’elles ont dispensés sans être rémunérées; mettre en place des services publics de soins et de transport accessibles, surtout pour les femmes à faible revenu; offrir l’accès à des logements sociaux sûrs et abordables pouvant être adaptés lorsque des problèmes de mobilité se présentent; et veiller à ce que les programmes offrent à tous un traitement juste et équitable de telle sorte par exemple que des gens ne se retrouvent pas dans la rue lorsqu’ils ont leur congé de l’hôpital[14]. »

« [N]ous avons formulé trois recommandations liées à la sécurité du revenu. Nous recommandons au gouvernement de renforcer les programmes de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti, de modifier le Régime de pensions du Canada pour inclure une disposition d’exclusion similaire à la disposition d’exclusion pour élever des enfants qui serait applicable à toutes les années de prestation de soins familiaux à temps plein, et l’élaboration de programmes pour fournir un meilleur soutien en matière de finances, d’hébergement et autres aux femmes aînées qui sont les soignantes principales d’enfants mineurs, particulièrement les femmes autochtones. Ce qui se produit souvent, c’est que l’admissibilité prend fin une fois que les femmes ont 65 ans, mais elles continuent tout de même de prodiguer des soins[15]. »

« Un des principaux constats de cette recherche est la perte de gains ouvrant droit à pension par les aidants naturels non rémunérés. Le [Centre canadien d’études sur le droit des aînés] a recommandé d’élargir la clause d’exclusion pour élever des enfants de manière à inclure les soins aux aînés et d’autres formes de soins aux adultes, ou encore l’adoption d’une clause d’exclusion parallèle pour les soins aux adultes[16]. »

« Les soins qu’elles ont fournis comptent pour beaucoup dans le manque de sécurité du revenu des femmes à l’âge de la retraite. Beaucoup de femmes ont fait observer que les paiements qu’elles reçoivent du Régime de pensions du Canada sont très peu élevés parce qu’elles ont été absentes du marché du travail durant de nombreuses années pendant qu’elles prenaient soin de leurs enfants et de leur conjoint. Selon l’explication d’une femme, des générations successives de femmes pourraient connaître le même sort […] Des femmes bénéficiaires d’une pension d’invalidité du RPC qui ont la garde de leurs petits-enfants ont souligné l’injustice du fait qu’elles perdent la prestation pour enfant quand elles atteignent 65 ans et commencent à recevoir les prestations ordinaires du RPC [17]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de modifier le Régime de pensions du Canada (RPC) pour y inclure une clause d’exclusion parallèle à la clause d’exclusion pour élever des enfants qui s’appliquerait à toutes les années passées à prendre soin à temps plein de membres de la famille, y compris des aînés, des membres de la famille élargie et des membres de la communauté.

Les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de modifier les règles du RPC de telle sorte que les femmes qui touchent des prestations d’invalidité et ont la garde d’un petit-enfant continuent de recevoir les prestations pour enfant du RPC après 65 ans.

Les néo-démocrates modifieraient par conséquent la recommandation 3 du rapport du Comité permanent comme suit :

Que le gouvernement du Canada apporte des changements aux programmes de Supplément de revenu garanti (SRG) et de Sécurité de la vieillesse (SV) afin d’accroître la sécurité financière des femmes aînées, par exemple : s’assurer que les prestations sont adéquates pour sortir toutes les aînées de la pauvreté; s’assurer que les femmes aînées qui sont financièrement vulnérables, y compris celles qui viennent d’arriver au Canada, connaissent la SV et y ont accès; hausser les prestations de SRV et les exemptions de gain; verser les prestations de SRG d’un bénéficiaire décédé au conjoint sa vie durant.

Le Comité a été informé de la nécessité de veiller à ce que les travailleurs du secteur de la prestation de soins bénéficient d’un emploi stable et d’une rémunération adéquate pour fournir des soins de qualité aux aînées qui reçoivent des soins de longue durée. La plupart de ces travailleurs sont eux-mêmes des femmes et subissent tous les facteurs négatifs qui contribuent à leur propre pauvreté et à leur vulnérabilité dans la vieillesse. Un système public de soins à domicile et de longue durée pour les aînés garantirait la viabilité, non seulement pour les aînés qui ont besoin de ces services, mais aussi pour les fournisseurs de soins.

Les néo-démocrates appuient l’augmentation du financement ciblé aux provinces et aux territoires pour les soins à domicile et dans la communauté et pour l’établissement de normes et de lignes directrices nationales visant à uniformiser les soins à l’échelle du pays[18] sous le régime de la Loi canadienne sur la santé.

D’autre part, l’absence de protection pour les régimes de pension des employés quand des entreprises font faillite, comme dans le cas de Sears Canada, illustre la possibilité que des aînées se retrouvent avec un revenu de retraite sensiblement réduit par rapport à celui sur lequel elles comptaient. Les cotisations de retraite représentent des salaires différés, et le refus des sociétés et du gouvernement du Canada de le reconnaître est inadmissible.

Les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de mettre en œuvre le projet de loi C-384 présenté par le député du NPD Scott Duvall qui vise à modifier la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI) et la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) de manière à porter toute caisse de retraite à 100 % avant de rembourser les créanciers garantis, et à empêcher une entreprise de cesser de verser des prestations de retraite pendant une procédure sous le régime de la LFI ou de la LACC.

JUSTICE

Au Canada et dans le monde entier, la violence à l’endroit des femmes est épouvantablement répandue. La violence familiale ou violence conjugale demeure l’une des formes les plus courantes de violence faite aux femmes au Canada. Les femmes autochtones sont sept fois plus susceptibles d’être assassinées que les femmes non autochtones. Des milliers de femmes autochtones au Canada ont été assassinées ou portées disparues au cours des 30 dernières années. Les agressions sexuelles contre des femmes autochtones sont plus de trois fois plus nombreuses que contre les femmes non autochtones, et les femmes handicapées connaissent un taux de violence presque trois fois plus élevé que les femmes non handicapées[19].

« Des études de prévalence montrent que de 15 à 30 % des aînées signalent avoir vécu la violence d’un partenaire au cours de leur vie (p. ex. Bonomi et coll., 2007). Des études d’incidence indiquent que 8,6 % des femmes vivant en couple ont vécu la violence d’un conjoint depuis qu’elles ont atteint l’âge de 55 ans (Zink et coll., 2005). Les aînées qui connaissent la violence conjugale doivent avoir accès comme il se doit à des services adaptés à leurs besoins. Les services aux victimes de violence familiale sont souvent mal adaptés aux besoins des aînées (LeBlanc et Weeks, 2013). De plus, les services de protection des adultes sont souvent mal adaptés à la dynamique de la violence conjugale. Quitter son conjoint à un âge plus avancé peut être encore plus dramatique que de le faire quand on est plus jeune. En effet, les conséquences peuvent être plus grandes sur le plan de la perte de sécurité financière, des ennuis de santé réduisant la capacité de gagner sa vie, et de la perte d’un foyer de longue date et d’animaux de compagnie (Hightower, Smith et Hightower, 2006)[20]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent de nouveau au gouvernement libéral de remplir sa promesse d’adopter un plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe, y compris les mauvais traitements envers les aînés.

Les néo-démocrates demandent également au gouvernement du Canada de faire preuve immédiatement de leadership en coordonnant un effort fédéral, provincial, territorial et municipal afin de protéger les femmes, les aînées et les jeunes filles contre la violence, au moyen d’un plan d’action national visant à garantir l’égalité d’accès aux services à l’échelle pancanadienne par des politiques, des mesures législatives et l’éducation, ainsi qu’à prévenir la violence contre les femmes et les jeunes filles et à y remédier, et d’élaborer le plan d’action national en partenariat avec les peuples et les communautés autochtones.

SOCIÉTÉ INCLUSIVE

Plusieurs témoins ont parlé au Comité de la nécessité d’instaurer et de cultiver un environnement inclusif en matière d’accessibilité aux services pour les aînées de divers groupes. L’accès à des soins de longue durée pour les aînées de la communauté LGBT2S+ a été mentionné en tant que priorité.

« La pénurie de lits de soins de longue durée touche les aînées de manière disproportionnée. Parmi les Canadiens âgés de 80 ans ou plus, les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes de vivre dans une maison de soins infirmiers, un hôpital pour malades chroniques ou de soins de longue durée, ou une résidence pour personnes âgées (Statistique Canada, 2011). Bien qu’il faille impérativement améliorer les services communautaires tels que les soins à domicile (Plan national pour de meilleurs soins à domicile, 2016), ces services ne peuvent pas répondre aux besoins de tous les adultes âgés qui sont fragiles sur le plan physique ou cognitif et n’ont pas de famille ou d’amis pour prendre soin d’eux. Les personnes LGBTQ2+ sont particulièrement vulnérables du fait de leur invisibilité et de la discrimination qui entravent leur accès aux services communautaires sociaux et de santé et aux soins de longue durée (Brotman, Ryan et Cormier, 2003; Furlotte, Gladstone, Cosby et Fitzgerald, 2016)[21]. »

La disponibilité de services de transport en commun accessibles, sûrs et abordables a également été citée par plusieurs témoins en tant qu’aspect fondamental de l’accès communautaire pour les aînées et de la réduction de leur risque de vulnérabilité. À ce chapitre, les services de transport en commun revêtent une importance particulière pour les femmes handicapées et les femmes des collectivités rurales et éloignées. L’accès au transport en commun devrait être considéré comme un droit de la personne. En tant que déterminant social de la santé, il devrait être financé en conséquence[22].

« [L]es recherches indiquent que les femmes handicapées sont plus susceptibles d’être la cible d’agressions sexuelles dans le transport en commun. En ce qui concerne l’utilisation du transport en commun accessible ou spécialisé chez les femmes handicapées, le risque augmente avec la gravité du handicap. Le manque d’accès à l’information sur les transports et les déplacements, combiné avec l’aide financière limitée, empêche les femmes handicapées à participer pleinement à la vie sociale. Des femmes ayant déclaré un handicap grave ou très grave, 46 % disent éprouver de la difficulté à utiliser le transport public ou spécialisé. C’est particulièrement vrai chez celles qui vivent dans le Nord, bien entendu[23]. »

Par conséquent, les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de reconnaître ses obligations découlant de la Convention sur les droits des personnes handicapées des Nations Unies, et d’élaborer des politiques et des programmes pour contrer les répercussions intersectionnelles de l’invalidité sur les femmes au fil de leur progression dans la vie active et la vie familiale et de leur avancement en âge.

RÉCONCILIATION

Le Comité a entendu plusieurs témoignages au sujet des lacunes dans les services, les programmes et les soins pour les aînées des communautés autochtones.

« Ces mêmes femmes des Premières Nations [celles âgées de 50 à 64 ans] ont moins souvent accès aux soins primaires de base en dehors du cadre hospitalier. Comme je l’indiquais précédemment, tout dépendant de la manière dont nous acquérons ces services ainsi que de la mesure dans laquelle les différentes communautés sont isolées et éloignées. Il se dégage une tendance générale qui voit la plupart de nos communautés acquérir de tels services pour assurer un accès continu, uniforme, adéquat et sûr à des soins de santé primaire dans la collectivité, surtout pour nos aînés...[24] »

« Il n’y a aucun établissement dans l’Inuit Nunangat qui offre des soins aux personnes atteintes de démence. Par conséquent, les aînés sont constamment renvoyés vers des résidences situées à des milliers de kilomètres de distance. Ici, à Ottawa, il y a une trentaine de Nunavummiuts âgés à la résidence Embassy West Senior Living. Dans ma région, à cause de l’absence de centre de soins de longue durée, nos aînés sont envoyés dans des établissements d’Inuvik et de Yellowknife, qui ont souvent de longues listes d’attente. Nous ne devrions pas avoir à envoyer nos aînés si loin de nos communautés, ni dans le Sud pour recevoir des soins spécialisés. Le fait qu’il soit difficile et coûteux d’offrir des soins dans l’Inuit Nunangat n’est pas une excuse. […] Beaucoup d’aînés de l’Inuit Nunangat envoyés au Sud pour y recevoir des soins sont les personnes mêmes qui ont vécu la colonisation et les pensionnats, sauf que cette fois, elles ne reviendront jamais de cet exil. Ils ont commencé par prendre nos enfants et ils nous prennent maintenant nos aînés. Nos familles et nos communautés perdent leurs aînés. Ils ne devraient pas être retirés de leur famille, ni être privés de leur alimentation traditionnelle, de leur langue, de leur culture et de leur environnement. Y aura-t-il une nouvelle vague d’indemnités et de nouvelles excuses pour tout cela dans 50 ans? Ce n’est pas ce que j’appelle la réconciliation. […] Les femmes inuites sont les principales fournisseuses de soins aux membres de leur famille, y compris aux aînés. Le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership en consultation avec les femmes inuites, afin de trouver une solution qui préserve la dignité de nos aînés et améliore leur qualité de vie. Cela nécessitera un investissement double : pour intégrer notre mode de vie aux établissements existants et en construire dans nos propres communautés pour que nous puissions nous-mêmes prendre soin de nos aînés[25]. »

Les néo-démocrates demandent au gouvernement du Canada de respecter ses obligations de réconciliation avec les peuples autochtones et de veiller à ce que les services pour les aînées, tels que les soins à domicile, les soins prolongés et les refuges pour sans-abri, soient disponibles localement afin qu’elles ne soient pas obligées de s’éloigner de leur famille et de leur collectivité.

SOMMAIRE

Il est grand temps d’exercer un leadership national pour assurer la coordination des réponses aux besoins des aînées en situation de pauvreté et de vulnérabilité au Canada. Or, les gouvernements libéraux et conservateurs successifs n’ont rien fait. Jusqu’à présent, le gouvernement Trudeau n’a pas traduit ses propos féministes en changements concrets. Au moment où la 42e législature tire à sa fin et l’élection fédérale de 2019 approche, les Canadiens se souviendront que les gouvernements ont la responsabilité d’assurer l’abordabilité et la sécurité de services publics accessibles : soins de santé, logement abordable, garde d’enfants, pensions, environnement propre et solutions énergétiques durables. Tous ces éléments sont réalisables, abordables et durables à condition d’avoir la volonté politique de les accomplir. Les néo-démocrates sont prêts à s’atteler à la tâche. Les Canadiens en ont assez des promesses creuses dont la réalisation est annoncée pour un avenir au-delà de la prochaine élection. Nous n’avons pas le temps d’attendre que la vie s’améliore. Les aînées n’ont pas le temps d’attendre. L’heure est venue d’agir.

Les néo-démocrates exhortent le gouvernement du Canada à faire preuve de leadership en passant de la parole aux actes et en consacrant le soutien politique et les ressources financières voulus aux besoins des aînées du Canada. Il est plus que temps de joindre le geste à la parole.

POUR CONCLURE

Un mot au sujet du processus par lequel ce rapport a été entrepris et produit : à notre avis, le calendrier trop ambitieux adopté par la majorité libérale au sein du Comité au début de la session parlementaire visait plutôt à donner l’illusion que les libéraux travaillaient fort pour les Canadiens qu’à produire un document et des recommandations approfondis. Résultat : nous rédigeons ce rapport dissident ou complémentaire en même temps que le Comité met la dernière main à son ébauche de rapport. Tout chevauchement entre les deux rapports est attribuable au fait que nous avons dû rédiger notre rapport dissident sans pouvoir consulter ou réfuter le rapport final du Comité. Ce manque de considération de la part du gouvernement dans sa planification ne rend pas service aux témoins qui espéraient contribuer à un rapport étoffé et utile. C’est également un manque de respect à l’égard du personnel, des analystes et des traducteurs qui doivent produire ces rapports sans disposer du temps et des ressources nécessaires. À l’avenir, nous espérons que le Comité permanent en tiendra compte en dressant l’ordre du jour.

Respectueusement soumis au nom du Nouveau Parti démocratique


[1] Le terme « aîné » est utilisé par le gouvernement du Canada. Le Comité s’en sert donc dans le présent rapport pour décrire les personnes âgées de 65 ans et plus au Canada, à moins d’indication contraire. Il reconnaît toutefois que ce terme peut avoir des connotations âgéistes.   

[2] Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes (FEWO), Témoignages, 1re session, 42e législature, 21 février 2019, 0950 (Anne Milan, chef, Division de la statistique du travail, Statistique Canada); et 1035 (Sébastien Larochelle-Côté, rédacteur en chef, Regards sur la société canadienne, Statistique Canada).   

[3] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 2 mai 2019, 0910 (Chaneesa Ryan, directrice de la santé, Association des femmes autochtones du Canada).

[4] Centre canadien d’études sur le droit des aînés, « Mémoire », 28 mars 2019.

[5] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 4 avril 2019, 0850 (Katherine Scott).

[6] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 2 mai 2019, 0855 (Bonnie Brayton, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada).

[7] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 4 avril 2019, 0850 (Katherine Scott); et FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 21 février 2019, 0950 (Anne Milan).

[8] Nouveau Parti démocratique du Canada, Stratégie nationale sur le vieillissement au Canada, Document de politique.

[9] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 4 avril 2019, 0920 (Katherine Scott, Centre canadien de politiques alternatives).

[10] Centre canadien d’études sur le droit des aînés, « Mémoire », 28 mars 2019 [traduction].

[11] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 2 avril 2019, 0920 (Krista James, Centre canadien d’études sur le droit des aînés).

[12] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 4 avril 2019, 0900 (Margaret Gillis, International Longevity Centre Canada).

[13] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 4 avril 2019, 0850 (Katherine Scott, Centre canadien de politiques alternatives).

[14] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 11 avril 2019, 0939 (Amanda Grenier, Université McMaster, à titre personnel).

[15] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 2 avril 2019, 0920 (Krista James, Centre canadien d’études sur le droit des aînés).

[16] Centre canadien d’études sur le droit des aînés, « Mémoire », 28 mars 2019 [traduction].

[17] Centre canadien d’études sur le droit des aînés, « Mémoire », 28 mars 2019 [traduction].

[18] Selma Tobah, Mémoire, présenté le 1er avril 2019.

[19] Réseau d’action des femmes handicapées du Canada, « Législation, politiques et services répondant à la violence envers les femmes en situation de handicap et les femmes sourdes », décembre 2018, URL : https://dawncanada.net/projects/lps/.

[20] Lorie Weeks, Université Dalhousie, Speaking Notes, présenté le 15 mars 2019 [traduction].

[21] Lorie Weeks, Université Dalhousie, Speaking Notes, présenté le 15 mars 2019 [traduction].

[22] Institut canadien de recherches sur les femmes, Mémoire, présenté le 5 avril 2019.

[23] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 2 mai 2019, 0855 (Bonnie Brayton, Réseau d’action des femmes handicapées du Canada).

[24] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 26 février 2019, 1000 (Tania Dick, représentante de l’île de Vancouver, Colombie-Britannique, First Nations Health Council).

[25] FEWO, Témoignages, 1re session, 42e législature, 9 avril 2019, 0950 (Anita Pokiak, Pauktuutit Inuit Women of Canada).