Que, étant donné que le gouvernement perd des dizaines de milliards de dollars chaque année en raison d’échappatoires, de déductions et d’exemptions fiscales qui profitent surtout aux plus riches, et qu’on estime que l’évasion fiscale au moyen de paradis fiscaux à l’étranger coûte au gouvernement plus de 7 milliards de dollars annuellement, la Chambre demande au gouvernement: a) d'aborder le problème des mesures fiscales qui bénéficient surtout aux plus fortunés, y compris en respectant sa promesse de plafonner l’échappatoire liée aux options d’achat d’actions; b) de prendre des mesures énergiques pour s’attaquer aux paradis fiscaux, dont (i) resserrer les règles pour les sociétés fictives, (ii) renégocier les conventions fiscales qui permettent aux sociétés de rapatrier au Canada les profits des paradis fiscaux sans payer d’impôt, (iii) mettre fin aux ententes de pardon sans pénalité pour les individus soupçonnés d’évasion fiscale.
— Monsieur le Président, tout d'abord, je dois spécifier que je tiens à partager mon temps de parole avec le toujours très diligent et rigoureux député de . Cela me fera plaisir de lui laisser la parole sur ce sujet fondamental. Je ne pense pas avoir déjà discuté d'un enjeu qui avait autant de conséquences que celui-ci en ce qui a trait à la capacité de l'État à offrir des services aux citoyens.
Je crois qu'il est désormais impossible de dire que nous vivons dans un environnement fiscal juste et équitable qui est au service des travailleurs et des travailleuses, des plus démunis et des familles les plus pauvres dans notre pays.
Mettons les choses en contexte. Nous vivons dans une société où, chaque année, le 2 janvier, en avant-midi, on apprend la même nouvelle. On apprend qu'en un peu plus de 24 heures, les dirigeants des grandes compagnies canadiennes ont déjà gagné ce qu'un travailleur gagne en moyenne pour l'ensemble des 365 jours de l'année. C'est ce genre de société inégalitaire que les gouvernements successifs conservateurs et libéraux ont bâti avec le temps.
Deux milliardaires canadiens possèdent autant d'argent que le tiers le plus pauvre de la population. Deux personnes possèdent à elles seules l'équivalent de tout ce que possèdent 12 millions de personnes dans notre pays. Doit-on accepter cela sans réagir? Les PDG les mieux rémunérés au Canada touchent 193 fois le salaire moyen des gens, et écart ne fait que grandir au fil des années.
Plusieurs choses expliquent cette augmentation des inégalités. Selon le coefficient de Gini, qui mesure les inégalités, depuis une décennie, la croissance des inégalités au Canada est beaucoup plus grande qu'aux États-Unis, une société souvent considérée plus inégalitaire. Les inégalités s'accroissent plus vite chez nous que là-bas. Comment en sommes-nous arrivés là? Quelle est la cause? Il y en a plusieurs. Alain Deneault, dans son livre Une escroquerie légalisée, dit que la liste des raisons est impressionnante, mais qu'elle n'est pas la seule.
Tout d'abord, on peut évoquer la diminution des taux d'imposition des entreprises au fédéral, qui est passée de 37,8 % en 1981 à seulement 15 % en 2012. Puis, la taxe fédérale sur le capital a été éliminée. Ensuite, on a diminué le taux d'inclusion fédéral des gains en capitaux de 75 % à 50 % en 2000. On y reviendra. D'autre part, on peut mentionner l'exonération des taxes de vente et des tarifs douaniers, ainsi que la possibilité pour certaines entreprises de reporter indéfiniment le paiement de leur impôt. Cela, il faut le faire! Essayons de faire cela chez nous, avec notre feuillet T4, dans un mois à peu près. On s'en dira des nouvelles! Enfin, n'oublions pas la possibilité pour certaines compagnies minières, pétrolières et gazières de se constituer en fiducies de revenus non imposables, ainsi que l'imposition à la baisse des biens imposables canadiens possédés par des non-résidants.
Ce n'est pas une liste exhaustive, mais cela démontre qu'il y a une tendance, depuis des années, à prendre des mesures qui vont systématiquement favoriser les grandes compagnies et les plus nantis de notre société, au détriment des gens qui ont leur chèque de paie toutes les deux semaines et qui sont obligés de payer leur impôt pour recevoir, soit dit en passant, de moins en moins de services.
Ce qui ne figure pas sur cette liste, mais qui fait partie de la réalité, c'est le phénomène de l'argent envoyé dans des paradis fiscaux pour éviter de payer sa juste part d'impôt et de taxes ici, au Canada. Ces sommes non perçues nous permettraient d'avoir des programmes sociaux, des logements sociaux et un meilleur transport en commun, de prendre soin de nos aînés et d'aider nos étudiants à être moins endettés. Ce sont des milliards de dollars qui nous échappent parce qu'ils sont envoyés au soleil, dans un paquet de paradis fiscaux. Ces sommes sont assez difficile à chiffrer, c'est un peu affolant.
De plus, ce problème est exacerbé par toutes les conventions fiscales bilatérales du Canada, comme celle qu'il a conclue avec la Barbade, entre autres, qui existe depuis 1980. Depuis lors, les investissements directs canadiens faits à la Barbade ont augmenté de 3 600 %. Des entreprises et des individus canadiens ont envoyé 130 milliards de dollars à la Barbade en 2011. Deux ans plus tard, 170 milliards de dollars étaient envoyés et cachés à la Barbade. Pourquoi?
Cela s'est produit parce que nous avons accepté, de manière complètement stupide, que si les gens payaient leur impôt à la Barbade et rapportait leur argent au Canada, ils ne devaient plus payer d'impôt au Canada. C'est le principe de la non double imposition, selon lequel une personne ne paiera pas d'impôt dans deux pays pour la même somme d'argent qui a transité.
Le seul petit problème, c'est qu'une compagnie canadienne paie 15 % d'impôt et un individu paie environ 25 % ou 30 % d'impôt. À la Barbade, le taux d'imposition est de 1 % ou 2 %. Évidemment, ce sont des pinottes. On paie son impôt là-bas et on rapporte l'argent ici. C'est absolument légal. Il n'y a rien que l'on puisse faire avec cela. Des milliards de dollars sont perdus chaque année. C'est pour cela que dans la motion proposée par le NPD, il faut voir et renégocier l'ensemble des ces conventions fiscales bilatérales, qui sont en fait des pièges flagrants qui nous privent de ressources nécessaires et qui font des cadeaux à ceux qui n'en ont pas besoin. C'est quand même assez hallucinant.
Les investisseurs canadiens investissent quatre fois plus à la Barbade qu'au Brésil. Pour ce qui est de l'ensemble des investissements canadiens, on investit deux fois plus dans une dizaine de paradis fiscaux qu'on investit au total en Chine, en Inde et au Brésil. Ce sont des pays en croissance dans lesquels il faudrait être présents.
Le crime profite à toutes ces multinationales qui désormais font 40 % à 60 % des transactions économiques internationales, et ces transactions se font entre les mêmes compagnies qui ont des filiales. On appelle cela des sociétés fictives ou des sociétés écrans qui ne servent qu'à faire transiter de l'argent à une certaine adresse par un certain pays. On appelle cela aussi des compagnies boîtes postales. Ce sont des coquilles vides qui ne produisent rien ou qui sont parfois payées pour gérer le branding ou le logo d'une compagnie. On a déjà vu des millions de dollars payés pour gérer un logo. J'aimerais être capable d'avoir cela.
Cela créé des situations complètement absurdes, où toutes ces compagnies écrans, toutes ces compagnies boîtes aux lettres, sont souvent logées au même endroit. J'ai un bon exemple à donner: à Georgetown, aux îles Caïmans, il y a un immeuble dans lequel 18 000 entreprises sont enregistrées. Il faut dire aussi qu'aux îles Caïmans, il y a plus d'entreprises enregistrées que d'habitants, ce qui en fait le peuple le plus entreprenant au monde. Ce n'est pas que dans le Sud qu'il y a des paradis fiscaux ou des sociétés fictives. Au Delaware, aux États-Unis, le Corporation Trust Center héberge pas moins de 250 000 entreprises dans ses locaux. Ce n'est quand même pas rien.
J'ai parlé un peu des paradis fiscaux qui constituent une grosse partie du problème. En effet, Statistique Canada le chiffre à 7 ou 8 milliards de dollars. Par ailleurs, le Conference Board du Canada nous parle de 47 milliards de dollars probablement, tandis que Canadiens pour une fiscalité équitable nous parle de 80 milliards de dollars. La fourchette est immense, mais c'est beaucoup d'argent.
L'autre chose dont nous voudrions parler, c'est la promesse libérale de mettre fin à certaines échappatoires fiscales, notamment sur les options d'achat d'actions. C'est une promesse faite pendant la campagne électorale et qui a malheureusement été complètement oubliée.
Toutes ces échappatoires fiscales ont été étudiées par le Centre canadien de politiques alternatives en novembre 2016. On y apprend des choses absolument incroyables. Quand on fait l'addition de toutes ces déductions, de toutes ces échappatoires fiscales et de tous ces crédits d'impôts, le manque à gagner pour les fonds publics revient à 103 milliards de dollars. Chaque année, c'est une centaine de milliards de dollars qui n'arrive pas dans nos coffres pour que nous puissions prendre soin des nos aînés, soigner nos malades et avoir des routes qui ont un petit peu de bon sens. Ils ont étudié 64 mesures fiscales qui sont des exemptions ou des déductions. Sur les 64, seulement 5 sont progressives, les 59 autres sont régressives. Qu'est-ce que cela veut dire? Pour qu'une mesures fiscale soit progressive, il faut qu'on évalue si la majorité du bénéfice de cette mesure va profiter au 50 % des Canadiens les plus pauvres ou au 50 % des Canadiens les plus riches. Seulement 5 mesures fiscales profitent aux plus pauvres, alors que les 59 autres profitent aux plus riches. Dans certains cas, comme dans celui des crédits d'impôts sur des dividendes, cela profite aux 10 % les plus riches à hauteur de 91 % et 99 %.
Les gouvernements conservateur et libéral ont réussi à faire quelque chose d'absolument incroyable, soit de créer un environnement fiscal qui s'appelle Robin des bois à l'envers. Tout le monde ensemble, nous allons cotiser et payer pour les plus riches.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole après mon collègue de . Je le remercie d'avoir déposé cette motion extrêmement pertinente dans le contexte des révélations de la semaine dernière par rapport à l'affaire KPMG. Cette affaire revient hanter la , qui a eu beaucoup de peine à se défendre hier à la Chambre au sujet des règlements négociés avec les contribuables qui ont fraudé le fisc.
Ce dossier est prioritaire pour le NPD, qui lutte pour une meilleure égalité et une meilleure justice fiscale. C'est pour cela que nous débattons de cette motion aujourd'hui. Nous espérons avoir l'appui de tous les députés de la Chambre, afin de cibler quelques mesures qui peuvent être prises immédiatement ou très rapidement pour régler ce problème extrêmement important. Je vais revenir sur les quelques pistes de solution que nous proposons au gouvernement qui, d'après ce que j'ai cru comprendre, appuierait peut-être notre motion. Je suis donc optimiste quant à la possibilité de le convaincre de la faisabilité de ces mesures à court terme. Elles seront bonnes pour réduire les inégalités que nous connaissons dans notre société.
Ce que nous dénonçons le plus, c'est le fait que notre système fiscal soit un régime à deux vitesses. Non seulement on accorde des crédits d'impôts, des déductions et des exemptions à n'en plus finir aux entreprises et aux riches contribuables, mais de plus, lorsque ceux-ci sont pris dans le filet de l'Agence du revenu du Canada, on leur consent le plus souvent des règlements et des ententes pour qu'ils puissent remettre l'argent qu'ils doivent à la société, avec des taux d'intérêts avantageux et sans aucune peine ou amende qui aurait pu, à tout le moins, être exemplaire.
C'est pour cela que les Canadiens sont si outrés par ce qu'ils ont vu dans les récents reportages. Ils sentent qu'il y a un régime à deux vitesses: un pour les riches contribuables, les multimillionnaires et les milliardaires, et un autre pour les contribuables ordinaires. Si ces derniers font une simple erreur, même de bonne foi, ou s'ils omettent de déclarer un revenu, l'Agence du revenu devient très féroce et n'hésite pas à emmener devant les tribunaux ces contribuables qui n'ont pas les moyens financiers de se défendre. Par contre, on offre aux riches contribuables des ententes de pardon. On leur demande de payer les impôts qu'ils auraient dû payer et on leur promet d'oublier cela, de tout effacer et de garder le tableau blanc pour la suite des choses, alors que les simples contribuables n'ont pas cet avantage.
Notre motion se situe dans un contexte où on observe une concurrence fiscale internationale qui est de plus en plus féroce. Cette concurrence est hautement dommageable pour les bases d'imposition partout dans le monde. Ce problème ne sévit pas seulement au Canada. Le problème de l'évasion fiscale ou de l'évitement fiscal abusif est vécu partout sur la planète, à cause de certains pays qui jouent de façon extrêmement féroce dans cette bataille de la concurrence fiscale, où chacun tente d'avoir les taux d'imposition les moins élevés et d'offrir des avantages fiscaux aux entreprises et aux riches contribuables pour qu'ils viennent faire des affaires chez eux.
Nous n'échappons pas à cela, ici, au Canada. Nous faisons, en quelque sorte, partie de cette concurrence fiscale. Plusieurs des mesures fiscales en place aujourd'hui sont d'ailleurs dues à cette concurrence fiscale. Le Canada décide d'accorder des avantages, des déductions par-ci et des exemptions par-là. Au bout du compte, cela favorise seulement les plus riches de notre société. Si on parle à ses voisins; si on fait du porte-à-porte et et qu'on demande aux contribuables moyens s'ils ont de déductions pour dividendes, des crédits d'impôts ou des exemptions pour les gains en capital; si on demande cela à M. et Mme Tout-le-Monde, on constate que les contribuables moyens n'ont pas vraiment accès à ces crédits. Seule la classe la plus riche va toucher à ces mesures, qui se trouvent dans un cadre où on essaie de faire une concurrence qui est dommageable à long terme. Peut-être qu'à court terme, on peut faire des gains par-ci et par-là, mais à long terme, c'est dommageable, parce que tout cet argent laissé dans les poches des plus riches ne permet pas à notre société d'offrir des services de qualité à nos concitoyens.
Je rappelle que les services ne sont pas gratuits. En tant que société, nous décidons collectivement de mettre en commun nos moyens pour réaliser nos ambitions, c'est-à-dire pour offrir des services de qualité et abordables, voire gratuits, à toute la population. Ainsi, peu importe d'où vient une personne et peu importe sa situation financière, elle peut obtenir lesdits services. Pour ce qui est des soins de santé, par exemple, on veut que chacun puisse les obtenir peu importe son revenu. Pour ce qui est de l'éducation, on veut que tout le monde puisse y avoir accès sans avoir à débourser une fortune.
Selon mon idéologie, on doit mettre nos efforts et nos moyens financiers en commun pour offrir à nos concitoyens les meilleurs services au meilleur coût possible. La concurrence fiscale fait en sorte que l'on perd de plus en plus les moyens d'offrir des services. Les gouvernements sont obligés de couper de plus en plus dans les services ou d'augmenter les prix, ce qui est très dommage.
C'est la raison pour laquelle nous avons mis l'accent sur quelques pistes de solution. Entre autres, il faudrait resserrer les règles entourant les sociétés fictives. Combien de sociétés fictives sont présentes dans les paradis fiscaux qui participent activement à la concurrence fiscale? Combien d'entreprises fictives ne servent qu'à enregistrer des profits ailleurs?
C'est l'un des problèmes majeurs de notre société. La réelle activité économique se déroule ici, au Canada, ou dans d'autres pays industrialisés, là où sont les consommateurs. Les consommateurs ne sont pas à la Barbade, mais bel et bien au Canada, aux États-Unis et en Europe. Or, bien que l'activité économique ait lieu dans ces pays, les profits sont enregistrés ailleurs, au moyen de différents stratagèmes, de plus en plus complexes. Au fil du temps, l'OCDE et le gouvernement ont uni leurs efforts pour contrer les stratagèmes fiscaux. À notre avis, les profits doivent être enregistrés là où ont lieu les activités économiques.
Ainsi, si les activités économiques ont lieu au Canada, c'est ici que la filiale canadienne devra payer ses impôts. Or ce n'est pas le cas présentement. C'est pourquoi la motion mentionne les sociétés fictives. On doit resserrer les règles les entourant. Un travail se fait à cet égard. On doit resserrer les règles afin de s'assurer que les entreprises déclarent leurs profits là où l'activité économique a réellement lieu, et non pas dans des pays où le taux d'imposition est faible.
Les conventions fiscales représentent un autre enjeu. Puisque mon collègue en a parlé, je ne m'éterniserai pas sur le sujet. Dans plusieurs cas, des conventions fiscales ont légalisé la non-imposition. On tentait de faire quelque chose de bien en n'imposant pas deux fois les mêmes revenus. Par exemple, si une entreprise canadienne fait des affaires aux États-Unis par l'entremise d'une filiale américaine, que cette dernière paie ses impôts à un taux plus élevé qu'au Canada et qu'elle rapatrie ses profits pour ses actionnaires canadiens, il va de soi que ce ne sera pas imposé deux fois, nous ne sommes pas fous.
Toutefois, des conventions de non double imposition ont été signées avec des pays qui ont un taux d'imposition faible ou inexistant, dont la Barbade est le meilleur exemple. Ce n'est pas pour rien que des milliards de dollars d'investissements étrangers vont à la Barbade. La Barbade est le deuxième pays où le Canada fait le plus d'investissements étrangers. Comme je l'ai dit plus tôt, ce n'est certainement pas là que se trouvent les consommateurs et ce n'est pas là qu'on fait de vraies affaires. C'est là qu'on enregistre les profits, et c'est là qu'on envoie des milliards de dollars chaque année. À la Barbade, le taux d'imposition se situe entre 0,25 % et 2 %. Le Canada et la Barbade ont une convention de non double imposition. Mon collègue a donné plus de détails à ce sujet un peu plus tôt.
On demande au gouvernement de s'attarder à cette question, afin de s'assurer que l'on n'abuse pas des conventions de non double imposition. Dans ce cas-ci, il y a certainement eu de l'abus.
Il faut tenter, le plus possible, d'en arriver à un système qui ne soit pas à deux vitesses. C'est un problème majeur dénoncé par les Canadiens. Dans le cas de KPMG, on a signé des ententes et on a négocié des règlements. On lui a dit que l'on effacerait son dossier si elle payait l'impôt qui était dû. On a décidé d'oublier tout cela.
Il n'est pas trop tard pour que le gouvernement dépose des accusations criminelles dans le dossier de KPMG, qui facilite l'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif, et envers les clients qui ont participé à ce stratagème. D'ailleurs, c'est ce que j'ai demandé hier à la . Cela permettrait de donner des peines exemplaires. Ainsi, les autres verraient ce qui arrive quand on fait de l'évasion fiscale. Nous espérons que cela permettra de mettre un terme au fléau qui afflige notre société.
:
Monsieur le Président, premièrement, je tiens à remercier mon collègue de d'avoir présenté cette motion aujourd'hui.
Je suis heureuse d'aborder la question soulevée par le député de . Je tiens à affirmer sans équivoque que le gouvernement du Canada est déterminé à faire en sorte que le régime fiscal soit équitable pour la classe moyenne. Nous croyons que les Canadiens et Canadiennes doivent payer leur juste part d'impôt. C'est la raison pour laquelle, après l'entrée en fonction de notre gouvernement, à l'automne 2015, l'une de nos premières mesures a été d'augmenter l'impôt pour les Canadiens et les Canadiennes les mieux nantis afin de réduire l'impôt pour la classe moyenne.
Plus spécifiquement, le gouvernement a réduit le deuxième taux d'imposition du revenu des particuliers, le faisant passer de 22 % à 20,5 %. De plus, seuls les particuliers aux revenus les plus élevés au Canada, la tranche de 1 % la plus riche, devraient payer davantage d'impôt à la suite de l'instauration du nouveau taux d'imposition de 33 % sur le revenu imposable des particuliers gagnant plus de 200 000 $. Depuis le 1er janvier 2016, près de 9 millions de Canadiens et Canadiennes ont plus d'argent dans leurs poches grâce à la réduction d'impôt pour la classe moyenne. Cette mesure était non seulement la bonne chose à faire, mais effectivement, c'était aussi la chose intelligente à faire pour notre économie.
La réduction d'impôt pour la classe moyenne et les mesures qui l'accompagnent ont aidé à rendre le régime fiscal plus équitable afin de permettre à tous les Canadiens et Canadiennes d'avoir l'occasion de réussir et de prospérer dans leur vie. Les particuliers sans conjoint qui bénéficient de la baisse du deuxième taux d'imposition du revenu des particuliers obtiendront en moyenne une réduction d'impôt de 330 $ par année, et les couples obtiendront en moyenne une réduction d'impôt de 540 $ par année.
Parallèlement, le gouvernement a rétabli le plafond de cotisation annuel du compte d'épargne libre d'impôt, le CELI, qui est passé de 10 000 $ à 5 500 $ le 1er janvier 2016. Rétablir le plafond de cotisation annuel du CELI à 5 500 $ était conforme à l'objectif du gouvernement de rendre le régime fiscal plus équitable et d'aider les personnes qui en ont le plus besoin.
Lorsqu'on tient compte des autres régimes d'épargne enregistrés, le plafond de cotisation de 5 500 $ permet à la plupart des particuliers de répondre à leur besoins continus en matière d'épargne d'une manière efficiente sur le plan fiscal. De plus, l'indexation du plafond de cotisation annuel du CELI a été rétabli de manière à ce que le montant conserve sa valeur réelle au fil du temps.
Par ailleurs, nous avons pris des mesures afin d'améliorer les prestations pour enfants que reçoivent les Canadiens et Canadiennes. Dans notre budget de 2016, nous avons instauré l'Allocation canadienne pour enfants, qui est entièrement libre d'impôt, en plus d'être plus simple et plus généreuse que le régime de prestations pour enfants qu'elle a remplacé.
Elle est aussi mieux ciblée que le régime précédent pour aider ceux et celles qui en ont le plus besoin. J'ai la conviction que les nombreux parents qui reçoivent cette aide grandement nécessaire sont d'accord avec moi. Grâce à l'instauration de cette Allocation canadienne pour enfants beaucoup mieux ciblée, environ 300 000 enfants de moins vivront dans la pauvreté en 2017 par rapport à 2014. Il s'agit d'une réduction d'environ 40 % du taux de pauvreté chez les enfants depuis 2014.
Depuis que l'Allocation canadienne pour enfants a été instaurée en juillet 2016, 9 familles sur 10 reçoivent plus d'argent qu'elles n'en recevaient de l'ancien régime de prestations pour enfants, soit près de 2 300 $ de plus en moyenne pour l'année 2016-2017. Les parents ayant des enfants de moins de 18 ans recevront annuellement jusqu'à 6 400 $ de plus par enfant de moins de six ans et jusqu'à 5 400 $ de plus par enfant âgé de six à 17 ans.
Que les fonds supplémentaires soient utilisés pour acheter des fournitures scolaires, pour couvrir une partie de la facture d'épicerie familiale ou pour acheter des manteaux chauds pour l'hiver, l'Allocation canadienne pour enfants aide les parents à assumer les dépenses élevées qu'ils doivent engager pour élever leurs enfants.
[Traduction]
Comme on l'avait annoncé dans le budget de 2016, le gouvernement procède actuellement à un examen complet des dépenses fiscales fédérales à la suite des préoccupations soulevées en regard de l'efficacité, de l'équité et de la complexité du système fiscal. Le but de cet examen est de s'assurer que les dépenses fiscales fédérales sont justes, efficaces et financièrement responsables pour l'ensemble des Canadiens. Des experts externes ont été mandatés pour offrir des conseils au ministère des Finances. Cette approche vise à ce que l'examen soit éclairé par un éventail de perspectives.
Je peux assurer à tous les députés que le gouvernement reste déterminé à veiller à ce que les dépenses fiscales fédérales respectent les objectifs, soit venir en aide aux Canadiens de la classe moyenne. En outre, le gouvernement compte bien redoubler ses efforts dans la lutte à l'évasion fiscale internationale et à l'évitement fiscal. C'est pourquoi nous avons entrepris cette démarche importante et que nous poursuivrons dans cette veine.
Ces efforts contribuent à protéger l'assiette du revenu et à rassurer les Canadiens au sujet de l'équité universelle du système. Les Canadiens travaillent fort pour leur argent, et la majorité d'entre eux paient leur juste part d'impôts. Toutefois, certains individus fortunés prennent part à des stratagèmes fiscaux complexes afin d'éviter de payer leur juste part d'impôts. C'est inacceptable, et il faut que cela change.
Le gouvernement du Canada travaille fort pour s'attaquer à l'évasion fiscale à l'étranger et à l'évitement fiscal abusif afin que notre régime fiscal soit juste et adapté à tous les Canadiens. Dans le budget de 2016, nous avons investi 444 millions de dollars sur cinq ans dans l'Agence du revenu du Canada afin de lutter contre l'évasion fiscale internationale et l'évitement fiscal.
Ces fonds permettent à l'Agence du revenu du Canada d'embaucher d'autres vérificateurs, d'élaborer une infrastructure du renseignement d'affaires robuste, d'accroître les activités de vérification et d'améliorer la qualité du travail d'enquête. Ces nouveaux investissements appuient les efforts de l'Agence pour sévir contre l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal, lesquels devraient générer des recettes fiscales de près de 2,6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.
En avril 2016, le Comité consultatif sur l'observation à l'étranger a été mis sur pied pour conseiller la et l'Agence sur des stratégies de lutte contre l'évasion et l'évitement fiscaux à l'étranger. Nous comprenons qu'il est insuffisant de s'en tenir à l'évaluation des recettes fiscales. En effet, il faut aussi être en mesure de percevoir les montants impayés une fois qu'ils ont été chiffrés. C'est pourquoi le budget de 2016 prévoit un investissement additionnel de 351,6 millions de dollars sur cinq ans pour améliorer la capacité de l'Agence de recouvrer les dettes fiscales en souffrance.
Le Canada a contribué très activement aux efforts internationaux de lutte contre l'évasion fiscale. Le Canada est un membre actif du forum mondial créé afin d'assurer la mise en place de normes rigoureuses sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales partout dans le monde. Le Canada a aussi conclu un vaste ensemble de conventions fiscales bilatérales et d'accords d'échange de renseignements fiscaux qui facilitent l'échange de renseignements susceptibles de s'avérer cruciaux dans un processus d'enquête.
La nouvelle norme commune de déclaration, qui a été élaborée par l'OCDE et approuvée par les dirigeants du G20, permet elle aussi de lutter contre l'évasion fiscale sur la scène internationale. Selon cette norme, l'information relative aux comptes financiers détenus par les non-résidents d'un pays donné doit être automatiquement communiquée aux autorités fiscales du pays où résident les titulaires desdits comptes. Le Canada s'est déjà doté d'une loi mettant en oeuvre la norme commune de déclaration à compter du 1er juillet 2017. Il se joindra alors à plus d'une centaine de pays qui ont déjà fait de même.
Avec ses partenaires du G20 et de l'OCDE, le Canada a participé activement au projet multilatéral destiné à lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices. Ce terme désigne les stratagèmes de planification fiscale offensive qu'emploient certaines multinationales pour diminuer indûment leur facture d'impôt. Le budget de 2016 annonçait d'ailleurs une série de mesures que le Canada entendait prendre pour donner suite aux recommandations issues de ce projet.
Nous nous sommes tout d'abord dotés d'une loi assujettissant les grandes multinationales à la déclaration pays par pays. L'Agence du revenu du Canada a en outre commencé à appliquer les orientations internationales révisées sur l'établissement des prix de transfert. Le Canada a également pris part à l'élaboration d'un instrument multilatéral qui permettra de simplifier la mise en oeuvre des recommandations issues du projet sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, y compris la lutte contre le détournement de ces conventions. Pour terminer, l'ARC échangera spontanément certaines décisions relatives à l'impôt avec d'autres autorités fiscales.
Pour ce qui est de l'avenir, le gouvernement continuera de collaborer avec la communauté internationale à l'élaboration d'une réponse cohérente et uniforme au projet de lutte contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert des bénéfices. Il s'activera en outre sur d'autres fronts afin de préserver l'intégrité des règles fiscales internationales du Canada. Il a notamment annoncé, dans le budget de 2016, une série de mesures destinées à élargir l'application des règles de l'impôt sur le revenu relatives aux mécanismes de prêts adossés et à empêcher les distributions transfrontalières inappropriées de capital libres d'impôt à des non-résidents.
Le gouvernement a aussi souscrit aux normes strictes proposées par le Groupe d'action financière et le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales.
Je signale par ailleurs que le Règlement sur recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes rend obligatoire la collecte de renseignements sur les propriétaires bénéficiaires des sociétés. De plus, afin d'accroître la transparence des sociétés, le gouvernement a récemment interdit l'utilisation des actions au porteur.
[Français]
J'aimerais maintenant attirer l'attention sur certains des investissements du gouvernement qui permettent d'accorder à bon nombre de citoyens et de citoyennes des possibilités de réussite plus équitables pour eux.
En juin dernier, le gouvernement a conclu un accord historique avec les gouvernements des provinces en vue de bonifier le Régime de pensions du Canada. Cet accord a fait suite à un examen mené par le ministère des Finances afin de déterminer si les familles approchant l'âge de la retraite étaient suffisamment prêtes à la retraite.
Les fonctionnaires du ministère des Finances ont constaté qu'environ une famille sur quatre qui approchent l'âge de la retraite, soit 1,1 million de familles, risque de ne pas épargner suffisamment pour maintenir son niveau de vie actuel. C'est très inquiétant. Ce sont les familles à revenu moyen qui sont le plus plus à risque. Les familles qui n'ont pas de régime de pension offert par un employeur risquent encore davantage de ne pas épargner suffisamment pour la retraite. En effet, le tiers de ces familles sont à risque.
Le gouvernement est conscient du besoin d'aider les Canadiens et les Canadiennes à investir davantage. Forts d'un niveau d'épargne plus élevé, ils pourraient envisager leur avenir et leur capacité à bénéficier d'une retraite dans la dignité avec une plus grande confiance.
La situation des jeunes Canadiens, qui tendent à être plus exposés aux risques du marché et qui, dans la plupart des cas, vivront plus longtemps que les générations précédentes, est particulièrement préoccupante. Les jeunes sont confrontés au défi d'accumuler une épargne-retraite suffisante à une époque où un moins grand nombre d'entre eux peuvent s'attendre à occuper un emploi assorti d'un régime de retraite en milieu de travail.
En résumé, les mesures que notre gouvernement a prises respectent notre engagement afin d'aider la classe moyenne et ceux qui travaillent très fort pour en faire partie.
Dans ce contexte, le gouvernement croit fermement que la meilleure façon d'accroître la prospérité pour un plus grand nombre de Canadiens et de Canadiennes est d'investir dans l'économie d'aujourd'hui. Voilà pourquoi le gouvernement a effectué des investissements ciblés totalisant 50,2 milliards de dollars sur six ans dans le cadre du budget de 2016. Ces investissements assureront une croissance plus forte dès maintenant en plus d'augmenter le potentiel de croissance à long terme de l'économie canadienne.
Nous sommes allés de l'avant en étant bien conscients que, lorsque les Canadiens et les Canadiennes réalisent leur plein potentiel, ils peuvent bâtir une vie meilleure pour eux-mêmes, pour leur famille, ainsi que pour toute la collectivité. Ce faisant, ils bâtissent un Canada meilleur et plus fort pour les générations actuelles et à venir.
[Traduction]
Au fur et à mesure que la population du Canada vieillira, notre prospérité dépendra de plus en plus des jeunes Canadiens qui auront fait des études et suivi la formation dont ils ont besoin pour se préparer à occuper les emplois d'aujourd'hui et de demain. C'est pourquoi dans le budget 2016 nous avons augmenté le montant des bourses d'études canadiennes pour les étudiants issus d'une famille à faible revenu, pour les étudiants issus d'une famille à revenu moyen ainsi que pour les étudiants à temps partiel. Par conséquent, plus de 360 000 étudiants à l'échelle du Canada recevront plus d'aide afin de poursuivre leurs études.
Nous collaborons avec les provinces et les territoires en vue d'élargir l'admissibilité aux bourses d'études canadiennes de façon à ce qu'un nombre encore plus élevé d'étudiants puissent recevoir de l'aide financière non remboursable.
De plus, le gouvernement investi plus de 330 millions de dollars par année dans la Stratégie emploi jeunesse pour aider les jeunes à acquérir les compétences et l'expérience dont ils ont besoin afin de trouver un emploi. Le gouvernement a pris des mesures afin de renforcer la Stratégie emploi jeunesse en faisant un investissement supplémentaire de 165,4 millions de dollars en 2016 et en 2017. Grâce à cet investissement, plus de jeunes auront accès au programme Connexion compétences, qui les aide à surmonter les obstacles à l'emploi. Il créera également de nouveaux emplois verts pour les jeunes et contribuera aux perspectives d'emploi dans le secteur du patrimoine.
Les Canadiens font partie des gens les plus instruits du monde. Le Canada a le taux de diplomation postsecondaire le plus élevé de tous les membres de l'Organisation de coopération et de développement économique. Plus de la moitié des adultes canadiens ont un diplôme postsecondaire.
Nous jouissons d'une renommée internationale en matière de recherche et de découvertes scientifiques et nous sommes à la fine pointe des technologies propres qui émergent en ce moment sur la scène internationale.
Nos abondantes richesses naturelles n'ont d'égale que notre ressource la plus précieuse de toutes: les Canadiens eux-mêmes.
J'espère que j'ai réussi à démontrer clairement que le gouvernement fait des investissements efficaces et ciblés, qui continuent de libérer le plein potentiel des Canadiens et, partant, du Canada.
Nous continuerons de faire fond sur notre succès dans le budget de 2017.
:
Monsieur le Président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec l'excellent député d', qui s'exprimera avec beaucoup plus d'éloquence et de pertinence, à ce qu'on me dit.
Je suis heureux de prendre la parole à propos de la motion sur la fiscalité présentée par le député de . Je voterai contre cette motion. J'aurais préféré l'appuyer, car j'adhère à bon nombre de principes qui la sous-tendent. Je souligne que le Parti conservateur du Canada est convaincu de la nécessité de maintenir le fardeau fiscal à un bas niveau, mais qu'il est également convaincu qu'au Canada, les entreprises et les particuliers doivent tous payer leur juste part des impôts.
Bien que la motion ait comme objectif louable de réduire l'évasion fiscale à l'étranger, elle passe sous silence la cause première du problème, qui est la trop grande quantité de prélèvements fiscaux. Nous savons qu'une fiscalité trop lourde incite les entreprises à quitter le pays et mine l'esprit entrepreneurial du Canada, qu'elle ralentit la création d'emplois parce qu'elle rend difficile le démarrage et l'exploitation d'une entreprise et qu'elle nuit aux familles canadiennes, qui essaient de léguer à leurs enfants un avenir meilleur.
Si nous voulons que les familles et les entreprises cessent de fuir notre merveilleux pays, nous devons d'abord réduire les impôts pour que le Canada leur soit plus accueillant. Or, le gouvernement semble faire tout le contraire. Au lieu de chercher des moyens de favoriser l'esprit d'entreprise et la croissance commerciale, le gouvernement tente désespérément de trouver de nouvelles façons d'augmenter les recettes pour payer ses dépenses irréfléchies et irresponsables. Selon un rapport de Bloomberg, les investissements commerciaux au pays ont chuté au plus bas niveau depuis 1981 et, depuis la Seconde Guerre mondiale, certaines statistiques indiquent que les investissements sont de catégorie inférieure. Il s'agit donc d'un problème.
Le gouvernement n'a pas su respecter sa promesse de réduire l'impôt des petites entreprises. Ensuite, il a annulé d'importants allégements fiscaux qui avaient été accordés aux Canadiens, notamment les très aimés crédits d'impôt pour la condition physique et les activités artistiques des enfants. Récemment, le gouvernement a commencé à étudier la possibilité de rendre les régimes de soins de santé et de soins dentaires imposables. Il est évident que le gouvernement n'a vraiment rien compris. Il envisage d'augmenter le coût de la vie des Canadiens.
Le Parti conservateur va s'efforcer de rendre la vie plus abordable pour les Canadiens, pas moins abordable. Lorsque le gouvernement conservateur était au pouvoir, c'est le premier ministre Harper qui a pris les mesures nécessaires pour faire exactement cela. Les conservateurs comprenaient la valeur des impôts peu élevés et l'importance de lutter contre l'évasion fiscale. Une politique pragmatique et équilibrée permettrait de réaliser les deux objectifs. Par exemple, dans le Plan d'action économique de 2013, le gouvernement conservateur avait prévu une série de mesures pour lutter contre l'évasion fiscale. Il a notamment exigé de certains intermédiaires financiers, y compris les banques, qu'ils déclarent à l'ARC les transferts internationaux par voie électronique de fonds d'une valeur de 10 000 $ ou plus. Il a prolongé de trois ans la période normale d'établissement d'une nouvelle cotisation dans le cas d'un contribuable qui a omis de déclarer un revenu tiré d'un bien étranger déterminé dans sa déclaration de revenus et qui a omis de produire le bilan de vérification du revenu étranger. Il a modifié le formulaire T1135, de sorte que les personnes visées soient tenues de fournir à l'ARC des renseignements plus détaillés sur leurs avoirs à l'étranger, notamment le nom des établissements et pays où elles les détiennent et le revenu qu'elles en tirent. Il a également rationalisé le processus permettant à l'ARC d'obtenir auprès de tierces parties, comme les banques, des renseignements sur des personnes non identifiées.
Les conservateurs ont aussi mis en oeuvre le programme Combattons l'évasion fiscale internationale, qui visait à réduire l'évasion et l'évitement fiscaux à l'échelle internationale. Dans le cadre de ce programme, l’ARC versait des récompenses aux particuliers qui étaient au fait de cas importants d’inobservation des règles fiscales dans le cadre de stratagèmes d’envergure internationale si les renseignements fournis à l’ARC par ces personnes permettaient de recouvrer des montants d’impôt exigibles. Grâce à ce programme, l’ARC pouvait cibler des contribuables à revenu élevé qui tentaient par des mesures d’évasion fiscale ou d’évitement fiscal de se soustraire à l’impôt au moyen d’arrangements juridiques internationaux complexes.
Le Plan d'action économique de 2015 a fait fond sur ces mesures et prévoyait l'octroi d'une somme supplémentaire de 25,3 millions de dollars sur cinq ans pour permettre à l’ARC d’élargir ses activités visant à lutter contre l’évasion fiscale internationale, ainsi que 58,2 millions de dollars sur cinq ans pour lutter contre les stratagèmes d’évasion fiscale des entités commerciales de grande taille dont la situation est plus complexe. Je souligne que la a mentionné certains des investissements faits par le gouvernement, qui démontrent que des efforts novateurs ont été déployés pour contrer l'évasion fiscale au pays.
Ces mesures contribuent à faire en sorte que chaque Canadien paie sa juste part d'impôt. En fait, entre 2006 et 2015, le gouvernement conservateur a pris des mesures énergiques pour éliminer plus de 85 échappatoires fiscales. Cela a permis d'économiser des milliards de dollars chaque année et, de ce fait, de baisser les impôts pour toute la population canadienne, pas seulement pour quelques privilégiés.
Nous ne sommes pas les seuls qui croient que ces mesures ont amélioré la situation. À l'automne 2013, lorsque le vérificateur général a mené un examen des services bancaires extraterritoriaux, il a été conclu que l'Agence du revenu du Canada avait fait preuve de diligence et que les nouvelles mesures étaient utiles. Notre plan a fonctionné et continue d'aider l'ARC à sévir contre les fraudeurs de l'impôt. Nous continuerons à recommander que le gouvernement libéral examine systématiquement la façon dont il peut régler le problème.
En plus de prendre des mesures directes pour lutter contre l'évasion fiscale internationale, le Parti conservateur a adopté des mesures afin d'encourager les nouveaux investissements au Canada en établissant un environnement fiscal plus favorable aux entreprises. Les conservateurs comprennent qu'il faut être sévères envers les fraudeurs de l'impôt tout en s'assurant que le régime fiscal ne repousse pas les gens. Voilà pourquoi nous avons instauré un certain nombre de mesures qui ont ramené le fardeau fiscal global au Canada à son plus bas en 50 ans. En fait, le gouvernement conservateur a réduit les impôts plus de 180 fois. C'est parce que nous ne nous contentons pas de belles paroles; nous agissons en respectant nos engagements pris auprès des Canadiens.
Notre bilan en matière fiscale est sans équivoque. Nous avons ramené le taux d'imposition fédéral des sociétés à 15 % afin de stimuler la création d'emplois et la croissance économique au Canada. Nous avons baissé le taux d'imposition des petites entreprises. Nous avons instauré le crédit pour l'emploi visant les petites entreprises, qui a réduit de 15 % les charges sociales des petites entreprises. Nous avons aussi allégé les formalités administratives pour les entreprises en éliminant plus de 800 000 retenues sur la paie versées annuellement à l'Agence du revenu du Canada par plus de 50 000 petites entreprises.
Toutes ces mesures et d'autres encore ont amené Bloomberg à classer le Canada au deuxième rang des meilleurs pays où démarrer et faire prospérer une entreprise. D'ailleurs, le Canada affichait le taux d'imposition général sur les nouveaux investissements commerciaux le moins élevé de tous les pays du G7. En sévissant contre les fraudeurs de l'impôt et en réduisant les impôts et le fardeau fiscal des entreprises, le Parti conservateur a adopté l'approche équilibrée nécessaire pour mettre en place un régime à la fois juste et convivial.
Il est à noter que le NPD a voté contre absolument tous les allégements fiscaux que nous avons offerts aux petites entreprises de 2006 à 2015. J'aimerais savoir pourquoi mon collègue ne présente pas une motion qui cible à la fois l'évasion fiscale et l'allégement du fardeau fiscal des entreprises canadiennes. C'est ce que je veux voir de la part du gouvernement: une politique pragmatique et équilibrée qui consiste à baisser les impôts au lieu de les augmenter tout en poursuivant l'excellent travail entamé par le gouvernement précédent afin de sévir contre l'évasion fiscale.
Il est absolument essentiel de cibler les fraudeurs fiscaux canadiens. Je crois certes que tous les députés s'entendent sur l'importance de sévir contre l'évasion fiscale internationale. Cependant, nous devons aussi nous employer à réduire les impôts afin d'encourager la création d'emplois et la croissance économique et de faire en sorte que le Canada demeure concurrentiel par rapport aux autres pays. Ce faisant, nous réduirons le fardeau fiscal des contribuables canadiens et nous contribuerons à faire du Canada le meilleur endroit au monde pour lancer et faire croître une entreprise.
De nombreuses possibilités s'offrent à nous pour être plus concurrentiels et attirer des investissements commerciaux dans ce merveilleux pays; notamment, favoriser le commerce interprovincial et alléger le fardeau réglementaire. Soi dit en passant, ce sont des mesures que la nouvelle administration étatsunienne est en train d'examiner.
Bien que je comprenne le point de vue des députés du NPD à ce sujet, je suis certain qu'ils comprennent également le mien. Je le répète, le Canada est un pays fantastique. Je suis disposé à débattre avec plaisir de tout sujet qu'un député juge pertinent. Nous devons faire davantage pour réduire les impôts et poursuivre nos efforts pour sévir contre l'évasion fiscale, pour accroître la prospérité du Canada et pour lutter contre les activités illicites.
:
Monsieur le Président, aucun parti ne s'oppose aussi fermement à l'évasion fiscale que le Parti conservateur du Canada. Nous croyons que tous les contribuables devraient remettre ce qu'ils doivent en impôt et que personne ne devrait recevoir de traitement de faveur.
Le Parti conservateur préconise le maintien d'un faible taux d'imposition pour tous les Canadiens, mais nous estimons également que l'ensemble des entreprises et des Canadiens doivent payer leur juste part d'impôt. Il faut réduire le fardeau fiscal pour tout le monde, pas seulement pour quelques privilégiés.
L'ancien gouvernement conservateur a un solide bilan en matière de lutte contre l'évasion fiscale internationale. En effet, pour améliorer l'intégrité du régime fiscal, il a créé le programme Combattons l'évasion fiscale internationale, qui vise à réduire l'évasion fiscale et l'évitement fiscal à l'étranger. Nous demeurons résolus à nous attaquer au problème d'évasion fiscale et d'évitement fiscal à l'étranger et nous continuerons à défendre les intérêts des contribuables canadiens.
Sous la direction du premier ministre Harper, le gouvernement a pris des mesures énergétiques pour éliminer plus de 85 échappatoires fiscales, ce qui a permis de faire économiser chaque année des milliards de dollars au gouvernement et aux contribuables. J'ai cependant des préoccupations concernant la motion, qui ne semble pas tenir compte de la structure de notre régime fiscal.
Je crois qu'il est insultant pour les contribuables canadiens qu'on leur dise que ceux qui ont recours aux déductions et exemptions légitimes sont dans le même bateau que ceux qui font de l'évasion fiscale et qui cachent de l'argent à l'étranger. Chose certaine, les gens qui pouvaient réclamer des crédits comme le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants ou le crédit d’impôt pour les activités artistiques des enfants, tous deux annulés par le gouvernement actuel, ne cherchaient qu'à améliorer le sort de leur famille. Ils utilisaient les déductions prévues par la loi. Ma conclusion est que le député qui parraine la motion ne réalise pas que tous les Canadiens ont accès à des déductions fiscales. Elles rendent le régime fiscal plus équitable pour tous; elles ne sont pas accessibles qu'aux plus riches des plus riches.
Tous conviendront que l'évasion fiscale est un problème, qu'il s'agisse de 7 milliards ou de 70 milliards de dollars par année, mais le député ne peut être certain de ce nombre. Il s'agit d'une supposition éclairée. Cependant, il est important de ne pas oublier que c'est nous, ici à la Chambre, qui sommes responsables de créer les lois et règlements concernant le régime fiscal. S'il existe des échappatoires, des déductions et des exemptions fiscales, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes, pas au contribuable qui profite de ce qui lui est accordé légalement, et j'insiste sur le mot « légalement ».
Nous devons certes poursuivre ceux qui enfreignent la loi en évitant de payer des impôts. D’un autre côté, étant donné les dépenses effrénées auxquelles le gouvernement actuel nous a habitués, je peux comprendre et je félicite même ceux qui s’efforcent, par des moyens licites, de garder leur propre argent dans leurs poches plutôt que de le donner à un gouvernement à la fois dépensier et irresponsable qui ne semble pas comprendre que l’argent qu’il prélève sous forme d’impôt ne lui appartient pas mais lui est confié en fiducie par les Canadiens. Les contribuables méritent une gouvernance avisée de la part de leurs politiciens, et non pas des factures de 800 000 $ pour des rénovations de bureau. Il ne faut pas s’étonner que les gens renâclent à payer des impôts lorsqu’ils apprennent ce genre de choses.
La motion demande au gouvernement de s’attaquer aux mesures fiscales qui profitent essentiellement aux plus fortunés, ce qui me semble plutôt raisonnable. Après tout, nous savons qui ils sont. Ce sont tous ceux qui ont plus d’argent que moi. Qu’ils aient gagné cet argent en travaillant fort et en faisant preuve d’innovation importe peu. D’aucuns estiment que ceux qu’ils estiment être fortunés devraient payer davantage, même si nous disons toujours que les contribuables doivent tous être traités de façon juste et équitable.
On pourrait vouloir démontrer que ceux qui possèdent plus devraient payer plus, mais je ne pense pas que ce soit l’objectif de cette motion. Notre régime fiscal comporte déjà plusieurs tranches d'imposition, de sorte que les plus fortunés paient déjà plus d’impôt. On peut donc s’interroger sur les mesures que la motion nous invite à revoir. De quoi s’agit-il exactement?
La motion invite également le gouvernement à prendre des mesures énergiques pour s’attaquer aux paradis fiscaux, sans donner pour autant des précisions sur le pourquoi et le comment. Pour ma part, j’estime que, si notre régime fiscal était équitable, ceux qui savent comment protéger leur argent à l’étranger seraient moins tentés de le faire. En revanche, quand les gens sont convaincus que le régime fiscal n’est pas équitable et que le gouvernement dépense l’impôt qu’il a perçu de façon effrénée, ils sont alors tentés de chercher des moyens d’empêcher le fisc de mettre la main sur leur argent. Il faut que le gouvernement comprenne que les budgets ne s’équilibrent pas tout seuls et qu’il ne peut pas continuer d’alourdir le fardeau fiscal des Canadiens qui travaillent fort avec de nouvelles mesures comme la taxe sur le carbone.
La motion invite le gouvernement à resserrer les règles pour les sociétés fictives. Là encore, elle ne fournit aucune définition de ce terme. Elle suppose que nous reconnaissons tous que les sociétés fictives doivent être assujetties à des réglementations supplémentaires, mais elle ne fournit aucune justification à cela. Le député estime que c’est là un problème, et que nous devrions le croire sur parole. La motion ne laisse pas entendre que c’est illégal, simplement qu’il faut faire quelque chose.
Le gouvernement est également invité à renégocier les conventions fiscales qui permettent aux sociétés de rapatrier au Canada les profits des paradis fiscaux sans payer d’impôt.
Je ne pense pas que je siégeais à la Chambre lorsque ces conventions ont été ratifiées par le Parlement, et je dois avouer que je ne sais pas exactement à quelles conventions la motion fait allusion, puisqu’elle ne les mentionne pas. Je suis obligé d’en conclure que le gouvernement le sait, lui, ou qu’il est capable de le deviner. Je ne sais pas non plus pourquoi ces conventions ont été négociées pour autoriser ce genre de choses. Il y avait peut-être une bonne raison à l’époque. Mais bien sûr, la Chambre peut changer d’avis si elle estime que c’était une erreur.
Je sais, en revanche, que la renégociation d’une convention comporte toujours des risques. On a beaucoup parlé, récemment, de politiciens qui voulaient renégocier certains traités. Il faut savoir que, dans de telles négociations, il y a toujours des gagnants et des perdants et que tous ne sont pas toujours traités de façon équitable. Si le Canada demande à renégocier un traité dans un but bien précis, il se peut que le ou les autres pays signataires ne partagent pas le même but. Il se peut aussi que nous ne gagnions rien de cette renégociation par rapport à la situation actuelle. Mais ce ne sont que des spéculations de ma part étant donné que la motion ne contient aucun détail là-dessus. Nous sommes tout simplement censés deviner quelles sont ces conventions qui méritent d’être renégociées.
Je comprends que certaines personnes réclament que l’on mette fin aux ententes de pardon sans pénalité pour les gens qui sont soupçonnés d’évasion fiscale. Les Canadiens s’indignent, et c’est naturel, lorsqu’ils apprennent qu’une personne qui s’est livrée à l’évasion fiscale a réussi à obtenir un pardon sans pénalité. Je suppose que le député qui a présenté cette motion pensait à un cas bien précis dont on parle beaucoup en ce moment.
L’Agence du revenu du Canada est indépendante et libre de toute ingérence politique. J’ai l’impression qu’avec cette motion, c’est comme si les politiciens que nous sommes étaient en train de dire à l’Agence ce qu’elle doit faire, alors que nous ne connaissons pas les tenants et aboutissants des décisions qu'elle prend.
Que je sache, si les cas dont on a beaucoup parlé récemment n’ont pas fait l’objet de poursuites, ce n’était pas dans le but de leur faire une traitement de faveur. Une procédure a été adoptée pour permettre aux gens de déclarer volontairement des sommes d’argent sur lesquelles ils n’ont pas payé d’impôt, et pour les encourager à le faire, l’Agence supprime les pénalités. Quand les inspecteurs du fisc détectent un acte répréhensible, c’est autre chose. Là, il s’agit d’argent qui n’aurait jamais été perçu si les personnes en question n’avaient pas fait une déclaration volontaire. L’Agence n’aurait peut-être jamais su combien on lui devait. Par conséquent, même si le principe du pardon peut provoquer l’indignation des Canadiens qui travaillent fort et qui paient tous les impôts qu’ils doivent dans les délais prescrits, il est quand même possible de trouver des justifications à cette procédure. Si l’on supprime la déclaration volontaire, comme cette motion semble le proposer, je crains que l’Agence, au lieu de récupérer une plus grande partie des sommes qui lui sont dues, finisse par en percevoir encore moins.
Il vaudrait beaucoup mieux inviter le gouvernement à mettre en place un régime fiscal équitable et raisonnable, mais cela est aussi peu probable que la présentation d’un budget équilibré par notre .
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis vraiment fière de me lever aujourd'hui à la Chambre pour appuyer et défendre la motion de mon collègue de , qui vise à lutter contre l'évasion fiscale et les avantages fiscaux qui profitent seulement aux plus riches de notre pays, dont les banques et les multinationales, et qui n'aident pas du tout les plus vulnérables et les travailleurs qui font leur déclaration de revenus chaque année, comme cela devra être fait dans environ un mois.
Si on veut offrir des services de qualité à toute la population de ce pays, sans discrimination, et ce, en dépit des salaires et de la classe dont les gens font partie, il faut qu'on s'attaque à l'évasion fiscale, qui nous fait perdre des milliards de dollars chaque année.
On dit que la démocratie canadienne que nous défendons a été bâtie pour que tous les citoyens soient traités de façon égale. Or, bien que cela me désole, notre système fiscal ne reflète pas du tout ces valeurs d'équité et d'égalité. Au contraire, les inégalités entre les riches et les pauvres ne font qu'augmenter. D'ailleurs, elles croissent plus rapidement qu'aux États-Unis.
Des échappatoires et des exemptions fiscales existent malheureusement encore aujourd'hui. En fait, elles ont atteint leur paroxysme. La plupart des travailleurs et des travailleuses ne peuvent pas compter sur ces échappatoires, ces déductions fiscales, ces exemptions fiscales ou ces crédits fiscaux. Ainsi, il est très difficile pour les Canadiens d'accepter que le gouvernement ne fasse pas sa part afin que les fraudeurs soient poursuivis en justice et paient leur juste part d'impôt comme les autres.
Par exemple, les PDG les mieux rémunérés au Canada touchent, en une demi-journée, le salaire annuel d'un travailleur moyen. D'autres statistiques démontrent que les PDG les mieux rémunérés du Canada touchent 193 fois le salaire moyen des Canadiens. C'est vraiment insultant qu'on ne fasse rien pour que les gens paient leur juste part d'impôt, pour que l'argent soit redistribué et pour réaliser notre projet de société, qui consiste à ce que tous les citoyens aient accès, par exemple, à une éducation et à un système de soins de santé de qualité qui n'a pas deux vitesses.
Les aînés du Canada ont travaillé toute leur vie à la sueur de leur front et il faut leur offrir une retraite décente, ce qu'ils n'ont pas tous. Dans la circonscription de Salaberry—Suroît, comme dans toutes les autres circonscriptions, certaines personnes ont de la difficulté à manger des fruits et des légumes tous les jours. Cela n'est pas normal dans un pays aussi riche que le Canada.
Les Canadiens les plus riches n'ont pas besoin d'exemptions fiscales pour vivre. Les libéraux, malheureusement, maintiennent en place les échappatoires fiscales qui profitent aux plus nantis, tandis que la plupart des Canadiens sont laissés de côté. Alain Deneault parle d'hémorragie fiscale. Il soulève le fait que le taux d'imposition des entreprises est passé de 38 % en 1981 à 15 % aujourd'hui. Je souligne que les citoyens paient entre 15 % et 33 % d'impôt au niveau fédéral. Plusieurs d'entre eux paient donc plus d'impôt que les multinationales et les grandes entreprises. M. Deneault dénonce aussi le fait que les entreprises contribuent très peu au financement des services publics, alors qu'elles bénéficient, par exemple, d'infrastructures très performantes et d'une main-d'oeuvre très qualifiée.
Les privilégiés ne bénéficient pas que d'une seule mesure fiscale avantageuse. En fait, il en existe 64, dont cinq sont considérées progressistes et 59 sont considérées régressives. Par « mesures régressives », on entend des mesures qui profitent aux 50 % les plus riches au pays plutôt qu'aux 50 % les plus démunis de la société. Il existe 59 mesures fiscales avantageuses pour les 50 % les plus riches du pays. Cela n'a pas de bon sens, et ce ne sont pas des mesures que l'on pourrait qualifier d'équitables ou de socialement justes.
En 2011, le manque à gagner en recettes fiscales pour le Canada représentait plus de 100 milliards de dollars, soit environ 40 % du budget fédéral total.
Cet argent, au lieu de bénéficier aux Canadiens qui ont du mal à joindre les deux bouts, reste au chaud dans les îles paradisiaques telles que les îles Vierges, les Bahamas et plusieurs autres pays dont nous avons parlé. Je vais expliquer un peu plus tard pourquoi existent ces pays, ces échappatoires fiscales ou paradis fiscaux comme on les appelle.
Le gouvernement ne doit pas mener sa politique pour le 1 % le plus riche de la société, mais pour tous les Canadiens et les Canadiennes. La priorité devrait être donnée, par exemple, au logement abordable, aux services publics et à l'éducation, comme je l'ai mentionné et comme mes collègues l'ont mentionné à plusieurs reprises dans leur discours.
Pendant les campagnes électorales de 2011 et de 2015, les libéraux s'étaient engagés à supprimer les échappatoires fiscales liées aux options d'achat d'actions. Les options d'achat d'actions représentent environ 25 % de la rémunération des PDG des 60 plus grandes entreprises cotées en bourse au Canada. Elles sont très utilisées car elles ne sont imposées qu'à 50 % du taux applicable pour un revenu ordinaire. Ainsi, une réduction de 50 % est envoyée à ceux qui sont capables de se payer des options d'achat d'actions. Cela revient aux PDG, qui sont déjà les plus riches. Au départ, c'était censé profiter aux petites et moyennes entreprises qui démarrent, mais on a vite compris qu'au bout du compte cela rapportait aux plus riches.
L'inaction des libéraux dans ce dossier est flagrante. Ils ont fait croire aux Canadiens et aux Canadiennes qu'ils apporteraient un réel changement, mais ils ont gardé la politique conservatrice qu'ils critiquaient auparavant. Nous savons à présent que les PDG de Bay Street ont mené une offensive auprès du gouvernement actuel pour conserver leurs avantages fiscaux. Les libéraux ne s'engagent pas dans la lutte contre la pauvreté, mais dans la protection de la richesse des mieux nantis. Cette volte-face est inacceptable pour les travailleurs et les travailleuses qui ne réussissent pas à payer leurs impôts. Notre motion demande entre autres au gouvernement de respecter les promesses qu'il a faites lors de la campagne électorale et de plafonner l'échappatoire liée aux options d'achat d'actions.
En plus des avantages fiscaux dont ils profitent au Canada, une partie des mieux nantis utilise l'évasion fiscale, qui est pourtant illégale. À lui seul, le gouvernement du Québec considère qu'il perd 3,9 milliards de dollars par année à cause de cette évasion fiscale. Pour l'année 2016, le Conference Board estime que le Canada a perdu 47 milliards de dollars en impôt.
Pour éviter de payer leur juste part d'impôt, les entreprises et les particuliers les plus riches peuvent passer par les paradis fiscaux. Ces derniers sont des pays à fiscalité avantageuse, voire inexistante pour les entreprises. Les entreprises canadiennes ont mis à l'abri 160 milliards de dollars, en 2011 seulement, dans les îles Caïman, à la Barbade et dans d'autres pays.
Cela est possible grâce à des conventions fiscales signées de façon bilatérale entre le Canada et 92 pays. Parmi ces 92 pays, certains, comme la Barbade, ont un taux d'imposition de 0,25 % à 2 %, alors que, ici, les compagnies sont censées être imposées à 15 %. Ces compagnies, qui n'ont absolument aucune activité économique à la Barbade, dans les îles Caïman ou dans certains autres pays, se servent de ces pays pour ne pas payer trop d'impôt et renvoyer ensuite leur argent au Canada.
Nous avons demandé, à plusieurs reprises, aux différents gouvernements qui se sont succédé, et maintenant au gouvernement libéral, d'intervenir et de revoir ce genre de convention bilatérale avec des pays où il y a de l'abus et où il peut y avoir de la fraude et de l'évitement fiscal.
Ce phénomène s'accélère. Selon une étude de l'Institut de recherche en économie contemporaine, les actifs financiers transférés du Canada vers les sept principaux paradis fiscaux de la planète étaient 37 fois plus élevés en 2014 qu'ils ne l'étaient en 1987. L'utilisation des paradis fiscaux à l'étranger est donc à son paroxysme présentement.
Le Canada est plus laxiste que les autres pays du G7 dans la lutte contre les paradis fiscaux. Les effectifs de l'Agence du revenu responsables de détecter l'évasion fiscale ont été réduits de 3 000 par les conservateurs et n'ont pas été renfloués par les libéraux. Parmi ceux-là, il y avait des vérificateurs et des gestionnaires hautement qualifiés. On a établi que chaque dollar investi dans la lutte contre l'évasion fiscale pouvait rapporter 10 $ aux contribuables. Cela vaut donc la peine de s'y attaquer.
Les libéraux n'arrêtent pas de répéter qu'ils ont investi 444 millions de dollars dans l'Agence de revenu du Canada, mais il n'y a eu aucun résultat. Aucune enquête pénale n'est ressortie de tout cela. Cela n'a changé absolument rien. Je vais continuer en répondant aux questions.
:
Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole afin d'appuyer la motion présentée par le député de . La motion demande au gouvernement d'éliminer les échappatoires permettant le recours aux paradis fiscaux et de sévir contre l'évasion fiscale.
Pourquoi cette motion est-elle si importante? Voilà des décennies que l'on sous-finance, que l'on ignore ou même que l'on élimine des services publics cruciaux. Trop souvent, cette inaction ou ces coupes de programme sont justifiées par un manque d'argent. Assez curieusement, on évoque cette raison lorsqu'il est question d'investir dans les programmes sociaux, mais jamais quand il s'agit d'accorder de généreux crédits d'impôt aux plus fortunés, de réduire constamment les impôts des sociétés ou de maintenir les dépenses fiscales inefficaces et coûteuses qui ne ciblent que les Canadiens les mieux nantis.
Les gouvernements qui se sont succédé, tant libéraux que conservateurs, ont choisi de laisser les Canadiens les plus riches continuer de profiter de ces échappatoires fiscales oh combien formidables. Les libéraux et les conservateurs ne remettent jamais en question ces cadeaux fiscaux à l'élite. Pour eux, c'est normal. Pourquoi? Parce que c'est inscrit dans leur code génétique. C'est la même chose à chaque cycle électoral: ils prétendent se soucier du problème et ils promettent de s'attaquer aux échappatoires fiscales absurdes, comme l'ont fait les libéraux, noir sur blanc, dans leur plateforme électorale, mais, une fois élus, pouf, leurs bonnes intentions disparaissent comme par enchantement. Elles ne sont plus là.
Durant la dernière campagne électorale, les libéraux soutenaient que la déduction pour option d'achat d'actions accordée à des employés profitait de façon disproportionnée aux Canadiens les mieux nantis, au détriment de tous les autres. Ils avaient bien raison. Les libéraux ont précisé noir sur blanc dans leurs plateformes électorales de 2011 et de 2015 que 8 000 Canadiens au revenu très élevé déduisaient en moyenne 400 000 $ de leur revenu imposable grâce aux options d'achat d'actions. Ce chiffre représente 75 % de l'incidence fiscale de cette déduction, qui, au total, a coûté 750 millions de dollars en 2014. Les libéraux ont proposé des changements à cette échappatoire fiscale dans le but de recueillir dans les coffres de l'État 560 millions de dollars supplémentaires, somme qui aurait pu être investie dans les services publics. Puis, en mars 2016, à peine quelques mois après les élections, lorsqu'on a demandé au gouvernement libéral s'il avait l'intention de remplir sa promesse d'apporter des changements pour corriger cette extravagante échappatoire fiscale utilisée par des personnes immensément riches, le a répondu que ce n'était pas dans les plans du gouvernement.
On pourrait se demander ce qui s'est passé. Des documents obtenus aux termes de la Loi sur l'accès à l'information révèlent que, pendant la période précédant le budget de 2016, des PDG ont fait pression sur le pour qu'il revienne sur cette promesse. Oh surprise, les grands bonzes du milieu des affaires ont obtenu exactement ce qu'ils demandaient: un cadeau de 560 millions de dollars de la part du gouvernement libéral.
Selon un rapport du Centre canadien de politiques alternatives, environ 99 % de cet argent est remis aux contribuables dont le revenu se situe dans le décile le plus élevé du Canada. En fait, l'étude a révélé que, « [e]ssentiellement, cette dépense fiscale ne profite à personne qui gagne moins de 215 000 $ par année ». Même si cette échappatoire était conçue à l'origine pour faciliter le financement des entreprises en démarrage et en croissance, elle est maintenant utilisée principalement par les Canadiens ultra-riches afin d'éviter de payer leur juste part d'impôt. Pour les députés qui se posent la question, les PDG les mieux rémunérés au Canada gagnent maintenant 193 fois le salaire du Canadien moyen. En fait, les PDG les plus riches du Canada gagnent le salaire annuel du Canadien moyen avant midi lors de la première journée de travail de l'année.
Les dirigeants des cinq grandes banques canadiennes possèdent 6 millions de dollars en options d'achat d'actions. Ces personnes ont-elles réellement besoin d'un traitement fiscal préférentiel? Les grandes banques canadiennes risquent-elles d'être incapables de démarrer ou de prendre de l'expansion si on éradique ces échappatoires? N'enregistrent-elles pas déjà des bénéfices records?
Bien sûr, ce sont eux, les grands bonzes du milieu des affaires, et, ultimement, quoi qu'en disent les libéraux, ce sont les intérêts de ces grands bonzes qu'ils ont toujours à coeur. Les Canadiens se font arnaquer à tous les coups. Ils veulent croire les libéraux et ce qu'ils ont promis lors de la campagne, mais, au bout du compte, les libéraux qui font campagne sont franchement différents des libéraux qui gouvernent. Les actions qu'ils posent ne sont pas conformes aux paroles qu'ils ont prononcées. Ils sont tout simplement incapables de résister à la pression que les personnes plus puissantes du pays exercent sur eux pour qu'ils laissent en place un système avantageux pour elles aux dépens du reste de la population.
Si les gens croient que les cadeaux fiscaux s'arrêtent avec les échappatoires liées aux options d'achat d'actions, ils font erreur. Au fil des ans, entre les conservateurs et les libéraux, le taux d'imposition du revenu des sociétés au Canada a considérablement diminué, passant de 37 % à 15 %. Les députés m'ont bien entendu. C'est une baisse de 22 points de pourcentage. Le Bureau du directeur parlementaire du budget a découvert que les cadeaux fiscaux de l'ancien gouvernement conservateur aux entreprises ont coûté 12 milliards de dollars de plus chaque année aux contribuables. On parle de 12 milliards de dollars, pas de 12 $ ni de 1 200 $, mais bien de 12 milliards de dollars.
Si ce n'était pas déjà assez aberrant, de récents scandales ayant fait les manchettes dans le monde entier, notamment le scandale des Panama Papers et celui du paradis fiscal de KPMG, qui a pris naissance au Canada, ont prouvé que les plus riches et les sociétés utilisent des stratagèmes d'évitement fiscal de plus en plus poussés. En effet, ils ont recours à des entreprises fictives et à des comptes étrangers dans des paradis fiscaux pour éviter d'avoir à payer leur juste part d'impôt. On estime qu'en 2015, les sociétés canadiennes à elles seules ont caché près de 40 milliards de dollars dans les 10 plus importants paradis fiscaux au monde.
De 1988 à 2001, les investissements directs canadiens à la Barbade, un des principaux paradis fiscaux, ont passé de 628 millions à 23,3 milliards de dollars, une augmentation de 3 600 %. Cette hausse du recours aux paradis fiscaux entraîne pour le Canada un manque à gagner de 7 milliards de dollars en impôts par année. Voilà 7 milliards de dollars qui ne seront jamais investis dans des programmes d'infrastructure grandement nécessaires pour les travailleurs canadiens.
Cela ne s'arrête pas ici. La majoration des dividendes et les crédits d'impôt pour dividendes constituent d'énormes cadeaux fiscaux. Ils coûtent aux contribuables 4,1 milliards de dollars par année. D'ailleurs, 91 % de cet argent se retrouve dans les poches des 10 % des contribuables ayant les revenus les plus élevés et approximativement 50 % de la somme va à la tranche supérieure de 1 % des mieux nantis. N'oublions pas que le crédit pour impôt étranger coûte au Canada 740 millions de dollars par année. Selon une étude récente réalisée par le Centre canadien de politiques alternatives, si nous additionnons tout l'argent provenant des mesures qui profitent principalement aux gens les plus riches, pour 2011 seulement, nous obtenons une somme de plus de 100 milliards de dollars. Il s'agit d'une perte fiscale énorme. Cet argent aurait pu être investi dans des programmes essentiels pour les Canadiens.
Qu'entend-on par « programmes essentiels »? Eh bien, il y a le rétablissement du programme national de logement abordable que les libéraux ont aboli en 1993. L'itinérance existe parce que nous le permettons. Une étude menée en 2014 a révélé qu'un plan d'action pour éliminer l'itinérance au Canada coûterait environ 3,7 milliards de dollars par année.
Le 25 février dernier, un groupe de citoyens animés par un objectif commun, la volonté de mettre fin à l'itinérance, ont participé à la troisième marche annuelle La nuit la plus froide de l'année. À Vancouver, dans ma circonscription, près de 200 personnes ont ainsi marché par une froide soirée d'hiver. Ensemble, nous avons recueilli 50 000 $ pour les sans-abri, qui souffrent et qui ont le ventre vide. Dans un même élan de solidarité, les gens de 118 autres endroits ont participé à cette marche annuelle. Cette activité montre clairement que beaucoup de Canadiens veulent qu'on mette fin à l'itinérance. Cet objectif est tout à fait possible. Ce n'est d'ailleurs pas sorcier: il suffit d'éliminer les échappatoires fiscales.
Pensons par exemple aux grandes entreprises. En éliminant les échappatoires fiscales dont profitent les grandes entreprises, nous pourrions financer un programme national d'assurance-médicaments, dont on a grand besoin. Certaines personnes âgées m'ont confié qu'elles coupent leurs pilules en deux pour pouvoir en avoir plus longtemps ou qu'elles en sont réduites à manger de la nourriture pour animaux. Nous accordons d'énormes allégements fiscaux. Pour quelle raison? Le gouvernement prétend que nous n'avons pas l'argent nécessaire pour ces autres programmes. Moi, je dis que nous pourrions l'avoir. Nous devrions éliminer les échappatoires, imposer les entreprises et réinvestir les fonds recueillis dans la collectivité pour que tous les Canadiens puissent bien vivre au Canada.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de parler de la question importante de l'évasion fiscale et de l'évitement fiscal abusif soulevée par mon collègue, le député de . Je vais partager mon temps de parole, ce matin, avec mon ami et collègue, le député de .
D'abord, je me permets de déclarer sans équivoque que le gouvernement du Canada entend combattre l'évasion fiscale internationale et l'évitement fiscal abusif. Nous estimons que tous les Canadiens doivent payer leur juste part d'impôt, un point c'est tout.
Le budget de l'année dernière contenait plusieurs mesures visant à combattre l'évasion et l'évitement fiscaux et à mieux faire respecter la loi, des mesures qui contribueront à ce que tous fassent leur part d'efforts et payent leur juste part.
En outre, ces mesures nous aident à atteindre l'objectif d'avoir une économie au service de la classe moyenne et non de ceux qui cherchent à contourner nos lois fiscales ou à en tirer autrement un avantage indu. L'évasion fiscale et l'évitement fiscal abusif de la part de particuliers et d'entreprises entraînent un coût fiscal pour les gouvernements et les contribuables. Ils réduisent l'équité et l'intégrité du régime fiscal. Ils transfèrent le fardeau fiscal à la classe moyenne du Canada tout en profitant bien souvent à ceux qui ont amplement les moyens de payer leur juste part.
Voilà pourquoi le gouvernement a pris des mesures décisives dans le cadre du budget de 2016 afin de sévir contre l'évasion fiscale et de lutter contre l'évitement fiscal. Dans le budget de 2016, 444,4 millions de dollars ont été prévus pour l'Agence du revenu du Canada sur une période de cinq ans. Cet investissement permettra à l'Agence d'accroître ses capacités d'évaluation en embauchant plus de vérificateurs et de spécialistes qui auront les ressources nécessaires pour mener des enquêtes plus vastes et plus détaillées.
Ces fonds, qui visent à soutenir les efforts de l'Agence du revenu du Canada pour sévir contre l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal, devraient générer environ 2,6 milliards de dollars en impôts supplémentaires sur cinq ans.
Grâce à l'allocation de ces nouvelles ressources l'année dernière, l'Agence a commencé un examen de tous les contribuables et de certains segments de la population désignés comme présentant un risque élevé. Elle utilise des données externes ainsi que de l'information publique afin de maximiser ses efforts pour cerner l'inobservation.
En ce qui concerne les contribuables faisant partie des listes divulguées de personnes ayant des portefeuilles à l'étranger, l'Agence du revenu du Canada a également durci sa réponse à leur égard. Par exemple, dans le cas des Panama Papers, elle a plus de 76 vérifications de contribuables en cours et de vastes ensembles de données sont examinés. Elle a également exécuté des mandats de perquisition, et plusieurs enquêtes criminelles concernant les participants et les intermédiaires sont en cours.
Nous sommes néanmoins conscients qu'à elles seules les évaluations fiscales ne suffisent pas. Une fois les revenus d'un contribuable ou d'une société évalués, l'État doit en effet avoir les moyens de récupérer l'argent qui lui est dû, et c'est pourquoi nous avons annoncé, dans le budget de 2016, l'affectation de 351,6 millions de dollars de plus sur cinq ans à l'ARC afin qu'elle puisse mieux recouvrir les montants qui lui sont dus. L'argent ainsi récupéré sera réinvesti de manière à renforcer les assises de la classe moyenne et à aider le plus de gens possible à en faire partie.
En fait, l'idée d'une économie favorable à la classe moyenne et à ceux qui travaillent fort pour en faire partie est justement ce qui a guidé nos actions depuis le début de notre mandat. L'une des premières choses que nous avons faites, dès décembre 2016, aura été de baisser l'impôt de la classe moyenne. Près de neuf millions de Canadiens en profitent encore aujourd'hui. Les personnes vivant seules ont vu leur facture d'impôt diminuer en moyenne de 330 $ par année, alors que le fardeau fiscal des couples s'est allégé en moyenne de 540 $ par année.
Nous avons aussi annoncé, dans le budget de 2016, que nous allions redonner encore plus d'argent aux familles à faible revenu et à revenu moyen grâce à l'Allocation canadienne pour enfants, une prestation non imposable plus généreuse et mieux ciblée ayant permis de sortir des centaines de milliers d'enfants de la pauvreté. Elle permet en effet à 9 familles avec enfants sur 10 d'avoir chaque mois plus d'argent à consacrer à l'achat de toutes sortes d'articles, des fournitures scolaires aux vêtements pour l'école, en passant par l'équipement de sport. Pour l'exercice 2016-2017, les familles qui touchent l'allocation recevront en moyenne près de 2 300 $ de plus par rapport aux anciennes prestations.
Voilà quelques-unes des mesures qui contribuent à renforcer et à faire croître la classe moyenne et l'économie canadienne. Nous sommes toutefois conscients qu'il y a encore beaucoup à faire. Il faut faire en sorte que le régime fiscal fonctionne comme il se doit et soit juste, efficace et équitable.
Nous allons continuer d'adopter des mesures législatives et d'autres moyens, à l'échelle internationale et nationale, afin que le régime fiscal canadien soit équitable et serve les intérêts de la classe moyenne.
Sur la scène internationale, le Canada participe très activement à des initiatives visant à contrer l'évasion fiscale internationale et l'évitement fiscal. Le Canada est un membre actif du Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales, qui a été établi afin d'assurer la mise en place de normes rigoureuses sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales entre les pays partout dans le monde.
Le Canada a aussi conclu un vaste ensemble de conventions fiscales bilatérales et d'accords d'échange de renseignements fiscaux. Il a également signé la Convention multilatérale concernant l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale, qui porte sur l'échange de renseignements fiscaux. L'Agence du revenu du Canada peut ainsi obtenir des autorités fiscales étrangères, aux fins de l'impôt du Canada, des renseignements sur les investissements que les contribuables canadiens détiennent dans des pays étrangers et les activités qu'ils y mènent.
Toujours dans une optique de partage des renseignements, le Canada a adopté dernièrement une mesure législative portant sur la mise en oeuvre de la Norme commune de déclaration, élaborée par l'OCDE et appuyée par les dirigeants du G20. Plus de 100 pays, dont le Canada, se sont engagés à mettre en oeuvre cette norme de déclaration, qui permettra aux autorités fiscales d'un pays de communiquer des données sur les comptes détenus par des non-résidents. Ces renseignements seront transmis de façon sécuritaire et automatique aux autorités fiscales du pays dont le titulaire du compte est résident. La Chambre des communes a adopté dernièrement une mesure portant que la norme de déclaration soit mise en oeuvre le 1er juillet de l'année d'imposition en cours.
Le Canada participe aussi activement à un deuxième projet multilatéral visant à résoudre le problème de l'érosion de la base d'imposition et du transfert des bénéfices, problème que l'on désigne aussi parfois par l'acronyme BEPS. L'érosion et le transfert sont le résultat des mécanismes de planification fiscale auxquels ont recours des entreprises multinationales qui, par des moyens souvent légaux, exploitent les interactions entre les règles fiscales de divers pays pour réduire leurs impôts. Le Canada a déjà appliqué un certain nombre de recommandations du projet BEPS, et le gouvernement compte poursuivre sa collaboration avec la communauté internationale pour que les pays agissent de manière cohérente contre la planification fiscale qui engendre l'érosion de la base d'imposition et le transfert des bénéfices.
Le Canada appuie l'important objectif voulant que l'on améliore la transparence des entreprises dans le monde. Le gouvernement du Canada adhère aux normes internationales établies par le Groupe d'action financière international et le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales, en vue de favoriser la transparence des entreprises. La réglementation sur les produits de la criminalité, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme inclut des dispositions obligeant les institutions financières à recueillir certains renseignements sur les véritables propriétaires des entreprises.
Ce train de mesures est conforme au principe fondamental de l'équité qui définit notre pays. Les Canadiens devraient pouvoir compter sur l'intégrité de leur système fiscal. C'est la pierre angulaire de l'équité fiscale. En prenant des mesures pour prévenir l'évasion fiscale et éliminer les échappatoires, nous améliorerons l'équité et l'intégrité du système fiscal et nous contribuerons à sa viabilité au pays et à l'étranger. Nous croyons que notre plan est celui qu'il faut mettre en oeuvre pour améliorer l'intégrité du système fiscal du Canada.
:
Madame la Présidente, c'est toujours un privilège de prendre la parole à la Chambre.
L'avenir est incertain, et le gouvernement travaille d'arrache-pied pour faire en sorte que l'économie du Canada fonctionne pour la classe moyenne. Nous croyons qu'une économie favorable à la classe moyenne permet à tout le monde au pays d'améliorer son sort, et cela signifie qu'il faut veiller à ce que chacun paie sa juste part d'impôt.
Au cours de la dernière année, le gouvernement a pris des mesures importantes. Nous nous sommes fait élire en promettant de favoriser la croissance de la classe moyenne, et c'est exactement ce que nous faisons.
Nous avons d'abord augmenté les impôts des Canadiens les mieux nantis, qui représentent 1 % de la population, afin de pouvoir réduire ceux de la classe moyenne. Plus précisément, nous avons ramené à 20,5 % pour 2016 et les années suivantes le taux d'imposition sur le revenu, qui était de 22 % au fédéral, et nous avons créé un nouveau taux d'imposition — fixé à 33 % — pour les contribuables gagnant plus de 200 000 $ par année. En conséquence, près de neuf millions de Canadiens paient moins d'impôt à présent.
Dans la conjoncture économique actuelle, les familles canadiennes ont besoin de toute l’aide qu’on peut leur donner. Voilà pourquoi nous avons instauré l’Allocation canadienne pour enfants, qui change vraiment la donne dans les budgets des Canadiens et de leur famille. Par comparaison au système que nous avions sous le gouvernement précédent, l’Allocation canadienne pour enfants est plus simple, entièrement non imposable, plus généreuse et mieux ciblée vers ceux qui en ont le plus besoin. Comme le gouvernement n’envoie plus de chèques à des millionnaires, neuf familles canadiennes sur dix reçoivent une allocation pour enfants plus généreuse que sous le gouvernement précédent. Ainsi, les familles qui la reçoivent ont vu leur budget s’accroître de près de 2 300 $ par an, ce qui représente en moyenne près de 190 $ de plus tous les mois. Cette somme supplémentaire aide les familles canadiennes, qui s’en servent pour l’achat de fournitures scolaires, l’éducation des enfants et les frais de garde.
De plus, la dernière étape de la bonification du Régime de pensions du Canada est entrée en vigueur le 2 mars. Ainsi, la bonification du RPC est devenue réalité. Cette entente historique entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux permettra aux jeunes Canadiens d’aujourd’hui de compter sur un solide régime de pensions à la retraite. À maturité, la bonification fera augmenter d’environ 50 %, en dollars d’aujourd’hui, la prestation maximale du régime, soit une augmentation de près de 7 000 $ jusqu’à concurrence de 20 000 $.
De toute évidence, nous travaillons fort afin de réaliser de vrais changements pour les Canadiens. Nous avons accompli des progrès importants pendant ce laps de temps. Cela dit, il reste beaucoup à faire.
Il est crucial que tout le monde paie sa juste part d'impôt pour financer les mesures qui améliorent la vie de l'ensemble des Canadiens. Lorsque certaines personnes ou entreprises trouvent des façons de déjouer le système, c'est généralement la classe moyenne qui en paie le prix. Cette situation est totalement inacceptable et nuit à l'atteinte des objectifs du pays. Voilà pourquoi rendre le régime fiscal plus équitable est une priorité constante du gouvernement.
Comme il a été annoncé dans le budget de 2016, le gouvernement du Canada effectue un examen complet des dépenses fiscales fédérales. Cette mesure découle des préoccupations qui ont été formulées en ce qui a trait à l'efficience, à l'équité et à la complexité du régime fiscal. L'objectif est de faire en sorte que les dépenses fiscales fédérales soient équitables pour les Canadiens et soient faites de façon efficiente et responsable sur le plan financier.
Des experts externes soumettent des données et des avis au gouvernement. Cette approche permet de garantir que l'examen s'appuie sur un éventail de points de vue, provenant tant de l'intérieur que de l'extérieur du gouvernement.
De plus, le gouvernement est déterminé à redoubler d'efforts afin de combattre l'évitement fiscal et l'évasion fiscale à l'échelle internationale. Nous avons pris des mesures à cet effet et nous continuerons de le faire. Ces initiatives contribuent à protéger l'assiette fiscale et donnent aux Canadiens une plus grande assurance que le régime est équitable pour tous.
Le budget de 2016 a investi 444 millions de dollars sur cinq ans afin de permettre à l'Agence du revenu du Canada de réprimer l'évasion fiscale internationale et de lutter contre l'évitement fiscal. Ces fonds permettent à l'Agence d'embaucher des vérificateurs supplémentaires, de développer une infrastructure solide de renseignement d’affaires, d'intensifier les activités de vérification et d'améliorer la qualité des travaux d’enquête. On s'attend à ce que cet investissement visant à aider l'Agence à sévir contre l'évasion fiscale et à lutter contre l'évitement fiscal génère des recettes fiscales d'environ 2,6 milliards de dollars sur cinq ans.
Grâce à ces nouvelles ressources, l'Agence a mis sur pied des équipes se consacrant exclusivement aux promoteurs de stratagèmes fiscaux frauduleux. En raison des nouvelles exigences en matière de déclaration, elle recueille des renseignements sur les transferts électroniques de fonds d'une valeur de plus de 10 000 $. En fonction des renseignements recueillis, elle procède actuellement à des vérifications des contribuables à haut risque qui transfèrent des fonds entre le Canada et des administrations étrangères.
Jusqu'à présent, l'Agence du revenu du Canada a analysé 41 000 transactions d'une valeur de plus de 12 milliards de dollars. Elle mène actuellement des vérifications sur plus de 820 contribuables et des enquêtes criminelles sur 20 cas d'évasion fiscale liés à des comptes à l'étranger.
Cela dit, nous reconnaissons qu'il est insuffisant de s'en tenir à l'évaluation des recettes fiscales. Une fois que cela a été fait, il faut pouvoir récupérer les montants impayés. C'est pourquoi le budget de 2016 prévoit d'accorder 351 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans à l'Agence du revenu du Canada pour accroître sa capacité à recouvrer les dettes fiscales impayées.
En octobre dernier, le Comité permanent des finances, dont je fais partie, a déposé un rapport sur la lutte contre l'évitement fiscal et l’évasion fiscale. Le rapport concluait en énonçant 14 recommandations à l'intention du gouvernement, y compris les suivantes: réaliser un examen du Programme des divulgations volontaires; exiger que tous les fiscalistes enregistrent leurs produits fiscaux auprès de l’Agence du revenu du Canada; améliorer la coordination entre l’Agence du revenu du Canada et le ministère de la Justice, qui engage les poursuites en cas d’évasion fiscale; améliorer les exigences relatives à la déclaration des données statistiques de l'Agence du revenu du Canada en ce qui concerne les efforts déployés pour contrer les stratagèmes d'évitement fiscal et d’évasion fiscale, afin d'augmenter la transparence; et jouer un rôle d’avant-garde afin que soient mises en oeuvre de par le monde les recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques et du Groupe des vingt sur la question.
Il y a tout juste deux semaines, le gouvernement a publié sa réponse officielle au rapport. Je suis fier d'annoncer que dans sa réponse, le gouvernement a déclaré qu'il appuyait les 14 recommandations. Le gouvernement a aussi fourni des renseignements sur le travail qui a été accompli jusqu'ici et le travail qui est toujours en cours pour veiller à ce que tous les Canadiens paient leur juste part d’impôt dans notre grand pays.
Avant de terminer, je tiens à souligner que le gouvernement se concentre entièrement sur les Canadiens et sur ce qui leur importe le plus. Pensons à la croissance économique, à la création d'emplois, au renforcement de la classe moyenne et à l'aide à ceux et celles qui travaillent fort pour en faire partie. S'assurer que le régime fiscal du Canada fonctionne pour tous les citoyens et que nous payons tous notre juste part fait partie de cette responsabilité.
Nous continuerons de surveiller et de renforcer le régime fiscal pour continuer d'obtenir des changements réels au profit de la classe moyenne et à tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer la motion de l'opposition, présentée aujourd'hui par mon collègue le député de . Il vient tout juste d'être nommé porte-parole des néo-démocrates en matière de finances et je l'en félicite. Si je me fie au débat qu'il a amené aujourd'hui, je sais qu'il sera un porte-parole hors pair.
La motion à l'étude aujourd'hui est très claire, et j'ose espérer que les libéraux vont l'appuyer. Elle comporte deux parties: elle demande au gouvernement d'aborder le problème des échappatoires fiscales, et elle lui demande de prendre des mesures énergiques pour s’attaquer aux paradis fiscaux. L'objectif de la motion est d'appliquer le principe voulant que chaque Canadien doive payer sa juste part d'impôts. Elle vise l'équité fiscale.
Je ne dirais pas que le régime fiscal actuel est un modèle d'équité. Trop nombreux sont les riches Canadiens qui se dérobent à leur obligation de payer leur part d'impôt et qui, dans certains cas, sont même prêts à adopter des solutions extrêmes, voire criminelles, pour ne pas en payer du tout.
Il y a quelques années, Warren Buffet a fait une déclaration qui a marqué les esprits: il a dit que, aux États-Unis, son taux d'imposition était inférieur à celui de sa secrétaire. Cela montre qu'il existe de nombreuses échappatoires dont peuvent se prévaloir les mieux nantis de la société. Au Canada, les statistiques sont stupéfiantes. Les principaux PDG canadiens font un salaire 193 fois plus élevé que celui du travailleur moyen. Deux milliardaires canadiens possèdent autant de richesse que près du tiers des Canadiens, soit 33,1 milliards de dollars américains. Les PDG les plus riches du Canada gagnent autant d'argent en une demi-journée que ce que le travailleur moyen canadien peut faire en un an.
Les mesures proposées aujourd'hui par les néo-démocrates ne sont pas radicales. Nous disons simplement que le gouvernement doit resserrer les règles et éliminer les échappatoires et les paradis fiscaux qui permettent aux gens très riches d'éviter de payer leur juste part.
Selon le Centre canadien de politiques alternatives, 59 mesures fiscales environ profitent surtout aux gens qui touchent un revenu supérieur à la moyenne, ce qui représente pour l'État un manque à gagner en recettes fiscales de plus de 100 milliards de dollars. Ces échappatoires nuisent considérablement à la capacité du gouvernement de financer de grandes priorités, comme l'amélioration des soins de santé et des soins aux aînés, les investissements dans le logement abordable et le transport en commun et même la mise sur pied d'un réseau de garderies à prix raisonnable et d'un régime national d'assurance-médicaments, deux idées qui contribueraient beaucoup à bâtir un Canada plus fort et en meilleure santé. Je pense aux avantages que ces programmes pourraient procurer à ma circonscription, . Ils rendraient la vie plus abordable à un grand nombre de familles et de particuliers et ils permettraient d'améliorer leur sort.
Lors des dernières élections, on a beaucoup parlé de l'échappatoire fiscale liée aux options d'achat d'actions. Presque partout au Canada, on estime que les bénéfices provenant des options d'achat d'actions sont un gain en capital, et qu'en conséquence, ils sont imposés à la moitié du taux du revenu ordinaire. Comme mesure incitative, beaucoup d'entreprises offrent à leurs employés des options d'achat d'actions dans leur régime de rémunération. Cet outil a été conçu à l'origine pour aider les entreprises en démarrage et en croissance à amasser de l'argent, mais il est maintenant utilisé principalement par les Canadiens les plus riches.
Au sein des 60 sociétés cotées en bourse les plus importantes du Canada, la rémunération des PDG se compose désormais d'environ 25 % d'options d'achat d'actions. Cette situation coûte aux gouvernements provinciaux et fédéral près de 1 milliard de dollars par année en recettes cédées. Les libéraux savent que c'est vrai. En 2011 et en 2015, leur programme électoral reconnaissait ces faits. Les néo-démocrates et les libéraux ont fait campagne pour supprimer l'échappatoire fiscale liée aux options d'achat d'actions, mais une fois de plus, les libéraux ont fait une promesse qu'ils n'ont apparemment jamais eu l'intention de tenir.
L'autre semaine, à une séance du comité du commerce international, nous avons eu le plaisir d'entendre la discuter des mesures prises par le gouvernement pour aider les petites entreprises à percer les marchés internationaux. Je lui ai posé une question sur la promesse électorale des libéraux consistant à réduire le taux d'imposition des petites entreprises. Elle a répondu que l'idée fait de belles manchettes, certes, mais qu'elle n'est plus considérée comme judicieuse. Sa réponse m'a semblé très cynique et loin d'être en phase avec ce que me disent les gens d'.
Lorsque les partis font des promesses électorales, qu'il s'agisse de réformer le système électoral, de réduire le taux d'imposition des petites entreprises ou d'éliminer la déduction d'impôt sur les options d'achat d'actions, les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement remplisse ses engagements, plutôt que de les renier et de remettre en cause leur bien-fondé. Les libéraux rompent leurs promesses les unes après les autres. C'est honteux. Je crains qu'après quatre ans de gouvernement libéral, les Canadiens se montrent encore plus cyniques par rapport à la politique qu'après 10 ans de régime conservateur.
Une fois élus, après avoir fait campagne sur la promesse d'imposer pleinement les options d'achats d'actions d'une valeur supérieure à 100 000 $, les libéraux annoncent qu'ils ne toucheront pas à cette déduction d'impôt. Nous avons entendu dire que les PDG de Bay Street, lesquels profitent grandement de la déduction, se sont livrés à un intense lobbying pour que l'échappatoire soit maintenue.
Tant les libéraux que les conservateurs ont soutenu qu'éliminer la déduction d'impôt sur les options d'achat d'actions nuirait aux petites entreprises et aux entreprises en démarrage, arguant qu'elles ne pourraient plus offrir des options d'achat d'actions à leurs employés comme rémunération incitative. Or, maintenir l'échappatoire n'empêcherait pas les entreprises d'inclure celles-ci dans leur régime de rémunération. Les entreprises en démarrage seraient toujours en mesure d'offrir des options d'achat d'actions pour attirer et retenir des employés. Ces derniers n'auraient qu'à payer leur juste part d'impôt sur leur revenu, au même taux que celui des Canadiens ordinaires, plutôt que d'avoir droit à une déduction de 50 %.
Lorsqu’il est question d’échappatoires et d’évasion fiscale, il ne s’agit pas de Canadiens qui versent de l’argent dans des REER ou des CELI. Il s’agit plutôt d’opérations illégales occultes, comme celles concoctées par KPMG, qui permettent à des Canadiens de cacher leur argent dans des comptes à l’étranger.
Dans la deuxième partie de la motion d’aujourd’hui, on demande au gouvernement de « prendre des mesures énergiques pour s’attaquer aux paradis fiscaux ». Le mot clé, ici, est « énergiques ». Cela signifie « resserrer les règles pour les sociétés fictives ». Cela signifie « renégocier les conventions fiscales qui permettent aux sociétés de rapatrier au Canada les profits des paradis fiscaux sans payer d’impôt », et cela signifie aussi « mettre fin aux ententes de pardon sans pénalité pour les individus soupçonnés d’évasion fiscale ».
Il ne s’agit pas seulement d’une question fiscale, mais aussi de mettre la main au collet des criminels en cravate. Les députés ministériels parlent de la taille du budget de l’ARC lorsqu’il est question de s’attaquer aux fraudeurs du fisc, mais nous n’avons pas encore vu d’accusations criminelles. Il est clair que le gouvernement doit faire davantage pour résoudre le problème des fraudes fiscales, qui privent les Canadiens de milliards de dollars de revenus plus que nécessaires pour améliorer nos collectivités.
Le Canada tire de l’arrière par rapport aux autres pays du G7 en ce qui a trait à la lutte contre les paradis fiscaux. L’ancien gouvernement conservateur a éliminé 3 000 emplois à l’ARC, dans le service responsable de la détection des fraudes fiscales, y compris les emplois de centaines de vérificateurs et de 50 gestionnaires hautement qualifiés. Il s’agit d’un parfait exemple du peu de vision de ces réductions budgétaires à caractère idéologique. Selon les chiffres du ministère des Finances, chaque dollar investi dans la lutte contre l’évasion fiscale internationale et l’évitement fiscal abusif rapporte 10 $. Le gouvernement libéral a fait de nouveaux investissements dans l’ARC, qui sont les bienvenus, mais qui ne représentent pas la solution miracle. Il s’agit plutôt du point de départ d’un débat plus large sur la façon de résoudre ce problème complexe.
J’ai déjà abordé de nombreux éléments d’une stratégie énergique et efficace pour combattre les échappatoires fiscales et les paradis fiscaux. J’aimerais attirer l’attention de mes collègues sur un autre élément concernant les répercussions des réductions draconiennes de l’impôt sur le revenu des sociétés. Les conservateurs ont réduit leur taux d’imposition du tiers, le faisant passer de 22 % à 15 % sur six ans, et les libéraux l’ont maintenu à ce niveau très faible, qui est même inférieur au taux appliqué aux États-Unis. Selon le directeur parlementaire du budget, ces allégements fiscaux consentis aux entreprises coûtent au gouvernement 12 milliards de dollars par année. Il a été démontré que les réductions draconiennes des conservateurs n’ont pas stimulé les investissements ni entraîné la création d’emplois promise. Nous sommes encore une fois en présence d’une autre décision idéologique qui n’a pas entraîné de croissance économique ni de création d’emplois. Il s’agit uniquement d’immenses largesses fiscales, dont les seules répercussions ont été la réduction des revenus fiscaux du gouvernement, revenus qui pourraient servir à améliorer les soins de santé et l’infrastructure communautaire, ainsi qu’à répondre à d’autres priorités urgentes au Canada.
Les libéraux ont promis des changements pour les gens ordinaires. Ils ont promis des politiques économiques équitables, permettant de rehausser le niveau de vie de tous, et non pas uniquement des mieux nantis. Les Canadiens sont de plus en plus frustrés de l’échec des libéraux à livrer la marchandise. Nous sommes plutôt en présence d’un statu quo. Plutôt que d’écouter les Canadiens ordinaires, les libéraux écoutent ceux qui parlent le plus fort, les lobbyistes et ceux qui ont leurs entrées et qui surveillent les intérêts des sociétés et des PDG les plus fortunés.
En tant que néo-démocrate et fière représentante d’Essex, je veux parler au nom des travailleurs laissés pour compte par une économie où les exclus sont trop nombreux. Je veux me battre pour un Canada qui fonctionne pour chacun et chacune, et pas seulement pour les bien nantis et les bien branchés. Aujourd’hui, les néo-démocrates invitent le gouvernement libéral à voir à ce que les PDG et les grandes sociétés paient leur juste part. J’espère que tous mes collègues se joindront à moi pour voter en faveur de cette motion.
:
Madame la Présidente, j'ai grandi dans un foyer ordinaire où le travail faisait partie de notre quotidien. Mon père travaillait dans l'industrie forestière et ma mère est toujours infirmière en psychiatrie. Quand l'industrie forestière a connu des difficultés, notre famille a eu sa part de soucis, mais nous avons toujours trimé, chez nous.
Ma famille m'a appris que je devrais toujours payer ma juste part. Mes parents m'ont toujours dit, et c'est ce que j'ai toujours dit à mes enfants, de ne pas me plaindre à cause des impôts, car cet argent était investi dans des choses importantes comme les soins de santé et les routes ou servait à aider les personnes dans le besoin.
C'est ce dont nous parlons aujourd'hui: de payer notre juste part, de veiller à ce que tous les Canadiens payent leur juste part afin que nous puissions construire un pays fort, d’investir dans toutes ces choses qui constituent notre réseau social, et de préserver un niveau de vie équilibré au pays.
Nous sommes ici aujourd'hui parce que les gens qui travaillent dur jour après jour payent leur juste part, même quand c’est difficile. Pendant qu’ils font leur juste part, d’autres, beaucoup mieux nantis, trouvent des façons d'y échapper.
Je tiens à remercier le porte-parole du NPD en matière de finances d'avoir présenté cette motion, qui vise à régler les inégalités systémiques de notre régime fiscal. L'évasion fiscale, les échappatoires fiscales, les sociétés fictives et les paradis fiscaux sont autant de moyens de ne pas payer d'impôts. Des semaines durant, KPMG a fait la manchette à répétition. Tous les deux ou trois mois, nous entendons parler d'affaires semblables, de comptables ingénieux qui trouvent des façons de manipuler les livres afin de permettre à des millionnaires et à des milliardaires de déjouer le système et de cacher leur argent.
Je tiens à être claire. Cet argent est gagné sur le dos de quelqu'un. Ces profits sont réalisés aux dépens de vaillants travailleurs de partout au Canada. C'est pour cette raison qu'il est si important de mettre fin aux échappatoires fiscales. Nous devons nous pencher sérieusement sur ce dossier parce que la valeur des travailleurs est en cause. Il arrive que les révélations soient telles que je préfère ne pas lire les articles. Il est très décourageant de voir autant de résidants de ma circonscription, North Island—Powell River, aux prises avec de grandes difficultés au quotidien. Et ces histoires se répètent, tous les deux ou trois mois, année après année, et les véritables solutions se font toujours attendre.
Nous avons tous, à un moment ou à un autre, lu des histoires de comptables astucieux qui trouvent constamment de nouvelles façons de tricher par quelque moyen que ce soit, qui poussent les pays dans une course au dumping fiscal, ou qui exercent des pressions sur les gouvernements pour qu’ils ne s’engagent pas dans cette lutte. Malgré cela, je crois toujours fermement que nous ne devons pas céder et que nous pouvons, graduellement et de façon intelligente, prendre des mesures pour mettre fin à ces magouilles et resserrer la Loi de l’impôt sur le revenu. C’est d’une importance capitale parce que cela touche les Canadiens qui travaillent dur et qui paient plus que leur juste part, tandis que les gens riches, les millionnaires et les milliardaires, dissimulent leurs gains.
Je suis tellement fière que la motion d’aujourd’hui contienne des exemples précis de cas que le Parlement devrait prendre très au sérieux. Un de ces exemples est la récente offre faite aux clients de KPMG, qui a facilité l’évitement fiscal et les a exemptés de toute poursuite judiciaire future au criminel ou au civil, et de toute amende ou pénalité. Si les gens de ma circonscription doivent une toute petite somme d’argent, ils doivent obligatoirement payer des amendes et des pénalités, même quand cela fait mal à leur portefeuille.
Le NPD demande une enquête complète sur l’affaire KPMG. On devrait sérieusement envisager de mettre fin aux amnisties sans peine ou amende aux individus soupçonnés d’évasion fiscale, car c'est un véritable cadeau pour les riches fraudeurs fiscaux et ceux qui prennent tous les moyens pour éviter de payer des impôts. Assez c’est assez.
Un autre exemple est de changer les règles sur l’impôt des sociétés qui permettent la création de sociétés fictives qui n’ont d’autre but que de protéger la richesse des ultra-riches. Cela joue un important rôle dans les activités de blanchiment d’argent à grande échelle. Le principal cas des Panama Papers était celui du cabinet d’avocats Mossack Fonseca, qui a géré plus de 300 000 entreprises au fil des ans. Cela est inacceptable.
Ce débat est aussi un excellent point de départ au débat de cette année sur le budget en raison des occasions et des priorités de celui-ci et de ce que cela représente pour nous tous.
Tout d’abord, c’est l’occasion pour le de s'occuper de ces crédits spéciaux et de ces échappatoires qui coûtent plus de 100 milliards de dollars en pertes fiscales annuelles au gouvernement. Si on arrivait à récupérer ne serait qu'une partie de ce montant, on pourrait subventionner un programme national d’assurance-médicaments, un programme national de garderies et la prestation de soins égaux aux enfants des Premières Nations. Nous attendons encore l'allocation de cet argent pour venir en aide aux enfants qui souffrent partout au pays.
Ensuite, les budgets sont avant tout une question de priorités. La semaine dernière, dans ma circonscription, North Island—Powell River, j’ai participé à la marche La nuit la plus froide de l’année. J’étais très heureuse de voir qu’autant d'habitants de Campbell River — localité située à l’autre extrémité de la circonscription — et d’ailleurs étaient venus participer à cette activité bénéfice. Ils savent ce que c’est que de ne pas avoir de domicile, de ne pas pouvoir se nourrir convenablement ou de lutter chaque jour pour simplement survivre.
Nous devons absolument nous rappeler les gens qui paient leur juste part et qui peinent dur chaque jour simplement pour survivre quand nous voyons ce qui se passe avec les échappatoires fiscales et l’évasion fiscale. J’ai hâte de pouvoir examiner de près les mesures proposées pour m’assurer que l’équité, y compris l’équité fiscale, est finalement prise au sérieux. Les Canadiens méritent cela.
Les libéraux n’ont pas pris l’équité fiscale très au sérieux par le passé, et il est temps que cela change. Si nous prenons un peu de recul, nous voyons deux partis à la Chambre qui défendent leur triste bilan à ce chapitre. Ils parleront de grosses sommes d’argent comme celles qui ont été investies dans l’Agence du revenu du Canada pour récupérer les fonds et raconteront de bien belles histoires, mais les Canadiens ne se laissent pas duper par ces écrans de fumée. Ils savent que les pertes de revenus sont souvent dues à des priorités mal placées et à des promesses non tenues.
L'une des promesses qui n’ont pas été tenues concerne la déduction pour option d’achat d’actions. Après avoir promis, au cours de la dernière campagne électorale, d’imposer pleinement les gains sur les options d’achat d’actions individuelles de plus de 100 000 $, une fois au pouvoir, les libéraux ont annoncé qu’ils n’y toucheraient pas. Encore une fois, les Canadiens qui travaillent fort paient leur juste part chaque jour. Il est tout à fait raisonnable pour nous de demander des comptes à ceux qui ne paient pas leur juste part.
Nous savons maintenant tous les moyens de pression qu’ont exercés les PDG de Bay Street, à qui cette mesure profite grandement, pour maintenir les échappatoires en place. À un moment ou à un autre, nous devrons nous décider, et j’espère que le gouvernement libéral prendra des mesures concrètes pour veiller à ce que non seulement les Canadiens qui travaillent fort paient leur juste part, mais que les PDG des sociétés paient également leur juste part. Cette échappatoire profite aux ultra-riches, et pourtant, elle a coûté des milliards de dollars en pertes fiscales à des gouvernements libéraux et conservateurs successifs au cours des trois dernières décennies. La volte-face des libéraux sur la question de l’échappatoire liée aux options d’achat d’actions démontre l’influence qu’exercent les puissants lobbyistes internes sur les politiques du gouvernement.
Ceux qui influencent mes priorités sont les gens que je sers dans ma circonscription, North Island—Powell River, des gens qui travaillent très fort tous les jours, qui doivent relever les défis d’une économie changeante, qui doivent composer avec une économie axée sur les ressources, qui voient les entreprises forestières lutter et les arbres être expédiés à l’extérieur de la circonscription. Ils veulent davantage d’emplois rémunérateurs dans leurs collectivités et veulent s’assurer qu’ils ne paient pas plus que leur juste part, alors que d’autres échappent à leurs obligations.
L’acceptation systématique, par le gouvernement, des fraudeurs fiscaux et de leurs entités leur permet de tricher le système. Notre système permet à chaque citoyen de contribuer de manière équitable aux services publics et aux programmes sociaux. S’ils ne le font pas, alors chaque Canadien s’en trouve lésé.
Dans son rapport annuel de 2016 sur l'inégalité des revenus, Oxfam a blâmé les paradis fiscaux pour le fossé croissant entre les riches et les pauvres. Les Canadiens veulent de meilleurs soins de santé, des infrastructures communautaires et de bons emplois, et ils souhaitent que nous nous attaquions aux changements climatiques. Au lieu de cela, les libéraux maintiennent les échappatoires fiscales qui profitent aux Canadiens les plus riches, laissant pour compte la plupart des Canadiens.
Les aînés se voient obligés de choisir entre se chauffer, acheter des médicaments, ou payer leur logement. Les familles n'ont pas d'argent pour payer les soins de garderie ni même le huard qu’il en coûte pour envoyer leurs enfants participer à une excursion scolaire. Il est temps pour tout le monde de payer sa juste part et d’arrêter de placer le fardeau sur ceux qui travaillent le plus fort et qui ont le plus de défis à relever.
:
Madame la Présidente, avant de commencer, je désire vous informer que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je me permets de commencer en disant que quand l'économie est à l'oeuvre pour la classe moyenne, le pays est à l'oeuvre pour tout le monde. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement s'efforce de ramener la confiance et l'optimisme dans la classe moyenne du Canada et d'aider les personnes qui cherchent à en faire partie. Nous restons déterminés à faire encore plus.
L'une des premières mesures prises par le gouvernement après son arrivée au pouvoir a été d'augmenter les impôts de la tranche de 1 % des contribuables les plus riches afin de pouvoir réduire ceux de la classe moyenne. Nous avons ramené le taux d'imposition fédéral de 22 % à 20,5 % pour 2016 et les années d'imposition subséquentes. Cette réduction d'impôt profite déjà à près de neuf millions de Canadiens. Les personnes seules qui en bénéficient économiseront en moyenne 330 $ par année en impôt, et les couples, 540 $ par année. La classe moyenne aura ainsi plus d'argent à sa disposition. Pour mieux financer les réductions d'impôt de la classe moyenne, le gouvernement a augmenté les impôts des Canadiens les plus riches en ajoutant un taux d'imposition de 33 % applicable aux contribuables dont le revenu imposable est supérieur à 200 000 $ par année.
Le gouvernement a ensuite procédé à l'une des plus importantes innovations de toute une génération en matière de politique sociale en créant l'Allocation canadienne pour enfants. Cette allocation donne à neuf familles sur dix et à leurs enfants plus d'argent chaque mois à dépenser pour des choses qui vont du matériel scolaire à l’équipement de sport. Les familles qui y sont admissibles ont bénéficié d’une augmentation moyenne des prestations pour enfants de près de 2 300 $ au cours de l'exercice 2016-2017. L’Allocation canadienne pour enfants aide énormément les familles de ma circonscription, Brampton-Nord. Élever une famille au Canada peut être difficile, mais l'Allocation canadienne pour enfants contribue à alléger le fardeau financier des familles de qui en ont le plus besoin.
Le gouvernement prend également des mesures nécessaires pour que les Canadiens d'aujourd'hui prennent un jour leur retraite dans la sécurité et la dignité. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons entamé la dernière étape de la mise en œuvre de la bonification du Régime de pensions du Canada.
Ensemble, ces mesures contribueront à renforcer et à faire croître la classe moyenne du Canada, ce qui rendra l'économie et le pays plus forts que jamais auparavant.
Passons à la question soulevée par la motion d'aujourd'hui, soit la garantie d'un régime fiscal équitable au Canada. Nous croyons que tous les Canadiens doivent payer leur juste part d'impôt, point à la ligne. L'économie clandestine, l'évasion fiscale et la planification fiscale abusive nuisent à l'équité fiscale. Trop souvent, ce sont les travailleurs canadiens de la classe moyenne, comme ceux de ma circonscription, , qui doivent payer la note pour l'égoïsme de certaines entreprises qui cherchent à obtenir un avantage injuste. C'est totalement inacceptable. C'est pour cette raison que le gouvernement prend constamment des mesures pour sévir contre l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal abusif.
La stratégie du gouvernement pour combattre ces problèmes comprend la prestation de ressources suffisantes à l'Agence du revenu du Canada pour qu'elle applique et qu'elle fasse respecter les lois fiscales. Par exemple, dans le budget de 2016, le gouvernement a réservé 444,4 millions de dollars à l'amélioration des efforts de l'Agence pour réprimer l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal en prenant un certain nombre de mesures, notamment l'embauche de vérificateurs et de spécialistes supplémentaires, le développement d'une infrastructure solide de renseignement d’affaires, l'intensification des activités de vérification et l'amélioration de la qualité des enquêtes qui ciblent les cas d’évasion fiscale criminelle.
De plus, dans le cadre du budget de 2016, le gouvernement a investi 351,6 millions de dollars pour que l'Agence soit mieux à même de recouvrer les dettes fiscales impayées, ce qui lui permettra de récupérer environ 7,4 milliards de dollars de plus en impôt dû à l'État canadien.
De plus, il faut constamment apporter des ajustements au régime fiscal canadien pour qu'il fonctionne comme prévu et qu'il permette que l'économie profite à tous. C'est pourquoi le Canada prend activement part, sur la scène internationale, aux initiatives multilatérales concertées visant à s'attaquer à ce qu'on appelle l'érosion de la base d'imposition et le transfert de bénéfices, c'est-à-dire les mécanismes de planification fiscale auxquels certaines multinationales ont recours pour réduire indûment leur fardeau fiscal.
Ici même, au Canada, nous cherchons à empêcher les particuliers fortunés de se servir de transferts à des entreprises privées pour réduire indûment leur charge fiscale ou en retarder le paiement. Le budget de 2016 a instauré des mesures qui empêchent les chefs d'entreprise de profiter plusieurs fois de la déduction d'impôt de 500 000 $ applicable aux petites entreprises en mettant à profit des structures d'entreprise et de partenariat complexes. Il a aussi éliminé des échappatoires qui permettaient aux entreprises privées de distribuer des sommes exemptes d'impôt par le biais d'une police d'assurance-vie.
Cette liste de mesures n'est nullement exhaustive, mais elle donne une bonne idée de la détermination du gouvernement à lutter contre l'évasion et l'évitement fiscaux. La lutte contre les fraudeurs est une question d'équité, et nous savons que les Canadiens veulent que les choses soient équitables.
En prévenant l'évasion fiscale et en éliminant les échappatoires fiscales, nous rendrons le régime fiscal plus juste et droit et nous favoriserons la viabilité des finances publiques, tant au Canada qu'à l'étranger. Nous estimons que, pour rendre le régime fiscal canadien plus juste, notre plan est celui qui s'impose.
:
Madame la Présidente, permettez-moi d'abord d'affirmer que, lorsque l'économie est à l'oeuvre pour la classe moyenne, le pays est à l'oeuvre pour l'ensemble de la population.
Depuis son arrivée au pouvoir, notre gouvernement s'est efforcé de redonner confiance et optimisme à la classe moyenne du Canada et de venir en aide à ceux qui cherchent à en faire partie. C'est le cas de Rivière-des-Mille-Îles, et c'est le cas partout au Canada, alors que nous sommes toujours résolus à en faire encore plus.
L'une des premières mesures prises par notre gouvernement consistait à réduire l'impôt de la classe moyenne. Nous avons réduit le taux fédéral d'imposition du revenu, le faisant passer de 22 % à 20,5 % pour l'année 2016 et les années suivantes. Cette baisse d'impôt profite déjà à près de 9 millions de Canadiens. Les particuliers sans conjoint qui en bénéficieront se verront accorder un allégement fiscal moyen de 330 $ chaque année, et les couples qui en bénéficieront se verront accorder un allégement fiscal moyen de 540 $ chaque année. Cela signifie que ces personnes auront plus d'argent dans leurs poches, ce qui se traduira par une classe moyenne plus forte.
Pour aider à financer cette baisse d'impôt pour la classe moyenne, le gouvernement a haussé l'impôt des Canadiens les plus riches en instaurant un nouveau taux d'imposition du revenu des particuliers de 33 % pour les particuliers dont le revenu imposable dépasse 200 000 $ par année.
Notre gouvernement a ensuite procédé à la mise en place de l'une des plus importantes innovations en matière de politique sociale depuis une génération. Il s'agit de la nouvelle Allocation canadienne pour enfants, qui aide, dans ma circonscription, 10 300 familles, dont 18 870 enfants. L'Allocation fait en sorte que neuf familles sur dix qui ont des enfants reçoivent plus d'argent chaque mois, qu'elles peuvent consacrer à des choses aussi variées que des fournitures scolaires ou de l'équipement sportif.
Les familles avantagées par cette mesure ont vu leurs prestations pour enfants augmenter de près de 2 300 $ par année, pour les prestations de 2016-2017. Pour ma part, les concitoyens de ma circonscription, Rivière-des-Mille-Îles, reçoivent environ 530 $ par mois. Lorsque je vais à la rencontre de mes citoyens, plusieurs me disent à quel point l'Allocation canadienne pour enfants est une aide importante pour eux et le bien-être de leurs enfants.
Notre gouvernement prend par ailleurs des mesures importantes afin de s'assurer que les jeunes Canadiens d'aujourd'hui pourront profiter d'une retraite plus sûre et avec plus de dignité dans l'avenir. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons franchi la dernière étape de la mise en oeuvre de la bonification du Régime de pensions du Canada. Cet ensemble de mesures aidera à renforcer et à faire progresser la classe moyenne du Canada.
Je voudrais maintenant parler de la question soulevée par la motion d'aujourd'hui, soit la garantie que le régime fiscal du Canada soit équitable. L'économie souterraine, l'évasion fiscale et la planification fiscale abusive font obstacle à l'équité fiscale, et, trop souvent, ce sont les Canadiens de la classe moyenne qui travaillent fort qui paient la note de l'égoïsme de particuliers et d'entreprises qui cherchent à obtenir un avantage injuste.
Soyons clairs, c'est totalement inacceptable. Voilà pourquoi notre gouvernement continue d'agir pour s'attaquer à l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal agressif. Dans le cadre de sa stratégie pour contrer ces pratiques, il fournit à l'Agence du revenu du Canada les ressources suffisantes pour qu'elle puisse appliquer et faire respecter les lois fiscales.
Par exemple, le budget de 2016 comportait un engagement de 444,4 millions de dollars afin de permettre à l'Agence du revenu du Canada de faire encore davantage pour réprimer l'évasion fiscale et lutter contre l'évitement fiscal en prenant diverses mesures. Ces mesures comprennent l'embauche de vérificateurs et de spécialistes supplémentaires, le développement d'une infrastructure solide de renseignements d'affaire, l'intensification des activités de vérification et l'amélioration de la qualité des travaux d'enquête qui ciblent les cas d'évasion fiscale criminelle.
Le budget de 2016 a aussi octroyé 351 millions de dollars sur cinq ans à l'Agence du revenu du Canada pour l'aider à accroître sa capacité à recouvrer les dettes fiscales impayées, ce qui facilitera la perception de 7,4 milliards de dollars en impôt à payer au gouvernement et aux Canadiens.
En outre, le régime fiscal du Canada doit être sans cesse ajusté pour fonctionner comme prévu et contribuer à l'objectif d'une économie au service de tous. C'est la raison pour laquelle le Canada participe activement à des activités multilatérales coordonnées sur la scène internationale, afin de lutter contre l'érosion de l'assiette fiscale et le transfert des bénéfices, c'est-à-dire des mécanismes de planification fiscale internationale qui sont utilisés par des multinationales pour réduire leurs impôts au minimum de manière inappropriée.
Au pays, nous travaillons pour bloquer la capacité des personnes fortunées à utiliser des sociétés privées pour réduire ou reporter leurs impôts de manière inappropriée. Pour répondre à cette préoccupation, le budget de 2016 renfermait des mesures aux fins suivantes: empêcher les propriétaires d'entreprise de profiter plus d'une fois de la déduction de 500 000 $ accordée aux petites entreprises en recourant à des structures complexes de sociétés et de sociétés de personnes, et éliminer les échappatoires permettant aux sociétés privées d'utiliser une police d'assurance-vie pour distribuer des montants libres d'impôt qui seraient autrement imposables.
Les mesures que j'ai mentionnées aujourd'hui ne sont en aucune façon exhaustives. Elles donnent toutefois une bonne idée de l'attention que le gouvernement accorde à la lutte contre l'évasion fiscale et l'évitement fiscal. Les mesures destinées aux personnes qui évitent l'impôt concernent l'équité. En intervenant afin de prévenir l'évasion fiscale et d'éliminer les échappatoires fiscales, nous améliorerons l'intégrité du régime fiscal, et nous contribuerons à la viabilité des finances publiques au pays comme à l'étranger.
J'ai la ferme conviction que notre plan est celui qui convient pour accroître l'intégrité du régime fiscal canadien.
:
Madame la Présidente, avant de commencer mon allocution, je désire vous indiquer que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
[Traduction]
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour parler enfin d'un sujet qui préoccupe réellement les habitants de ma circonscription. Si la motion venait à être adoptée, elle permettrait vraiment de changer les choses pour eux. Nous passons beaucoup de temps à parler des divers dossiers que les partis présentent à la Chambre, mais je ne suis pas toujours convaincu qu'ils comptent vraiment parmi les priorités de mes concitoyens.
L'idée que certaines personnes gagnent autant en une demi-journée que ce que le travailleur canadien moyen prend un an à accumuler, puis que ces personnes expédient cet argent à la Barbade sans payer un sou d'impôt, ou encore qu'elles décident, assises à la table du conseil d'administration de leur société, de se faire payer en options d'achat d'actions plutôt que de recevoir un salaire afin de ne pas avoir à payer autant d'impôt est tout simplement révoltante.
Il y a un principe important en jeu ici. C'est ce qui distingue le NPD des deux autres grands partis à la Chambre, qui ont passé des années à collaborer afin de trouver des moyens d'aider des gens qui sont déjà riches et puissants à mettre leur argent à l'abri afin d'éviter d'avoir à payer leur juste part d'impôt. Les Canadiens veulent que nous adoptions des mesures concrètes à ce sujet. D'où je viens, les gens veulent que nous agissions à cet égard.
Les gens vont travailler tous les jours et ils payent leur juste part d'impôt. Ils s'occupent aussi de leur famille et ils se rendent compte que, à mesure que leurs parents et leurs grands-parents avancent en âge, ils doivent recourir à des services de santé. Les médicaments coûtent cher. Pourtant, nous avons entendu les gouvernements libéraux et conservateurs, un après l'autre, invoquer le manque d'argent, quoi qu'ils aient promis dans leur programme électoral. Ils prétendent ne pas avoir l'argent nécessaire pour instituer un régime national d'assurance-médicaments. Ils disent qu'un tel régime est trop coûteux et ils demandent où ils trouveraient l'argent. Il est assez difficile de croire le gouvernement, qu'il soit conservateur ou libéral, quand il dit que nous n'avons pas l'argent nécessaire lorsqu'on voit combien perd l'économie canadienne tous les ans parce que des gens qui gagnent des sommes scandaleuses refusent de payer leur juste part d'impôt.
Il est difficile de croire que nous n'avons pas vraiment l'argent nécessaire. Pour régler le problème, il faudrait que les libéraux et les conservateurs aillent réclamer les impôts impayés que doivent leurs amis. Les Canadiens méritent un gouvernement qui soit prêt à affronter les grandes sociétés canadiennes et à leur dire: « Vous faites des profits au Canada. Vous devez donc payer votre juste part d'impôt ». Les sociétés font des profits au Canada parce que les Canadiens travaillent chaque jour et créent des biens et services qui rapportent. Le gouvernement devrait leur dire d'assumer leur juste part du fardeau fiscal pour qu'une mère qui tombe malade et qui a besoin d'être traitée avec certains médicaments ait les moyens de payer les ordonnances. Puisque les Canadiens se rendent au travail et permettent à ces sociétés de faire des profits, celles-ci devraient payer leur juste part afin que les employés aient une garderie adéquate où leurs enfants peuvent passer la journée en sécurité. Malheureusement, les travailleurs créent des biens et services qui engendrent des profits pour des personnes et des sociétés qui ne se soucient guère de payer leur juste part d'impôt et qui estiment acceptable d'envoyer leur argent à la Barbade.
Voilà l'un des principaux enjeux qui m'ont amené à la vie politique. Je regarde les vieux partis — que ce soit les libéraux ou les conservateurs — et je vois qu'ils cèdent quand les gens riches et puissants viennent à Ottawa pour leur dire quoi faire. Je pense que c'est révoltant. Les Canadiens méritent mieux.
Par exemple, aux dernières élections, nous pensions que le Parti libéral allait peut-être abandonner sa vieille habitude de courber l'échine devant les riches et les puissants au Canada lorsqu'ils ont accepté de remédier à l'échappatoire des options d'achat d'actions pour les PDG. C'est écrit noir sur blanc dans leur plateforme. Ils l'ont promis. Or, rien n'a changé après les élections, sauf que les libéraux sont au pouvoir. Ils savent qu'ils disposent d'un mandat de quatre ans et se disent qu'ils n'ont pas besoin d'honorer leurs promesses aux Canadiens. Voilà quelle est leur attitude. La seule chose qui a changé, c'est qu'ils ont été élus. Puis, les lobbyistes de Bay Street sont venus à Ottawa, comme en témoigne le registre des lobbyistes, et se sont entretenus avec leur ami le ministre de la haute finance. Ils lui ont dit: « S'il vous plaît, monsieur le ministre, vous ne pouvez pas faire cela. Cela va me coûter tellement d'argent que je vais être obligé de me contenter d'un yacht de seconde classe plutôt que d'un yacht de première classe. »
Les libéraux vont-ils dire aux familles canadiennes qu'il n'y aura pas de régime national d'assurance-médicaments? Vont-ils dire aux travailleurs canadiens, ceux qui travaillent pour moi, qu'ils ne peuvent pas compter sur des services de garde sûrs parce que certaines personnes ne veulent pas se sentir mal à l'aise lorsqu'elles vont dans le Sud pendant un mois parce que leur yacht n'est pas le plus beau? Imaginons un peu ce qui se dit dans le cadre de ces conversations privées et ce que l'on demande aux Canadiens ordinaires qui ont besoin d'aide, mais qui travaillent et paient leur juste part afin que le gouvernement leur fournisse ce dont ils ont besoin, qu'il s'agisse de services de garde, d'un régime d'assurance-médicaments ou d'investissements dans les soins à domicile.
Nous avons un gouvernement qui refuse de pourchasser les fraudeurs de l'impôt. Il leur accorde l'amnistie, puis il affirme qu'il n'a pas les moyens de subventionner les soins à domicile, de sorte que les provinces devront accepter la disposition d'indexation prévue par le gouvernement Harper pour l'accord sur la santé. Les provinces veulent obtenir un peu de financement pour les soins à domicile, un financement que le gouvernement devait verser pour les Canadiens. C'était une promesse électorale, et le gouvernement devait verser ces fonds immédiatement. Le gouvernement a réussi à trouver une partie de cet argent, mais il ne le versera aux provinces que si celles-ci acceptent la disposition d'indexation du gouvernement Harper.
Voilà où en est la politique dans ce pays sous la direction du gouvernement libéral. Celui-ci utilise des promesses qu'il a faites et des fonds qui auraient dû être là pour tenir en otage les provinces, à moins qu'elles n'acceptent moins de financement pour les soins de santé, un financement qui aurait un avantage direct sur les familles des travailleurs canadiens. Pendant ce temps, le gouvernement ordonne à l'ARC d'accorder une amnistie aux personnes qui sortent de l'argent de l'économie du Canada et qui l'envoient ailleurs. C'est répréhensible.
Nous pourrions parler d'autres enjeux d'actualité. Par exemple, on s'inquiète de l'insuffisance des ressources pour accueillir les réfugiés et du fait que les Premières Nations ne reçoivent pas leur dû, ce qui permettrait pourtant aux communautés de se remettre sur pied. Encore une fois, les gouvernements prétendent ne pas avoir les moyens. Que le pouvoir soit détenu par les libéraux ou les conservateurs, la situation demeure la même.
Le fait est que nous produisons beaucoup de richesse au Canada. Si les plus fortunés — ceux qui se trouvent tout en haut de la pyramide — payaient leur juste part, nous pourrions financer ces mesures.
Il y a un problème de recettes au Canada. Ce n'est pas parce qu'elles n'existent pas ou qu'aucune richesse n'est produite. Ce n'est pas parce que nous ne pouvons pas nous permettre ces mesures. C'est plutôt parce que le gouvernement ne veut pas payer pour elles; après tout, il faudrait qu'il bouscule les acquis de ses amis. C'est injuste pour les Canadiens ordinaires qui paient leur juste part, qui travaillent tous les jours et qui ont cru voter pour un gouvernement qui était prêt à le faire.
Le gouvernement n'arrête pas de dire qu'il a baissé les impôts de la classe moyenne. Or, comme les libéraux n'ont jamais déterminé où commence et où se termine la classe moyenne, c'est étonnant de les entendre en parler comme ils le font. Ils ont même admis par écrit qu'ils étaient incapables de donner une définition précise de « classe moyenne ». On peut toutefois s'entendre sur une chose, les libéraux nous ont prouvé que les Canadiens gagnant moins de 45 000 $ par année n'en font pas partie.
Les libéraux ont aussi promis de compenser cette baisse d'impôt en imposant davantage les contribuables les mieux nantis, précisant au passage qu'il n'y aurait aucune incidence sur les recettes de l'État. Ils ont effectivement augmenté les impôts des mieux nantis, mais pas dans la perspective de financer la baisse d'impôt consentie à la classe moyenne. En fait, les contribuables qui profitent le plus de cette baisse d'impôt ont déjà un salaire dans les six chiffres. Plus ça change, plus c'est pareil.
Les libéraux nous ont promis un stratagème à la Robin des bois en créant une nouvelle tranche d'imposition de manière à imposer davantage les riches. Ils étaient ainsi censés financer la baisse d'impôt prétendument destinée à la classe moyenne, mais qui aura finalement profité le plus aux contribuables ayant un salaire dans les six chiffres. Le pire, c'est qu'ils ont quand même réussi à manquer leur coup, puisqu'ils auront au bout du compte amputé les recettes de l'État pour financer une baisse d'impôt profitant surtout aux contribuables ayant un salaire dans les six chiffres, tout en fermant les yeux sur les agissements des pires fraudeurs de l'impôt du Canada.
Comment concilier cela avec l’idée que les libéraux vont s’attaquer courageusement aux riches pour que les Canadiens ordinaires aient leur juste part des richesses? Pour ceux qui s’interrogent à la Chambre ou chez eux, ces deux idées sont inconciliables. Voilà pourquoi je suis heureux de m’associer au groupe des 44 personnes qui sont prêtes à le dire publiquement, car si on devait compter sur les deux autres partis pour le faire, ceux-ci se tiendraient cois.
Il importe de dire la vérité au pouvoir. C’est ce qu’avaient promis les libéraux, mais lorsque les lobbyistes de Bay Street se sont manifestés et qu’il leur a fallu prendre une décision et agir en conséquence, ils auraient dû affirmer: « Désolés, les riches nous aimerions vraiment être amis — car vous êtes cool — et peut-être embarquer à bord de votre hélicoptère pour nous rendre dans une île privée, mais nous allons devoir prendre des mesures qui vont vous coûter de l’argent. »
Dans les faits, les libéraux n’ont pas pu le faire. Ils n’ont tout simplement pas pu s'y résoudre. Ils veulent tellement être associés aux riches et aux puissants alors qu’ils devraient prendre le parti des Canadiens qui travaillent chaque jour et paient leurs impôts et qui veulent faire partie d’un pays qui attribue une juste part pour tous au lieu de dire: « Parce que vous êtes riches, vous pouvez vous en tirer à bon compte. »
Quel message envoie-t-on aux Canadiens? Si on les prend en flagrant délit de ne pas payer assez d’impôts et qu’ils ont un salaire ordinaire, les libéraux s’en prendront à eux. Le problème est qu’ils n’ont pas triché suffisamment. S’ils l’avaient fait, ils entreraient dans la catégorie des gens auxquels les libéraux ne veulent pas vraiment s’en prendre.
Dans un sens, on dit aux Canadiens qu'au lieu de tricher seulement un peu, ils devraient tricher énormément. Ils doivent bien sûr disposer d'un revenu élevé pour pouvoir tricher énormément mais, si c'est leur cas, les libéraux les traiteront comme des amis. Sinon, s'ils ne sont que des Canadiens ordinaires, les libéraux ne se préoccuperont plus d'eux maintenant qu'ils ont été élus.
:
Madame la Présidente, cela fait des années qu'on nous parle d'austérité et de coupes. On connaît la chanson des gouvernements successifs à Ottawa, à Québec et ailleurs dans le monde, qui nous servent la même leçon depuis au moins 30 ans, la même apologie infantilisante selon laquelle il faut se serrer la ceinture et vivre selon ses moyens.
C'est comme si les institutions publiques qu'on a légitimement construites étaient une sorte d'extravagance, comme si la charpente de l'État qu'on a bâti au Québec et au Canada pour mieux s'instruire, pour mieux se soigner et pour développer notre économie était une espèce de lubie.
Pendant tout ce temps, alors qu'on nous impose mille et une coupes, il y avait une fuite dans le système chiffrée à des milliards de dollars. Ce sont des milliards de dollars incalculables qui quittent notre système fiscal par l'évasion fiscale et l'évitement fiscal orchestrés par des petites et grandes sociétés comptables au nom de leurs clients, les individus et les entreprises les plus fortunés au Canada. Il s'agit du 1 % le plus riche. Ces gens envoient les profits qu'ils réalisent chez nous dans des paradis fiscaux et refusent de contribuer à la société comme tout le monde.
Cela dure depuis des années, et cela fait trop longtemps qu'on en fait trop peu et qu'on demande au monde ordinaire de payer plus. C'est comme si un plombier venait à la maison pour nous apprendre que, plutôt que de réparer l'énorme fuite qui inonde la rue devant, on allait devoir apprendre à vivre avec une pression d'eau réduite.
Le recours aux paradis fiscaux des Caraïbes ou même des îles britanniques, par exemple, où l'on dissimule des milliards de dollars, a aujourd'hui atteint un record historique. Jamais dans l'histoire avons-nous vu un tel abus du système fiscal, et c'est un problème international. En 2015, la dernière année du régime conservateur, 40 milliards de dollars quittaient des comptes de banque du Canada pour se retrouver dans une dizaine de paradis fiscaux. Cela porte le total de l'argent volatilisé à 270 milliards de dollars depuis 1990.
Chaque année, des milliards de dollars disparaissent dans des paradis fiscaux, et comme si ce n'était pas assez, le gouvernement offre aussi toutes sortes de petites mesures fiscales aux gens les plus fortunés pour leur permettre d'économiser. Cela coûte à l'État une centaine de milliards de dollars chaque année. C'est le Centre canadien de politiques alternatives qui nous le rappelle d'ailleurs assidûment.
C'est plus facile de dire aux Québécois et aux Canadiens qu'ils ne vivent pas selon leurs moyens que de confronter, comme le disait mon collègue tout à l'heure, le 1 % des dirigeants d'entreprise les plus fortunés concernant leurs pratiques qui font mal à tout le monde.
Tout cela se passe devant nos yeux. Cela implique des multinationales dont on achète les produits au quotidien. Ceux qui achètent leur café chez Starbucks savent sûrement que cette compagnie était au centre d'un scandale au Royaume-Uni parce qu'elle avait passé des années à ne payer aucun impôt, en utilisant un stratagème qui lui permettait d'extraire ses bénéfices du pays pour donner l'impression qu'elle n'en faisait pas assez dans ses succursales là-bas.
Cette stratégie est aussi employée par des banques et des entreprises canadiennes. En 2009, la Banque TD n'a payé que 7,6 % d'impôt, alors que le taux normal était de 32 %. BCE a enregistré des bénéfices de 30 milliards de dollars de 2004 à 2014, et pourtant, n'a payé qu'un maigre 5 % d'impôt. Le producteur textile Gildan, une entreprise basée à Montréal qui fait des t-shirts un peu partout et qui a bénéficié largement de nombreuses subventions de nos gouvernements, fait des centaines de millions de dollars en bénéfices annuels, et pourtant, n'a payé aucun impôt en 2009, en 2010, en 2011 et en 2012, grâce à une adresse dans les Caraïbes.
C'est tout ce qu'il faut pour retirer des milliards de dollars du système fiscal canadien, et le plus souvent, cela est parfaitement légal et même cautionné par nos gouvernements.
Comment se fait-il que ces entreprises aient l'impression de n'avoir aucune responsabilité envers la société et aucune contribution à faire? Comment se fait-il que nos gouvernements aient accepté de fermer les yeux sur ce genre d'évitement, alors qu'on nous a dit pendant des années qu'il fallait couper dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les réglementations ferroviaires et dans notre représentation à l'international, alors qu'on nous dit encore qu'on n'a même plus les moyens de donner des bains à nos personnes âgées dans les CHSLD?
André Lareau, un professeur de droit fiscal à l'Université Laval, a répondu ceci quand Radio-Canada lui a demandé quelles étaient les conséquences de ces pratiques:
Ça a comme impact qu'il y a des impôts moindres qui sont perçus par les autorités fiscales québécoises et canadiennes.
Avec les millions de dollars économisés par Bombardier et les millions de dollars économisés par toutes les sociétés qui utilisent ce genre de véhicule, il y a des manques à gagner d'une somme phénoménale pour le Canada et bien sûr le Québec aussi.
De plus, tout cela est légal. En effet, le professeur Lareau dit ceci: « Le Canada donne la permission que tout ceci soit fait. » Le gouvernement canadien invite carrément les plus grandes entreprises à se donner un congé d'impôt. Qu'on ne se demande pas d'où viennent les nids-de-poule!
Toutefois, il n'y a pas que nos gros riches qui exploitent les failles de notre système; on ferme maintenant les yeux sur les géants du Web qui s'empiffrent dans le buffet du commerce en ligne. Le commerce sur le Web explose, et pourtant, le gouvernement, ici, à Ottawa, comme le gouvernement conservateur avant lui, continue de traiter différemment les fournisseurs en ligne d'ici et d'ailleurs.
Alors qu'une entreprise d'ici doit payer taxes et impôts sur ses affaires réalisées sur Internet, une entreprise d'ailleurs qui fait des affaires en ligne au Canada, elle, n'a pas la même obligation, une situation qui a de moins en moins de sens au fur et à mesure que le commerce en ligne prend de l'ampleur.
C'est sûrement pourquoi l'OCDE propose maintenant des normes pour la taxation des produits et des services en ligne. En gros, le considère que, si une entreprise n'a pas de siège social ou de présence physique au Canada, c'est qu'elle n'y tient pas d'activités commerciales. Il a peut-être raison en ce qui concerne les cordonniers et les pizzerias, mais certainement pas pour Facebook, qui compte des millions d'utilisateurs au Canada, et certainement pas non plus pour Amazon ou Apple, qui font directement concurrence au commerce d'ici.
Or n'importe quelle autre entreprise canadienne qui ose concurrencer ces entreprises en ligne est immédiatement désavantagée, simplement parce qu'elle sera taxée et imposée. Cela fait particulièrement mal dans l'industrie des médias, qui vit une époque douloureuse. Le rédacteur en chef du Winnipeg Free Press soulignait que les lecteurs canadiens de son édition numérique sont taxés sur leur abonnement, mais qu'ils ne le sont pas quand ils s'abonnent à l'édition numérique du New York Times. « Go figure », comme ils disent!
Il y a cinq ou dix ans, les budgets publicitaires des entreprises étaient répartis entre la radio, la télé québécoise et canadienne et les médias régionaux et nationaux, qu'ils soient imprimés ou numériques; mais aujourd'hui, 80 % de ces budgets sont envoyés directement à l'extérieur du pays, par l'entremise de placements publicitaires sur Facebook ou Google. Cela représente des centaines de milliards de dollars par année, qui quittent le pays et qui ne sont pas taxés. On saigne donc nos médias. Pire, dans certains cas, de tels placements publicitaires étrangers en ligne sont même déductibles d'impôt. Nous savons très bien que, dans le cas des plus grandes multinationales du Web, cet argent devient littéralement fantôme.
Au Royaume-uni, plutôt que d'enregistrer sur place ses revenus publicitaires britanniques et d'être taxés au Royaume-uni, Facebook choisissait, jusqu'à tout récemment, de tout envoyer en Irlande et dans les îles Caïman pour ne payer que des montants symboliques en impôt. Quand cela s'est su, les gens ont très mal réagi et Facebook a reculé, quelques années après ce congé fiscal, parce que le public s'est fâché, mais surtout parce que les responsables politiques ont pris leurs responsabilités.
Oui, c'est le gouvernement que je regarde.
Depuis 2015, le gouvernement britannique a été un pionnier en imposant une redevance additionnelle de 25 % aux sociétés étrangères qui tentent d'éviter l'impôt. C'est une médecine assez forte pour changer les pratiques de Facebook ainsi que celles d'Amazon, qui ont finalement commencé à payer leurs impôts après avoir fait passer toutes leurs transactions par le Luxembourg pendant des années. La morale de l'histoire est celle-ci: quand la volonté politique est au rendez-vous, on peut faire reculer l'évitement fiscal, y compris pour les entreprises qui font des affaires en ligne.
La déclaration du ministre des Finances britannique, George Osborne, a été on ne peut plus ferme: il a dit que leurs impôts sur les entreprises étaient parmi les plus bas au monde, mais que l'Angleterre s'attendait à ce qu'ils soient payés.
Ici, à Ottawa, on se prend à rêver que notre fasse preuve d'autant de courage politique. En attendant, cet évitement fiscal à grande échelle cause un tort immense à nos entreprises québécoises et canadiennes.
La Presse du week-end dernier appelait cela « l'effet gruyère » susceptible de percer des trous dans l'économie québécoise. Le même article citait Peter Simons, le président de la Maison Simons, un détaillant d'ici à grand succès bien connu qui vient d'ouvrir une succursale en béton et en brique juste ici au Centre Rideau. M. Simons constate l'énormité du problème pour le commerce électronique, alors qu'il paie ses impôts, ses frais de douane, ses produits et ses immeubles, qui sont taxés. Ses concurrents, eux, ne vivent rien de tout cela.
Il le dit très bien: la plus grosse dépense chez eux, c'est l'impôt. Il ajoute qu'on ne peut pas avoir une entreprise qui fonctionne à 90 % en Amérique du Nord et qui encaisse 99 % de ses profits au Luxembourg, et que ce qui coûte cher dans une société, c'est les citoyens, l'éducation, les routes et la santé: il faut financer nos valeurs en tant que société. Il ajoute encore qu'il a peur qu'on reprenne un cycle de compressions et de coupes sans en identifier la cause réelle. Il ne prétend pas avoir toutes les solutions, mais il croit que tout le monde doit payer sa juste part et participer. On ne peut pas venir au Québec et au Canada, et vouloir faire affaire sans assumer aucune responsabilité.
C'est un entrepreneur de chez nous qui parle. Il s'inquiète que les gouvernements ne l'entendent pas et ne l'écoutent pas. M. Simons ajoute encore qu'il n'est pas certain que le gouvernement considère cette idée urgente et qu'il soit nécessaire de redéfinir l'encadrement législatif.
La Presse de ce week-end disait la même chose: « Nos élus, eux, doivent non seulement mieux aider ces commerçants à relever ces défis, mais aussi empêcher les multinationales de contourner les règles du jeu. »
Moi, je veux bien dire que j'ai confiance de voir le Canada changer les règles du jeu pour empêcher les paradis fiscaux, mais au contraire, les proches du Parti conservateur et du Parti libéral ont plutôt travaillé à construire de toutes pièces les paradis fiscaux. J'en nomme quelques-uns: Graham Towers, ancien gouverneur de la Banque du Canada, conseille le gouvernement de la Jamaïque au moment où ce pays devient un paradis fiscal. Jim MacDonald, ancien avocat haut placé au Parti conservateur, élabore les politiques fiscales des îles Caïman quand elles deviennent un paradis fiscal. Donald Fleming, ancien ministre du Canada, élabore de toutes pièces les mesures fiscales des Bahamas au moment où elles deviennent à leur tour un paradis fiscal dans les années 1960.
Paul Martin, homme d'affaires et ancien premier ministre du Canada, a une compagnie enregistrée à la Barbade. C'est donc dire que beaucoup de gens...