Qu’un message soit envoyé au Sénat pour informer Leurs Honneurs que, en ce qui concerne le projet de loi C-6, Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté et une autre loi en conséquence, la Chambre:
accepte les amendements 1a), 1c), 4 et 5 apportés par le Sénat;
propose que les amendements 1b)(i) et (ii) soient modifiés par remplacement du nombre « 60 » par le nombre « 55 »;
propose que l’amendement 1b)(iii) soit modifié par remplacement du texte de l’alinéa 5(1.04)a) par le texte suivant « faite par une personne qui a la garde du mineur ou qui est habilitée à agir en son nom en vertu d’une ordonnance judiciaire ou d’un accord écrit ou par l’effet de la loi, à moins qu’il en soit ordonné autrement par un tribunal; »;
propose que, à l’amendement 2:
le passage du paragraphe 10(3) précédant l’alinéa a) soit modifié par remplacement des mots « de révoquer » par le mot « que » et par adjonction, après les mots « sa répudiation », des mots « ne puisse être révoquée »;
l’alinéa 10(3)d) soit modifié par remplacement des mots « qu’elle peut demander que l’affaire soit » par les mots « que, sauf si elle lui demande de trancher l’affaire, celle-ci sera »;
le passage du paragraphe 10(3.1) précédant l’alinéa a) soit modifié par remplacement des mots « réception de l’avis » par les mots « date d’envoi de l’avis, ce délai pouvant toutefois être prorogé par le ministre pour motifs valables »;
l’alinéa 10(3.1)a) soit modifié par remplacement des mots « d’ordre humanitaire » par les mots « liée à sa situation personnelle »;
l’alinéa 10(3.1)b) soit modifié par remplacement des mots « renvoyée à la Cour » par les mots « tranchée par le ministre »;
le paragraphe 10(4.1) soit modifié par remplacement du texte de ce paragraphe par le texte suivant « (4.1) Le ministre renvoie l’affaire à la Cour au titre du paragraphe 10.1(1) sauf si, selon le cas: a) la personne a présenté des observations écrites en vertu de l’alinéa (3.1)a) et le ministre est convaincu que: (i) soit, selon la prépondérance des probabilités, l’acquisition, la conservation ou la répudiation de la citoyenneté de la personne ou sa réintégration dans celle-ci n’est pas intervenue par fraude ou au moyen d’une fausse déclaration ou de la dissimulation intentionnelle de faits essentiels, (ii) soit des considérations liées à sa situation personnelle justifient, vu les autres circonstances de l’affaire, la prise de mesures spéciales; b) la personne a fait une demande en vertu de l’alinéa (3.1)b). »;
le paragraphe 3(4) soit modifié par suppression du passage qui commence avec les mots « (4) La même loi est modifiée par adjonction » et se termine avec les mots « sous le régime de la présente loi ou la Loi sur les Cours fédérales. »;
propose que l’amendement 3a) au paragraphe 10.1(1) soit modifié par remplacement des mots « Lorsqu’une personne présente » par les mots « Sauf si une personne fait »;
propose que, à l’amendement 3b):
le paragraphe 10.1(4) soit modifié par remplacement du texte de ce paragraphe par le texte suivant « (4) Pour l’application du paragraphe (1), il suffit au ministre — qui demande à la Cour de déclarer que l’acquisition, la conservation ou la répudiation de la citoyenneté d’une personne ou sa réintégration dans celle-ci est intervenue par fraude ou au moyen d’une fausse déclaration ou de la dissimulation intentionnelle de faits essentiels concernant des faits visés à l’un des articles 34, 35 et 37 de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés — de prouver que celle-ci est intervenue par fraude ou au moyen d’une fausse déclaration ou de la dissimulation intentionnelle de faits essentiels. »;
le paragraphe 10.1(5) soit supprimé;
propose que l’amendement 6a) soit modifié par remplacement du texte de l’article 19.1 par le texte suivant « 19.1 (1) Toute décision rendue au titre du paragraphe 10(1) de la Loi sur la citoyenneté, dans sa version antérieure à la date d’entrée en vigueur du paragraphe 3(2), mise de côté par la Cour fédérale et renvoyée à cette date ou par la suite pour un nouvel examen, est jugée en conformité avec la Loi sur la citoyenneté, dans sa version à cette date. (2) Les instances en cours, à la date d’entrée en vigueur du paragraphe 3(2), devant la Cour fédérale à la suite d’une action intentée au titre du paragraphe 10.1(1) de la Loi sur la citoyenneté sont continuées sous le régime de cette loi, dans sa version antérieure à cette date. »;
propose que l’amendement 6b) soit modifié par remplacement du texte de l’article 20.1 par le texte suivant « 20.1 Si, avant la date d’entrée en vigueur du paragraphe 3(2), un avis a été donné à une personne en application du paragraphe 10(3) de la Loi sur la citoyenneté sans que l’affaire ait été tranchée par le ministre avant cette date, la personne peut, dans les trente jours suivant cette date, demander que l’affaire se poursuive comme si l’avis avait été donné en application du paragraphe 10(3) de cette loi, dans sa version à cette date. »;
rejette respectueusement l’amendement 7 parce que celui-ci accorderait le statut de résident permanent aux personnes qui ont acquis ce statut de manière frauduleuse;
propose que l’amendement 8 soit modifié par remplacement des mots qui suivent les mots « Les paragraphes 3(2) » par les mots « et (3) et 4(1) et (3) et l’article 5.1 entrent en vigueur à la date fixée par décret. ».
— Madame la Présidente, je vous remercie de me donner l'occasion de parler des amendements visant le projet de loi .
[Traduction]
J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les sénateurs de tous les efforts qu'ils ont consacrés à l'étude du projet de loi et aux amendements que nous examinons aujourd'hui. Le gouvernement estime que le travail des sénateurs, fondé sur la collaboration, a permis de renforcer ce projet de loi. Dans cette optique, le gouvernement est d'accord avec les principes qui sous-tendent deux des amendements. Je vais maintenant décrire les modifications que nous proposons de notre côté.
J'aimerais souligner que le projet de loi témoigne de l'engagement du gouvernement à favoriser un pays diversifié, juste et inclusif. Des décennies d'expérience nous ont appris que les immigrants qui obtiennent la citoyenneté canadienne sont plus susceptibles de mieux réussir sur le plan financier dans notre pays et de contribuer davantage à la société canadienne et, ce faisant, à notre prospérité à tous.
Qui plus est, nous savons que l'obtention de la citoyenneté canadienne joue un rôle important dans une intégration réussie. Depuis toujours, une très grande proportion des nouveaux arrivants deviennent citoyens canadiens. Nul besoin de dire qu'en plus d'améliorer la vie de ces nouveaux arrivants, qui finissent par devenir de nouveaux Canadiens, cette intégration fait du Canada un pays plus diversifié, inclusif et juste.
Je suis certain que mes collègues conviendront que le Canada est un pays fort grâce à la diversité des Canadiens et que cette diversité découle de notre tradition de longue date voulant que l'on accueille chaleureusement les nouveaux arrivants. C'est dans cet esprit que le projet de loi propose des changements qui visent à supprimer les obstacles à la citoyenneté pour les immigrants admissibles. Nous sommes convaincus que cela va favoriser leur sentiment d'appartenance et d'attachement à notre pays. Nous voulons nous assurer que le processus de citoyenneté est équitable, solide et flexible, car nous attachons une attention particulière à la citoyenneté canadienne.
Après la troisième lecture du projet de loi , le Sénat a proposé trois amendements à la Chambre des communes. Ces amendements visent à changer la limite d'âge à 59 ans en ce qui concerne les exigences pour le test linguistique et le test de connaissances sur le Canada, à permettre aux mineurs d'obtenir la citoyenneté de plein droit sans être obligés d'avoir un parent canadien et de demander une exemption au ministre, et à modifier le processus de révocation de la citoyenneté afin que la Cour fédérale puisse être l'instance responsable dans la plupart des cas où la citoyenneté a été acquise par fraude.
Je consacrerai le reste de mon temps à discuter de la réponse du gouvernement aux amendements du Sénat.
Le gouvernement n'appuie pas l'amendement visant à porter la limite d'âge pour les exigences en matière de langue et de connaissances à 59 ans. Cet amendement n'est pas conforme à l'objet du projet de loi , qui cherche à aider les immigrants admissibles à obtenir leur citoyenneté plus facilement. Restreindre aux demandeurs âgés de 18 à 54 ans les exigences en matière de langue et de connaissances n'affaiblit pas la valeur de la citoyenneté canadienne. En fait, l'acquisition de la citoyenneté canadienne renforce le sentiment d'appartenance et d'attachement à notre grand pays. Nous croyons à l'importance de posséder une connaissance suffisante des langues officielles du Canada, ainsi que de connaître et de comprendre les responsabilités et les privilèges associés à la citoyenneté canadienne. C'est pourquoi les adultes âgés de 18 à 54 ans devront toujours montrer qu'ils maîtrisent l'anglais ou le français, démontrer leur connaissance du Canada et subir un test de citoyenneté.
Toutefois, le gouvernement comprend que ces exigences peuvent constituer un obstacle à la citoyenneté pour les demandeurs les plus jeunes et les plus âgés. C'est pourquoi le projet de loi rétablit la tranche d'âge pour les exigences de langue et de connaissances à entre 18 et 54 ans. De cette manière, le projet de loi réduira les obstacles à la citoyenneté en permettant aux demandeurs d'obtenir la citoyenneté plus rapidement et de contribuer à la croissance économique, sociale et culturelle du Canada. Les demandeurs âgés de 55 ans ou plus auront encore accès à des services leur permettant de mieux s'intégrer à la société canadienne.
Le deuxième amendement, quant à lui, permettrait aux mineurs d'obtenir plus facilement la citoyenneté de plein droit sans être obligés d'avoir un parent canadien. Dans l'ensemble, nous appuyons cet amendement. Il est conforme à l'objectif du gouvernement de faciliter l'obtention de la citoyenneté pour les immigrants admissibles et à son engagement à supprimer les obstacles à la citoyenneté, surtout pour les plus vulnérables.
Le gouvernement appuie cet amendement avec une modification d'ordre technique pour clarifier qui est admissible et le concept suivant. Le concept de tuteur de fait n'est pas clairement défini dans l'amendement du Sénat. Par conséquent, le gouvernement propose une formulation différente pour clarifier et préciser davantage ce concept. Cette modification entrerait en vigueur lorsque le projet de loi recevrait la sanction royale.
Le gouvernement appuie également, en y apportant des modifications, le troisième amendement du Sénat pour améliorer le modèle actuel de révocation de la citoyenneté. L’amendement du Sénat prévoit que toutes les personnes auraient la possibilité de demander que leur cas soit déféré à la Cour fédérale aux fins d’une décision. Le ministre ne statuerait sur les cas de révocation que si la personne ne répond pas ou ne demande pas un renvoi à la Cour fédérale.
Les modifications proposées par le gouvernement consistent, premièrement, à limiter le pouvoir du ministre de révoquer la citoyenneté aux cas où la personne choisit de faire trancher son cas par le ministre; deuxièmement, à permettre aux personnes de demander à la Cour fédérale d’autoriser le contrôle judiciaire de la décision du ministre; troisièmement, à rejeter la partie de l'amendement qui permettrait aux personnes de conserver leur statut de résident permanent même si elles l'ont obtenu de manière frauduleuse; et quatrièmement, à rejeter la partie de l'amendement qui permettrait de prendre en considération des mesures survenues après l’acquisition de la citoyenneté dans les décisions en matière de révocation.
Pour donner un peu de contexte, depuis que le modèle actuel de décision en matière de révocation est entré en vigueur en 2015, le ministre a été l’instance décisionnaire dans la plupart des cas de fraude et de fausse déclaration, comme ceux liés à la résidence, à l’identité et à la criminalité. La Cour fédérale a été l’instance décisionnaire pour les cas plus graves impliquant de fausses déclarations ou des fraudes comme celles liées aux atteintes aux droits de la personne et à la criminalité organisée. Avant le modèle actuel, le gouverneur en conseil était l’instance décisionnaire dans tous les cas.
Je veux également souligner que les personnes dont la citoyenneté a été révoquée en raison de fausses déclarations ou de fraudes reprennent leur statut de résident permanent, si la fraude ou les fausses déclarations sont survenues pendant le processus d'obtention de la citoyenneté, ou à leur statut de citoyen étranger, si la fraude ou les fausses déclarations sont survenues pendant le processus d'immigration. Dans le cas des personnes qui reprennent le statut de résident permanent, soit plus de 70 % des cas, elles pourront rependre le processus d'obtention de la citoyenneté canadienne après 10 ans, pourvu qu'elles respectent toujours les exigences.
La modification du modèle de décision garantira le maintien d'une surveillance judiciaire quant aux décisions en matière de révocation tout en améliorant les protections procédurales. Le gouvernement a déjà affirmé être ouvert aux façons d'améliorer le processus de révocation de la citoyenneté. Mes collègues du Sénat ont proposé un modèle qui, après de légers ajustements, nous permettra de le faire.
Pour ce qui est du délai, les modifications du modèle de révocation de la citoyenneté entreraient en vigueur à une date ultérieure, qui sera déterminée par le gouverneur en conseil. Cela laisse le temps à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada ainsi qu'à la Cour fédérale de mettre en place les procédures nécessaires.
Je le répète, le gouvernement est résolu à bâtir un Canada à la fois diversifié et inclusif. L'histoire du Canada repose sur l'immigration et la citoyenneté et nous voulons continuer de nous assurer que les deux demeurent indissociables. Les nouveaux arrivants, qu'il s'agisse de réfugiés, de membres de famille ou d'immigrants économiques, ainsi que leurs descendants, apportent des contributions importantes au Canada.
Nous voulons encourager la diversité et faire en sorte que la voie vers la citoyenneté demeure juste et flexible, mais également robuste, car nous voulons encourager tous les Canadiens à être fiers d'être Canadiens. Voilà le principe directeur qui sous-tend la position du gouvernement à l'égard des amendements du Sénat. Nous croyons fermement qu'en éliminant les barrières à la citoyenneté et en aidant les nouveaux arrivants à obtenir la citoyenneté, le gouvernement contribue à un tel avenir et, ce faisant, favorise un attachement plus étroit au Canada.
Les Canadiens sont fiers de leur pays et de sa tradition d'accueil d'immigrants. Nous les aidons à s'établir, à s'intégrer et à prospérer au Canada. C'est notre passé, notre présent et notre avenir. On tient parfois pour acquis l'importance de la diversité, mais il ne fait aucun doute que nous sommes un meilleur pays grâce à elle. Le gouvernement est résolu à faire fond sur cette réussite.
Nous sommes résolus à encourager tous les immigrants à devenir membres à part entière de la société canadienne. L’un des piliers les plus solides, l’un des indicateurs les plus marquants d’une intégration réussie est l’obtention de la citoyenneté canadienne. Le projet de loi serait utile pour que le Canada reste le pays fort, inclusif et divers qu’il est aujourd’hui.
Pour terminer, voici la position du gouvernement. Nous ne sommes pas en faveur de faire passer à 59 ans l’âge maximal d’applicabilité des exigences en matière de langue et de connaissances à respecter pour l’obtention de la citoyenneté. Nous appuyons, sous réserve de modification, l’amendement qui permettrait aux enfants de demander la citoyenneté, plus facilement et de plein droit, en l’absence d’un parent canadien et nous appuyons, sous réserve de modification, l’amendement visant à modifier le modèle de révocation de la citoyenneté de manière à ce que la Cour fédérale soit le décideur dans la plupart des cas de révocation liés à la fraude ou à la fausse représentation.
Nous restons résolus à faire adopter en temps opportun le projet de loi et, en ma qualité de, j’encourage tous les députés à appuyer la position du gouvernement sur les amendements du Sénat.
[Français]
Je suis heureux d'avoir pu parler des amendements du Sénat aujourd'hui.
Un Canadien est un Canadien est un Canadien.
[Traduction]
Selon les mots mêmes du , le gouvernement est fermement convaincu qu’un Canadien est un Canadien.
:
Madame la Présidente, c'est avec grand plaisir que je prends la parole ce soir dans le débat sur les amendements apportés au projet de loi .
Je pense que, au cours de la dernière année, beaucoup de Canadiens se sont aperçus de l'importance que pouvait avoir l'immigration pour le pays. Il ne s'agit pas tellement de remettre en question cette importance, mais bien de déterminer comment nous pouvons bien gérer le dossier de l'immigration. Le projet de loi est le premier projet de loi du gouvernement libéral qui porte sur l'immigration. Depuis le dépôt de ce projet de loi, beaucoup de questions se sont posées sur la manière de gérer l'immigration au Canada auxquelles le gouvernement n'a apporté aucune réponse.
Pour comprendre les amendements du Sénat, il est important de savoir comment nous en sommes arrivés là.
Le projet de loi comprend de nombreux volets, et je parlerai en détail de certains d'entre eux, notamment la question des compétences linguistiques que doivent posséder, sauf après un certain âge, les personnes souhaitant acquérir la citoyenneté canadienne et des raisons de l'exemption à cet égard. Je parlerai aussi des situations et des circonstances dans lesquelles la citoyenneté d'une personne peut être révoquée, des raisons possibles de révocation ainsi que des dispositions du projet de loi à ce sujet.
Il y a d’autres éléments très importants du projet de loi , mais je tiens tout d’abord à réaffirmer ma position et celle de mon parti sur les éléments du projet de loi initial.
Les nouveaux Canadiens enrichissent et renforcent le pays. Leurs expériences et points de vue nous rendent plus forts. L’immigration est un aspect important de ce que nous sommes en tant que nation, et elle est garante de notre force future. Nous voulons que ceux qui viennent au Canada aient toutes les chances de succès, qu’ils aient des possibilités de réussite économique, qu’ils puissent faire l’expérience des nombreuses libertés qui sont les nôtres et qu'ils jouissent d'un milieu de vie sûr.
Nous craignons que la priorité des libéraux, au moment de déposer ce projet de loi, qui porte notamment sur la sécurité publique, ait été de redonner la citoyenneté et de protéger les droits d’un terroriste confirmé, Zakaria Amara, membre des 18 de Toronto.
En vertu de ce projet de loi, la double nationalité ne pourrait pas être révoquée en raison de la perpétration d’un acte terroriste, mais elle pourrait l’être en cas de fraude. La révocation de la citoyenneté obtenue sous des représentations frauduleuses est toujours permise en vertu du projet de loi, mais les amendements pourraient concrètement altérer ces dispositions.
Le projet de loi abaisserait en outre les compétences linguistiques exigées pour obtenir la citoyenneté, mais nous croyons qu’une connaissance adéquate de l’anglais ou du français est un facteur clé d’une intégration réussie dans la collectivité et le monde du travail. La citoyenneté canadienne octroie des droits et des protections que nombre de ressortissants étrangers n’ont pas. À titre de Canadiens, ils peuvent voter et se porter candidats à une élection. Leur maîtrise des langues officielles enrichit leur expérience et l’avenir du pays. Tout cela relève encore de l’exigence de résidence qui a été modifiée dans le projet de loi . Il s’agit de changements concrets qu’apporterait le projet de loi sur la façon de permettre l’immigration au Canada.
L’examen du projet de loi qu’a effectué le comité parlementaire à l’issue de la deuxième lecture m’inquiète à quelques égards. Le ministre et ses collaborateurs n’ont pas su nous répondre lorsqu’on leur a demandé quels chiffres ou autres motifs justifiaient ces changements. C’est inquiétant. Je ne pense pas que l’on devrait justifier arbitrairement des changements portant par exemple sur l’âge auquel s’appliquent les exigences linguistiques. Étant donné que la maîtrise de la langue est un élément unificateur, il faudrait pouvoir justifier ou expliquer tout changement proposé à cette disposition.
La même chose s'applique à la période de résidence obligatoire qui a été modifiée dans le projet de loi . Je ne sais pas pourquoi le ministre, les hauts fonctionnaires et les autres responsables n'ont pas expliqué ce que cette mesure changerait à la possibilité des nouveaux arrivants de mieux connaître le Canada, ni comment elle permettrait de favoriser leur intégration pour le bien tant des nouveaux arrivants que de la société canadienne. Il aurait fallu convoquer beaucoup d'autres témoins dans le cadre de l'étude du projet de loi .
J'ai suivi l'étude du projet de loi au Sénat. Selon moi, le Sénat a eu la sagesse de passer en revue la forme et le fond du projet de loi et d'y apporter des modifications. Il y en a d'ailleurs un certain nombre que j'approuve et d'autres que je rejette. Je constate aussi que le gouvernement libéral a changé à son tour certains amendements qui ont été présentés. Je vais en parler aussi.
Comme je l'ai déjà dit, le projet de loi a été présenté il y a plus d'un an. Depuis, beaucoup de choses se sont passées au Canada dans le domaine de l'immigration. La crise des réfugiés du Moyen-Orient s'est aggravée. Je dirais qu'il s'agit maintenant d'une question prioritaire, pas seulement pour les pays européens touchés par cette crise humanitaire, mais pour tous les pays.
Nous avons de très sérieuses discussions pour déterminer combien de personnes nous devrions accueillir au pays et dans quelles circonstances. Je trouve simplement que, comme pays, nous n'avons pas complété la phrase qui commence par « Nous faisons venir 30 000 réfugiés syriens au Canada » — ou quel que soit leur nombre.
Au sein du comité parlementaire, nous avons fait une étude très approfondie de l'initiative pour les réfugiés syriens. L'un des moments les plus émouvants de la dernière année de ma carrière parlementaire est lorsque j'ai écouté un réfugié syrien raconter qu'il ne pouvait pas suivre de cours de langue en raison de problèmes de garde d'enfants et du manque de fonds pour certains de ces programmes. Je me suis sentie démoralisée quand une personne du conseil scolaire de Calgary a comparu devant ce comité, dans le cadre de la même étude, pour dire que le conseil scolaire avait accueilli avec joie et à bras ouverts plusieurs centaines d'élèves réfugiés syriens — l'équivalent, comme elle l'a dit, de toute une école primaire dans le système scolaire de Calgary — sans pour autant avoir parlé avec le ministre ou avec le gouvernement provincial des besoins financiers qui ont augmenté rapidement du fait qu'il fallait répondre aux besoins uniques et indéniables de ces élèves nouvellement arrivés dans le système scolaire.
Il faut comprendre que bon nombre des enfants que nous accueillons au Canada ont connu une vie très difficile. Ils ont grandi dans des camps de réfugiés. Ils ont fui leur maison. Leur éducation a été interrompue.
Je remarque que les réponses préparées du gouvernement ont changé depuis la campagne, voire tout récemment. Jusqu'à maintenant, il citait toujours des chiffres. L'envers de la médaille, c'est comment soutenir ces personnes pour qu'elles puissent prospérer.
L'étude du comité a produit des témoignages très accablants sur la situation quant au plan du gouvernement d'offrir du soutien à ces réfugiés. Le ministre n'a comparu qu'une seule fois devant le comité depuis sa nomination. Je trouve cela très curieux. Cela dit, quand il a comparu, nous lui avons posé une question très pointue à savoir combien de réfugiés syriens parrainés par le gouvernement avaient trouvé un emploi. Il n'a pas pu ou n'a pas voulu répondre à la question jusqu'à ce qu'on le mette continuellement sur la sellette. À ma grande frustration et celle de tous les autres, il a admis que le gouvernement n'a pas de plan pour aider les réfugiés à s'intégrer, à trouver un emploi. Le gouvernement ne tient pas non plus à avoir un dialogue franc quant à savoir si nous devrions, en tant que pays, nous attendre à ce que les réfugiés syriens dans cette situation trouvent un emploi et, le cas échéant, ce qu'il en coûte à la population canadienne et comment nous paierons pour cela.
Ce n'est pas un dialogue très passionnant. Il ne permettra pas de remporter une campagne électorale, mais il est important. À titre de législatrice, j'estime avoir certaines responsabilités à l'égard des personnes que nous avons fait venir dans ce pays. Si nous ne prenons pas de mesures pour garantir ou assurer leur réussite, non seulement nous les aurons laissées tomber, mais nous ne réussirons pas non plus à obtenir l'aval de la population pour l'admission future et soutenue d'un grand nombre de réfugiés. Voilà ce qui me préoccupe.
Quand je pense aux beaux discours au sujet du Brexit et aux beaux discours pendant la campagne électorale aux États-Unis, je me dis que, si nous n'entamons pas un véritable dialogue sur la façon d'aborder la question de l'intégration des nouveaux arrivants au Canada, nous continuerons d'entendre des discours antagonistes, alors qu'en fait, il n'y a qu'une seule population. Nous formons une collectivité mondialement intégrée.
Il nous faut une politique gouvernementale, une politique honnête, pour assurer la réussite à long terme. Ce n'est pas ce que je constate à l'heure actuelle.
En ce qui concerne le projet de loi , il a été présenté à la Chambre des communes et il a franchi diverses étapes, sans que soient traitées toutefois certaines des questions les plus pressantes de notre époque. J'aimerais revenir sur l'initiative pour les réfugiés syriens. J'ai passé près de six mois à travailler avec des membres de mon caucus afin d'attirer l'attention sur le génocide des yézidis. Ce fut très décourageant. Bien qu'il y ait de nombreuses personnes dans le besoin au Moyen-Orient, il me semble que, dans le cas d'un génocide, certaines personnes pourraient avoir besoin d'une aide immédiate, et l'on se doit dans de tels cas de faire preuve d'initiative et de sortir des sentiers battus. Le fait qu'il nous ait fallu autant de temps pour reconnaître le génocide des yézidis et pour inclure les victimes de ce génocide dans le cadre de notre engagement à faire venir un grand nombre de réfugiés au Canada a été très décourageant.
Je ne mâcherai pas mes mots. Je crois fermement que le processus de sélection et de priorisation des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du pays comporte des lacunes. J'ai rencontré l'un des représentants des Nations unies qui s'occupent de la transmission des demandes au Canada par l'entremise du Programme de réfugiés pris en charge par le gouvernement, et je lui ai carrément demandé pourquoi aucune demande de victime du génocide des yézidis n'avait été transmise au Canada dans le cadre du programme de réfugiés. L'un de mes adjoints était avec moi dans le bureau, alors il y a deux personnes qui peuvent témoigner de ceci. Essentiellement, la réponse qui nous a été fournie, c'est que le gouvernement a imposé d'importantes contraintes de temps pour respecter un quota, et il était plus facile de transmettre les demandes des personnes qui ont été choisies. À ce moment-là, je me suis demandé si nous cherchions à trouver des solutions qui sont faciles ou des solutions qui sont justes.
Tout processus qui n'est pas en mesure d'acheminer la demande de victimes d'un génocide au Canada en vue de leur réinstallation comporte des lacunes. Je ne dis pas que c'est nécessairement la faute du gouvernement. Cependant, c'est la faute du gouvernement si nous omettons de nous pencher sur cette question de façon à tirer parti de la justice et de la beauté de notre processus d'immigration. Cet aspect n'est nullement pris en considération dans l'approche du gouvernement ou dans les progrès réalisés dans le dossier de l'immigration.
Depuis cette discussion, il a été intéressant d'observer les réactions internationales, parce que je crois qu'il a été reconnu que le processus par lequel le Canada choisit les réfugiés qui entreront au pays mérite d'être examiné par le Parlement. Cela n'a pas été fait, mais des personnes un peu partout dans le monde commencent à se rendre compte qu'il s'agit d'une question dont il vaut la peine de débattre.
À l'heure actuelle, nous savons que, en Tchétchénie, des hommes homosexuels ont été arrêtés et sont détenus dans des camps de concentration pour la seule raison de leur orientation sexuelle. Ils y sont persécutés et torturés. C'est inacceptable. C'est un exemple de cas où le Canada devrait utiliser sa politique de réinstallation de réfugiés pour transmettre un message diplomatique ferme aux États qui donnent leur aval à ce genre de comportement. Or, nous ne pouvons pas agir. Nous devrions, pour chaque situation urgente de ce genre sans exception, avoir un mécanisme quelconque permettant aux parlementaires ou au gouvernement d'intervenir et de faire ce qui s'impose sans avoir à passer par des motions de l'opposition et des chicanes politiques qui durent des mois.
Je doute qu'il y ait qui que ce soit dans cette enceinte qui ne serait pas d'accord pour dire que nous devons accueillir des victimes du génocide des yézidis au Canada dans le cadre du programme de réinstallation, que nous devons agir dans le dossier des hommes homosexuels qui sont torturés et persécutés en Tchétchénie ou qu'il faut faire quelque chose par rapport à la situation du Soudan du Sud, où l'on parlera sans nul doute de génocide sous peu.
Le problème, c'est qu'il n'existe pas de mécanisme pour répondre à ce genre de crise. Le gouvernement nous sert ses messages rédigés d'avance indiquant qu'il compte sur les Nations Unies pour fournir des listes de réfugiés au Canada. Si c'est le cas, nous devrions être en mesure de soumettre à une vérification les processus employés. Rien de tout cela n'a été abordé, que ce soit dans le projet de loi ou dans les amendements. À mon sens, il s'agit d'une lacune flagrante.
Je sais qu'il est impossible de transformer la bureaucratie canadienne ou celle des Nations Unies du jour au lendemain. Il s'agit donc pour le Canada de savoir comment exercer des pressions. L'ONU accomplit beaucoup de choses louables, mais, dans le cas dont il est question, elle n'est pas en mesure d'intervenir assez rapidement. Elle n'a pas la souplesse nécessaire pour veiller à la réinstallation rapide des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays ou pour envoyer au Canada des victimes de la situation en Tchétchénie ou des survivants d'un génocide. Demandons aux Nations Unies d'apporter des changements pour être en mesure de le faire.
Quelle est la position du gouvernement à cet égard? Il est muet. Pour un gouvernement qui prétend avoir de la compassion envers les réfugiés et se soucier de leur réinstallation, le fait de ne pas utiliser son influence pour poser des questions — lesquelles relèvent de l'humanitaire et non de la politique — constitue un manque flagrant. J'ignore pourquoi nous ne mettons pas sur pied un sous-comité du comité parlementaire pour traiter la question des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays en cas de crise comme celle vécue en Tchétchénie ou au Soudan du Sud.
Je dois rendre hommage à mon collègue d'en face, qui est président du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration et qui, selon moi, a mis la partisanerie de côté et s'est battu dans son caucus afin de tenir une audience sur le génocide yézidi, ce qui a suscité des mesures. Nous ne devrions pas avoir à débattre la décision d'étudier une question et ensuite l'étudier à outrance pendant que des gens meurent, alors que nous aurions pu intervenir. Cette situation me frustre et m'attriste énormément. Des députés ministériels m'ont dit en privé qu'ils sont également frustrés par la situation. Pourtant, le gouvernement refuse d'intervenir.
Dans ce dossier, je demande au gouvernement de mettre la partisanerie et la rhétorique des Nations unies de côté et d'affirmer que cela doit changer. Nous ne pouvons plus agir ainsi.
Je demande aussi au gouvernement de reconnaître honnêtement que ce qui a été dit pendant la campagne au sujet de la réinstallation des réfugiés n'était pas la réalité. Je me souviens des débats et des émissions-débats à la télévision sur la crise des réfugiés syriens; deux points sont ressortis. Il y avait d'abord le jeu de surenchère visant à déterminer quel parti amènerait le plus grand nombre de réfugiés au Canada, ce que j'ai trouvé déplorable.
Je me souviens de certains propos tenus par l'ancien ministre McCallum lors d'une discussion à laquelle j'ai participé. Il a dit que l'initiative n'allait pas coûter plus de 250 millions de dollars et que tous les coûts étaient déjà établis. Il a aussi dit très clairement que les réfugiés contribuent à l'économie canadienne. C'est peut-être le cas, mais nous avons constaté que bon nombre de réfugiés soutenus par l'État qui sont venus au Canada dans le cadre de cette initiative — je crois que le ministre a parlé de 90 % d'entre eux — n'ont pas trouvé d'emploi dans les 13 mois suivant leur arrivée au Canada. C'est un chiffre important, car c'est le délai au bout duquel le financement du programme de réinstallation des réfugiés prend fin.
Un nombre aussi élevé de réfugiés sans emploi va à l'encontre de la déclaration faite par l'ancien ministre pendant la campagne. Nous devrions nous demander si nous nous attendons à ce que les réfugiés soutenus par l'État obtiennent un emploi. Nombre de Canadiens diraient que oui, d'autres que non, mais, quel que soit son avis sur ce sujet, le gouvernement devrait être honnête envers la population canadienne à propos des coûts à long terme des programmes d'intégration et d'aide, ce qu'il n'a pas fait jusqu'à présent.
En comité, j'ai demandé au ministre pourquoi aucun plan n'avait été établi afin de parer au coût des prestations d'aide sociale pour les réfugiés qui ne trouvent pas d'emploi. Cela peut sembler très insensible, mais lors de la campagne électorale, le gouvernement avait fait une déclaration sur l'incidence économique des réfugiés. Il aurait dû dire qu'il serait charitable et soutiendrait les réfugiés, dévoiler combien cela coûterait et demander aux Canadiens de lui donner le mandat d'aller de l'avant, mais il ne l'a pas fait.
En agissant ainsi, les libéraux ont transféré les coûts aux gouvernements provinciaux, y compris au gouvernement de ma province, qui connaît une période très difficile en ce moment. Qui sont les principales victimes de tout cela? Ce sont les réfugiés eux-mêmes.
Le comité a entendu le témoignage d'un réfugié syrien qui a déclaré qu'il vivait dans un appartement infesté de vermine. Ce n'est pas l'expérience que le Canada devrait offrir aux nouveaux arrivants. Nous devrions aborder des questions comme les coûts du logement abordable et de l'aide sociale ainsi que les possibilités d'enseignement spécialisé pour les enfants dont l'éducation a été interrompue, mais nous ne le faisons pas. Cela donne lieu à un certain refus d'aider: quels seront les avantages pour moi? Quels seront les avantages pour nous?
En toute honnêteté, les contribuables canadiens sont en droit de demander combien cela coûtera et pourquoi nous le faisons. Cependant, nous n'avions pas jusqu'ici eu l'occasion d'avoir un débat public à ce sujet à la Chambre, et c'est pourquoi je suis très heureuse de prendre la parole ce soir pour enfin aborder cette question.
C'est très, très frustrant. J'espère de tout coeur que les réfugiés syriens vont connaître du succès. Cependant, quand j'apprends que 90 % d'entre eux n'ont pas trouvé de travail au bout d'un an, je me demande quel est le plan du gouvernement. Que fait le gouvernement pour les aider à se trouver un emploi? Que fait-il pour pallier le manque de services de formation linguistique? Qu'en est-il du fait que les systèmes d'éducation ne répondent peut-être pas le mieux possible à leurs besoins? Le gouvernement libéral a réalisé un projet incomplet. Qui plus est, il laisse tomber certaines des personnes les plus vulnérables au monde, comme les survivants de génocide ou les membres de la communauté LGBTQ, qui sont persécutés.
Le comité vient de mener une étude sur la façon dont le Canada pourrait appuyer les réfugiés LGBTQ. Cependant, il n'est pas question d'eux dans le projet de loi ou les amendements proposés. La réalité, c'est que les membres de la communauté LGBTQ figurent parmi les personnes les plus vulnérables et les plus persécutées au monde. Nous savons que certains États sanctionnent la persécution des membres de cette communauté.
Le gouvernement précédent avait lancé un projet pilote pour aider une ONG à établir la priorité et aider à faire venir au Canada les membres persécutés de la communauté LGBTQ dans le cadre du programme canadien de réfugiés. Cependant, le gouvernement actuel ne s'est pas encore engagé à rendre ce programme permanent. Où est cet engagement dans la politique d'immigration du Canada? Il ne figure nulle part dans le projet de loi ni dans les amendements. Encore une fois, les témoignages entendus en comité à ce sujet étaient déchirants. C'est une chose de participer à un défilé de la fierté gaie et de reconnaître qu'il nous reste encore du travail à faire au Canada, mais c'en est une autre de rester muet quand il s'agit d'aider les membres de cette communauté en élaborant une politique gouvernementale, y compris sur la réinstallation des réfugiés.
Il ne s'agit pas seulement de la réinstallation des réfugiés. Lorsque nous examinons la politique internationale concernant les personnes déplacées ou les crises migratoires, la question comprend plus que la composante de réinstallation. Il y a aussi la question de l'intervention militaire, et de l'aide et du développement à long terme qui aideront à établir une société civile et à élaborer les processus par lesquels les gens peuvent rester dans leurs terres ancestrales, ce qui comporte certainement des questions au sujet des génocides. La réinstallation est-elle la seule option? Le gouvernement est resté en grande partie silencieux à ce sujet. Comme nous l'avons dit...
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Madame la Présidente, je remercie mon collègue de son intervention. Je veux aussi profiter de l'occasion pour le remercier de son travail comme vice-président du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. J'ai grandement bénéficié de sa longue expérience en tant que président de ce comité lors des législatures antérieures, et il m'a beaucoup appris.
Je veux revenir sur l'absence, dans le projet de loi, de renseignements quant à la façon dont le Canada aide les réfugiés LGBTQ. Je crois fermement que de nombreuses recommandations positives, formulées par des membres de la société civile ayant comparu devant notre comité, auraient pu être intégrées à un programme quelconque. Il est honteux que ce projet de loi omnibus présenté par le gouvernement ne tienne pas compte des besoins de ce groupe particulier. J'espère que le gouvernement corrigera cette lacune. Nous continuerons à exercer des pressions sur le gouvernement afin que le programme pilote établi sous le gouvernement conservateur devienne un programme régulier, et que cela se fasse avec l'aide et les conseils des membres de la communauté LGBTQ au Canada, qui font un excellent travail.
Un autre point important est que nous n'avons pas parlé de la meilleure façon d'appuyer les groupes de parrainage privés. Selon certains témoignages entendus pendant l'étude sur les réfugiés syriens plus tôt cette année, ou à la fin de l'année dernière, de nombreuses améliorations pourraient être apportées afin de tirer pleinement profit de la générosité des philanthropes canadiens et des gens qui choisissent d'accueillir des réfugiés dans leur maison au moyen du parrainage privé.
Un grand nombre de mes collègues de tous les partis doivent composer avec la frustration associée aux délais de traitement des demandes visant à faire venir ces réfugiés au Canada. On a signalé de nombreux cas où des personnes ont perdu leur dépôt pour un appartement ou encore de gens qui n'ont pu établir de contact entre une famille de réfugiés et le soutien offert ici en raison des délais de traitement. Cette question demeure un problème.
Par ailleurs, il nous incombe de toujours être reconnaissants, ici, à la Chambre. Au nom de tous les parlementaires, je tiens à remercier les nombreux groupes de parrainage privés canadiens qui ont participé à l'initiative des réfugiés syriens, et qui ont aussi contribué à faire venir des membres persécutés de minorités ethniques et religieuses au Canada. Je parle de groupes comme Rainbow Railroad et d'autres qui sont associés à la communauté LGBTQ. Ils ont contribué à l'arrivée au Canada de gens persécutés appartenant à ces communautés par l'entremise du programme de parrainage privé. Je le répète, les améliorations recommandées à cet égard sont absentes des amendements.
Je ne comprends pas au juste quelles priorités sont abordées par le projet de loi. Les questions les plus urgentes pour notre pays en matière d'immigration ne s'y trouvent pas.
Je m'en voudrais de ne pas parler du fait que le projet de loi passe sous silence un enjeu de grand intérêt élevé pour les parlementaires et de nombreux Canadiens. Il s'agit de la question des personnes qui traversent les frontières terrestres de façon illégale ou irrégulière. On peut employer le mot que l'on veut. On a appris la semaine dernière dans les nouvelles qu'une dame qui avait tenté de franchir la frontière en provenance des États-Unis, vraisemblablement pour demander l'asile, était morte en cours de route. Cette terrible tragédie n'a pas encore été soulignée adéquatement à la Chambre. C'est effroyable. Or, le gouvernement n'a toujours rien dit à ce propos. C'est là un problème.
Le gouvernement reste silencieux quant au problème des personnes qui franchissent illégalement la frontière. Il y a une hausse importante du nombre de personnes qui tentent de franchir la frontière pour demander l'asile. Les collectivités sont mises à dure épreuve. L'Agence des services frontaliers du Canada, la GRC et les municipalités sont toutes à bout de souffle. Or, le gouvernement n'a toujours rien dit à ce propos. Il a fallu des mois pour que le gouvernement fasse même allusion au fait que cela n'est pas sécuritaire.
J'ai grandi dans le sud du Manitoba et je sais à quoi ressemble un soir à -30°. Franchir la frontière dans de telles conditions n'est pas sans danger. Quand j'ai vu que le avait transmis un message de bienvenue sur Twitter dans ce contexte, j'ai été consternée. Ce n'est pas le fait qu'on montre que le Canada est un pays ouvert et accueillant qui m'a consternée. Ce n'est pas une querelle politique. C'est la façon dont les gens entrent au pays qui ne va pas; cela devrait se faire selon des procédures établies. Les lacunes qui permettent ce genre de chose sont la raison pour laquelle nous débattons des mesures législatives comme le projet de loi . Ce projet de loi, un projet de loi omnibus, passe complètement sous silence, même au stade des amendements, la question de l'Entente sur les tiers pays sûrs et du processus qui permet à une personne de demander l'asile au Canada si elle se trouve déjà aux États-Unis.
Pour les gens à l'écoute qui ne sont peut-être pas au courant du dossier, le Canada a une entente avec les États-Unis. Nous reconnaissons que nos régimes de traitement des demandes d'asile sont tous deux très robustes et indépendants et fonctionnent selon des principes de générosité, de compassion et d'application régulière de la loi. Si une personne demande l'asile aux États-Unis, elle ne peut automatiquement demander également l'asile au Canada. L'Entente sur les tiers pays sûrs a essentiellement été conçue, entre autres, pour garantir que notre régime d'asile est ouvert, transparent et fluide pour les personnes les plus vulnérables au monde et qu'il n'est pas engorgé par des personnes qui demandent l'asile dans nos deux pays. L'Entente sur les tiers pays sûrs dit très clairement que si une personne traverse la frontière par la voie appropriée, il lui est interdit de présenter une demande d'asile. Toutefois, l'Entente ne dit rien à propos des personnes qui traverse la frontière à un point non contrôlé. Cela fait que des gens traversent la frontière illégalement pour présenter une demande d'asile au Canada.
Je ne crois pas que la situation soit viable. Un député du NPD, dont j'oublie le nom de la circonscription, a décrit très éloquemment les préoccupations de la communauté juridique, disant que l'Entente sur les tiers pays sûrs ne devrait peut-être pas exister et que nous devrions l'abandonner. J'estime qu'il s'agit d'une lacune à laquelle il faut remédier. C'est mon avis. D'autres soulèvent la question des positions adoptées par le Canada dans le contexte de traités qu'il a signés concernant les réfugiés. Bref, ce que je veux dire, c'est que nous n'avons pas débattu de la question. Le gouvernement ne reconnaît même pas qu'il y a un problème. Le projet de loi n'en fait nulle mention et c'est un gros problème.
À l'approche de l'été, les experts prévoient une forte augmentation de nombre de personnes qui tenteront de franchir la frontière canadienne de cette manière. J'ai visité des municipalités qui vivent cette situation dans mon ancienne province, le Manitoba. Certaines personnes au Canada ont tenté de traiter ceux qui tirent la sonnette d'alarme à ce sujet de xénophobes. Je me souviens avoir eu une conversation avec trois femmes dans les rues de Gretna, devant un établissement bâti pour les aînés qui servait maintenant à héberger les immigrants illégaux et à traiter leurs demandes. Les gens de cette municipalité disent qu'ils sont très peu nombreux et qu'ils voient maintenant l'équivalent d'environ le tiers de leur population être traité chaque jour dans le centre. C'est une situation qui n'est pas viable, tant pour les habitants de la municipalité que pour les gens qui traversent la frontière. J'ai également eu des discussions avec les gens du gouvernement provincial au Manitoba. Ils disent que la province a besoin d'un soutien financier plus important du gouvernement fédéral. La réticence dont je leur ai fait part s'exprime par la question suivante: faut-il un soutien financier plus important ou faut-il que le gouvernement rajuste le tir dans l'ensemble de sa façon de gérer la situation relative à ces demandeurs d'asile?
Sans une orientation ou un avis à propos de la position du gouvernement à l'intention de la communauté internationale sur cet enjeu, je doute fort que nous trouvions une solution, que ce soit une mesure procédurale ou législative, ou encore une campagne d'information ou de sensibilisation, qui empêchera les groupes de trafiquants d'accentuer leurs activités. Toutes ces préoccupations en matière de politique sont légitimes; pourtant, le gouvernement est resté complètement muet sur ces enjeux dans le cadre du projet de loi .
Les problèmes le long de la frontière du Manitoba montrent notre incapacité, à titre de parlementaires, de régler une question importante. Nous avons vécu un moment tragique et révélateur pendant la campagne électorale fédérale de 2015, lorsque nous avons vu le corps d'un jeune enfant échoué sur la plage parce que sa famille tentait de quitter une zone de crise. Nous devrions être tout aussi indignés qu'une femme soit morte en essayant de demander l'asile au Canada selon les processus en place. Une conversation difficile s'impose sur combien de réfugiés nous voulons accueillir au pays et dans quelles circonstances. Il faudra notamment discuter des éléments que j'ai soulevés plus tôt dans mon discours au sujet du soutien à long terme.
Cela a un prix. Nous devons avoir un plan. Le gouvernement doit se montrer transparent à ce sujet au lieu d’affirmer simplement que c’est la responsabilité des gouvernements provinciaux. Mes collègues de l’Assemblée législative du Manitoba ont raison de dire que nous refilons notre responsabilité au gouvernement provincial en ne réglant pas cette question.
Le a dit à la Chambre que le gouvernement surveille la situation, et cetera, et cetera, mais ce n’est pas assez de surveiller la situation, parce que quelqu’un a perdu la vie, et nous devons nous assurer que cela n’arrivera plus. Le projet de loi est muet à cet égard, comme le .
Ma collègue de Vancouver au sein du comité de l’immigration a présenté une motion importante au comité afin d’étudier cette question, mais chaque fois qu’elle l’a soulevée en réclamant avec vigueur qu’on fasse cette étude, elle a été freinée et le débat a été interrompu. Nous n’avons même pas voté sur la motion.
Pourtant, nous voilà en train d’examiner le projet de loi , l’une des questions d’intérêt public les plus pertinentes de notre époque, et le projet de loi est complètement muet à propos de l’entente sur les tiers pays sûrs ou du soutien à long terme des réfugiés. Je trouve cela atroce.
Comment les députés ministériels peuvent-ils continuer d’affirmer que le Canada accueille les réfugiés ou continuer de clamer sur toutes les tribunes internationales que le Canada a le meilleur modèle de traitement des réfugiés, en sachant bien que nous ne sommes pas exceptionnels? Le Canada est exceptionnel dans sa naïveté et son arrogance de croire que notre processus ne peut pas être réparé.
Je songe aux ratages de notre pays, quand la question de l’admission des réfugiés s’est corsée, comme à l’époque du MS St. Louis alors que la politique du gouvernement fédéral à l'époque était « aucun, c'est déjà trop ». Quand on dit « plus jamais », il faut y croire vraiment, mais il faut aussi s'assurer d’avoir des processus adéquats pour que cela n’arrive plus jamais, pour offrir du soutien à long terme et pour faire en sorte que les Canadiens veuillent que leur pays demeure une terre d’accueil.
Où en sommes-nous à cet égard? Nous en sommes aux discours creux. C’est tout ce que le gouvernement a offert. J’ai des collègues au sein du caucus libéral qui sont très touchés par cette question et qui veulent faire preuve de compassion, mais nous ne pouvons pas être compatissants sans discuter de la façon dont nous allons nous y prendre. Je n’ai peut-être pas toutes les réponses, et mes collègues n’ont peut-être pas toutes les réponses, mais nous pouvons sûrement utiliser notre temps de débat et notre temps d’étude du projet de loi pour examiner ce genre d’enjeux. Le gouvernement a déposé un projet de loi que le Sénat a renvoyé à la Chambre avec des amendements qui n’abordent pas ces enjeux extrêmement pertinents. C’est une abdication de responsabilité.
Je voudrais savoir comment le gouvernement prévoit résoudre le problème des priorités à long terme dans l'accueil des réfugiés. Je voudrais savoir comment il prévoit aider les réfugiés, mais le projet de loi est muet à ce sujet.
Voyons maintenant la question des exigences linguistiques prévues dans le projet de loi. Je ne sais même pas par où commencer, parce que les dispositions à cet égard ont été modifiées à de nombreuses reprises. Pour acquérir la citoyenneté, une personne doit avoir certaines compétences linguistiques. Je crois qu'à l'heure actuelle cette exigence s'applique aux personnes de moins de 65 ans. Le demandeur doit connaître au moins l'une de nos deux langues officielles, le français ou l'anglais. Je me souviens que, dans le premier débat, j'ai étayé avec beaucoup d'arguments l'idée que la connaissance des langues est un facteur de cohésion sociale. Les gens qui veulent vivre au Canada doivent posséder l'une de ses deux langues officielles afin de pouvoir obtenir un emploi et s'intégrer à l'économie. C'est également nécessaire pour que ces gens ne vivent pas isolés.
Je suis particulièrement inquiète à la vue de l'étude sur les réfugiés syriens faite par le comité parlementaire, étude qui montre que beaucoup de femmes viennent au Canada sans pouvoir y suivre des cours de langue, ce qui les confine à l'isolement dans des communautés qui prennent l'allure de ghettos. Elles ne sont pas capables d'apprendre l'anglais. Si l'exigence linguistique est maintenue au-delà de l'âge de 65 ans, c'est que beaucoup de gens doivent travailler alors qu'ils sont dans la soixantaine. Certains députés ont plus de 60 ans et travaillent très fort. Pour pouvoir prendre part à la vie de la société canadienne et pouvoir travailler, les gens doivent posséder au moins l'une des deux langues officielles du Canada. Le projet de loi visait au départ à réduire l'âge auquel les réfugiés doivent posséder l'une des deux langues officielles s'ils veulent obtenir la citoyenneté canadienne.
J'ai toujours maintenu, entre autres choses, que c'est la maîtrise de la langue qui nous unit à long terme dans le pluralisme canadien et que, plutôt que d'abaisser la limite d'âge, nous devrions parler des mesures à prendre pour que les néo-Canadiens s'intègrent au Canada. Si l'âge est un obstacle pour apprendre la langue, que faisons-nous pour le surmonter? Ce sont des questions que j'ai posées au ministre lors de sa comparution au comité. J'ai demandé quelle preuve il avait que cela allait être plus avantageux que d'offrir des cours de langues. C'est en rapport direct avec les amendements du Sénat, car ils mentionnent l'âge auquel la maîtrise de la langue doit être acquise.
M. Paul Attia, porte-parole de l'organisme Immigrants for Canada, a déclaré:
Chez Immigrants for Canada, nous considérons la citoyenneté comme la participation à une équipe. Tous ont la possibilité, la chance d'essayer de faire partie de l'équipe, mais il faut répondre à certaines exigences. Il faut se présenter aux exercices: c'est la résidence permanente. Il faut pouvoir communiquer avec les coéquipiers: ce sont les exigences linguistiques.
L'ex-ministre McCallum a déclaré:
Je crois que c'est une question d'équilibre. Je souscris entièrement aux données qui indiquent que la maîtrise d'une des deux langues officielles est une bonne chose, que cela promeut et renforce la capacité d'une personne à réussir au Canada, à obtenir un emploi, à s'intégrer. D'une part, nous sommes favorables aux exigences linguistiques. D'autre part, je crois que c'est moins important dans le cas des nouveaux arrivants âgés.
Je pense qu'il faut tenir compte de questions culturelles [...]
Je ne considère pas comme étant très âgées les personnes de 55 à 64 ans, mais celles dont l'âge est plus avancé ne devront pas nécessairement satisfaire aux exigences, même si nous croyons, de façon générale, que la maîtrise de l'anglais ou du français est importante pour la réussite des nouveaux arrivants.
Dans sa déclaration, le ministre n'a pas fourni de donnée ou de justification montrant que la réduction de l'exigence de maîtrise d'une langue à un certain âge était une bonne chose.
Je me souviens d'avoir demandé aux fonctionnaires d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et au ministre si on avait mené une analyse de l'incidence qu'aurait cette exigence en matière de compétences linguistiques sur l'économie canadienne. Mme Catrina Tapley, fonctionnaire du ministère, a déclaré que, « en réponse aux questions précédentes [...] le ministère n'a pas mené d'analyse économique complète sur les modifications relatives aux compétences linguistiques ». C'est important. Elle a souligné d'autres pays en ce qui a trait aux compétences linguistiques liées à l'âge pour les examens de citoyenneté, mais n'a fourni aucune justification expliquant pourquoi une telle chose se produit dans le contexte canadien, surtout étant donné que le Canada est un pays pluraliste.
Nous accueillons des gens du monde entier selon divers volets d'immigration. Si nous voulons réduire l'âge maximal auquel s'applique l'exigence de maîtriser une langue en vue d'obtenir la citoyenneté, quelles seront les conséquences pour l'économie canadienne? Des gens qui s'écarteront probablement eux-mêmes de l'économie parce qu'ils ne sont pas en mesure de communiquer dans l'une des langues officielles du pays lorsqu'ils sont sur le marché du travail. Cela aurait été une occasion de me prouver le contraire.
Sheryl Saperia, représentante de la Fondation pour la défense des démocraties, a déclaré:
Par contre, j'aimerais simplement ajouter que même s'il est essentiel de maîtriser la langue pour bien s'intégrer dans un nouveau pays, jamais je ne souhaiterais imposer des exigences aussi élevées. Par contre, il faut encourager les nouveaux citoyens à apprendre la langue pour qu'ils puissent réussir et mener la meilleure vie possible ici.
Au début de mon discours, j'ai présenté des données et des commentaires sur l'initiative pour les réfugiés syriens. L'une des choses que les témoins ont mentionnées à maintes reprises, c'est que, pour que les gens qui sont entrés au Canada dans le cadre de l'initiative pour les réfugiés syriens puissent réussir, il faut que le gouvernement accorde la priorité à la formation et aux compétences linguistiques dans le cadre de sa planification. Voici une citation de Sandy Berman, de l'Initiative visant les réfugiés syriens d’Or Shalom:
Nous sommes très frustrés. Nous sommes prêts à fournir un soutien, mais nous essayons aussi d'être novateurs. Nous avons discuté avec des gens qui seraient prêts à prêter des appartements provisoirement pour régler certains problèmes de logement. Tous nos réfugiés qui sont parrainés par le secteur privé, même la famille de six, ne verront pas leurs besoins en matière d'hébergement comblés, parce que nous ne pouvons pas subvenir à leurs besoins dans les appartements dont ils ont besoin, c'est-à-dire des appartements de trois ou quatre chambres à coucher. Nous reconnaissons qu'ils vont devoir faire un compromis quant à l'endroit où ils vivront.
Pour ce qui est de l'accès aux cours de langue anglaise, j'ai eu les mêmes préoccupations que vous. Le fait d'avoir accès à des cours d'anglais et de français est d'une importance cruciale pour trouver un emploi. Il y a des réfugiés, par exemple, qui travaillent pour des entreprises de construction où l'on parle arabe ici, mais beaucoup de personnes n'ont pas accès à des personnes qui parlent arabe au travail ou ne peuvent pas compter sur elles pour les aider dans le cadre du processus. L'accès à l'anglais et au français est d'une importance critique.
Il est on ne peut plus clair que, dans tout changement essentiel apporté à une politique ou à une mesure législative, il faut s’assurer que l’on tienne compte de la formation linguistique. Lorsque l’ancien ministre a témoigné au comité, je me rappelle lui avoir carrément posé la question. Pourquoi s’attacher à abaisser l’âge auquel s’appliquent les exigences linguistiques et ne pas s’attacher plutôt à élaborer un cadre national solide pour la formation linguistique des nouveaux arrivants en demandant aux Canadiens d’autoriser le budget correspondant? Pour en revenir à la plateforme électorale, le gouvernement avait déclaré que l’initiative liée aux réfugiés syriens coûterait 250 millions de dollars. Nous savons tous qu’il s’agit d’une somme très modeste. Je veux que le gouvernement reconnaisse que ce n’est pas par la magie de ce projet de loi que l’on fera disparaître la nécessité d’offrir des services de formation linguistique.
Mme Leslie Emory, directrice du conseil d'administration de l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants, déclarait ceci:
L'initiative de réinstallation des réfugiés syriens a mis en relief la nécessité d'offrir des services à l'enfance peu coûteux et pertinents, davantage de cours de langue pour des apprenants de différents niveaux et d'offrir ces services à des heures différentes, au-delà des heures de classe normales et dans bien plus d'endroits.
Elle a ajouté:
Je ne saurais vous parler de l'établissement des coûts du côté du gouvernement.
Ce qui est très clair, c’est qu’aucun d’entre nous le ne sait non plus. Elle a poursuivi en ces termes:
Ce que je peux dire avec certitude, c'est que nous n'avons pas — vu le grand nombre de réfugiés dans la collectivité qui ont besoin de cours de langue, de services de garde et d'autres choses de ce genre — la capacité de subvenir à tous leurs besoins en ce moment.
Elle a aussi dit:
Je crois, si l'on prend le cas des réfugiés syriens, que les femmes qui ne parlent pas notre langue et qui ont souvent une famille nombreuse — quand ces facteurs sont combinés — tendent à être isolées. Nous devons mettre en oeuvre des programmes adaptés à leurs besoins et à leur style de vie afin de les intégrer dans la collectivité, par exemple, en leur offrant d'autres modèles de formation linguistique qui comprennent des services de garde.
Voilà pourquoi nous devons nous opposer à cette composante spécifique du projet de loi . L'argument de Mme Emory est que, si nous ne parlons pas du revers de la médaille, c'est-à-dire de l'aide à long terme à l'intégration, nous n'abordons pas la question de la bonne façon. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'a pas offert d'arguments convaincants, de preuves ou de données probantes pour montrer que le fait de réduire l'âge maximal pour maîtriser une langue serait une chose positive.
Voici une citation très franche, de la part d'un réfugié syrien. Elle est tirée de l'interprétation depuis l'arabe. Cet homme a dit:
Non, je ne travaille pas. Comment puis-je travailler si je ne parle pas l'anglais pour communiquer?
Encore une fois, j'essaie de formuler un argument en début d'allocution. Selon moi, le gouvernement fait fausse route en restreignant dans le projet de loi la fourchette d'âges dans laquelle les demandeurs doivent démontrer leur connaissance d'une des langues, parce qu'il n'a pas abordé la question de la formation linguistique. Nous devrions maintenir une exigence élevée à cet égard et étudier les obstacles systémiques à l'apprentissage linguistique pour assurer aux réfugiés la possibilité d'occuper un emploi à long terme. D'après moi, c'est ainsi que nous encouragerons l'immigration au Canada.
Voici les propos d'un autre réfugié:
Moi, j'ai été à un autre centre et, là aussi, on m'a dit qu'il n'y avait plus de places et que je devais attendre. Quand j'ai dit que j'étais un nouvel arrivant et que je souhaitais m'inscrire à un cours d'anglais langue seconde, on m'a répondu: « Très bien, mais les classes sont pleines pour l'instant. Nous n'avons pas de place pour vous. Veuillez revenir plus tard. »
Pourquoi? On m'a dit qu'il y a un grand nombre de nouveaux arrivants syriens qui remplissent les classes. En outre, il y a d'autres immigrants qui sont au Canada depuis avant l'arrivée des Syriens et qui ont repris leurs cours. Cela change la donne pour nous.
À mon avis, il y a une absence complète de preuve. Chers collègues, c'est très grave. Je sais que je n'arrête pas d'en parler, mais rien ne prouve que la réduction de l'âge à laquelle un demandeur doit maîtriser l'une des langues officielles soit la bonne politique à adopter. À l'inverse, selon les renseignements fournis dans le cadre des témoignages au comité et en général, nous devrions plutôt déterminer les obstacles systémiques à l'intégration linguistique et les éliminer.
Or, je crois comprendre que la sénatrice Griffin, de l'autre endroit, a proposé un amendement au projet de loi qui permettrait de trouver un juste milieu. Plutôt que de fixer à 55 ans l'âge à laquelle une personne qui présente une demande de citoyenneté doit maîtriser l'une des langues officielles, comme il était initialement prévu dans le projet de loi , l'âge serait fixé à 60 ans. Elle a fourni d'excellentes raisons pour augmenter l'âge.
En résumé, le gouvernement conservateur précédent a été le premier à fixer l'âge maximal dans la loi à 65 ans. Avant cela, au début des années 1980, l'âge pour obtenir une dispense automatique des exigences de compétences linguistiques était de 65 ans ou plus. En 1994, l'âge requis est passé à 60 ans. À un moment donné entre 1994 et 2014, l'âge pour la dispense a de nouveau diminué et est passé à 55 ans. Ma collègue de l'autre endroit soutient que ces modifications n'ont jamais découlé de décisions politiques; elles découlaient plutôt de décisions prises par des cadres intermédiaires et issues de la bureaucratie.
Je reprends un passage de son allocution au Sénat:
Selon la Bibliothèque du Parlement, le choix de prévoir une exemption à compter de 55 ans est récent et ne découle pas de décisions prises par des politiciens ou des hauts fonctionnaires.
L'âge de 55 ans est donc arbitraire, et cette décision ne semble s'appuyer sur rien. La sénatrice Griffin poursuit en disant ceci:
De plus, l'analyste de la Bibliothèque du Parlement ne trouve aucun document indiquant que l'âge de 55 ans a été fixé sur la base d'instructions ministérielles. L'âge de 55 ans semble plutôt avoir été choisi au niveau de la gestion intermédiaire au moyen d'un instrument de délégation.
Elle a fondé son argument sur un rapport du comité présenté en juin 1994, sous un gouvernement libéral majoritaire. Le rapport s'intitule « La citoyenneté canadienne: un sentiment d'appartenance ». Pour paraphraser ce rapport, le comité a conclu que le fait d'abaisser l'âge du droit de vote de façon arbitraire nous amènerait à une forme de générosité mal placée qui risquerait d’isoler des néo-Canadiens et de nuire à leur participation à la société canadienne. Le fait d'avoir abaissé l'âge d'exemption automatique pour le faire passer de 65 à 60 ans a mené à une baisse de 10 % à 15 % de la fréquentation des cours de formation linguistique et civique, selon un juge qui a témoigné au comité. Selon ce rapport, les témoins ont tous insisté sur l'importance de la langue dans le processus d'intégration et dans le sentiment d'appartenance qui se trouve au coeur de la citoyenneté.
Je sais que des gens pourraient dire que 1994, c'était il y a longtemps. Je ne suis pas de cet avis. Le temps a passé très vite, mais ce que je trouve curieux, c'est que, chaque fois que le gouvernement essaie de se justifier ou de donner des exemples d'intégration parmi les cohortes de réfugiés précédentes, il fait allusion à des réfugiés qui sont venus au pays dans des circonstances bien différentes du contexte actuel.
En réalité, la maîtrise de la langue est encore plus importante de nos jours qu'elle l'était en 1994, étant donné l'évolution considérable de nos modes de communication. Nous sommes censés savoir comment nous servir d'une grande variété de dispositifs de communication électronique afin de pouvoir être compétents dans notre travail ou de pouvoir occuper de nombreux emplois. Les personnes qui ne possèdent pas ces compétences linguistiques ne pourront pas s'intégrer pleinement à la population active et n'auront pas la moindre chance de progresser dans leur carrière.
Ce rapport est intéressant à lire, et j'encourage mes collègues à y jeter un coup d'oeil. Il contient deux recommandations que je tiens à souligner. Tout d'abord, il dit ceci:
Le ministre doit conserver le pouvoir discrétionnaire de laisser tomber, pour des motifs d'ordre humanitaire, les exigences relatives aux connaissances […] y compris à la connaissance d'une des langues officielles. Toutefois, il devrait exercer ce pouvoir discrétionnaire au cas par cas, et seulement si les efforts déployés par le demandeur pour se conformer à ces exigences sont sincères.
Le rapport se poursuit ainsi:
Le gouverneur en conseil doit garder son pouvoir d'accorder la citoyenneté afin de remédier à une situation particulière et inhabituelle de détresse ou de récompenser des services exceptionnels rendus au Canada.
Le fait est que, même en 1994, on soulignait que la langue était un facteur d’unification qui aidait les gens à participer à l'économie canadienne. Par conséquent, nous ne devrions pas abaisser l'âge auquel s’applique l'exigence concernant les compétences linguistiques. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement fait cela ici aujourd'hui. Je préférerais que mes collègues appuient l'amendement venu de l'autre endroit, de la sénatrice Griffin, car il reconnaît la nécessité d'encourager les gens et de leur fournir des services pour qu'ils arrivent à maîtriser la langue.
Je crois comprendre que le gouvernement ne soutient pas cela. Je l'ai appris du discours du ministre. J'exhorte mes collègues à réfléchir à cela. Ce n'est pas dans notre intérêt. J'aborderai certaines des objections et des justifications qui pourraient être présentées. Certains témoins ont parlé de personnes qui ne pouvaient pas devenir citoyens parce que certaines circonstances de leur vie les empêchaient d'apprendre la langue. Au comité, nous avons entendu de nombreux témoins parler des circonstances où les gens ne peuvent pas apprendre la langue, mais encore une fois, la recommandation que je viens de lire tirée du rapport de 1994 montre que le ministre a déjà le pouvoir discrétionnaire de dispenser de cette exigence. Il peut le faire au cas par cas pour des motifs humanitaires.
Encore une fois, je dis que nous devrions entreprendre une étude pour déterminer ce qui empêche les gens d'apprendre la langue au Canada. Au lieu de chercher à changer l'âge, nous devrions chercher à éliminer les obstacles aux programmes, puis nous en remettre à la société civile et communiquer nos attentes aux personnes qui viennent au Canada pour expliquer que cet aspect est très important.
En abaissant l'âge, nous indiquons au monde que nous ne nous attendons pas à ce que les gens de 55 ans travaillent et soient des membres productifs de la société et que, dans un sens, nous ne nous préoccupons pas d'eux. Ce n'est peut-être pas l'intention du gouvernement. Cependant, c'est l’impression que j'en retire, faute de justification. Dans ce cas, le ministre aurait pu convoquer un comité, mais il ne l’a pas fait, d’après la citation que j'ai lue. Par conséquent, je suis convaincue que cet amendement du Sénat devrait être appuyé.
Ce long amendement concerne le processus d'appel pour les personnes dont la citoyenneté est sur le point d’être révoquée en raison d'une fraude ou d'une fausse déclaration. Il s'agissait d'un amendement présenté par le Sénat qui a été étudié au comité. Par conséquent, je vais fournir un certain contexte ainsi qu'un avis à ce sujet. Nous n'avons même pas abordé cette question au comité ou à la Chambre.
Nous offrons tous des services dans nos circonscriptions. Le traitement des demandes d'immigration et le traitement des dossiers font partie de nos responsabilités. Cela a d'énormes répercussions sur le système d'immigration au Canada, tant en ce qui concerne l'intégrité que la capacité de notre système d'immigration à gérer ce changement.
Le projet de loi , dans sa forme initiale, élimine dans le projet de loi l'obligation de révoquer la citoyenneté d'une personne reconnue coupable de terrorisme. Comme je l'ai dit au début de mon intervention, cela pourrait avoir une incidence sur un cas comme celui de Zakaria Amara. Cependant, tout au long du débat sur le projet de loi , dans sa forme initiale, ainsi qu'à l'étape de l'étude en comité, j'ai cru comprendre que le gouvernement conserverait la capacité de révoquer la citoyenneté d'une personne l'ayant obtenue par des moyens frauduleux.
À mon avis — et j'espère que personne ne me contredira —, si une personne ment sur sa demande de citoyenneté ou fournit des renseignements frauduleux, elle ne devrait pas avoir le droit de conserver la citoyenneté canadienne, parce qu'elle a menti pour l'obtenir et n'y avait pas droit au départ. Il s'agit d'un argument différent que la révocation de la citoyenneté pour terrorisme ou d'autres actes semblables. Nous pourrions tenir un débat complet sur cette question, et nous avons en effet tenu des débats là-dessus. Cependant, dans ce cas-ci, la révocation de la citoyenneté pour fraude ou fausse déclaration est tout à fait indiquée, puisque la personne n'y avait pas droit au départ. La décision du gouvernement d'attribuer la citoyenneté à la personne était fondée sur de faux renseignements fournis. Personne ne souhaite que cela se produise, mais nous savons pertinemment que cela se produit à l'occasion.
La fraude en matière de citoyenneté est très grave. Nous avions commencé à examiner le problème de la fraude en matière de citoyenneté sous l'ancien gouvernement. C'était au début de la dernière législature. Je crois que c'est à Toronto, en 2013, qu'on avait relevé des milliers de cas de personnes ayant fraudé le système.
Les fraudes en matière de citoyenneté sont une grande source de préoccupations. Cela a été souligné dans le rapport de 2016 du vérificateur général, dans lequel ce dernier a soulevé de nombreux cas de fraudes en matière de citoyenneté.
Stephanie Levitz, dans un article qu'elle a écrit au début de 2016, a affirmé ceci:
Les personnes qui possèdent de lourds casiers judiciaires et celles qui utilisent des adresses potentiellement bidon sont parmi les personnes qui ont réussi à obtenir la citoyenneté canadienne à cause d'un système qui n'en fait pas assez pour éradiquer la fraude, a constaté le vérificateur général.
La vérification des demandes de citoyenneté par Michael Ferguson entre juillet 2014 et l'automne dernier a révélé que le ministère de l'Immigration a accordé des citoyennetés en se fondant sur des renseignements incomplets ou sans avoir procédé à toutes les vérifications nécessaires parce qu'il n'applique pas ses propres méthodes de lutte contre la fraude.
Le ministère n'est pas le seul dans le tort. En effet, le vérificateur général a trouvé que les agents frontaliers et la GRC n'ont pas fourni assez d'information ou de renseignements en temps opportun au ministère pour l'aider à déceler les cas suspects.
« Cette constatation est importante parce que des personnes qui ne remplissent pas les conditions nécessaires pourraient obtenir la citoyenneté canadienne et bénéficier d’avantages auxquels elles n’ont pas droit », a affirmé Michael Ferguson dans son rapport du printemps, présenté mardi dernier à la Chambre des communes. Il a également ajouté ceci:
« Il faut du temps et beaucoup d’argent pour révoquer la citoyenneté d’une personne qui n’aurait pas dû l’obtenir. »
Les problèmes sont variés, allant des agents d'immigration qui ne comparent pas assez régulièrement les documents de voyage aux faux documents connus de la banque de données, aux agents ou aux ordinateurs qui ne réussissent pas à signaler les adresses suspectes qui pourraient mener à des cas de fraude en matière de résidence.
J'ai été renversée de lire cela.
Dans un cas, il a fallu plus de sept ans à un agent de la citoyenneté pour se rendre compte qu'une même adresse avait été utilisée par au moins 50 demandeurs différents pendant des périodes de temps qui se chevauchaient. Parmi les 50 demandeurs, sept sont devenus citoyens canadiens.
Un examen de 49 demandes où l'adresse d'une personne avait été signalée comme étant problématique a révélé qu'aucun suivi n'avait été assuré dans 18 des cas pour vérifier si le demandeur répondait aux exigences en matière de résidence.
Dans quatre des cas, la GRC n'a pas fait part au ministère de l'Immigration d'accusations criminelles pesant contre des personnes qui avaient déjà passé l'étape de la vérification du casier judiciaire du processus de citoyenneté. Deux personnes ont obtenu la citoyenneté. Une troisième personne a raté le test des connaissances sur le Canada et une quatrième personne a laissé tomber sa demande.
Le vérificateur général a également constaté que quatre personnes dont les dossiers auraient dû être inadmissibles en raison de leurs casiers judiciaires ont obtenu la citoyenneté même si les agents de la citoyenneté avaient accès à ces renseignements.
Il n'était pas immédiatement clair mardi si les signaux d'alarme du bureau du vérificateur général avaient mené à de nouvelles enquêtes sur les cas de fraude.
En réponse à la vérification, le ministère de l'Immigration, l'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC ont déclaré travailler à intensifier leurs efforts et ont assuré qu'un meilleur système devrait être en place d'ici la fin de l'année.
Les vérifications de mardi ont également signalé des problèmes dès le départ du processus d'obtention de la citoyenneté de bien des gens — soit à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, qui traite les demandes d'asile.
Dans le cadre d'un examen des nominations aux tribunaux gouvernementaux, le vérificateur général a constaté que certains postes étaient vacants depuis longtemps au sein de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié ainsi que de ce que l'on appelle le Tribunal des revendications particulières, qui traite des revendications des Premières Nations contre la Couronne.
Dans les deux cas, les postes vacants contribuent aux retards dans les décisions des tribunaux. À la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, l'on retrouve 21 postes vacants, ce qui donne lieu à des délais d'attente moyens de 18 mois. Cela représente une hausse par rapport à la dernière étude du processus de nomination, en 2009.
Lorsqu'il s'agit de pourvoir les postes vacants, le vérificateur général a signalé que, pour les postes à temps partiel, rien n'indiquait qu'un processus de sélection était en place ou que les candidats étaient évalués pour s'assurer qu'ils possédaient les compétences requises.
Au début de l'année 2016, le vérificateur général a révélé qu'il avait repéré d'importantes lacunes au sein des ministères; j'aimerais bien lire le rapport au complet, mais je doute que cela intéresse beaucoup de monde. Je ne souhaite pas politiser l'affaire. Il y a une énorme bureaucratie. Ce qui incombe aux politiciens dans toute cette affaire, c'est d'exercer la surveillance politique voulue en vue de rectifier le problème.
Certains collègues m'ont demandé si la fraude en matière de citoyenneté est vraiment un problème d'envergure. Il y avait justement un article là-dessus que je voulais trouver. C'est ce qui nous a motivés à réformer le régime de citoyenneté, en particulier le processus d'appel concernant la révocation.
Il s'agit d'un article diffusé par CBC News le 10 septembre 2012, qui affirme que la révocation de la citoyenneté pour fraude avait été ordonnée dans 3 100 cas. L'article commence en disant que, sur quelque 11 000 cas visés par l'enquête menée par le ministère de Jason Kenney, 19 personnes jusqu'alors avaient vu leur citoyenneté révoquée. Le gouvernement fédéral avait entamé le processus en vue de révoquer la citoyenneté de 3 100 personnes soupçonnées d'avoir menti dans l'espoir d'obtenir la citoyenneté canadienne. L'article dit:
En conférence de presse lundi matin, Jason Kenney, ministre de l'Immigration, a affirmé que le gouvernement fédéral « appliquait fermement les lois canadiennes » dans ses efforts de répression visant les personnes qui auraient acquis la citoyenneté canadienne de manière frauduleuse ou encore fait de fausses déclarations pour obtenir la résidence permanente.
« La citoyenneté canadienne n'est pas à vendre », a déclaré le ministre. « Nous prenons des mesures pour retirer la citoyenneté et le statut de résident permanent aux personnes qui ne respectent pas les règles ou qui mentent ou trichent pour acquérir la qualité de citoyen canadien. »
Il y a quelques autres extraits de l'article que j'aimerais vous citer, comme celui qui dit:
Cet effort de répression contre les personnes qui obtiennent la citoyenneté par des moyens frauduleux s'inscrit dans le cadre d'une enquête visant quelque 11 000 personnes qui auraient fait de fausses déclarations pour obtenir la citoyenneté ou le statut de résident permanent. [...] Selon un communiqué ministériel publié lundi dernier, près de 5 000 résidents permanents ont fait l'objet d'un signalement et seront étroitement surveillés s'ils devaient tenter d'entrer au Canada ou d'obtenir la citoyenneté. On estime que la majorité de ces personnes soupçonnées de fraude en matière de résidence se trouvent à l'extérieur du pays.
Il est clair que les demandes frauduleuses et les fausses déclarations n'ont rien d'inhabituel au Canada.
Il y a aussi la fameuse affaire qui a été rapportée par le National Post en 2014. L'article intitulé « Une famille perd sa citoyenneté pour avoir fait de fausses déclarations et doit maintenant 63 000 $ au gouvernement du Canada » porte sur une famille libanaise qui avait faussement affirmé avoir vécu au Canada et dont la citoyenneté canadienne a été révoquée « après que son mensonge eut été mis au jour dans le cadre d'un effort de répression du gouvernement visant les citoyens factices qui pourrait s'appliquer à des milliers de cas ».
Dans cette affaire, la famille — composée du père, de la mère et de leurs deux filles — avait signé des formulaires où elle affirmait avoir vécu au Canada pour la quasi-totalité des quatre années précédentes, alors qu'elle vivait en réalité aux Émirats arabes unis, comme l'avaient indiqué les filles sur leur CV affiché sur LinkedIn.
Là où je veux en venir, c'est que la proposition d'amendement qui nous vient du Sénat et qui a été débattue par un comité de la Chambre a d'importantes conséquences, car non seulement il y a beaucoup de fraude, mais en plus, le vérificateur général a décelé de graves lacunes dans la capacité du gouvernement à détecter la fraude en matière de citoyenneté.
Nous avons donc deux problèmes. Nous savons que la fraude en matière de citoyenneté existe. Nous savons que la capacité du gouvernement à la détecter laisse à désirer. Le gouvernement n'a pas dit un seul mot jusqu'à présent sur les mesures qu'il prend dans le dossier. Pourquoi est-ce important? La proposition d'amendement en question ferait en sorte que les personnes dont la citoyenneté a été obtenue par la fraude ou au moyen d'une fausse déclaration puissent bénéficier d'une audience. C'est ce que nous apprend un article du Globe and Mail paru le 3 mai 2017.
Selon un autre article, tiré du National Post du 9 mars 2017, l'« amendement exige du ministre de l'Immigration qu'il les informe de leur droit d'interjeter appel de la décision devant la Cour fédérale ».
Le projet de loi C-24 avait permis de simplifier les processus de révocation de manière à ce que les gens n'aient pas automatiquement le droit de se défendre lorsqu'ils sont sur le point de perdre leur citoyenneté. C'est essentiellement ce que dit l'article intitulé « Le Sénat présente une motion qui vise à rétablir les garanties procédurales dans le projet de loi libéral sur la citoyenneté ».
J'entame maintenant mon argumentaire afin de démontrer en quoi cela nous pose problème.
Notre priorité ne devrait pas être de bonifier les mécanismes d'appel pour aider ceux qui ont fraudé le système pour obtenir la citoyenneté, ce qui aurait pour effet de contribuer encore davantage à l'engorgement de l'appareil judiciaire fédéral et de coûter une fortune aux contribuables canadiens, qui se retrouveront à payer non seulement pour traiter toutes ces demandes, mais aussi pour maintenir les avantages dont bénéficient les personnes qui sont au Canada de façon frauduleuse.
Les demandeurs ont déjà le droit d’interjeter appel d’une décision du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté dans une cour fédérale, si le ministère a mal interprété et appliqué la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Le processus de révocation de la citoyenneté devrait relever des responsables, et non d’un comité d’appel arbitraire.
C’est le problème que j’ai, comme tous ceux d’entre nous qui s’occupent de dossiers d'immigration dans leurs bureaux. Cela pourrait inciter quelqu’un à mentir dans sa propre demande, alors qu’il faudrait plutôt sensibiliser les gens aux conséquences de la fraude et à la manière adéquate de procéder pour obtenir leur citoyenneté.
Nous tous, indépendamment de notre parti, avons eu dans nos bureaux des personnes qui se sont présentées et ont dit que leur citoyenneté était révoquée parce qu’elles avaient menti dans leurs demandes. L’histoire peut varier, certaines personnes disant avoir reçu de mauvaises informations d’un consultant en immigration qui leur aurait conseillé de mettre de l’information frauduleuse dans leur demande. Dans une telle situation, il est très difficile pour les députés d’intervenir, puisque ces gens ont menti dans leur demande de citoyenneté.
Les gens font parfois valoir l’existence de circonstances atténuantes. Par exemple, certains diront qu’ils ont été condamnés pour des crimes dans le pays qu'ils ont fui parce qu'ils y étaient victimes de persécution, que leurs tribunaux étaient corrompus ou encore qu’ils ont été à tort reconnus coupables de crimes et qu’ils ont donc choisi de taire ces condamnations dans leur demande. Une fois l'information trompeuse mise au jour, leur citoyenneté risquant d’être révoquée, ils soutiennent qu’ils ne devraient pas la perdre en raison des circonstances particulières dans leur pays précédent. Un grand nombre d’entre nous diront qu’il existe un processus généreux et juste pour évaluer leur situation, y compris leur casier judiciaire, s’ils sont sincères dans leur demande pour commencer.
Si l'amendement initial proposé par le Sénat n’a pas été présenté par le gouvernement comme amendement pendant l’examen du comité de la Chambre des communes, c’est qu’en mettant l’accent sur le processus d’appel et en donnant aux gens qui abusent du système une autre couche de complexité en ce qui concerne les appels, non seulement nous risquions de ralentir le système de justice fédéral, mais nous disions aux gens de ne pas s’en faire, que même s’ils avaient menti, ils avaient une deuxième chance.
Ce n’est pas le message à faire passer. Il y a tant de gens qui viennent au Canada, qui respectent les règles et pourraient apporter une contribution incroyable au tissu canadien, sur le plan économique ou social. Cependant, les ressources limitées dont nous disposons pour examiner les demandes ou les ressources limitées dont nous disposons pour les prestations seront consacrées à des personnes qui ont consciemment fait le choix de communiquer de faux renseignements dans leur demande de citoyenneté.
Je comprends qu'il puisse y avoir des circonstances qui amènent certaines personnes à hésiter à préciser quelque chose sur leur demande, mais il demeure que, lorsqu'on ment, on mérite de se faire révoquer sa citoyenneté. Voilà ce sur quoi nous devrions axer nos efforts. Voilà ce à quoi le gouvernement devrait affecter ses ressources; il devrait les investir dans des campagnes de sensibilisation et de promotion qui rappellent aux gens que les fausses déclarations entraînent des conséquences graves, dont la révocation de la citoyenneté, pas des mesures qui rallongeront les processus d'appel. Je pense que tous les partis en conviennent.
L'étude du comité sur les conseillers en immigration et les activités frauduleuses était très pénible. Nous avons entendu des témoignages tout bonnement sidérants. Bon nombre des membres du comité en sont sortis convaincus de la nécessité de faire quelque chose pour régler le problème. Bien qu'il existe de nombreux conseillers intègres qui, moyennant certains frais, donnent de bons renseignements utiles sur les façons de s'y retrouver dans le système d'immigration et d'obtention de la citoyenneté, il y a également ceux qui profitent du système. Je ne tiens pas à ce que laissions entendre à ces gens qu'il est en quelque sorte acceptable de fournir de faux renseignements dans une demande de citoyenneté.
Tâchons de bien y réfléchir. L'amendement dont nous sommes saisis envoie le message selon lequel nous voulons nous concentrer davantage sur le processus d'appel, en aval. Nous savons qu'il y a beaucoup de fraude à l'immigration. Nous savons que le gouvernement n'a ni la capacité ni les processus en place pour déceler la fraude. Voilà qui remet considérablement en cause l'intégrité de notre processus d'immigration, et, pourtant, le gouvernement reste coi. Les médias aussi, dans une large mesure. Cela change totalement la façon de faire au Canada ainsi que l'importance que nous attribuons au processus qu'il faut suivre pour obtenir la citoyenneté canadienne.
L'amendement en question et la réponse du gouvernement ont malheureusement pour effet de compliquer encore davantage la situation étant donné la décision rendue il y a environ un mois par la Cour fédérale sur cette même question.
Dans une décision, la Cour fédérale a statué qu'un processus d'appel doit exister pour les cas de révocation de la citoyenneté. Cependant, cette décision pourrait entraîner toutes sortes de problèmes. Elle pourrait notamment aggraver l'arriéré, comme je l'ai dit, inciter des gens à mentir dans leur demande et remettre en question le droit des demandeurs fraudeurs à la citoyenneté canadienne.
Pour ce qui est des conséquences de la décision de la Cour fédérale, le gouvernement a permis qu'arrive à échéance la période d'appel prévue dans celle-ci. En gros, dans sa décision, la Cour a indiqué qu'il n'était pas possible de mettre en application les mesures prévues dans le projet de loi . La Cour a soutenu que tout le monde avait le droit d'en appeler de la décision de révoquer la citoyenneté. Dans sa décision faisant 62 pages, la juge Jocelyne Gagné a conclu que les nouvelles dispositions — celles prévues dans C-24, je crois — enfreignaient la Déclaration canadienne des droits.
C'est intéressant. Ces dispositions enfreignent la Déclaration canadienne des droits, et non la Charte, qui est un document quasi constitutionnel. La décision touche plus de 200 personnes qui ont perdu leur citoyenneté canadienne depuis mai 2015 en raison de ce processus administratif écourté. Bon nombre d'entre elles vont maintenant avoir droit à des audiences complètes et pourraient recouvrer leur citoyenneté.
La décision en question fait état de huit cas d'essai qui remettent en question la constitutionnalité des modifications apportées en mai 2015 relativement à de prétendus mensonges dans les demandes de résidence ou de citoyenneté. Les changements apportés ont aussi interdit à ces personnes de présenter une nouvelle demande de citoyenneté canadienne pendant 10 ans après la révocation.
Le gouvernement disposait de 30 jours pour appeler de cette décision, et le délai a pris fin la semaine dernière. Jusqu’ici, le ministre n’a pas comparu devant le comité ni n’a fait savoir à la Chambre pourquoi le gouvernement avait laissé ce délai expirer sans intervenir. Je crois que l’on pourrait soutenir très fortement qu’il y a lieu d’appeler de cette décision. Je me suis entretenue avec quelques constitutionnalistes sur la question, et il en va de la définition de la citoyenneté. Je crois que cette décision est fondée sur la notion du droit à la citoyenneté canadienne et j’aimerais d’ailleurs en débattre avec quelqu’un.
Si la décision est fondée sur cette interprétation, on pourrait soutenir que la citoyenneté obtenue de manière frauduleuse ne constitue pas un droit pour la personne en partant, puisqu’elle a été obtenue sur la base de fausses déclarations. Le fait qu'on ait appliqué, pour rendre la décision, une logique qui donne en quelque sorte des droits de citoyen à une personne qui a obtenu frauduleusement sa citoyenneté — pour se la voir ensuite révoquée — est un motif d’appel. Cependant, le gouvernement n’a pas abordé la question.
Certaines personnes ont dit que nous devions en discuter pour des motifs d'ordre humanitaire. Je crois qu’il y a un mythe voulant qu’il n’y ait pas déjà une forme d’appel existante. Je vais citer le . Il comparaissait devant le comité sénatorial le 1er mars dernier. Il a dit: « En fait, l’avis de révocation est envoyé à la personne concernée…
:
Je vous remercie, monsieur le Président, de votre intervention extrêmement adéquate à la Chambre.
La citation suivante est simplement si renversante que je veux la consigner au hansard. L'avis de révocation est essentiellement la façon dont les gens sont avisés que leur citoyenneté sera révoquée pour cause de fraude. Le ministre a dit ceci:
En fait, l’avis de révocation est envoyé à la personne concernée pour lui permettre en réalité de réunir des preuves et de présenter sa situation personnelle au décideur pour que celui-ci prenne en compte sa situation personnelle, ce qui comprend les considérations d’ordre humanitaire.
Lorsqu'on lui a demandé si la personne a droit aux services d'un avocat, le ministre a donné la réponse suivante: « Le droit aux services d’un avocat est absolu. Vous pouvez retenir les services d’un avocat pour présenter des observations écrites et le dossier. Il n’est aucunement interdit d’avoir un avocat. » Il a ajouté: « Il existe un droit de contrôle judiciaire avec autorisation. »
À la même réunion du comité sénatorial, Mme Hubers, la directrice de la Prestation du programme de la citoyenneté à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, a expliqué le processus. Puisqu'il s'agit du processus qui est suivi, je veux le consigner au hansard pour mes collègues. Elle a dit ceci:
Premièrement, il y a une division du ministère qui étudie au départ les dossiers pour voir s'ils contiennent suffisamment de preuves susceptibles de justifier la révocation. Lorsqu'il semble exister des preuves suffisantes, le dossier est alors transféré à une autre division qui prend alors la décision d'envoyer un avis d'intention de révoquer la citoyenneté ou de ne pas le faire. L'avis d'intention contient tous les éléments sur lequel le décideur se baserait à ce moment-là pour rendre sa décision et invite les personnes concernées à présenter tous les facteurs qui devraient être pris en compte pour prendre cette décision, y compris leur situation personnelle, comme la durée du temps passé au Canada, l'âge auquel elles ont acquis la citoyenneté, leur lien avec le Canada et ce genre de choses. À ce moment-là, lorsque les documents arrivent, le décideur choisit ou non de rendre sa décision.
Ce que le et la fonctionnaire du ministère que je viens de citer ont dit au comité sénatorial est qu'il existe en fait un processus; cela ne se fait pas arbitrairement. C'est très erroné de dire que les gens qui suivent ce processus n'ont pas droit à l'application régulière de la loi, car ce n'est pas le cas. Il est également important de souligner qu'il y a une différence entre ce qu'a précisé la décision de la Cour fédérale concernant cette question et ce que propose l'amendement du Sénat. Ces deux documents se ressemblent, mais ils ne sont pas exactement identiques, puisque l'amendement précise spécifiquement que la Cour fédérale est le tribunal d'appel compétent. D'autres études s'imposent pour voir si la Cour fédérale est en fait le tribunal d'appel le plus compétent. Par exemple, l'Association du barreau canadien a déclaré que la Section d'appel de l'immigration de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada serait un choix plus approprié.
Par conséquent, voici ce que je pense. Compte tenu de la décision de la Cour fédérale, des conclusions du vérificateur général quant à la capacité du gouvernement de détecter la fraude en matière de citoyenneté et du fait que l'on reconnaît que ce genre de fraude pose problème, je crois comprendre que le gouvernement et le ministre ont présenté un amendement très verbeux et alambiqué. Toutefois, plutôt que d'en traiter, étant donné que le ministre est resté silencieux sur le sujet, que la question n'a pas été soumise à un comité ni débattue, que nous n'avons pas entendu d'experts sur la façon de régler toutes les questions soulevées dans les conclusions du vérificateur général et que le gouvernement n'a pas parlé de ces conclusions ni de la suite à y donner, nous devrions, pour commencer, nous abstenir d'examiner l'amendement proposé par le Sénat. Plutôt que de tenter de le modifier ici, nous devrions rejeter l'amendement et procéder à d'autres études. Le gouvernement devrait ensuite revenir au Parlement — devant un comité parlementaire ou avec une annonce — pour expliquer comment il entend donner suite aux conclusions du vérificateur général et sensibiliser les gens au fait que mentir sur une demande de citoyenneté n'est pas une chose à faire. J'estime en outre que le ministre a l'obligation et la responsabilité d'expliquer aux Canadiens pourquoi il a décidé de ne pas faire appel de cette décision.
Le gouvernement commence à manquer de temps. Non seulement il a laissé le temps dont il disposait pour faire appel à la décision du tribunal s'écouler complètement, comme je l'ai mentionné au comité la semaine dernière — il faudrait que je tire cette information de la décision, mais je suis également prête à la lire au complet —, il ne lui reste que 30 jours pour formuler une réponse avant que l'échéance établie pour régler la situation actuelle n'arrive à son terme. Enfin, je ne crois pas que le gouvernement se soit attaqué à certains des enjeux les plus importants en matière d'immigration au Canada.
Lorsque j'ai parlé à l'un de mes collègues libéraux aujourd'hui au sujet du comité parlementaire, j'ai soulevé le point que l'immigration à elle seule est un ministère et un dossier où les processus sont multiples pour le gouvernement du Canada, car si nous voyons l'immigration comme étant quelque chose qui devrait se produire au Canada, nous devons nous déterminer comment procéder et dans quelles circonstances. Par conséquent, une grande partie du travail que nous accomplissons en tant que législateurs à cet égard est d'orienter le ministère sur la façon de faire les choses.
L'une des plus grandes frustrations que j'ai eues au comité parlementaire cette année — et je comprends un peu leur point de vue — fut quand on posait des questions sur le processus aux représentants du ministère. Un de mes collègues libéraux leur a demandé leur avis sur ce que nous devrions faire pour améliorer les choses. Leur réponse fut de nous dire qu'ils avaient besoin que le Parlement leur donne des directives et qu'ils avaient besoin d'une orientation politique tout en nous rappelant qu'en tant que fonctionnaires, ils ne pouvaient pas simplement décider de changer les choses.
Je suis d'avis qu'il faut fournir des directives directes et claires au ministère sur la façon de veiller à ce que les gens ne soient pas incités à mentir dans leurs demandes. Je ne sais pas comment le changement incite les gens à être honnêtes dans leurs demandes. Le gouvernement doit créer une sorte de campagne de sensibilisation ou établir une mesure punitive. Je ne peux pas dire en quoi cela consisterait, mais je verrais d'un bon la réalisation d'une étude sur les fraudes en matière de citoyenneté par des experts.
Les conclusions du vérificateur général doivent être mentionnées. Voici un article du 3 mai 2016 sur les conclusions du vérificateur général pour faire valoir ce point. On lit:
D'après le vérificateur général, malgré les efforts déployés par l'ancien gouvernement [...] contre la fraude, des immigrants inadmissibles continuent de contourner le système et obtiennent la citoyenneté canadienne.
Dans un rapport de vérification du programme de citoyenneté présenté mardi à la Chambre, Michael Ferguson écrit que « certaines personnes ont obtenu la citoyenneté canadienne même si les informations liées à leur dossier n’étaient pas complètes ou toutes les vérifications nécessaires n’avaient pas été faites ». Il ajoute: « Comme il est plus onéreux de révoquer la citoyenneté après coup que de l’accorder, il est primordial de s’assurer dès le départ que seuls les demandeurs admissibles obtiennent la citoyenneté canadienne. »
Cette déclaration touche au coeur du problème et elle résume exceptionnellement bien le point que j'essaie de faire valoir, soit que la réponse du gouvernement à l'égard de ce problème précis n'est pas adéquate. Elle est extraordinairement inadéquate.
L'article poursuit:
Le vérificateur général a mené une enquête sur les demandes de citoyenneté envoyées entre juillet 2014 et l'automne dernier. Il a découvert qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada n’avait pas de méthode systématique pour cerner et documenter les risques de fraude liés au programme et que le personnel n'avait pas appliqué les lignes directrices établies de manière systématique.
En réponse au rapport, le ministre de l'Immigration, John McCallum a déclaré qu'il travaille avec l'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC afin d'améliorer l'échange d'informations et qu'un nouveau système d'intégrité sera établi d'ici décembre.
Le mois de décembre est passé. Où est le nouveau système d'intégrité? Qu'est-ce qui s'est passé? J'aimerais entendre la réponse du ministre, compte tenu du présent amendement et de la décision de la Cour fédérale.
On peut ensuite lire:
« Nous avons examiné de manière approfondie tous les cas signalés par le Bureau du vérificateur général afin de déterminer si une fraude en matière de citoyenneté a peut-être été commise. Nous avons donc ouvert des enquêtes en vue de révoquer possiblement la citoyenneté d’environ une dizaine de personnes. [...] »
Dans cet article, le ministre parle du fait que le gouvernement reconnaît que ceci est un problème. Pourtant, nous n'avons rien entendu au sujet de ce qui est fait dans le contexte de l'amendement en question.
Le ministre poursuit:
« [...] nous cherchons continuellement des moyens d’améliorer les processus de détection et de prévention de la fraude dans le cadre de tous nos programmes. »
Pour devenir citoyen, un résident permanent doit avoir vécu un minimum de temps au Canada, passer un test de langue et de connaissances et obtenir une attestation d’absence de casier judiciaire auprès de la GRC.
Selon le rapport, la fraude la plus courante consiste à prétendre habiter au Canada afin de conserver le statut de résident permanent et de remplir ainsi les conditions relatives à la résidence pour obtenir la citoyenneté.
Un autre article daté du 3 mai 2016 souligne ce point. C'était toute une journée pour la fraude dans le programme de citoyenneté.
Le ministre de l'Immigration, John McCallum, dit que le gouvernement fera enquête sur des dizaines de néo-Canadiens qui, selon le vérificateur général fédéral, auraient peut-être obtenu leur citoyenneté frauduleusement, et adoptera de nouvelles dispositions pour pincer de tels fraudeurs à l'avenir.
Où sont ces dispositions? Je ne les vois pas dans le projet de loi . De plus, le ministre n'a pas comparu devant le comité.
J'interromps ma lecture de l'article pour un instant. J'ai vraiment essayé de présenter cet argument au Parlement depuis deux semaines. J'ai longuement parlé au comité parlementaire la semaine dernière de la nécessité que le ministre comparaisse devant le comité pour parler de ce que fait le gouvernement pour régler le problème. Malheureusement, le débat sur ma motion a été ajourné. C'était un moment très triste pour la démocratie au Canada, car je crois que si le ministre avait comparu devant le comité, on aurait pu tenir un débat beaucoup plus constructif et productif sur le projet de loi.
L'article dit également:
Cette promesse a été faite en réponse au rapport dévastateur du vérificateur général publié mardi, qui critiquait le ministère de l'Immigration parce qu'il n'avait pas réussi à détecter des dizaines, voire des centaines, de fraudeurs et de présumés criminels avant qu'ils ne soient assermentés en tant que citoyens canadiens.
Le vérificateur général, Michael Ferguson, a affirmé que les lacunes importantes du processus de vérification du ministère de l'Immigration avaient empêché le ministère de détecter les citoyens en devenir qui tentaient manifestement de frauder le système ou qui n'auraient même pas dû être admissibles à la citoyenneté canadienne.
Après l'examen d'un mince échantillon des 260 000 personnes et plus qui ont obtenu la citoyenneté en 2014, Ferguson et son personnel ont été en mesure de trouver près de 50 cas où les fonctionnaires de l'immigration n'avaient pas détecté ce qui, avec du recul, semble être des cas plutôt évidents de fraude.
On parle de « cas évidents de fraude ». Pourquoi le ministère est-il incapable de les déceler, lui? Où est le plan promis dont parlait le ministre plus tôt dans l'article?
L'article se poursuit:
« Les démarches que nous avons prises pour détecter les cas de fraude en matière de citoyenneté étaient plutôt élémentaires [...]. Il a été assez facile pour nous d’identifier les 50 cas de fraude et donc au final ce sont 50 cas de fraude de trop. »
Parce qu'ils sont passés inaperçus, ces fraudeurs ont pu prêter serment et obtenir tous les avantages conférés par la citoyenneté canadienne, y compris l'accès aux soins de santé et à d'autres services sociaux, ainsi que le droit de vote et le droit au passeport, même s'ils n'avaient pas respecté les exigences du gouvernement pour devenir citoyens.
Cela m'amène à mon prochain argument quant à la nécessité pour le gouvernement de repenser son approche. Il est important de nous opposer à l'amendement du Sénat. Une expression imagée impliquant le polissage me vient à l'esprit pour décrire la situation actuelle, mais cela relève certainement du langage non parlementaire, alors je m'abstiendrai. Plutôt que de se mettre à polir, le gouvernement devrait prendre un peu de temps, certainement les 30 prochains jours, et être très transparent face aux Canadiens quant à ce qu'il entend faire pour répondre aux constatations du vérificateur général.
Il y a un élément que je n'ai pas encore fait valoir. Lorsqu'une personne devient citoyenne canadienne, elle profite des avantages d'être Canadien, notamment l'accès aux soins de santé et aux services sociaux, le droit de vote et l'obtention d'un passeport. Selon une étude, la valeur du passeport canadien est très élevée. Je crois qu'il s'agit de l'un des dix passeports les plus précieux du monde. Nous ne voulons pas que nos principaux partenaires commerciaux et nos alliés pensent que le processus par lequel les gens obtiennent un passeport canadien comporte des failles. Un passeport canadien est l'un des documents les plus précieux au monde, pourtant, l'article du Ottawa Citizen portant sur les découvertes du vérificateur général énonce clairement que nous avons peut-être un problème, puisque des avantages à long terme seraient donnés à des personnes qui ne les méritent pas.
L'autre raison pour laquelle les députés devraient rejeter l'amendement du Sénat plutôt que d'en modifier le libellé et d'attendre que le gouvernement trouve un processus, comme on l'a mentionné plus tôt, c'est que le comité parlementaire n'a pas encore produit son rapport sur...
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Monsieur le Président, mon collègue de , pendant que vous parliez, et mon collègue de ont fait des observations sur la tenue des femmes. Je tiens à dire que, comme le veut la tradition américaine, nous devrions tous avoir le droit de travailler les bras nus, particulièrement dans le contexte actuel. C'est mon point de vue sur la question.
L'autre raison pour laquelle il incombe au gouvernement de prévoir un peu plus de temps pour une étude, plutôt que d'appuyer l'amendement du Sénat, c'est que le comité parlementaire a reçu le mandat d'examiner l'encadrement des consultants en immigration au Canada ainsi que la portée de ces consultants sur les fraudes en matière de citoyenneté et des fraudes envers les personnes qui utilisent leurs services.
Je tiens à dire pourquoi c'est important. Je commencerai par souligner qu'il existe un grand nombre d'excellents consultants en immigration qui veulent vraiment aider les gens à naviguer dans le système d'immigration du Canada et à devenir citoyens. Ce sont des personnes bienveillantes et vaillantes qui ont les meilleures intentions et qui respectent les règles. Cependant, il y a aussi les autres. De nombreux députés qui ont travaillé sur des dossiers d'immigration dans leur circonscription ont vu des personnes subir les conséquences d'avoir fait appel à un consultant en immigration qui offre des conseils illégitimes, qui incite à mentir sur une demande de citoyenneté ou qui les dépouillent de leur argent.
Le comité a mené une étude très approfondie. Nous n'avons pas encore publié le rapport, mais je veux tout de même rapporter les points saillants de certains témoignages. De très nombreux témoins ont exprimé leurs craintes concernant la capacité de l'actuel organe de surveillance, le Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada, à réglementer le secteur. Mes collègues de et de et moi-même avons entendu des témoins raconter avoir été réduits à l'indigence par un consultant. Pour revenir à l'amendement à l'étude, nous entendons plus souvent parler de gens qui ont vu leur demande de citoyenneté annulée parce qu'on leur avait conseillé d'y inscrire de fausses informations.
Après avoir participé à cette étude en comité, je suis d'avis que le processus de surveillance actuel est inadéquat et ne fonctionne pas. Le statu quo est intenable. Le Conseil de réglementation des consultants en immigration du Canada connaît des problèmes de gouvernance si graves qu'ils frisent le dysfonctionnement. Ce n'est pas uniquement mon opinion. Il s'agit d'un point saillant des témoignages entendus. Il faut penser à l'utilisateur final.
Selon un de mes collègue du NPD, c'est une question de compassion. Nous devons faire preuve de compassion envers les candidats à l'immigration qui ont été victimes de fraude. La surveillance exercée est insuffisante. Les témoignages sont accablants à cet égard. Le système ne fonctionne pas et il faut le modifier.
Je sais que tous les membres du comité tiendront compte de ce témoignage et envisageront de présenter des recommandations au gouvernement. J'aimerais que le gouvernement étudie ces recommandations à la lumière de la façon dont nous traitons la décision rendue par la Cour fédérale et la réponse à l'amendement du Sénat. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'a pas fait appel de la décision de la Cour fédérale.
Si nous risquons d'envoyer le message à la communauté internationale qu'il ne faut pas se faire de souci car il existe un long processus d'appel pour les personnes qui mentent sur leur formulaire de demande de citoyenneté, cela correspond à certaines des questions dont nous avons traité en ce qui concerne la manière de réformer le système de gouvernance des consultants en immigration.
En janvier 2016, un article a été publié au sujet des consultants fantômes. Il s'agit d'un phénomène dont nous avons entendu parler au cours de l'étude que je viens de mentionner. Les consultants fantômes sont des personnes qui, essentiellement, ne sont pas assujetties à la réglementation du conseil de surveillance actuel, et leur intervention donne lieu à de nombreux cas de fraude. Voici ce que disait l'article:
Sur le site Web du gouvernement fédéral, les personnes qui envisagent d'immigrer au Canada sont averties dans pas moins de 21 langues, allant de l'arabe au vietnamien, d'être sur leurs gardes pour éviter les fraudes et de se tenir loin des consultants non autorisés.
Ne soyez pas victime d’une escroquerie, dit le site.
Et ne succombez pas à la tentation d’utiliser des faux documents.
Malgré les efforts du gouvernement pour réglementer l'industrie, un grand nombre de consultants indépendants continuent de mener leurs activités dans l'ombre, cherchant par tous les moyens à duper le système — ou leurs clients — en s'enrichissant sur le dos de ces derniers.
L'automne dernier, Xun Wang, un consultant indépendant de Richmond, en Colombie-Britannique, s'est vu infliger une peine sévère de sept ans de prison pour avoir orchestré l'une des plus grandes fraudes en matière d'immigration que les autorités aient jamais vue, qui impliquait des passeports trafiqués et d'autres documents contrefaits.
Bien que la poursuite ait été un succès, les critiques soutiennent que ceux que l'on appelle « consultants fantômes » poursuivent leurs activités, essentiellement sans surveillance.
L'article poursuit ainsi:
Selon des dossiers internes, l’Agence des services frontaliers a répondu à plus de 400 plaintes déposées entre juin 2011 et septembre 2015 à propos de présumés consultants en immigration non autorisés. Elle a ouvert 71 dossiers et porté 12 accusations.
« On porte peu attention aux agents parias, aux agents fantômes. Le public se fait rouler » déclare Cobus Kriek, consultant en immigration accrédité, qui a obtenu les dossiers de l’Agence des services frontaliers du Canada dans le cadre d’une demande d’accès à l’information.
Une porte-parole de l’Agence des services frontaliers du Canada affirme que l’Agence étudie toutes les plaintes et les tuyaux qu’on lui communique. Des enquêtes sont ouvertes si les agents estiment que les consultants ont fait de fausses représentations sur eux-mêmes ou dans les demandes, ou s’ils ont conseillé à d’autres d’en faire autant […]
Si l’on composait le numéro de téléphone d’Halifax que Mohd Morelley avait inscrit sur sa demande de citoyenneté pour prouver qu’il s’était intégré au Canada, on serait tombé sur un bureau situé dans la banlieue d’Halifax. Il était possible que quelqu’un réponde, mais ce ne pouvait être ni lui, ni sa femme ni l’un de ses trois enfants — qui souhaitaient tous devenir Canadiens.
Ils vivaient tous au Koweït.
En même temps que le faux numéro de téléphone, Morelley et sa famille avaient acheté un faux dossier complet de citoyenneté à un consultant en immigration. Le dossier comprenait une adresse d'Halifax à laquelle il n’avait jamais résidé, des déclarations de revenus et des dossiers correspondant à un emploi qu’il n’avait jamais occupé, des quittances de factures de services publics qu’il n’a jamais utilisés, des relevés de transactions à des guichets automatiques qu’il n’a jamais faites et une lettre d’une société islamique déclarant qu’il était très engagé dans les activités d’une mosquée qu’il ne fréquentait pas […] Le numéro fantôme — et la fausse vie — de Morelley étaient loin d’être uniques. Plus de 140 téléphones cellulaires inscrits au numéro et au nom d’un client pouvaient sonner dans un local donnant sur l’autoroute de Bedford, le bureau de la société Canadian Commercial Group, gérée par le consultant en immigration Hassan Al-Awaid […]
« L’Agence canadienne des services frontaliers établit ses priorités et s’attache aux enquêtes criminelles dans les dossiers qui sont le plus susceptibles d’avoir de vastes répercussions comme les opérations frauduleuses à grande échelle », peut-on lire dans la déclaration. Fin novembre, l’Agence déclarait la clôture de 16 enquêtes ayant entraîné 15 inculpations.
Des critiques affirment que cela n’est pas suffisant, que des clients sans méfiance sont victimes de consultants véreux qui n’ont pas les compétences voulues, ne remplissent aucun formulaire ou simplement prennent l’argent et disparaissent.
Voici la partie la plus importante.
[…] ce ne sont pas tous les clients qui sont des victimes. Certains d'entre eux participent de plein gré à la fraude. Ils paient des consultants pour créer des documents donnant l'impression qu'ils vivent au Canada quand ce n'est pas le cas.
Je ne souhaite pas politiser la question parce que divers gouvernements se sont penchés sur elle, mais quelque chose doit être fait.
Nous envoyons un message à la population. Je peux imaginer le type de conversation qui aurait lieu dans une telle situation si une personne avait des scrupules à mentir sur sa demande. Je ne veux pas qu'un consultant fantôme ou non réglementé puisse dire à leurs clients des choses du genre: « Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez interjeter appel de la décision. Vous disposerez de beaucoup de temps. Si vous vous faites pincer, sachez que la peine a été réduite. »
Que fait le gouvernement pour s'assurer qu'une telle situation ne se produit pas?
Je vais continuer de citer l'article parce qu'il soulève d'excellents points. Il dit ceci:
Avant que les ressortissants étrangers puissent demander la citoyenneté canadienne, ils doivent avoir résidé au Canada pendant 1 095 jours sur une période de quatre ans.
Le projet de loi changerait cela. Je poursuis:
La Cour fédérale du Canada a affirmé que ces exigences en matière de résidence protègent le « don précieux de la citoyenneté canadienne » et garantissent que quiconque aspire à ce don ait acquis la possibilité quotidienne de « se canadianiser ».
« [Cela se] fait en côtoyant les Canadiens au centre commercial, au magasin d’alimentation du coin, à la bibliothèque, à la salle de concert […] »
Cependant, de nombreuses personnes sont prêtes à payer de l'argent pour contourner les règles.
« Il faut éviter d'être naïf. » C'est ce qu'a dit Phil Mooney, président sortant de l'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration, à un comité parlementaire, en 2011.
Je le répète. Ce problème existe depuis longtemps. C'est au moins la deuxième fois que le comité de la citoyenneté et de l'immigration étudie cette question. M. Mooney ajoute:
« Beaucoup de candidats à l'immigration cherchent eux-mêmes à contourner le système [...] et des centaines de milliers de personnes sont prêtes à faire n'importe quoi, signer n'importe quoi et payer n'importe quel prix pour venir s'établir ici. »
Cela dit, bien des immigrants éventuels deviennent la proie de consultants fantômes, qui « ôtent une partie de leur travail aux consultants légitimes qui obéissent aux règles et qui assument les frais élevés exigés pour l'obtention du statut de conseiller réglementé », a indiqué M. Mooney.
« De plus, notre réputation en pâtit, étant donné qu'il est difficile pour le public de faire la distinction entre les bons et les mauvais conseillers. »
Le problème, c'est que l'Agence des services frontaliers du Canada n'a pas les ressources nécessaires pour enquêter sur les mauvais, a dit Dory Jade, le président actuel de l'association professionnelle.
Il est difficile pour le public de faire la distinction entre les bons et les mauvais conseillers.
Empêcher les consultants fantômes de frauder les gens est difficile; on nous a beaucoup parlé de ce problème dans de nombreuses réunions. Toutefois, ce qu'on nous dit dans cet article et ce que nous avons entendu des témoins, c'est que certaines personnes fraudent volontairement le système et donnent volontairement de faux renseignements dans leur demande de citoyenneté. Comment le gouvernement pourra-t-il régler ce problème compte tenu de ce que le Sénat propose dans son amendement? Nous devrions carrément le rejeter, c'est un désastre.
Il y a une recommandation que j'appuie et je veux en parler. Elle a été faite dans un esprit de compassion et améliorerait le système d'immigration canadien. Je vais au moins faire quelques commentaires positifs. Il s'agit d'un amendement appuyé par le sénateur Victor Oh. Je vais lire une déclaration émise par le sénateur Oh le 12 juin:
Le sénateur Victor Oh félicite le gouvernement de sa décision d'appuyer un amendement au projet de loi C-6, Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté et une autre loi en conséquence, qui assurerait l'accès équitable à la citoyenneté pour les enfants et les adolescents de moins de 18 ans qui répondent à toutes les exigences.
Le projet de loi C-6 est une mesure législative d'initiative ministérielle qui vise à apporter des modifications aux dispositions législatives sur l’attribution de la citoyenneté par naturalisation, les motifs de révocation de la citoyenneté et le pouvoir du ministre en ce qui concerne les documents frauduleux. Cependant, il ne porte pas sur les obstacles qui empêchent certaines personnes mineures, dont des enfants pris en charge par les services d'aide à l'enfance, d'obtenir la citoyenneté canadienne.
En vertu de la loi actuelle, les personnes mineures qui présentent une demande de citoyenneté en même temps qu'un parent ou un tuteur ou qui ont un parent ou un tuteur qui a la citoyenneté canadienne ne font pas face à des obstacles importants. Cependant, les personnes mineures qui n'ont aucun parent ni tuteur et celles dont les parents ou le tuteur ne sont pas disposés ou capables de présenter une demande n'ont pratiquement pas d'autre choix que d'attendre d'avoir 18 ans pour pouvoir présenter elles-mêmes une demande. La seule exception à la règle consiste à demander une dispense ministérielle pour obtenir la citoyenneté pour des raisons humanitaires — un processus hautement discrétionnaire, qui est tout simplement inefficace [...]
L'amendement, qui a été adopté par le Sénat le 11 avril 2017 — 47 votes en faveur, 27 votes contre et 3 abstentions —, permettrait aux enfants et aux adolescents ayant le statut de résident permanent de présenter une demande de citoyenneté séparée de celle présentée par un parent ou un tuteur. « Le changement proposé permettra à ces mineurs d'obtenir un statut permanent et sûr au Canada et, de surcroît, il leur procurera plus de possibilités de connaître du succès et de prospérer », a déclaré le sénateur Victor Oh.
« J'espère sincèrement que, puisque l'étude du projet de loi a maintenant été reprise, mes collègues à la Chambre des communes et au Sénat voteront en faveur de l'amendement avec les modifications apportées par le gouvernement afin de préciser qui peut présenter une demande de citoyenneté au nom de l'enfant », a ajouté le sénateur Oh. « Il s'agirait d'un événement marquant dans l'histoire de la défense des droits des enfants et des jeunes au Canada, et je suis fier d'avoir joué un rôle à cet égard. »
Je suis d'accord avec le sentiment exprimé par le sénateur. Je crois qu'il s'agit d'un amendement sensé et bienveillant qui permettra à tous les députés, peu importe leur allégeance politique, de tirer une grande fierté du processus d'obtention de la citoyenneté canadienne. Je félicite le sénateur Oh de son travail. Je l'appuie certainement. Je crois comprendre que le gouvernement modifiera légèrement son amendement. C'est ici que les choses se compliquent pour les téléspectateurs. Cependant, cela dit, lorsque je lis les modifications proposées par le gouvernement à l'amendement du sénateur Oh, elles me semblent correctes.
Pour une fois, lors d'une journée très chaude et humide du mois de juin à la Chambre des communes, le gouvernement et mon parti peuvent convenir que cet amendement mérite d'être adopté. Nous l'appuierons donc. Après sa mise en oeuvre, il renforcera certainement le processus d'immigration au Canada.
Pour les personnes qui pourraient me le demander, souvent, lorsque je donne ce genre de discours, les gens écrivent à mon bureau et me demandent pourquoi j'appuie telle ou telle mesure. Ils me demandent ce qui se passe. Je tiens à préciser clairement l'objectif de l'amendement. Le problème, c'est que les résidents permanents qui demandent la citoyenneté au Canada doivent soit avoir 18 ans, soit présenter une demande en même temps qu'un parent ou qu'un tuteur qui est résident permanent. Pour les mineurs dont la demande est jointe à celle de leurs parents ou de leurs tuteurs, ou dont les parents ou les tuteurs sont citoyens canadiens, le processus actuel ne présente pas de problèmes graves. Par contre, comme le sénateur Oh l'a mentionné, les mineurs sans parents ni tuteurs, ou dont les parents ou les tuteurs ne peuvent pas présenter de demande ou refusent de le faire, n'ont essentiellement aucune autre option que d'attendre d'avoir 18 ans.
L'objectif de l'amendement est de fournir un chemin direct vers la citoyenneté pour les mineurs de moins de 18 ans qui répondent à toutes les exigences, mais qui n'ont pas de parents ni de tuteurs pour déposer une demande en leur nom ou dont les parents ne peuvent pas ou ne veulent pas présenter une demande.
Actuellement, le paragraphe 2(1) de la Loi sur la citoyenneté définit autant le mot « mineur » que le mot « enfant ». Un enfant comprend « tout enfant, y compris l’enfant adopté ou légitimé conformément au droit du lieu de l’adoption ou de la légitimation ». Un mineur est une « personne de moins de dix-huit ans ».
L'amendement proposé ne change rien à la marche à suivre pour qu'un mineur puisse venir vivre au Canada et y obtenir la résidence permanente. Les mineurs qui font une demande de citoyenneté devront encore satisfaire aux conditions de naturalisation, y compris l'exigence de présence physique sur le territoire.
Je précise, à l'intention de ceux qui regardent notre débat et de mes collègues qui n'ont peut-être pas bien pris connaissance de l'amendement, qu'il n'y a pas lieu de craindre que cet amendement change le processus de traitement des demandes de citoyenneté présentées par des mineurs. Essentiellement, il change les critères à respecter pour faire une demande de citoyenneté, mais ne change pas le processus d'examen des demandes.
Par souci de cohérence avec les modifications proposées dans le projet de loi , les enfants n'auraient pas à se plier aux exigences de connaissance des langues et du pays. Selon les amendements proposés, les mineurs dont les parents ou les tuteurs font une demande de citoyenneté en même temps ou dont les parents ou les tuteurs sont déjà citoyens canadiens pourront, comme avant, faire leur demande de citoyenneté en vertu du paragraphe 5(2) de la Loi sur la citoyenneté.
En revanche, les mineurs qui n'ont ni parents ni tuteurs ou dont les parents ne peuvent pas ou ne souhaitent pas faire une demande de citoyenneté pourront faire une demande eux-mêmes en vertu du paragraphe 5(1) de la Loi sur la citoyenneté parce qu'il ne sera plus nécessaire d'avoir atteint l'âge de la majorité pour faire la demande. Ainsi, les modifications proposées auraient comme conséquence majeure que les mineurs ne dépendraient plus de la citoyenneté de leurs parents, ni du désir de ces derniers de demander la citoyenneté, ni de l'admissibilité de ces derniers. Toutefois, un enfant aurait encore besoin de l'aide d'un tuteur légal pour faire sa demande.
L'enfant devra en outre signer sa demande de citoyenneté s'il a 14 ans ou plus, ce qui est conforme aux alinéas 4a) et 4b) du Règlement no 2 sur la citoyenneté, qui concernent les demandes faites en vertu du paragraphe 5(2) de la Loi sur la citoyenneté. À ce que je sache, cette disposition a pour but d'éviter que des enfants ne soient enlevés ou obligés de quitter leur cellule familiale contre leur gré.
J'ai pris connaissance des témoignages devant le Sénat et j'ai discuté avec le sénateur Oh. Il a fort bien présenté la situation. Ce que j'ignore, c'est comment la situation du Canada se compare à celle des autres pays qui ont des pratiques exemplaires à cet égard. Certainement, à l'avenir, si nous mettons cela en oeuvre comme il le faut, nous aurons des pratiques exemplaires à mettre en commun avec le monde.
Il y a une chose que j'ai oublié de dire, mais qui est très importante. Je reviens à l'amendement dont je parlais avant d'aborder celui du sénateur Oh. Il s'agit de l'amendement au sujet du processus d'appel pour la révocation de la citoyenneté en cas de fraude. Je manquerais à mon devoir si j'oubliais de mentionner que l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement et tous les députés doivent rejeter cet amendement, c'est le fardeau des arriérés que nous observons à la Cour fédérale. Nous avons eu de rigoureux débats sur la nomination des juges, puisqu'il y a de nombreux postes vacants, notamment à Calgary, où les salles d'audience sont vides. C'est bien dommage, car je sais qu'il y a de nombreux candidats qualifiés au Canada. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement tarde à pourvoir ces postes.
Le gouvernement doit régler ce problème avant d'adopter l'amendement. Étant donné le nombre de gens qui se sont fait retirer leur citoyenneté et à qui ce changement s'appliquerait, il y aura des retards. Selon le processus actuel, la Cour fédérale examine les demandes d'appel si le ministère se trompe sur l'interprétation ou l'application de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. On peut lire ce qui suit sur le site Web du ministère de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté au sujet du processus de révocation de la citoyenneté:
La Loi renforçant la citoyenneté canadienne (LRCC) instaure de nouveaux motifs de révocation de la citoyenneté et met en place un nouveau processus de révocation simplifié. Auparavant, le processus de révocation de la citoyenneté comportait généralement trois étapes d’approbation : le ministre, la Cour fédérale et le gouverneur en conseil. Conformément au nouveau processus de révocation, le gouverneur en conseil n’aura plus de rôle sauf dans certains cas visés par les dispositions transitoires.
Le nouveau processus comporte deux volets décisionnels:
la grande majorité des cas de révocation feront l’objet d’une décision du ministre;
certains cas complexes feront l’objet d’une décision de la Cour fédérale.
Remarque: La Direction générale du règlement des cas s’occupe de tous les cas devant être examinés aux fins de la révocation de la citoyenneté. Les employés du bureau local ne travaillent pas à ces dossiers, sauf pour aviser la Direction générale du règlement des cas si des renseignements leur sont signalés concernant un cas qui devrait être examiné en vue d’une révocation éventuelle.
Le site Web d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada indique clairement que, dans le processus actuel, certains dossiers spéciaux sont transmis à la Cour fédérale. Les affaires qui sont actuellement transmises à la Cour fédérale sont examinées si le ministère a fait une erreur en interprétant ou en appliquant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. C'est une précision particulièrement importante puisque cela garantit que les erreurs du ministère ne conduisent pas à la révocation; toutefois, cela montre également qu'il est déconseilllé de mentir dans sa demande.
Il est important de prendre en considération le fait que les tribunaux accusent actuellement beaucoup de retards et ont beaucoup d'audiences en attente. Ces retards sont en grande partie attribuables au fait qu'il y a un nombre croissant de postes de juge vacants, ce qui a d'ailleurs contribué à faire annuler un grand nombre de poursuites criminelles. Le ministre ne nous a pas dit s'il s'était entretenu avec la pour déterminer quelle répercussion le volume des audiences aura sur le nombre de dossiers non encore réglés, si le gouvernement décide d'accepter cet amendement, ou si la ministre va choisir d'intervenir pour nommer des juges ou combler rapidement des postes vacants. Ce processus d'appel est susceptible de mettre une pression excessive sur les tribunaux, qui sont déjà mis à rude épreuve par le manque de juges.
Pour montrer la gravité du problème des postes de juge vacants et question de comprendre ce sur quoi la décision de la Cour fédérale pourrait avoir un effet, je vais lire un article du Star de Toronto, daté du 11 août 2016:
[…] la juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverley McLachlin, a fait un lien entre le nombre de postes vacants de juges nommés par le gouvernement fédéral un peu partout au pays — il y en a 44 en ce moment — et les retards inacceptables dans le cadre des procès, surtout devant les tribunaux criminels.
La juge McLachlin a affirmé qu'elle est d'accord avec les efforts du gouvernement libéral pour ce qui est de réviser les mécanismes de nomination des juges dans l'ensemble du pays, mais a ajouté: « J'espère que nous trouverons un moyen de combler les besoins pendant que nous tentons de perfectionner les mécanismes, mais c'est au gouvernement qu'il incombe de le faire, conformément à notre Constitution. »
Appelée à dire quelles mesures pourraient servir à combler les postes vacants, la juge McLachlin a répondu ce qui suit: « […] ce n'est pas à moi qu'il incombe de dire au gouvernement comment nommer les juges. Ce n'est pas mon affaire. Je crois que certains noms ont été mentionnés lors de processus antérieurs des comités consultatifs à la magistrature. »
Elle a déclaré que « c'est au gouvernement actuel qu'il appartient de nommer les juges conformément à ses mécanismes », mais elle a ajouté qu'il est important que les postes vacants « soient dotés rapidement ».
La juge McLachlin a dit clairement que les enjeux sont énormes pour le système de justice. Elle a affirmé que les postes vacants représentent « une grande difficulté. C'est plus qu'un défi. Cela fait en sorte qu'il est extrêmement difficile de respecter l'exigence constitutionnelle selon laquelle les gens doivent subir leur procès dans un délai raisonnable. » C'est ce qu'elle a déclaré lors d'une entrevue donnée à son bureau, à l'ouest de la Colline du Parlement.
La juge McLachlin a cité la décision rendue en juillet par la Cour suprême dans l'affaire R. c. Jordan, une décision partagée à 5 voix contre 4. Elle faisait partie des juges dissidents dans cette affaire.
Lors de l'entrevue, elle a affirmé que la Cour avait mentionné les retards lamentables dans les procès au criminel. Selon elle, il était évident qu'il fallait « respecter rigoureusement le droit constitutionnel des gens d'être jugés dans un délai raisonnable ». Elle a ajouté que cela « représentera un défi pour le système de justice au cours des années à venir ».
Dans leur décision, les juges majoritaires ont signalé que les approches antérieures quant à la façon pour les tribunaux d'envisager les délais — fondées en partie sur les décisions de la Cour suprême sur des questions d'équité procédurale — ont donné lieu à une « culture du retard et de la complaisance ».
Cette décision prévoit un nouveau cadre, qui établit un délai raisonnable à partir de la mise en accusation jusqu'à la fin réelle ou prévue d'un procès.
Je vais citer un dernier passage de cet article:
[La juge] McLachlin affirme avoir pour la première fois soulevé des préoccupations quant au nombre de postes vacants dans la magistrature canadienne en 2006, lorsqu'il y avait « je crois 35 postes vacants et que j'ai dit que c'était inacceptable à l'époque, alors que, aujourd'hui, nous en sommes à combien, 41? »
La question du nombre de postes vacants au sein de la magistrature n'est pas une fabrication partisane. Il s'agit d'un problème soulevé par des groupes comme les associations de policiers ou les groupes de défense des victimes de partout au pays. La raison pour laquelle je crois que cela justifie que nous rejetions l'amendement du Sénat sur le processus d'appel est que nous n'avons toujours pas réglé le problème des postes vacants au sein de la magistrature et que l'amendement alourdira considérablement la charge de la Cour fédérale. La ministre n'est pas venue nous parler de cet aspect important de la question, à savoir comment cette charge sera absorbée, concrètement.
Nous avons également discuté de cette question au comité. Je crois qu'un des membres du comité a présenté une motion tendant à l'étude de la question des ressources dont dispose la Commission de l'immigration et du statut de réfugié qui, nous le savons, a beaucoup de mal à s'acquitter de sa charge dans les délais prescrits. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas réglé ce problème?
Ce que j'essaie de dire, c'est que nous n'avons eu aucun véritable débat sur ces questions, que ce soit en comité parlementaire ou à la Chambre. Le ministre n'a fait aucune déclaration aux médias dans ces dossiers. La décision rendue par la Cour fédérale et l'amendement du Sénat qui fait l'objet du débat de ce soir et que, selon moi, le gouvernement n'a pas su adéquatement façonner, auront une incidence particulière sur l'intégrité du système d'immigration canadien dans la mesure où ils risquent d'encourager les gens à mentir dans leur formulaire de demande de citoyenneté.
Selon les constatations du vérificateur général dans son rapport, l'intégrité du système d'immigration du Canada est actuellement menacée, et le ministre n'a pas encore informé la Chambre ou le comité de ce que le gouvernement compte faire pour régler cela. Il y a aussi la grande question de l'arriéré à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Il y a des problèmes concernant les ressources affectées au processus de la Cour fédérale; le traitement effectué par les consultants fantômes; les campagnes de sensibilisation quant à la manière d'accéder aux services de soutien offerts par des consultants en immigration; le versement de prestations; et d'autres droits et privilèges accordés aux citoyens canadiens pouvant avoir obtenu leur citoyenneté de manière frauduleuse.
Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a beaucoup d'éléments à examiner ici. Ce n'est pas sans conséquence, pourtant, le gouvernement agit comme si cela ne changeait rien.
Je parle de ce sujet depuis presque deux heures et demie. L'étude de la question exige plus que deux heures et demie. Cela n'a pas été débattu. Le gouvernement ne peut pas continuer de dire « Bienvenu au Canada » et s'attendre à ce que les Canadiens disent que tout est beau alors que le gouvernement ne se soucie pas de ce qui se passe et ne déploie aucun effort pour régler ces problèmes.
Souvent, on entend des arguments pour ou contre l'immigration. Ce que je souhaite, c'est un processus adéquat et intègre. Comme je l'ai expliqué en détail, il existe actuellement de graves problèmes que le gouvernement n'a pas abordés.
Que faisons-nous ce soir? En décrétant la façon dont il modifiera l'amendement et en demandant notre appui, c'est comme si le ministre nous disait: « Tant pis pour le reste. Nous allons procéder de toute façon. » J'aimerais lui dire de mettre la partisanerie de côté pendant un moment. Tout le monde de ce côté-ci de la Chambre lui demande de prendre un peu plus de temps, de bien faire les choses. Si on ne fait pas bien les choses, il y aura de graves conséquences, non seulement pour la population canadienne, mais pour les gens qui cherchent à entrer au pays.
Il y a tant de gens qui essaient d'entrer légalement au pays. Nous avons entendu parler du parrainage des conjoints, du parrainage à l’intérieur du Canada, des gens qui attendent des années pour venir au pays de la bonne façon. Or, nous débattons ce soir de quelque chose qui encourage les gens à s'y prendre de la mauvaise façon sans remédier à de graves problèmes. Ce n'est pas le Parti conservateur du Canada qui a signalé le problème — même si nous l'avons certainement souligné ce soir —, mais des gens comme le vérificateur général et la juge Beverley McLachlin. Ce ne sont pas des gens partisans. Ce sont des personnes qui ont la responsabilité de signaler des problèmes. Or, le ministre n'en a pas tenu compte.
Nous devons parfois prendre notre temps un peu plus à la Chambre. C'est pour cela que j'ai pu prendre la parole aussi longtemps ce soir. Je crois qu'il est très important de souligner que cet amendement en particulier est tout à fait inapproprié. Il n'a pas été étudié. Il faudrait le soumettre à un comité parlementaire. J'aimerais que nous nous penchions sur la question pendant l'été. Faisons comparaître des experts qui nous donneront leur avis sur les conséquences de cette décision.
J'aimerais proposer un amendement. Je crois que mon collègue de y serait favorable.
Je remercie mes collègues de leur indulgence. Je sais que j'ai beaucoup parlé ce soir et que nous sommes en juin, mais je vais conclure avec ce cri du coeur. Nous devons prendre les bonnes décisions au sujet de notre système d'immigration. On ne peut pas tout simplement continuer d'accueillir les gens au Canada sans remédier à ces lacunes dans le processus. Voilà qui résume l'essentiel de mon intervention.
Compte tenu de tous les points que j'ai soulevés ce soir, je suis très heureuse — adéquatement heureuse — de regarder mon collègue qui me remet une note et d'implorer la Chambre de ne pas appuyer cet amendement sur la révocation de la citoyenneté en cas de fraude. Je crois que nous voulons tous encourager les gens à s'installer au Canada de la bonne façon. Du fond du coeur, j'encourage le ministre à prendre le temps de bien faire les choses, à se tourner vers les parlementaires pour l'aider dans son examen de la situation actuelle — ce serait formidable s'il pouvait prendre part à une réunion du comité de temps en temps — et à se soucier véritablement de la façon dont nous procédons au traitement des demandes de citoyenneté au Canada.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir d'intervenir dans cet important débat.
Cela fera bientôt un an et demi que le projet de loi a été présenté à la Chambre. Il a été envoyé au Sénat le 17 juin 2016, et voilà que la Chambre en est enfin saisie à nouveau après qu'il ait langui au Sénat pendant plus d'un an. Bon nombre des personnes que nous représentons attendent avec impatience que la loi soit adoptée et entre en vigueur.
Les députés se souviendront peut-être que, durant la campagne, le avait promis aux Canadiens, notamment ceux issus des communautés ethniques, d'abroger le projet de loi des conservateurs. Cette promesse, comme bien d'autres promesses libérales, a été rompue. Le gouvernement a préféré présenter le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté et une autre loi en conséquence.
C'est ainsi que le projet de loi a été présenté à la Chambre le 25 février 2016. Environ un mois plus tard, le 21 mars 2016, il a franchi l'étape de la deuxième lecture et il a été renvoyé à un comité. Ensuite, le projet de loi C-6 est revenu à la Chambre pour y franchir l'étape de la troisième lecture, après quoi il a été renvoyé à l'autre endroit, le 17 juin 2016.
Je signale qu'aucun amendement n'a été proposé à l'étape de la deuxième lecture, ni à celle de l'étude en comité au Sénat, mais que trois propositions d'amendement ont été faites à l'étape de la troisième lecture.
Le premier amendement visait à aider les mineurs à obtenir la citoyenneté. Il est semblable à ce que j'avais proposé au comité et je suis heureuse de voir que la députée conservatrice et les députés ministériels sont maintenant en faveur. Chose certaine, au comité, les députés ministériels ne l'appuyaient pas.
Un autre des amendements proposés prévoyait un appel judiciaire dans les cas de révocation de la citoyenneté pour fraude et fausses déclarations. Le principe de cet amendement ressemble à celui de l'amendement que j'avais proposé quant à l'application régulière de la loi dans ces cas, sauf que la façon de faire n'est pas la même. J'appuie cet amendement. Le rétablissement de l'application régulière de la loi s'est longtemps fait attendre pour ceux qui font face à une révocation de leur citoyenneté.
Le troisième amendement vise à faire passer à 60 ans l'âge auquel les personnes doivent subir un test de langue. Je n'appuie pas cet amendement proposé par le Sénat.
Si on passe en revue le processus qui nous a amenés là où nous en sommes avec le projet de loi , j'aimerais souligner qu'au comité j'ai présenté 24 amendements portant sur un éventail de sujets. Deux de ces amendements ont été adoptés au comité. Ils prévoyaient des changements dans deux domaines.
D'abord, une disposition sur l'apatridie autoriserait le ministre à intervenir dans les cas où une personne deviendrait apatride et à lui accorder le statut pour des motifs humanitaires. J'étais contente que cet amendement soit adopté.
Le deuxième amendement qui a été adopté concerne les droits des personnes handicapées. Mon amendement garantit que la Loi sur la citoyenneté respecte les lois et les règlements canadiens sur les droits de la personne entourant les accommodements raisonnables pour les personnes handicapées. Je suis heureuse que cet amendement ait aussi été adopté.
Même si je suis heureuse que le comité ait adopté ces amendements, beaucoup d'autres ne l'ont pas été. Une série d'amendements que j'espérais voir adopter au comité aurait assuré aux personnes qui doivent faire face à la révocation de la citoyenneté l'équité judiciaire et l'application régulière de la loi. Comme les députés doivent le savoir, le projet de loi des conservateurs a modifié fondamentalement le processus de révocation de la citoyenneté.
Avant le projet de loi , le processus qui était en place était composé de trois étapes. Premièrement, un rapport aux termes de l'article 10 de la Loi sur la citoyenneté établissait que le ministre était convaincu que la personne avait obtenu la citoyenneté frauduleusement. Deuxièmement, la personne en question, une fois avisée du rapport, pouvait demander que la Cour fédérale se saisisse de l'affaire pour obtenir une audience. Troisièmement, si la Cour fédérale en venait aux mêmes conclusions que le ministre, le gouverneur en conseil, qui pouvait tenir compte de facteurs équitables, pouvait alors révoquer la citoyenneté.
Le projet de loi C-24 des conservateurs a éliminé le processus d'audience devant la Cour fédérale. Désormais, le ministre décide de la révocation sans qu'il soit nécessaire de tenir d'audience, ce qui est inacceptable.
Comme l'Association du Barreau canadien l'a mentionné:
Le projet de loi C-24 avait également éliminé la prise en compte de facteurs qui pouvaient empêcher d'aboutir à un résultat légal, mais injuste. [Auparavant], le gouverneur en conseil pouvait tenir compte de facteurs équitables en prenant une décision relativement à la révocation de la citoyenneté. Cela n'est plus possible.
L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique a également remis en question le projet de loi et a affirmé ceci:
Nous soutenons que le gouvernement devrait abroger les modifications procédurales apportées à la Loi sur la citoyenneté par le projet de loi C-24 et rétablir le droit à une audience impartiale devant un organe judiciaire indépendant qui peut prendre en considération les motifs d’ordre humanitaire.
Il ne fait aucun doute qu'il faut corriger cela.
L'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés l'a peut-être exprimé le mieux lorsqu'elle a dit ceci:
En revanche, un résident permanent faisant l’objet d’une mesure d’expulsion pour fausse représentation a le droit, lui, à une audience et à un processus d’appel équitable. Un citoyen canadien risquant de perdre sa citoyenneté n’a pas ce droit. Ces dispositions sont actuellement contestées [...]
J'interromps la citation pour dire qu'une décision a été rendue par la cour et que l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, qui a soumis la question au tribunal, a gagné sa cause.
Ces dispositions sont actuellement contestées devant la Cour fédérale du fait qu’elles seraient contraires à la Charte des droits. Il n’y a aucune raison pour que le nouveau gouvernement appuie ces réformes refusant une audience équitable aux citoyens. En fait, les députés libéraux, lorsqu’ils étaient dans l’opposition, se sont opposés à ces dispositions.
Les amendements que j'ai proposés au comité étaient fondés sur un système proposé par l'Association canadienne des avocats et avocates en droits des réfugiés et appuyé par les experts et les intervenants qui traitent avec la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Avant le projet de loi , les personnes pouvaient interjeter appel devant la Cour fédérale. En raison des coûts engagés, de la durée et du manque de disponibilité des tribunaux, certains experts considéraient cette option comme étant inefficace.
La Section d'appel de l'immigration instruit des appels semblables et examine des décisions relatives aux statuts, comme la résidence permanente. Pour cette raison, cette commission est bien placée pour traiter les dossiers de citoyenneté, et ce, de façon plus efficace que le système judiciaire fédéral. Mes amendements auraient permis également l'adoption de cette politique, ce que j'ai proposé. L'objectif était de rétablir les raisons d'ordre humanitaire ainsi que de proposer un système d'appel plus efficace et abordable pour les contribuables. Malheureusement, ces amendements n'ont pas été appuyés par le comité puisqu'ils sont réputés dépasser la portée du projet de loi.
L'ancien ministre de l'Immigration, John McCallum, a reconnu qu'il fallait trouver une solution. On nous a fait croire que cela allait être fait; cependant, aucune mesure n'a été prise. Voyant que le gouvernement demeurait les bras croisés, l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique a porté l'affaire devant les tribunaux, car le gouvernement violait le droit fondamental des gens à l'application régulière de la loi, et elle a gagné. Il n'existe aucun doute qu'il faut trouver une solution, et maintenant, voici où nous en sommes.
Puis, la question a été refilée au Sénat. C'est exactement ce qui est arrivé. Le gouvernement n'a pas présenté de projet de loi à la Chambre pour corriger le problème. Il a donc été refilé au Sénat. J'ai fait des démarches auprès de plusieurs sénateurs pour leur parler de la nécessité de régler cette question et je suis heureuse que la sénatrice Omidvar ait accepté de défendre cette cause. Maintenant, après plus d'un an, je suis heureuse de voir que le Sénat a tenté de combler cette énorme lacune dans la Loi sur la citoyenneté avec son amendement et, aujourd'hui, la motion du gouvernement dont nous sommes saisis indique qu'il sera essentiellement accepté.
Grâce à cet amendement du Sénat, les gens auront droit à une audience judiciaire et les facteurs d'ordre humanitaire, surtout lorsque les intérêts d'un enfant sont directement en cause, seront pris en considération, bien que la motion du gouvernement contienne une terminologie différente. Plutôt que « d'ordre humanitaire » la motion du gouvernement dit: « liée à sa situation personnelle ». En fin de compte, je crois que l'effet est le même. Par conséquent, le NPD appuie cet amendement.
En passant, mes collègues conservateurs semblent laisser entendre qu'un processus d'appel inciterait les gens à frauder et à faire des fausses déclarations dans leur demande. Je vais prendre quelques instants pour répondre à cela, car c'est tout bonnement absurde. Ce n'est pas parce qu'il y a un processus d'appel que les gens vont songer à des moyens de frauder ou de se présenter sous un faux jour. Ce n'est pas ainsi que les gens fonctionnent.
Il faut qu'il y ait application régulière de la loi pour que nous ne présumions pas de la culpabilité des gens avant que les tribunaux prennent une décision définitive. Soi dit en passant, il y a des situations où un dossier où les choses ont été de travers, car les agents d'immigration pourraient recevoir des renseignements erronés au sujet d'une demande particulière. Dans une société démocratique, il est absolument essentiel qu'une personne puisse contester les déclarations portées contre elle; c'est exactement ce que fera le rétablissement du processus d'appel.
De plus, la motion du gouvernement a aussi ajouté une disposition selon laquelle une personne peut demander que sa cause soit jugée par le ministre, c'est-à-dire qu'elle aurait le choix de la renvoyer à la cour fédérale ou de la présenter au ministre.
Puisque la motion du gouvernement admet ce choix, les néo-démocrates appuieront aussi ce changement. Si la motion avait dit que cette décision relevait du ministre, nous ne l'aurions pas appuyée. Les gens devraient avoir le droit de choisit un corps judiciaire indépendant pour prendre cette décision. Cependant, puisque ce n'est pas ce que le gouvernement a proposé, je vais appuyer l'option qui permet à la personne de prendre elle-même la décision.
La vérité, c'est que le gouvernement Harper n'aurait jamais dû mettre fin au droit à une audience judiciaire en cas de révocation de la citoyenneté.
J'espère que le gouvernement va remédier à un autre aspect lié au processus de révocation de la citoyenneté, c'est-à-dire la possibilité de suspendre les procédures indéfiniment. À l'heure actuelle, le ministre a le droit de suspendre indéfiniment le processus de demande de citoyenneté. Au lieu de mettre en place un système qui permet de rendre des comptes et de prolonger les délais, le gouvernement maintient les dispositions qui permettent de suspendre le processus indéfiniment. C'est inacceptable.
Dans le cadre de ce système, une personne peut faire l'objet d'une enquête pour une période indéterminée sans jamais savoir quand elle prendra fin. Essayons d'imaginer une telle situation. La loi impose une limite pour les affaires criminels, mais pas pour l'immigration. Le gouvernement ne croit-il pas qu'il est inacceptable d'enquêter indéfiniment sur une personne? Les libéraux croient-ils vraiment qu'il est acceptable d'agir de cette façon à l'égard des demandes de citoyenneté et d'immigration? Au comité, j'ai proposé un amendement à ce sujet qui a malheureusement été rejeté, et c'est bien dommage.
J'aimerais parler d'un autre amendement à l'étude aujourd'hui. Le Sénat a proposé un amendement pour offrir des façons d'obtenir la citoyenneté aux jeunes non accompagnés ou confiés aux soins de l'État. J'ai réclamé cela au comité. Justice for Children and Youth a expliqué le problème de la façon suivante:
L'article 5(3)(b)(i) autorise un demandeur à présenter une requête au ministre pour des raisons d'ordre humanitaire afin que celui-ci le dispense de l'exigence en matière d'âge [...] cette exemption de nature humanitaire érige généralement une barrière insurmontable pour les enfants qui souhaitent obtenir la citoyenneté canadienne, et elle ne constitue pas une limite raisonnable ou une solution satisfaisante aux problèmes soulevés par la disposition liée à l’âge.
La limite d’âge restreint de facto l’accès des enfants à la citoyenneté canadienne, même s’ils satisfont à toutes les autres exigences.
Elle restreint l’accès des enfants les plus démunis à la citoyenneté, soit les mineurs non accompagnés, les enfants sans parent ou gardien légal et les enfants dont les parents n’ont pas la capacité de satisfaire aux exigences en matière de citoyenneté ou qui ne souhaitent pas présenter une demande.
Malheureusement, mon amendement a été rejeté par le comité. Je suis très heureuse que le Sénateur Oh ait repris cet amendement et qu'il l'ait proposé puis renvoyé à la Chambre.
Le NPD appuiera sans réserve l'amendement. Je voulais qu'il soit adopté à l'étape du comité.
Passons maintenant au dernier amendement dont nous sommes saisis.
Le Sénat a jugé bon de proposer un amendement visant à augmenter l'âge maximal d'applicabilité du test linguistique de 54 à 60 ans. Voilà où mon opinion diverge de celle du Sénat. Le NPD n'appuie pas ce changement. Je suis heureuse de voir que le gouvernement ne l'appuie pas non plus. La motion du gouvernement rétablit l'âge maximal d'applicabilité du test linguistique de 60 à 55 ans.
À mon avis, nous devrions aller plus loin encore. J'ai proposé un amendement au comité pour faire qu'il soit possible pour une personne d'avoir recours aux services d'un interprète lors du test sur les connaissances du processus de citoyenneté. Dans le cadre du système actuel, c'est comme si les demandeurs n'ayant ni l'anglais ni le français comme langue maternelle avaient à faire un deuxième test linguistique, plus difficile que le véritable test linguistique, en raison de la particularité des termes et des événements relatés lorsqu'ils font le test sur les connaissances du Canada. J'ai été déçue qu'il ait été rejeté au comité.
J'ai appris l'anglais comme langue seconde. J'ai immigré au Canada quand j'étais jeune, et je ne parlais pas un mot d'anglais. Je parlais cantonais, et je le parle toujours. Je parle cantonais assez couramment. Je comprends, je peux communiquer et je peux donner des entrevues sans problème dans cette langue. Cependant, lorsqu'il est question de termes techniques, c'est très difficile de savoir quel est le terme technique exact et comment le dire correctement. C'est la même chose qui se produit lorsqu'on fait l'examen sur la citoyenneté. Le problème, c'est que le terme technique peut être différent dans la langue maternelle, et il peut être difficile pour la personne de réussir le volet sur les connaissances si elle ne connaît pas les termes techniques. Cela ne signifie pas que son anglais n'est pas assez bon. La personne peut parler anglais très bien, mais ne pas connaître certains termes techniques.
À une époque, avant le projet de loi , des interprètes étaient autorisés à assister aux examens sur la citoyenneté et pouvaient expliquer les termes techniques dans la langue maternelle de la personne faisant l'examen. On a toutefois mis un terme à cette façon de faire, et cela m'attriste.
J’aurais aimé que nous soyons saisis d’autres amendements. Au comité, j’avais demandé qu’on élargisse la définition d’« apatridie » afin de mieux protéger les gens qui sont oubliés par le système. J’ai demandé qu’une disposition empêche tout fonctionnaire de prendre une décision contraire aux traités internationaux ou relatifs aux droits de la personne dont le Canada serait signataire et qui porteraient en particulier sur l’apatridie. Malheureusement, ces amendements n’ont pas été appuyés parce qu’on les jugeait hors contexte.
Concernant une question connexe, j’aimerais que l’on apporte des changements pour régler la question des Canadiens dépossédés de leur citoyenneté. Depuis des décennies, certains Canadiens se retrouvent sans aucun statut au Canada à cause de diverses lois obscures. Il y a des gens qui se sont retrouvés dans cette situation du jour au lendemain. Il y a aussi des Canadiens de seconde génération nés à l’étranger et dont la citoyenneté canadienne n’est pas reconnue.
Cette année, nous célébrons le 150e anniversaire du pays. Ne serait-il pas important de savoir que des gens qui ont été Canadiens toute leur vie ont, pour une raison ou une autre, été oubliés par le système et que nous n’avons rien fait pour eux? C’est un autre sujet sur lesquels j’ai proposé des amendements au comité, qui ne les a pas acceptés non plus. Je m’inquiète que le gouvernement n’ait pas proposé de loi pour régler la question avant le 1er juillet de cette année. Cela aurait dû être fait.
Par ailleurs, je veux aborder la question des dispositions relatives à la perte de l'asile. Nous en avons discuté par rapport aux réfugiés. Il s'agit de gens qui, sans en avoir connaissance, voient leur statut menacé simplement parce qu'ils sont retournés dans leur pays d'origine alors que les dispositions relatives à la perte de l'asile n'étaient pas en vigueur et que la menace qui les avait fait fuir leur pays n'existe plus. Malgré les circonstances, les dispositions relatives à la perte d'asile s'appliquent à ces personnes, dont le statut change en conséquence. La plupart du temps, celles-ci font l'objet de procédures relatives à la perte d'asile au moment où elles font une demande de citoyenneté. C'est scandaleux. J'espère que tous les députés conviendront avec moi sur la nécessité d'éliminer ces dispositions. Il faut que nous présentions une mesure abrogeant ces dispositions relatives à la perte d'asile introduites par le gouvernement Harper.
Je suis consciente que mon temps de parole est presque écoulé. Je suis heureuse que nous soyons enfin saisis du projet de loi. J'espère qu'il sera adopté rapidement, pour assurer la protection des droits des Canadiens. J'espère que ceux qui attendent l'adoption du projet de loi le verront franchir toutes les étapes du processus législatif pour ultimement entrer en vigueur.
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Monsieur le Président, je tiens à informer la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis très heureux d'avoir encore l'occasion de prendre la parole au sujet du projet de loi . Non seulement le projet de loi représente l'aboutissement d'une promesse électorale libérale fondamentale et une réalisation exceptionnelle pour le gouvernement, mais il réaffirme avec vigueur l'identité du Canada et les richesses de la diversité.
Avant de poursuivre, je m'en voudrais de ne pas remercier l'ancien ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, l'honorable et, je me permets d'ajouter, l'inlassable John McCallum de son travail acharné dans ce dossier, ainsi que son successeur à l'Immigration, mon ami et collègue de , de son solide leadership.
Pour commencer, j'aimerais remercier mes anciens collègues du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de tout leur travail sur ce projet de loi, ainsi que le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie d'avoir réalisé un second examen objectif du projet de loi. Puisque j'ai eu l'honneur de participer à l'étude en comité du projet de loi au moment où il a été présenté pour la toute première fois à la Chambre avant qu'il ne soit renvoyé au comité en juin de l'an dernier, je suis tout à fait conscient de l'importance de ce projet de loi pour les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
D'ailleurs, depuis mon élection en octobre 2015, peu de questions semblent avoir touché autant les habitants de ma circonscription, , que la nécessité de moderniser notre système d'immigration et d'abroger les odieux changements apportés au système par le gouvernement précédent. Que ce soit en faisant du porte-à-porte ou lors des discussions que nous avons avec les gens de ma circonscription, mon personnel et moi entendons toujours le même refrain. Le projet de loi représente un vent de fraîcheur dans la politique et la posture du gouvernement envers les Canadiens et leur famille. Les seules préoccupations dont on nous a fait part concernent l'attente avant l'adoption du projet de loi .
En tant qu'immigrant canadien moi-même, je comprends profondément le désir de changement des gens. Je comprends ce qu'être citoyen canadien signifie, au pays et à l'étranger, pour des générations de familles qui ont eu le privilège de venir au Canada dans l'espoir d'un avenir meilleur. Ayant moi-même eu la chance d'arriver au pays à l'adolescence, je peux comprendre toute l'importance que revêt l'immigration pour notre prospérité et notre bien-être futurs. Jamais je ne tiendrai l'immigration pour acquise.
Je peux aussi affirmer avec confiance que l'amour de quelqu'un pour un pays dans lequel il n'est pas né, mais qui lui a néanmoins donné toutes les possibilités du monde est très différent de l'affinité qu'il ressent pour sa mère patrie. La naturalisation occupe une place précieuse dans son coeur qui n'est pas aveuglée par l'histoire ou le sang, mais qui témoigne plutôt une profonde reconnaissance. J'ai admiré le Canada de loin et j'y ai aussi vécu, et j'ai donc pu profiter de ses plus grands avantages: son système d'éducation, le rôle prisé qu'il joue dans le monde, son profond respect pour toutes les personnes, sa dignité tranquille et, bien sûr, son peuple dynamique. Je reconnais la noble valeur de la citoyenneté canadienne et je suis fier des efforts assidus du gouvernement pour rétablir et réaffirmer les valeurs fondamentales qui sont au coeur de la citoyenneté canadienne.
Dans sa forme originale, le projet de loi visait à réaliser quatre objectifs clés: premièrement, supprimer les motifs de révocation de la citoyenneté canadienne liés à la sécurité nationale; deuxièmement, supprimer l’exigence pour un demandeur d’avoir l’intention, s’il obtient la citoyenneté, de continuer à résider au Canada; troisièmement, réduire le nombre de jours où une personne est tenue d’avoir été effectivement présente au Canada avant de demander la citoyenneté; et quatrièmement, restreindre aux demandeurs âgés de 18 à 54 ans l’exigence de démontrer leurs connaissances du Canada et de l’une de ses langues officielles.
Ce faisant, le projet de loi abroge ou modifie les éléments les moins judicieux du projet de loi du Parti conservateur et établit un cheminement plus efficace, solide, moderne et juste pour l'obtention de la citoyenneté. Autrement dit, il ne s'agit pas d'un changement radical par rapport aux lois et aux coutumes établies, mais plutôt d'un retour à des politiques raisonnables à la suite des excès du projet de loi .
Je souhaite brièvement me pencher sur les quatre objectifs avant de passer aux amendements dont nous sommes saisis. Le projet de loi vise d'abord à supprimer les motifs de révocation de la citoyenneté canadienne liés à la sécurité nationale.
À mon avis, l'élément le plus crucial du projet de loi est le fait qu'il révoque le pouvoir sans précédent du gouvernement du Canada, accordé par le projet de loi , de retirer à ses propres citoyens des droits fondamentaux, nommément les droits à la citoyenneté non révocable et à une protection égale en vertu de la loi.
En rejetant l'approche à deux niveaux de la citoyenneté canadienne, le projet de loi ferait en sorte que la politique du gouvernement concorderait avec les recommandations d'un large éventail d'intervenants qui ont critiqué la nature arbitraire, inconstitutionnelle et indue du projet de loi . Parmi eux figurent l'Association du Barreau canadien, l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, le Conseil canadien pour les réfugiés, Amnistie internationale et de nombreux universitaires, journalistes et responsables locaux influents.
Le deuxième point touche l'élimination de l'exigence selon laquelle le demandeur doit avoir l'intention, s'il obtient la citoyenneté, de continuer à résider au Canada.
Parmi ses nombreuses dispositions malavisées, le projet de loi prévoyait en outre que les demandeurs d'âge adulte devaient déclarer dans leur demande de citoyenneté qu'ils avaient l'intention de continuer à résider au Canada s'ils obtenaient la citoyenneté. Cette disposition a suscité l'inquiétude chez les nouveaux Canadiens, qui craignaient que leur citoyenneté soit révoquée s'ils allaient s'installer à l'extérieur du Canada plus tard.
Ainsi, les Canadiens devant habiter à l'extérieur du pays pendant de longues périodes pour leur travail estimaient qu'une telle déclaration pourrait nuire à leur mobilité internationale et, par le fait même, à leur capacité de travailler à l'étranger.
Dans le contexte actuel d'une économie ouverte et mondiale, cette situation nuirait gravement à la compétitivité du Canada. Au lieu de dissuader des citoyens du monde engagés de tenter d'obtenir la citoyenneté canadienne, le projet de loi appuie l'objectif du gouvernement de faire en sorte qu'il soit plus facile pour les immigrants de réussir leur vie au Canada, de retrouver leur famille et de contribuer au succès et au bien-être économiques du pays.
J'aimerais maintenant parler des divers amendements proposés. Le projet de loi à l'étude aujourd'hui a évidemment été modifié à la suite de plusieurs amendements proposés à l'étape de l'étude en comité au Sénat. J'aimerais utiliser le temps qu'il me reste pour passer brièvement en revue ces amendements.
Nous sommes saisis de trois amendements aujourd'hui. Le premier vise à modifier le modèle de révocation de la citoyenneté. Le deuxième vise à permettre aux mineurs d'obtenir la citoyenneté même si aucun de leurs parents n'est Canadien. Le troisième ferait passer à 59 ans l'âge maximal des demandeurs de citoyenneté auxquels s'appliquerait l'exigence de démontrer leurs connaissances du Canada et de l'une de ses langues officielles.
Après avoir examiné soigneusement les propositions, le gouvernement est d'accord avec deux des trois amendements adoptés au Sénat, car ils appuient notre engagement de supprimer des obstacles inutiles à la citoyenneté, de faire en sorte que les personnes les plus vulnérables aient plus facilement accès à la citoyenneté et d'accroître l'équité procédurale dans le processus de révocation de la citoyenneté.
En ce qui concerne le modèle proposé voulant que la Cour fédérale soit l'instance chargée de la plupart des affaires de révocation dans les cas de citoyenneté obtenue frauduleusement, je tiens à répéter que, depuis que le modèle décisionnel actuel est entré en vigueur en 2015, le ministre a pris les décisions dans la plupart des affaires de fraude et de fausses déclarations tandis que la Cour fédérale a pris les décisions dans les affaires plus graves de fraude liée à des questions de sécurité, à la violation des droits de la personne ou des droits internationaux et à la criminalité organisée.
Conformément au modèle proposé par le Sénat, toutes les personnes dont on propose de révoquer la citoyenneté auraient le droit de demander à ce que leur cas soit renvoyé à la Cour fédérale pour que celle-ci prenne une décision concernant la révocation pour des raisons de fraude ou de fausses déclarations.
Lorsque le cas d'une personne sera renvoyé à la Cour, le rôle du ministre sera d'intenter une action devant la Cour afin d'obtenir une déclaration selon laquelle la personne a obtenu sa citoyenneté à l'aide de fausses déclarations, de la fraude ou de la dissimulation intentionnelle de faits essentiels. Il appartiendra ensuite à la Cour de prendre l'ultime décision.
Le gouvernement a étudié cet amendement attentivement et il appuie ce nouveau modèle décisionnel, mais il y apportera certains changements importants. Il croit que le pouvoir du ministre devrait se limiter aux affaires de révocation où la personne ne souhaite pas que son cas soit renvoyé à la Cour fédérale.
Le gouvernement appuie aussi — avec des modifications — l'amendement du Sénat qui permet aux mineurs de présenter une demande de citoyenneté en l'absence d'un parent canadien.
Le gouvernement rejette respectueusement l'amendement proposé par le Sénat qui vise à changer la limite d'âge en ce qui concerne les exigences en matière de langue et de connaissances.
Comme on l'a déjà dit, ces exigences, qui découlent du projet de loi , semblent avoir été imposées au hasard. Les députés de côté-ci n'ont pas encore entendu d'argument convaincant concernant cette modification.
Le gouvernement a étudié les amendements proposés très sérieusement et il a accepté certaines des principales propositions concernant un nouveau processus décisionnel pour la révocation de la citoyenneté.
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Monsieur le Président, j'interviens aujourd'hui pour parler des importants amendements proposés par le Sénat au projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la citoyenneté et une autre loi en conséquence. La Chambre doit absolument examiner à fond les amendements au projet de loi C-6 afin de garantir la sécurité publique, d'assurer le traitement équitable de tous les demandeurs de la citoyenneté et d'offrir toutes les chances de succès aux nouveaux arrivants.
Les conservateurs sont heureux de reconnaître les grandes contributions des immigrants au Canada, qui ont renforcé et enrichi notre pays. Les immigrants possèdent des expériences et des points de vue uniques, qui contribuent à la diversité culturelle du Canada et renforcent l'avenir du pays. Il est important de veiller à ce que le projet de loi offre aux nouveaux arrivants toutes les possibilités de réussir sur le plan économique, ainsi que de mener, en toute sécurité, une vie enrichissante au Canada.
Le Sénat a fait des propositions d'amendement au projet de loi qui touchent trois enjeux. Premièrement, ce dernier serait amendé afin d'accorder le droit à une audience à toute personne dont la citoyenneté peut être révoquée pour fraude ou fausse déclaration. Deuxièmement, le projet de loi serait amendé afin de faire passer à 60 ans l’âge maximal d’applicabilité des exigences liées à la connaissance d'une des langues officielles. Troisièmement, il chercherait à réduire au minimum les formalités administratives afin que les mineurs demandant la citoyenneté puissent faire traiter leurs demandes de façon plus équitable, moins complexe et plus efficace que le processus actuel.
Le premier amendement que je vais aborder, c'est celui accordant le droit à une audience à toute personne dont la citoyenneté pourrait être révoquée pour fraude ou fausse déclaration. Si l'amendement est adopté, le ministre de l'Immigration sera tenu d'informer toute personne dont la citoyenneté est révoquée de son droit d'interjeter appel de la révocation à la Cour fédérale. L'inefficacité du système proposé est inacceptable. Il donnera lieu à un arriéré encore plus important à la Cour fédérale, qui croule déjà sous l'arriéré actuel parce que les libéraux n'ont toujours pas pourvu les postes de juge vacants. Le traitement des demandes de révocation coûtera également des milliers de dollars aux contribuables canadiens. C'est à des fonctionnaires qu'il revient de décider si la citoyenneté doit être révoquée, et non à une commission d'appel, qui est composée en majorité de libéraux. Qui plus est, les demandeurs ont déjà le droit d'interjeter appel à la Cour fédérale de décisions rendues par lRCC si le ministère a commis une erreur dans l'interprétation et l'application de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
À cette étape, si on renforce les mécanismes d'appel pour les personnes ayant obtenu la citoyenneté par des moyens frauduleux, cela pourrait encourager les gens à mentir sur leur formulaire de demande. Le gouvernement ne doit pas mettre l'accent sur l'augmentation du nombre de recours à l'intention des personnes qui ont obtenu la citoyenneté en fraudant le système. Il doit plutôt veiller à mieux informer les gens des conséquences de la fraude et de la voie appropriée à suivre pour obtenir la citoyenneté.
La Cour fédérale a décidé récemment qu'il devrait y avoir un processus d'appel, mais cette décision et les amendements du Sénat ne concordent pas. Par exemple, il y a une incohérence entre la décision de la Cour fédérale et l'amendement du Sénat pour ce qui est de l'organe auprès duquel les personnes dont la citoyenneté est révoquée doivent interjeter appel. Nous nous attendons à ce que les libéraux indiquent tout de suite clairement s'ils comptent interjeter appel de la décision de la Cour fédérale. Les parlementaires doivent avoir cette information à leur disposition avant de pouvoir se prononcer sur les amendements présentés. Compte tenu de la situation, nous demandons au gouvernement fédéral d'interjeter appel de la décision afin de protéger l'intégrité du système d'immigration.
En ce moment, nous demandons également au gouvernement de s'attaquer aux lacunes dans le processus de détection de fraude en matière d'immigration qui ont été soulevées par le vérificateur général en 2016. Même si le Canada est très sensible aux problèmes des autres, nous devons continuer à affirmer que l'obtention de la citoyenneté canadienne par la fraude et la ruse n'est pas un droit, parce que dès le départ, ces personnes n'auraient jamais dû obtenir la citoyenneté canadienne.
De plus, les amendements au projet de loi proposés par le Sénat veulent faire passer de 55 ans à 60 ans l'âge auquel il est nécessaire de connaître l'une des deux langues officielles. Bien que nous voulions que l'âge demeure à 64 ans, nous acceptons avec soulagement cette nouvelle exigence au lieu de celle qui avait été préalablement établie à 55 ans par les libéraux. La maîtrise de la langue fait partie intégrante de la citoyenneté canadienne. Nous constatons chaque jour dans la société canadienne la façon dont le langage nous unit et nourrit le pluralisme incroyable du Canada.
Concrètement, la connaissance de l'une des deux langues officielles du Canada facilite la transition des immigrants dans leur nouvel environnement de travail, dans leur nouvelle école ou dans leur nouvelle communauté. Les immigrants qui sont incapables de communiquer au sein de la société canadienne ont du mal à s'acquitter de tâches ordinaires comme faire l'épicerie, aller à des rendez-vous à l'hôpital et conduire. En fait, l'accès à des services linguistiques est un enjeu important pour les réfugiés et les immigrants.
Les libéraux ont été informés à maintes reprises de la gravité de ce problème pour les nouveaux arrivants au Canada et du fait que le système actuel sert très mal les immigrants. Même si les réfugiés et les immigrants ont hâte de commencer à travailler, ceux-ci ne peuvent avoir accès à des cours de langue et sont par conséquent dans l'impossibilité de se trouver un emploi. Plutôt que de réduire les exigences liées à l'âge pour la connaissance d'une langue officielle, les libéraux devraient discuter des façons de s'assurer que les immigrants peuvent effectuer une transition sans heurt dans la société canadienne.
Les amendements du Sénat au projet de loi élimineraient également les formalités administratives qui compliquent actuellement le processus de demande pour de nombreux mineurs. Plus précisément, cela aura une incidence sur les mineurs qui sont des résidents permanents, mais qui font une demande de citoyenneté en l'absence d'un parent ou d'un tuteur qui est résident permanent.
En ce moment, les résidents permanents qui souhaitent faire une demande de citoyenneté canadienne doivent soit avoir plus de 18 ans, soit présenter leur demande en même temps qu'un parent ou tuteur résident permanent. Cela signifie que même si un mineur remplit toutes les autres exigences de citoyenneté, s'il n'a pas de parent ou de tuteur qui est un résident permanent, il n'a essentiellement pas d'autre choix que d'attendre d'avoir 18 ans pour présenter sa demande.
Je dis « essentiellement » parce qu'il est techniquement possible de prouver qu'il est nécessaire que le lève ces exigences. Toutefois, obtenir cette dérogation est inconcevable pour la plupart des résidents permanents mineurs. En plus de prendre des années à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour traiter la demande, celle-ci requiert des ressources financières considérables et une aide juridique spécialisée. En outre, les mineurs qui pourraient bénéficier de ce pouvoir discrétionnaire ignorent probablement son existence, puisqu'il est dissimulé dans la loi. Bref, le mécanisme de dérogation n'est pas une solution.
Le système actuel pénalise en effet certaines des personnes les plus marginalisées du Canada en fonction de leur âge, un facteur hors de leur contrôle. La catégorie des résidents permanents mineurs englobe les mineurs sans parent ni tuteur au Canada, les mineurs dont la famille n'a pas les moyens de payer les frais d'une demande de citoyenneté, et les mineurs dont les parents ne réunissent pas les conditions pour l'obtention de la citoyenneté. Elle comprend également les mineurs dont les parents ou le tuteur ne peuvent pas ou ne veulent pas les aider à faire une demande et les mineurs qui n'ont plus de lien avec leur famille en raison de mauvais traitements ou de négligence. En fait, de nombreux témoins qui ont comparu devant les comités de la Chambre des communes et du Sénat ont fait valoir les conséquences d'un accès à la citoyenneté aussi restreint.
Nous savons que les mineurs fortement marginalisés ayant un statut plus précaire risquent d'être déportés au cours de leur vie d'adulte. C'est extrêmement injuste. L'amendement du Sénat modifierait la Loi sur la citoyenneté en supprimant l'exigence des 18 ans et en précisant que les exigences relatives à la connaissance du Canada et d'une de ses langues officielles ne s'appliquent pas aux mineurs.
Il autoriserait également le ministre à lever l'exigence que la demande d'un mineur soit présentée par un adulte. Ce changement fera en sorte que, dans presque tous les cas, un mineur pourra présenter sa propre demande. Il est important que tous les députés appuient cet amendement, parce que le projet de loi ne corrige pas, à l'heure actuelle, cette injustice envers les mineurs.
La citoyenneté canadienne est un élément crucial de notre identité nationale. Elle nous rassemble malgré notre diversité et nous confère des droits et des protections; en préserver l'intégrité est de la plus haute importante.
Je demande donc aux députés de rejeter l'amendement concernant le processus d'appel, du moins jusqu'à ce que nous ayons obtenu davantage d'information concernant la récente décision de la Cour fédérale. Je demande aussi à tous les députés d'appuyer les amendements concernant l'âge et la connaissance d'une langue officielle.