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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui vise à renforcer l’indépendance de Statistique Canada.
J'aimerais d'abord parler du recensement. En 2010, la décision du gouvernement de remplacer le formulaire détaillé obligatoire du recensement par l'Enquête nationale à participation volontaire auprès des ménages a donné lieu à des critiques de la population. On a soulevé des préoccupations au sujet de la qualité des données recueillies dans le cadre de l'Enquête nationale auprès des ménages et de l'indépendance de Statistique Canada.
En réaction à cette décision, un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire ont été présentés à la Chambre, des projets de loi prévoyant le recours à un questionnaire détaillé obligatoire de recensement dont la longueur et la portée étaient semblables au questionnaire de recensement de 1971. Nous avons examiné cette option attentivement, mais plutôt que d'insister uniquement sur la protection du questionnaire du recensement, nous avons choisi de modifier la Loi sur la statistique afin de donner à Statistique Canada une plus grande indépendance à l'égard de l'ensemble de ses activités. Nous avons accompli cela en attribuant au statisticien en chef des pouvoirs quant aux décisions relatives aux méthodes et aux opérations.
Le projet de loi ajoute des dispositions sur la transparence afin de garantir une meilleure reddition de comptes en ce qui concerne les décisions. Cette approche est conforme aux principes fondamentaux de la statistique officielle des Nations unies et aux recommandations de l'Organisation de coopération et de développement économiques sur les bonnes pratiques. Certains pourraient encore se demander pour quelles raisons on n'inscrit pas le contenu du recensement dans la loi afin d'empêcher tout gouvernement futur de remplacer le questionnaire détaillé obligatoire du recensement par une enquête à participation volontaire, comme ce fût le cas en 2011. La réponse simple est qu'il n'y a pas de disposition légale qui empêche le gouvernement de changer le contenu du recensement.
Le gouvernement a le pouvoir de créer et de modifier des lois. Nous devons cependant nous rappeler que les statistiques officielles sont un bien public et que Statistique Canada est une institution financée par l'État. Il revient au gouvernement de décider de la portée du système statistique et, surtout, des priorités du pays en matière de statistique, c'est-à-dire des renseignements qui seront récoltés. Cela garantit que les données statistiques recueillies tiennent compte du fardeau qui pèse sur les épaules des citoyens en tant que répondants et des frais qu'ils subissent en tant que contribuables, et aussi que les renseignements produits répondent à leurs besoins en tant qu'utilisateurs de données.
Il doit aussi être conforme à la nécessité que le gouvernement a de prendre des décisions fondées sur des données probantes concernant les programmes et services qui touchent la vie quotidienne des Canadiens, tels que le logement à prix abordable, le transport en commun et la formation professionnelle. Plutôt que de faire figurer le contenu du questionnaire long du recensement dans la Loi sur la statistique, le projet de loi traite des questions fondamentales liées à l’indépendance de Statistique Canada. Permettez-moi de vous en expliquer les raisons.
Premièrement, la décision que le précédent gouvernement avait prise au sujet du recensement de 2011 ne concernait pas les questions à poser. Il s’agissait de supprimer le caractère obligatoire des réponses. L’Enquête nationale auprès des ménages à participation volontaire, comme on l’appelait, posait les mêmes questions que la version longue du questionnaire obligatoire qu’elle remplaçait.
Conformément à l’engagement que le gouvernement avait pris de fonder ses décisions sur des données probantes, l’un des premiers gestes qu’il a posés a été de rétablir le questionnaire long obligatoire à temps pour le recensement de 2016. Il fallait faire en sorte que le recensement produise des données de grande qualité. Nous nous sommes engagés à renforcer l’indépendance de Statistique Canada pour garantir que les décisions prises par l’organisme au sujet des méthodes et activités statistiques soient fondées sur des principes professionnels. Le projet de loi donne suite à cet engagement.
Deuxièmement, en faisant figurer le contenu du recensement dans la loi, le gouvernement risquait de perdre la marge de manoeuvre nécessaire pour que les données recueillies répondent aux besoins d’une société et d’une économie canadienne en constante évolution. Il suffit de remonter dans le temps pour constater que le contenu du recensement a été modifié à maintes reprises pour refléter des situations nouvelles, des besoins en constante évolution en matière de données et de nouveaux moyens de collecte.
Le premier recensement national du Canada a été réalisé en 1871 et il comportait 211 questions, qui portaient notamment sur l'âge, le sexe, la religion, la scolarité, la race, l'occupation et les origines ancestrales. Depuis, on a ajouté et supprimé des sujets et des questions.
En 1931, on a ajouté des questions sur le chômage. En 1941, on a ajouté des questions sur la fertilité et le logement. En 1986, on a ajouté des questions sur les limitations fonctionnelles. En 1991, on a ajouté des questions sur les unions de fait. En 2006, on a ajouté des questions sur les couples de même sexe. En 1996, on ajouté des questions sur le travail non rémunéré, qui ont été supprimées en 2011.
Ces exemples signalent le besoin de flexibilité et de priorisation dans la détermination du contenu d'un recensement. Inscrire le contenu du recensement dans la loi limiterait cette flexibilité. Il serait vraiment peu pratique de devoir modifier la loi chaque fois qu'il faut modifier le recensement. Notre approche actuelle pour déterminer le contenu du recensement fonctionne. Elle est fondée sur de vastes consultations auprès des utilisateurs et sur la mise à l'essai de questions potentielles pour refléter les besoins changeants de la société et faire en sorte que le recensement soit le véhicule approprié pour y répondre. Ensuite, Statistique Canada formule des recommandations au gouvernement sur ce que devrait contenir le prochain recensement. Les questions générales sont alors prescrites au moyen d'un ordre du gouverneur en conseil et publiées dans la Gazette du Canada à des fins de transparence.
Le fait de définir dans la loi le contenu du formulaire détaillé du recensement pourrait dissuader les responsables de trouver des solutions de rechange à la collecte de données de recensement à un coût moindre, qui imposent un fardeau plus léger aux répondants. Les agences de statistique doivent aussi réfléchir au fardeau en matière de renseignements à communiquer qu'elles imposent aux citoyens et aux entreprises et agir en n'excédant pas les ressources financières que leur consent le gouvernement.
Le monde des données évolue rapidement. Nous lisons et nous entendons tous les jours les mots « mégadonnées », « données ouvertes » et « données administratives ». Dans le monde entier, les bureaux de statistique intègrent de plus en plus à leurs programmes statistiques ces sources de renseignements de rechange et complémentaires. Ils offrent la possibilité de recueillir et de publier des données statistiques de grande qualité plus souvent et à un coût moindre, tout en diminuant le fardeau imposé aux répondants.
Par exemple, pour le recensement de 2016, Statistique Canada a obtenu des renseignements détaillés sur le revenu de tous les répondants à partir des dossiers administratifs conservés par l'Agence du revenu du Canada. Grâce à cette approche, on pourra obtenir des renseignements sur le revenu de grande qualité, à un coût moindre, tout en allégeant le fardeau imposé aux Canadiens.
L'inscription de la portée et du contenu du recensement dans la Loi sur la statistique ne serait peut-être pas dans l'intérêt des Canadiens. Cela nous obligerait à nous conformer à une façon de faire les choses qui n'est peut-être pas la voie de l'avenir. La Loi devrait donc continuer à suivre le rythme de l'évolution des besoins des Canadiens et de leurs gouvernements en matière de données statistiques. Elle devrait conserver la souplesse nécessaire pour encourager l'innovation, afin de tirer avantage des moyens de recueillir les données statistiques en pleine évolution.
Certaines personnes ont laissé entendre que le contenu du recensement devrait être identique à ce qu'il était il y a plus de 40 ans et que la taille de l'échantillon pour le formulaire détaillé devrait être inscrite dans la loi. En raison de l'évolution rapide du monde des données, nous devons conserver la souplesse nécessaire pour jeter les assises du système statistique de demain, plutôt que nous contenter de poursuivre sur la même voie que par le passé. Nous pensons que l'approche prévue dans le projet de loi atteint un juste équilibre et qu'elle résistera à l'épreuve du temps.
Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais parler de la structure fondamentale du projet de loi qui touche à l'indépendance du statisticien en chef.
Tout d'abord, nous aimerions que le statisticien en chef soit nommé selon le processus de nomination par le gouverneur en conseil, un processus ouvert et transparent qui permettra de sélectionner la personne la plus compétente pour le poste.
Ensuite, la philosophie qui sous-tend la mesure législative est la suivante: il reviendra à Statistique Canada, au statisticien en chef et à son équipe de régler les questions de méthodologie, c'est-à-dire tout ce qui touche la collecte de données statistiques, les meilleurs moyens ou les meilleures techniques à employer, comme il est prévu dans le projet de loi.
Étant donné que nous avons un système parlementaire fondé sur le modèle de Westminster, qui fait que la responsabilité ministérielle est un des principes de base du projet de loi, toute décision devant être prise pour des raisons politiques, par exemple dans des circonstances exceptionnelles où le parti au pouvoir estime avoir besoin d'un type de renseignements donné, devra être prise de façon transparente devant la Chambre des communes.
Nous voulons que le statisticien en chef jouisse d'une grande indépendance dans le but bien précis que cette personne puisse employer la meilleure méthode possible pour recueillir des données et faire ce choix pour des raisons professionnelles. Ce que nous proposons continue cependant de fonctionner en harmonie avec le modèle de Westminster, un modèle qui a bien fonctionné jusqu'ici et qui, en fait, jusqu'à 2011, permettait à Statistique Canada de jouir d'une réputation enviable parmi ses pairs sur la scène internationale.
Voilà la philosophie de base qui sous-tend ce projet de loi. Je serai heureux de répondre aux questions de mes collègues, s'ils en ont.
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Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole au sujet d'un projet de loi qui porte sur une question que se posent beaucoup d'électeurs dans des lettres que j'ai reçues. C'est quelque chose qui intéresse les Canadiens.
J'aimerais revenir sur quelque chose que mon collègue vient de dire. Il a dit que la meilleure chose qu'avait faite ce projet de loi c'était de lui avoir appris à prononcer correctement le mot statisticien. Je suis d'accord avec lui sur le fait qu'il se pourrait que ce soit le seul côté positif du projet de loi. Il y a de nombreux aspects du projet de loi qui sont bien pires. Il se pourrait que le secrétaire parlementaire commence enfin à comprendre le point de vue de l'opposition à ce propos. J'espère que d'ici la fin de mon intervention, on aura réussi à faire comprendre les problèmes en question au gouvernement — après avoir profité bien sûr de l'exercice de diction lors des débats — et qu'il acceptera de rejeter le projet de loi.
Avant que j'entre dans les détails, je souhaite revenir à la réponse du secrétaire parlementaire à ma question. L'une des dispositions du projet de loi prévoit la création d'un conseil consultatif canadien de la statistique, qui remplacerait le Conseil national de la statistique. On pourrait déduire en se fiant à leurs noms qu'ils ne sont pas très différents l'un de l'autre. C'est le cas. L'un est composé de 13 membres, l'autre de 10, mais quand on élimine un conseil et qu'on le remplace par un autre, c'est l'occasion de nommer 10 nouvelles personnes. L'opposition sait bien évidemment ce qui se trame.
Pour obtenir des précisions, j'ai demandé à mon collègue d'en face ce qui pouvait justifier cette modification législative qui aurait pour effet d'autoriser le gouvernement à abolir le conseil en place pour ensuite nommer les 10 bons candidats libéraux — ou plutôt les bons candidats qualifiés — qui feront partie du nouveau conseil.
Sa réponse laconique est éloquente. Il soutient que les taux de participation étaient inégaux. En somme, le gouvernement estime que les membres du conseil ne sont pas aussi efficaces qu'ils pourraient l'être, et il veut donc revoir complètement son approche pour pouvoir former un nouveau conseil. Évidemment, nous allons voir dans quelle mesure le gouvernement se servira de cette tactique. J'espère sincèrement qu'aucun des membres de ce nouveau conseil consultatif de la statistique n'a participé à l'élaboration de l'outil de consultation du gouvernement sur la réforme électorale.
De façon générale, l'approche du gouvernement présente de graves lacunes en ce qui concerne les nominations ainsi que l'utilisation de statistiques, de renseignements et de données scientifiques dans une foule de domaines. Je vais donc profiter de cette occasion pour parler brièvement de cet aspect ainsi que de certaines mesures de ce projet de loi.
Le gouvernement voit la présentation de ce projet de loi un peu comme une occasion de faire passer un important message politique. Il veut se donner l'image d'un défenseur des politiques fondées sur des faits. C'est le genre de discours que nous entendons beaucoup de la part du gouvernement. Je pense parler au nom de toute l'opposition officielle quand je dis que nous croyons dans les politiques fondées sur des faits. Nous croyons que les décisions doivent être fondées sur des données. Il ne s'agit pas seulement d'un slogan pour nous.
Le député de me chahute de nouveau. Je suis sûr qu'il est en train de préparer une autre excellente question sur Ayn Rand, qu'il est capable d'insérer dans toutes les discussions à la Chambre. J'attends avec impatience ces remarques à ce sujet, étant donné sa vaste connaissance de cette auteure.
Pour revenir à ce que je disais, la prise de décisions fondées sur des données probantes n'est pas uniquement un slogan pour les conservateurs. Ce n'est pas quelque chose que nous voulons faire seulement pour dorer notre image. Nous examinons réellement les faits et les détails, puis nous appliquons les renseignements obtenus à diverses situations. En revanche, en examinant l'approche adoptée par le gouvernement dans divers dossiers, force est de constater qu'il n'accorde aucune importance aux faits.
Je vais citer quelques exemples. Nous avons déjà observé et commenté à la Chambre le manque d'intérêt du gouvernement à l'égard des données scientifiques. Son approche en matière d'approbation des pipelines montre parfaitement qu'il ne tient aucun compte des faits quand il élabore ses politiques.
De ce côté-ci de la Chambre, nous croyons qu'il existe un processus indépendant d'examen des pipelines. Un organisme indépendant, l'Office national de l'énergie, recueille des données, mène des audiences dans un délai raisonnable et présente son rapport. De façon générale, lorsque le gouvernement reçoit un rapport d'un organisme de consultation indépendant de la sorte, il devrait être à l'écoute. Cette approche correspond en fait au discours que tient le gouvernement.
Un organisme indépendant fournit des conseils fondés sur des données scientifiques. Comment peut-on y trouver à redire? Toutefois, les députés ministériels ne sont pas vraiment satisfaits parce que, en ce qui concerne l'approbation des pipelines, ils veulent préserver la capacité du gouvernement ou du Cabinet — et ils ont clairement montré leur intention d'utiliser cette capacité — de rejeter les approbations fournies par le personnel indépendant et impartial de l'Office national de l'énergie, qui fonde ses décisions sur des données scientifiques.
Nous avons été témoins de cette approche anti-scientifique dans le dossier de l'oléoduc Northern Gateway. Cet important projet, qui aurait permis d'acheminer les ressources naturelles canadiennes vers les marchés, a été approuvé par l'Office national de l'énergie à certaines conditions. Il a ensuite été approuvé par le gouvernement précédent à certaines conditions. Maintenant, le gouvernement rejette le projet en plus de présenter une mesure législative qui interdirait la circulation de pétroliers au large de la côte de la partie nord de la Colombie-Britannique.
Dans ce contexte, nous savons qu'il y a beaucoup de pétroliers qui naviguent le long des côtes de la Colombie-Britannique, en provenance de l'Alaska. Nous avons toutes les raisons de croire que le trafic va augmenter à cet endroit et pourtant, les députés ministériels prennent une décision sans fondement scientifique. Ils sont motivés par un calcul politique qui ignore la réalité.
Lorsque le gouvernement nous présente un projet de loi et que les libéraux parlent de l'importance de prendre des décisions en s'appuyant sur les données scientifiques et les statistiques, il est important de se poser la question suivante. Pourquoi ne tiennent-ils pas compte des données clairement disponibles lorsque vient le temps d'autoriser la construction d'un pipeline? Pourquoi ne se laissent-ils pas guider par ces données?
Je peux citer un autre exemple, qui est probablement l'illustration la plus frappante du mépris du gouvernement pour les bonnes méthodes statistiques. Il s'agit de l'approche des libéraux sur la question des changements à apporter au système électoral. Un mécanisme avait été établi, et un comité parlementaire représentant tous les députés a fait de bonnes recommandations au gouvernement sur la manière de procéder pour mettre en oeuvre des changements qui correspondaient en fait à une promesse électorale. Les recommandations ont été établies après avoir consulté beaucoup de Canadiens. Généralement, les comités parlementaires se bornent à entendre des témoignages d'experts. Je ne pense pas que le comité ait fait un travail que l'on pourrait qualifier de quantitatif, mais il a certainement fait un travail qualitatif pour recueillir les opinions des Canadiens et écouter les diverses perspectives. Il s'en est inspiré pour recommander au gouvernement de tenir un référendum sur les systèmes électoraux envisageables.
Or, parce qu'ils n'aimaient pas le résultat de ce qui était un bon processus pour consulter les Canadiens, les ministériels ont décidé d'inventer leur propre processus qui, du point de vue statistique, était évidemment fort douteux. Ils ont décidé de tenir une consultation en ligne pour connaître le sentiment des gens à propos de choses possiblement liées aux systèmes électoraux, sans poser directement les questions évidentes. On n'aurait pas pu demander aux gens s'ils préfèrent un système plus proportionnel ou moins proportionnel, dont les résultats possibles seraient ceci ou cela. Non, les questions portaient généralement sur les sentiments et des calculs fondés sur les sentiments. Puis, grâce à ce processus, le gouvernement a décidé d'abandonner la réforme.
Comme la première analyse de l'opinion du public n'avait pas semblé produire les résultats escomptés par les libéraux, ce sondage en ligne était une tentative de réorganiser, de déformer et de manipuler le mécanisme de consultation en ne posant pas des questions explicites dans le but d'obtenir le résultat souhaité pour, au bout du compte, justifier une décision politique, laquelle avait, à ce moment-là, probablement déjà été prise, cette décision étant l'abandon de la réforme. Voilà un autre cas qui témoigne d'un véritable mépris pour le processus de la science, de la collecte de données probantes et de la consultation des Canadiens.
Je dois également mentionner que le gouvernement méprise également la science en ce qui a trait aux risques associés à la consommation de marijuana. En effet, les libéraux ont décidé de présenter un projet de loi pour légaliser la marijuana malgré les risques clairs pour les jeunes, et ils ont choisi un âge minimum qui ne reflète pas du tout ce que disent les études scientifiques.
Toutes sortes d’experts ont reproché aux libéraux d’avoir, par exemple, fixé l’âge à 18 ans. Même si on allait légaliser la marijuana, de très nombreuses données montrent que la consommation à un jeune âge de la marijuana, même de façon occasionnelle, présente de graves risques et peut entraîner des problèmes ultérieurs de santé mentale, qui sont établis scientifiquement.
Les preuves sont là. Pourtant, en dépit des avis judicieux des experts, le gouvernement montre encore une fois qu’il ne prend pas au sérieux les politiques fondées sur des faits, que ce soit à propos des oléoducs, de la réforme électorale ou, aujourd’hui, de la marijuana. Nous avons un gouvernement qui ne veut pas voir les preuves et qui n’en tient aucun compte. Au lieu de cela, il arrange la présentation des renseignements statistiques afin qu’elle corresponde à un programme politique précis. Cette approche répond peut-être aux calculs politiques des libéraux, mais elle n’est pas conforme au genre de principes et aux nobles objectifs dont ils parlent souvent.
Justement, chaque fois que nous avons un débat sur la science à la Chambre, il est intéressant de voir la façon dont les libéraux essaient de le politiser. Je me rappelle qu'à l’occasion de la période des questions, une députée qui avait fait de la recherche scientifique pendant des décennies avait posé une question à la . Cette dernière avait répondu qu’il était bon de voir la députée s’intéresser enfin à la science. C’était la députée de , qui a de longs antécédents de travaux scientifiques. Cela montre bien le prisme très politique à travers lequel le gouvernement voit les choses.
Par conséquent, c’est en ayant cela à l’esprit, en s’inquiétant de la façon dont le gouvernement fait ces déclarations et en constatant son bilan réel en matière de décisions fondées sur des données probantes que nous abordons ce projet de loi. Ce projet de loi contient divers éléments qui suscitent de graves questions sur ce qui se passe vraiment et sur ce que cherche à faire le gouvernement.
J'aimerais parler davantage d'un point que j'ai soulevé plus tôt à propos d'une disposition précise du projet de loi, soit le conseil que les libéraux veulent créer. Le projet de loi établirait un conseil consultatif canadien de la statistique, qui remplacerait le Conseil national de la statistique. Je suis sûr que ce que nous entendrons, et peut-être que des députés l'ont déjà dit, c'est qu'il y aura un processus ouvert pour la présentation des demandes, que tout le monde pourra postuler, que toutes les demandes seront évaluées de façon impartiale et que cette évaluation sera fondée sur des critères justes et neutres, mais que le gouvernement conclura que les personnes les plus compétentes sont d'anciens donateurs du Parti libéral, d'anciens ministres libéraux ou quelque chose du genre.
Le bilan du gouvernement en matière de nominations laisse à désirer sur toute la ligne. De grandes questions ont été soulevées quant à la façon dont le gouvernement procède aux nominations. Je crois qu'il y a de nombreux exemples qui illustrent très bien ces préoccupations. Par exemple, le gouvernement a promis qu'un processus indépendant serait établi pour la nomination de sénateurs. Or, étrangement, les sénateurs qui ont été nommés par le gouvernement votent de concert avec le gouvernement. Comment est-ce possible? On dirait que ces nominations ont été effectuées pour des raisons politiques. Ce n'est pas parce que les libéraux disent quelque chose que c'est forcément vrai. Si nous examinons les votes des personnes qui ont été nommées, nous constaterons que les décisions qui ont été prises ne découlent pas du tout d'observations impartiales fondées sur des critères politiquement neutres. Les libéraux tentent d'envoyer ce message alors que la réalité est tout autre.
Rappelons que la Chambre a été témoin de tout un fiasco lié à la nomination d'un nouveau commissaire aux langues officielles. La et un témoin entendu par le comité — je crois qu'il s'agissait de la candidate au poste de commissaire aux langues officielles elle-même — ont donné des renseignements contradictoires au sujet des conversations qui avaient précédé le choix de la candidature retenue. À de nombreuses reprises, nous avons demandé des précisions à la à propos des conversations et des décisions relatives à ce dossier. Au lieu de répondre directement, elle a préféré louvoyer.
Les faits parlent toutefois d'eux-mêmes. Le gouvernement avait l'intention d'octroyer ce poste très important à une ancienne ministre libérale provinciale, alors que le commissaire aux langues officielles est censé être un agent du Parlement indépendant. La candidate a fait marche arrière quand il est devenu clair que sa nomination ne serait pas acceptée. On ne pouvait toutefois pas prévoir qu'elle agirait ainsi. Le fait que les libéraux se soient entêtés à défendre leur décision a de quoi nous inquiéter, puisqu'ils présentent maintenant un projet de loi qui leur permettrait de reconduire le mandat de tous les membres du conseil consultatif de la statistique.
Avec toutes ces différentes questions au sujet des nominations, cela nous amène à une fonction essentielle, celle du commissaire à l'éthique. Le s'est récusé — supposément — de toute participation à la nomination du commissaire à l'éthique. Cependant, il a accordé ce pouvoir à la , une personne qui agit manifestement selon le désir du premier ministre. C'est difficile à imaginer qu'il n'y aurait pas de quelconques conversations, avec des coups de coude et des clins d'oeil, surtout compte tenu du fait qu'il y aurait eu des conversations au sujet de la commissaire aux langues officielles. En effet, nous avons entendu différentes choses à différents endroits, de la part de différentes personnes qui auraient participé à la conversation, concernant quelles conversations ont vraiment eu lieu, et lesquelles n'ont pas eu lieu.
Le gouvernement a un sérieux problème de crédibilité lorsqu'il s'agit des nominations. Lorsqu'on examine un projet de loi comme celui-ci, cela vaut la peine de demander qui participera en fait aux nominations. Compte tenu de ce projet de loi, comment l'opposition peut-elle être certaine, alors que le gouvernement élimine un organisme à cause de ce que le secrétaire parlementaire a appelé des « taux de participation » inégaux, que nous verrons quelque chose de bien différent, et que nous verrons un organisme qui en augmentera vraiment le contrôle du gouvernement?
Le gouvernement peut parler d'organismes et de groupes indépendants ou de mécanismes de surveillance tant qu'il le veut, mais il importe alors d'examiner comment ceux-ci sont créés et mis sur pied, et qui nomme des gens à ces postes. Si nous ne faisons pas confiance au gouvernement pour vraiment nommer des personnes en fonction de leurs qualifications, c'est-à-dire s'il est clair, comme je crois que c'est le cas compte tenu de son bilan, que le gouvernement nomme des gens uniquement, ou surtout, pour des raisons partisanes, alors nous ne pouvons pas du tout avoir confiance dans la façon dont la décision sera prise.
Je tiens à faire une observation supplémentaire en ce qui concerne ce projet de loi. Ce projet de loi n'a aucune incidence directe sur l'utilisation du questionnaire détaillé obligatoire du recensement. Le questionnaire détaillé obligatoire du recensement est actuellement employé, et ce projet de loi ne changera aucunement cela. Il n'est pas nécessaire d'adopter ce projet de loi pour atteindre ce qui est un objectif clairement déclaré du gouvernement, c'est-à-dire le rétablissement du questionnaire détaillé obligatoire du recensement.
D'autres dispositions du projet de loi sont plus faciles à comprendre, mais je n'en ai pas vraiment parlé dans mon discours. J'aimerais quand même les aborder. Le projet de loi propose la nomination d'un statisticien en chef « à titre inamovible » pour un mandat maximal de cinq ans. Cela signifie que, une fois qu'un statisticien en chef est nommé, le gouvernement ne peut le remplacer à sa guise. Cela nous ramène, bien sûr, à la question de la confiance que l'on peut accorder au gouvernement quant à sa capacité de faire des nominations crédibles, surtout si l'on tient compte de son bilan en matière de nominations.
Le projet de loi prévoit également que le ministre ne pourra plus donner de directives sur les méthodes, procédures ou opérations. Il pourra toujours donner des directives plus générales sur les programmes statistiques, mais il ne pourra plus en donner sur les méthodes, procédures ou opérations.
Je dois dire que, selon moi, le gouvernement a un bien piètre bilan en matière de méthodes statistiques, si l'on se fie à la façon dont il a organisé les consultations sur les changements à apporter au système électoral. Je ne voudrais certainement pas que le gouvernement se mette à jouer avec la dynamique touchant les méthodes et les opérations statistiques. De nouveau, nous savons quels seraient probablement les problèmes qui se poseraient si le gouvernement tentait de faire ce qu'il a déjà fait dans le cas d'autres questions statistiques, c'est-à-dire la façon dont il a conçu le mode de consultation, de manière à obtenir un résultat précis. Le problème est toujours entier, compte tenu des pouvoirs qui restent et du processus des nominations.
J'aimerais maintenant résumer très brièvement les principaux problèmes que j'ai soulevés au sujet de ce projet de loi.
Premièrement, nous avons constaté que le gouvernement n'est pas du tout disposé à passer de la parole aux actes en ce qui concerne la prise de décisions fondées sur des données probantes. Il répète sans cesse ce slogan. Cependant, si on se fie à la façon dont il prend ses décisions, on se rend compte qu'elles ne sont pas du tout fondées sur des données probantes.
Aussi, le gouvernement manque de crédibilité en ce qui concerne les nominations, car celles-ci semblent toujours être fondées sur des critères partisans.
Pour toutes ces raisons, nous allons nous opposer à ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui concerne le recensement. S'il y a une chose qu'il faut bien préciser dans le débat au sujet de cette mesure législative, c'est qu'il faut faire extrêmement attention à ce que l'on fait de l'argent des contribuables. C'est au coeur même du recensement. Il n'y a pas matière à rigolade, surtout lorsque l'on voit ce qui est arrivé à certaines des personnes en cause.
Les libéraux et les conservateurs devraient tous avoir honte de leurs actions à l'égard des anciens statisticiens en chef. Il faut reconnaître qu'il s'agit d'une situation très grave. Munir Sheikh a démissionné sous les conservateurs; Wayne Smith, sous les libéraux. Ces démissions ne sont pas à prendre à la légère. Il s'agit de statisticiens en chef qui sont respectés dans le monde entier. Leur intégrité a été entachée par le fait même d'avoir été de hauts fonctionnaires au sein d'une administration donnée. Finalement, ils sont devenus des lanceurs d'alerte. Nous savons que, au Canada comme à l'international, les lanceurs d'alerte deviennent souvent des martyrs. Ils deviennent souvent des cibles. Eux et leur famille subissent souvent des répercussions parce qu'ils ont levé le voile sur une situation, compromettant leur bien-être personnel pour éviter que l'on compromette l'État ou le travail qu'ils accomplissaient. Voilà ce qui est arrivé aux statisticiens en chef.
Il est important de ne pas oublier qui nous sommes. Munir Sheikh, par exemple, a immigré au Canada depuis le Pakistan pour obtenir plus tard un doctorat en économie. Il a travaillé au ministère des Finances pendant de nombreuses années comme sous-ministre, puis il est devenu statisticien en chef à Statistique Canada. Un jour, il a démissionné de ce poste. C'était la première fois que je voyais quelqu'un claquer la porte ainsi en 15 années passées là-bas. Je n'avais jamais vu une personne s'en prendre au gouvernement de cette manière. Cette démission s'est produite pour un certain nombre de raisons liées au traitement réservé à Statistique Canada et à la dévalorisation de son travail.
Par conséquent, il est important de bien connaître les dispositions qui sont d'une grande importance dans la Loi sur la statistique et de savoir aussi pourquoi elles ont de l'importance pour les Canadiens. Le statisticien en chef est responsable de l'application de la loi. Les données que les statisticiens recueillent au pays déterminent largement l'utilisation de l'argent des contribuables. Les statistiques portent sur les revenus, le marché du travail, la scolarité, le logement, le transport, les langues, les personnes handicapées, la citoyenneté, l'immigration, les Autochtones et l'origine ethnique. Elles vont même jusqu'à déterminer à quel endroit on établira les casernes de pompier sur le territoire des municipalités. Il a été question aujourd'hui des immeubles de grande hauteur. Un drame vient de frapper une tour d'habitation à Londres. Toutefois, nous avons les données qu'il nous faut sur les municipalités pour effectuer une planification adéquate et prévoir les ressources nécessaires parce que Statistique Canada sait comment se répartit géographiquement la population. Si nous n'avions pas cette information, nous nous préparerions de beaux gâchis tantôt par incurie, mais tantôt également par ignorance, puisque nous n'aurions pas l'information.
La situation est similaire en ce qui concerne la croissance économique. Le recensement de 2016 révèle que 35 % de la population du Canada habite maintenant les régions de Toronto, Vancouver et Montréal. Le taux de concentration de la population est fort pour un pays aussi grand que le Canada. C'est pourquoi il est également très important que nous investissions et innovions dans d'autres domaines. Les collectivités les plus vulnérables, qui n'ont pas vraiment accès à des données statistiques adéquates, sont plus petites et représentent des portions plus petites de la population. C'est comme cela que les décisions sur le logement sont prises. J'ai parlé des casernes de pompiers pour les services municipaux. Il y a tout cela. L'accès aux logements abordables et le coût du logement contribuent au développement économique et sont des facteurs décisifs pour les entreprises qui cherchent à savoir ce qu'elles vont faire au Canada et où elles vont le faire.
Avant d'être élu à la Chambre, j'ai travaillé comme conseiller en emploi pour personnes handicapées et jeunes à risque. J'ai également été conseiller municipal de Windsor-Ouest et représenté un grand député, qui a servi pendant 39 ans à la Chambre des communes, le vice-premier ministre de l'époque, Herb Gray. La région que je représentais en tant que conseiller municipal et qu'il représentant en tant que député devait faire partie de ce qu'on appelait le recensement complet. Il y avait beaucoup de nouveaux immigrants dans Windsor-Ouest. Il y avait donc beaucoup de problèmes liés à la langue et à la culture. Ainsi, nos rapports statistiques relatifs au recensement étaient faibles.
Il manquait des données importantes pour que M. Gray puisse demander des logements, des services linguistiques et bien d'autres choses qui auraient été bien nécessaires pour renforcer la production, la valeur et la contribution des citoyens de cette région. Étant donné que l'anglais était une langue seconde pour bien des gens et que le taux de retour du recensement était d'environ 50 %, ces possibilités nous ont échappées. Certaines personnes voulaient participer et améliorer les choses, mais ne pouvaient tout simplement pas le faire.
Parmi les 301 circonscriptions fédérales de l'époque, ma région était l'une des quatre régions du pays où on faisait du porte-à-porte afin d'aider les gens à être pris en compte dans le recensement. C'est important pour une foule de raisons, mais soulignons que cela a une incidence sur le financement et les contributions. Dans les endroits où on ne prend pas les moyens nécessaires pour remédier aux lacunes que j'ai soulignées, il est difficile de faire valoir les besoins de la collectivité.
C'est important non seulement pour les services gouvernementaux, mais aussi pour les entreprises. Les entreprises utilisent les données des enquêtes sur le marché du travail non seulement pour mieux connaître les groupes de clientèle, mais aussi pour cerner les secteurs où on risque de manquer de travailleurs possédant certaines compétences. Les données du recensement servent à cerner ces besoins et à orienter les investissements. Encore aujourd'hui, on entend parler de la pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs — qu'il s'agisse notamment d'ingénieurs ou de mécaniciens —, ainsi que des régions où la main-d'oeuvre est insuffisante, où il n'y a pas de programme pour aider les gens à acquérir les compétences nécessaires, et où il faut soit faire venir des travailleurs de l'étranger, soit investir dans des programmes de formation pour les Canadiens. Ces réalités ont une foule de conséquences et nuisent à la classe moyenne.
C'est ce que nous avons fait à Windsor-Ouest. En tant que représentant de Windsor-Ouest à la Chambre, j'ai plus tard compris la valeur d'une base de données statistiques épurée pour défendre ma collectivité et le Canada. Je me suis familiarisé avec le fonctionnement. Environ 50 % des personnes handicapées au Canada ne travaillent pas. Plusieurs d'entre elles ont même arrêté d'essayer de se trouver un emploi et ne sont même plus dans le système. Je faisais partie d'un groupe qui était en mesure d'inclure plus de personnes handicapées. Je tiens à préciser que le bon travail effectué par les fonctionnaires pour aider les personnes handicapées à se trouver un emploi à ce moment-là était crucial. Je suis très reconnaissant de cela, parce que je sais que certaines de ces personnes travaillent toujours, et peuvent se servir de cet emploi pour décrocher quelque chose de meilleur.
Ivan Fellegi, le statisticien en chef à cette époque, subissait des pressions pour privatiser le recensement. L'Angleterre, par exemple, confiait en sous-traitance la collecte de données à différentes tierces parties, et le Canada confiait son recensement à Lockheed Martin. Une campagne dont je faisais partie cherchait à protéger les données des Canadiens de Lockheed Martin parce que beaucoup de personnes ont soulevé des préoccupations d'ordre éthique concernant la collecte des données canadiennes par Lockheed Martin. Il s'agissait d'un fabricant d'armes dont les installations étaient principalement aux États-Unis, qui produisait des armes bannies aux termes de la loi canadienne, comme des armes à sous-munitions, et cetera. Non seulement cette entreprise recueillait nos données, mais elle les emmagasinait et les mettait en oeuvre dans une banque de données. À ce moment-là, les États-Unis procédaient à la mise en application de la Patriot Act. Nous avons découvert qu'ils allaient assembler aux États-Unis les données confiées par le Canada.
Si c'est important, c'est parce que, une fois la Patriot Act mise en oeuvre, la dure réalité aurait été que toutes nos données de recensement, des renseignements personnels et privés que nous croyions protégés, seraient devenues susceptibles d'être usurpées par les États-Unis. En effet, aux termes de la Patriot Act, de la façon dont cela fonctionnait à l'époque — et, dans l'ensemble, c'est encore vrai aujourd'hui —, si une cour émettait une ordonnance de production de renseignements, l'entreprise ne pouvait aviser le véritable propriétaire de ces renseignements qu'ils allaient être usurpés et utilisés par le gouvernement américain.
Il aurait été contraire à la loi pour Lockheed Martin de divulguer au Canada que les renseignements qu'elle avait recueillis au Canada allaient être utilisés. Les sociétés émettrices de cartes de crédit et d'autres ont fait l'objet de vérifications depuis. Le commissaire à la protection de la vie privée a eu son mot à dire. En Colombie-Britannique et ailleurs, cela a créé tout un tollé. Nous nous sommes battus avec acharnement pour que ces renseignements demeurent au Canada. Heureusement, nous avons eu gain de cause.
À la suite de cet épisode, le recensement est demeuré plutôt stable, jusqu'à ce que les conservateurs arrivent au pouvoir et créent l'Enquête nationale à participation volontaire auprès des ménages. On a présenté cette enquête comme une mesure visant, à bien des égards, à réaliser des économies, mais aussi à protéger la vie privée des Canadiens, à faire en sorte que le gouvernement n'intimide plus les gens en leur disant qu'ils doivent divulguer des renseignements personnels, sans quoi il va défoncer leur porte pour les obliger à remplir le formulaire de recensement ou les envoyer en prison.
Je me souviens que le député de a dit à diverses reprises à la Chambre que les gens se faisaient intimider. La menace d'emprisonnement est certainement l'élément accrocheur qui a retenu l'attention des médias à bien des égards pendant des mois, voire plus d'un an. À ce jour, cela demeure l'une des choses les plus ridicules jamais prononcées par un ministre de toute l'histoire du Canada: que les gens allaient être emprisonnés pour ne pas avoir rempli le formulaire de recensement. Il s'agissait essentiellement d'une tactique de distraction, et cela a fonctionné.
Le taux de participation à l'Enquête nationale auprès des ménages était d'environ 26 %. Ce taux de participation signifie que les données statistiques du Canada, qui faisaient auparavant l'envie de nombreux pays industrialisés, étaient maintenant moins fiables. Les données sont devenues moins fiables, et nous avons perdu une partie de notre capacité à prendre des décisions en ce qui concerne le revenu, le marché du travail, la scolarité, le logement, le transport, les langues, les incapacités, la citoyenneté, l'immigration, les Autochtones et l'origine ethnique. Tous les renseignements dans ces domaines sont tombés jusqu'à 26 %.
Une autre chose à noter, c'est que cela nous a coûté 22 millions de dollars de plus. Nous n'avons reçu qu'un quart des résultats et nous avons payé 22 millions de plus. Le processus a perdu sa valeur à bien des égards. Il s'agit de l'aspect plus technique du processus. Cela importe peu à certaines personnes, mais c'est important. Il faut considérer le recensement comme l'élément central d'autres enquêtes sur le marché du travail, qu'il s'agisse de sondages sur le marché du travail dans le domaine agricole, le marché du travail lié au développement industriel ou le marché du travail lié aux investissements. Tous ces domaines différents étaient visés par de plus petits sondages, mais l'échantillon complet du recensement statistique fournissait certaines des meilleures données statistiques. Et voilà, tout cela a disparu. Tout le continuum a en quelque sorte été interrompu lorsque la nouvelle enquête a été instaurée.
C'est à ce moment-là que Munir Sheikh a démissionné, après avoir discuté avec moi de certaines de ses compétences en tant qu'économiste et en tant que sous-ministre adjoint au ministère des Finances pendant de nombreuses années. Il a démissionné parce qu'il ne pouvait plus faire son travail.
Nous avons demandé des changements. Les libéraux et l'opposition ont aussi accepté que des changements soient apportés. J'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, tout comme l'ont fait quelques autres députés, afin de rétablir l'indépendance de Statistique Canada. C'est ce que fera le projet de loi. Il offrira certains des éléments nécessaires, mais il ne va pas assez loin.
Voilà pourquoi Wayne Smith, le dernier statisticien en chef à avoir eu maille à partir avec Service Canada, a donné sa démission. Il l'a fait parce que Service Canada est devenu un gros organisme centralisateur qui offre des services de soutien et de renseignement. Le problème, c'est que la majorité des données de recensement utilisées à l'heure actuelle doivent transiter par les services partagés. La situation nuit à l'indépendance, car les données se retrouvent dans ce système, d'où il faut ensuite les extraire avant de les utiliser. C'est tout un problème, et Wayne Smith a choisi de démissionner.
Nous étudions maintenant un projet de loi qui donnera une certaine indépendance à Statistique Canada. Je dis bien une certaine indépendance, car dans l'ensemble il met en place des choses dont j'ai parlé au début de mon discours concernant la cueillette d'information, la création de données linéaires nécessaires à la compilation de statistiques et les moyens d'extraire ces éléments. Ce sont des aspects cruciaux.
Nous sommes très reconnaissants que le projet de loi prévoit cela, mais la mesure ne va pas jusqu'au bout. À l'heure actuelle, le ministre peut toujours prendre des décisions politiques au sujet des questions posées dans le recensement. L'approche scientifique et l'indépendance que nous souhaitons ne s'y trouvent toujours pas. Pourtant, nous demandons à une personne d'occuper ce poste. Nous la payons pour le faire. C'est un poste très convoité. En le rendant indépendant, nous attirerons la crème de la crème. Le ministre a toujours le contrôle sur cet aspect. Je m'inquiète donc de la politisation du processus.
Il en a déjà été question, les libéraux et les conservateurs ont badiné à propos du favoritisme et du processus de nomination, bien qu'il s'agisse d'un sujet sérieux. En ce moment, dans mon coin de pays, Dwight Duncan, nommé par favoritisme au poste de président qui supervisera la construction du pont Gordie-Howe, a déclenché une controverse avec ses propos partisans contre les progressistes-conservateurs de l'Ontario, l'administration américaine et j'en passe. Je saisis le sérieux et l'enjeu de la situation, mais je m'inquiète surtout de la prochaine fois. Une fois que c'est inscrit dans la loi, il est très difficile d'assurer une indépendance.
Statistiques Canada est l'un des 42 organismes fédéraux censés être indépendants. Malheureusement, avec le projet de loi, le gouvernement le tient toujours en laisse. Oui, l'organisme est indépendant, mais il n'en reste pas moins en laisse. Je crains que nous ne voyions pas les choses se produire. Wayne Smith a cerné quelques-uns des problèmes à ce sujet.
Nous allons éliminer la menace d'une peine d'emprisonnement. Ce ne sera donc plus une distraction. À l'avenir, le ministre ne sera pas en mesure de faire des déclarations qui feront fuir les gens ou de penser à autre chose que ce qui importe réellement, c'est-à-dire la hausse des coûts ou les modifications apportées au recensement. De plus, il faudra attendre 92 ans avant que les données de recensement soient rendues publiques.
Durant son témoignage, Wayne Smith a déclaré que le projet de loi fait avancer la Loi sur la statistique dans la bonne direction, sans créer de nouveaux problèmes, mais qu'il ne règle pas entièrement les problèmes de l’indépendance et de la nécessité de tenir un recensement obligatoire et complet aux cinq ans ainsi que de moderniser la loi pour créer un système statistique adapté aux besoins en constante évolution et aux enjeux du XXIe siècle. Il a conclu en disant qu'il reste du pain sur la planche. Nous avons proposé quelques-uns des amendements qu'ont soumis M. Smith et d'autres témoins au comité, mais ils n'ont pas été pris en considération.
Nous allons appuyer le projet de loi, car il s'agit d'un pas en avant, mais nous avons raté une occasion. Nous allons faire un double au lieu d'un coup de circuit, mais nous allons nous en contenter. Nous faisons progresser le dossier et, plus important encore, nous servirons mieux les Canadiens et notre argent sera mieux dépensé que si nous n'avions pas accès à des données fiables.
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Monsieur le Président, il va sans dire que Statistique Canada est reconnu dans le monde entier comme un exemple parfait de l'importance de recueillir des renseignements pour prendre des décisions judicieuses et solides en matière de politiques. Cela s'applique tant au gouvernement qu'au secteur privé. Voilà le rôle que joue Statistique Canada. Il ne s'agit pas d'une question nouvelle pour le Parti libéral. Nous avons toujours soutenu que Statistique Canada assume un rôle absolument essentiel sur le plan des politiques.
D'entrée de jeu, je tiens à féliciter tous les employés de Statistique Canada. Leur travail est sans égal. C'est l'une des raisons pour lesquelles de nombreux pays s'inspirent du Canada et souhaitent savoir comment Statistique Canada réussit à recueillir avec autant d'efficacité les renseignements essentiels à la prise de décisions judicieuses.
J'ai trouvé très intéressant d'entendre le député de parler de décisions fondées sur des données scientifiques. Il a donné un certain nombre d'exemples. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à l'une des décisions prises par l'ancien premier ministre en 2010. Le gouvernement de l'époque, sous Stephen Harper, a décidé de se débarrasser du questionnaire détaillé obligatoire du recensement. La réaction immédiate a été incroyable. Elle a été instantanée et vive, mais le Parti conservateur était déterminé à aller de l'avant et à abandonner ce questionnaire détaillé, que la mesure soit logique ou non, et quoi qu'en pensent les différentes parties intéressées. Le prix à payer a été énorme.
J'ai été très déçu, tout comme les autres députés du Parti libéral, les nombreuses parties prenantes, les scientifiques et les employés de Statistique Canada. D'ailleurs, à ma connaissance, le statisticien en chef a donné sa démission à cause de cette décision. Compte tenu de l'importance de ces données, tout cela était étonnant.
J'aimerais donner quelques exemples. Le député qui est intervenu plus tôt a parlé du secteur privé. Les entreprises du secteur privé comptent beaucoup sur l'information qu'elles obtiennent de Statistique Canada pour prendre des décisions stratégiques. Elles ont besoin de chiffres justes.
Le genre de renseignements qu'il est possible d'obtenir auprès de Statistique Canada est incroyable. J'encourage les députés et les Canadiens à jeter un coup d'oeil aux données produites par Statistique Canada. Le taux d'emploi et les données démographiques sont deux exemples évidents. J'utilise souvent les données de Statistique Canada quand je veux parler de la population du Canada. Le pays compte un peu plus de 36 millions d'habitants. Le Manitoba en compte 1,3 million. Dans la région métropolitaine de Winnipeg, ils sont un peu plus de 700 000. Les données de Statistique Canada nous permettent de voir où se fait la croissance. J'aime pouvoir parler de ces choses avec les habitants de ma circonscription.
Les statistiques sur le logement de Statistique Canada font souvent l'objet de débats, que ce soit parmi les membres de nos caucus qui présentent des recommandations ou les représentants qui font du lobbyisme auprès du gouvernement.
Malheureusement, le Manitoba est une province pauvre depuis de nombreuses années. J'aimerais que la situation change. Plus le changement peut se faire rapidement, mieux ce sera. Les paiements de péréquation pour les services de santé et les services sociaux sont l'un des facteurs d'égalisation au Canada. Nous parlons du transfert de milliards de dollars d'Ottawa aux provinces et aux territoires. Ces transferts sont fondés sur des renseignements statistiques qui sont souvent fournis par Statistique Canada.
Par exemple, le Manitoba dépense plus de 12 milliards de dollars dans le système de santé. Une bonne partie de cet argent provient d'Ottawa et vise à aider le ministère provincial de la Santé à mettre en oeuvre ses décisions afin d'appliquer la Loi canadienne sur la santé et de garantir que les Canadiens reçoivent les services qu'ils s'attendent à recevoir, que ce soit des services d'urgence, des soins palliatifs ou des services de santé mentale. Nous avons beaucoup parlé de soins palliatifs à la Chambre. Il y a un grand nombre de besoins à satisfaire dans le système de santé. Il est absolument essentiel que le gouvernement fédéral continue de verser à la province des fonds pour le système de santé.
Pour parvenir aux bons chiffres, nous devons bien comprendre la démographie du pays. Sans ce degré d'exactitude, certaines provinces pourraient recevoir une somme inférieure à celle qu'il leur faut pour fournir des services de santé d'une qualité relativement identique à celle des provinces voisines.
Certaines provinces sont plus riches que d'autres parce qu'elles exportent du pétrole ou des produits manufacturés. Pendant de nombreuses années, l'Ontario et l'Alberta ont contribué à la caisse de péréquation. Des provinces comme la Nouvelle-Écosse et le Manitoba dépendent des paiements de péréquation. Si elles ne reçoivent pas l'argent dont elles ont besoin, elles ne peuvent pas fournir les services de santé que les Canadiens s'attendent à recevoir.
Pour transférer des milliards de dollars aux provinces sous une forme ou une autre, nous devons connaître la démographie et les conditions sociales et économiques de chaque province et territoire.
Afin de prendre des décisions, nous devons avoir de bons chiffres. Voilà la véritable intention derrière le projet de loi. Le projet de loi vise à accorder plus d'indépendance à Statistique Canada.
Je tiens à parler de quatre aspects du projet de loi . L'un d'eux, c'est que nous allons renforcer la notion selon laquelle Statistique Canada a besoin de plus d'indépendance.
Le projet de loi comprend plusieurs mesures qui visent à accorder cette indépendance à Statistique Canada. L'une d'entre elles porte sur les procédures statistiques, les méthodes et les normes professionnelles utilisées dans la production des statistiques. À l'heure actuelle, beaucoup de statistiques sont produites directement par le ministère. Ce n'est pas nécessairement le statisticien en chef qui est ultimement responsable des statistiques. Essentiellement, nous donnerons davantage de responsabilités au statisticien en chef, ce qui lui conférera une plus grande indépendance. Nous estimons qu'il s'agit d'un avantage énorme et que ce changement n'a que trop tardé.
L'un des aspects que j'aime d'Internet, c'est qu'il recèle une foule d'informations à portée de la main, mais je dirais que très peu de sites Web sont aussi fiables que celui de Statistique Canada. Le fait de publier de l'information en la téléchargeant sur Internet au moment opportun facilite l'accès aux renseignements de base. Cela indique aussi aux personnes qui souhaitent obtenir des renseignements plus détaillés qu'elles peuvent le faire par l'entremise de Statistique Canada.
Le statisticien en chef et Statistique Canada auront davantage d'indépendance pour choisir le moment et la méthode de diffusion des statistiques compilées. Il est aussi important de donner plus de responsabilités, au moyen du projet de loi, aux activités et au personnel de Statistique Canada. Si nous étudions la mesure législative dans cette optique, Statistique Canada aura davantage d'indépendance.
J'ai demandé à un député néo-démocrate quelle est la position de son parti par rapport au projet de loi. J'ai été heureux d'entendre qu'il allait l'appuyer. Pour ce qui est des critiques formulées par le député, je dirai qu'on peut toujours faire mieux. Il est toujours possible de rendre les choses meilleures. Les libéraux prennent cela très au sérieux. Bon nombre d'idées qui ont été soulevées seront discutées davantage. J'espère que nous aurons l'occasion d'en reparler dans le futur. Les suggestions qui sont faites méritent d'être appuyées, comme l'a indiqué le député.
Nous tentons d'améliorer la transparence par rapport aux décisions et aux directives, et pas seulement pour Statistiques Canada. De nombreux ministres et députés libéraux ont parlé de l'importance de la transparence et de la reddition de comptes, car ils comprennent que c'est ce que les Canadiens souhaitent de la part du gouvernement. Nous voulons faire adopter le projet de loi à l'étude pour assurer aux Canadiens une transparence accrue et de meilleures décisions.
Le statisticien en chef serait nommé pour un mandat fixe et renouvelable de cinq ans. Sa nomination pourrait être révoquée par le gouverneur en conseil, mais seulement pour motif valable.
Nous sommes convaincus que l'approche que nous avons adoptée nous permettra d'améliorer la confiance et le sentiment d'aise concernant le poste de statisticien en chef. Nous saurons que le travail effectué répond aux attentes des Canadiens et qu'il aura davantage l'occasion d'être nommé et de rester en poste.
En plus de veiller à l'indépendance de Statistique Canada, nous avons décidé de créer un conseil consultatif canadien. Je crois qu'il s'agit d'une merveilleuse décision de la part du gouvernement. Je sais que le député de s'est montré très critique de cette initiative et qu'il a dit que ce serait des libéraux qui seraient nommés à ce conseil, mais l'une des nombreuses choses qui différencie le gouvernement Harper du gouvernement actuel est la façon dont les nominations sont effectuées.
Le processus que nous avons mis en place est bien différent du processus qui était en place quand le gouvernement Harper effectuait des nominations. Le premier ministre et le gouvernement décidaient simplement des personnes qu'ils voulaient nommer, sans réel égard à leur mérite et à leurs compétences. Les Canadiens en étaient mis au courant après coup. Aucun effort réel n'était déployé pour favoriser la promotion ou l'ouverture du processus.
En revanche, aujourd'hui, il est possible de lancer une recherche avec Google sur le processus de nomination. Il y a un site Web pour les nominations, et les Canadiens devraient savoir que les nominations sont maintenant publiées. Tous les Canadiens peuvent poser leur candidature. Nous estimons que c'est très important. Nous avons vu une réponse extrêmement positive à l'invitation lancée à tous les Canadiens pour participer aux nombreuses nominations que fait le gouvernement fédéral.
C'est encourageant de voir, non pas des dizaines ou des centaines, mais des milliers de Canadiens de toutes les régions qui non seulement comprennent la différence entre le présent gouvernement et l'ancien gouvernement en ce qui a trait aux nominations, mais qui vont plus loin en exprimant l'intérêt qu'ils portent au processus de nomination en posant leur candidature à de nombreux postes annoncés.
L'opposition dira que ce sont des libéraux. On n'exclut pas des gens parce que ce sont des libéraux. Cela étant dit, Kim Campbell, qui a été nommée, n'était pas une libérale. Elle a été première ministre conservatrice du Canada. Les nominations qui ont été faites l'ont été d'une manière qui montre clairement qu'elles sont fondées sur le mérite.
La diversité aussi est importante. Plus tôt aujourd'hui, j'ai parlé de l'importance de la diversité dans nos quelque 200 000 sociétés et du rôle important que joue le gouvernement pour encourager cette diversité. Nous avons un qui a instauré un nouveau processus pour assurer une telle diversification, et ce processus fonctionne.
Je me rappelle d'une donnée statistique selon laquelle sur environ 160 nominations gouvernementales, 60 % visaient des femmes. Le nombre de membres de minorités visibles qui ont été nommés a augmenté considérablement. Je n'hésite donc pas à comparer notre processus de nomination à d'autres.
Toutefois, il est surtout important d'accroître l'indépendance de Statistique Canada.
Il y a trois autres points que je voulais souligner dans la mesure législative, mais mon temps de parole est déjà écoulé. J'espère pouvoir en dire plus sur ces autres points durant les questions et observations.
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Madame la Présidente, c'est pour moi un honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , qui porte sur Statistique Canada, et de certains changements qui y sont proposés.
En tant que membre du comité de l'industrie, qui porte aujourd'hui le nom de Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, j'ai eu amplement l'occasion d'étudier le projet de loi et de poser des questions aux témoins. Nous avons reçu des témoignages en personne et par écrit.
L'adoption du projet de loi susciterait certainement des inquiétudes chez les conservateurs. Ces inquiétudes découlent de la façon dont le gouvernement libéral s'est comporté jusqu'à présent. En général, le gouvernement a fait le contraire de ce qu'il a dit. Je parle notamment des nominations et du discours que les libéraux ont tenu au sujet de l'objectivité du gouvernement. Jusqu'à présent, les ministériels n'ont pas respecté leurs engagements à cet égard. Au cours des prochaines minutes, j'aimerais expliquer quelles sont ces inquiétudes et ce qu'il faudra faire à l'avenir pour remédier à la situation.
Chaque fois que je fais un discours sur un projet de loi d'initiative ministérielle, j'essaie de commencer par citer le discours du Trône du gouvernement, car j'estime que c'est une bonne façon de déterminer dans quelle mesure le gouvernement respecte son mandat ou le système de valeurs qu'il a proposé aux Canadiens il y a environ 18 mois. Le discours du Trône dit ceci:
N’oublions pas toutefois que les Canadiens et Canadiennes ont clairement indiqué qu’ils souhaitaient un réel changement. Ils veulent que leur gouvernement fasse différentes choses, et ce, différemment.
Ils veulent pouvoir faire confiance à leur gouvernement.
En outre, ils veulent un leadership axé sur ce qui est le plus important pour eux.
Par exemple, des mesures qui favorisent la croissance économique, créent des emplois, renforcent la classe moyenne et aident ceux et celles qui travaillent fort pour en faire partie.
Le problème, c'est que nous avons constaté que les nominations effectuées par le gouvernement dans son ensemble ou par Industrie Canada, et particulièrement par le , ne sont pas impartiales. En fait, il s'agit des nominations les plus partisanes que nous ayons jamais vues. Nous pouvons prendre à titre d'exemple la réduction de l'effectif du comité consultatif, qui a été ramené de 30 à 10 membres, ou même examiner qui le ministre de l'Innovation a nommé jusqu'ici au conseil de l'innovation.
J'ai regardé qui avait été nommé au conseil de l'innovation, et c'est assez frappant. Parmi les 10 personnes qui ont été nommées, on pourrait s'attendre à voir un donateur libéral, peut-être deux. Toutefois, on aurait tort. Peut-être trois? Non: cinq des dix personnes nommées au conseil de l'innovation sont des donateurs libéraux, et bon nombre d'entre eux ont fait de multiples dons.
Le comité a voulu en savoir davantage et comprendre sur quels critères le ministre de l'Industrie s'était appuyé pour choisir ces personnes — en fait, sur quels critères il s'appuie pour faire des nominations, point, quel que soit le conseil ou le comité. Malheureusement, ces critères ne nous ont jamais été fournis, alors nous n'avons jamais vraiment pu les étudier.
La représentation régionale a elle aussi son importance. À l'heure où on se parle, le conseil consultatif peut compter jusqu'à 30 membres, ce qui veut dire que les 10 provinces et les 3 territoires y sont bien représentés. Eh bien, dorénavant, trois d'entre eux n'y seront plus représentés du tout. Je ne crois pas avoir besoin de préciser qu'il s'agit d'un grave problème.
La représentation régionale au sein des conseils consultatifs est essentielle parce que, selon la région qu'on représente, on ne posera pas nécessairement les mêmes questions et on ne cherchera pas forcément à obtenir les mêmes renseignements. Le Canada est aussi vaste qu'il est diversifié. Les questions qui intéressent les Terre-Neuviens peuvent très bien être différentes de celles qui intéressent les Britanno-Colombiens ou les Ontariens. Il en va de même pour les territoires, qui risquent fort d'avoir des sujets d'intérêt bien à eux et d'avoir besoin de données particulières.
Il n'y a pas qu'au conseil de l'innovation que les libéraux ont placé leurs amis donateurs. Il y en a aussi au Conseil consultatif en matière de croissance économique du , et c'est sans oublier la commissaire aux langues officielles, Madeleine Meilleur, dont on a suivi la déconfiture dans les médias ces dernières semaines. Jusqu'ici, le gouvernement n'a jamais hésité à placer des libéraux aux postes stratégiques de l'appareil gouvernemental. S'il fait la même chose à Statistique Canada, ce sera la cerise sur le gâteau.
D'aucuns croient que la séparation n'est pas assez nette entre le gouvernement libéral et Statistique Canada, et c'est ce que semblent confirmer les changements apportés par le projet de loi, notamment à la composition du conseil consultatif.
La question est la suivante: quels sont les dommages qui pourraient être causés par la partisanerie et les nominations partisanes? La réponse est bien simple. Dans le cadre de la formulation des questions, si les questions et les données que l'on tente de recueillir sont de nature partisane, elles pourraient servir à influencer les débats à la Chambre et à influencer les mesures législatives présentées par le gouvernement. Elles pourraient également servir à influencer le grand public. La réalité, c'est que nous avons besoin d'une séparation absolue et totale entre ces deux choses. Malheureusement, ce que nous avons vu du gouvernement actuel, jusqu'à présent, c'est qu'il refuse d'adopter un ton impartial lorsque vient le temps d'effectuer ces nominations.
Je vais présenter quelques exemples. L'exemple le plus flagrant est celui de la réforme électorale. La nature des questions posées par le gouvernement et la façon dont il a recueilli l'information est une approche très partisane à l'égard de la collecte de données. Si le même genre de mentalité se retrouve au sein du nouveau conseil consultatif, je crois que ce n'est pas de bon augure pour le Parlement, pour Statistique Canada et surtout pour les Canadiens.
Au sujet des oléoducs, quelles questions et données pourraient être utilisées d'une façon précise pour influencer le débat à la Chambre? Les possibilités d'influencer le résultat des débats en se servant des données de Statistique Canada sont infinies.
Certainement, lorsqu'il s'agit de politique fiscale et de réforme économique, il est clair qu'un conseil consultatif partisan pourrait influencer le résultat de ce qui s'accomplit à la Chambre, ce qui influencerait inévitablement les Canadiens d'un bout à l'autre du pays, mais pas nécessairement de la façon dont nous espérerions.
Le ministère de l'Innovation et Statistique Canada ont eu quelques confrontations depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement. Pour être juste, un des problèmes a commencé avant que le gouvernement arrive au pouvoir. C'était la démission du statisticien en chef, Wayne Smith, qui ne croyait pas que Statistique Canada devrait être intégré à Services partagés Canada. Il en était si fermement convaincu en fait, qu'il a remis sa démission, que le a fini par accepter.
Il y a un certain temps, j'ai lu un article. Je m'en suis souvenu et j'ai décidé de l'apporter à la Chambre aujourd'hui. Il provient de la CBC, qui cite M. Smith:
« J'ai dit clairement que, si je démissionnais, ce serait avec l'intention de rendre publiques mes préoccupations. Donc, c'était ma dernière tentative désespérée, je crois, de persuader le gouvernement d'en discuter. Cela n'a pas fonctionné », a indiqué M. Smith en souriant.
J'aime beaucoup cette citation.
Bref, un chef statisticien objectif a dit au gouvernement — tant à l'ancien gouvernement qu'à celui qui est actuellement au pouvoir, je ne voudrais pas sembler partisan — que le changement proposé ne répondrait pas aux besoins de Statistique Canada. Malheureusement, personne ne l'a écouté.
Rappelons que le gouvernement de l'Australie et celui du Royaume-Uni ont aussi repensé leurs services de technologie de l'information. Ils avaient pour objectif, comme le Canada, de centraliser les services informatiques des différents ministères, une façon de faire des économies, d'accroître l'efficience et d'améliorer la prestation des services. Ces deux autres pays ont toutefois changé d'idée: ils ont déterminé que cette méthode ne conviendrait pas à leur agence de statistique, pour deux raisons. Premièrement, c'est une question d'objectivité. Pour revenir à Statistique Canada, on veut maintenir une séparation entre Statistique Canada et les organismes auxquels il fournit des données; l'objectivité nécessaire est comparable à celle que nécessite le processus de nomination. Deuxièmement, on tient à assurer la qualité du service de Statistique Canada puisque, si le soutien des services informatiques fait défaut, on risque de perdre des données et que les données perdues risquent de mener à de mauvaises décisions.
M. Smith a d'ailleurs fait un commentaire à ce sujet dans l'article que j'ai mentionné plus tôt. Je le cite:
Si on ne peut pas traiter les données, si on est constamment interrompu par des pannes d’équipement, il faudra plus de temps pour publier l’enquête sur la population active ou l’indice des prix à la consommation.
M. Smith pense que le changement des services de TI pourrait avoir d’énormes conséquences et nuire à Statistique Canada. Je suis persuadé que de bonnes données permettent de prendre de bonnes décisions. Plus on a de données sur les éléments importants et sur les éléments prioritaires d’un projet de loi, sur toutes les décisions que prend le gouvernement, mieux c’est. Des données exactes permettent de prendre des décisions justes, à moins que des préjugés politiques s’en mêlent, ce qui est arrivé assez souvent jusqu’à maintenant.
Je voulais aussi aborder la question de la protection de la vie privée par rapport au recensement, à la divulgation d’information, au moment de cette divulgation et à la façon dont cela se fait. Il faut reconnaître que la protection de la vie privée fait partie de nos libertés; elle fait partie intégrante des libertés dont on jouit dans une démocratie. Certains Canadiens voient dans ces changements une attaque à la vie privée, même après le décès. Ils ne veulent pas que cette information soit divulguée ou utilisée à des fins gouvernementales.
La protection de la vie privée est un point intéressant, car il s'agit de se protéger soi-même des autres et, assurément, d'un gouvernement dominateur. Je peux comprendre cette attitude parce que nous avons pu voir au cours des 18 derniers mois que le gouvernement est prêt à s'immiscer dans presque tous les domaines de la vie, du berceau à la tombe, pour légiférer. Je peux très bien comprendre les personnes qui sont préoccupées par les effets de ce projet de loi sur la protection de la vie privée.
Le comité de l'innovation a eu l'occasion de demander à de nombreuses personnes, dont le nouveau statisticien en chef, de témoigner. Le caractère fondamental de l'objectivité et de la liberté de Statistique Canada est un thème qui est revenu constamment. Cela était directement lié à l'intégrité et des personnes qui travaillent dans cette organisation et des données que reçoivent les ministères.
Lorsque le moment de voter sur ce projet de loi approchera, il importera d'exhorter le ministre à nommer à ce conseil consultatif des personnes qui n'ont pas de parti pris politique, des personnes qui ne se sont pas engagées dans le processus politique. Si cela veut dire que ces personnes ne seront pas des donateurs libéraux, tant mieux. En fin de compte, il faut que les Canadiens puissent avoir confiance dans les processus que le gouvernement met sur pied pour nommer les membres de ses conseils.
Nous pouvons revenir sur le passage du discours du Trône que j'ai cité quand j'ai pris la parole: « Ils veulent pouvoir faire confiance à leur gouvernement ». Nous avons vu comment le gouvernement fonctionne dans l'ensemble, qu'il s'agisse de commissaires ou, encore, du conseil consultatif du ou du ; ce n'était pas des nominations objectives et non partisanes. Elles étaient on ne peut plus partisanes.
Je suis prêt à répondre aux questions, mais je demande au ministre d'adopter une approche objective et non partisane pour nommer les membres du nouveau conseil consultatif.
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Madame la Présidente, ce serait bon qu'il y ait un peu plus de français à la Chambre. C'est donc en français que je ferai mon discours sur le projet de loi .
L'objectif principal de ce projet de loi consiste à renforcer l'indépendance de Statistique Canada. Parallèlement, il propose de moderniser certains éléments clés de la Loi sur la statistique, conformément aux attentes de la population canadienne. L'un de ces éléments est la partie de la Loi qui traite des peines d'emprisonnement.
Le gouvernement reconnaît l'importance des données statistiques de grande qualité et la nécessité de veiller à ce que des mesures adéquates soient mises en place pour encourager les Canadiens à fournir des renseignements à Statistique Canada. Cependant, le gouvernement reconnaît également que les Canadiens ne devraient pas être menacés d'emprisonnement s'ils omettent de répondre à une enquête obligatoire, y compris le recensement.
Nous ne sommes pas les seuls à penser que le contexte actuel rend cette mesure excessive. En général, les Canadiens s'entendent pour dire que l'emprisonnement pour refus de répondre à une enquête obligatoire ou d'accorder l'accès à des renseignements est une peine disproportionnée par rapport à l'infraction. Cette façon de faire est indûment coercitive et inappropriée. C'est pourquoi le projet de loi abolirait la peine d'emprisonnement imposée à ceux qui refusent ou négligent de fournir les renseignements demandés dans le cadre d'une enquête obligatoire.
Le projet de loi abolit aussi la peine d'emprisonnement imposée à ceux qui entravent délibérément la collecte de ces renseignements. En d'autres mots, une fois que ce projet de loi aura été adopté, aucun citoyen canadien ne sera menacé d'emprisonnement en vertu de la Loi sur la statistique pour avoir omis de répondre à une enquête obligatoire. En règle générale, les gens remplissent le questionnaire du recensement et tous les autres questionnaires d'enquête obligatoires bien avant qu'un recours juridique soit intenté.
Statistique Canada dispose d'un processus rigoureux qu'il respecte avant de renvoyer des cas au Service des poursuites pénales du Canada. Avant toute chose, Statistique Canada enverra une lettre à la personne et enverra quelqu'un chez elle. Statistique Canada fera tout ce qui est en son pouvoir pour rappeler aux gens leur devoir civique avant de renvoyer leur cas au système de justice.
En règle générale, pour chaque recensement, environ 50 cas sont renvoyés au Service des poursuites pénales du Canada et au ministère de la Justice. La majorité des causes portées devant les tribunaux se règlent lorsque le juge ordonne à l'accusé de remplir le questionnaire du recensement. La grande majorité des causes ayant fait l'objet d'un procès et où l'accusé a été reconnu coupable ont donné lieu à une amende.
Il n'y a eu qu'un seul cas où l'accusé a été condamné à la prison. Cela est arrivé en 2013, après que l'accusé ait refusé de remplir le questionnaire du recensement de la population de 2011 et qu'il ait refusé les autres peines proposées, comme le travail communautaire.
La seule enquête que Statistique Canada mène obligatoirement auprès des ménages est l'Enquête sur la population active mensuelle. Statistique Canada n'a jamais renvoyé de cas au Service des poursuites pénales du Canada relativement à cette enquête.
Toutes les enquêtes de base de Statistique Canada menées auprès des entreprises sont obligatoires. Depuis les années 1970, Statistique Canada n'a pas renvoyé un seul cas au Service des poursuites pénales du Canada où une entreprise aurait refusé de se conformer à la loi. La seule fois où un cas relatif au Recensement de l'agriculture a été renvoyé au Service des poursuites pénales du Canada, c'était en raison d'un refus de se conformer aux exigences du recensement de la population.
Depuis 2010, un certain nombre de projets de loi ont été déposés au Parlement pour abolir la peine d'emprisonnement liée à de telles infractions. Certains pourraient prétendre qu'abolir la menace d'emprisonnement pourrait accroître le risque qu'un plus grand nombre de Canadiens choisissent de ne pas répondre à une demande d'information de Statistique Canada, affectant ainsi la qualité des données recueillies. Cependant, il est important de mentionner que les amendes actuelles seront maintenues. Les amendes sont entièrement conformes aux dispositions de la loi. En outre, les Canadiens sont conscients de l'importance des données produites par Statistique Canada.
Nous sommes d'avis qu'il n'est pas nécessaire de menacer les Canadiens d'emprisonnement pour les convaincre de l'importance de fournir des renseignements lors d'enquêtes obligatoires. Les Canadiens savent et comprennent que Statistique Canada est une institution très respectée, l'une des meilleures au monde, qui valorise et protège la confidentialité de toutes les données recueillies. Avec les changements que nous proposons d'apporter à la loi pour renforcer l'indépendance de l'organisme, les Canadiens peuvent être certains que leurs données continueront d'être traitées avec le plus haut niveau de professionnalisme, d'intégrité et de confidentialité.
J'aimerais aborder un autre point. Par le passé, certains ont semblé dire que, puisqu'on avait eu rarement eu recours aux dispositions relatives à l'emprisonnement, il n'était pas important de les supprimer de la Loi. Nous ne sommes pas d'accord. Il est important que les peines prévues dans la Loi sur la statistique soient conformes à la vision collective des Canadiens. Les peines d'emprisonnement devraient être réservées à des crimes plus grave que cela. Je suis convaincu que la Chambre sera d'accord avec moi sur ce point. Soyons responsables, justes et raisonnables et abolissons cette menace. C'est ce que propose le projet de loi .
J'aimerais aussi parler un peu plus du reste du projet de loi. En 2010, la décision du gouvernement de remplacer le questionnaire détaillé obligatoire du recensement par l'Enquête nationale auprès des ménages, qui était volontaire, a donné lieu à des critiques publiques. Des préoccupations ont été soulevées quant à la qualité des données de l'Enquête nationale auprès des ménages et à l'indépendance de Statistique Canada.
En réaction à cette décision, un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire ont été présentés à la Chambre. Ils demandaient que la collecte de renseignements à partir d'un questionnaire détaillé de recensement soit obligatoire et que sa longueur et sa portée soient comme celles du questionnaire utilisé pour le recensement de 1971.
Nous avons sérieusement envisagé cette option. Au lieu de nous concentrer seulement sur la protection du recensement, nous avons choisi de modifier la Loi sur la statistique afin d'accorder à Statistique Canada une plus grande indépendance pour l'ensemble de ses activités statistiques. Pour ce faire, nous avons attribué au statisticien en chef le pouvoir décisionnel en ce qui a trait aux opérations et aux méthodes statistiques. Le projet de loi prévoit aussi l'ajout de dispositions sur la transparence pour assurer une plus grande responsabilisation liée aux décisions.
Cette approche s'harmonise aux Principes fondamentaux de la statistique officielle des Nations unies et à la recommandation de l'Organisation de coopération et de développement économiques sur les pratiques exemplaires. Certains peuvent encore se demander pourquoi on n'enchâsserait pas le contenu du recensement dans la législation pour ainsi empêcher les prochains gouvernements de remplacer le questionnaire détaillé obligatoire du recensement par une enquête à participation volontaire, comme ce fut le cas lors de la campagne de 2011. La réponse est simple: aucune disposition légale ne peut empêcher un gouvernement de modifier le contenu du recensement.
Les gouvernements ont le pouvoir de créer et de modifier les lois. Plus important encore, il ne faut pas oublier que les données statistiques officielles constituent un bien public et que Statistique Canada est un organisme financé par l'État. Au bout du de compte, il incombe au gouvernement de déterminer la portée du système statistique, plus précisément, les priorités en matière de données du Canada, c'est-à-dire, les données qui seront recueillies. Cela permet d'assurer que les renseignements statistiques recueillis tiennent compte du fardeau imposé aux citoyens en tant que répondants, que les renseignements statistiques recueillis rendent compte des coûts qui incombent aux citoyens en tant que contribuables et que l'information produite répond à leurs besoins en tant qu'utilisateurs de ces données.
Les données statistiques doivent aussi tenir compte de la nécessité que le gouvernement prenne des décisions fondées sur des données probantes au sujet des programmes et des services qui ont une incidence sur le quotidien des Canadiens, comme le logement abordable, le transport collectif et la formation axée sur les compétences pour l'emploi. Plutôt que d'enchâsser le contenu du questionnaire détaillé obligatoire du recensement dans la Loi sur la statistique, le projet de loi aborde l'enjeu fondamental de l'indépendance de Statistique Canada. Voici pourquoi.
Premièrement, la décision du précédent gouvernement concernant le recensement de 2011 ne portait pas sur les questions à poser mais sur le besoin de supprimer l'obligation de répondre au questionnaire. On retrouve dans l'Enquête nationale auprès des ménages à participation volontaire les mêmes questions que celles qui auraient figuré dans le questionnaire détaillé obligatoire qu'elle remplace.
Conformément à l'engagement de notre gouvernement à prendre des décisions fondées sur des données probantes, l'une des premières mesures prises par notre gouvernement a été de rétablir le questionnaire détaillé obligatoire du recensement à temps pour le recensement de la population de 2016 et de s'assurer de la grande qualité des données recueillies par le questionnaire. Nous nous sommes aussi engagés à renforcer l'indépendance de Statistique Canada et les méthodes statistiques reposant sur des principes professionnels. Le projet de loi respecte cet engagement.
Deuxièmement, enchâsser le contenu du recensement dans la loi réduirait la souplesse dont dispose le gouvernement pour s'assurer que les données recueillies continuent de satisfaire aux besoins en constate évolution de l'économie et de la société canadienne. Pour mieux comprendre, il suffit de se pencher sur l'historique du contenu du recensement.
Le contenu a été changé à de nombreuses reprises pour mieux refléter les questions émergentes, les besoins grandissants en données et l'élaboration de nouvelles façons de recueillir des renseignements.
Le premier recensement national du Canada a été réalisé en 1871, et il contenait 211 questions, entre autres, sur l'âge, le sexe, la religion, l'éducation, la race, l'occupation et les origines ancestrales.
Depuis lors, des sujets et des questions ont été ajoutés et d'autres supprimés. En 1931, on a ajouté des questions sur le chômage. En 1941, on a ajouté des questions sur la fertilité et l'hébergement. En 1986, on a ajouté des questions sur les limitations fonctionnelles. En 1991, on a ajouté des questions sur les unions de fait, et des questions sur les couples homosexuels ont été ajoutés en 2006. En 1996, on a ajouté des questions sur le travail non rémunéré. Ces questions ont été supprimées en 2011.
Ces exemples illustrent le besoin de souplesse et d'établissement de priorités pour déterminer le contenu du recensement. Le fait d'enchâsser le contenu du recensement dans une mesure législative limiterait cette souplesse. En effet, ce ne serait pas pratique de modifier la loi chaque fois que le recensement doit changer.
L'approche actuelle que nous utilisons pour déterminer le contenu du recensement fonctionne. Cette approche se fonde sur des consultations approfondies menées auprès des utilisateurs et sur la mise à l'essai de questions potentielles pour rendre compte des besoins changeants de la société et s'assurer que le recensement est le véhicule approprié pour répondre à ces besoins.
Par la suite, Statistique Canada fait une recommandation au gouvernement sur le contenu qui devrait faire partie du prochain recensement. Les questions du recensement sont ensuite prescrites par décret par le gouverneur en conseil et publiées dans la Gazette du Canada, aux fins de transparence.
Finalement, le fait de définir le contenu du questionnaire détaillé dans la loi pourrait potentiellement réduire la motivation de trouver d'autres façons de recueillir des renseignements à un coût moindre, ce qui permettrait aussi d'alléger le fardeau qui incombe aux répondants.
Les bureaux de statistique doivent également songer au fardeau qu'ils imposent aux citoyens et aux entreprises qui fournissent des renseignements. Ils doivent y songer en tenant compte des ressources financières qui leur sont attribuées par le gouvernement.
Le monde des données évolue rapidement. Les mots mégadonnées, données ouvertes et données administratives font maintenant partie de notre quotidien.
De plus en plus de bureaux de statistique dans le monde intègrent ces sources d'information alternative et complémentaire dans leurs programmes statistiques.
Ils offrent la possibilité de recueillir et de publier plus fréquemment des renseignements statistiques de grande qualité à un coût moindre, tout en allégeant le fardeau imposé aux répondants.
Par exemple, pour le recensement de 2016, Statistique Canada a obtenu des renseignements détaillés sur le revenu de tous les répondants à partir des dossiers administratifs fournis par l'Agence du revenu du Canada. L'approche utilisée permettra de produire à un coût moindre des données de meilleure qualité sur le revenu, tout en allégeant le fardeau qui incombe aux Canadiens.
Enchâsser la portée et le contenu du recensement dans la Loi sur la statistique pourrait, à long terme, ne pas servir les intérêts des Canadiens. Cela nous obligerait à faire les choses d'une certaine façon qui pourrait ne pas être la voie de l'avenir.
La loi devrait demeurer flexible pour s'adapter aux besoins changeants des Canadiens et de leurs gouvernements en matière de données. Elle devrait conserver la flexibilité nécessaire pour encourager l'innovation et ainsi tirer profit des façons évolutives de recueillir les renseignements statistiques.
Certains ont suggéré que le contenu du recensement devrait être le même qu'il y a plus de 40 ans et que la taille de l'échantillonnage devrait figurer dans la loi.
L'évolution rapide du monde des données laisse supposer que nous devrions conserver la souplesse nécessaire pour établir les bases d'un futur système statistique, plutôt que de nous limiter à faire ce qui a déjà été fait dans le passé.
L'approche adoptée pour le projet de loi permet d'atteindre un juste équilibre et de résister à l'épreuve du temps.
:
Madame la Présidente, la foule est enthousiaste ce soir, c'est le moins qu'on puisse dire.
[Français]
C'est avec beaucoup de plaisir que je me lève ce soir, à 22 heures, pour prendre la parole sur le projet de loi devant une assistance fort prestigieuse et fort nombreuse. Je sais que je n'ai pas le droit de le dire, mais cela me fait plaisir de saluer la présence du député de en ce mardi soir, à 22 h 5. J'ai du mal à y croire, mais il est bien ici. Cela me fait plaisir de l'accueillir comme tous les autres députés de la Chambre des communes qui sont présents et qui seront attentifs à nos propos.
Le projet de loi concerne la Loi sur la statistique, notre approche en matière de statistique et les changements que le gouvernement libéral tient à y apporter. Je vais m'empresser de rappeler les circonstances entourant la Loi sur la statistique, qui a été changée au cours des dernières années, les mutations qui y ont été apportées, les propos des différents partis politiques, et enfin, le fait que ce projet de loi déposé par le gouvernement libéral comporte, à notre avis, des dispositions qui ne sont pas favorables pour l'avenir du Canada.
En 2010-2011, le gouvernement conservateur a fait des changements majeurs concernant la statistique et, plus précisément, la façon de faire le recensement canadien. Nous avions décidé de remplacer le questionnaire détaillé obligatoire par l'Enquête nationale auprès des ménages. Tous ceux qui ont assisté à ce débat se souviendront des levées de boucliers. Tout le monde disait que c'était la fin du monde, que cela n'avait pas de bon sens, qu'on ne serait plus jamais capable de faire correctement les statistiques, que c'était une attaque directe contre la science canadienne et qu'on paierait pendant des décennies, voire des centaines d'années pour l'erreur du gouvernement conservateur.
Pourtant, quel a été le résultat? Laissons les experts parler. Wayne Smith, le statisticien en chef de l'époque, a déclaré que « l'Enquête nationale auprès des ménages a produit une base de renseignements robuste et riche. »
Tous celles et ceux qui disaient que ce que le gouvernement conservateur avait fait n'avait pas de bon sens ont été confondus. C'est le même M. Smith qui déclarait, dans le Globe and Mail du 24 juin 2013, qu'il était irresponsable de tenter de dissuader les Canadiens d'utiliser les bases de données extraordinairement riches et puissantes et de les inquiéter à ce propos.
D'ailleurs, un peu plus tard, j'en aurai long à dire concernant les fameuses fausses nouvelles. On semble croire, dans certains milieux, que les fausses nouvelles sont nées récemment. Or c'est faux. En tant qu'ancien journaliste, je sais de quoi je parle quand il s'agit de la diffusion de fausses informations, puisque j'en ai vu dans ma carrière de journaliste et dans ma carrière de politicien, particulièrement lors de la dernière campagne de 2015, lorsque le Canada a été victime de l'une des pires campagnes de salissage de sa réputation internationale. En effet, une fausse nouvelle avait sali sa réputation pendant 24 heures. J'aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard.
Bref, on semblait dire que la fameuse enquête mise en place par le gouvernement conservateur était une catastrophe et que les gens ne participeraient plus au recensement. Toutefois, les chiffres parlent d'eux-mêmes: en 2011, il y a eu 2 657 000 participations volontaires, ce qui représentait exactement 6,7 millions de personnes. Cela dépassait de 9 % le taux de participation à l'enquête précédente de 2006, à laquelle 2,4 millions de ménages avaient participé, ce qui représentait 6,1 millions de personnes.
Alors, tous ces gens qui disaient que les changements initiés par le gouvernement conservateur étaient une catastrophe pour la science et l'éducation qui se ferait sentir pendant des dizaines d'années se sont trompés. En effet, plus de gens y avaient participé, on avait davantage de données et cela nous donnait un corps robuste d'informations pertinentes. Ce qui avait été fait par le gouvernement précédent valait donc la peine d'être fait.
Maintenant, voilà que le gouvernement actuel propose, par l'entremise du projet de loi , des changements majeurs à la Loi sur la statistique. Pour résumer, soulignons deux éléments. Le projet de loi C-36 propose de constituer un conseil consultatif canadien de la statistique et d'annuler l'obligation d'obtenir un consentement pour le transfert des dossiers du recensement à des bibliothèques et archives du Canada. C'est le deuxième élément qui nous inquiète le plus.
Tout d'abord, parlons du Conseil consultatif canadien de la statistique. Tel que proposé dans le projet de loi , ce conseil serait composé de peu de gens qui auraient beaucoup de pouvoirs et qui ne seraient pas représentatifs de la réalité canadienne. C'est notre préoccupation.
Or nous souhaitons qu'au moins une vingtaine de personnes fassent partie de ce conseil consultatif. Consultatif, cela veut dire qu'on consulte. Alors oui, cela fait beaucoup de monde, mais quand c'est pour écouter les gens, pour comprendre la diversité canadienne, pour que chacune des régions du Canada puisse faire entendre sa voix, bien sûr que cela prend du monde. C'est pour cela qu'en comité parlementaire, notre parti a proposé un amendement qui, par malheur, a été refusé par l'actuel gouvernement.
Vouloir nommer peu de personnes à ce conseil consultatif, est-ce que cela laisse entendre ce que l'on voit trop souvent depuis maintenant bientôt deux ans avec ce gouvernement? C'est-à-dire une nouvelle planque pour nommer des amis du parti, non sans faire le relevé précis des dons qui ont été faits au gouvernement.
Dois-je rappeler que ce gouvernement, malheureusement, déshonore les nominations qu'il doit faire. On a vu le triste épisode concernant le commissaire aux langues officielles, une fonction noble, importante et rigoureuse qui doit être respectée et surtout qui doit avoir l'autorité morale de pouvoir observer brutalement la réalité du gouvernement, sans jamais mettre en jeu la crédibilité de cette institution très forte qu'est le Commissariat aux langues officielles.
Voilà que de triste façon, l'actuel gouvernement libéral a souillé cette approche, alors qu'il a donné un prix de consolation à une dame militante libérale, qui l'a été toute sa vie, et qui a contribué à la caisse du Parti libéral et à la caisse du leadership de l'actuel . Elle voulait un emploi au Sénat. Le principal conseiller du premier ministre s'est dit désolé, qu'on ne donnait plus d'emplois partisans au Sénat, mais par contre qu'on avait quelque chose pour elle: on allait la nommer à une fonction tout à fait neutre et objective, soit commissaire aux langues officielles.
C'était tout à fait faux, et n'eût été la pression exercée de façon vigoureuse par l'opposition officielle — et d'autres gens, bien entendu —, après trois semaines de patinage artistique désolant de la part du gouvernement, Mme Meilleur a finalement compris qu'elle n'était peut-être pas la meilleure libérale disponible pour occuper la fonction de commissaire aux langues officielles.
Revenons sur le projet de loi . Comme je le disais tout à l'heure, ce projet de loi vise à annuler l'obligation d'obtenir un consentement pour le transfert des dossiers du recensement à Bibliothèque et Archives Canada.
Selon notre point de vue, c'est une attaque directe, une atteinte directe à ce qu'il y a de plus précieux pour un citoyen, c'est-à-dire sa liberté d'expression, et particulièrement sa liberté par rapport à ce qu'il est, par rapport à ce qu'il représente et par rapport à ses données personnelles.
Or voilà que le gouvernement, dans sa nouvelle manie de vouloir tout savoir et de vouloir tout dévoiler, suggère, par le projet de loi , que dorénavant les gens n'auront plus ce privilège de dire oui ou non. Ils auront l'obligation de consentir à donner les renseignements. Pour nous, c'est tout sauf la façon de fonctionner quand vient de temps de mener une enquête statistique. Il faut que cela soit fait de façon volontaire, particulièrement quand vient le temps de divulguer ses propres informations. Ce n'est pas vrai que l'on peut faire semblant de rien et que l'on peut leur donner ces informations comme si tout allait bien.
C'est donc pour cela qu'il faut être rigoureux et vigilant par rapport à cela. De plus, ce projet de loi supprime la peine d'emprisonnement prévue à l'égard des répondants en cas d'infraction. Cela n'a pas de bon sens à notre point de vue. Nous appelons le gouvernement à faire preuve de plus de rigueur.
En effet, pour nous, les données statistiques sont importantes, mais encore faut-il que les gens puissent le faire de façon volontaire, proactive, de façon ouverte et non pas de façon obligatoire, et pire encore, que les gens soient obligés de le faire sinon cela pourrait finir mal. Je rappelle que l'exemple nous instruit. En 2011, après avoir soulevé l'hypothèse que cela allait être la fin du monde en matière de statistique, la réalité est qu'un plus grand nombre de Canadiens, 9 % de plus, ont participé à l'exercice par rapport au procédé précédent. Donc, à sa face même, cela avait bien du bon sens.
C'est pour cela, essentiellement, que nous sommes en désaccord avec le projet de loi , tel qu'il est rédigé et que nous invitons les gens à faire preuve de la plus grande des prudences, particulièrement envers ce gouvernement.
Tout à l'heure, je faisais état de ce qu'on appelle les fausses nouvelles. J'en parle concernant les statistiques, parce que cela a été souvent dit, lorsqu'il y a eu le débat en 2010-2011, que cela allait amener la fin du monde et que tout allait fonctionner tout de travers.
Finalement, le statisticien en chef du Canada a reconnu qu'il n'y avait pas eu de problème. Au contraire, davantage de gens avaient répondu.
Dois-je rappeler à la Chambre que le Canada a été victime d'une crise terrible par rapport à sa réputation internationale, aux mois d'août et de septembre 2015, en pleine campagne électorale? Alors que, de triste mémoire, on se souviendra qu'un enfant de trois ans a été retrouvé mort sur une plage en Syrie, au milieu de la crise des réfugiés, voilà que des gens malintentionnés et particulièrement malhonnêtes ont diffusé l'information selon laquelle l'enfant aurait dû venir au Canada, parce qu'il était inscrit sur le registre canadien des réfugiés. Il semble qu'à l'époque le gouvernement avait tardé. Or c'était tout faux. Par malheur, le nom de l'enfant n'a jamais été inscrit dans quelque registre que ce soit. Son père ne l'avait pas fait.
Malheureusement, pendant 24 heures, des gens malhonnêtes et malintentionnés ont vicieusement propagé l'information selon laquelle le gouvernement canadien l'aurait oublié là. C'était totalement faux. Pendant 24 heures, notre pays a été sali à la face du monde. Il s'agit de l'une des pires fausses nouvelles qu'il m'ait été donné de voir. C'était indigne de la part de la classe journalistique et de la classe politique de faire des jeux politiques aussi bas devant une telle tragédie.
Peu importe la personne qui était le chef de l'État à ce moment-là, l'enfant aurait malheureusement perdu la vie et son nom n'aurait jamais figuré sur quelque liste que ce soit, parce que son père en avait décidé autrement. C'est la raison pour laquelle il faut faire attention. C'est important de tenir des statistiques, parce que c'est une question de chiffres, et si des gens ont certaines difficultés avec les chiffres, c'est bien nos amis d'en face. Dois-je rappeler qu'ils ont complètement perdu le contrôle des finances publiques au cours des 18 derniers mois? Ils se sont fait élire en disant qu'ils stimuleraient l'économie, grâce à trois années de petits déficits, avant un retour à l'équilibre budgétaire, par magie, en 2019. Il s'agit d'une donnée statistique que l'on retrouve noir sur blanc dans le programme électoral sur la base duquel les libéraux se sont faits élire majoritaires.
J'entends des gens applaudir. Dois-je rappeler que ceux qui applaudissent ont oublié leurs promesses? Quel est la réalité actuelle? A-t-on des petits déficits de 10 milliards de dollars? Non. Les Canadiens sont confrontés à des déficits pharaoniques trois fois plus élevés. Les libéraux ont été élus et, la main sur le coeur, ils ont dit qu'ils feraient de tout petits déficits. La réalité, c'est que les déficits sont trois fois plus élevés. Ils ont aussi dit que le Canada retrouverait son équilibre budgétaire en 2019, l'année électorale. Ils ont dit qu'ils redresseraient la situation et que le Canada retrouverait l'équilibre budgétaire en 2019.
Il y a à peine deux jours, qui a dit, sur les ondes de Global, qu'il n'avait aucune idée du moment où le Canada retrouverait son équilibre budgétaire? Qui a dit cela dimanche dernier, sur les ondes de Global? Il s'agit du député de Papineau, soit l'actuel du Canada. Quelle tristesse.
Sincèrement, c'est la première fois de l'histoire de notre grand pays qu'un premier ministre n'a strictement aucune idée du moment où le pays retournera à l'équilibre budgétaire. Si, par malheur, j'induis la Chambre en erreur, que quelqu'un se lève et me donne une date. Les Canadiens réclament une date. Ils veulent savoir à quel moment le gouvernement retrouvera l'équilibre budgétaire. On ne le sait pas. Pourtant, le député de Papineau, homme honorable s'il en est un, s'est fait élire en promettant un retour à l'équilibre budgétaire en 2019. Woopelaye! Il vient de hocher du bonnet. Dois-je lui remémorer le document grâce auquel il s'est fait élire? Le semble dubitatif quant au fait qu'il a parlé de petits déficits et de retour à l'équilibre budgétaire. Je lui rappelle que, à la page 84 du programme électoral du Parti libéral, on peut lire que « le gouvernement fédéral enregistrera un modeste déficit à court terme de moins de 10 milliards de dollars ».
Pourtant, il fait exactement le contraire actuellement. Toutefois, on a quand même un chiffre et une date de retour à l'équilibre budgétaire. Ce sera en 2055. Ce ne sont pas les conservateurs qui le disent. Ce ne sont pas les observateurs étrangers qui le disent. Ce n'est pas le qui l'affirme. Ce ne sont pas les députés libéraux, ce sont les gens qui ont les deux mains dedans à longueur de journée, c'est-à-dire les hauts fonctionnaires du ministère des Finances.
Si des gens savent comment vont les finances publiques du gouvernement, ce sont les fonctionnaires du ministère des Finances. Or qu'affirme le document du ministère des Finances rendu public au mois de décembre dernier? Il affirme que si rien ne change, et les choses ne semblent malheureusement pas vouloir changer avec l'actuel , on va retrouver l'équilibre budgétaire en 2055.
Il y a une belle histoire rattachée à cela. C'est le 5 octobre dernier que le a eu sur son bureau le rapport de ses fonctionnaires qui disait cela. Or le ministre des Finances, un homme honorable que je respecte, l'a laissé sur sa table et l'a rendu public le 23 décembre. Alors que tous les Canadiens préparaient la dinde de Noël, voilà que le ministre des Finances a rendu public un document compromettant qui confirme que le gouvernement a complètement perdu le contrôle des dépenses publiques. On pensait que, comme si de rien n'était, personne n'allait s'en rendre compte. Eh bien non, grâce à la vigilance des gens de l'opposition et de la presse alerte, la vérité a éclaté au grand jour et nous avons démontré hors de tout doute raisonnable que ces gens ont complètement perdu le contrôle des finances publiques, ce qui est tout à fait inacceptable.
Dois-je rappeler que, quand on fait des déficits, on envoie la facture à ses enfants, à ses petits-enfants et à ses arrières-petits-enfants qui vont devoir payer pour la mauvaise gestion du gouvernement actuel? J'entends toujours le premier ministre et ses collègues du Conseil des ministres, qui n'ont de cesse de répéter, à la période des questions orales, que le gouvernement investit pour créer de la richesse pour nos enfants. Le problème, c'est que ce sont nos enfants qui vont payer. Le gouvernement se dit proche de la famille. Je comprends qu'il est proche de la famille, il envoie la facture à nos enfants et à nos petits-enfants car il ne sait pas gérer les finances comme il le faut. Cela n'a pas aucun sens.
J'ai entendu le premier ministre sur les ondes de Global dire sans rire qu'il n'avait aucune idée de la date du retour à l'équilibre budgétaire. C'est tout à fait irresponsable. J'ai posé une question tout à fait simple et honnête au en me basant sur son expérience prestigieuse et rigoureuse d'administrateur chevronné. Je le répète, j'ai du respect et de l'estime pour le ministre des Finances. Il a servi de belle façon dans l'entreprise familiale et il a fait croître ce que son père avait créé de lui-même. Bravo! Je suis très fier d'avoir un homme de cette qualité comme ministre des Finances. Encore faut-il qu'il prenne de bonnes décisions.
Tout à l'heure, en pleine période des questions orales, je lui ai demandé sans gêne aucune si, quand il était dans le monde des affaires, dans le domaine privé, il aurait accepté et toléré un associé qui dise en riant qu'il ne sait pas du tout quand on retrouvera l'équilibre budgétaire et que ce n'est pas grave. Le , quand il était un des barons de Bay Street, aurait-il accepté qu'un associé agisse ainsi? Il l'aurait mis dehors tout de suite. C'est inacceptable.
Par malheur, c'est le qui tient des propos tout aussi irrespectueux. J'utilise ce qualificatif, parce que c'est irrespectueux envers nos enfants et nos petits-enfants, qui vont devoir payer, tôt ou tard, pour la mauvaise gestion de ce gouvernement. Au cours de la dernière année, il y a eu une belle course à la direction de notre parti. Nous avons eu droit à des débats sérieux, rigoureux, positifs et constructifs et nous sommes sortis encore plus forts de cette course à la direction.
Notre actuel, le député de Regina—Qu'Appelle, a dit qu'il s'était engagé en politique pour devenir chef de ce parti parce qu'il ne voulait pas que ses enfants aient à payer comme sa génération paie pour la mauvaise gestion du père du premier ministre. Ce qui s'est passé dans les années 1970, alors qu'on avait complètement perdu le contrôle des dépenses publiques, par malheur, se produit à nouveau. On rejoue dans le même film. Les Canadiens méritent mieux que cela.
Tout cela pour dire que le projet de loi est un mauvais projet de loi. Ce projet de loi qui réfère à la statistique nous rappelle de triste mémoire que ce gouvernement n'a aucune idée quand vient le temps de contrôler rigoureusement les dépenses publiques.